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Espace: protéger les intérêts de l’Europe

Espace: protéger les intérêts de l’Europe

L’Europe est confrontée à une grave dégradation de son espace de sécurité, avec le retour de la guerre sur notre continent et l’intensification des menaces qui pèsent sur nos sociétés démocratiques. De plus en plus, l’avenir de nos infrastructures critiques dépend de ce qui se passe dans le domaine cyber et dans l’espace. L’Europe doit être en mesure de protéger ses intérêts. Par le Haut représentant de l’Union pour les Affaires Étrangères et la Politique de Sécurité et Vice-président de la Commission européenne (HR/VP) Josep Borrell et le Commissaire au marché intérieur Thierry Breton dans la Tribune.

À mesure que l’espace devient un domaine de compétition géopolitique, il est de plus en plus encombré et contesté. Prenons, par exemple, la décision de la Russie, en novembre 2021, de tester un missile antisatellite, générant des débris spatiaux qui persisteront pendant des décennies. Depuis, la Russie a menacé d’attaquer d’autres satellites. En outre, la nuit précédant l’invasion de l’Ukraine par la Russie, une cyberattaque a mis hors service une partie du réseau de télécommunications par satellite Viasat, affectant de nombreux États membres de l’UE. Plus généralement, nous savons que nos concurrents testent et déploient divers moyens d’interdire l’accès aux systèmes et services spatiaux : armes antisatellites, usurpation et brouillage des signaux satellites, cyberattaques, prises de contrôle hostiles d’entreprises spatiales, etc…

En bref, notre sécurité dans l’espace est en danger, ce qui signifie que notre sécurité sur terre l’est tout autant. Les services spatiaux sont en effet essentiels pour notre économie, la vie quotidienne de nos citoyens et notre sécurité. Peu importe que ces services soient fournis par des systèmes spatiaux de l’UE tels que Galileo (pour le positionnement, la navigation et la synchronisation), Copernicus (pour l’observation de la Terre) ou IRIS (pour les communications sécurisées) ou par d’autres acteurs spatiaux publics et privés opérant en Europe. Dans tous les cas, la privation de services spatiaux essentiels aurait des conséquences dramatiques.

L’Europe doit donc défendre ses intérêts dans l’espace et protéger son accès à l’espace. C’est ce que préconise la boussole stratégique de l’UE. C’est pourquoi nous avons présenté le mois dernier la toute première Stratégie Européenne de l’Espace pour la Sécurité et la Défense. La nouvelle stratégie marque un changement de paradigme, et ce à plusieurs égards.

Premièrement, elle nous donnera les moyens de mieux comprendre les actions hostiles de nos concurrents. En soutenant les capacités nationales, en encourageant le partage d’informations et en faisant appel à la communauté du renseignement de nos États membres, nous améliorerons notre compréhension commune des menaces spatiales et renforcerons notre connaissance du domaine spatial afin de détecter rapidement les comportements irresponsables et hostiles.

Deuxièmement, nous veillerons à ce que les services spatiaux essentiels soient plus solides et plus résistants, notamment grâce à une nouvelle législation européenne sur l’espace qui définira des règles communes en matière de sûreté, de sécurité et de durabilité dans l’espace. Ce nouveau cadre juridique favorisera l’échange d’informations sur les incidents de sécurité ainsi que la coordination et la coopération transfrontalières. L’objectif est que tous les États membres disposent d’un niveau minimum commun de résilience pour les services spatiaux critiques ou élaborent des plans nationaux coordonnés de préparation et de résilience ainsi que des protocoles d’urgence.

Nous réduirons également nos dépendances stratégiques en protégeant nos chaînes d’approvisionnement dans le secteur spatial et en développant des technologies spatiales essentielles. Pour ce faire, nous stimulerons notre industrie spatiale, en nous appuyant sur notre base industrielle établie, ainsi que sur les entreprises dites du « New Space ».

