Archive pour le Tag 'erreur'

Deuxième erreur de Macron prendre la tête de la campagne électorale

Deuxième erreur de Macron prendre la tête de la campagne électorale

Le président aura commis deux erreurs sans doute tragiques pour lui. D’abord la dissolution brutale de l’Assemblée nationale ensuite l’annonce qu’il prendra lui-même la tête de la campagne électorale.

Cette deuxième annonce sera encore plus funeste pour la majorité car contrairement à ce qu’il pense, la personnalité du président est complètement démonétisée. Il peut tout dire, même les arguments les plus pertinents mais il n’est ni écouté ni entendu. Pire il neprooque  que rejet et même haine par sa personnalité tellement suffisante et sa posture quasiment monarchique.

Macron est personnellement très largement responsable de la débâcle du pouvoir aux européennes. Les orientations sont en cause mais peut-être la personnalité encore davantage. Pour preuve, il a assumé longuement l’animation l’anniversaire du débarquement. Un événement qui a connu même un certain succès mais dont il n’a tiré aucun profit politique hypothéqué qu’il est par le discrédit populaire qui plombe désormais sa parole et son action.

Le problème c’est que macron  veut faire tout comme d’habitude: Être le président de la république, diriger le gouvernement, être le chef de la majorité est maintenant le patron de la campagne électorale.

Economies sur la santé : Une erreur ?

Economies sur la santé : Une erreur ?

 

L’idée d’une « Grande Sécu » qui, en intégrant les mutuelles à la Sécurité sociale, permettrait d’économiser sur les frais de gestion de santé, très élevés en France, bénéficierait tant aux assurés qu’à l’Etat, estime le professeur émérite de médecine André Grimaldi dans une tribune au « Monde ».

 

Le budget des dépenses de la sécurité sociale voté par le Parlement pour 2024 atteint près de 255 milliards d’euros. En pourcentage du produit intérieur brut (12,1 %), cela nous place en 3e position derrière les Etats-Unis (16,6 %) et l’Allemagne (12,7 %) ; mais en dollars par habitant et par an nous sommes en 7e position avec 6 630 dollars, soit près de 20 % de moins que l’Allemagne, si l’on se réfère aux chiffres fournis par le « Panorama de la santé 2023 » de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).Si le ministre de l’économie veut faire des économies sur la santé, il se trompe donc de cible et devrait plutôt se concentrer en premier lieu les frais de gestion, qui placent la France en 3e position des pays de l’OCDE puisqu’ils y représentent 5 % des dépenses de santé – soit deux fois la moyenne des pays de l’OCDE, derrière la Suisse (7 %) et les Etats-Unis (8 %).

Nous avons en effet, pour des raisons historiques, une double gestion de chaque soin : une fois par l’Assurance-maladie obligatoire (la Sécurité sociale) et une seconde fois par les assurances complémentaires (mutuelles, instituts de prévoyance et compagnies d’assurances). Or, en 2018, les frais de gestion des complémentaires santé se situaient autour de 20 % du chiffre d’affaires, soit 7,8 milliards, contre 4 % pour la Sécurité sociale, soit 6,7 milliards. Ce alors que la Sécurité sociale rembourse 80 % des soins, et les complémentaires seulement 13 %.

Si, comme au Canada, nous n’avions qu’un seul assureur, nous économiserions ainsi 7 milliards d’euros de frais de gestion inutiles. Pour cela, il faudrait réaliser la « Grande Sécu » en intégrant les mutuelles à la Sécurité sociale et en remboursant à 100 % un panier de prévention et de soin solidaire. Il n’y aurait plus d’assurances complémentaires mais seulement des assurances supplémentaires pour des prestations qui ne relèveraient pas de la solidarité, comme les médicaments remboursés aujourd’hui à 15 % ou à 30 %, des soins dits de confort ou encore les dépassements d’honoraires.

C’était le projet défendu lors du premier quinquennat d’Emmanuel Macron à la fois par Didier Tabuteau, aujourd’hui vice-président du Conseil d’Etat, Pierre Louis Bras, ancien président du Comité d’orientation des retraites (COR), et Martin Hirsch, ancien directeur de l’AP-HP (Assistance publique-Hôpitaux de Paris).

Augmenter la fiscalité comme la TVA : une erreur

La France est dans le viseur des agences de notation et de la Commission européenne pour sa gestion de ses finances publiques. Le déficit a atteint 5,5 % en 2023, il est prévu à 4,4 % pour 2024. La marche est très haute et pose de nouveau la question du bien-fondé des grands principes de la politique économique d’Emmanuel Macron.

 

L’économiste Alain Trannoy constate, dans une tribune au « Monde », que les baisses d’impôt n’ont pas atteint leurs objectifs, et préconise des hausses temporaires et ciblées en évitant tout « choc fiscal ».

 

Celui-ci a mis en œuvre une politique de l’offre en privilégiant la réduction des charges et des impôts pour les entreprises. Elle a encore pesé en 2023 avec la baisse des impôts de production (3,7 milliards d’euros) et la dernière étape de la suppression de la taxe d’habitation (2,5 milliards). Faut-il faire machine arrière et revenir à une augmentation générale des grands impôts ? Cela nous semblerait un contresens majeur, alors que la France stagne depuis trois trimestres. En revanche, on peut songer à une hausse temporaire des impôts ciblant certains comportements ou certains revenus particuliers, sans affecter encore plus la conjoncture.

Le diagnostic est connu. La France est handicapée par le déséquilibre de sa balance commerciale, avec un recul considérable de ses parts de marché par rapport à ses concurrents européens sur le marché intérieur. En sept ans, la politique d’Emmanuel Macron a incontestablement produit des effets : le taux de chômage a baissé de 3 points, et 1,2 million d’emplois ont été créés dans le secteur privé. Le capital-risque nécessaire pour créer des start-up a été au rendez-vous et la France est redevenue attractive pour les investisseurs étrangers. L’investissement des entreprises a augmenté jusqu’au troisième trimestre 2023. L’emploi dans l’industrie manufacturière a recommencé à croître et la France a cessé de perdre des parts de marché.

Cette politique de l’offre aurait dû se traduire par une performance macroéconomique supérieure de la France par rapport à ses voisins – c’est d’ailleurs le cas vis-à-vis de l’Allemagne et de la Grande-Bretagne. Les prévisions économiques de Bercy ont, jusqu’à fin 2023, traduit cet optimisme, avec pour corollaire des anticipations de rentrées fiscales plus abondantes. Le dogme de ne pas avoir à augmenter les impôts se serait trouvé ainsi vérifié ex post.

 

 

Manifs Agriculteurs : bloquer Paris, une erreur stratégique

Manifs Agriculteurs : bloquer Paris, une erreur stratégique

Le mouvement agricole se durcit avec le projet de la FNSEA de bloquer Paris. En fait un durcissement de l’organisation qui a été dépassée par la base et veut montrer sa représentativité. Pas forcément une stratégie très heureuse car le radicalisme n’est pas dans les gènes d’une organisation patronale qui a l’habitude de gérer la question agricole avec le pouvoir. Le risque c’est que l’organisation soit dépassée.

Les Français soutiennent le mouvement des agriculteurs et comprennent les raisons de cette colère. Ceci étant ,eux-mêmes sont soumis à une grave crise sociale qui se caractérise en particulier par une baisse de pouvoir d’achat très importante depuis deux ans. À tel point qu’ils en ont réduit le volume de leur consommation et ont descendu de gammes concernant pratiquement tous les produits notamment alimentaires. Empêcher le déplacement des consommateurs constitue une erreur stratégique dans la mesure où l’opinion pourrait bien se retourner contre le mouvement des agriculteurs après une semaine de chaos. Le mouvement devrait continuer de se montrer particulièrement responsable pour ne pas perdre en crédibilité et avoir des chances d’obtenir des résultats auprès du pouvoir.

De son côté, Gérald Darmanin a annoncé que 15 000 membres des forces de l’ordre seraient mobilisés lundi, à l’issue d’une cellule de crise interministérielle, dimanche 28 janvier. Le ministre de l’Intérieur a expliqué que le président Emmanuel Macron avait donné « pour consigne » de « garantir que les tracteurs ne se rendent pas à Paris et dans les grandes villes pour ne pas créer des difficultés extrêmement fortes ». Et en Ile-de-France, « il a fait valoir qu’il fallait que le marché international de Rungis « puisse fonctionner ainsi que les aéroports parisiens d’Orly et de Roissy ».

