Archive pour le Tag 'Erdogan'

Erdogan , Intermédiaire et complice de Poutine

Erdogan , Intermédiaire et complice de Poutine

La Turquie qui évidemment n’est pas un État de droit mais une dictature qui s’accommode évidemment du régime politique de Poutine. Même si dans le cadre du conflit actuel Erdogan tente de d’équilibrer ses relations entre la Russie et l’Ukraine; Pour des raisons économiques mais aussi politiques afin de compenser la faiblesse de son audience en interne par une posture internationale plus présentable NDLR

« l’intimité stratégique » du régime d’Erdogan avec les démocraties européennes reste limitée, analyse, dans une tribune au « Monde », Marc Pierini, ancien ambassadeur de l’Union européenne en Turquie.

La Turquie de Recep Tayyip Erdogan peut-elle s’asseoir durablement à la table des démocrates européens ? A la veille du double sommet de Prague qui doit débattre, le 6 octobre, de l’Europe politique, la question peut paraître déplacée. Il semble évident que, dans le contexte sécuritaire entourant l’invasion russe de l’Ukraine, les vingt-sept chefs d’Etat et de gouvernement ont souhaité dans leur majorité la présence de leur homologue turc. Néanmoins, au-delà d’une invitation de circonstance, cette question se pose crûment.

Le débat sur l’Europe politique, notamment sur la proposition française de Communauté politique européenne – une structure plus large que l’Union européenne (UE) qui n’impliquerait pas nécessairement une adhésion future à celle-ci –, est quasiment inextricable si on veut lui donner une traduction institutionnelle. Inviter le chef de l’Etat turc au sommet politique du 6 octobre (qui doit être suivi, le 7 octobre, d’un Conseil européen informel) obéit certes aux nécessités du moment, mais son implication durable dans un format institutionnel pérenne fondé sur une « intimité stratégique » avec l’UE est un choix bien plus ardu.

Lire aussi : Article réservé à nos abonnés « Erdogan est l’homme de contact des Russes et des Ukrainiens : il a une relation forte avec Zelensky et s’entend bien avec Poutine »
En clair, il s’agit de savoir si un nouveau cadre intergouvernemental distinct de l’UE doit inclure l’autocratie turque qui, par sa Constitution de 2017 et le fonctionnement de ses institutions, s’est positionnée aux antipodes des principes et valeurs européens.

Dans le camp du oui, les arguments sont bien connus : la Turquie appartient à l’OTAN, elle a condamné l’invasion russe sans équivoque, elle a fermé les détroits des Dardanelles et du Bosphore dès le début des hostilités, elle s’efforce de jouer un rôle de facilitatrice entre la Russie et l’Ukraine, et elle déploie à cet effet son efficace réseau diplomatique. Le dirigeant turc serait donc utile à la cause de la paix entre Russie et Ukraine. Mais au-delà ?
Dans le camp du non, les arguments sont clairs : la Turquie n’est plus un Etat de droit, elle tient en permanence un discours anti-occidental et imprévisible, elle remet en cause des frontières internationalement reconnues, et elle a fourni un avantage stratégique considérable au Kremlin en achetant des missiles S-400. Cette décision aboutit en 2019 à éliminer du flanc sud de la Russie des systèmes de l’OTAN équivalents et, par ricochet, conduit en 2020 les Etats-Unis à renoncer à livrer 120 chasseurs furtifs F-35 initialement destinés à l’armée de l’air et à la marine turques. Dès lors, où serait l’intimité stratégique ?

Erdogan : Veut continuer à tuer la démocratie

 Erdogan : Veut continuer à tuer la démocratie

 

 

Avec la condamnation du philanthrope Osman Kavala à une perpétuité incompressible, le président turc nargue l’opinion internationale et veut afficher la puissance d’Ankara, analysent les chercheurs Ahmet Insel et Nora Seni dans une tribune au « Monde ».

Conforté par le rapprochement avec les puissances occidentales à l’occasion de la guerre contre l’Ukraine, le président turc Recep Tayyip Erdogan se sent libre de poursuivre dans son pays une politique de criminalisation de toute contestation et de répression tous azimuts. Ainsi le philanthrope Osman Kavala a été condamné à la perpétuité incompressible, à l’issue d’un procès où le droit a été bafoué allégrement aussi bien sur la forme que sur le fond de l’aveu même d’un des trois juges du tribunal pénal qui s’est opposé à ce verdict et a réclamé l’acquittement et la libération de l’accusé.

