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Pour des États généraux-du paysage ?

Pour des États généraux-du paysage ?


Dans une tribune au « Monde », le Collège des enseignants des écoles supérieures de paysage alerte les pouvoirs publics sur la forte dégradation des conditions dans lesquelles les professionnels de ce secteur sont aujourd’hui formés.Cela d’autant plus que par exemple la mode des éoliennes a souvent pris le pas sur la beauté et la cohérence NDLR

La loi « sur la protection et la mise en valeur des paysages », premier texte législatif dédié à la qualité des paysages ordinaires – et non plus des seuls sites remarquables – a 30 ans. A l’heure où l’on célèbre cet anniversaire, les conditions dans lesquelles les professionnels du paysage et du projet de paysage sont aujourd’hui formés se trouvent pourtant fortement dégradées.

La situation est d’autant plus alarmante qu’elle s’inscrit dans un contexte de bouleversements écologiques, climatiques et sociaux à propos desquels ces professionnels ont démontré au cours des dernières décennies, en lien étroit avec les acteurs locaux, leur capacité d’innovation. Ils ont ainsi contribué à formuler des réponses locales intégrant les spécificités écologiques, sociales et culturelles des territoires, mais aussi la dimension sensible du rapport des populations à leurs milieux de vie.

Afin de mettre en œuvre des réponses rapides et coordonnées, le Collège des enseignants des écoles supérieures de paysage (CEESP) en appelle à des Etats généraux de l’enseignement du paysage rassemblant l’ensemble des acteurs concernés : ministères, collectivités et institutions territoriales, associations professionnelles, enseignants et chercheurs.

L’enseignement du paysage et du projet de paysage ne se porte pas bien en France. Formations et établissements sont depuis trop longtemps soumis à rude épreuve, fragilisés qu’ils sont par les mêmes processus : autonomie pédagogique remise en question, non-accès à la décision et perte de visibilité en lien avec des regroupements et/ou des changements de gouvernance, diminution des moyens financiers, absence de recrutement et/ou de reconduction de postes, précarisation accrue, faiblesse structurelle de la formation continue, etc.

Cette fragilisation est largement accentuée par une dispersion inhérente à la diversité des tutelles ministérielles impliquées dans la formation des paysagistes et dans la gestion des établissements les accueillant. Au nombre de cinq, ces établissements relèvent de trois ministères distincts – ceux en charge de l’agriculture, de la culture, de l’enseignement supérieur et de la recherche –, aux intérêts souvent divergents.

Quant aux politiques publiques du paysage, elles sont portées par un quatrième ministère, celui en charge de la transition écologique qui, depuis 2016, maîtrise la délivrance du titre de paysagiste-concepteur, octroyé de droit aux diplômés de niveau master de ces cinq établissements.

Ukraine : les contradictions Etats africains

Ukraine : les contradictions Etats africains 

 

Daouda Thiam , lecteur du « Monde » regrette dans une tribune qu’alors que « les pays africains sans exception n’hésitent pas à clamer devant la face du monde et de manière bruyante leur souveraineté », un grand nombre d’entre eux aient refusé de condamner le non-respect de ce même principe par la Russie dans le cadre du conflit ukrainien.

 

Lors de la dernière session des Nations Unies sur la guerre menée par la Russie en Ukraine à laquelle les pays africains étaient appelés à voter, j’ai été – en tant qu’Africain – choqué de voir que nos Etats ont adopté des positions différentes les unes des autres, notamment ceux qui ont soutenu la Russie et ceux qui n’ont pas voulu s’exprimer.

Aussi un constat est à faire : tous les pays africains sans exception n’hésitent pas à clamer devant la face du monde et de manière bruyante leur souveraineté chaque fois qu’ils ont des divergences d’opinions portant sur leurs intérêts soit avec l’ancienne puissance coloniale soit avec un tout autre pays, alors que le conflit en Ukraine met en exergue le principe de souveraineté qui, là, n’a pas été respecté par la Russie.

De cette attitude controversée des Africains, devrait-on comprendre que nous avons oublié notre histoire alors que nous pourfendons chaque fois que l’occasion nous est donnée les affres de l’esclavage et de la colonisation ? L’occasion a été donnée aux Africains en tant qu’entités souveraines de rentrer dans l’histoire en étant attachés à des valeurs humaines, à savoir le respect de la dignité humaine, le droit inaliénable de disposer de soi-même et le respect de l’intégrité territoriale.

Les Africains se sont piètrement illustrés devant une situation en Ukraine qui a l’allure d’une troisième guerre mondiale, sur laquelle les Africains ont un avis cette fois à donner ! Honte à nous ! Lors de la deuxième guerre mondiale, notre avis n’était pas demandé, nous étions de simples sujets qu’on a pris et jetés dans les combats pour servir de chair à canon. Aujourd’hui nous avons à donner notre opinion, mais – hélas – les Africains, une fois de plus, ne sont pas entrés dans l’histoire. Bien au contraire : nous allons à reculons, car nous ne pouvons pas distinguer le bien du mal, la guerre.

Le président en exercice de l’Union africaine, dont le pays n’a pas souhaité donner une position sur l’invasion russe en Ukraine, s’insurge actuellement contre la flambée des prix de certaines matières sur le marché international, qui a naturellement une incidence sur les économies des pays africains qui importent notamment des denrées céréalières et des produits manufacturés des pays développés… Cette guerre pourrait être arrêtée si tous les pays faisaient bloc contre M. Poutine.

Daouda Thiam, Abidjan (Côte-d’Ivoire)

L’évolution des guerres d’influence des Etats

L’évolution des guerres d’influence 

Dans un ouvrage accessible et truffé d’exemples, le spécialiste des relations internationales Frédéric Charillon analyse la façon dont les pays séduisent, attirent et rémunèrent des cibles qu’ils souhaitent influencer. (Analyse du livre de Frédéric Charillon par le » Monde »

 

 

 

Plus le monde se complexifie, plus les conflits sont illisibles. A partir de cette équation, Frédéric Charillon, spécialiste des relations internationales, s’empare de la thématique de la guerre pour alerter sur la nuance entre « soft power » et « influence ». Si la première expression signifie « la capacité d’influencer les autres afin d’obtenir d’eux les résultats souhaités, par l’attraction et la persuasion, plutôt que par la coercition », il en va autrement de la seconde.