Comme depuis le début des manifestations des agriculteurs, Gérald Darmanin a appelé les forces de l’ordre à la « modération » en leur demandant de ne « pas intervenir sur les points de blocage mais de les sécuriser ». En revanche, il leur a demandé d’intervenir en cas de dégradations et d’agressions de camions étrangers et de procéder « à des interpellations ».

Agriculteurs : bloquer Paris, une erreur stratégique de la FNSEA

Agriculteurs : bloquer Paris, une erreur stratégique de la FNSEA

Le mouvement agricole se durcit avec le projet de la FNSEA de bloquer Paris. En fait un durcissement de l’organisation qui a été dépassée par la base et veut montrer sa représentativité. Pas forcément une stratégie très heureuse car le radicalisme n’est pas dans les gènes d’une organisation patronale qui a l’habitude de gérer la question agricole avec le pouvoir. Le risque c’est que l’organisation soit dépassée.

Les Français soutiennent le mouvement des agriculteurs et comprennent les raisons de cette colère. Ceci étant ,eux-mêmes sont soumis à une grave crise sociale qui se caractérise en particulier par une baisse de pouvoir d’achat très importante depuis deux ans. À tel point qu’ils en ont réduit le volume de leur consommation et ont descendu de gammes concernant pratiquement tous les produits notamment alimentaires. Empêcher le déplacement des consommateurs constitue une erreur stratégique dans la mesure où l’opinion pourrait bien se retourner contre le mouvement des agriculteurs après une semaine de chaos. Le mouvement devrait continuer de se montrer particulièrement responsable pour ne pas perdre en crédibilité et avoir des chances d’obtenir des résultats auprès du pouvoir.

De son côté, Gérald Darmanin a annoncé que 15 000 membres des forces de l’ordre seraient mobilisés lundi, à l’issue d’une cellule de crise interministérielle, dimanche 28 janvier. Le ministre de l’Intérieur a expliqué que le président Emmanuel Macron avait donné « pour consigne » de « garantir que les tracteurs ne se rendent pas à Paris et dans les grandes villes pour ne pas créer des difficultés extrêmement fortes ». Et en Ile-de-France, « il a fait valoir qu’il fallait que le marché international de Rungis « puisse fonctionner ainsi que les aéroports parisiens d’Orly et de Roissy ».

Comme depuis le début des manifestations des agriculteurs, Gérald Darmanin a appelé les forces de l’ordre à la « modération » en leur demandant de ne « pas intervenir sur les points de blocage mais de les sécuriser ». En revanche, il leur a demandé d’intervenir en cas de dégradations et d’agressions de camions étrangers et de procéder « à des interpellations ».

Agriculteurs : bloquer Paris, une erreur stratégique

Agriculteurs : bloquer Paris, une erreur stratégique

Les Français soutiennent le mouvement des agriculteurs et comprennent les raisons de cette colère. Ceci étant ,eux-mêmes sont soumis à une grave crise sociale qui se caractérise en particulier par une baisse de pouvoir d’achat très importante depuis deux ans. À tel point qu’ils en ont réduit le volume de leur consommation et ont descendu de gammes concernant pratiquement tous les produits notamment alimentaires. Empêcher le déplacement des consommateurs constitue une erreur stratégique dans la mesure où l’opinion pourrait bien se retourner contre le mouvement des agriculteurs après une semaine de chaos. Le mouvement devrait continuer de se montrer particulièrement responsable pour ne pas perdre en crédibilité et avoir des chances d’obtenir des résultats auprès du pouvoir.

De son côté, Gérald Darmanin a annoncé que 15 000 membres des forces de l’ordre seraient mobilisés lundi, à l’issue d’une cellule de crise interministérielle, dimanche 28 janvier. Le ministre de l’Intérieur a expliqué que le président Emmanuel Macron avait donné « pour consigne » de « garantir que les tracteurs ne se rendent pas à Paris et dans les grandes villes pour ne pas créer des difficultés extrêmement fortes ». Et en Ile-de-France, « il a fait valoir qu’il fallait que le marché international de Rungis « puisse fonctionner ainsi que les aéroports parisiens d’Orly et de Roissy ».

Comme depuis le début des manifestations des agriculteurs, Gérald Darmanin a appelé les forces de l’ordre à la « modération » en leur demandant de ne « pas intervenir sur les points de blocage mais de les sécuriser ». En revanche, il leur a demandé d’intervenir en cas de dégradations et d’agressions de camions étrangers et de procéder « à des interpellations ».

Amélie Oudéa-Castéra à l’école Littré: Une seconde erreur fatale ?

Amélie Oudéa-Castéra à l’école Littré: Une seconde erreur fatale ?

La nouvelle ministre de l’éducation ( et des JO !) N’en finit pas de s’enfoncer dans ses explications pour justifier son choix de mettre ces enfants dans une école privée. Elle multiplie les explications un peu bâtarde signalant notamment une autre famille ayant fait aussi le choix de quitter l’établissement public de l’école Littré qui se caractériserait par l’absence de nombreux professeurs. En fait, la famille en question n’a pas du tout quitter l’établissement public pour cette raison.

Invitée de France Inter lundi matin, la porte-parole du gouvernement Prisca Thevenot a indiqué ne pas «savoir si elle (la ministre, NDLR) a menti» : «Je dis simplement qu’elle a expliqué pourquoi son fils a été scolarisé dans le privé». Une défense sans grande vigueur qui n’a pas eu de quoi convaincre les oppositions. «C’est un mensonge qui la disqualifie pour continuer à occuper cette fonction», avait attaqué le député Insoumis Manuel Bompard sur FranceInfo. Son collègue communiste Fabien Roussel avait, lui aussi, considéré sur X qu’«il était temps de démissionner».

Le problème c’est que d’une manière générale la ministre a sans doute raison à propos de la médiocrité du système scolaire mais quel acteur de s’appuyer sur son cas personnel au demeurant inexact.

Il est certain que désormais la nouvelle ministre de l’éducation n’est pas placée dans les meilleures conditions pour assumer la responsabilité de son immense portefeuille. Au départ elle n’avait déjà pas forcément les compétences voulues mais maintenant avec cette affaire son avenir de ministre risque d’être hypothéqué bien au-delà des JO donc par parenthèse on voit mal le lien avec l’éducation nationale.

Désindustrialisation : une erreur collective (Louis Gallois)

Désindustrialisation : une erreur collective (Louis Gallois)

Haut fonctionnaire, ancien patron d’Airbus et de la SNCF, passé par le public et la présidence du conseil de PSA, Louis Gallois aborde les responsabilités de la désindustrialisation fut une erreur collective d’après lui ( Dans la tribune

Les conséquences concrètes de ce qui est effectivement un drame national s’inscrivent dans le « paysage » français : chômage massif qui se résorbe lentement mais au prix d’une stagnation de la productivité, déséquilibre extérieur abyssal (la balance commerciale des produits manufacturés est en déficit de 80 milliards d’euros alors qu’elle était à l’équilibre en 2000), perte de souveraineté dont les Français ont pris conscience pendant la crise du Covid, fractures territoriales qui marginalisent des régions entières, sentiment de déclassement. Nous n’avons pas fini de payer la facture de cette négligence collective.

À compter des années 1980, l’image de l’industrie s’est brouillée, devenant synonyme de secteur gris, dépassé, polluant. Comment l’expliquez-vous ? Et pourquoi donc nos voisins allemands et italiens ont su prendre un autre chemin ?

Je pourrais tenter de rechercher des causes culturelles. Le grand salon annuel en Allemagne est la Foire de Hanovre consacrée aux machines. Le grand salon en France est celui de l’Agriculture. D’une certaine manière, la France rêve de sa ruralité perdue. La tradition industrielle est moins forte qu’en Allemagne ou dans le Nord de l’Italie, sauf dans les régions qui justement ont le plus souffert de la désindustrialisation : le Nord, l’Est, les Ardennes, les vallées des Vosges.