 

Détenu depuis le 1er novembre 2017, Osman Kavala est accusé de tentative de « renversement du gouvernement » en programmant, dirigeant et finançant les événements de Gezi, du nom de ce soulèvement populaire provoqué par le projet de réaménagement du parc du même nom, au centre d’Istanbul en mai-juin 2013. Sept autres prévenus, dont trois femmes, sont condamnés à la réclusion pour dix-huit ans pour « avoir aidé » Osman Kavala. Avocat, urbaniste, architecte, cinéastes, dirigeants d’université et d’ONG, ils comparaissaient libres. Ils ont été incarcérés le soir même du verdict.

Or, en février 2020, un autre tribunal pénal avait acquitté tous les prévenus de ce même procès en soulignant qu’aucune preuve concrète n’accompagnait l’épais réquisitoire du procureur pour justifier ses accusations. Mais quelques heures avant sa libération à l’issue de la décision d’acquittement, Osman Kavala était arrêté sur ordre du procureur d’Istanbul avec deux nouvelles accusations échafaudées à l’occasion : espionnage et participation à la tentative du coup d’Etat de juillet 2015. Le président turc était intervenu pour contester la décision d’acquittement, comme il était intervenu auparavant plusieurs fois publiquement contre Osman Kavala, alors que son procès était en cours.

Aujourd’hui, ce qui n’est plus qu’une mascarade de justice prend une tournure tragique avec la condamnation à perpétuité d’Osman Kavala pour les chefs d’accusation dont il avait été acquitté, comme tous les autres prévenus, il y a deux ans. Il est cette fois-ci acquitté des accusations d’espionnage inventées par ce procureur, promu depuis membre de la Cour constitutionnelle. Kafka lui-même aurait eu du mal à imaginer un tel procès.

 

La Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) a condamné la Turquie pour la détention abusive d’Osman Kavala et elle a décrété la nullité des preuves portées à charge contre lui. Au nom de l’indépendance des tribunaux turcs et de leur souveraineté (!), Recep Tayyip Erdogan avait invité les juges à ne pas suivre l’arrêt de la CEDH. De son côté, le Conseil de l’Europe a entamé une procédure de sanction contre la Turquie pour le non-respect de la décision de la CEDH, mais la procédure est bien longue.

Ukraine : un rôle enfin positif pour Erdogan ?

Ukraine : un rôle enfin positif pour Erdogan ? 

 

La présidentielle de 2023 n’est pas étrangère au repositionnement géopolitique du président turc, Recep Tayyip Erdogan, qui se campe en médiateur dans le conflit en Ukraine. Mais la neutralité d’Ankara reste ambivalente, analyse Dorothée Schmid, spécialiste du monde méditerranéen, dans une tribune au « Monde ».

 

Tribune.

 

Les efforts diplomatiques pour contenir la crise ukrainienne ont entraîné un développement inattendu : la France et la Turquie, toutes deux en première ligne pour obtenir un cessez-le-feu, ont annoncé, le 25 mars, une initiative humanitaire commune avec la Grèce sur Marioupol [sud-est de l’Ukraine]. Triangulation inespérée après plusieurs années d’une tension diplomatique qui a connu un pic en juin 2020, lorsque la France et la Turquie sont passées tout près d’un incident militaire au large des côtes libyennes. La signature d’un partenariat stratégique franco-grec, un an plus tard, n’avait rien arrangé, les Français se berçant encore de l’illusion d’une Turquie aux abois, en délicatesse avec tous ses voisins, brouillée avec l’OTAN, tenue en respect par l’Union européenne et mise sous pression par la Russie.

Le diagnostic d’une faiblesse diplomatique turque ne correspond pourtant plus à la réalité. Certes, le régime traverse des difficultés internes : il est dans une mauvaise passe sur le plan économique et le président Recep Tayyip Erdogan affrontera, en 2023, des échéances électorales compliquées. L’usure du pouvoir est manifeste après vingt ans de verrouillage politique, et l’opposition s’organise pour offrir une alternative à l’alliance entre les islamistes et l’extrême droite qui a muré la Turquie dans un nationalisme revanchard. Une chose est sûre : Erdogan ne renoncera pas facilement au pouvoir l’année du centenaire de la République turque.

Du point de vue de la politique étrangère, deux voies étaient possibles pour préparer cette échéance : celle d’une nouvelle montée aux extrêmes afin de consolider la base nationaliste ; ou, plus inattendue mais désormais crédible, se dessine l’hypothèse d’une Turquie qui assume de façon mature les dividendes de la puissance patiemment reconstruite en deux décennies.