 

L’influence, pour Frédéric Charillon, « consiste pour un acteur A à faire faire par un acteur B ce qu’il n’aurait pas fait autrement, et ce sans recourir à la contrainte ». Or, au fil du temps, le concept s’est épaissi : l’influence suppose, désormais, un processus de fabrication et surtout de rémunération, contrairement au soft power. Elle ne s’oppose pas à la puissance. Et n’a rien à voir avec la propagande ni avec le lobby. Mais elle peut être aussi menaçante en dernier recours, corruptible à tout instant et cohabite avec les guerres hybrides. Selon cette lecture, la crise ukrainienne serait le théâtre d’une opposition entre un soft power américain et une guerre d’influence russe.

Légitimer le concept d’influence à l’aune du pivot de la géopolitique mondiale vers l’Indo-Pacifique, telle est l’ambition de Frédéric Charillon, qui décrypte les nouveaux usages des Etats en termes de séduction, d’attraction et surtout de rémunération des cibles à influencer. Mission accomplie et démonstration convaincante quand on referme ce livre accessible, truffé d’exemples et de références. Selon lui, parler aujourd’hui de « guerres d’influence » s’impose, car le passage du transatlantique vers l’Indo-Pacifique induit un changement d’échelle dans le débat géopolitique. Il consacre, en effet, l’avènement des stratégies indirectes propres à l’Asie, au moment où l’Occident sort laborieusement de deux décennies de stratégies directes et frontales.

 

Ainsi, les relations internationales seraient, au XXIe siècle, soumises à trois modèles d’influence : le modèle occidental, démocratique et libéral, en plein doute cependant sur ses capacités à séduire. Le modèle impérial et autoritaire (Russie, Turquie, Chine), dont les diplomaties de nuisance ne visent qu’à sauver des régimes tout en déstabilisant leur proie. Enfin, le modèle confessionnel fondé sur les croyances (Etats de la péninsule arabe), handicapé par une réputation sulfureuse.

Cette rencontre des modèles déboucherait, selon l’universitaire, sur trois types de stratégies : le retour aux sphères d’influence défendu par les régimes autoritaires adeptes d’un monde multipolaire ; l’émergence de « joint-ventures » entre Etats, où la logique du partenariat l’emporterait sur celle des alliances ; enfin, les rivalités entre les Etats et les géants du Net (Gafam), avatar des tensions entre le monde réel et le monde virtuel. Autrement dit, une nouvelle forme de batailles des valeurs dans un monde toujours aussi fidèle aux logiques de domination et de prédation.

Politique Les Français de plus en plus à droite ?

Politique Les Français de plus en plus à droite ?

 

Ce qui est évident, c’est que les Français votent de plus en plus pour la droite et l’extrême droite. De là à conclure que les français se situent idéologiquement à droite y a un pas à franchir. En effet ce qui explique d’abord le vote très majoritaire à droite c’est la défaillance complète des partis de gauche complètement éclatés dans un nombre de familles incalculables et qui ont tellement déçu depuis plus de 20 ans avec un discours très radical lors des campagnes électorales et une gestion finalement assez semblable aux partis qui les ont précédés.

C’est parce que la gauche est complètement discréditée en ce moment que la droite progresse. Pour preuve la majorité des Français n’adhère pas au libéralisme économique. C’est pourtant ce qui d’un point de vue idéologique caractérise une adhésion politique à la droite ( avec le libéralisme politique). La vérité sans doute c’est que les Français sont très partagés sur de nombreux sujets et qu’il est difficile de les identifier à travers une case politique bien précise.

Après une crise sanitaire et un quinquennat mené par un président de la République ayant fait ses gammes à gauche, les Français se positionnent de plus en plus à droite politiquement. C’est le constat que dresse une étude menée par OpinionWay pour le Cevipof, centre de recherches politiques rattaché à Sciences Po, réalisée entre le 23 décembre 2021 et le 10 janvier 2022 et dévoilée  dans le Figaro.

Ce « baromètre de la confiance politique », mené depuis 2009, établit qu’actuellement, 32% des Français se classent politiquement à droite, et 11% à l’extrême droite. De l’autre côté de l’échiquier politique, 17% se disent de gauche et 6% se placent à l’extrême gauche. Enfin, 14% s’estiment au centre, quand 20% ne se prononcent pas.

Des résultats, qui ramenés à ceux de 2017, viennent témoigner du basculement à droite d’une partie des Français. Il y a cinq ans, 26% d’entre eux se disaient de droite. Soit six points de moins qu’actuellement.

De même, la part de Français se situant à l’extrême droite a grimpé de quatre points sur la même période, passant de 7% en 2017 à 11% aujourd’hui. Le phénomène s’est accru ces derniers mois. Alors que la part se plaçant à l’extrême droite était retombée à 7% en février 2021, elle a connu une importante remontée en un an. Les résultats de l’étude sont toutefois contradictoires.

En effet, les résultats de l’enquête menée par OpinionWay pour le Cevipof témoignent d’un paradoxe. Bien qu’ils se positionnent plus à droite qu’il y a cinq ans, les Français sont en parallèle plus que jamais hostile au libéralisme économique.

73% d’entre eux pensent que « l’économie actuelle profite aux patrons aux dépens de ceux qui travaillent », et 57% jugent que « pour établir la justice sociale, il faudrait prendre aux riches pour donner aux pauvres ».

De même, concernant les questions de société, 61% des Français estiment que « la procréation médicalement assistée (PMA) est une bonne chose pour les femmes seules ou homosexuelles ». Tout en étant 63% à juger qu’ »il y a trop d’immigrés en France ».

