Santé: trouver un équilibre entre oméga3 et oméga 6
Dans notre alimentation, l’apport en acides gras oméga-6 et en acides gras oméga-3 est trop déséquilibré, ce qui augmente le risque d’obésité et pourrait aussi favoriser certains troubles cognitifs. Incorporer davantage de sources d’oméga-3 dans nos menus, comme les poissons gras, les noix ou encore les graines de lin, pourrait avoir un impact significatif sur notre santé.
par Clara Sanchez, Docteure en Sciences de la Vie et de la Santé, CNRS, Université Côte d’Azur etCarole Rovère, Chargée de recherche Inserm au sein de l’Institut de Pharmacologie Moléculaire et Cellulaire (IPMC – Université Côte d’Azur / CNRS), Université Côte d’Azur dans The conversation
Dans un monde où la lutte contre l’obésité occupe une place prépondérante dans les préoccupations de santé publique, nous sommes constamment bombardés d’informations sur les régimes, les exercices et les modes de vie sains.
Près d’un Français sur deux est en surpoids ou obèses. Mais saviez-vous que ces chiffres cachent une véritable bataille qui se déroule dans nos organes et dans notre cerveau ?
Derrière le problème de santé publique du surpoids et de l’obésité se dessine en réalité une toile bien plus complexe reliant nos habitudes alimentaires à notre bien-être mental. Au cœur de cette relation se trouve un équilibre délicat entre deux types d’acides gras : les oméga-6 et les oméga-3.
Les aliments les plus riches en acides gras oméga-3 sont la noix et les huiles de colza, de lin, de soja, etc. ainsi que les poissons gras comme le saumon, le thon, le maquereau, la sardine ou encore l’anchois.
Les acides gras oméga-6 sont quant à eux notamment retrouvés dans les huiles de tournesol, de pépins de maïs, de raisin ou d’argan.
Imaginez ceci : chaque fois que nous optons pour des aliments riches en oméga-6, telles que certaines huiles végétales et des aliments ultra-transformés (par exemple les plats cuisinés que l’on retrouve en supermarché, les biscuits sucrés et biscuits apéritifs, les chips ou encore les soupes instantanées), nous exacerbons notre risque d’obésité.
Mais ce qu’on ignore encore trop souvent, c’est que nous favorisons également une inflammation chronique qui peut affecter notre cerveau de manière insidieuse et ainsi favoriser certains troubles neurologiques comme l’anxiété.
Des centres de référence comme l’Organisation mondiale de la santé (OMS) ou encore les National Institutes of Health (NIH) aux États-Unis recommandent de consommer entre 3 et 5 oméga-6 pour 1 oméga-3 (ratios 3/1 à 5/1). Cependant, la consommation alimentaire de la plupart des pays développés et en développement dépasse 10/1 et peut même atteindre 15/1. En d’autres termes, la consommation d’oméga-6 est plus de dix fois, et jusqu’à quinze plus importante que celle d’oméga-3 !
L’obésité est le résultat d’une interaction complexe entre des causes génétiques et environnementales, dans laquelle l’alimentation joue un rôle majeur.
Cette pathologie est associée à de nombreuses comorbidités telles que le diabète de type 2, les maladies cardiovasculaires, l’arthrose, les cancers et des troubles neurologiques (anxiété, dépression, troubles cognitifs…).
Une consommation excessive de calories entraîne une dysfonction métabolique, appelée aussi syndrome métabolique qui se caractérise notamment par un tour de taille élevé, une anomalie des taux de sucres et de lipide dans le sang, de l’hypertension artérielle…
On sait désormais qu’elle est également responsable d’une inflammation chronique au niveau du système nerveux central et, en particulier du cerveau, qui est connue sous le nom de neuroinflammation.
Cette neuroinflammation constatée dans l’obésité affecte plusieurs régions du cerveau, notamment le cortex (responsables de la motricité, la sensibilité, la sensorialité, le langage…), l’amygdale (qui coordonne le centre des émotions, le bonheur, la peur, la colère, l’anxiété…), l’hippocampe (qui régit la cognition, notamment l’apprentissage, la mémoire..) et l’hypothalamus.
Or l’hypothalamus est la principale région cérébrale qui contrôle le comportement alimentaire ainsi que l’équilibre entre les entrées (via l’alimentation) et les dépenses énergétiques (homéostasie énergétique). On pense ainsi que la neuroinflammation constatée au niveau du cerveau contribue aux dysfonctionnements cognitifs et métaboliques observés dans l’obésité.
Nous avons mené une étude dans laquelle nous sommes intéressés, chez des souris soumises à différents régimes alimentaires, au développement de l’obésité, au métabolisme du glucose, à l’inflammation et au comportement.
Travailler sur des souris plutôt que sur des humains offre la possibilité d’explorer directement les effets de la consommation d’acides gras sur le cerveau et son fonctionnement.
En effet, dans les études chez les souris, il est possible de contrôler précisément l’alimentation en acides gras, ce qui est difficile à réaliser chez les humains pour des raisons d’éthique et de suivi. De plus, les souris ont une durée de vie courte et se reproduisent rapidement, ce qui permet des études longitudinales et génétiques difficiles à réaliser chez l’être humain.
