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Espèces d’oiseaux : une baisse jusqu’à 57 %

Espèces d’oiseaux : une baisse de 57 %

Les alarmes de la communauté scientifique sur les effets de l’emploi des pesticides sur la santé humaine et la disparition de nombreuses espèces dans les milieux agricoles s’accumulent depuis un demi-siècle. Le travail pionnier de Rachel Carson annonçait dès 1962, des « printemps silencieux » provoqués par le déclin des oiseaux, victimes collatérales des pesticides via l’empoisonnement des milieux et la disparition des insectes. En cause, un modèle agricole reposant sur une industrialisation toujours plus poussée pour rester compétitif sur le plan international ayant massivement recours aux pesticides. Un modèle toujours plus dominant en France, où les exploitations sont de moins en moins nombreuses (-40 % depuis 2000) et de plus en plus grandes (leur surface moyenne a été multipliée par quatre depuis les années 1960).Conséquence : la surface agricole couverte par des fermes à forte utilisation de pesticides et d’engrais n’a cessé d’augmenter. Si bien que seuls 17 % des sols en Europe ne sont pas contaminés par des pesticides. Depuis 2009, plus de 300 000 ha de terres agricoles, souvent fertiles, ont disparu sous le bitume.

 

par , Directeur de recherche en écologie, Université de Montpellier

et  Postdoctorant en biologie de la conservation, ENS de Lyon

dans The conversation

Au-delà des constats inquiétants et des prophéties, dispose-t-on de preuves scientifiques tangibles et sans équivoque de la dangerosité de ce modèle de production agricole pour le vivant à l’échelle européenne ?

L’expérimentation semble à première vue un procédé idéal. Par exemple, faites manger des graines enrobées de pesticides à des moineaux, et ils seront en moins bonne forme. Soit. Le procédé a de grandes chances de fonctionner.

Mais, hors du laboratoire, lorsque les variables ne sont plus directement contrôlables par le chercheur, on entre dans un monde complexe où les processus sont causés par de multiples facteurs enchevêtrés. Dans ces conditions, comment construire la preuve de l’effet d’un facteur en particulier sur la santé ou l’environnement ?

[Plus de 85 000 lecteurs font confiance aux newsletters de The Conversation pour mieux comprendre les grands enjeux du mondeAbonnez-vous aujourd’hui]

Pour s’affranchir de cette difficulté, la méthode scientifique peut toujours s’appuyer sur des protocoles et des variables de contrôle. Ainsi, l’effet des substances que l’on suppose problématiques et de tous les autres facteurs ayant un effet potentiel ne sera pas manipulé expérimentalement, mais étudié statistiquement.

Car, s’il est déjà un peu brutal de faire manger des pesticides de force à des oiseaux, il est encore plus absurde d’imaginer pouvoir tout expérimenter. On pourra plutôt vérifier si l’emploi d’une quantité croissante de pesticides se manifeste dans le temps par une baisse de la quantité d’insectes. En d’autres termes, on abordera la question sous un angle épidémiologique.

Il y a pourtant un piège. On pourra toujours supposer que ce ne sont pas les pesticides qui sont en cause mais le stress, la pollution de l’air, la sécheresse ou toute variable qui influencerait de près ou de loin le système étudié.

Il fallait donc se donner les moyens d’y voir plus clair. C’est ce que nous avons réalisé avec une équipe de 50 chercheuses et chercheurs dans une étude à ciel ouvert publiée en mai 2023. Notre motivation était de vérifier si une pression dominait sur les autres, et si oui laquelle, pour expliquer le déclin des populations de nombreuses espèces d’oiseaux en Europe.

L’ampleur inédite de l’hécatombe dans les milieux agricoles

Il fallait tout d’abord mettre un chiffre sur ce déclin. Grâce au travail assidu de nombreux ornithologues bénévoles qui ont reproduit chaque année le même protocole de suivi dans 28 pays européens, un jeu de données exceptionnel a pu être constitué, couvrant la période allant de 1980 à 2016. C’était une étape essentielle : partir des oiseaux eux-mêmes dans leurs habitats, pas seulement d’une expérience sur quelques individus isolés en laboratoire.

L’étude a permis de suivre 170 espèces différentes, avec des populations en liberté et subissant de plein fouet les pollutions, le changement climatique, les pratiques de chasse, le dérangement ou encore le risque de prédation.

Loin de nous limiter aux milieux agricoles, nous nous sommes intéressés à tous les habitats : forêts, villes, montagnes, milieux ouverts ou non, cultivés ou non… En résumé, nous sommes allés ausculter l’état de santé des oiseaux européens, sans filtre.

Résultat ? Les oiseaux ont perdu un quart de leur abondance en Europe entre 1980 et 2016, soit 800 millions d’individus sur la période, 20 millions par an en moyenne. Une hécatombe, pourtant sans surprise : les oiseaux doivent composer avec les modifications profondes qu’ont connu les paysages et les modes de vie au cours du XXe siècle.

Toutes les espèces d’oiseaux ne sont pas affectées de la même manière.

  • Par exemple, les oiseaux vivants dans les milieux forestiers ont perdu 18 % de leurs effectifs ;
  • Ceux des milieux urbains, 25 %,
  • Ce qui est surprenant en revanche c’est l’intensité du déclin, spectaculaire, des oiseaux des plaines agricoles : leur effectif a chuté de 57 % !

Un record peu enviable : c’est l’une des baisses les plus spectaculaires jamais enregistrées à cette échelle pour des organismes vivants.

Il fallait aller plus loin pour comprendre à quoi attribuer ce déclin. Or, nous avions à disposition les données idéales pour tester si le climat, les changements d’habitats et le modèle agricole industriel pouvaient être tenus responsables.

Imaginons un instant : dans un lieu précis, par exemple au bord d’un champ de colza, un ou plusieurs ornithologues ont compté chaque année, avec la même méthode, le nombre d’oiseaux. Et, précisément, pour cette année et cet endroit, nous avons aussi à disposition des données comme l’expansion des surfaces en agriculture intensive, l’évolution des températures, de l’étalement des sols artificialisés, ou encore les variations du couvert forestier.

C’est ce procédé, répété sur des milliers de sites dans les 28 pays étudiés, au cours de plusieurs décennies, qui a permis de construire la base de données la plus complète, la plus précise, jamais collectée de suivi d’espèces sauvages en Europe.

Cela nous a permis de faire le lien statistique entre devenir des oiseaux et ces multiples pressions, et de construire un deuxième résultat fort : le déclin des espèces coïncide avec l’augmentation de l’intensification des pratiques agricoles. Dans les environnements dans lesquels l’agriculture industrielle est plus présente, et cela, quels que soient le climat et les autres Nous étions toutefois conscients d’un autre piège possible : que ce lien ne soit qu’une simple coïncidence attribuable au hasard. Or, ce n’est pas le cas. Nos analyses montrent que nous ne sommes plus dans le domaine de la corrélation, mais du lien sans équivoque.

Un dernier résultat nous a permis d’ajouter une brique supplémentaire à notre compréhension de la situation : les espèces qui se nourrissent préférentiellement d’insectes, éradiqués par les pesticides, sont encore plus impactées que les autres espèces.

 

Bien entendu, l’intensification des pratiques agricoles n’est pas le seul facteur des déclins observés. Le changement climatique, notamment l’élévation des températures, constitue une deuxième pression importante.

  • Les espèces septentrionales, adaptées aux milieux froids (comme la Mésange boréale, qui a décliné de 79 %), remontent vers le nord et voient leurs populations décliner fortement avec l’augmentation des températures.
  • À l’inverse, d’autres espèces adaptées aux milieux chauds (comme la Fauvette mélanocéphale, dont la population augmente) peuvent en profiter.

L’étalement des zones artificialisées se fait aussi aux dépens des oiseaux, incapables de vivre dans des milieux minéraux et pollués, et dont l’habitat se fragmente.

Même les espèces capables de nicher en milieu urbain sont en recul (comme le Martinet noir, dont les populations ont chuté de 17 %), notamment face au manque de sites disponibles sur les constructions modernes et à la faible abondance d’insectes dans ces milieux.

Enfin, le retour du couvert forestier en Europe, encore récent, et souvent le fait de plantations, ne suffit pas à enrayer le déclin des espèces dépendantes de forêts naturelles.

Des résultats qui devrait nous inciter à réduire drastiquement notre recours aux pesticides. Mais pour les défenseurs de l’agrochimie, le niveau de preuve apporté par la science n’est jamais assez grand.

Une situation qui rappelle celles de l’amiante, du tabac, ou même l’action des producteurs d’énergie fossile pour retarder la prise de conscience climatique.

Toutes ces industries ont mis à profit la difficulté inhérente à la construction d’une preuve scientifique afin de gagner du temps, perpétuer le doute, maintenir leur réputation ainsi que leurs profits. L’entretien du doute est ainsi devenu stratégique.

Au point que les industriels se sont désormais imposés comme référence scientifique auprès des agences de contrôle, notamment en Europe.