Difficile donc d’y voir clair, d’autant que 39% des sondés disent souhaiter voir à la tête du pays « un homme fort qui n’a pas à se préoccuper du Parlement ou des élections », soit une dictature, et 27% une junte militaire.

Justice : des états généraux réduits à des réunions de chapeaux à plumes

Justice : des états généraux réduits à des  réunion de chapeaux  à plumes

Le chef d’État a décidé d’États généraux de la justice considérée par beaucoup comme trop laxiste. Le concept d’États généraux est d’abord très critiqué car il va se concrétiser et se réduire à une réunion de chapeau à plumes (juge, avocat et deux ou trois citoyens pour donner le change. En outre, pour éviter tout dérapage on placera à la tête un haut fonctionnaire. De toute façon, on connaît le sort de ce genre d’exercice qui se termine par un rapport vite classé dans un tiroir. ( Exemple le grand débat).

Il est clair que la justice n’appartient pas aux juges,  ni aux avocats et plus généralement aux professionnels de justice mais aux citoyens. Or en l’occurrence il s’agit de redéfinir les principes et les modalités d’application de la justice. Aussi ses champs d’activité, car nombre de procédures judiciaires pourrait être traitées de manière plus qu’efficaces , plus équitables et moins coûteuses qu’en sollicitant les grandes institutions. Sans parler de la contrainte de passer par un avocat qui rend la justice inabordable pour nombre de justiciables.

La question se pose aussi de l’opportunité du moment de ces fameux Etats généraux décidés en fin de mandat par Emmanuel Macron. Logiquement une telle orientation doit être prise en début de mandat aux fins de trouver une application. Là, il s’agira essentiellement d’agit prop  pour nourrir les promesses des candidats. Pas vraiment un concept d’État généraux.

Blanchiment d’argent: Les Etats complices

Blanchiment d’argent: Les Etats complices 

Le professeur en gestion du risque Charles Cuvelliez et son homologue en cryptographie Jean-Jacques Quisquater décrivent, dans une tribune au « Monde », les règles que l’Autorité bancaire européenne entend suivre pour mieux identifier les risques de blanchiment d’argent et de financement du terrorisme avant leur matérialisation.

 

Tribune. 

 

Les centaines de millions d’euros de Danske Bank blanchis par sa filiale en Estonie des années durant, le casse-tête des néobanques qui permettent le cas échéant d’ouvrir des comptes à distance dans d’autres pays plus facilement que chez eux pour y faire transiter de l’argent sale, sans avoir besoin de mules à cash : voilà deux exemples qu’on aimerait comprendre et surtout éviter.

C’est le « chacun chez soi » au niveau des Etats en ces matières qui en est la cause. C’est aussi ce à quoi s’attaquent les lignes directrices de l’Autorité bancaire européenne (EBA) publiées pour consultation, le 27 mai.

Les institutions financières sont soumises à deux formes de supervision : il y a le contrôle des autorités qui luttent contre le blanchiment d’argent (LCB, ou en anglais, « money laundering », ML) et le financement du terrorisme (« financing terrorism », ou FT) et il y a la supervision globale (prudentielle) qu’on attend des institutions financières.

 

En France, par exemple, le régulateur des établissements financiers (l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution, l’ACPR) a récemment sanctionné Carrefour Banque, Cardif, filiale d’assurances du groupe BNP Paribas, et ING Bank pour manquement dans leur dispositif de lutte contre le blanchiment et le financement du terrorisme (LCB-FT).

Chaque forme de contrôle met au jour des indices de blanchiment d’argent que l’autre n’aura pas vu. Les contrôles imposés par l’un ne sont pas ceux de l’autre, leurs résultats non plus et, ne parlons même pas des contrôles qui varient entre Etats, car leur législation aussi.

Quand une même institution gère le LCB et le FT, il faut bien structurer comment les départements en charge de l’un et de l’autre communiquent entre eux : pas devant la machine à café !

 

L’EBA aimerait pouvoir vite identifier des risques LCB et FT dans une institution avant qu’ils ne se cristallisent : elle a raison. Quand un scandale est mis au jour, on est toujours sidéré de voir les années pendant lesquelles il a perduré.

Dans dix-huit juridictions nationales sur les vingt-deux (y compris la Banque centrale européenne) qui ont répondu à l’EBA sur les pratiques en cours, la supervision du blanchiment d’argent et du financement du terrorisme et la supervision prudentielle font partie de la même autorité, mais seules quatre ont un accord de coopération interne et deux sont en train de le développer. Ailleurs, c’est le règne de l’informel sur la base de la pratique. Mais est-ce assez robuste ?

«Etats généraux de la laïcité» trop tardifs et très critiqués

«Etats généraux de la laïcité» trop tardifs et très critiqués

 

Nombreux sont ceux qui considèrent que les Etats généraux de la laïcité sont trop tardifs et trop marqués électoralement. Trop tardifs car ils viennent après la loi sur le séparatisme. Le débat la nature, les principes et la mise en œuvre de la laïcité aurait dû évidemment précéder le vote de cette loi et non l’inverse.

 

Certains considèrent que le lancement de cette discussion ressemble surtout à une opération de communication. Pour preuve des débats de responsables et d’organisation surtout nationale.

 

A  peine annoncés, ces états généraux étaient déjà sous le feu des critiques. «On ne fait pas un débat après une loi», a ainsi dénoncé lundi sur France Info l’eurodéputé EELV Yannick Jadot, en référence au projet de loi luttant contre le «séparatisme», adopté en première lecture la semaine dernière par le Sénat et voulu comme un marqueur du quinquennat Macron. Alors que Marlène Schiappa a annoncé vouloir «sortir de la tenaille entre d’un côté les identitaires d’extrême droite et de l’autre les indigénistes et Europe Écologie-Les Verts», l’élu écologiste a demandé sur twitter que cessent «les insultes» de la ministre.