Troisièmement, nous organiserons notre capacité à réagir lorsque nos intérêts de sécurité sont en danger. Alors qu’à l’heure actuelle, l’UE a la responsabilité de réagir aux menaces spatiales uniquement lorsqu’elles affectent les éléments des programmes spatiaux de l’UE, notre ambition est d’étendre le mécanisme de réaction de l’UE aux menaces qui pèsent sur tout service ou infrastructure spatiale affectant la sécurité de l’UE et de ses États membres.

En outre, à l’instar de la boîte à outils de cyberdiplomatie pour les cyberattaques, nous renforcerons les mécanismes et les cadres qui, sur la base de preuves solides, nous permettront de réagir et de prendre des mesures de réponse proportionnées et opportunes au niveau de l’UE, qu’elles soient techniques, diplomatiques, économiques ou militaires. Des exercices réguliers dans le domaine spatial nous aideront également à tester et à améliorer nos mécanismes de réponse.

Quatrièmement, nous tirerons le meilleur parti de nos infrastructures spatiales pour soutenir la défense et la sécurité. L’imagerie satellitaire a largement contribué à aider l’Ukraine à résister à l’attaque de la Russie. IRIS, notre nouveau programme de connectivité sécurisée, assurera la sécurité des communications gouvernementales, y compris pour les applications de défense. Nous développerons également de nouveaux services spatiaux dans le domaine de l’observation de la Terre, tout en renforçant la capacité unique d’analyse du renseignement géospatial du Centre satellitaire de l’UE.

Nous prendrons des mesures pour garantir à long terme l’accès autonome de l’UE à l’espace, ce qui est essentiel pour pouvoir réagir rapidement à tout incident dans l’espace. Nous soutiendrons le développement de solutions de lancement innovantes et réactives, telles que les micro-lanceurs et les lanceurs réutilisables, qui répondront aux besoins des acteurs de la défense.

Enfin, nous savons que la coopération avec les partenaires est indispensable. Nous pouvons compter sur nos partenaires et nos alliés au sein de l’OTAN avec lesquels nous continuerons à développer des dialogues sur la sécurité et la défense de l’espace.

L’UE redoublera également d’efforts pour promouvoir des comportements responsables dans l’espace et prévenir toute course aux armements par le biais de normes et de règles multilatérales. La diplomatie reste notre première ligne de défense. À titre d’exemple concret, nous saluons et soutenons l’interdiction des essais de missiles antisatellites destructeurs récemment proposée par les États-Unis et à laquelle certains États membres de l’UE ont déjà adhéré, conformément à la résolution de l’Assemblée générale des Nations Unies de 2022 sur ce sujet.

Face à l’évolution et à l’intensification des menaces, l’UE adapte son approche de l’espace en y intégrant pleinement les enjeux pour notre sécurité et notre défense. Tout cela fait partie de la construction de l’Europe géopolitique que nos citoyens attendent.

Santé : L’enjeu d’un espace européen des données médicales

Santé : L’enjeu d’un espace européen des données médicales

 

La Commission européenne met en œuvre l’espace européen des données de santé (EDHS), qui doit permettre la formation d’un marché européen unique des thérapies numériques compétitif face à la concurrence américaine, expliquent, dans une tribune au « Monde », des entrepreneurs, médecins, patients engagés dans l’innovation en santé numérique.

 

La Commission européenne a choisi, le 20 juillet, de confier au Health Data Hub, un consortium de seize partenaires issus de dix pays différents, la construction, dès septembre, d’une première version du futur « espace européen des données de santé » (European Health Data Space, EDHS en anglais).

Début mai, elle présentait sa proposition de règlement relatif à l’espace européen des données de santé, qui sera prochainement soumis au Conseil de l’Union européenne puis au Parlement européen. Le choix de l’opérateur, désormais entériné, rapproche donc un peu plus l’EDHS de la réalité, sans toutefois lever toutes les « réserves ». Celles-ci portent notamment sur le choix de Microsoft Azure, un acteur américain, comme hébergeur de ces données de santé, et sur l’assurance que ces données ne pourront pas franchir l’Atlantique.