Il est devenu irresponsable de minimiser l’effet du modèle agricole industriel et de ses pesticides et de se cacher derrière de prétendus biais, manque de recul ou supposée absence d’alternatives, qui existent pourtant.

L’utilisation généralisée de pesticides a un coût social et économique considérable, qui ne se répercute d’ailleurs pas sur les prix dès lors que leur emploi demeure encouragé et subventionné. Sur le plan de la santé humaine, leurs effets sont de mieux en mieux documentés.

Tout devrait pousser à changer ce modèle de production. Comment peut-on se satisfaire de qualifier de « conventionnelle » une agriculture incompatible avec le maintien de la santé des humains et des non-humains ?

Les changements nécessaires ne peuvent reposer seulement sur la bonne volonté d’agricultrices et d’agriculteurs empêtrés dans un modèle industriel conçu par et pour l’agro-industrie et inscrit dans un modèle d’exportation régulé par la spéculation ou la recherche du prix le plus faible.

Ce sont des changements transformateurs dans notre manière d’habiter le monde, de produire et de consommer qui sont nécessaires. Les outils politiques devraient être des leviers capables d’amorcer cette transformation, plutôt que de maintenir « quoi qu’il en coûte » un modèle en bout de course.

Il est urgent que les décideurs, aux échelles européenne, nationale et locale, regardent enfin en face les ravages d’une certaine agriculture chimique dépassée qui détruit la vie, piège les paysans et les paysannes et se moque des consommateurs.

Espèces d’oiseaux : une baisse de 57 % en milieu agricole

 

Les alarmes de la communauté scientifique sur les effets de l’emploi des pesticides sur la santé humaine et la disparition de nombreuses espèces dans les milieux agricoles s’accumulent depuis un demi-siècle. Le travail pionnier de Rachel Carson annonçait dès 1962, des « printemps silencieux » provoqués par le déclin des oiseaux, victimes collatérales des pesticides via l’empoisonnement des milieux et la disparition des insectes. En cause, un modèle agricole reposant sur une industrialisation toujours plus poussée pour rester compétitif sur le plan international ayant massivement recours aux pesticides. Un modèle toujours plus dominant en France, où les exploitations sont de moins en moins nombreuses (-40 % depuis 2000) et de plus en plus grandes (leur surface moyenne a été multipliée par quatre depuis les années 1960).Conséquence : la surface agricole couverte par des fermes à forte utilisation de pesticides et d’engrais n’a cessé d’augmenter. Si bien que seuls 17 % des sols en Europe ne sont pas contaminés par des pesticides. Depuis 2009, plus de 300 000 ha de terres agricoles, souvent fertiles, ont disparu sous le bitume.

 

par , Directeur de recherche en écologie, Université de Montpellier

et  Postdoctorant en biologie de la conservation, ENS de Lyon

dans The conversation

Au-delà des constats inquiétants et des prophéties, dispose-t-on de preuves scientifiques tangibles et sans équivoque de la dangerosité de ce modèle de production agricole pour le vivant à l’échelle européenne ?

L’expérimentation semble à première vue un procédé idéal. Par exemple, faites manger des graines enrobées de pesticides à des moineaux, et ils seront en moins bonne forme. Soit. Le procédé a de grandes chances de fonctionner.

Mais, hors du laboratoire, lorsque les variables ne sont plus directement contrôlables par le chercheur, on entre dans un monde complexe où les processus sont causés par de multiples facteurs enchevêtrés. Dans ces conditions, comment construire la preuve de l’effet d’un facteur en particulier sur la santé ou l’environnement ?

[Plus de 85 000 lecteurs font confiance aux newsletters de The Conversation pour mieux comprendre les grands enjeux du mondeAbonnez-vous aujourd’hui]

Pour s’affranchir de cette difficulté, la méthode scientifique peut toujours s’appuyer sur des protocoles et des variables de contrôle. Ainsi, l’effet des substances que l’on suppose problématiques et de tous les autres facteurs ayant un effet potentiel ne sera pas manipulé expérimentalement, mais étudié statistiquement.

Car, s’il est déjà un peu brutal de faire manger des pesticides de force à des oiseaux, il est encore plus absurde d’imaginer pouvoir tout expérimenter. On pourra plutôt vérifier si l’emploi d’une quantité croissante de pesticides se manifeste dans le temps par une baisse de la quantité d’insectes. En d’autres termes, on abordera la question sous un angle épidémiologique.

Il y a pourtant un piège. On pourra toujours supposer que ce ne sont pas les pesticides qui sont en cause mais le stress, la pollution de l’air, la sécheresse ou toute variable qui influencerait de près ou de loin le système étudié.

Il fallait donc se donner les moyens d’y voir plus clair. C’est ce que nous avons réalisé avec une équipe de 50 chercheuses et chercheurs dans une étude à ciel ouvert publiée en mai 2023. Notre motivation était de vérifier si une pression dominait sur les autres, et si oui laquelle, pour expliquer le déclin des populations de nombreuses espèces d’oiseaux en Europe.

L’ampleur inédite de l’hécatombe dans les milieux agricoles

Il fallait tout d’abord mettre un chiffre sur ce déclin. Grâce au travail assidu de nombreux ornithologues bénévoles qui ont reproduit chaque année le même protocole de suivi dans 28 pays européens, un jeu de données exceptionnel a pu être constitué, couvrant la période allant de 1980 à 2016. C’était une étape essentielle : partir des oiseaux eux-mêmes dans leurs habitats, pas seulement d’une expérience sur quelques individus isolés en laboratoire.

L’étude a permis de suivre 170 espèces différentes, avec des populations en liberté et subissant de plein fouet les pollutions, le changement climatique, les pratiques de chasse, le dérangement ou encore le risque de prédation.

Loin de nous limiter aux milieux agricoles, nous nous sommes intéressés à tous les habitats : forêts, villes, montagnes, milieux ouverts ou non, cultivés ou non… En résumé, nous sommes allés ausculter l’état de santé des oiseaux européens, sans filtre.

Résultat ? Les oiseaux ont perdu un quart de leur abondance en Europe entre 1980 et 2016, soit 800 millions d’individus sur la période, 20 millions par an en moyenne. Une hécatombe, pourtant sans surprise : les oiseaux doivent composer avec les modifications profondes qu’ont connu les paysages et les modes de vie au cours du XXe siècle.

Toutes les espèces d’oiseaux ne sont pas affectées de la même manière.

  • Par exemple, les oiseaux vivants dans les milieux forestiers ont perdu 18 % de leurs effectifs ;
  • Ceux des milieux urbains, 25 %,
  • Ce qui est surprenant en revanche c’est l’intensité du déclin, spectaculaire, des oiseaux des plaines agricoles : leur effectif a chuté de 57 % !

Un record peu enviable : c’est l’une des baisses les plus spectaculaires jamais enregistrées à cette échelle pour des organismes vivants.

Il fallait aller plus loin pour comprendre à quoi attribuer ce déclin. Or, nous avions à disposition les données idéales pour tester si le climat, les changements d’habitats et le modèle agricole industriel pouvaient être tenus responsables.

Imaginons un instant : dans un lieu précis, par exemple au bord d’un champ de colza, un ou plusieurs ornithologues ont compté chaque année, avec la même méthode, le nombre d’oiseaux. Et, précisément, pour cette année et cet endroit, nous avons aussi à disposition des données comme l’expansion des surfaces en agriculture intensive, l’évolution des températures, de l’étalement des sols artificialisés, ou encore les variations du couvert forestier.

C’est ce procédé, répété sur des milliers de sites dans les 28 pays étudiés, au cours de plusieurs décennies, qui a permis de construire la base de données la plus complète, la plus précise, jamais collectée de suivi d’espèces sauvages en Europe.

Cela nous a permis de faire le lien statistique entre devenir des oiseaux et ces multiples pressions, et de construire un deuxième résultat fort : le déclin des espèces coïncide avec l’augmentation de l’intensification des pratiques agricoles. Dans les environnements dans lesquels l’agriculture industrielle est plus présente, et cela, quels que soient le climat et les autres Nous étions toutefois conscients d’un autre piège possible : que ce lien ne soit qu’une simple coïncidence attribuable au hasard. Or, ce n’est pas le cas. Nos analyses montrent que nous ne sommes plus dans le domaine de la corrélation, mais du lien sans équivoque.

Un dernier résultat nous a permis d’ajouter une brique supplémentaire à notre compréhension de la situation : les espèces qui se nourrissent préférentiellement d’insectes, éradiqués par les pesticides, sont encore plus impactées que les autres espèces.

 

Bien entendu, l’intensification des pratiques agricoles n’est pas le seul facteur des déclins observés. Le changement climatique, notamment l’élévation des températures, constitue une deuxième pression importante.

  • Les espèces septentrionales, adaptées aux milieux froids (comme la Mésange boréale, qui a décliné de 79 %), remontent vers le nord et voient leurs populations décliner fortement avec l’augmentation des températures.
  • À l’inverse, d’autres espèces adaptées aux milieux chauds (comme la Fauvette mélanocéphale, dont la population augmente) peuvent en profiter.