 

. La CFDT a demandé d’«arrêter de faire de la laïcité un objet d’agitation médiatique permanent». Le syndicat de Laurent Berger, invité par la ministre, lui a fait savoir que «ce genre d’initiative était mal choisie alors que la loi» contre le séparatisme «est encore dans les tuyaux (et pose bien des problèmes)».

 

«On prépare le terrain pour remplacer l’Observatoire de la laïcité, qui faisait un excellent travail (…) par un nouvel organe à la solde du gouvernement», a jugé Aurélien Taché, député ex-LREM, présentant ces États généraux comme «une opération de communication grotesque». Interrogé par l’AFP, le président de la Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme (Licra), Mario Stasi, qui y participera, s’est placé, lui, sur le terrain de l’apaisement.

 

 «Si le débat se déplace de ce déversoir de haine, d’invectives que sont les réseaux sociaux, vers un travail approfondi mettant côte à côte différentes approches de la laïcité» et permettant de «sortir avec des propositions concrètes dans le respect de la loi 1905, si c’est cela les États généraux, je n’y vois que des avantages», a dit M. Stasi.

Etats généraux de la laïcité : c’est de la com’ ( Patrick Weil)

Etats généraux de la laïcité : c’est de la com’ ( Patrick Weil)

Patrick Weil, directeur de recherche au CNRS, s’étonne dimanche sur franceinfo du lancement des états généraux de la laïcité annoncés par Marlène Schiappa.

« Je suis un peu surpris » du lancement des états généraux de la laïcité « parce qu’en général on fait des états généraux avant de passer une loi », déclare dimanche 18 avril sur franceinfo Patrick Weil, directeur de recherche au CNRS. Ce spécialiste de la citoyenneté et de la laïcité, qui vient de publier un livre intitulé De la laïcité en France, s’étonne du lancement des états généraux de la laïcité annoncés par Marlène Schiappa. Etant donné qu’une loi concernant les valeurs de la République est déjà en train d’être votée, « la consultation des intellectuels c’est de la com’ », d’après Patrick Weil. Il explique que la loi de 1905 était déjà « d’une modernité incroyable ».

franceinfo : Comment faire en sorte, comme le dit Marlène Schiappa, que la laïcité rassemble aujourd’hui au lieu de diviser ?

Patrick Weil : Déjà, je suis un peu surpris parce qu’en général on fait des états généraux avant de passer une loi. Or, là, il y a une loi qui est en train d’être votée par le Parlement, qui n’a pas fini d’ailleurs d’être discutée, qui va peut-être faire l’objet d’un débat au Conseil constitutionnel. Moi, j’ai le sentiment que là on marche sur la tête, parce qu’au cours des débats au Sénat, monsieur Darmanin et monsieur Dupond-Moretti ont montré qu’ils ne connaissaient pas les dispositions de la loi de 1905. Après le vote de la loi de 1905, le pape l’a rejetée, il y a eu des incidents très graves avec certains cardinaux et curés qui appelaient à la résistance contre la loi, qui s’attaquaient aux instituteurs, qui s’attaquaient aux enfants en les menaçant de ne pas faire leur première communion. Il y avait donc des dispositions qui ont permis de faire condamner des cardinaux, des évêques, des curés, des choses qui seraient très utiles.

Vous parlez d’une police des cultes qui était très active à l’époque, elle existe toujours ?

Cette police existe toujours et je vais vous donner un exemple : après l’assassinat de Samuel Paty, on a découvert qu’avait été mise sur le Facebook de la mosquée de Pantin une vidéo qui a peut-être contribué à la décapitation. Qu’a fait le gouvernement qui ne connaissait pas ce dispositif ? Il a fermé la mosquée, ce qui fait que certains fidèles qui n’avaient rien fait se sont trouvés privés de leur lieu de culte. Et l’homme qui a fait le post de la vidéo n’a pas été poursuivi. Alors on marche sur la tête ! Moi, il me semble qu’il faut qu’une fois que la loi est votée et confirmée par le Conseil constitutionnel, il faut l’appliquer au niveau des préfectures, au niveau des magistrats. La consultation des intellectuels c’est de la com’.

Est-ce que ça veut que la loi de 1905 ne propose plus aujourd’hui les outils nécessaires pour gérer la laïcité ?

C’est justement l’inverse. Elle propose des outils qui sont indispensables, mais que le gouvernement ne connaissait pas. Et il l’a montré parce que quand M. Darmanin et M. Dupond-Moretti ont été interrogés sur ces outils, ils ont déclaré qu’ils n’avaient jamais été utilisés depuis 1905. Je montre dans mon livre qui vient de sortir qu’ils ont été utilisés des centaines de fois par Clemenceau, par Briand, par Poincaré, des grands dirigeants républicains. Eux, ils n’étaient pas d’accord, ils se sont bien engueulés sur la loi de 1905. Mais quand il y a eu les attaques de cet épiscopat radicalisé, ils se sont unis, il y avait dans le même gouvernement Clemenceau et Briand. Eh bien je pense que sur la laïcité, il y a des divergences qu’on connaît, mais ce sont tous des gens attachés à la laïcité. Donc, il faut les réunir pour combattre ensemble ceux qui sont les ennemis de la République et de la laïcité.

Qui sont les ennemis de la laïcité ?

Vous avez deux types d’ennemis. Vous avez des gens qui veulent imposer le pouvoir d’une religion sur la souveraineté de la République, ça c’était très bien vu par les concepteurs de la loi. Et puis d’autres estiment que la loi de 1905 devait exclure, il y a dont une vision raciste ou excluante de la loi. Ca ce sont les deux types d’ennemis, pour moi.

Aujourd’hui, les choses ont changé. Est-ce que la sphère privée et l’espace public ne sont pas devenus très poreux, particulièrement avec les réseaux sociaux ?