A cette question, comme à d’autres qui ne manqueront pas de se poser, il faudra apporter des réponses fortes et transparentes. Celles-ci garantiront une confiance sans laquelle l’investissement à long terme serait compromis. Or, l’enjeu est de taille. La vocation de l’EDHS est de « placer les citoyens au centre, en leur donnant le pouvoir de contrôler leurs données afin de bénéficier de meilleurs soins de santé », selon les mots de Stella Kyriakides, commissaire européenne à la santé et à la sécurité alimentaire.

L’EDHS ouvre la voie à une vague d’innovations au profit des patients et doit aussi permettre la formation d’un marché européen unique des thérapies numériques, doté de règles communes, qui, à son tour, favorisera l’émergence d’un tissu de technologies de la santé européen compétitif face à la concurrence américaine.

Au cœur de cette révolution – et c’est ce qui rend la question de la protection des données si sensible – se trouvent les « données patients ». Valorisées par l’intelligence artificielle (IA) et le big data, celles-ci sont une mine d’or pour l’identification de marqueurs biologiques et l’interprétation des données.

Ces marqueurs sont eux-mêmes à la base de nouveaux outils de diagnostic (imagerie médicale, biologie) et de prévention (interprétation des symptômes, analyse des interactions médicamenteuses) qui se déploient à grande vitesse dans les hôpitaux et les cabinets médicaux.

Dans le diabète et en cancérologie, des dispositifs « point of care » [« au plus près des patients »], installés sur les smartphones et rendus intelligents grâce au machine learning, accompagnent les patients dans le suivi de leur pathologie et de leur thérapie, tout en gardant les professionnels de santé « dans la boucle ».

Elon Musk veut transformer Twitter en espace de chaos et de profit

 Elon Musk veut transformer Twitter en espace de chaos et de profit 

Le milliardaire va faire du réseau social, qu’il vient d’acquérir, un espace proche du chaos, s’inquiète le chercheur en biologie Olivier Hamant, dans une tribune au « Monde ».

 

En rachetant le réseau social Twitter, le milliardaire Elon Musk déclare : « J’espère que même mes pires détracteurs resteront sur Twitter, car c’est ce que signifie la liberté d’expression. » Si certains pourraient croire entendre Voltaire dans ces paroles, le libertarien Elon Musk soutient plutôt une vision débridée de la liberté, sans aucun filtre. Ne confond-il pas la liberté et un désordre qui sert les plus forts  ?

Pour éviter des débats sans fin sur la notion de liberté, il est salutaire de revenir à sa définition, et donc à l’article 4 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 : « La liberté consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui : ainsi, l’exercice des droits naturels de chaque homme n’a de bornes que celles qui assurent aux autres membres de la société la jouissance de ces mêmes droits. Ces bornes ne peuvent être déterminées que par la loi. » La liberté est donc définie par un cadre à respecter, et non par des frontières à dépasser.

Alors, de quoi parle Elon Musk ? S’il s’agit de partage débridé d’opinions sans filtre et sans loi, alors ne défendrait-il pas plutôt une forme d’anarchie ? Encore une fois, revenons aux définitions. Comme le dit le journaliste et théoricien Pierre-Joseph Proudhon, « l’anarchie, c’est l’ordre sans le pouvoir ». Au contraire, Elon Musk propose de partager toute opinion dans l’immédiateté de son réseau social. Il s’agit donc de l’exact opposé : le désordre avec le pouvoir.

Dès lors, si Elon Musk ne parle ni de liberté ni d’anarchie, de quoi parle-t-il ? D’entropie ! Cette notion, liée au deuxième principe de la thermodynamique, est parfois mal comprise. Faisons alors appel au militant écologiste Victor Chaix et à son article limpide sur le sujet publié sur son blog, appliqué à la crise environnementale : l’entropie du monde signifie que « l’énergie se dissipe, les écosystèmes se désorganisent et les singularités s’homogénéisent ». Appliqué à la liberté d’expression selon Elon Musk, il s’agit donc plutôt d’une forme de dissipation des informations, qui augmente le désordre et conduit à l’homogénéisation des croyances. Elon Musk ne soutient pas la liberté, il la dissipe.