L’étalement des zones artificialisées se fait aussi aux dépens des oiseaux, incapables de vivre dans des milieux minéraux et pollués, et dont l’habitat se fragmente.

Même les espèces capables de nicher en milieu urbain sont en recul (comme le Martinet noir, dont les populations ont chuté de 17 %), notamment face au manque de sites disponibles sur les constructions modernes et à la faible abondance d’insectes dans ces milieux.

Enfin, le retour du couvert forestier en Europe, encore récent, et souvent le fait de plantations, ne suffit pas à enrayer le déclin des espèces dépendantes de forêts naturelles.

Des résultats qui devrait nous inciter à réduire drastiquement notre recours aux pesticides. Mais pour les défenseurs de l’agrochimie, le niveau de preuve apporté par la science n’est jamais assez grand.

Une situation qui rappelle celles de l’amiante, du tabac, ou même l’action des producteurs d’énergie fossile pour retarder la prise de conscience climatique.

Toutes ces industries ont mis à profit la difficulté inhérente à la construction d’une preuve scientifique afin de gagner du temps, perpétuer le doute, maintenir leur réputation ainsi que leurs profits. L’entretien du doute est ainsi devenu stratégique.

Au point que les industriels se sont désormais imposés comme référence scientifique auprès des agences de contrôle, notamment en Europe.

Il est devenu irresponsable de minimiser l’effet du modèle agricole industriel et de ses pesticides et de se cacher derrière de prétendus biais, manque de recul ou supposée absence d’alternatives, qui existent pourtant.

L’utilisation généralisée de pesticides a un coût social et économique considérable, qui ne se répercute d’ailleurs pas sur les prix dès lors que leur emploi demeure encouragé et subventionné. Sur le plan de la santé humaine, leurs effets sont de mieux en mieux documentés.

Tout devrait pousser à changer ce modèle de production. Comment peut-on se satisfaire de qualifier de « conventionnelle » une agriculture incompatible avec le maintien de la santé des humains et des non-humains ?

Les changements nécessaires ne peuvent reposer seulement sur la bonne volonté d’agricultrices et d’agriculteurs empêtrés dans un modèle industriel conçu par et pour l’agro-industrie et inscrit dans un modèle d’exportation régulé par la spéculation ou la recherche du prix le plus faible.

Ce sont des changements transformateurs dans notre manière d’habiter le monde, de produire et de consommer qui sont nécessaires. Les outils politiques devraient être des leviers capables d’amorcer cette transformation, plutôt que de maintenir « quoi qu’il en coûte » un modèle en bout de course.

Il est urgent que les décideurs, aux échelles européenne, nationale et locale, regardent enfin en face les ravages d’une certaine agriculture chimique dépassée qui détruit la vie, piège les paysans et les paysannes et se moque des consommateurs.

Homo Sapiens et les autres espèces humaines

Homo Sapiens et les autres espèces humaines

Parler du « propre de l’homme », voilà un sujet épineux lorsqu’il s’agit d’évoquer la grande histoire de l’humanité ! Une bonne approche pour se simplifier la tâche est de s’entendre sur le vocabulaire, en tout cas d’expliciter de quoi nous parlons. C’est primordial de donner un sens aux mots, car la terminologie utilisée par divers scientifiques pour classifier nos ancêtres et proches cousins n’est pas toujours la même.

Par Antoine Balzeau
Paléoanthropologue, Muséum national d’histoire naturelle (MNHN) dans « the conversation »

Pour trouver le propre de l’humain (pour ne pas s’engager dans la problématique de la polysémie du mot homme ici) il faut à la fois rassembler des êtres actuels ou du passé dans un ensemble cohérent et reconnaître des particularités à ce groupe. Il s’agit donc de parler des différentes possibilités pour appeler un humain, humain, et de justifier pourquoi ! Remontons le temps et explorons la diversité des primates actuels à la recherche d’une définition qui fonctionnerait pour avancer sur la résolution de notre fameuse question.

Première évidence, nous faisons partie du groupe des primates, nous humains d’aujourd’hui, au côté des chimpanzés ou gorilles, mais aussi des tarsiers, singes hurleurs ou ouistitis. Notre plus nette caractéristique commune est d’avoir un pouce opposable aux autres doigts, le premier peut venir pincer la dernière phalange des 4 autres. C’est unique, nous ne verrez jamais une vache ou votre chat faire de même.

Pour une information toujours plus fiable face au brouhaha médiatique.
Pour la majorité des paléoanthropologues, le terme homininé réfère aux humains préhistoriques et actuels et aux chimpanzés, hominidé inclue en plus les autres grands singes actuels (gorilles et orangs-outans) et ancêtres communs à ce petit monde depuis une vingtaine de millions d’années. Les hominines comprennent le genre Homo, les Australopithèques, Paranthropes, Ardipithèques et autres Orrorin ou Sahelanthropus (des plus récents aux plus anciens, qui sont ainsi les tout premiers il y a 6 à 7 millions d’années).

Ces derniers partagent la bipédie et surtout tous les caractères anatomiques qui en découlent, crâne au-dessus de la colonne vertébrale, adaptation de cette dernière, etc. Pour une partie des chercheurs, le mot « humain » renvoie élégamment à ce dernier assemblage. L’adaptation à la bipédie serait un indicateur utile et plutôt clair de ce qui nous réunirait.

Cette approche fonctionne, c’est un intérêt non négligeable. Car d’autres niveaux de classification posent plus de problèmes. Le genre Homo est un peu le sparadrap dérangeant du paléoanthropologue. Au départ, il avait été défini pour justifier l’apparition du premier artisan, à qui on offrait aussi capacités de langage et raisonnement, Homo habilis.

Cette proposition au cœur des années 60, résiste mal à la multitude de découvertes effectuées depuis. D’un point de vue anatomique, les différences entre habilis et les espèces qui ont vécu avant lui ne sont pas flagrantes, alors que les espèces humaines qui lui succèdent sont par contre proportionnées comme les humains d’aujourd’hui. Homo habilis ressemble plus à un Australopithèque qu’à Homo erectus en somme.

Pour les capacités cognitives, rien de plus évident puisque nous savons maintenant que les plus anciens outils en pierre sont contemporains des Australopithèques. Ainsi, utiliser le mot humain pour parler de Homo nous met face à un problème. Ce genre est aujourd’hui mal défini anatomiquement, et pas vraiment justifié par des comportements particuliers.

Il serait impossible d’omettre dans cet inventaire Homo sapiens. Voici deux mots qui désignent des êtres vivants dont nous imaginons tout savoir, ou presque. Pas tout à fait en effet, car lorsqu’il s’agit de définir notre espèce, de décrire ce qui nous caractériserait, l’expérience est nettement plus ardue que prévu.

Homo sapiens est un animal, un mammifère, un primate, parmi d’autres ; un représentant du genre Homo aussi, tout en étant le dernier toujours existant, et, enfin, évidemment, le seul de l’espèce sapiens. Car, l’appellation Homo sapiens sapiens qui fut un temps utilisée ne doit plus l’être depuis que les Néandertaliens ont été classés comme une espèce différente, Homo neanderthalensis et non pas Homo sapiens neanderthalensis. ; le terme « Homme moderne » est aussi souvent employé bien qu’il n’ait pas de valeur scientifique. Très bien, mais qu’est ce qui nous définirait alors ?

Certains croient que nous sommes plus « intelligents », mais cela mérite largement discussion. Les outils ne sont pas notre apanage, aussi bien au cours de l’évolution, mais aussi puisque les grands singes actuels savent aussi utiliser ou fabriquer certains objets selon leurs besoins et ils connaissent les vertus médicinales des plantes qui les entourent.

Sommes-nous la seule espèce à avoir su parler ?
Homo sapiens, garant de la pensée et du savoir, n’a en fait probablement pas été le premier à mériter cette appellation. Depuis des centaines de milliers d’années, d’autres groupes fossiles parmi Homo erectus et neanderthalensis en particulier ont sélectionné des pierres pour leurs outils, parfois uniquement à des fins esthétiques. Ils conservaient aussi à l’occasion des curiosités de la nature, comme des fossiles ou de belles pierres, pour des raisons non utilitaires.

Si le langage articulé est un trait distinctif évident de l’humanité actuelle, son origine est difficile à dater, car ni le son ni les organes pour l’émettre ou le percevoir, comme la langue ou le cerveau, ne se fossilisent. Les indices à disposition, indirects, sont complexes à interpréter. Les ossements mis au jour, crâne, mandibule et os hyoïde (os situé au niveau de la gorge), sont utilisés pour reconstituer la forme et la position des de la gorge ou des organes internes de l’oreille.

Les humains préhistoriques depuis 2 millions d’années devaient avoir des capacités similaires aux nôtres d’après les reconstitutions 3D de ces parties anatomiques, au contraire des grands singes. Dans tous les cas, les données archéologiques suggèrent que nos prédécesseurs disposaient depuis longtemps d’un mode de communication complexe. Des activités telles que le façonnage d’outils élaborés, l’usage du feu et surtout les comportements symboliques impliquent des savoirs et des valeurs échangés et transmis.