Les crises ont succédé aux crises : crise de la sidérurgie, du textile, des chantiers navals. J’ai eu personnellement à en traiter certaines comme directeur général de l’Industrie, au ministère de l’Industrie. En fait, on a baissé les bras. On a cru que l’intégration européenne allait nous dispenser de l’effort.

On est entré dans l’Euro en appliquant les 35 heures et en augmentant les charges sociales mais aussi les salaires ; les Allemands faisaient l’inverse avec Schröder et les lois Hartz. Il y a eu aussi cette illusion que les services remplaceraient l’industrie, que les centres de recherche se substitueraient aux usines ; les questions de compétitivité ont disparu des agendas.

Les Français ont pris conscience de l’ampleur du drame. Le rapport que j’ai rendu fin 2012 sur la compétitivité a coïncidé avec cette prise de conscience. Elle était indispensable pour que les politiques se saisissent vraiment du sujet et s’engagent dans une politique de l’offre, non par idéologie mais parce que c’était l’offre qui était en souffrance. François Hollande en a payé le prix avec les frondeurs. Ceux-ci ont vigoureusement contesté son choix qui était effectivement en rupture avec la préférence traditionnelle de la Gauche pour le soutien keynésien de la demande.

Emmanuel Macron a poursuivi et amplifié ce mouvement. Celui-ci sera durable si les Français ont le sentiment que cette politique réussit. Certains signes sont positifs : emplois industriels en croissance, plus de sites industriels qui ouvrent que de sites qui ferment, succès industriels dans certains territoires dynamiques. Or, l’industrie française continue à perdre des parts de marché par rapport aux autres pays européens, ce qui montre que rien n’est acquis et qu’il reste beaucoup à faire !

La réindustrialisation doit devenir une priorité nationale, reconnue comme telle par les Français. Cela veut dire qu’elle doit faire l’objet d’un débat démocratique conclu devant le Parlement. La planification de l’effort public peut en être l’occasion. La recherche et l’innovation, les compétences, l’énergie, la santé… autant de thèmes sur lesquels les acteurs économiques, les syndicats et l’opinion publique ont besoin de connaître les ambitions et les perspectives de l’action de l’État.
Mais il faut aussi construire le récit de la réindustrialisation : pourquoi réindustrialiser ? Comment cela ouvre-t-il à des métiers passionnants ? Comment cela participe-t-il à la souveraineté nationale et à la transition énergétique et écologique ? Redonner à notre pays des marges de manœuvre vis-à-vis de l’extérieur, créer des richesses durables, retrouver la valeur du « faire » et du « savoir-faire », fabriquer les outils de la décarbonation, saisir les opportunités ouvertes dans le recyclage, les plastiques biodégradables, les matériaux isolants, les systèmes énergétiques décarbonés ; inventer la croissance verte plutôt que d’aller vers une décroissance mortifère. Si, grâce à ce récit, nous donnons aux jeunes l’envie d’aller vers l’industrie, nous aurons fait une grande partie du chemin de la reconquête industrielle.

Parlons de l’avenir pour finir… Quelles devraient être les grandes caractéristiques de l’industrie du futur ?

L’industrie de demain, quels qu’en soient les secteurs, ne sera pas celle d’hier. Elle aura au moins quatre caractéristiques. Elle sera d’abord technologique, d’une part parce que les coûts des pays industrialisés les conduisent vers des activités à forte valeur ajoutée, d’autre part parce que la grande bataille entre les trois blocs – Chine, États-Unis, Europe – va être technologique et que nous ne pouvons pas, à notre mesure, en être absents. Cela suppose de relever notre effort de recherche massivement. Il se situe à 2,2 % du PIB, contre 3,1 en Allemagne avec un objectif de 3,5 et 4,5 en Corée. Il y a un vrai risque de déclassement si nous n’allons pas rapidement vers 3 % au moins, soit 20 milliards de plus par an.

Deuxième caractéristique : l’industrie de demain sera numérisée. C’est une évidence mais pas encore une réalité dans notre tissu de PME qui hésite souvent à s’engager dans le « tout numérique ». La France est un des pays d’Europe où la 5G pénètre le plus lentement alors qu’elle est nécessaire pour le dialogue des machines dans les ateliers.

Troisièmement, l’industrie sera écoresponsable. Cela a deux conséquences : les process industriels devront être décarbonés. Cela va coûter très cher et la rentabilité des investissements de décarbonation sera au mieux différée. Il va donc falloir des aides publiques importantes. Les États-Unis ont mis en place un plan d’aide de plus de 400 milliards de dollars pour la décarbonation de l’industrie (l’IRA). Chaque pays européen fait ses efforts à la mesure de ses moyens. Un grand programme européen, fondé sur la capacité d’endettement de l’Europe, serait la bonne réponse à l’IRA. Mais la transition écologique ouvre aussi des opportunités nouvelles. J’en citais plusieurs il y a quelques instants. Il va falloir les saisir pour que ces nouveaux produits soient fabriqués en France et en Europe. Le précédent des panneaux solaires désormais fabriqués à 90 % en Chine doit nous inciter à la vigilance… et à l’action !

Enfin, l’industrie sera électrique, c’est la conséquence de la décarbonation des process. L’industrie aura besoin d’une électricité décarbonée, abondante, prévisible et compétitive. Cela veut dire que le nucléaire devra rester la base de notre système de production électrique et continuer à représenter de l’ordre de 70 % de l’électricité produite. Les errements de la politique énergétique du passé font que notre production d’électricité décarbonée ne retrouvera son équilibre qu’au-delà de 2035-2040 quand les nouveaux réacteurs qui doivent être lancés, je l’espère le plus rapidement possible, délivreront leur production. D’ici là, nous allons vivre avec des solutions provisoires où le gaz et les importations joueront leur rôle alors que la disponibilité d’une électricité à un prix acceptable et prévisible est une condition essentielle de la réindustrialisation.

La destruction d’EDF: Une erreur stratégique voulue

Réduction du nucléaire : Une erreur stratégique voulue

Fabien Bouglé est expert en politique énergétique. En 2019, il est auditionné par la commission d’enquête parlementaire sur les énergies renouvelables de l’Assemblée nationale, et publie un premier ouvrage au retentissement important: Éoliennes, la face noire de la transition écologique (éd. Du Rocher). Chef d’entreprise dans le secteur financier et culturel, il est également élu municipal (divers droite) à Versailles. Son dernier livre, Nucléaire, les vérités cachées, est publié aux éditions du Rocher.. Interview dans le Figaro.

Fabien BOUGLÉ. – En tant qu’observateur de l’action politique dans le domaine énergétique depuis de nombreuses années, je constate que cette question est trop souvent traitée dans une logique court-termiste alors qu’elle devrait être envisagée sur un temps long. Le général de Gaulle et ses successeurs, avaient parfaitement anticipé – avec le déploiement des centrales nucléaires en France – non seulement la question de la qualité de notre approvisionnement électrique pour les foyers et les entreprises, mais aussi l’importance de diminuer notre dépendance aux énergies fossiles et d’assurer notre souveraineté énergétique.

Notre pays avant cette crise énergétique était un des leaders mondiaux en production et en exportation d’électricité. Le fait que le président de la République réunisse simplement maintenant un Conseil de défense sur le sujet montre que nos gouvernants subissent la crise et ne l’ont pas du tout anticipée alors que de nombreux acteurs avaient alerté depuis bien longtemps les pouvoirs publics sur la mauvaise stratégie consistant à sortir du nucléaire. Il y a encore seulement quatre ans le président Macron fermait Fessenheim une centrale nucléaire dans la fleur de l’âge qui avait été entièrement modernisée et actait la fermeture de 14 réacteurs nucléaires d’ici 2035.

C’est l’expression d’un constat d’échec de 20 ans de politique énergétique française qui n’a eu de cesse de se calquer sur l’Energiwende allemand en multipliant les énergies renouvelables éoliennes et panneaux solaires et en délaissant notre patrimoine nucléaire. Et nous en payons aujourd’hui le prix.

Les Français et les entreprises françaises vont payer dans les prochains mois et les prochaines années 20 ans de politique et de propagande antinucléaire fomentées et exacerbées par des jeux d’accord politiciens entre certains partis de gauche et des partis politiques qui se prétendent écologistes.