Pourquoi la confusion entre liberté et entropie pose-t-elle problème ? Tout d’abord, nos opinions sont surtout guidées par nos nombreux biais cognitifs. Nous avons l’impression d’avoir des intentions libres alors qu’elles sont principalement guidées par le biais du statu quo (être conservateur par défaut), le biais de confirmation (ignorer les informations contradictoires) ou le biais de corrélation (transformer corrélation en causalité). Partager des opinions sur Twitter sans cadre légal, c’est bien plutôt donner un haut-parleur à nos biais cognitifs individuels. C’est d’ailleurs une des raisons qui expliquent pourquoi une fausse information a 70 % de chance de plus d’être republiée qu’une information vraie sur Twitter, comme l’ont démontré trois chercheurs américains, Soroush Vosoughi, Deb Roy et Sinan Aral, dans un article publié, en 2018, dans la revue Science.

 » Espace numérique : une zone de non-droit »

 » Espace numérique : une zone de non-droit »

Le commissaire européen au marché intérieur expose les grandes lignes du projet de Bruxelles de régulation des contenus sur les réseaux sociaux.

Alors qu’après la tragédie de Conflans-Sainte-Honorine, le rôle des réseaux sociaux pose une nouvelle fois question, Thierry Breton explique, dans un entretien au Monde, comment l’Europe envisage de les réguler. Il aura l’occasion d’en parler avec Jean Castex, le premier ministre français, qui se rend à Bruxelles vendredi 23 octobre, pour évoquer la législation du numérique. Le commissaire européen au marché intérieur rappelle que les législations qui pourront être prises en la matière en France ou ailleurs devront s’inscrire dans le droit européen. Contenus illégaux, haineux, désinformation… l’ancien ministre de l’économie fait le tour des sujets, à moins de deux mois de la présentation par la Commission, le 2 décembre, de son Digital Services Act (DSA). Il évoque aussi le Digital Markets Act, qui sera présenté le même jour, et dont l’objectif est d’imposer de nouvelles obligations aux plates-formes les plus importantes.

Les conditions dans lesquelles Samuel Paty a été assassiné ont relancé le débat, en France, sur la manière dont il faut réprimer les contenus haineux sur les réseaux sociaux. Comment s’articulent ces réflexions avec celles que vous menez ici à la Commission européenne ?

Cette tragédie suscite une émotion immense qui déborde le cadre français. Je m’y associe pleinement. Elle incite une nouvelle fois à s’interroger sur le rôle joué par les réseaux sociaux. Il y a, ici ou là, sur le plan national, des pressions qui s’exercent pour les réguler. Mais cette question a vocation à être traitée au niveau européen et les Vingt-Sept devront l’inscrire dans la future législation européenne – le Digital Services Act –, en voie de finalisation.

Aujourd’hui, il n’existe pas de législation européenne à même de traiter ces sujets ?

Pas de texte global, non. On vit encore sous le régime de la directive e-commerce qui remonte à 2000. A l’époque, seuls existaient Microsoft et Apple. Google était encore dans un garage, Facebook, WhatsApp, Instagram, TikTok, Twitter n’étaient pas entrés dans nos vies. La directive avait pour objectif de réguler une économie numérique structurée autour d’hébergeurs, qui se contentaient d’abriter des prestataires et les services qu’ils offraient en ligne.

Le monde a changé depuis…

Oui, au point qu’il est devenu crucial de s’organiser pour réguler l’espace numérique, ce que j’appelle l’espace informationnel. De le doter de règles pour les vingt prochaines années. On a l’impression aujourd’hui que cet espace est une zone de non-droit. Et dans bien des cas, c’est vrai. Les lois s’appliquent à notre espace économique, social, territorial, elles doivent aussi s’appliquer à l’espace informationnel. Quand vous laissez vos enfants dans la rue, vous exigez qu’ils bénéficient d’un certain niveau de sécurité. Quand vous les laissez naviguer sur Internet, vous voulez de la même manière qu’ils soient protégés.




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