Notre espèce n’a pas été non plus la seule à avoir établi des usages vis-à-vis des morts, puisque les Néandertaliens enterraient leurs défunts, signe de valeurs partagées, d’une marque de respect envers l’autre, peut-être de croyances dans l’au-delà. Ces exemples suffisent à montrer qu’Homo sapiens n’a pas été le seul à développer une conscience réfléchie. Ainsi, notre espèce ne se distingue que par quelques caractéristiques anatomiques (la plus marquante, et pourtant totalement inutile semble-t-il, est la présence d’un menton osseux sur la mandibule) et partage de nombreuses similarités physiques et comportementales avec d’autres êtres vivants et les autres espèces humaines préhistoriques. Bien qu’étant les derniers sur Terre, nous n’avons pas été uniques. Certains chercheurs emploient le mot humain pour référer uniquement à notre espèce, voire à ses représentants actuels. Cela ne nous facilite pas la tâche pour répondre à la question de départ et n’est pas justifié d’un point de vue scientifique.

En tant que paléoanthropologue, je suis convaincu que nous, humains d’aujourd’hui, ne sommes pas plus intelligents qu’un représentant de notre espèce qui vivait il y a 40 000 ans ou d’un de ses contemporains néandertaliens. Le niveau de capacité serait à mon avis du même ordre au regard des productions archéologiques et par comparaison avec ce que nous savons réellement faire individuellement. Notre impression de tant avoir de capacités est surtout lié à notre héritage. Écriture, imprimerie, Internet… sont autant d’étapes qui nous ont permis de constituer une base de connaissances toujours plus grande. Chacun d’entre nous n’est pas devenu plus malin, nous profitons du savoir de nos prédécesseurs et de nos contemporains. Cela nous amène d’ailleurs à identifier une particularité, celle d’être les premiers à étudier, à documenter, à chercher à comprendre tout ce qui nous entoure. Mais aussi à le détruire massivement, malheureusement.

Biodiversité: la menace des Les espèces exotiques envahissantes

Biodiversité: la menace des Les espèces exotiques envahissantes

Elles accaparent les ressources, dévorent les espèces locales et représentent parfois même une menace directe pour l’homme… La rapide prolifération des espèces exotiques envahissantes inquiètent les experts de la biodiversité, qui l’ont érigée parmi les sujets prioritaires

Cette menace figure parmi les cinq causes majeures de l’érosion de la biodiversité, avec l’exploitation humaine des terres et des mers, la surexploitation des ressources biologiques, le changement climatique et la pollution.

Si les territoires insulaires, qui concentrent 20 % de la biodiversité mondiale, sont particulièrement menacés, les espèces exotiques envahissantes représentent un problème bien plus large. En Europe, leur nombre a augmenté d’au moins 76 % au cours des 35 dernières années.

Les espèces exotiques envahissantes rassemblent les espèces et sous-espèces introduites par l’homme hors de leur espace naturel et qui menacent l’écosystème.

Certaines d’entre elles accaparent une part trop importante des ressources naturelles au détriment des espèces locales, et se reproduisent ou se multiplient trop rapidement pour le milieu en question. Parfois, elles consomment directement les espèces environnantes et menacent leur existence.

« C’est une catégorie d’espèces très large qui pose une multitude de problèmes » explique Marilou Mottet, membre de l’Observatoire des espèces à enjeux sur la santé à Fredon France. « Elle inclut la renouée asiatique, une plante aux grosses racines qui grandit très vite et pose des problèmes de visibilité aux abords des routes, ou bien encore le ragondin, importé d’Amérique du Sud, qui transporte des maladies dangereuses pour l’homme, prend la place de certaines espèces et cause des dégâts sur les infrastructures ».

Selon les experts, la propagation de ces espèces est due à la progression des échanges commerciaux à travers le monde, ainsi qu’au réchauffement climatique qui, en accentuant les épisodes météorologiques extrêmes, favorise les migrations d’espèces.

Ces espèces peuvent être introduites de manière volontaire, pour l’agriculture, l’élevage ou encore la chasse, ou bien involontaire, par exemple lors des chantiers de construction qui peuvent déstabiliser le milieu naturel et favoriser leur implantation. Parfois elles sont transportées par inadvertance dans des colis, comme le frelon asiatique, arrivé en France dans une poterie chinoise au début des années 2000, avant de provoquer une invasion dans la moitié Ouest du pays.

Depuis plusieurs années, les pouvoirs publics s’inquiètent de la rapide progression de ces espèces à travers le monde. Car ce problème environnemental représente également un coût économique important, notamment dans le domaine de l’agriculture, et parfois une menace directe pour l’homme, provoquant des allergies, des brûlures ou des vapeurs toxiques.

Le sujet est pris très au sérieux en France. Le pays figure parmi les plus touchés d’Europe, selon le ministère de la transition écologique, « du fait de sa diversité de climats et de milieux, et de sa position de carrefour entre l’est et le sud de l’Europe ».

En mars 2022, la France a lancé un plan national d’action pour prévenir l’introduction et la propagation des espèces exotiques envahissantes sur le territoire. Celui-ci s’appuie sur une stratégie globale, mise en place en 2017, pour lutter contre cette menace.

« Ces dernières années, il y a eu une réelle prise de conscience sur cette question », salue Madeleine Freudenreich, chargée de mission au Centre de ressources des espèces exotiques envahissantes. « Depuis 2016, la liste européenne des espèces exotiques envahissantes réglementées est passée de 37 à 88. La prévention est un facteur clé car, une fois implantées, la lutte contre ces espèces est compliquée et peut coûter très cher. Dans le cas du frelon asiatique, nous connaissons aujourd’hui son processus de colonisation et son cycle de vie mais nous n’avons toujours pas trouvé de méthode pour le combattre efficacement, sans affecter d’autres espèces ».

Si les experts s’accordent sur l’importance de la prévention, il n’est pas toujours facile de détecter les espèces à risque. « Seule une petite minorité des espèces exotiques importées deviennent envahissantes, il s’agit d’une sur 1 000 environ », rappelle Marilou Mottet. ‘Pour les détecter en amont, il est important de les observer d’abord dans leur habitat naturel pour voir comment elles se comportent. Mais certaines ne prolifèrent qu’une fois sorties de leur milieu car elles ne sont plus exposées aux prédateurs qui régulaient leur population. Malgré les progrès de la recherche, la surveillance des espèces potentiellement envahissantes demeure une tâche très complexe ».

Environnement- Biodiversité : l’extinction des espèces

Environnement- Biodiversité : l’extinction des espèces

Les scientifiques se demandent si la Terre n’est pas déjà le théâtre d’une sixième extinction de masse. Si tel est le cas, il pourrait s’agir de la plus rapide jamais enregistrée, avec un taux de 1 000 à 10 000 fois supérieur au taux d’extinction de base d’une à cinq espèces par an. L’Homme est largement responsable de cette tendance lourde. Les scientifiques pensent que la pollution, le défrichement et la surpêche pourraient conduire à l’extinction de la moitié des espèces terrestres et marines de la planète d’ici 2100.

Les scientifiques ne savent pas combien d’espèces de plantes, d’animaux, de champignons et de bactéries existent sur Terre. L’estimation la plus récente évalue ce nombre à 2 milliards, et il est fort probable que cela évolue.

Une chose est sûre : le rhinocéros noir occidental, le tigre de Tasmanie et le mammouth laineux figurent parmi les créatures dont les populations ont été réduites à zéro à un moment donné, et il est possible que l’extinction des espèces soit mille fois plus rapide à cause de l’Homme.

L’extinction d’une espèce se produit lorsque des facteurs environnementaux ou des problèmes d’évolution entraînent la mort de ses membres. La disparition d’espèces de la Terre est en cours et les taux ont varié au fil du temps. Un quart des mammifères est menacé d’extinction, selon les estimations de la Liste rouge de l’UICN.

Dans une certaine mesure, l’extinction est naturelle. La modification des habitats et les troubles de la reproduction font partie des facteurs qui peuvent faire en sorte que le taux de mortalité d’une espèce soit supérieur à son taux de natalité pendant une période suffisamment longue pour qu’il n’en reste plus aucune.

L’Homme est également à l’origine de l’extinction d’autres espèces par la chasse, la surexploitation, l’introduction d’espèces envahissantes dans la nature, la pollution et la transformation des zones humides et des forêts en terres cultivées et en zones urbaines. Même la croissance rapide de la population humaine est un cause d’extinctions en détruisant les habitats naturels.