Enfin, en tant que modèle biologique, la souris partage de nombreux gènes et voies métaboliques avec notre espèce, ce qui en fait un modèle pertinent pour étudier les effets des acides gras sur le cerveau et leur impact sur la santé neurologique.
Concrètement, comment avons-nous procédé ? Nous avons nourri les souris pendant cinq mois avec des régimes alimentaires qui contenaient des apports identiques en lipides, glucides et protéines, mais qui présentaient des rapports différents entre les acides gras oméga-6 et oméga-3.
Un premier groupe était nourri avec un régime bénéfique enrichi en huile de colza (caractérisé par un rapport oméga-6/oméga-3 bas, inférieur aux préconisations des organismes de référence en santé). Un deuxième groupe était alimenté avec un régime proche de ce qui est retrouvé dans l’alimentation humaine occidentale, à base d’huile de soja et d’huile de maïs (rapport oméga-6/oméga-3 moyen). Enfin, un troisième groupe suivait un régime extrêmement délétère, très enrichi en huile de tournesol (rapport oméga-6/oméga-3 très élevé).
Nous avons constaté que les souris nourries avec un régime riche en acides gras oméga-6 par rapport aux acides gras oméga-3 ont montré une propension accrue à l’obésité. Cette tendance à l’accumulation de graisse corporelle s’est accompagnée d’une altération des capacités de régulation du taux de sucre dans le sang (ou glycémie), un facteur qui est clé dans le développement du diabète de type 2 chez l’humain.
Notre étude a également révélé que les souris exposées à des rapports élevés d’acides gras oméga-6/oméga-3 (via un apport très important en huile de tournesol) présentaient une inflammation accrue dans différents organes, notamment dans le foie et les tissus adipeux, en cohérence avec ce que l’on sait des complications métaboliques associées à l’excès de graisse corporelle chez l’humain.
Une inflammation accrue était aussi détectée de façon caractéristique dans leur cerveau, en particulier dans l’hypothalamus et dans l’hippocampe, des régions respectivement impliquées dans la régulation de la prise alimentaire et de la mémoire. Il est alors possible que cette inflammation cérébrale, appelée neuroinflammation, soit à l’origine du déclenchement des comportements anxieux et des déficits de mémoire spatiale que nous avons observés chez ces souris, suggérant une corrélation entre l’excès d’acides gras oméga-6 et les altérations neurologiques..
En revanche, les souris nourries avec un régime riche en acides gras oméga-3 (caractérisé par un apport important en huile de colza) présentaient une réduction de l’obésité, avec une accumulation moindre de graisse corporelle et une meilleure régulation du taux de glucose. De plus, ces souris montraient une réduction de l’inflammation dans leurs tissus périphériques (foie et tissus adipeux) ainsi qu’au niveau du cerveau. Sur le plan comportemental, ces souris se sont avéré moins souffrir de symptômes d’anxiété et avoir de meilleurs scores de mémoire spatiale.
Des investigations complètes doivent désormais être menées chez l’humain pour confirmer ces hypothèses. Cependant nos résultats soulignent dès à présent l’importance de maintenir un équilibre adéquat entre les acides gras oméga-6 et oméga-3 dans l’alimentation, conformément aux recommandations des organismes de référence en santé, afin de prévenir non seulement les complications métaboliques (diabète, hypertension artérielle, risques cardiovasculaires…), mais aussi neurologiques associées à l’obésité.
Dans notre société où les aliments transformés riches en acides gras oméga-6 sont omniprésents, il est crucial de sensibiliser à l’importance de l’apport en acides gras oméga-3 pour maintenir une bonne santé métabolique et neurologique.
Il ne s’agit évidemment pas d’éliminer l’huile de tournesol à cause de ses acides gras oméga-6 et de ne consommer que de l’huile de colza pour ses oméga-3. Toutefois, des changements d’habitudes alimentaires simples s’imposent, comme privilégier les sources d’acides gras oméga-3 telles que les poissons gras, les noix et les graines de lin, qui pourraient avoir un impact significatif sur notre santé.