Le rétablissement diplomatique spectaculaire réussi depuis 2021 pose, en effet, la Turquie plus en faiseur de paix qu’en fauteur de guerre, et pas seulement dans le contexte ukrainien. Si Erdogan s’était isolé dans une forme d’expansionnisme paranoïaque depuis 2016, année marquée par une tentative de coup d’Etat, on assiste au retour des fondamentaux d’Ahmet Davutoglu, l’ancien ministre des affaires étrangères [2009-2014] artisan du soft power turc : une Turquie géopolitiquement centrale et en paix avec ses voisins. La fin de la brouille avec l’axe régional anti-Frères musulmans, déclenchée par les « printemps arabes » en 2011, est pratiquement actée : les relations longtemps exécrables avec les Emirats arabes unis sont désormais au beau fixe et le réchauffement est en cours avec l’Arabie saoudite.

Turquie -renvoi des 10 ambassadeurs occidentaux : Erdogan se dégonfle!

Turquie -renvoi des 10  ambassadeurs occidentaux : Erdogan se dégonfle!

 

 

Erdogan a dû se dégonfler pour ne pas accentuer une crise avec les pays occidentaux dont il voulait envoyer les ambassadeurs. La Turquie connaît en effet une crise économique sans précédent qui s’ajoute évidemment à la crise sociale et démocratique. Rarement en effet la monnaie par exemple n’a atteint un niveau aussi bas rendant compte de la dégradation économique et financière du pays.

 

La Turquie est en proie à une crise économique, avec un taux officiel d’inflation frôlant les 20% et une monnaie en chute libre d’environ 25% depuis le début de l’année face au dollar.

 

Les 10 ambassadeurs – États-Unis, Canada, France, Finlande, Danemark, Allemagne, Pays-Bas, Nouvelle-Zélande, Norvège et Suède – avaient appelé dans un communiqué commun, le 18 octobre, à un «règlement juste et rapide de l’affaire» Osman Kavala, privé de liberté depuis octobre 2017.

 

Erdogan transforment son renoncement en argument. Les diplomates ont «reculé» et «seront plus prudents à l’avenir», a déclaré le chef de l’Etat au terme d’une longue réunion de son gouvernement, dont le contenu n’a pas été dévoilé mais durant laquelle, selon les observateurs, il a sans doute été mis en garde contre les conséquences désastreuses d’une nouvelle crise internationale. «Notre intention n’était pas de susciter une crise mais de protéger nos droits, notre honneur, notre fierté et nos intérêts souverains», a-t-il martelé.

 

Expulsion de dix ambassadeurs en Turquie : ‘Erdogan agite la rente nationaliste

Expulsion de dix ambassadeurs en Turquie : ‘Erdogan agite la  rente nationaliste 

 

 »Encore une fois, Erdogan agite la fibre nationaliste pour tenter de ressouder son électorat », a analysé dimanche 24 octobre sur franceinfo Didier Billon, directeur adjoint de l’Institut de relations internationales et stratégiques (Iris). Samedi 23 octobre, le président turc Recep Tayyip Erdogan a ordonné l’expulsion des dix ambassadeurs de pays occidentaux (France, Etats-Unis, Allemagne, Canada, Finlande, Danemark, Pays-Bas, Nouvelle-Zélande, Norvège et Suède). Des pays qui ont appelé à libérer l’opposant Osman Kavala, emprisonné depuis quatre ans sans jugement, et accusé depuis 2013 de chercher à déstabiliser le régime turc.

Sept des dix pays visés par Erdogan font partie de l’Otan et sont donc des alliés de la Turquie. Pourquoi s’en prend-il aussi frontalement à eux ?

Didier Billon : Les dix font partie de l’OCDE, six sont dans l’UE, et cinq sont des partenaires clés au niveau économique pour la Turquie. Erdogan veut frapper très fort. Aujourd’hui, il est dans situation de politique intérieure assez compliquée, les sondages indiquent tous des intentions de votes autour de 30%, or la présidentielle a eu lieu il y a deux ans en Turquie. Cette défection de son électorat traditionnel s’explique par une situation économique très dégradée aujourd’hui. Donc tous les moyens sont bons, et encore une fois, Erdogan agite la fibre nationaliste pour tenter de ressouder son électorat. Et là, il avait un prétexte : le 18 octobre était le quatrième anniversaire de l’arrestation d’Osman Kavala. On comprend bien qu’Erdogan, prétextant qu’il y a une ingérence dans les affaires intérieures et notamment dans le cours de la justice turque, essaye de faire feu de tout bois pour ressouder son électorat, mais cela n’a aucun rapport avec la réalité de la justice turque.

