Chine: tensions sur les taux du crédit
Surchauffe de la demande du crédit en Chine (qui indique une reprise interne se substituant à l’insuffisance d’exports) et les taux des crédits interbancaires ‘s’envolent ; Une conséquence du resserrement de la banque centrale qui craint que le système bancaire ne soit fragilisé par trop de créances douteuses. Après un brusque coup de fièvre la semaine dernière, les taux interbancaires chinois –auxquels les établissements financiers se prêtent quotidiennement de l’argent entre eux–, ont poursuivi leur flambée lundi. Référence du marché, le taux de refinancement à sept jours a grimpé jusqu’à 9,8%, un sommet depuis la sévère pénurie de liquidités survenue en juin, et un net bond par rapport au niveau de 8,2% atteint vendredi, selon des chiffres de Dow Jones Newswires. »Cette nouvelle envolée des taux montre que la défiance des marchés aggrave le resserrement de la liquidité », les banques rechignant de plus en plus à se prêter de l’argent entre elles, a expliqué Wendy Chen, analyste de Nomura Securities basée à Shanghai. A l’origine des tensions des derniers jours, un énième coup de vis des autorités: soucieuse d’enrayer l’accroissement persistant du crédit dans le pays, la Banque populaire de Chine (PBOC) a suspendu sur les deux premières semaines de décembre ses opérations de marchés régulières visant à injecter de nouvelles liquidités. Ce resserrement a exacerbé la nervosité des établissements bancaires, les rendant encore plus réticents à céder des fonds dans un tel environnement. La PBOC s’est finalement décidé à agir pour tenter d’apaiser leurs inquiétudes, en procédant en fin de semaine dernière à des injections massives de liquidités. Dans un message diffusé tard vendredi sur son compte officiel de microblogs, l’institution a annoncé avoir injecté plus de 300 milliards de yuans (36 milliards d’euros) dans le système financier sur une période de trois jours, à travers « des opérations de liquidités à court terme (SLO) ». Introduites en janvier dernier, ces SLO sont menées sans être rendues publiques, et seules en bénéficient 12 banques au rôle jugé crucial pour l’équilibre du système financier. Les SLO sont destinées à compléter les opérations régulières réalisées deux fois par semaine par la PBOC. »En ce moment, le système bancaire possède des réserves excédentaires dépassant 1.500 milliards de yuans, un niveau relativement élevé pour cette période (de l’année) », a ajouté la PBOC. Dans un message précédent, l’institution avait assuré vendredi « avoir offert de façon appropriée des liquidités » au marché sans préciser de montant. Mais ces interventions de la PBOC n’ont pas suffi à rasséréner les marchés: après un bref répit lundi matin, où il est descendu à 5,57%, le taux interbancaire de référence a rebondi de plus belle. »Il faudra un assouplissement accru et des mesures supplémentaires de la part de la PBOC pour que le marché reprenne confiance et que les taux se stabilisent », a indiqué Mme Chen à l’AFP. Selon des analystes cités lundi par le quotidien financier Zhengquan Shibao, la banque centrale a tenté d’afficher une position « neutre mais tendant légèrement à un resserrement » de la liquidité, en cessant ses opérations régulières et en choisissant de n’avoir recours qu’à des SLO pour apaiser les tensions. Pour les experts, la PBOC ne devrait donc pas rouvrir trop largement et trop longtemps les vannes aux liquidités car elle désire continuer à contrôler le vif envol du volume des crédits bancaires. Mais l’institution devrait avoir « tiré les leçons » de la crise de juin dernier. Ce mois-là, l’intransigeance de Pékin, qui souhaitait endiguer la spéculation et assainir un secteur financier miné par les créances douteuses, avait provoqué un asséchement des liquidités disponibles et une flambée des taux interbancaires. Alors que cette situation mettait en péril la capacité des banques à se financer et à accorder des prêts –menaçant de ce fait l’activité économique–, la banque centrale avait finalement cédé et accepté « d’ajuster le niveau global des liquidités ».