Coût du service public : comment trouver un meilleur équilibre entre accessibilité, efficacité et coût
La question posée dans le cadre du grand débat était : « Comment faire évoluer le lien entre impôts, dépenses et services publics pour mieux répondre aux besoins des Français ? »
De fait, dans certaines parties du territoire, ce lien paraît de plus en plus ténu voire inexistant, en tout cas très de plus en plus éloigné. Dans nombre de villages, il y a déjà longtemps qu’il n’existe pratiquement plus de services publics et le dernier qui semblait devoir résister, à savoir la Poste, disparaît aussi. En cause évidemment, un aménagement du territoire qui privilégie l’hyper concentration autour de quelques centres et qui conduit le reste à la désertification. . La mode aujourd’hui est à la métropolisation, c’est à dire à la sururbanisation (qui constitue pourtant une aberration environnementale) tandis que certaines petites villes, des villages s’appauvrissent, des villes moyennes stagnent ou régressent. L’élément le plus significatif de cette désertification c’est la raréfaction de l’emploi. Du coup, les populations sont contraintes de rechercher des embauches de plus en plus loin de leur domicile (20, 30, 50 kms). Jusqu’au jour où elles décident de quitter leur zone d’habitat pour rejoindre des zones plus riches en emplois et en services. Pour preuve de cette désertification : la baisse dramatique de la valeur du patrimoine immobilier. Par manque de populations, les services rétrécissent comme peau de chagrin. Le cœur de la problématique de la désertification, c’est la disparition de l’emploi qui génère mécaniquement la fermeture des commerces et des services. La réactivation des villes moyennes, des zones rurales défavorisées passe d’abord par une analyse fine des réalités et de leur évolution sur longue période (emploi, PIB, population, services etc.) ; aussi par une prise en compte des typologies différenciées des zones dont l’approche globale masque les disparités. Au-delà, il convient d’agir sur les leviers susceptibles d’abord de fixer la population active existante et d’encourager la création d’emplois. Bien entendu une commune ne peut, à elle seule, inverser ces tendances lourdes même si elle peut intervenir utilement dans le champ actuel de sa responsabilité. Beaucoup de communes se préoccupent de leur développement pour autant l’environnement défavorable limite leur action (fiscalité, réglementation, transport, équipements et services). En fonction de certains scénarios économiques, sociaux et démographiques, en 2040-2050, certains villages se transformeront en zones pour retraités voire même disparaîtront (d’autant qu’à cette date un Français sur trois aura plus de 60 ans). L’activité économique interagit sur la qualité et le niveau des services et réciproquement. Si localement on se préoccupe légitimement des équipements et des services publics, par contre le soutien à l’emploi et à l’économie locale en particulier est plus déficient. Or en fonction du rythme de destruction des emplois locaux, ce devrait être aussi une priorité. Encore une fois compte tenu de la mode de la « métropolisation » ‘ pas spécifique à la France, il y a fort à parier qu’on pourra attendre encore longtemps des mesures significatives pour le développement rural des zones défavorisées. On ne saurait se limiter à quelques dispositions certes utiles mais très insuffisantes (couverture internet, bureau de poste, quelques services …peut-être). . Parallèlement on doit aussi s’interroger sur le concept même de service public, son coût, son fonctionnement et son financement ; en effet, si le rythme de suppression des services s’accélère, c’est notamment pour des raisons socio-économiques évoquées précédemment mais aussi à cause d’un coût que la collectivité a du mal à assumer. Ce coût explique largement que le pays détienne le double record du monde de prélèvement obligatoire et de dépenses publiques par rapport au PIB. Un record qui porte atteinte à la compétitivité donc aussi à l’emploi. Dans son acception un peu générale, la tendance est forte d’assimiler service public, secteur public voire statut des personnels. Trois notions pourtant à distinguer. La première découle du champ régalien de l’État (ou plus généralement des collectivités) lequel mériterait sans doute d’être mieux défini, sans doute plus restreint et en même temps mieux assumé. Certaines tâches doivent être toujours être assumés par l’État directement mais sans nécessairement gérer directement la logistique. La deuxième confusion concernant le service public vise le statut des personnels. Si on peut comprendre par exemple que les infirmières ou ASH soient fonctionnaires, c’est plus discutable pour les jardiniers, les menuisiers, et autres comptables. Le problème c’est qu’on résume souvent la problématique des conditions de travail par exemple du personnel des hôpitaux à celle des infirmières. La troisième dimension du service public est liée à la structure juridique qui l’effectue. Or rien n’indique que l’intérêt général doive être exclusivement assumé par le secteur public. De nombreuses fonctions d’intérêt général sont en effet exercées notamment par voie de délégation à des organisations parapubliques ou privées (santé, transport, formation etc.) Du coup, l’amalgame des trois définitions conduit souvent en fait à masquer une défense corporatiste et coûteuse du service public qui au total porte atteinte à la qualité, à l’accessibilité et à la compétitivité de ce service. Faute de cela non seulement tout service public disparaîtra des petites communes mais nombre de fonctions d’intérêt général vont aussi s’étioler dans les petites et moyennes villes (les hôpitaux par exemple). La problématique n’est pas simple, le service public pour certaines de ses activités constitue un atout indiscutable pour le progrès social mais aussi économique, il n’en demeure pas un boulet financier qui hypothèque son avenir. Avant d’envisager cette réforme du service public, il sera nécessaire au préalable de procéder à une évaluation qualitative et quantitative des contenus, du fonctionnement et du coût. L’évaluation qualitative est indispensable car ce n’est par la même chose par exemple en terme d’accessibilité d’avoir la possibilité d’obtenir un rendez vous au bout de 15 jours ou au bout de 5 mois chez un cardiologue ou un ophtalmologue. Autre exemple, Ce n’est pas non plu la même chose de disposer en permanence de la 4G en téléphonie mobile et de recevoir des SMS le lendemain de leur émission dans le zones blanches ou mal couvertes. Enfin, le traitement est différent quand il suffit de faire 500 m pour retirer 100 euros à la Poste ou faire 40 kms.