Quelles seraient les conséquences de ce renvoi de dix ambassadeurs avec qui la Turquie collabore au quotidien ?

En termes diplomatiques, en général, la réponse est la symétrie. Les ambassadeurs turcs des dix pays concernés pourraient être rappelés à Ankara. Cette crise est instrumentalisée pour des raisons de politique intérieure. Erdogan joue un jeu infiniment dangereux, parce qu’il méprise les procédures diplomatiques habituelles. Les pays concernés sont d’une importance capitale pour l’économie turque, pour ses relations politiques. C’est un jeu très risqué qu’il n’hésite pas à utiliser parce qu’il a un besoin impératif de ressouder son électorat.

Les relations sont plutôt tendues avec la France depuis plusieurs années, avec des prises de position contre Emmanuel Macron. La France est-elle un cas particulier pour Erdogan ?

C’est surtout l’année dernière, en 2020, que les relations bilatérales entre la France et la Turquie ont été considérablement dégradées, avec des invectives, quasiment des injures de part et d’autre, ce qui n’est pas digne d’une relation d’État à État. Les choses s’étaient un peu tassées, les tensions étaient moins vives, sans avoir disparues. Dans la presse turque, qui est proche du pouvoir, il y a quasi quotidiennement des attaques contre la France, donc les tensions sont encore vives, même s’il faut admette qu’elles avaient décrues depuis l’année dernière. On sent bien que le moindre prétexte peut être saisi par Erdogan pour relancer un climat de tension entre les deux pays, et plus largement, avec les autres pays concernés

Provocation : Erdogan renvoie 10 ambassadeurs !

Provocation : Erdogan renvoie 10 ambassadeurs !

Pour avoir appelé la libération d’un opposant turc, les ambassadeurs de 10 pays dont la France ont été déclarée persona non grata par Erdogan.

  Ces ambassadeurs avaient appelé cette semaine à la libération immédiate de l’opposant. Cet homme d’affaires et mécène turc, devenu la bête noire du régime turc, est emprisonné depuis quatre ans sans jugement. Dans un communiqué publié lundi soir, le Canada, la France, la Finlande, le Danemark, l’Allemagne, les Pays-Bas, la Nouvelle-Zélande, la Norvège, la Suède et les Etats-Unis avaient appelé à un « règlement juste et rapide de l’affaire » Osman Kavala.

En décembre 2019, la Cour européenne des droits de l’homme avait ordonné la « libération immédiate » de M. Kavala – en vain. Osman Kavala, opposant de 64 ans, figure majeure de la société civile, est accusé depuis 2013 par le régime du président Erdogan de chercher à déstabiliser la Turquie. Il est notamment dans sa ligne de mire pour avoir soutenu en 2013 les manifestations antigouvernementales connues sous le nom de « mouvement de Gezi ». Puis il a été accusé d’avoir cherché à « renverser le gouvernement » dans le cadre de la tentative de coup d’Etat de 2016.

M. Kavala, qui a toujours nié les charges pesant contre lui, risque la prison à vie. Il comparaîtra de nouveau le 26 novembre, malgré les menaces européennes de sanctions contre Ankara. Le Conseil de l’Europe a récemment menacé la Turquie de sanctions, qui pourraient être adoptées lors de sa prochaine session (du 30 novembre au 2 décembre) si l’opposant n’est pas libéré d’ici là.

Après l’humiliation par Erdogan, Von der Leyen refuse de se rendre en Ukraine !

Après l’humiliation par Erdogan, Von der Leyen refuse de se rendre en Ukraine !  

 

En réaction sans doute à l’humiliation qu’a subie la présidente de la commission européenne de la part de la Turquie lors d’une visite protocolaire, Von der Leyen a décidé de ne pas se rendre en Ukraine pour les cérémonies d’anniversaire de l’indépendance du pays.