Le gouvernement explique la crise énergétique par la seule guerre en Ukraine. Jean-Bernard Levy, patron d’EDF, estime-lui que c’est avant tout la loi de fermeture des 14 réacteurs nucléaires, toujours en vigueur, qui a affaibli notre pays. Qui dit vrai ?

Il faut être clair: la crise d’approvisionnement électrique en France n’est en aucun cas due à la guerre en Ukraine. Malheureusement l’idéologie antinucléaire et pro-renouvelable est prédominante dans les sphères du pouvoir et a contaminé un grand nombre de représentants de l’État profond impliqués dans la politique énergétique. Cela signifie que même si le Président Macron a eu conscience de l’erreur stratégique de la sortie du nucléaire en envisageant une volte-face remarquée sur le sujet d’abord dans son plan d’investissement 2030 en octobre 2021 puis lors des annonces de Belfort en février 2022, la loi prévoyant la fermeture de 14 centrales nucléaires a fait un mal considérable à la filière électrique française et à EDF. Les Français et les entreprises françaises vont payer, dans les prochains mois et les prochaines années, 20 ans de politique et de propagande antinucléaire fomentées et exacerbées par des jeux d’accord politiciens entre certains partis de gauche et des partis politiques qui se prétendent écologistes.

Cet état d’esprit de délaissement de notre joyau industriel nucléaire cumulé à des lois envisageant à terme une sortie du nucléaire en France a contribué à une forme de désinvestissement technologique et industriel dans la filière. Comment voulez-vous que le patron d’EDF Jean-Bernard Levy investisse dans une filière d’avenir quand la loi lui demande de fermer 14 réacteurs nucléaires. Oui, la loi de fermeture des réacteurs nucléaires mais aussi l’arrêt de la centrale de Fessenheim ou du programme Astrid de production d’électricité par les déchets des premières centrales, toutes ces décisions politiques ont contribué à un affaiblissement majeur de la qualité d’approvisionnement électrique dont nous payons le prix aujourd’hui.

La guerre en Ukraine en tout cas pour ce qui concerne l’électricité n’a absolument aucun rapport avec l’arrêt de 32 réacteurs sur les 56 en production soit pour des raisons de maintenance soit pour des suspicions de corrosions sur des tuyaux de système de sécurité. Ces problèmes sont la conséquence immédiate du délaissement technologique du nucléaire en France évoqué préalablement et non de la guerre en Ukraine. Ni Zelensky ni Vladimir Poutine ne sont responsables du fait que les gouvernements successifs français ont souhaité se désengager de la filière nucléaire.

La filière nucléaire est donc bien menacée par les opérations de guerre économiques fomentées par des opérateurs comme Greenpeace ou WWF qui militent pour nous contraindre à adopter le mix électrique voisin.

La survie de la filière nucléaire et du premier producteur d’électricité français est-elle menacée ?

Oui et non ! D’abord, on ne peut pas effacer d’un trait de plume la filière nucléaire française du fait que nous disposons en France de 58 réacteurs nucléaires en production ou susceptibles de l’être. Cette filière industrielle pèse 200.000 emplois directs et indirects auxquels il faut ajouter 200.000 emplois induits. C’est donc un acteur majeur de l’emploi en France. De plus grâce au nucléaire la France disposait encore en 2020 pour ses foyers et ses entreprises d’une électricité parmi les moins chers d’Europe assurant la compétitivité de nos acteurs économiques. C’est d’ailleurs pourquoi l’Allemagne n’a de cesse de faire directement ou indirectement la guerre au nucléaire français car notre voisin sait pertinemment que c’est un avantage compétitif et écologique considérable de la France. Non seulement nos voisins ont un besoin très important en charbon pour compenser les chutes de production éolienne, mais en, plus cela leur coûte très cher et est très polluant pour l’Europe contribuant aux perturbations climatiques.

La filière nucléaire est donc bien menacée par les opérations de guerre économiques fomentées par des opérateurs comme Greenpeace ou WWF qui militent pour nous contraindre à adopter le mix électrique voisin. Heureusement une certaine lucidité emporte nos dirigeants qui semblent avoir pris conscience qu’il y avait un souci sur le sujet. Et les dernières décisions d’Emmanuel Macron vont dans le bon sens.

Mais il est vital et urgent de changer de paradigme et de modifier le cap des décisions en matière énergétique en France en particulier dans le domaine des investissements dans les renouvelables qui plombent pour un pitre résultat ceux nécessaires dans le nucléaire. Il faut que nos gouvernants aient le courage de stopper immédiatement la politique d’installation des éoliennes et des panneaux solaires qui détruisent in fine les capacités de développement du nucléaire. C’est cette obsession pour les renouvelables qui sont d’ailleurs un échec retentissant dans le monde entier qui nuit à la capacité de relance du nucléaire en France.

Le président prévoit de présenter aux sénateurs puis aux députés une loi d’exception d’accélération des renouvelables qui va susciter une très forte résistance parlementaire. C’est là une très grave erreur politique dans le contexte actuel. La seule urgence aujourd’hui c’est une loi d’abrogation de la loi de fermeture de 14 réacteurs nucléaire et d’accélération de production de la filière nucléaire pour laquelle Emmanuel Macron recueillerait d’ailleurs une très forte unanimité parlementaire. Il en va de la survie de notre filière industrielle mais aussi sur notre capacité à fournir à nos concitoyens une électricité fiable puissante et peu chère à court, moyen et long terme.

Le système de marché européen est à bout de souffle et d’ailleurs l’Espagne et le Portugal ont quitté ce marché ce qui a eu pour effet de baisser drastiquement le prix spot de ces pays.

En parallèle, Bruxelles planche sur un texte de long terme qui découplera le prix de l’électricité de celui du gaz et un instrument d’urgence qui déterminera un plafond pour le prix de gros de l’électricité. Une réunion d’urgence des ministres de l’Énergie est prévue le 9 septembre. Quel regard portez-vous sur ce texte ? Est-ce une solution à terme ?

Il faut rappeler que grâce au nucléaire le prix spot était en France en 2020 à 32,2 euros le mégawattheure, avec la crise du gaz qui a débuté en 2021 en raison de la faible production des éoliennes en Europe le prix spot a atteint 109 euros le mégawattheure en moyenne sur l’année et le marché a terme a fixé un prix spot à 1000 euros le mégawattheure à échéance 2023. Le marché de l’électricité devient fou et extrêmement spéculatif en raison d’une part de la forte demande de gaz des pays qui ont fortement investi dans les éoliennes mais aussi en raison de la diminution importante de notre disponibilité nucléaire phénomène accentué par le conflit armé en Ukraine qui déstabilise l’approvisionnement en gaz de pays comme l’Allemagne. La France n’important que 16% de son gaz de Russie est beaucoup moins impactée par la guerre en Ukraine mais par contre subit de plein fouet l’explosion du prix de l’électricité dû à la pénurie de production généralisée en Europe et à l’explosion du prix du gaz. Il faut donc effectivement décorréler le marché de l’électricité du prix du gaz mais cela sera insuffisant car nous devons également relancer urgemment nos centrales nucléaires à l’arrêt.

Le système de marché européen est à bout de souffle et d’ailleurs l’Espagne et le Portugal ont quitté ce marché ce qui a eu pour effet de baisser drastiquement le prix spot de ces pays. Je l’avais mentionné lors de notre précédent entretien lors duquel j’avais précisé que le système européen de l’électricité allait devoir se réformer au risque d’une implosion qui entraînerait des conséquences politiques considérables.

Quelles sont les capacités d’interconnexions électriques entre pays européens ? Peut-on espérer que des connexions à l’échelle européenne puissent enrayer, en partie, la crise énergétique ?