Oui vous avez raison. Selon la loi pénale, si vous faite pression sur quelqu’un pour le forcer à porter un signe religieux ou l’en empêcher, cela s’applique dans tous les espaces. Alors ce qu’il faut faire, c’est moderniser la loi parce qu’il faut rajouter Facebook etc. Mais ils avaient tout prévu. La loi de 1905, c’est une loi d’une modernité incroyable. Elle est en avance, même aujourd’hui par rapport à beaucoup d’autres lois à l’étranger. Elle respecte les croyants comme les non-croyants. Elle les protège, chaque liberté est protégée par une disposition pénale contre toute pression. Alors la loi fixe un certain nombre de règles. Ensuite, vous avez des conflits d’interprétation. Moi, j’enseigne le droit de la religion aux États-Unis, il y a tous les ans plusieurs cas à la Cour suprême où on vient présenter différentes opinions, et la justice se prononce. Il faut accepter que cela se passe comme ça, et que ce ne soit pas le Parlement qui fasse la loi sur des petits détails d’interprétation qui me paraissent du domaine de la bataille d’interprétation devant les juges.

Etats généraux de la laïcité: un énorme travail de pédagogie estime Caroline Fourest

Etats généraux de la laïcité: un énorme travail de pédagogie estime Caroline Fourest

 

 

L’essayiste et éditorialiste Caroline Fourest, qui participera aux Etats généraux de la laïcité annoncés par la ministre déléguée à la Citoyenneté Marlène Schiappa juge qu’il y a « encore beaucoup de malentendus empoisonnés qui font des dégâts terribles parmi les jeunes ».

« Il reste une immense pédagogie à faire », a estimé dimanche 18 avril sur franceinfo l’essayiste et éditorialiste Caroline Fourest, alors que la ministre déléguée à la Citoyenneté Marlène Schiappa a annoncé la tenue d’ »Etats généraux de la laïcité » qui donneront notamment lieu à une « grande consultation » auprès des jeunes. Caroline Fourest, qui participera à ces Etats généraux juge qu’il y a « encore beaucoup de malentendus empoisonnés qui font des dégâts terribles parmi les jeunes ».

 

Qu’attendez-vous de ces états généraux de la laïcité ?

Caroline Fourest : La laïcité, c’est un débat permanent, mais c’est un débat où il y a encore beaucoup de malentendus empoisonnés qui font des dégâts terribles parmi les jeunes. Regardez les sondages. Plus de la moitié des jeunes pensent que critiquer les religions, c’est être raciste et quelque chose qu’il faut condamner. Après tous les meurtres que nous avons subi, voir que la jeunesse déserte la défense de la liberté d’expression et la laïcité, c’est très inquiétant. Donc, cette pédagogie reste à faire. C’est ça l’objet. On a bien fait tout ce qu’il fallait faire du point de vue législatif. Mais il reste une immense pédagogie à faire.

Est-ce que cette annonce d’Etats généraux n’est que de la communication, comme l’a laissé entendre le chercheur Patrick Weil ?

Cela ne m’intéresse pas tellement ce genre de débat. Ce dont on est en train de parler est trop grave, trop sérieux, pour savoir si, faire des Etats généraux pour expliquer la laïcité, il faut le faire avant ou après un projet législatif. Tout va dans le même sens. Ce qui m’intéresse, c’est de voir des politiques qui ne font justement pas que du répressif, mais qui s’attellent enfin à faire aussi de la pédagogie et de la formation. La suite, c’est notamment une administration de la laïcité qui va permettre de mettre des moyens pour que, par exemple, les référents laïcité qui ont été créés il y a quelques années dans les différents établissements scolaires reçoivent une formation qui leur permette de faire face à tous les discours empoisonnés qu’ils vivent et qu’ils subissent. Cela veut dire former tous les fonctionnaires qui sont aussi des premières lignes sur ces sujets qui sont souvent piégés, qui sont souvent difficiles, où il y a face à eux des gens de très grande mauvaise foi. Je suis contente qu’on passe à cette étape. J’ai envie de dire enfin.

Vous souhaiteriez qu’il y a ait des interventions dans les écoles, pour former les professeurs notamment ?

Il y a des sentinelles qui ont été imaginés il y a quelques années. Moi-même, cela m’arrive souvent de faire ce type d’interventions. Toutes les bonnes volontés sont les bienvenues. Ce que je souhaite surtout, c’est qu’on envoie enfin des hussards de la République, c’est à dire des gens bien formés qui ont les esprits bien clairs sur ces questions, parce qu’on a perdu beaucoup de temps dans ce domaine. C’est le débat qu’on a eu autour de l’Observatoire de la laïcité qui n’est pas souvent compris. On a perdu huit ans dans ce pays à cause d’un observatoire qui n’a rien observé, qui n’a fait au contraire que mener des polémiques contre les laïcs au lieu d’essayer de mener des politiques de vigilance contre les adversaires de la laïcité avec lesquels il a bien souvent collaboré. C’est ça qui m’inquiète.

Quand la République se tire des balles dans le pied, quand elle perd huit ans à nommer des gens au mauvais poste, qui n’ont pas les compétences, qui n’ont pas l’appétit d’être vigilants sur des sujets aussi importants, on perd du temps. Et on le voit dans les études auprès de la jeunesse. On a envoyé des associations, notamment Coexister par exemple, qui célèbrent la Journée du hidjab et qui soutient BarakaCity, une association salafiste qui raye les femmes de son site Internet. On a envoyé ce genre d’associations expliquer la laïcité auprès des jeunes. C’est normal qu’ils ne la comprennent pas.

Quelle est la définition de la laïcité pour les jeunes ?

Ils ont été très travaillés au corps depuis 2004 par des réseaux intégristes qui leur ont expliqué qu’en fait, la laïcité, c’était islamophobe. Donc c’est tout cela qu’il faut arriver à défaire. C’est aussi pour cela que je fais partie des laïques qui ne veulent pas aller plus loin dans le répressif, qui ne veulent pas aller jusqu’à interdire ni le voile dans la rue, ni les accompagnantes scolaires voilées. Parce que je pense qu’on a tellement de travail à faire pour lever ces propagandes qui ont incroyablement réussi leur manipulation. Beaucoup de jeunes aujourd’hui pensent que la laïcité, c’est être contre les religions, au lieu de voir que c’est un cadre qui protège l’égalité homme-femme, qui protège la citoyenneté, c’est à dire ce qui nous réunit.