 

«Malheureusement, la présidente n’est pas en mesure de donner une réponse positive à votre invitation en raison d’un agenda particulièrement chargé les jours en question. Merci d’avance de votre compréhension », écrit le chef de cabinet de «VDL», non sans une certaine légèreté. «La présidente m’a demandé de vous transmettre ses meilleurs vœux pour un sommet réussi et ses félicitations à vous et au peuple ukrainien à l’occasion de cet anniversaire important», ajoute le chef de cabinet au style enjoué. Il signe la missive d’un «Cordialement vôtre».

 

 

Un message pas très heureux cependant dans la mesure où l’indépendance de l’Ukraine est actuellement en jeu du faite de la pression militaire russe.

 

Cela traduit à l’évidence un conflit permanent entre le président du conseil européen et la présidente de la commission européenne auquel il conviendra de remédier pour ne pas ridiculiser l’Europe.

 

Par contre. Charles Michel, le président du Conseil européen, s’y rendra. Lors d’un déplacement en Ukraine le mois dernier, il avait expliqué qu’il modifierait ses vacances pour être présent à Kiev. Le président du Conseil européen a confirmé sa présence ce jeudi. Et publié sur Twitter une photo le montrant en pleine discussion, au téléphone, avec Volodymyr Zelensky. À bon entendeur.

 

Cette affaire est d’autant plus problématique qu’elle éclate après deux autres incidents terribles pour l’image de l’UE, celles déjà évoquées de l’humiliation par Erdogan mais aussi l’autres humiliations subies par  Josep Borrell, début février à Moscou puis la polémique du «Sofagate» qui est loin d’être terminée.

Incident diplomatique avec Erdogan : Une intentionnalité turque mais aussi une confusion européenne

Incident diplomatique avec Erdogan : Une intentionnalité turque mais aussi une confusion européenne  

 

Pour le Professeur de science politique, François Foret,  les habitudes protocolaires européennes ont plus d’une fois suscité la perplexité et l’embarras des pays tiers. Mais dans le cas de l’incident entre Recep Tayyip Erdogan et Ursula von der Leyen, l’intentionnalité laisse peu de doute, estime le professeur de science politique François Foret.

 

Tribune.

 

Un incident a défrayé la chronique lors de la rencontre entre le président turc Recep Tayyip Erdogan, le président du Conseil européen, Charles Michel, et la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, le 6 avril 2021 à Ankara. Cette dernière ne s’est pas vue offrir de chaise identique à celles des deux autres dirigeants et, après quelques instants d’embarras, s’est vue reléguer sur un canapé à quelque distance au même titre que le ministre turc des affaires étrangères.

Il est commun d’ignorer – voire de se moquer ouvertement – de tels détails cérémoniels renvoyant à un formalisme jugé superficiel et obsolète. Les démocraties basées sur la croyance en un gouvernement rationnel plaçant les passions politiques (et notamment les susceptibilités nationales) sous contrôle font profession d’indifférence en la matière.

L’Union européenne (UE), en tant que système politique réaliste se justifiant par la conciliation des intérêts, l’efficacité de ses politiques et les biens publics (paix, prospérité) offerts aux citoyens, a poussé à son acmé le refus de la ritualisation. Elle a misé sur un « laisser-faire » reposant sur l’autorégulation des acteurs et évitant autant que possible de devoir trancher d’épineuses questions de préséances.

Enfin, à l’heure des réseaux sociaux, la communication politique contemporaine, dominée par la recherche de proximité et d’accessibilité, contribue à rendre dérisoire toute notion d’étiquette. L’histoire longue nous rappelle cependant que le protocole opère la mise en forme symbolique de l’ordre politique. Il exprime et exacerbe les rapports de pouvoir et les hiérarchies. S’il n’est qu’apparence, il donne à voir des logiques beaucoup plus profondes.

Cette fonction de révélateur est particulièrement sensible concernant une entité aussi récente et faiblement ancrée dans les imaginaires collectifs que l’UE. Les batailles protocolaires ont jalonné les controverses sur la nature du projet politique communautaire et sur le statut de ses institutions. Dès les années 1960, De Gaulle s’insurge contre les prétentions de Walter Hallstein de se voir réserver les mêmes prérogatives qu’un chef d’Etat en tant que président de la Commission et d’avoir droit à un tapis rouge, avec comme enjeu sous-jacent l’autonomie de son institution.

 

La codification progressive du Conseil européen à partir des années 1970, les élargissements successifs puis la multiplication des figures d’autorité et de notoriété (présidents du Parlement européen, du Conseil européen, de la Banque centrale européenne, Haut Représentant, etc.) entraînent de nombreuses querelles symboliques qui sont autant d’affrontements interinstitutionnels où chaque acteur défend ses prérogatives autant que son rang.