Le dodo, un oiseau qui vivait principalement dans la nation insulaire de l’île Maurice et qui a été popularisé par son apparition dans le livre de Lewis Carroll Les Aventures d’Alice au pays des merveilles fait partie des espèces les plus célèbres qui ont été amenées à l’extinction par l’Homme. Les dodos ont été mentionnés pour la première fois par les marins néerlandais à la fin du 16e siècle et vus pour la dernière fois en 1662 après avoir été chassés jusqu’à l’extinction. Les pigeons voyageurs, dont des milliards recouvraient fréquemment le ciel nord-américain lorsque les Européens sont arrivés sur le continent, se sont éteints lorsque le dernier est mort au zoo de Cincinnati en 1914.

Les fossiles montrent qu’il y a eu cinq périodes de l’histoire où un nombre inhabituellement élevé d’extinctions s’est produit dans ce que l’on appelle des extinctions de masse. La plupart des espèces de la Terre se sont éteintes il y a environ 266 à 252 millions d’années lors de l’extinction du Permien.

Ces pertes, cependant, ont également ouvert la voie à l’évolution des dinosaures, car les extinctions massives créent une chance pour de nouvelles espèces d’émerger. Les dinosaures ont pris fin il y a environ 65 millions d’années lors d’une autre extinction massive à la fin du Crétacé. Un grand cratère au large de la péninsule du Yucatán, au Mexique, suggère qu’un astéroïde a très probablement frappé à cet endroit. Les scientifiques pensent que des éruptions volcaniques en Inde ont provoqué un réchauffement climatique qui pourrait également avoir contribué à l’extinction de masse.

L’augmentation lente des températures de surface causée par l’augmentation des niveaux de gaz à effet de serre va probablement pousser de nombreuses espèces à se déplacer vers les pôles de la Terre et en altitude dans les montagnes pour rester dans des habitats ayant le même climat. Mais toutes les espèces ne seront pas capables de s’adapter assez rapidement pour éviter l’extinction et beaucoup devraient périr.

QUE FAIRE ? Utiliser moins de combustibles fossiles en baissant le thermostat, en conduisant moins fréquemment et en recyclant est un bon moyen de ralentir le rythme des extinctions. Manger moins de viande et éviter les produits, comme l’ivoire, fabriqués à partir d’espèces menacées peut également faire la différence. À la maison, ranger les ordures dans des poubelles verrouillées, réduire la consommation d’eau et s’abstenir d’utiliser des herbicides et des pesticides peut protéger la faune locale.

Cet article a initialement paru sur le site nationalgeographic.com en langue anglaise.

Biodiversité : l’extinction des espèces

Biodiversité : l’extinction des espèces

Les scientifiques se demandent si la Terre n’est pas déjà le théâtre d’une sixième extinction de masse. Si tel est le cas, il pourrait s’agir de la plus rapide jamais enregistrée, avec un taux de 1 000 à 10 000 fois supérieur au taux d’extinction de base d’une à cinq espèces par an. L’Homme est largement responsable de cette tendance lourde. Les scientifiques pensent que la pollution, le défrichement et la surpêche pourraient conduire à l’extinction de la moitié des espèces terrestres et marines de la planète d’ici 2100.

Les scientifiques ne savent pas combien d’espèces de plantes, d’animaux, de champignons et de bactéries existent sur Terre. L’estimation la plus récente évalue ce nombre à 2 milliards, et il est fort probable que cela évolue.

Une chose est sûre : le rhinocéros noir occidental, le tigre de Tasmanie et le mammouth laineux figurent parmi les créatures dont les populations ont été réduites à zéro à un moment donné, et il est possible que l’extinction des espèces soit mille fois plus rapide à cause de l’Homme.

L’extinction d’une espèce se produit lorsque des facteurs environnementaux ou des problèmes d’évolution entraînent la mort de ses membres. La disparition d’espèces de la Terre est en cours et les taux ont varié au fil du temps. Un quart des mammifères est menacé d’extinction, selon les estimations de la Liste rouge de l’UICN.

Dans une certaine mesure, l’extinction est naturelle. La modification des habitats et les troubles de la reproduction font partie des facteurs qui peuvent faire en sorte que le taux de mortalité d’une espèce soit supérieur à son taux de natalité pendant une période suffisamment longue pour qu’il n’en reste plus aucune.

L’Homme est également à l’origine de l’extinction d’autres espèces par la chasse, la surexploitation, l’introduction d’espèces envahissantes dans la nature, la pollution et la transformation des zones humides et des forêts en terres cultivées et en zones urbaines. Même la croissance rapide de la population humaine est un cause d’extinctions en détruisant les habitats naturels.

Le dodo, un oiseau qui vivait principalement dans la nation insulaire de l’île Maurice et qui a été popularisé par son apparition dans le livre de Lewis Carroll Les Aventures d’Alice au pays des merveilles fait partie des espèces les plus célèbres qui ont été amenées à l’extinction par l’Homme. Les dodos ont été mentionnés pour la première fois par les marins néerlandais à la fin du 16e siècle et vus pour la dernière fois en 1662 après avoir été chassés jusqu’à l’extinction. Les pigeons voyageurs, dont des milliards recouvraient fréquemment le ciel nord-américain lorsque les Européens sont arrivés sur le continent, se sont éteints lorsque le dernier est mort au zoo de Cincinnati en 1914.

Les fossiles montrent qu’il y a eu cinq périodes de l’histoire où un nombre inhabituellement élevé d’extinctions s’est produit dans ce que l’on appelle des extinctions de masse. La plupart des espèces de la Terre se sont éteintes il y a environ 266 à 252 millions d’années lors de l’extinction du Permien.

Ces pertes, cependant, ont également ouvert la voie à l’évolution des dinosaures, car les extinctions massives créent une chance pour de nouvelles espèces d’émerger. Les dinosaures ont pris fin il y a environ 65 millions d’années lors d’une autre extinction massive à la fin du Crétacé. Un grand cratère au large de la péninsule du Yucatán, au Mexique, suggère qu’un astéroïde a très probablement frappé à cet endroit. Les scientifiques pensent que des éruptions volcaniques en Inde ont provoqué un réchauffement climatique qui pourrait également avoir contribué à l’extinction de masse.

L’augmentation lente des températures de surface causée par l’augmentation des niveaux de gaz à effet de serre va probablement pousser de nombreuses espèces à se déplacer vers les pôles de la Terre et en altitude dans les montagnes pour rester dans des habitats ayant le même climat. Mais toutes les espèces ne seront pas capables de s’adapter assez rapidement pour éviter l’extinction et beaucoup devraient périr.

QUE FAIRE ? Utiliser moins de combustibles fossiles en baissant le thermostat, en conduisant moins fréquemment et en recyclant est un bon moyen de ralentir le rythme des extinctions. Manger moins de viande et éviter les produits, comme l’ivoire, fabriqués à partir d’espèces menacées peut également faire la différence. À la maison, ranger les ordures dans des poubelles verrouillées, réduire la consommation d’eau et s’abstenir d’utiliser des herbicides et des pesticides peut protéger la faune locale.

Cet article a initialement paru sur le site nationalgeographic.com en langue anglaise.

Dérèglement climatique et tectonique des espèces

  • Dérèglement climatique et tectonique des espèces

 

  • Selon une étude parue ce jeudi dans la revue américaine Nature, avec la modification du climat, nombre d’animaux vont fuir leurs écosystèmes et vivre plus proches les unes des autres. Ils risqueront de se transmettre plus facilement leurs maladies, y compris d’animal à humain.
  • franceinfo )
  • Avec le dérèglement climatique, on assiste à « une tectonique des espèces » qui vont « partager leurs agents pathogènes avec l’espèce humaine », a expliqué jeudi 28 avril sur franceinfo Jean-François Guégan, directeur de recherche à l’Institut de recherche pour le développement (IRD) et à l’Institut national de recherche pour l’agronomie, l’alimentation et l’environnement (INRAE), spécialiste des relations entre environnement et santé, alors qu’une étude parue ce jeudi dans la revue américaine Nature assure que, dans les décennies à venir, le monde sera non seulement plus chaud, mais aussi plus malade. Le dérèglement climatique va pousser nombre d’animaux à fuir leurs écosystèmes pour des contrées plus vivables : en se mélangeant davantage, les espèces se transmettront aussi davantage leurs virus ce qui favorisera l’émergence de nouvelles maladies potentiellement transmissibles à l’homme.
    • franceinfo : Selon l’étude publiée dans Nature, avec le dérèglement climatique, les risques de maladies devraient augmenter…
    • Jean-François Guégan : C’est ce que met en évidence cet important travail basé sur une analyse de données exceptionnelles sur des espèces de mammifères placentaires et de leurs agents pathogènes. Dans un cadre de changement climatique mais aussi de modification des habitats au travers du développement de l’agriculture et de l’élevage, on voit des espèces, qui autrefois étaient séparées par des barrières physiques, se rassembler, coexister. C’est ce que j’appelle une tectonique des espèces. Puisque ces espèces, avec toutes ces modifications du changement global, peuvent coexister, vivre ensemble dans certains environnements, elles vont aussi partager leurs agents pathogènes et en particulier elles vont pouvoir les partager avec notre espèce, c’est-à-dire l’espèce humaine.
    • Cette évolution du climat va pousser des espèces à changer d’habitat, à se frotter à des environnements différents, avec à chaque fois la possibilité de contracter de nouveaux virus…
    • C’est ce que met en évidence cette analyse qui le chiffre. Mais nous le vivons actuellement tous les jours. Et ce phénomène a commencé depuis environ 40 ou 50 ans. On va avoir des modifications des habitats des espèces, beaucoup plus de rencontres entre certaines espèces qui, autrefois, n’avaient qu’un lieu pour coexister. Mais l’ensemble de ces phénomènes de changements globaux leur permet aujourd’hui de se rencontrer et aussi d’échanger des microbes qu’ils transportent.
    • L’étude prédit au moins 15 000 transmissions virales entre espèces qui pourraient intervenir dans un proche avenir. Est-ce que c’est beaucoup ?
    • Bien entendu, c’est un nombre incroyable. Mais il y a beaucoup plus d’échecs de transmissions. Et les échecs, on ne peut pas les mesurer par rapport à des succès qui peuvent donner la pandémie responsable de la Covid-19 actuellement.
    • Est-il possible d’estimer, de définir la transmission des virus à l’homme ?
    • Cela reste quelque chose de très difficile. Mais on est capable de le faire à partir de l’analyse de certains génomes de virus ou de bactéries, de voir leurs potentialités à un échange et à un transfert vers l’espèce humaine. Mais de plus en plus, on remarque que tous les coups sont permis. C’est-à-dire que l’on observe de plus en plus de passages de l’animal à l’humain, de l’humain à l’animal, mais aussi vers les plantes. Vous avez énormément d’agents microbiens des plantes qui sont capables de passer à l’animal et à l’humain et de produire les maladies actuelles et les futures maladies infectieuses de demain. Ces passages sont de plus en plus importants. Et ils sont aujourd’hui beaucoup plus possibles qu’hier, tout simplement par cette nouvelle coexistence, cette tectonique des espèces qui est en train de se produire. Elle va donner d’autres solutions aux agents microbiens pour pouvoir faire de multiples passages, notamment vers l’espèce humaine. Et donc plus de risques.

