Archive pour le Tag 'Epidémie'

Une épidémie de variole va-t-elle menacer ?

Une épidémie de variole va-t-elle menacer ?

 L’OMS doit décider lors d’une réunion exceptionnelle si l’épidémie de variole qui touche le continent africain constitue une urgence de santé publique de portée internationale. Pourquoi ce rebond épidémique inquiète-t-il ?

Le mercredi 14 août, des experts de l’OMS se réuniront pour évaluer si l’épidémie de mpox (anciennement appelée « monkey pox », ou « variole du singe ») qui sévit actuellement en Afrique constitue une urgence de santé publique de portée internationale, le plus haut degré d’alerte que l’autorité pourrait déclencher.

 

L’agence de santé de l’Union africaine, Africa CDC, a déjà déclaré «une urgence de santé publique», son plus haut niveau d’alerte, face à l’épidémie. Depuis la dernière épidémie mondiale en 2022, à l’origine de 100 000 cas dans une centaine de pays, le continent africain a enregistré 37 000 cas de mpox dans 15 pays, dont quatre (le Burundi, le Kenya, le Rwanda et l’Ouganda) n’avaient jusqu’alors jamais été touchés, a rapporté le Centre africain de contrôle et de prévention des maladies en août 2024.

 

Épidémie de méningites

Épidémie de méningites

Une augmentation de 36 % des cas de méningite. Les méningites à méningocoques, potentiellement mortelles, ont connu un «rebond sans précédent» en France après l’arrêt des mesures sanitaires mises en place pendant le Covid-19, alerte mardi l’Institut Pasteur qui appelle à élargir le vaccin aux adolescents, particulièrement touchés.

Imprévisible et foudroyante
Environ une personne sur dix dans la population générale (mais un adolescent sur trois) est porteuse de méningocoques sans qu’aucun symptôme de la maladie ne se déclare. Il arrive néanmoins qu’après avoir infecté les voies respiratoires, les méningocoques se propagent dans l’organisme via la circulation sanguine.

Fièvre élevée, maux de tête violents, vomissements, raideur de la nuque, photosensibilité, taches rouges ou violacées (purpura), sont les principaux symptômes. Imprévisible et foudroyante, cette maladie peut engendrer la mort en moins de 24 heures, sans prise en charge rapide. Correctement traitée, la mortalité reste de 10%.

a méningite à méningocoques a connu un rebond sans précédent à l’automne 2022, avec aujourd’hui, à l’automne 2023, un nombre de cas supérieur à la période qui a précédé la pandémie de Covid-19», résume Samy Taha, chercheur dans l’unité Infections bactériennes invasives à l’Institut Pasteur.

Niveaux «jamais atteints»
Si 298 cas ont été enregistrés entre janvier et septembre 2019, 421 cas ont déjà été répertoriés entre janvier et septembre 2023, soit une augmentation de 36%, «alors même que le pic hivernal n’a pas encore eu lieu», pointe Pasteur. Des niveaux «jamais atteints» en France, souligne Muhamed-Kheir Taha, responsable du Centre national de référence des méningocoques.

À cela, deux explications principales, selon l’institut de recherche : une diminution de l’immunité générale à la suite de la baisse de la circulation des souches, mais aussi la baisse de la vaccination, qui a chuté de 20% pour la vaccination contre le méningocoque C lors du premier confinement par exemple.

Cette recrudescence alarmante de la méningite pourrait s’amplifier dans les prochains mois avec l’épidémie de grippe saisonnière qui crée un «contexte favorable au développement des bactéries méningocoques», notamment en augmentant la circulation et l’exposition aux pathogènes respiratoires. Autre point de vigilance: les grands rassemblements propices aux contaminations comme les Jeux olympiques.

Virus de la dictature russe : épidémie d’accidents mortels

Virus de la dictature russe : épidémie d’accidents mortels

Prigogine l’auteur de la tentative de putsch en Russie disparaît donc dans un accident comme nombre d’autres hauts responsables contestant Poutine. Ces derniers temps la Russie enregistre une véritable épidémie d’accidents mortels rappelle Radio France.

Le 25 février 2022, moins de vingt-quatre heures après le début de la guerre menée par la Russie en Ukraine, l’un des principaux cadres de la société russe Gazprom, Alexander Tyulyakov, était retrouvé pendu dans son garage de Leningrad. Des témoins affirment que quelques heures plus tôt, l’homme avait été roué de coups par des individus non identifiés sur la voie publique.

La mort de Tyulyakov n’était pas la première perte enregistrée par Gazprom, puisque quelques semaines auparavant, le 30 janvier, c’est Leonid Shulman, autre cadre exécutif de l’entreprise, qui était décédé. Son corps sans vie, accompagné d’une note évoquant son suicide, a été retrouvé dans la baignoire de la luxueuse chambre d’hôtel qu’il occupait à Saint-Pétersbourg.

Le 1er septembre 2022, Ravil Maganov, président du conseil d’administration de la plus grande compagnie pétrolière privée de Russie, Lukoil, est tombé par la fenêtre du sixième étage de l’hôpital central de Moscou, où il séjournait en raison d’un problème cardiaque. Connu pour son opposition à la guerre en Ukraine, il n’a pas survécu.