Erdogan humilie l’Europe et Ursula von der Layen

Erdogan humilie l’Europe et Ursula von der Layen

Une triple humiliation de l’Europe par Erdogan savamment préparé par le sultan fou. D’abord les principaux responsables européens à savoir le président du conseil européen Jean-Michel et la présidente de la commission européenne Ursula von der Layen se sont déplacés en Turquie renforçant ainsi le poids diplomatique d’Erdogan. Seconde humiliation quand Erdogan qui avait préparé son coup n’a fait asseoir auprès de lui que le président du conseil européen Jean-Michel, montrant ainsi le dédain qu’il porte à l’égard de l’Europe. Troisième humiliation le fait de considérer comme un personnage de seconde zone une femme afin de faire plaisir à la frange la plus rétrograde et archaïque de la Turquie.

Cette courte séquence a déclenché mercredi une polémique à Bruxelles et sur les réseaux sociaux autour du hashtag #GiveHerASeat. Plusieurs eurodéputés y ont vu une nouvelle provocation d’Erdogan. «Ils se retirent d’abord de la Convention d’Istanbul et maintenant ils laissent le président de la Commission européenne sans siège en visite officielle. Honteux.», a tweeté la chef de file des sociaux-démocrates au Parlement européen, Iratxe Garcia Perez. Quant à la libérale néerlandaise, Sophie in’t Veld, elle a soutenu mordicus que les choix qui avaient été faits n’étaient pas une «coïncidence». Son tweet montre des photos du président turc en compagnie des deux anciens dirigeants de l’UE, Donald Turk et Jean-Claude Junker, traités sur un plan d’égalité.

Ursula von der Leyen a manifesté son incompréhension et son agacement. Mais elle n’est pas allée au-delà. Venue sur place à la demande des Vingt-Sept pour tenter d’amorcer une normalisation dans les relations entre l’UE et la Turquie, il n’était pas question pour «VDL» que la rencontre avec le président turc tourne court. Mais les propos fermes et clairs sur les droits des femmes en Turquie qu’elle a tenus après la réunion, lors de sa conférence de presse, ne sont certainement pas étrangers au «SofaGate». «La présidente von der Leyen a été surprise. Elle a décidé de passer outre et de donner la priorité à la substance. Mais cela n’implique pas qu’elle n’accorde pas d’importance à l’incident», a expliqué mercredi son porte-parole Eric Mamer. «Mme von der Leyen attend d’être traitée selon les règles protocolaires et elle a demandé à ses services de faire en sorte que ce genre d’incidents ne se répète pas à l’avenir», a-t-il ajouté, soulignant que «les présidents des deux institutions ont le même rang protocolaire». Pour Eric Mamer, c’est désormais «aux autorités turques, en charge de la rencontre, d’expliquer pourquoi il a été offert ce type de siège à Mme von der Leyen».

Selon Marc Pierini, ancien ambassadeur de l’UE en Turquie, il ne fait guère de doute que la mise en scène a été orchestrée par Erdogan. «C’est un gage de plus donné aux religieux conservateurs turc», affirme-t-il. Le secrétaire d’État aux Affaires européennes a été très explicite, mercredi soir, sur BFMBusiness. «C’est un affront qu’on corrigera mais il ne faut pas laisser faire ce genre de choses», a-t-il déclaré, parlant d’«images qui font mal» et «montrent quelque chose d’organisé».

Turquie: une centaine d’amiraux retraités menacés par Erdogan

Turquie: une centaine d’amiraux retraités menacés par Erdogan

Une centaine d’anciens amis amiraux retraités sont accusés par Erdogan d’avoir tenté un coup d’État en critiquant collectivement la perspective d’un canal Istanbul venant suppléer le Bosphore. Plusieurs amiraux ont été mis en garde à vue.

Le chantier ambitieux du « canal d’Istanbul », qui s’inscrit dans une volonté de révolutionner l’infrastructure turque depuis l’arrivée de l’AKP au pouvoir, il y a dix-huit ans, vise, selon le gouvernement, à soulager le Bosphore, l’un des détroits les plus congestionnés du monde. Mais les militaires en question ne l’entendent pas de la même façon. Pour eux, il remet en question la convention de Montreux, datant de 1936, qui garantit le libre passage des navires civils dans les détroits du Bosphore et des Dardanelles, en temps de paix comme en temps de guerre. Dans leur lettre ouverte, ils disent leur « inquiétude » face au risque d’ouvrir un ­débat sur ce fameux traité qui « protège au mieux les intérêts turcs ».