 

Des Etats généraux de la laïcité ? Un peu tard après la loi séparatiste !

 

 

Une initiative intéressante celle de Marlène Chiappa et du gouvernement d’organiser les états généraux de la laïcité. Le problème c’est que cette proposition vient après le projet de loi contre le séparatisme – rebaptisé « projet de loi confortant le respect des principes de la République », .

Schématiquement le grand débat public vient donc après la décision législative. Une sorte d’inversion de la démocratie. Pas tout à fait  car en réalité car la loi initialement sur le séparatisme a été progressivement affaiblie pour devenir une sorte de loi molle sur quelques principes éloignés de l’objectif du départ. Pour parler clair cette loi est d’une grande faiblesse pour lutter contre l’islamisme.

Adopté le 9 décembre 2020 en Conseil des ministres , cette loi énonce des principes très intemporels qui évitent les sujets qui fâchent et ne constituent pas un instrument juridique pour lutter contre ceux qui veulent saper les bases républicaines.

Peut-être que devant l’insatisfaction générale, le gouvernement essaye de corriger le tir en organisant maintenant mais évidemment trop tard un débat sur la laïcité. En outre se pose la question de savoir quelle sera la forme de ce débat et dans quelles conditions pour être pris en compte les orientations qui pourraient se dégager. Marlène Chiappa  tente de s’expliquer laborieusement sur le sujet. Explications dans le JDD .

- La ministre chargée de la Citoyenneté, Marlène Schiappa, nous annonce une consultation nationale sur la laïcité. Elle ambitionne de « rassembler autour de la laïcité à la française » des citoyens divisés sur cette question.

Pas de nouvelles ­mesures à l’horizon, plutôt une tentative de dépassionner le débat. Quand la laïcité fait naître des « ­invectives sur les réseaux ­sociaux », Schiappa rêve que germent « des points d’accords » de cette nouvelle initiative associant responsables religieux, intellectuels, associations et jeunes Français. « C’est aussi l’occasion de faire vivre la laïcité partout sur le territoire, d’en faire la pédagogie et de lutter contre les fake news », explique-t-elle.

En quoi consistent ces états généraux de la laïcité que vous avez décidé d’organiser?

La laïcité est un principe qui doit nous rassembler. Je lancerai ces états généraux ce mardi au Cnam [Conservatoire national des arts et métiers] avec une conférence de haut niveau entre des intellectuels de toutes les sensibilités : l’académicienne Barbara Cassin, l’essayiste Caroline Fourest, les philosophes Henri Peña-Ruiz ou Gaspard Koenig… Puis nous organiserons, jusqu’à l’été, des tables rondes et des groupes de travail sur la liberté d’expression – avec l’avocat Richard Malka –, la recherche, la jeunesse, l’intégration citoyenne… Je laisserai aussi carte blanche à des associations et des syndicats, comme la Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme et la CFDT. Enfin, nous lançons une grande consultation avec Make.org auprès de 50 000 jeunes.

Les partis politiques ne seront-ils pas associés?

Ils sont bien sûr libres de s’engager dans cette démarche.

Quel est l’objectif de ces échanges?

76 % des Français veulent que la laïcité soit plus défendue. L’application du projet de loi confortant le respect des principes de la République, que nous portons avec Gérald Darmanin, le permettra. Par exemple, ce texte crée un réseau de référents laïcité dans toutes les administrations publiques. Mais ces échanges doivent surtout être l’occasion de nous rassembler autour de la laïcité à la française. C’est un sujet de passion. L’idée est de dire : parlons-en ensemble et écoutons-nous.

Au vu du caractère brûlant du sujet, ces débats ne risquent-ils pas de virer au pugilat?

Je fais confiance aux organisateurs des tables rondes. Quand les gens se parlent, s’écoutent, on constate qu’on trouve des points d’accord, loin des invectives sur les réseaux sociaux. C’est aussi l’occasion de faire vivre la laïcité partout sur le territoire, d’en faire la pédagogie et de lutter contre les fake news. Par exemple : non, le voile n’est pas interdit dans l’espace public.

N’est-ce pas précisément le rôle de l’Observatoire de la laïcité, que vous comptez supprimer?

Le Premier ministre a décidé, après huit ans, de faire évoluer le portage du sujet. Je le soutiens ! Auprès de lui, nous travaillons avec Gérald Darmanin, Jean-Michel Blanquer, Amélie de Montchalin et nos collègues. C’est un sujet primordial, et le gouvernement a besoin d’une administration solide sur la laïcité pour porter ces beaux projets et d’une instance consultative, avec des personnalités qualifiées.

Dans une tribune dans Le Monde, 119 universitaires s’inquiètent du fait que la laïcité devienne « un outil répressif, de contrôle et d’interdiction ». Ont-ils raison?

J’entends les craintes et je veux y répondre : la laïcité n’est en aucun cas une arme de répression contre les religions. J’étais à l’église Saint-Sulpice et à la mosquée de Paris pour sécuriser les lieux de culte la semaine dernière, je serai demain au Centre européen du judaïsme. Nous voulons justement sortir de la tenaille entre d’un côté les identitaires d’extrême droite et de l’autre les indigénistes et Europe Écologie-Les Verts. J’invite chacun à prendre la parole dans le cadre des états généraux de la laïcité. Qu’Evian en arrive à s’excuser d’avoir incité ses clients à boire de l’eau [sur Twitter le premier jour du Ramadan] et tombe ainsi dans le piège des extrémistes de tous bords qui ont monté cette histoire en épingle, c’est kafkaïen. Cela prouve l’urgence de développer un contre-discours républicain.

