Nouvelle-Calédonie: Émeutes, état d’urgence et influences étrangères
Une situation proche de l’insurrection a conduit le gouvernement à décréter l’état d’urgence en Nouvelle-Calédonie. Les violences ont été initiées par la branche la plus dure des indépendantistes qui ont réagi à la réforme constitutionnelle qui modifie le corps électoral dans l’île. D’une certaine manière, le pouvoir n’est pas sans responsabilité pour avoir dérogé à l’accord de Nouméa qui depuis presque 30 ans privilégie la concertation. Une concertation qui devient désormais l’objectif pour mettre fin au trouble qui secoue la nouvelle Calédonie. Finalement il n’y aura sans doute pas d’autres solutions que de décaler le calendrier des réformes envisagées.
La violence et la contestation est aussi alimentée par des influences étrangères pas mécontentes de secouer la France en Nouvelle-Calédonie comme en Afrique. Avec aussi la perspective de mettre la main sur le nickel extrait localement. Des émeutes aussi favorisées par une situation très détériorée sur le plan social avec plus de 25 % de chômeurs chez les jeunes.
Des jeunes, qui pour la plupart kanaks, provenant des quartiers défavorisés de l’agglomération, dévalisent magasins et centres commerciaux. Des pillages en règle que tentent d’empêcher les forces de l’ordre en sécurisant les lieux et en procédant à des interpellations .
Dès mercredi matin, le chef de l’État a convoqué un Conseil de défense et de sécurité nationale. Au palais présidentiel, entouré notamment de ses ministres Gérald Darmanin, Sébastien Lecornu (Armées) et Bruno Le Maire (Économie), il a écouté à distance Louis Le Franc, depuis Nouméa. « La situation est insurrectionnelle, a prévenu le haut-commissaire quelques heures plus tôt, devant la presse. On s’engage tout droit dans une guerre civile. »
L’état d’urgence, demandé par la droite, le Rassemblement national (RN) et la présidente de la province sud de l’archipel, Sonia Backès, est annoncé dans la foulée de cette réunion de crise et entériné en conseil des ministres. Prévu pour une durée de douze jours – une loi sera nécessaire au-delà -, il est entré en vigueur quand où les Calédoniens commençaient à se réveiller, jeudi matin à 5 heures, heure locale.
Avec ce dispositif exceptionnel, les autorités peuvent interdire des lieux de réunions, prohiber des manifestations, dissoudre des associations, mener des perquisitions et exiger des mesures d’armes, au terme de procédures simplifiées. Sans attendre, Gérald Darmanin a assigné à résidence cinq indépendantistes «radicaux et violents», a-t-il fait savoir. « La priorité, c’est de retrouver l’ordre, le calme et la sérénité », a rappelé Gabriel Attal devant les députés, désireux de faire tomber cette brutale poussée de fièvre dans l’archipel.
Depuis juillet 2023 le “Groupe d’initiative de Bakou”, groupe de réflexion et d’influence s’est rapproché des indépendantistes, une amitié qui va jusqu’à inquiéter Gérald Darmanin qui dénonce le 29 avril : “une ingérence extrêmes néfaste” suite au déplacement à Bakou d’une élue du Congrès de Nouvelle Calédonie le 18 avril dernier. Les discours contre le colonialisme et le néocolonialisme fleurissent et viennent encourager des revendications existantes pour déstabiliser la France et plus largement l’Occident.
Pendant que les campagnes russes anti-français redoublent d’intensité sur les réseaux, la Chine cherche à mettre la main sur les exploitations de nickel et provoque des mobilisations importantes contre sa stratégie d’entrisme. Diviser pour mieux régner.
Sommé par la gauche de reporter sa réforme de la Constitution, Emmanuel Macron a de nouveau proposé aux élus calédoniens de se réunir à Paris, sans doute à Matignon, pour trouver un accord. Un objectif qu’il aurait été bon de viser avant le déclenchement de cette crise..