Les interconnexions entre les pays européens existent déjà et un site comme electricitymap.org nous informe quotidiennement sur les importations et exportation d’électricité entre pays limitrophes. Le souci est que dans cette période de pénurie électrique les pays qui ont un déficit vont devoir importer des pays voisins, phénomène qui accentue l’inflation électrique. Et encore nous sommes en été et le besoin est beaucoup moins élevé. Il est évident qu’en hiver si rien n’est fait pour relancer nos centrales nucléaires, nous allons assister à une nouvelle flambée des prix spot qui a un moment ou autre se répercuteront sur la facture des entreprises et des foyers. Il est important de savoir qu’en 2022 notre pays a dû importer massivement de l’électricité d’Allemagne au premier semestre alors qu’avant la fermeture de Fessenheim nous étions très largement exportateurs vers ce pays d’une électricité propre. Nous sommes donc désormais dans une situation inverse de dépendance énergétique vis-à-vis de l’Allemagne qui nous vend désormais de l’électricité au charbon ce qui accélère en outre notre déficit commercial.

L’interconnexion à l’échelle européenne dans cette période de pénurie électrique est donc plus un élément aggravant de la crise et participe également de cette logique fédéraliste de l’UE dont on voit aujourd’hui les limites techniques mais aussi idéologiques.

Aérien et Environnement- « Tout miser sur les carburants d’aviation durables est une erreur »

Aérien et Environnement- « Tout miser sur les carburants d’aviation durables est une erreur »

Pour développer les SAF, ces carburants sans pétrole auquel le gouvernement va dédier 200 millions d’euros, selon l’annonce d’Emmanuel Macron ce mardi. Mais pour le directeur général d’Air Caraïbes, Marc Rochet, cette solution s’avère trop chère et surtout pas assez économe en émissions carbone. Interrogé par La Tribune lors du Paris Air Forum, ce vendredi, il détaille d’autres pistes à privilégier selon lui.

Invité au Paris Air Forum organisé par La Tribune ce vendredi, le directeur général d’Air Caraïbes et président de French Bee a, en effet, souligné les ressources limitées en biomasse. « Il y a déjà actuellement un vrai débat sur comment utiliser cette matière qui n’est pas en quantité suffisante pour le secteur du transport aérien », pointe-t-il, estimant que les quantités disponibles ne répondent qu’à 20% des besoins de l’aviation.

Et ce n’est pas la seule difficulté à laquelle se heurtent ces carburants d’un nouveau genre, selon lui. Car ils coûtent bien plus cher que le kérosène. Entre quatre et cinq fois plus et « nous ne voyons pas de baisse significative du tarif à venir », explique Yan Derocles, analyste chez Oddo Securities, également présent au Paris Air Forum ce vendredi. « Une énergie qui coûte quatre fois plus cher, je n’ai pas tendance à y croire », tance Marc Rochet qui avance un troisième argument : « je voudrais que tout le monde soit conscient que quand un avion vole une heure, une minute, ou 100 kilomètres, qu’il soit alimenté à 100% par du SAF ou par du kérosène, il émet la même quantité de CO2 dans l’air ».

En effet, en vol, rempli de carburant vert ou polluant, l’avion brûle la même quantité de CO2. En aparté, Marc Rochet a précisé que les économies de CO2 sont réalisées lors de leur confection puisque les SAF ne nécessitent pas d’énergies fossiles. Même s’ils sont donc moins polluants, Marc Rochet fait valoir qu’ils sont certes « une très belle solution », mais qu’il faut « une quantité d’électricité incroyable pour en produire qui est, actuellement, totalement hors de portée de ce qu’on sait produire ».

Baisser la consommation et davantage de passagers

« Je crois que les SAF feront partie du dispositif mais tout miser là-dessus est une erreur et nous allons le payer très cher », conclut celui qui plaide davantage en faveur d’innovations technologiques au service d’une baisse de la consommation des avions. « À chaque saut technologique, elle diminue de 25% », assure-t-il, estimant « qu’on ne va pas assez vite ». Ainsi, « vous revenez assez vite à l’émission de gaz carbonique actuelle ou d’il y a 10 ans », fait-il valoir, considérant qu’« on ne met pas assez le paquet là-dessus ».

En outre, au défi de la hausse des coûts induite par la décarbonation du secteur, il affirme que les solutions sont multiples et passent par des avions plus modernes, une réforme du contrôle aérien, déployer du matériel électrique dans tous les aéroports, optimiser les trajectoires ou encore concevoir des avions plus légers. Il avance également la possibilité d’une meilleure optimisation de la place à leur bord. Et d’expliquer que « nous avons été les premiers et les seuls à densifier l’avion en mettant dix sièges de front dans nos A350, plutôt que 8 ou 9. Bien sûr, c’est moins confortable, mais avec ça on est capable de produire des prix qui attirent le client car ils restent accessibles ». « Je pense que l’industrie devra être capable d’absorber une partie de ces coûts », conclut-il, n’excluant toutefois pas qu’une partie de cette hausse devra être supportée par le client.

Des innovations technologiques et plus de passagers à bord des avions : une solution qui devrait également permettre à la compagnie de répondre au grand nombre de voyageurs à venir. Un point sur lequel alerte la députée écologiste, présidente de la commission transports et tourisme, Karima Delli, craignant que le nombre de passagers actuel, 4,3 milliards, soit doublé. Répondant, lors du Paris Air Forum, à Marc Rochet, elle dénonce que « lorsque vous multipliez le nombre de voyageurs transports et que vous doublez votre flotte, même si vous parvenez à baisser votre consommation de 25%, le bilan reste catastrophique. La question qui se pose est donc de savoir comment allons-nous réguler une croissance qui va ne faire que s’accélérer ». Face à ce phénomène, « certains aéroports décident de baisser le nombre de vols. Il y a, en effet, cette réflexion au niveau européen », fait-elle valoir.

Humiliation d’Élisabeth Borne par Macron : une erreur politique grave

Humiliation d’Élisabeth Borne par Macron : une erreur politique grave

En humiliant Elisabeth Borne, à ses yeux coupable d’avoir assimilé le RN à un « héritier de Pétain » et de traiter « d’arguments moraux » la formation d’extrême droite, Emmanuel Macron a bien plus qu’heurté la conscience démocrate : il l’a ébranlée. N’en déplaise à ses calculs politiques, la lutte contre un RN notabilisé qui n’a jamais été aussi proche du pouvoir suprême requiert d’être sur tous les terrains : ceux, factuels, qu’il énumère avec raison ; celui, moral, qu’il rejette de manière insensée. Que pèse donc l’absconse « décivilisation », sur laquelle il se polarise pour séduire droite et extrême droite, face au « chaos civilisationnel » que promet Marine Le Pen une fois installée à l’Elysée ? Monsieur le Président, de grâce, ne vous trompez pas de stratégie. Par Denis Lafay dans la Tribune

« Monsieur le Président, je vous fais une lettre, que vous lirez peut-être si vous avez le temps. Incompréhensible et préoccupante est votre humiliante critique des déclarations de votre Première Ministre Elisabeth Borne assimilant le RN à un « héritier de Pétain ». Vous jugez que le combat contre l’extrême droite ne doit plus convoquer « d’arguments moraux » ? Penser ainsi est une erreur. Et même davantage : une faute.

Ecartons-nous des jugements passionnés et restons sur le domaine scientifique : tout historien spécialiste de la Seconde guerre mondiale, de l’antisémitisme ou de l’extrême droite peut démontrer que le fondateur du Front National Jean-Marie Le Pen était un Pétainiste dévoué – ainsi Laurent Joly, directeur de recherches au CNRS, rappelant (Le Monde, 2 juin) que le père de Marine distribuait le premier journal pétainiste d’après-guerre et conduisit la campagne électorale de Jacques Isorni, avocat de l’ancien chef du régime vichyste. Ecartons-nous des raisonnements moraux… mais tout de même. Elisabeth Borne est fille de Joseph. Arrêté par la Gestapo en 1943, il est l’un des six rescapés d’un convoi de 1 250 personnes déportées à Auschwitz. De l’abomination il ne s’échappera jamais vraiment, se suicidant en 1972 à l’âge de 47 ans. Sa fille, alors âgée de 11 ans, deviendra pupille de la nation. Peut-être est-elle un petit peu légitime pour aborder « moralement » cet héritage pétainiste ? Ecartons-nous, enfin, des calculs politiques – parmi eux, ne pas effrayer la frange radicale des LR – au nom desquels vous justifiez votre recadrage. Car ils sont injustifiables.

