Biodiversité et business minier
Tribune.
Au terme d’un long processus de dialogue entre les membres de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), cent vingt-huit résolutions et recommandations relatives à la protection et à la gestion de la biodiversité seront définitivement adoptées. A ce jour, cent dix ont déjà été validées par vote électronique. Les autres ont été soumises à discussion lors du congrès, dont la motion 67 portant sur la réduction des impacts de l’activité minière sur la biodiversité, adoptée le vendredi 10 septembre.
Les activités extractives sont par essence sources de perturbations sociales et environnementales, a priori peu compatibles avec les notions de durabilité ou de préservation. Or, revers de la mise en place, encore bien trop timide, de politiques énergétiques décarbonées, la demande en métaux croît exponentiellement, et particulièrement dans les pays du Sud où les gisements sont abondants, tandis que les grands fonds marins aiguisent les appétits des Etats et des entreprises.
Les ressources minérales non renouvelables jouent un rôle économique majeur dans quatre-vingt-un pays producteurs (la moitié de la population mondiale dont près de 70 % vit en extrême pauvreté) et représentent un quart du produit mondial brut. Les ressources naturelles énergétiques (minières et pétrolières) peuvent être un moteur de croissance, de développement et de réduction de la pauvreté et leur exploitation jouer un rôle économique majeur si les pays entrent dans une logique de contrôle et de redistribution équitable de la rente minière et réussissent à utiliser ces revenus pour sortir d’une trop forte dépendance à ces ressources.
Dans le cadre de la mise en place d’une nouvelle économie décarbonée, l’Amérique latine est en excellente position pour répondre à la demande en métaux (principalement cuivre, fer, argent, lithium, aluminium, nickel, manganèse et zinc) ; l’Afrique se positionne aussi sur le marché par ses réserves en platine, manganèse, bauxite et chrome.
En revanche, sur ces deux continents et au-delà, de vastes espaces, dont les territoires de peuples autochtones, sont défigurés par les activités d’orpaillage, légaux ou illégaux, à petite ou grande échelle, et aux pratiques le plus souvent artisanales sans contrôle des rejets et déchets miniers, ainsi que par le gigantisme de l’activité extractive de grandes industries dont les « bonnes pratiques » sont encore trop souvent cosmétiques, dictées par des objectifs de communication et générant de nombreux conflits et des effets d’exclusion locale parfois démultipliés par des pratiques mal conçues de compensation écologique.