 

Les organisations de la société civile bouchent les trous des Etats défaillants

Les organisations de la société civile bouchent les trous des Etats défaillants

Il est nécessaire d’imaginer un réaménagement de l’architecture institutionnelle de façon à donner un espace et un statut à ces organisations correspondant à leur rôle croissant, demandent le sociologue Alain Touraine et un collectif de chercheurs dans une tribune au « Monde ».

Tribune.

 

Des pays du Nord aux pays du Sud, les organisations de la société civile (OSC) assument de façon croissante des missions qui relèvent du service public. Mais elles les assument dans une incertitude permanente, qui fragilise l’accès aux droits sociaux pour les populations concernées et, par là, accentue les inégalités.

A l’heure où la crise sanitaire produit déjà ses effets sociaux, où la justice climatique devient un impératif immédiat, il est plus que jamais nécessaire de repenser le rôle des OSC dans l’action publique et d’inscrire cette refondation dans le droit.

Nous vivons en effet sur l’idée, venue de trois siècles d’histoire, que la responsabilité de l’Etat est de protéger les droits de l’individu. L’architecture institutionnelle des sociétés démocratiques délimite les espaces respectifs de l’Etat et de la société civile, les inscrit dans le droit et organise leurs interactions. Elle exprime par là certains des termes essentiels du contrat social, en particulier le fait que l’Etat soit en charge de répondre aux besoins sociaux premiers – alimentation, éducation ou santé – et d’assurer le fonctionnement des services sociaux de base.

Mais ces termes ont changé. Depuis la révolution conservatrice des années Reagan-Thatcher et l’hégémonie conquise par la pensée néolibérale, l’Etat joue de moins en moins ce rôle social, ou le joue plus difficilement. Il le joue de moins en moins au Nord et rien ne dit que le « retour » actuel de l’Etat face à la crise sanitaire sera plus durable qu’il ne l’a été après la crise de 2008.

Il ne le joue que très difficilement au Sud en raison, notamment, des faiblesses structurelles issues des passés coloniaux.

Le Nord et le Sud décrivent deux mondes distincts, mais au Nord et au Sud, on voit les OSC aller là où l’Etat ne va plus et prendre en charge une part des missions protectrices qui relevaient antérieurement de la puissance publique.

Elles assument ces missions de façon croissante en matière d’accès aux soins, de secours alimentaire, d’aide à la scolarité ou de protection des populations les plus fragiles ; mais sans que soient pensées les conditions qui leur permettraient de garantir la qualité et la continuité des services qu’elles assurent ; sans que soient repensés également leur statut et leur place aux côtés de la puissance publique. Le plus souvent, elles travaillent dans une incertitude permanente qui fragilise leur action et, du même coup, fragilise l’accès aux droits pour les populations concernées.

 

Bitcoin: la souveraineté des Etats en cause

Bitcoin: la souveraineté des Etats en cause

 

 

André Loesekrug-Pietri, président de la Joint European Disruptive Initiative (JEDI), la Darpa européenne, décrypte dans le JDD les enjeux de légitimé et d’autonomie d’action des Etats derrière le bitcoin et les cryptomonnaies.

 

 

 Tribune :  »En achetant pour 1,5 milliard de dollars de bitcoins, Tesla ne rehausse pas seulement le crédit des cryptomonnaies : elle légitime la désintermédiation des transferts financiers et, au-delà, une logique post-nationale qui mine la capacité d’action des États sur les leviers fondamentaux de leur souveraineté.

Elon Musk s’inscrit dans l’histoire longue de l’ »idéologie californienne », fondée sur le solutionnisme technologique, l’aversion pour l’intervention des Etats dans la sphère économique et privée, tout en vivant en grande partie des subsides de l’Etat fédéral – les contrats passés par Tesla avec la Nasa en témoignent.

Pour autant, est-ce à dire que le bitcoin, en lui-même, est un instrument d’abrasion de l’autorité des Etats, censés être les seuls acteurs légitimes pour battre monnaie? La question appelle une réponse nuancée. Dans les faits, nombre d’Etats n’ont pas ce monopole. L’Europe s’est construite, avec le traité de Maastricht, sur la délégation de cette fonction régalienne à la Banque centrale européenne, qui partage cette prérogative avec les banques privées, dès qu’elles concèdent, par exemple, un prêt à une entreprise ou que la BCE leur rachète des bons du Trésor.

La technologie qui sous-tend le bitcoin, la blockchain, lance effectivement un défi à l’autorité politique des Etats

Reste que la technologie qui sous-tend le bitcoin, la blockchain, lance effectivement un défi à l’autorité politique des Etats. Certaines initiatives affichent clairement leur ambition de les dépasser. C’est le cas, par exemple, de Bitnation. Cette start-up, animée par des « hacktivistes » (activistes hackers) libertariens, se présente comme une plateforme de gouvernance collaborative et open source, fondée sur un idéal techniciste d’autorégulation opposé au modèle de l’Etat-nation.

Au total, faut-il interdire le bitcoin, les cryptomonnaies et, finalement, toutes les initiatives fondées sur la technologie blockchain? Non, bien entendu. En revanche, le fait que des acteurs dotés d’une telle force de frappe financière, comme Tesla, prennent une part active dans le développement de ces outils doit attirer l’attention des décideurs publics, à l’heure où les technologies émergentes entament plus que jamais la légitimité et l’autonomie d’action des Etats.

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André Loesekrug-Pietri, président de la Joint European Disruptive Initiative (JEDI), la Darpa européenne, décrypte dans le JDD les enjeux de légitimé et d’autonomie d’action des Etats derrière le bitcoin et les cryptomonnaies.

 

 

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Elon Musk s’inscrit dans l’histoire longue de l’ »idéologie californienne », fondée sur le solutionnisme technologique, l’aversion pour l’intervention des Etats dans la sphère économique et privée, tout en vivant en grande partie des subsides de l’Etat fédéral – les contrats passés par Tesla avec la Nasa en témoignent.