Vous avez raison de vouloir mener le combat contre le RN sur les sujets qui font sa popularité ; mais de la velléité aux actes, il y a une brèche, il y a même un gouffre. Sinon, comment expliquer que le RN poursuive inexorablement son ascension dans les bulletins de vote ? Entre vouloir mener et mener, il existe un sacré hiatus, que la droitisation de votre stratégie – aux fins de dégager ici ou là une majorité parlementaire de circonstance – creuse plus encore. Vous avez raison de ne pas stigmatiser les électeurs du RN ; nombre d’entre eux se réfugient là où ils espèrent une parade au désarroi dans lequel l’extraordinaire complexité du monde, la somme folle d’adversités – inflation, anxiété, désertification, insécurité, précarité, géopolitique incandescente -, et, il faut le reconnaître, un peu de votre politique les précipitent.

Mais vous avez fondamentalement tort d’estimer que ces priorités doivent justifier de taire la réalité xénophobe, nationaliste, anti-sociale, haineuse du Rassemblement national. Combattre le RN pour que Marine Le Pen ne soit pas votre successeure en 2027 réclame d’être sur tous les fronts. Et celui de dire ce qu’est l’idéologie véritable du RN n’est pas moins cardinal que celui de conduire une politique efficace là – l’emploi, la sécurité, l’immigration, le réaménagement du territoire, etc. – où le parti « héritier de Pétain » cultive sa cote. Entendez-vous les déclarations, dans ce sens, des ministres Eric Dupond-Moretti et Bruno Le Maire, et l’émoi provoqué au sein de vos troupes ?

Faire front au front, c’est lutter contre lui sur tous les terrains : celui des idées et celui des actes. En même temps, selon votre mantra. Refuser d’attaquer le RN sur le terrain de sa racine, de son poison idéologique, c’est, finalement, favoriser la stratégie usurpatrice de dédiabolisation que Marine Le Pen, Jordan Bardella et leur équipe entreprennent avec succès. Nul doute que le champagne a coulé à flots au siège du RN lorsque votre « sortie » s’est fait connaître. Quel cadeau vous avez offert à l’extrême droite ! Pouvait-elle espérer plus beau présent que d’entendre le chef de l’Etat corroborer sa stratégie de purification ? Votre relativisme idéologique n’est pas une erreur ; il est une faute.

Asséner, marteler sans jamais fléchir, ce que le FN fut et ce que le RN est, c’est conserver la mémoire d’une réalité qui fond comme neige au soleil, jusque dans des cercles sociaux que l’on pensait épargnés. Qui n’a pas surpris, dans son entourage même le plus éclairé, une voix apaisée, une voix déculpabilisée, une voix indulgente, et même une voix complice invitant, par exemple, à « essayer pour voir » ? Les digues partisanes avaient cédé les premières, celles des consciences citoyennes et républicaines sombrent elles aussi.

L’icône du RN a d’ores et déjà gagné le combat de la normalisation. Vous avez raison de travailler à mettre en exergue les innombrables défaillances, manquements et incompétences propres au programme du RN. C’est ce qui a déterminé, pour partie, sa défaite en 2017. Mais il ne vous aura pas échappé que « la » Marine Le Pen de 2023 n’est plus celle d’il y a six ans – ni qu’une partie de la droite républicaine a entamé un travail de sape visant à constituer la même union des droites qui a pavé en Italie l’arrivée au pouvoir de Giorgia Meloni. Le soin que Marine Le Pen et ses troupes consacrent à leur notabilisation n’est pas que comportementale ; il a contaminé le domaine programmatique, et on peut parier que d’ici 2027 la candidate avec succès esquivera tout écueil, ne se risquera à aucune proposition disruptive qui mettrait en danger son crédit politique. N’est-ce pas avec maestria qu’elle a traversé le tunnel de la réforme des retraites ? Les occasions de la mettre en défaut se sont dissoutes.

Une semaine avant ce « recadrage », vous vous atteliez en conseil des ministres à assimiler la violence dans la société à un « processus de décivilisation ». Vous interveniez en réaction à des drames qui venaient d’affecter les communautés policière et hospitalière, aux menaces qui n’épargnent plus les élus et les soignants. Vous qui nous avez habitués à l’arbitrage de la raison nous avez désagréablement étonnés en cédant à la tentation de l’émotion à propos de faits d’actualité qui font les choux gras des plateaux de télévision et enflamment les réseaux sociaux – nonobstant des réalités qu’il ne s’agit pas d’éluder. Il n’aura échappé à personne que le terme de décivilisation prête à une multitude d’interprétations oscillant de la dégradation de la civilité au dépérissement de la civilisation en passant par le délitement du civisme. Un marécage sémantique dont les ténors des Républicains se sont depuis longtemps saisis, et que l’illustre figure de l’extrême droite que Renaud Camus a même choisi pour titrer l’un de ses livres ; jouer vous-même de cette confusion à des fins de stratégie politique parlementaire est-il responsable ?

Mais mon propos n’est pas de rajouter une énième contribution au débat sur le sens de l’occurrence et sur celui de votre évocation. Il est de vous, de nous questionner sur l’état de notre civilisation si Marine Le Pen vous succède à l’Elysée et Jordan Bardella prend ses quartiers à Matignon. Y songez-vous ? Sans nul doute. Ou alors votre compagnonnage déclaré de Paul Ricoeur n’aurait été que maléfique duperie. Mais alors comment, à une semaine d’intervalle, avez-vous pu affadir gravement la lutte contre l’extrême droite et vous émouvoir d’une supposée décivilisation qui n’est rien, absolument rien, face au chaos civilisationnel auquel le RN au pouvoir promet toute la nation ? Le mystère reste entier ».

La personnalisation de la nature est une erreur

nature: La personnalisation est une erreur

La personnalisation de la nature est une erreur

Louis de Redon est par ailleurs avocat Of Counsel au sein du cabinet Mialot Avocats où il conseille et défend, notamment, plusieurs associations de protection de l’environnement et collectivités territoriales.

Face aux menaces toujours plus prégnantes des activités humaines et des pollutions qu’elles génèrent, et alors que nous sommes entrés dans ce que les scientifiques appellent la sixième extinction de masse, beaucoup s’interrogent sur le cadre juridique dans lequel nous évoluons : celui-ci n’interdirait-il pas, de manière structurelle, une politique ambitieuse de conservation de la nature ?
Comme si tous nos efforts seraient vains tant que la table des paradigmes fondamentaux n’est pas renversée.

Parmi les objets principiels questionnés, celui de la singularité de l’être humain dans l’ordre du vivant ; et donc la personnalité juridique qui lui est accordée.
Ainsi, dans le débat public, l’idée est portée de faire de la nature, et/ou de certaines de ses composantes, des personnes. À en croire les tenants de cette innovation, qui n’en est pas une, la personnalité serait le remède à bien des maux. La nature, jusque-là sans voix et sans droit, serait alors considérée par la justice.
Quelle est la finalité recherchée d’une telle proposition ?

Si l’objectif est de parvenir à une sanctuarisation du vivant non humain à hauteur du vivant humain, pour garantir la conservation de la nature, alors ce saisissement relève d’une vision fantasmée de la condition d’« Homo sapiens ».
Pour apporter des éléments de réponse, il est primordial de s’interroger sur ce qu’est la personnalité juridique (et surtout sur ce qu’elle n’est pas) : son périmètre, les enjeux qui y sont attachés et, bien entendu, les effets de son attribution.

En résumé, dire si la personnalisation de la nature serait une nouvelle fausse bonne idée.
La personnalité est avant tout une fiction juridique. Au sens étymologique (du latin persona : le « masque d’acteur »), c’est le masque dont les citoyens s’affublent pour prendre part à la comédie humaine. Cette fiction nous impose de jouer dans une pièce aux règles clairement définies. Ainsi, une personne est avant tout un acteur de la vie en société, soumis au droit.

La personnalisation de la nature: une erreur

La personnalisation de la nature: une erreur

Louis de Redon est par ailleurs avocat Of Counsel au sein du cabinet Mialot Avocats où il conseille et défend, notamment, plusieurs associations de protection de l’environnement et collectivités territoriales.