Biodiversité : 70 ans des espèces disparues depuis 50 ans

Biodiversité : 70 ans des espèces disparues depuis 50 ans

depuis 1970, 68% des vertébrés ont disparu, et depuis 30 ans, c’est 75% des insectes qui ont été effacés de la surface du globe. C’est dire la nécessité de la  COP15 sur la biodiversité, qui voit, à partir de lundi 23 août, les délégations des 193 pays membres de la Convention sur la diversité biologique (CBD) des Nations Unies entamer leurs négociations en ligne, lesquelles dureront jusqu’au 3 septembre. Le but : s’entendre sur un premier cadre mondial pour la protection de la faune et la flore, en définissant les 21 cibles à atteindre d’ici à 2030, et en révolutionnant le fléchage des subventions.

La a biodiversité doit être placée dès à présent « sur la voie du rétablissement d’ici à 2030 », alertent-ils : modification des habitats naturels, surexploitation des ressources ou invasion d’espèces exotiques… selon l’IPBES (la plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques), un million d’espèces animales sont menacées de disparition, et la mauvaise santé des écosystèmes menace l’avenir des humains.

Depuis 30 ans, c’est 75% des insectes qui ont été effacés de la surface du globe, selon les chiffres du WWF (Fonds mondial pour la nature).

COP15 Biodiversité : une urgence avec la disparition de 70 % des espèces

COP15 Biodiversité : une urgence avec la disparition de 70 % des espèces

Depuis 1970, 68% des vertébrés ont disparu, et depuis 30 ans, c’est 75% des insectes qui ont été effacés de la surface du globe. C’est dire la nécessité de cette COP15 sur la biodiversité, qui voit, ce lundi 23 août, les délégations des 193 pays membres de la Convention sur la diversité biologique (CBD) des Nations Unies entamer leurs négociations en ligne, lesquelles dureront jusqu’au 3 septembre. Le but : s’entendre sur un premier cadre mondial pour la protection de la faune et la flore, en définissant les 21 cibles à atteindre d’ici à 2030, et en révolutionnant le fléchage des subventions.

75 % des espèces menacées de disparition

75 % des espèces menacées de disparition 

 

75 % des espèces menacées de disparition ‘ici la fin du millénaire, un temps extrêmement court à l’échelle géologique. D’après Plateforme intergouvernementale sur la biodiversité la la réponse mondiale actuelle est insuffisante ; des « changements transformateurs» sont nécessaires pour restaurer et protéger la nature ; Les intérêts particuliers doivent être dépassés pour le bien de tous.

  • C’est l’évaluation la plus exhaustive de ce type ; 1.000.000 espèces menacées d’extinction

« La nature décline globalement à un rythme sans précédent dans l’histoire humaine – et le taux d’extinction des espèces s’accélère, provoquant dès à présent des effets graves sur les populations humaines du monde entier », alerte le nouveau et historique rapport de la Plateforme intergouvernementale sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES), dont le résumé a été approuvé lors de la 7ème session plénière de l’IPBES, qui s’est (du 29 Avril au 4 mai) à Paris.

« Les preuves accablantes contenues dans l’évaluation globale publiée par l’IPBES et obtenues à partir d’un large éventail de domaines de connaissance, présentent un panorama inquiétant », a déclaré le président de l’IPBES, Sir Robert Watson. « La santé des écosystèmes dont nous dépendons, ainsi que toutes les autres espèces, se dégrade plus vite que jamais. Nous sommes en train d’éroder les fondements mêmes de nos économies, nos moyens de subsistance, la sécurité alimentaire, la santé et la qualité de vie dans le monde entier ».

« Le rapport nous dit aussi qu’il n’est pas trop tard pour agir, mais seulement si nous commençons à le faire maintenant à tous les niveaux, du local au mondial », a-t-il ajouté  « Grâce au « changement transformateur », la nature peut encore être conservée, restaurée et utilisée de manière durable – ce qui est également essentiel pour répondre à la plupart des autres objectifs mondiaux. Par «changement transformateur », on entend un changement fondamental à l’échelle d’un système, qui prend en considération les facteurs technologiques, économiques et sociaux, y compris en termes de paradigmes, objectifs et valeurs.

Les États membres de la plénière de l’IPBES ont reconnu que, par sa nature même, un changement transformateur peut susciter une opposition de la part de ceux qui ont des intérêts attachés au statu quo, mais également que cette opposition peut être surmontée pour le bien de tous.

Le rapport d’évaluation mondiale sur la biodiversité et les services écosystémiques est le document le plus exhaustif réalisé à ce jour. Il s’agit du premier rapport intergouvernemental de ce type. Il s’appuie sur l’évaluation historique des écosystèmes pour le millénaire (Millenium Ecosystem Assessment) de 2005 et introduit de nouveaux moyens pour d’évaluation des preuves.

Élaboré par 145 experts issus de 50 pays au cours des trois dernières années, avec des contributions additionnelles apportées par 310 autres experts, le rapport évalue les changements au cours des cinq dernières décennies et fournit un aperçu complet de la relation entre les trajectoires de développement économique et leurs impacts sur la nature. Le document propose également un éventail de scénarios possibles pour les décennies à venir.

Basé sur une revue systématique d’environ 15 000 références scientifiques et sources gouvernementales, le rapport s’appuie aussi (et pour la première fois à une telle échelle) sur les savoirs autochtones et locaux, et aborde en particulier les questions concernant les peuples autochtones et les communautés locales.

« Les contributions apportées par la biodiversité et la nature aux populations sont notre patrimoine commun et forment le plus important ’filet de sécurité’ pour la survie de l’humanité. Mais ce filet de sécurité a été étiré jusqu’à son point de rupture », a déclaré la professeure Sandra Díaz (Argentine), qui a co-présidé l’évaluation avec les professeurs Josef Settele (Allemagne) et  Eduardo S. Brondízio (Brésil et États-Unis). « La diversité au sein des espèces, entre les espèces et celles des écosystèmes, ainsi que de nombreuses contributions fondamentales qui proviennent de la nature se dégradent rapidement, même si nous avons encore les moyens d’assurer un avenir durable aux êtres humains et à la planète.»

Le rapport estime qu’environ 1 million d’espèces animales et végétales sont aujourd’hui menacées d’extinction, notamment au cours des prochaines décennies, ce qui n’a jamais eu lieu auparavant dans l’histoire de l’humanité.

Depuis 1900, l’abondance moyenne des espèces locales dans la plupart des grands habitats terrestres a diminué d’au moins 20 % en moyenne. Plus de 40 % des espèces d’amphibiens, près de 33 % des récifs coralliens et plus d’un tiers de tous les mammifères marins sont menacés. La situation est moins claire pour les espèces d’insectes, mais les données disponibles conduisent à une estimation provisoire de 10 % d’espèces menacées. Au moins 680 espèces de vertébrés ont disparu depuis le 16ème siècle et plus de 9 % de toutes les races domestiquées de mammifères utilisées pour l’alimentation et l’agriculture avaient disparu en 2016, et 1 000 races de plus sont menacées.