En fait il s’agit d’une occasion supplémentaire pour Erdogan d’affirmer son autorité dans tous les secteurs de la société et de nourrir chaque fois que possible le nationalisme.  Bref la démocratie turque tutoie de plus en plus la dictature nationaliste.

Le sultan Erdogan fait inculper quatre journalistes de Charlie hebdo

Le sultan Erdogan fait inculper quatre journalistes de Charlie hebdo

Non seulement les extrémistes refusent toute caricature du prophète mais désormais Erdogan grâce à son statut de nouveau sultan doit être dispensé de toute critique et de tout dessin humoristique. L’argumentaire de la justice mérite le détour sur la nature du régime turc  en pleine dérive extrémiste.

Le  procureur turc estime que la caricature d’Erdogan dans Charlie hebdo «n’entre d’aucune manière dans le cadre de la liberté d’expression ou de la presse», qualifiant le dessin de presse de «vulgaire, obscène et déshonorant». Après la parution de cette caricature, Recep Tayyip Erdogan avait dénoncé une «attaque ignoble» commise par des «vauriens».

Cette affaire était intervenue dans un contexte de crise diplomatique entre la Turquie et la France, Recep Tayyip Erdogan accusant notamment le président français Emmanuel Macron d’«islamophobie» pour avoir défendu le droit de caricaturer le prophète Mahomet. L’annonce de l’inculpation des journalistes de Charlie Hebdo intervient par ailleurs quelques jours après qu’Emmanuel Macron a accusé la Turquie d’«ingérence» et en pleine polémique en France sur le financement d’une mosquée soutenue par une association pro-turque à Strasbourg (est).

Des dizaines de journalistes ont été arrêtés et plusieurs médias d’opposition poursuivis ou fermés ces dernières années dans ce pays.

Pause

Macron craint le sultan de papier Erdogan

Macron craint le sultan de papier Erdogan 

 

Peut-être pour détourner l’attention d’un contexte économique social et sanitaire difficile ,Macron a évoqué le danger que pourrait représenter Erdogan à l’occasion des échéances électorales de 2022. Un danger largement surestimé car Erdogan est un sultan menacé du fait  de l’écroulement de son économie, il est  par ailleurs largement contesté sur le plan démocratique.

Faut-il rappeler qu’il a perdu les élections locales à Istanbul il n’est pas sûr que Erdogan gagnent les élections présidentielles en 2023. D’où le durcissement idéologique à l’intérieur parallèlement à la multiplication des attaques contre les démocraties occidentales à l’extérieur.

 

La seule faiblesse de l’union européenne vis-à-vis de la Turquie c’est sans doute d’avoir conclu un accord en 2016 pour réguler les flux migratoires. En gros l’union économique paye la Turquie- qui a bien besoin de cette ressource financière– pour freiner l’immigration à destination de l’Europe.

 

Erdogan: retour vers le passé et l’obscurantisme

 Erdogan: retour vers le passé et l’obscurantisme

Les pressions sur les enseignants français de l’université francophone de Galatasaray et la mise au pas de l’université anglophone de Bogazici illustrent le durcissement nationaliste et islamiste du président turc s’indigne dans une tribune au « Monde » le politiste Cengiz Aktar

Tribune.

 

La prestigieuse université Galatasaray est dans la ligne de mire du régime d’Ankara. Cette université publique turque francophone soutenue par la coopération française a été créée en 1992 dans le cadre d’un accord intergouvernemental franco-turc, en complément du lycée de Galatasaray, créé en 1868. C’était mon lycée.

Depuis maintenant 153 ans, cet établissement d’Istanbul est l’un des symboles de l’ouverture de l’Empire ottoman puis de la Turquie à l’Occident. Ce n’est pas un lycée français à l’étranger mais une institution turque qui enseigne en bilingue, avec des enseignants turcs et des enseignants français détachés.

L’office gouvernemental turc en charge de l’enseignement supérieur (YÖK) a imposé à l’automne 2020 à une trentaine d’enseignants français de l’université une maîtrise de la langue turque égale ou supérieure au niveau B2. C’est une évidente rétorsion à la décision appliquée depuis la rentrée par les autorités françaises sur les enseignements en langues et culture d’origine (ELCO) qui sont désormais remplacés par les enseignements internationaux de langues étrangères (EILE), exigeant des instituteurs envoyés par les pays d’origine un niveau en français égal ou supérieur au niveau B2.