Face aux menaces toujours plus prégnantes des activités humaines et des pollutions qu’elles génèrent, et alors que nous sommes entrés dans ce que les scientifiques appellent la sixième extinction de masse, beaucoup s’interrogent sur le cadre juridique dans lequel nous évoluons : celui-ci n’interdirait-il pas, de manière structurelle, une politique ambitieuse de conservation de la nature ?
Comme si tous nos efforts seraient vains tant que la table des paradigmes fondamentaux n’est pas renversée.

Parmi les objets principiels questionnés, celui de la singularité de l’être humain dans l’ordre du vivant ; et donc la personnalité juridique qui lui est accordée.
Ainsi, dans le débat public, l’idée est portée de faire de la nature, et/ou de certaines de ses composantes, des personnes. À en croire les tenants de cette innovation, qui n’en est pas une, la personnalité serait le remède à bien des maux. La nature, jusque-là sans voix et sans droit, serait alors considérée par la justice.
Quelle est la finalité recherchée d’une telle proposition ?

Si l’objectif est de parvenir à une sanctuarisation du vivant non humain à hauteur du vivant humain, pour garantir la conservation de la nature, alors ce saisissement relève d’une vision fantasmée de la condition d’« Homo sapiens ».
Pour apporter des éléments de réponse, il est primordial de s’interroger sur ce qu’est la personnalité juridique (et surtout sur ce qu’elle n’est pas) : son périmètre, les enjeux qui y sont attachés et, bien entendu, les effets de son attribution.

En résumé, dire si la personnalisation de la nature serait une nouvelle fausse bonne idée.
La personnalité est avant tout une fiction juridique. Au sens étymologique (du latin persona : le « masque d’acteur »), c’est le masque dont les citoyens s’affublent pour prendre part à la comédie humaine. Cette fiction nous impose de jouer dans une pièce aux règles clairement définies. Ainsi, une personne est avant tout un acteur de la vie en société, soumis au droit.

La personne est ensuite un « sujet de droit ». À ce titre, elle dispose de droits et de devoirs : des obligations regroupées au sein de son « patrimoine » (du latin pater : ce qui vient du « père ») ; un patrimoine dont nous avons hérité et que nous ambitionnons de transmettre aux générations futures.

Pour que cette transmission ait lieu, nous devons faire des choix. La personnalité, c’est cela : être en capacité de choisir. Être capable de différencier le bien du mal, le juste de l’injuste, le légal de l’illégal, et de répondre de ces choix devant la justice des hommes. Doués de raison, « Homo sapiens » est l’animal sachant, et la raison, le savoir et la capacité à dépasser notre instinct de prédateur, emportent notre responsabilité.
Les personnes sont les entités juridiques responsables de leurs actes.
Il existe deux grands types de personnes : les hommes et les femmes de chair et d’os – personnes physiques –, et leurs regroupements – personnes morales – (l’État, ses collectivités, les entreprises et les associations).
Qu’elles soient physiques ou morales, ces personnes sont soumises au droit, disposent d’un patrimoine, ont des obligations de faire et de ne pas faire, et engagent leur responsabilité devant les tribunaux.
Il fut un temps où les animaux étaient appréhendés par notre système judiciaire comme des personnes.
Au Moyen Âge, les cochons étaient jugés pour homicide et les pucerons pour ravages aux cultures. Un avocat était commis d’office. Le procureur prenait ses réquisitions. Et le glaive de la justice tombait : de l’écartèlement en place publique (puis exposition au gibet) de la truie mangeuse d’enfant à l’excommunication (à coups de goupillons) de moucherons fléaux des vergers, la machine pénale ne faisait pas dans le détail.
On le comprend, la personnalité n’est nullement un régime de protection. Et il existe des choses – res – qui disposent d’une protection intégrale et effective, à l’image des monuments historiques.
En réalité, la personnalité est un statut juridique qui soumet le sujet de droit à la loi ; qu’elle protège ou qu’elle ne protège pas (voire qu’elle menace et/ou sanctionne).
Pendant des siècles, le viol sur conjoint, une personne, était légal ; il était même encouragé. Il s’appelait alors « devoir conjugal » : que l’épouse consente, ou pas, à l’acte sexuel avec son époux, elle y était tenue, car soumise à cette règle du mariage (abrogée en 1990 en France).

Aujourd’hui encore, des dizaines de SDF meurent de froid chaque hiver dans la rue. Or ils disposent de la personnalité. Des milliers migrants meurent noyés chaque année dans la Méditerranée. Ils disposent aussi de la personnalité. Ce qui fait que les SDF et les migrants arrêteront de mourir sous notre regard aussi indifférent que coupable, ce n’est pas leur statut de personne, mais bien le régime juridique que nous déciderons, ou pas, de leur attribuer et les moyens humains, matériels et financiers, que nous allouerons, ou pas, à leur sauvetage.
Si nous attribuons la personnalité à certains fleuves, comme la Loire par exemple, qu’est-ce que cela changera ?

Si nous envisageons de passer par la création d’une association, c’est-à-dire le regroupement de femmes et d’hommes autour d’un objet visant à porter la voix de Loire dans le débat public et devant les tribunaux, alors cette solution existe déjà ! Elle est déjà inscrite dans notre droit : les associations de protection de l’environnement sont légions et elles ont joué, jouent encore et joueront toujours, un rôle aussi déterminant qu’indispensable en matière de lutte écologique.

En revanche si l’ambition est de donner la personnalité au fleuve lui-même, il faut alors se demander quels seront les droits et devoirs à lui opposer. Par exemple, dire en cas de crue si la Loire est responsable des dommages qu’elle cause et devant quelle juridiction elle aura à en répondre.
En réalité, la Loire est « objet de droit ». Elle fait partie du patrimoine commun de la Nation, res communis, tout comme la biodiversité ou les forêts, et nous avons l’obligation de la protéger.

Ce qu’il convient donc de faire, ce ne n’est pas de lui attribuer des droits et des devoirs, mais d’en imposer aux femmes et aux hommes qui sont interaction avec elle ; au premier rang desquels, les personnes qui en ont la charge : collectivités et administrations, mais aussi leurs émanations (comme l’Établissement Public Loire), qui établissent les règles d’usage et de conservation (et qui sont chargées d’en faire respecter l’application).

En cas de crue dévastatrice, ce n’est évidemment pas la responsabilité du fleuve qui est engagée, mais bien celle des élus et des techniciens qui ont, ou pas, établi le plan de prévention des risques et réalisé, ou pas, les investissements structurels nécessaires (déversoirs, barrages,…).

Finalement, si nous retenons la « patrimonialité » commune de la nature, qui est une belle idée interdisant une appropriation privée du vivant tout en mettant la communauté des hommes de manière solidaire face à sa responsabilité, la personnalité est alors non seulement inutile, mais aussi incompatible.

En effet, nous sommes, et serons toujours, dépendants des ressources naturelles et contraints à des prélèvements (de préférence responsables et durables). Or, on ne peut pas être une personne et entrer, même en partie, dans le patrimoine, même commun, d’une autre personne (il s’agit du principe d’indisponibilité du corps humain). Cela nous renverrait à une période de notre histoire où la propriété et l’exploitation de personnes par d’autres personnes étaient juridiquement possibles. Cela n’est évidemment plus acceptable.
La remise en cause de la summa divisio, c’est-à-dire la distinction cardinale entre les personnes et les choses, n’est pas un sujet de conservation de la nature. Elle relève d’une forme de misanthropie : elle pose la haine de l’être humain, et la négation de sa singularité dans le monde du vivant, comme un moyen de rupture écologique alternatif à une transition respectueuse de nos acquis humanistes.

Le mouvement d’écologie profonde pose une égalité biosphérique de principe (tous les êtres vivants seraient d’égale dignité), autour d’une affirmation de l’antispécisme (un mouvement qui entend mettre fin à la discrimination des hommes envers les animaux), et la remise en cause de la personnalité juridique est structurante de ce choix civilisationnel. Il s’agit d’un combat politique et idéologique bien plus qu’écologique.