« Les écosystèmes, les espèces, les populations sauvages, les variétés locales de plantes et les races locales d’animaux domestiques diminuent, se réduisent ou disparaissent. Le tissu vivant de la Terre, essentiel et interconnecté,  se réduit et s’effiloche de plus en plus », a déclaré le professeur Settele. « Cette perte est la conséquence directe de l’activité humaine et constitue une menace directe pour le bien-être de l’humanité dans toutes les régions du monde. »

Pour accroître la pertinence politique du rapport, les auteurs de l’évaluation ont classé, pour la première fois à une telle échelle et sur la base d’une analyse approfondie des données disponibles, les cinq facteurs directs de changement qui affectent la nature et qui ont les plus forts impacts à l’échelle mondiale. Les facteurs responsables sont, par ordre décroissant : (1) les changements d’usage des terres et de la mer ; (2) l’exploitation directe de certains organismes ; (3) le changement climatique ; (4) la pollution et (5) les espèces exotiques envahissantes.

Le rapport souligne que, depuis 1980, les émissions de gaz à effet de serre ont été multipliées par deux, provoquant une augmentation des températures moyennes mondiales d’au moins 0,7 degré Celsius. Le changement climatique a déjà un impact sur la nature, depuis le niveau des écosystèmes jusqu’à celui de la diversité génétique – impact qui devrait augmenter au cours des décennies à venir et, dans certains cas, surpasser l’impact dû au changement d’usage des terres et de la mer et des autres facteurs de pression.

En dépit des progrès réalisés pour conserver la nature et mettre en œuvre des politiques en faveur de celle-ci, le rapport met aussi en évidence que les trajectoires actuelles ne permettent pas d’atteindre les objectifs mondiaux visant à conserver et exploiter durablement la nature. Les objectifs pour 2030 et au-delà ne pourront être atteints que par un changement transformateur dans les domaines de l’économie, de la société, de la politique et de la technologie. Avec seulement quatre des vingt objectifs d’Aichi pour la biodiversité présentant des progrès réels dans leurs déclinaisons, il est probable que la plupart d’entre eux ne seront pas atteints d’ici l’échéance de 2020. Les tendances négatives actuelles concernant la biodiversité et les écosystèmes vont freiner les progrès en vue d’atteindre les objectifs de développement durable dans 80% (35 sur 44) des cas où les cibles ont été évaluées ; en particulier ceux liées à la pauvreté, la faim, la santé, l’eau, les villes, le climat, les océans et les sols (ODD 1, 2, 3, 6, 11, 13, 14 et 15). La perte de biodiversité est donc non seulement un problème environnemental, mais aussi un enjeu lié au développement, à l’économie, la sécurité, la société et l’éthique.

« Pour mieux comprendre et, plus important encore, pour s’attaquer aux principales causes des dommages causés à la biodiversité et aux contributions apportées par la nature aux populations, nous devons comprendre l’histoire et les interconnections mondiales qui existent entre les facteurs indirects complexes de changement démographiques et économiques, ainsi que les valeurs sociales qui les sous-tendent », a déclaré le professeur Brondízio. « Les principaux facteurs indirects comprennent l’augmentation de la population et de la consommation par habitant ; l’innovation technologique, dont les dommages causés à la nature ont diminué dans certains cas tandis qu’ils ont augmenté dans d’autres; et, de manière critique, les questions de gouvernance et de responsabilité. Une tendance qui émerge est celle dite de l’interconnectivité mondiale et du « telecoupling ». Dans ce cas, l’extraction des ressources et leur production ont lieu dans une partie du monde, mais servent souvent à satisfaire les besoins de consommateurs éloignés, qui vivent dans d’autres régions.»

D’autres résultats majeurs du rapport sont à prendre aussi en compte [1]:

  • Les trois quarts de l’environnement terrestre et environ 66 % du milieu marin ont été significativement modifiés par l’action humaine. En moyenne, ces tendances ont été moins graves ou évitées dans les zones qui appartiennent à ou sont gérées par des peuples autochtones et des communautés locales.
  • Plus d’un tiers de la surface terrestre du monde et près de 75 % des ressources en eau douce sont maintenant destinées à l’agriculture ou à l’élevage.
  • La valeur de la production agricole a augmenté d’environ 300 % depuis 1970, la récolte de bois brut a augmenté de 45 % et environ 60 milliards de tonnes de ressources renouvelables et non renouvelables sont maintenant extraites chaque année dans le monde  – quantité qui a presque doublé depuis 1980.
  • La dégradation des sols a réduit de 23 % la productivité de l’ensemble de la  surface terrestre mondiale ; une partie de la production agricole annuelle mondiale, d’une valeur marchande pouvant atteindre 577 milliards de dollars US, est confrontée au risque de disparition des pollinisateurs et de 100 à 300 millions de personnes sont exposées à un risque accru d’inondations et d’ouragans en raison de la perte d’habitats côtiers et de leur protection.
  • En 2015, 33 % des stocks de poissons marins ont été exploités à des niveaux non durable ; 60 % l’ont été au niveau maximum de pêche durable, et seulement 7 % à un niveau inférieur à celui estimé comme étant durable.
  • Les zones urbaines ont plus que doublé depuis 1992.
  • La pollution par les plastiques a été multipliée par dix depuis 1980 ; environ 300-400 millions de tonnes de métaux lourds, solvants, boues toxiques et autres déchets issus des sites industriels sont déversés chaque année dans les eaux du monde, et les engrais qui arrivent dans les écosystèmes côtiers ont produit plus de 400 « zones mortes» dans les océans, ce qui représente environ 245.000 km2, soit une superficie totale plus grande que le Royaume-Uni.
  • Les tendances négatives de la nature continueront jusqu’en 2050 et au-delà, dans tous les scénarios politiques explorés dans le rapport, sauf dans ceux qui proposent un changement transformateur – cela en raison de l’impact qu’aura l’augmentation du changement d’usage des terres, l’exploitation de certains organismes et le changement climatique, toutefois avec des différences significatives selon les régions.

Le rapport présente également un large éventail d’exemples d’actions en faveur du développement durable et les trajectoires pour les réaliser dans des secteurs tels que l’agriculture, la foresterie, les écosystèmes marins, les écosystèmes d’eau douce, les zones urbaines, l’énergie, les finances et bien d’autres. Le document souligne combien il est important, entre autres, d’adopter une gestion intégrée et des approches intersectorielles qui prennent en compte les compromis entre la production alimentaire et celle de l’énergie, les infrastructures, la gestion de l’eau douce et des zones côtières, ainsi que la conservation de la biodiversité.

En vue de créer une économie mondiale durable, l’évolution des systèmes financiers et économiques mondiaux a également été identifiée comme un élément clé des politiques futures plus durables. Elle s’éloigne du paradigme actuel trop limité de la croissance économique.

« L’IPBES présente aux décideurs une base scientifique fiable, les connaissances et les options stratégiques pour qu’ils les analysent », a déclaré la Docteure Anne Larigauderie,  secrétaire exécutive de l’IPBES. « Nous remercions les centaines d’experts, issus du monde entier, qui ont donné de leur temps et partagé leurs connaissances pour aider à combattre la disparition des espèces, des écosystèmes et de la diversité génétique – une menace véritablement mondiale et générationnelle contre le bien-être humain. »

Biodiversité : 30.000 espèces menacées d’extinction

Biodiversité : 30.000 espèces menacées d’extinction

Pour  l’Union internationale de conservation de la nature (UICN) on  compte désormais 32.441 espèces menacées d’extinction, sur 120.372 espèces passées au crible.

Dans le détail, 13.898 espèces sont considérées comme vulnérables, 11.732 en danger et 6.811 en danger critique. « Le monde doit agir rapidement pour arrêter le déclin des populations d’espèces et prévenir les extinctions causées par l’Homme », plaide Jane Smart, directrice du groupe de conservation de la biodiversité de l’UICN.

Selon les experts biodiversité de l’ONU (IPBES), ce sont même environ un million d’espèces animales et végétales sur les quelque 8 millions estimées sur Terre qui sont menacées d’extinction, dont « beaucoup dans les prochaines décennies ». Ces chiffres sont toutefois des extrapolations basées sur les évaluations d’une fraction des espèces, en particulier cette fameuse liste rouge de l’UICN.

500 espèces sont menacées de disparition

500 espèces sont menacées de disparition

Une étude, publiée dans la revue scientifique Proceedings of the National Academy of Sciences. En cause: l’activité humaine. Les chercheurs estiment que sans ce facteur destructeur, ces espèces pourraient vivre encore des milliers d’années.

Par le biais de leur étude, les scientifiques mettent en garde contre l’effet domino de la disparition des espèces. Par exemple, la chasse excessive de la loutre de mer, principal prédateur des oursins, entraîne la prolifération de ces invertébrés qui dévastent les forêts de varech, une espèce d’algues, dans la mer de Béring. Cette situation engendre l’extinction de la rhytine de Steller, un mammifère qui se nourrit de varech.