Pour autant, est-ce à dire que le bitcoin, en lui-même, est un instrument d’abrasion de l’autorité des Etats, censés être les seuls acteurs légitimes pour battre monnaie? La question appelle une réponse nuancée. Dans les faits, nombre d’Etats n’ont pas ce monopole. L’Europe s’est construite, avec le traité de Maastricht, sur la délégation de cette fonction régalienne à la Banque centrale européenne, qui partage cette prérogative avec les banques privées, dès qu’elles concèdent, par exemple, un prêt à une entreprise ou que la BCE leur rachète des bons du Trésor.

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Reste que la technologie qui sous-tend le bitcoin, la blockchain, lance effectivement un défi à l’autorité politique des Etats. Certaines initiatives affichent clairement leur ambition de les dépasser. C’est le cas, par exemple, de Bitnation. Cette start-up, animée par des « hacktivistes » (activistes hackers) libertariens, se présente comme une plateforme de gouvernance collaborative et open source, fondée sur un idéal techniciste d’autorégulation opposé au modèle de l’Etat-nation.

Au total, faut-il interdire le bitcoin, les cryptomonnaies et, finalement, toutes les initiatives fondées sur la technologie blockchain? Non, bien entendu. En revanche, le fait que des acteurs dotés d’une telle force de frappe financière, comme Tesla, prennent une part active dans le développement de ces outils doit attirer l’attention des décideurs publics, à l’heure où les technologies émergentes entament plus que jamais la légitimité et l’autonomie d’action des Etats.

La guerre des Etats et des géants du Net ne fait que commencer

La guerre des Etats et des géants du Net ne fait que commencer

La bataille homérique qui oppose le gouvernement de Canberra aux géants de l’Internet sur la rémunération des contenus de presse souligne l’urgence d’une gouvernance démocratique des acteurs du Web, analyse Sylvie Kauffmann, éditorialiste au « Monde ».(Extraits)

Grand soulagement dans l’hémisphère Sud ! Facebook a repris l’Australie comme amie. Mardi 23 février, une trêve est intervenue dans la dispute entre le géant de la tech et l’île-continent, qui tient les experts en haleine bien au-delà de l’océan Pacifique.

Les historiens du cyberespace retiendront peut-être cette bataille homérique comme un tournant dans le rapport de forces entre les Big Tech et les Etats, représentés par leurs institutions démocratiques.

Le conflit a éclaté lorsque le gouvernement de Canberra a introduit un projet de loi instaurant un code des relations entre les plateformes numériques et les organes de presse traditionnelle. L’objet de ce code est clair : il vise à forcer Google et Facebook à rémunérer les éditeurs de presse pour leurs contenus mis en ligne par ces plateformes, et à les informer des changements opérés dans leurs algorithmes. Ce projet de loi est une première et il a le soutien de l’opposition.

Pour les Big Tech, que l’on appelle en France les Gafam (Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft), c’était quasiment une déclaration de guerre. Le conflit sur la rémunération des contenus de presse en ligne est vieux comme l’Internet. Les éditeurs de presse accusent les plateformes d’avoir détruit leur modèle économique, en diffusant gratuitement une information qui leur a coûté très cher à produire, et en siphonnant leur publicité – lorsque Google est né, en 1998, les médias traditionnels recueillaient à peu près la moitié des revenus publicitaires ; vingt ans plus tard cette proportion était descendue à 10 %. Les plateformes, elles, font valoir qu’elles apportent aux journaux et magazines, par leur puissance de diffusion, un trafic dont ils n’auraient pas pu rêver sans elles : c’est du gagnant-gagnant.

Le ressentiment des médias s’intensifiant au fur et à mesure que leur situation économique se dégradait, l’Union européenne (UE) s’en est mêlée, avec la directive sur les droits voisins, imposée de haute lutte. Google a donc négocié avec des éditeurs des accords individuels, voire parfois groupés, ouvrant la voie à une forme de paiement de leurs contenus.

En France, par exemple, la firme a conclu un accord en janvier avec l’Alliance de la presse d’information générale et plusieurs titres, dont Le Monde. Si le montant de ces accords est en général secret, tout le monde sait que dans ce match entre David et Goliath, c’est le mastodonte Google qui s’en sort le mieux.

Mais le marché australien, avec ses 25 millions d’habitants, n’a pas le poids de celui des 450 millions d’Européens. Google et Facebook ont donc d’abord fait le pari de l’épreuve de force. Google a menacé de se retirer d’Australie, purement et simplement, puis s’est ravisé et, préférant avoir la paix, a négocié un accord avec les gros groupes de presse, dont le plus puissant d’entre tous, celui du légendaire Rupert Murdoch. Ce pacte des titans, celui des vieux médias et celui des nouveaux, s’étend aux titres de l’empire Murdoch aux Etats-Unis et au Royaume-Uni, mais ne bénéficie pas aux petits journaux locaux, les plus fragilisés.

 

Conflit palestinien : les États-Unis pour une solution à deux Etats ?

Conflit palestinien : les États-Unis pour une solution à deux Etats ?

 

 

 

Un certain nombre d’Etats se sont déjà prononcés pour deux Etats en Palestine mais jusque-là les États-Unis s’étaient toujours montrés assez réticents suivant en cela la position d’Israël. Il semble bien que la position américaine pourrait officiellement évoluer dans le sens d’une reconnaissance d’une partition en Palestine- Le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken a déclaré lundi à son homologue israélien qu’une solution à deux Etats du conflit israélo-palestinien était la meilleure pour l’avenir d’Israël, a déclaré le Département d’Etat américain.

Antony Blinken, dans un appel avec le ministre israélien des affaires étrangères Gabi Ashkenazi, « a souligné la conviction de l’administration Biden que la solution à deux Etats est la meilleure façon d’assurer l’avenir d’Israël en tant qu’Etat juif et démocratique, vivant en paix aux côtés d’un Etat palestinien viable et démocratique », a déclaré le Département d’Etat.

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