Samuel Paty et Dominique Bernard ont été assassinés en raison de leur enseignement
En se focalisant sur la question des signes d’appartenance religieuse, les débats et les lois successives concernant la laïcité à l’école passent à côté de l’essentiel, estime l’historien Claude Lelièvre dans une tribune au « Monde » : c’est-à-dire la contestation de certains enseignements et la multiplication des entraves à la liberté d’enseigner.
La circulaire d’application du 18 mai 2004 signée par François Fillon, ministre de l’éducation nationale de l’époque, comporte en effet un long passage au titre significatif : « Les obligations qui découlent, pour les élèves, du respect du principe de laïcité ne se résument pas à la question des signes d’appartenance religieuse. »
Il édicte : « Les convictions religieuses des élèves ne leur donnent pas le droit de s’opposer à un enseignement (…). Si certains sujets appellent de la prudence dans la manière de les aborder, il convient d’être ferme sur le principe selon lequel aucune question n’est exclue a priori du questionnement scientifique et pédagogique (…). Les élèves doivent assister à l’ensemble des cours inscrits à leur emploi du temps sans pouvoir refuser les matières qui leur paraîtraient contraires à leurs convictions. Les convictions religieuses ne peuvent justifier un absentéisme sélectif par exemple en éducation physique et sportive ou en sciences de la vie et de la Terre. »
Et pourtant on doit noter l’étrange comportement du même ministre de l’éducation nationale lors de la réception, en juin 2004, du rapport de l’inspection générale rédigé par Jean-Pierre Obin intitulé « Les signes et manifestations d’appartenance religieuse dans les établissements scolaires ». François Fillon ne le rend public qu’en mars 2005, sans qu’aucune autre initiative soit prise par le ministre. Et cela alors même que la question du « voile » est présentée dans ce rapport comme « l’arbre qui cache la forêt » des détériorations de la vie scolaire et des contestations de certains enseignements – notamment en éducation physique et sportive, en histoire, en sciences de la vie et de la Terre.