“Quand l’humanité extermine d’autres créatures, elle détruit les fondations sur lesquelles elle s’est bâtie et qui lui sont nécessaires pour vivre”, explique au Guardian le professeur Paul Ehrlich, de l’université de Stanford aux Etats-Unis.

“Cette étude prouve que l’extinction de masse s’accélère et que la crise de la biodiversité est bien réelle. Mais il n’est pas trop tard pour passer à un mode de vie plus respectueux de la nature et ainsi protéger l’héritage des générations futures”, veut croire le professeur Andy Purvis, du musée d’histoire naturelle de Londres. 

Un espoir partagé par le directeur des sciences à l’ONG WWF, Marc Wright, qui estime que la fin de la déforestation en Amazonie pourrait “permettre d’inverser la courbe de l’extinction des espèces et du réchauffement climatique”.

Mais si cet effort est nécessaire, il semble difficile à mettre en place: en 2019, nos forêts tropicales ont perdu une surface équivalent à un terrain de football toutes les six secondes, selon une étude américaine de l’université du Maryland, publiée ce mardi par Global Forest Watch.

Espèces menacées : urgence

 En mai dernier, la Plateforme intergouvernementale sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES) a rendu un rapport alarmant sur l’effondrement de la nature. D’après conservation et nature, 16 119 espèces sont menacées d’extinction dont 7725 animaux et 8393 plantes. Ces chiffres sont toutefois très certainement sous estimés car seulement 3 % de la biodiversité connue est estimée. De plus, la biodiversité connue est certainement huit fois moins importante que la biodiversité existante. 

Dans la plupart des groupes, le pourcentage d’espèces menacées varie entre 12 et 52% :
– 12 % des oiseaux sont menacés
– 23 % des mammifères sont menacés
– 32 % des amphibiens sont menacés
– 42 % des tortues sont menacées
– 25 % des conifères sont menacés
– 52 % des cycadales sont menacés

La planète perd chaque année entre 10 000 et 40 000 espèces. Le nombre total d’espèces éteintes a atteint l’an dernier le chiffre de 785 et 65 autres n’existent qu’en captivité ou en culture. 

99 % des espèces menacées d’extinction sont menacées par les activités humaines. En effet, l’homme est la principale cause d’extinction des espèces.

La perte d’habitat et la dégradation sont les principales menaces. Elles touchent 86 % des espèces d’oiseaux menacées, 86 % des mammifères menacés et 88 % des amphibiens menacés.

L’introduction d’espèces exotiques représente la seconde menace. Cela inclue par exemple l’introduction de rats, de chats, …

La surexploitation des ressources, les pollutions et le changement climatique représentent également des menaces majeures pour les espèces.

Mammifères : 33 % sont menacés par la surexploitation (Sur le total de 188 espèces de mammifères qui sont en « danger critique d’extinction », dernier stade avant l’extinction de l’espèce, se trouvent notamment les quelques 84 à 143 adultes du lynx ibérique.)

Oiseaux : 30 % sont menacés par la surexploitation et les espèces exotiques envahissantes. Le pourcentage d’espèces menacées par les invasions biologiques passe à 67 % en milieu insulaire.

Amphibiens : 29 % sont menacés par les pollutions et 17 % par les maladies. Les interactions entre les maladies et les phénomènes climatiques extrêmes (sécheresse) est la principale hypothèse de la baisse généralisée des amphibiens.

Espèces marines : elles sont menacées par la surexploitation et la perte d’habitats. La mortalité accidentelle par la pèche représente une menace croissante qui touche les oiseaux, les mammifères marins, les tortues et d’autres espèces marines. Ainsi, les prises accessoires par la pèche menace 83 espèces d’oiseaux.

Espèces d’eau douce : elles sont le plus menacées par la perte d’habitats, les pollutions et les espèces envahissantes.

La plus grande concentration d’espèces menacées est située dans les tropiques, en particulier sur les montagnes et les îles.

Bien que la majorité des extinctions depuis 1500 ans ait eu lieu sur les îles océaniques, au cours des vingt dernières années, environ la moitié des extinctions se sont produites sur les continents.

L’Amérique du Centrale et du Sud, l’Afrique au Sud su Sahara, et au Sud et Sud-Est de l’Asie. En effet, ce sont les continents qui contiennent les forêts de feuillues des régions tropicales et subtropicales que l’on soupçonne d’accueillir la majorité de la biodiversité terrestre.

L’Australie, le Brésil, la Chine, l’Indonésie et le Mexique ont à la fois un grand nombre d’espèces menacées et un fort taux d’espèces endémiques menacées.

Les mammifères marins menacés sont concentrés dans le nord de l’Océan Pacifique.

Le nombre d’espèces menacées est en hausse dans presque tous les grands groupes taxonomiques.

Depuis 1994, le nombre d’oiseaux menacé d’extinction a augmenté de 12%.

Les indices de la liste rouge pour les oiseaux et les amphibiens montrent que le statut de ces deux groupes n’a cessé de s’aggraver au cours des trente dernières années.

 

. Les 182 pays signataires de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (Cites), mise en place en 1975, se réunissent pour deux semaines à partir de samedi à Genève pour leur grande conférence triennale, la 18e du nom. Notons que cette réunion se limite cependant à réguler le commerce d’espèces vivantes et non à aborder la totalité de la problématique de la biodiversité.

Menaces sur unmillion d’espèces (ONU)

Menaces sur un million d’espèces (ONU)

Selon un rapport de l’ONU,  500 000 à un million d’espèces animales et végétales menacées d’extinction  à échéance de quelques dizaines d’années. En cause, évidemment plusieurs facteurs explicatifs, le dérèglement climatique, la pollution, l’usage de produits chimiques, de plastique, les cultures industrielles, la sururbanisation, l’aménagement des territoires,  les atteintes récurrentes et multiples à la biodiversité etc. Selon ce texte, diverses  »preuves indépendantes signalent une accélération rapide imminente du taux d’extinction des espèces ». Sur les 8 millions d’espèces estimées (dont 5,5 millions d’espèces d’insectes), « un demi-million à un million d’espèces devraient être menacées d’extinction, dont beaucoup dans les prochaines décennies », estiment les auteurs de ce rapport de 1 800 pages. La formulation pourrait changer selon ce que les 130 pays membres de la Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES) décideront de mettre en avant lors des négociations autour de ce projet de rapport, du 29 avril au 4 mai à Paris. Mais pas les conclusions scientifiques. Ces projections correspondent aux mises en garde de nombreux scientifiques qui estiment que la Terre est au début de la sixième extinction de masse, la première attribuée à l’Homme, qui a déjà fait disparaître au moins 680 espèces de vertébrés depuis 500 ans.

Biodiversité et espèces vivantes : En 40 ans 50% des espèces vivantes disparues

Biodiversité et espèces vivantes : En  40 ans 50% des espèces  vivantes disparues

 

 

Un exemple local des contradiction de la politique gouvernementale( et locale) avec le massacre de la forêt à  Mouliherne (49) avec l’installation d’éoliennes qui vont mettre en péril d espèces très menacées comme les chauves souris dont la population totale en France a déjà diminué de moitié entre 2006 et 2014. A Mouliherne sont menacées : les cigognes noires (espèce très vulnérable et en danger ; liste rouge de l’UICN à l’international), les balbuzards pêcheurs, (50 couples en France ; protection totale depuis un arrêté de 1981 en France)   et les  circaètes Jean-le-blanc, (2400 couples en France ; protection totale depuis un arrêté de 1981 en France). Pourtant  10e rapport Planète Vivante  du WWF illustre à quel point il est temps d’agir pour protéger la planète. L’Indice Planète Vivante (IPV) mesure l’évolution des espèces vertébrées. En 40 ans, 50 % des espèces suivies par le WWF ont disparu.

 

Les causes principales sont :

  • la destruction des habitats, l’agriculture, l’agrandissement des villes, la production d’énergie…),
  • l’exploitation des espèces (pêche et chasse),
  • les changements climatiques,
  • la pollution,
  • les espèces invasives,
  • les maladies.

Les espèces d’eau douce sont les plus touchées par le phénomène avec 76 % de disparition entre 1970 et 2010.
L’Amérique Latine est la région la plus vulnérable avec la disparition de 83 % de ses espèces.

 

 

S’ajoute à ce constat alarmant notre empreinte écologique qui ne cesse d’augmenter. L’homme a besoin de plus d’une planète et demie pour répondre à ses besoins. Depuis 1974, l’homme a déjà consommé toutes les ressources naturelles que peut générer la planète en une année.

Extrait du rapport du WWF Planète Vivante:

« Si l’innovation technologique, telle que l’amélioration de l’efficacité de la consommation des ressources et de l’énergie peut permettre de réduire le dépassement, elle nous expose aussi à de nouveaux dilemmes : ainsi, la progression de la biocapacité agricole grâce à l’emploi d’engrais et à la mécanisation s’est-elle effectuée en consommant davantage de combustibles fossiles, donc en augmentant l’empreinte carbone ».

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