Macron « nouvelle équipe » ou nouvelle politique ?
Comme souvent, Macron est demeuré dans le plus grand flou artistique concernant le renouvellement du gouvernement. Comme d’habitude, une dialectique très générale, approximative dont il a déjà usé et abusé “Le nouveau chemin, ce sont de nouveaux objectifs d’indépendance, de reconstruction, de réconciliation, et de nouvelles méthodes. Derrière, il y aura une nouvelle équipe”, dit-il aussi. Une phrase qui ne veut évidemment tristement rien dire si on ne définit pas de façon un peu plus précise les objectifs et les modalités pour y parvenir. Seule concession à ce flou artistique, la promesse d’une nouvelle équipe. Mais les interrogations sur ce point sont également très nourries. L’Élysée s’est d’ailleurs contredit sur l’éventualité d’un maintien au poste de premier ministre d’Édouard Philippe.
Ce qui apparaît certains ,c’est que Macron veut remettre la main sur la gouvernance compris celle de Matignon. Il envisage même la fusion des équipes de Matignon et de l’Élysée. La vérité sans doute , c’est qu’il n’a pas encore choisi. En effet, si la cote de popularité du premier ministre constitue un atout aujourd’hui, en même temps elle constitue un lourd handicap pour le président qui porte l’impopularité à la place premier ministre. Pire, progressivement la cote de popularité du premier ministre pourrait interroger un jour sur les chances de Macron de sa candidature en 2022.
Macron pourrait garder Édouard Philippe mais il n’est pas certain que ce dernier accepte de n’être qu’un collaborateur de second rang de l’Élysée. En outre Édouard Philippe bien que sollicité par l’opinion publique ne manifeste pas une grande sensibilité concernant la négociation sociale en particulier sur les retraites et sur la problématique environnementale. Or ce sont deux axes sur lesquels veut se réorienter Macron.
Quant au renouvellement il ne faut guère espérer de miracle. La plupart des ministres issus de la société civile ont montré leurs limites voir leur incompétence. En outre l’épisode Hulot a validé les limites et les dangers d’un recours de non politiques.
Interrogé au sujet d’une éventuelle remise en cause des 35 heures face à la crise économique provoquée par le nouveau coronavirus, Emmanuel Macron déclare: “Nous ne pouvons pas vouloir notre indépendance, la reconquête sociale, économique et environnementale, et être un des pays d’Europe où l’on travaille le moins longtemps.”
Quant à la réforme des retraites, le chef de l’Etat considère qu’il ne doit pas y avoir “d’abandon” tout en se disant “ouvert à ce qu’elle soit transformée”.
“Elle ne peut pas être reprise de manière inchangée à la sortie de la crise”, dit-il, en ajoutant qu’il n’y aura pas d’augmentation d’impôts malgré la dégradation des finances publiques.
La pire des contradictions c’est peut-être celle qui concerne l’opinion publique qui d’un côté accorde une certaine confiance au premier ministre mais de l’autre n’est pas prête à avaler une réforme des retraites bâclées pas davantage sans doute que des mesures écologiques précipitées qu’il s’approuvent en théorie mais qui par exemple tueraient encore davantage l’emploi.