Cela n’est assurément pas l’ambition de nombreuses personnes qui s’interrogent sur la personnalité. Il peut alors être soumis à leur critique que donner à la nature un statut identique à celui des hommes conduit finalement à l’assimiler à ce que nous sommes plutôt qu’à la reconnaître pour ce qu’elle est. Et cela serait finalement une négation de la singularité du vivant non humain.
Ou bien est-ce un simple cache-sexe posé devant notre incapacité à faire des choix qui nous engagent et qui nous responsabilisent face à la crise que nous provoquons !
Or, nous n’avons plus le temps pour les fausses bonnes idées, pour le greenwashing ou pour l’alibi écologique aux luttes idéologiques.

Nous sommes soumis à une obligation de résultat : sauver la biodiversité ou périr avec elle. Si la personnalité a été attribuée à la nature, ou à certaines de ses composantes, dans quelques autres pays à la culture juridique bien différente de la nôtre (comme l’Équateur, la Bolivie, Inde, la Colombie ou encore la Nouvelle-Zélande), le moins que l’on puisse dire, c’est que cela n’a pas entraîné de progrès foudroyants en matière de protection de l’environnement ; parfois même l’inverse.

En conclusion, il convient de dire avec force que la personnalisation de la nature s’inscrit soit dans une conceptualisation anthropocentrée du monde qui nous entoure, soit dans la négation de la dignité humaine qui est au cœur de notre projet de société ; il n’y pas d’alternative.

En tout état de cause, l’attribution de la personnalité n’est point ajustement juridique. Il s’agit d’un séisme qui ébranle l’édifice même de cinq cents ans de construction de l’État de droit et d’affirmation progressive des droits de l’Homme (sur la notion d’État, voir aussi les trois leçons au Collège de France de Pierre Bourdieu).

La nature ne peut être juridiquement une personne ; sauf à redéfinir ce qu’est une personne et donc ce qu’est le droit et ce qu’est notre société.

Entre le paradis supposé – voire fantasmé – de la personnalité, et l’enfer supposé – voire caricaturé – des choses, nous sommes pour l’instant au purgatoire du brainstorming…
Plutôt que de soumettre la nature aux choix des hommes, pourquoi ne pas la reconnaître (enfin) comme un véritable objet de droit ; un objet, certes, mais un objet singulier, précieux et fragile, devant être saisi à la fois avec force et délicatesse par un droit sui generi. Une troisième voie juridique, ni personne, ni chose ; une voie sur mesure tracée en fonction des enjeux de conservation, mais aussi de responsabilisation des acteurs humains.

dans The Conversation

Liquidation de Camaïeu : 2600 salariés concernés par cette erreur de gestion

Liquidation de Camaïeu : 2600 salariés concernés par cette erreur de gestion

 

 

Sur  franceinfo Olivier Guivarch, secrétaire général de la fédération des services CFDT, après l’annonce du placement en liquidation judiciaire de l’enseigne Camaïeu. Selon lui, les salariés qui « sont en souffrance » subissent avec cette liquidation les « mauvais choix de gestion » de l’entreprise.

Comment a été reçue cette annonce par les salariés de Camaïeu présents avec vous au tribunal de commerce ?

Olivier Guivarch : Derrière les chiffres, on parle de 2 600 salariés. Des femmes, beaucoup, des hommes, qui sont en souffrance, parce qu’ils subissent de mauvais choix de gestion. Ils défendaient la marque Camaïeu pour certains depuis plusieurs dizaines d’années, avec des salaires faibles, ceux du commerce de l’habillement. Ils vont perdre leur emploi dans les jours à venir. Donc derrière les chiffres ce sont des histoires d’hommes et de femmes qui sont en grande difficulté.

La fermeture doit intervenir sous trois jours, avec des stocks à vider d’ici samedi. Peut-on parler d’une situation particulièrement brutale ?

C’est un monde qui s’effondre, j’espère que les consommateurs vont avoir un peu de gratitude envers les vendeuses et les vendeurs. J’espère qu’ils vont se comporter correctement, parce qu’il ne faut pas rajouter ça aux salariés.

« Maintenant on va rentrer dans une période très dure qui va se poursuivre, les salariés vont devoir faire le deuil de leur emploi. » Ils vont devoir rester en contact avec leurs collègues et surtout les représentants syndicaux pour avoir des informations fiables sur la liquidation judiciaire. Et puis on doit mobiliser le service public de l’emploi. »

Est-ce que cette catastrophe était évitable ?

Si le tribunal de commerce a jugé que le plan de continuation de l’actionnaire n’était pas viable, si Bercy explique qu’on ne peut pas effacer les dettes comme ça, je pense qu’il faut d’abord se tourner vers les choix de gestion de l’actionnaire, pas forcément sur l’État. Ce qui est sûr, c’est que le commerce de détail de l’habillement subit une crise depuis 15 ans. Il y a des changements d’habitude des consommateurs, il y a des modifications profondes dans les processus de distribution et de consommation. Et c’est très dur pour les salariés parce qu’on a du mal à anticiper avec les employeurs ces processus. On a besoin de former les salariés à de nouveaux métiers, on a besoin d’investissements dans les entreprises pour diversifier les manières de vendre.

Est-ce qu’il faut mener une réflexion plus générale sur la filière et sur la région des Hauts-de-France, encore une fois frappée par cette situation ?

Oui, les Hauts-de-France sont très touchés. La région a aussi une capacité de résilience. Il y a des emplois dans la région, des tensions sur certains secteurs. Le plus difficile c’est d’accompagner les salariés avec le service public de l’emploi, pôle emploi, les missions locales pour les plus jeunes, parce que les salariés ont besoin d’être aidés dans cette période.

Élisabeth Borne à Matignon: une erreur de casting

Élisabeth Borne à Matignon: une erreur de casting

 

Plusieurs médias évoquaient ces derniers jours  l’éventualité de la nomination d’Élisabeth Borne  à Matignon. C’est fait, ce sera elle après le déjà transparent Castex. Une vraie surprise car l’intéressée ne s’est jamais caractérisée par un grand charisme, ni par un grand modernisme. Elle est plutôt l’incarnation de la technocrate aux ordres  qui se contente de répéter fidèlement les propos du patron président.Par ailleurs, une experte de la langue de bois-Exactement d’ailleurs ce que recherchait Macron, un Premier ministre totalement a sa botte qui ne puisse pas lui faire la moindre ombre comme ce fut le cas y compris avec Édouard Philippe. Il choisit  une technocrate sans envergure qui n’a jamais montré la moindre originalité , le moindre dynamisme, le moindre réel engagement social concret. Elle a obtenu son brevet de socialisme dans le feutré des cabinets ministériel. Bref un très  pale copie de Macron.

Ainsi Macron pourra continuer d’intervenir seul et sans intermédiaire, ni d’un parti, ni d’un gouvernement, ni d’un premier ministre. Partout où Élisabeth Borne est passée dans les cabinets ou au transport, au ministère du travail, elle ne laissera pas un grand souvenir d’innovation et de démocratie participative. Elle se dit de gauche mais on se demande de quelle gauche, sans doute de cette ancienne gauche bobo du PS précisément un parti enterré par les  technocrates et autres bobos qui s’étaient appropriés le parti et ont fini par le tuer du fait de leur ignorance, voire parfois leur mépris des réalités sociales et sociétales .

Avec une Première ministre  de gauche comme celle,-là la France n’a guère à craindre des révolutions et même du changement. Sa seule qualité est sa fidélité et son énorme capacité à répéter les mots du président. Aux yeux de Macron des qualités essentielles. Une telle première ministre ne résistera pas longtemps en face d’une conjoncture politique qui va se durcir sitôt que chacun aura oublié- surtout au gouvernement- les promesses électorales et qu’il faudra affronter les difficultés sociales qui se préparent en particulier du fait de l’inflation qui ronge le pouvoir d’achat sans parler des autres problèmes nombreux non résolus, comme la compétitivité, la réindustrialisation, la réforme de l’Etat ou encore la dérives des comptes.

Un président énarque qui choisit encore une   techno qui n’a jamais été élue; Une haute fonctionnaire ; Une responsable sans réelle conviction politique.  Comme transgression on fait mieux !Et pour première preuve lors de la transmission de pouvoir à Matignon une intervention d’un vide absolu conforme à la posture habituelle de l’intéressée. De toute évidence, il y a vraiment erreur de casting.

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