Quatorze des trente des enseignants visés de l’université de Galatasaray ont finalement obtenu une prolongation de trois mois de leur enseignement. Mais rien n’est réglé sur le fond. Quelque 15 000 élèves d’origine turque bénéficient en France de l’enseignement du turc dispensé par des enseignants envoyés et donc sélectionnés par Ankara, selon les critères de stricte loyauté.

Le régime cherche à contrôler sa population expatriée en Europe et à la modeler selon ses canons culturels et religieux. Ainsi, les deux fédérations turques très proches du régime d’Ankara, le Comité de coordination des musulmans turcs de France (CCMTF) et la Communauté islamique du Millî Görüş (CIMG), représentées au Conseil français du culte musulman (CFCM) ont refusé de ratifier la charte des principes de l’islam de France parce qu’elle interdit de faire la promotion de l’islam politique, de diffuser des discours nationalistes en défense des régimes étrangers, et de financer les lieux de culte en recourant aux fonds étrangers.

Une autre institution universitaire d’Istanbul, l’université de Bogaziçi (ancien Robert College), créée par les missionnaires protestants américains en 1863, a été aussi visé par le régime au tout début de l’année 2021 lorsque Erdogan, l’unique décideur du pays, a nommé un fidèle, Melih Bulu, comme président de cette université, un droit qu’il s’est arrogé en 2016 à l’encontre de la pratique jusque-là en vigueur d’élections au sein des institutions académiques pour désigner le personnel dirigeant. La nomination cadrait avec ses pratiques népotistes où la loyauté absolue est le seul critère d’éligibilité.

Erdogan à genoux veut normaliser les rapports entre la Turquie et la France

Erdogan à genoux veut normaliser les rapports entre la Turquie et la France

 

 

La Turquie d’Erdogan est dans une situation dramatique. Il y a d’abord la situation économique complètement dégradée et une situation sanitaire hors de contrôle. S’y ajoutent des problèmes politiques internes et internationaux. Sur le plan interne, dans la perspective des prochaines élections la colère monte en Turquie et Erdogan n’est pas certain d’être réélu. Au plan international, Erdogan s’est mis à dos beaucoup de pays notamment ceux de l’union européenne et même ceux de l’OTAN. C’est donc à genoux presque qu’Erdogan souhaite la normalisation des relations diplomatiques entre la France et la Turquie.

 

«Si la France est sincère, la Turquie est prête à normaliser sa relation avec la France», a  déclaré le ministre des affaires étrangères de la Turquie. Les relations entre la Turquie et la France se sont progressivement dégradées depuis l’an dernier, en raison notamment de désaccords sur la Syrie, la Libye, la Méditerranée orientale et plus récemment le conflit entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie au Nagorny Karabakh.

 

Mais les tensions ont été exacerbées en octobre lorsque le président turc Recep Tayyip Erdogan a mis en cause la «santé mentale» du président français Emmanuel Macron, l’accusant de mener une «campagne de haine» contre l’islam pour avoir défendu le droit de caricaturer le prophète Mahomet, et pour son discours contre le «séparatisme» islamiste en France. «Au final, nous avons eu une discussion téléphonique constructive, avec mon homologue Jean-Yves Le Drian, et nous nous sommes mis d’accord pour travailler sur une feuille de route pour normaliser nos rapports», a indiqué jeudi M. Cavusoglu.

Le chef de la diplomatie turque a par ailleurs estimé que la relation de son pays avec l’ensemble de l’UE pourrait bénéficier d’une «meilleure atmosphère» depuis le dernier sommet européen de décembre, lorsque les 27 ont décidé d’adopter des sanctions ciblées contre la Turquie pour ses activités en Méditerranée orientale.

Erdogan : la Turquie fait profil bas avec l’UE

Erdogan : la Turquie fait profil bas avec l’UE

la Turquie avait déjà peu protesté contre les sanctions américaines suite à l’achat par la Turquie de matériel de défense russe. Erdogan fait aussi profil bas avec l’union économique. Le président turc Recep Tayyip Erdogan a affirmé son souhait d’ouvrir « une nouvelle page » avec l’Union européenne lors d’un entretien téléphonique avec le président du Conseil européen Charles Michel. Il s’agit du premier contact de ce niveau depuis les sanctions décidées la semaine dernière contre son pays.

 

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