Irak: les Etats-Unis essayent de réparer les erreurs du passé
Si la situation en Irak est auusi dramatique, elle le doit surtout aux Etats –unis pour avoir éliminé le dictateur, certes pas tout à faiat démocrate et même sanguinaire, mais qui avait au moins le mérite d’assurer un minimum de stabilité au pays. Même chose d’ailleurs en Lybie ou en Syrie. Il est clair que ces pays arabes ne sont pas prêts pour la démocratie ; une fois les vannes ouvertes de la liberté, c’est la lutte armée des clans qui remplace la dictature. Du coup, les armes se trouvent disséminées partout et les jihadistes trouvent là une opportunité extraordinaire pour déstabiliser toute la région Les Etats -Unis ont du travail pour réparer leur tragique erreur stratégique. D’abord en bombardant les forces djihadistes, en les repoussant puis en évitant de favoriser la prise de pouvoir par des irresponsables , des chefs de clans ou des terroristes. . Les Etats-Unis ont donc lancé ce samedi de nouvelles frappes dans le nord de l’Irak après que Barack Obama a promis leur poursuite pour aider les civils menacés par l’avancée djihadistes, tandis que Londres et Paris, après Washington, devaient effectuer des largages d’aide humanitaire ce dimanche. Le président américain, qui n’a avancé aucun calendrier sur la durée de ces frappes aériennes, a également appelé de nouveau à la formation d’un gouvernement d’union pour faire face aux insurgés sunnites. Ce vendredi, les Etats-Unis ont mené leurs premières frappes près de trois ans après leur départ du pays, pour enrayer l’avancée des djihadistes de l’Etat islamique (EI) qui menacent le Kurdistan et des milliers de civils. Quatre nouvelles frappes ont été lancées ce samedi par l’armée américaine, détruisant plusieurs véhicules de transport de troupes, a annoncé le Central Command, qui couvre le Moyen-Orient. Les insurgés sunnites menés par l’EI étaient jusqu’à présent restés à distance du Kurdistan, dans le nord du pays, mais ce pacte tacite de non-agression a volé en éclats fin juillet et les combattants kurdes ont enregistré une série de revers. La progression des djihadistes a jeté sur les routes des dizaines de milliers de personnes, en particulier des chrétiens et de nombreux membres de la minorité kurdophone des Yazidis. Après les premiers bombardements américains, le temps est venu de contre-attaquer, a estimé ce vendredi Fouad Hussein, un haut responsable kurde. « Les peshmergas (combattants kurdes) vont d’abord se regrouper, puis se redéployer dans les zones dont ils étaient partis, et enfin aider les réfugiés à rentrer chez eux ». Les combattants de l’EI ne se trouvent désormais qu’à une quarantaine de km d’Erbil, capitale du Kurdistan irakien, mais n’ont pas franchi les frontières de la région autonome. Selon le commandant de l’armée, Babaker Zebari, « les officiers de l’armée irakienne, les peshmergas et des experts américains travaillent ensemble pour déterminer les cibles ». Les Etats-Unis entendent mener des frappes « très ciblées » et excluent d’envoyer des troupes au sol, mais leurs frappes pourraient « affaiblir des positions de l’EI et rendre plus facile une contre-offensive », estime John Drake, du groupe AKE. « Je ne vais pas donner de calendrier précis » sur la durée des frappes, a prévenu Obama ce samedi. « Nous n’allons pas régler le problème en quelques semaines. Je pense que cela va prendre un certain temps ». Outre la situation militaire, le président américain a insisté sur la nécessité d’aboutir à un gouvernement « dans lequel le peuple irakien et l’armée irakienne (aient) confiance ». « Pour partie, ce que nous faisons en ce moment est de leur préserver un espace pour mener à bien ce travail nécessaire », a-t-il expliqué, alors que les institutions politiques irakiennes sont quasiment paralysées par de profondes divisions et que les Kurdes veulent mener un référendum d’indépendance. « Le calendrier le plus important à mes yeux est celui qui permettra au gouvernement irakien d’être finalisé, car sans gouvernement irakien, il est très difficile pour les Irakiens de lutter contre l’EI », a insisté Obama, qui a déclaré avoir reçu le soutien du Royaume-Uni et de la France après s’être entretenu ce samedi avec leurs dirigeants par téléphone. Londres a annoncé un largage « imminent » d’aide humanitaire aux populations déplacées, et Paris a évoqué des livraisons « dans les prochaines heures » d’équipements de premiers secours. De leur côté, les Etats-Unis ont largué ce dimanche matin (heure locale) de nouvelles cargaisons de vivres — l’équivalent de 52.000 repas — et des conteneurs d’eau après avoir déjà mené une opération similaire ce jeudi et vendredi soir à destination des « milliers de citoyens » menacés par les jihadistes sur le Mont Sinjar, entre Mossoul et la frontière syrienne, a annoncé le Pentagone. La prise par l’EI il y a une semaine de Sinjar, bastion des Yazidis, une minorité non-musulmane, a poussé à la fuite jusqu’à 200.000 civils selon l’ONU. Nombre d’entre eux sont piégés dans les arides montagnes environnantes, menacés autant par la faim et la soif que par les jihadistes. « Nous pourrons empêcher l’Etat islamique d’aller dans les montagnes et de massacrer les gens qui se sont réfugiés là-bas », a assuré Obama. Une députée yazidie, Vian Dakhil, devenue le visage de sa communauté après avoir lancé un appel poignant ce mardi pendant une session parlementaire, a assuré qu’il ne restait plus qu’ »un ou deux jours pour aider ces personnes. Après, ils vont commencer à mourir en masse ». Les informations sur le sort des civils n’ayant pas pu fuir sont très parcellaires et impossibles à vérifier, mais plusieurs sources ont évoqué la disparition de centaines d’hommes, ainsi que l’enlèvement de plus de 500 femmes et jeunes filles yazidies, retenues dans une prison de Mossoul d’où plusieurs disparaissent chaque jour. Outre les Yazidis, près de 100.000 chrétiens ont été chassés des plaines de la province de Ninive, à l’ouest de Mossoul, par les jihadistes. Ce jeudi, en quelques heures à peine, la ville de Qaraqosh, plus grande localité chrétienne d’Irak s’est vidée de tous ses habitants, selon le patriarche chaldéen Louis Sako.