Le 25 novembre, le milliardaire Vyacheslav Taran, qui avait fait fortune grâce aux cryptomonnaies, est mort dans un accident d’hélicoptère alors qu’il se dirigeait vers son domicile monégasque. Le passager qui devait l’accompagner a apparemment annulé son voyage à la dernière minute.

Le 9 décembre à Antibes, un autre milliardaire, le géant de l’immobilier Dmitry Zelenov, tombait dans les escaliers alors qu’il venait de dîner avec des amis.

Le Sydney Morning Herald a ainsi recensé vingt-trois morts suspectes, ou du moins inattendues, de citoyens russes connus pour leur grande richesse ou leur rang élevé dans la société. La plus ancienne de la liste est celle de Leonid Shulman et les trois dernières datent d’il y a quelques jours, puisque deux décès ont été annoncés le 24 décembre et un troisième le 25 –celui d’Alexeï Maslov, ancien chef des forces armées russes devenu le représentant militaire de son pays auprès de l’OTAN.

En moyenne, entre fin janvier et fin décembre 2022, un Russe appartenant à l’élite du pays est mort toutes les deux semaines dans des circonstances curieuses et/ou malgré sa santé de fer. Cette série de décès, dont on peut difficilement envisager qu’elle relève de la coïncidence, ressemble au point de départ d’un vaste film d’espionnage: aux quatre coins du globe, des hommes puissants, tous de nationalité russe, ont connu des morts diverses et variées –citons aussi, entre autres causes, l’empoisonnement au venin de crapaud et l’accident de bateau à moteur.

Le doute a visiblement mis du temps à se propager. Le 9 juillet 2022, une page Wikipédia intitulée «2022 Russian Businessmen Mystery Deaths» a été créée par un utilisateur anonyme pour recenser toutes les morts étranges survenues en Russie en 2022. En octobre, on a pu entendre le financier Bill Browder évoquer sur la chaîne américaine ABC ce qu’il décrivait comme une «épidémie de meurtres». Pour lui, pas d’hésitation: il y avait des contrats sur la tête de chacun de ces hommes.

De son côté, le professeur de sciences politiques Jeffrey Winters, de l’université d’Illinois, insiste sur le fait que la plupart des défunts étaient très riches, en très bonne santé, et qu’ils disposaient de gardes du corps et d’un personnel attentif: «Ce ne sont pas le genre de personnes qui tombent par mégarde dans les escaliers ou de leur fenêtre d’hôpital.»

Estimant que la liste de ces morts suspectes va encore s’allonger, Jeffrey Winters conseille de lorgner du côté de l’Arabie saoudite, de la Chine et de la Russie, «les seuls lieux où énormément d’oligarques ont été arrêtés, emprisonnés, ou sont morts dans des circonstances étranges». Pour le professeur de sciences politiques, cela ne fait d’ailleurs guère de doute: le dénominateur commun de cet ensemble de tragédies se nomme Vladimir Poutine.

«C’est un oligarque sultanesque, affirme-t-il, l’oligarque alpha en Russie. Il peut faire les puissants ou les broyer. Pour eux, il est à la fois un gage de sécurité et un danger.» Tout dépend si le président russe estime qu’ils sont avec ou contre lui.

Selon le professeur, l’élimination progressive de certains de ces Russes d’envergure est extrêmement logique: «L’une des façons que [Poutine] a de montrer son pouvoir est de faire des exemples en choisissant certains individus dans certains groupes. Cela rappelle aux autres qu’il est celui qui beurre leurs tartines et aussi celui qui peut tout leur enlever. C’est un motif très commun dans l’histoire de l’oligarchie.»

Politique-Putschs Afrique : Une épidémie contagieuse ?

Politique-Putschs Afrique : Une épidémie contagieuse ?

par
Thierry Vircoulon
Coordinateur de l’Observatoire pour l’Afrique centrale et australe de l’Institut Français des Relations Internationales, membre du Groupe de Recherche sur l’Eugénisme et le Racisme, Université Paris Cité dans The conversation.


Depuis 2020, une étonnante épidémie de putschs (cinq en deux ans) a frappé la zone comprise entre les 10e et le 20e parallèles nord, qui va du Soudan à la Guinée. De Khartoum à Conakry, des militaires ont pris le pouvoir entre 2020 et 2022 et entendent y rester. Le Niger est le dernier exemple en date, cette fois en 2023, pour ce qui devenue la « bande des juntes ». Analyse d’une tendance qui, malgré les promesses des putschistes, n’annonce nullement l’avènement – ou la restauration – de la démocratie dans les pays concernés.

Au Mali, le 18 août 2020, le colonel Assimi Goïta a renversé le président Ibrahim Boubacar Keïta, au pouvoir depuis 2013. En mai 2021, le colonel Assimi Goïta a démis et remplacé le président de la transition, Bah N’Daw.

Au Tchad, le 21 avril 2021, le général Mahamat Déby a succédé avec l’appui d’un Conseil militaire de transition (CMT) à son père tué en pleine opération militaire.

En Guinée, le 5 septembre 2021, le colonel Doumbouya a renversé le président Alpha Condé réélu depuis 2010.

Au Soudan, le 25 octobre 2021, le général Abdel Fatah al-Burhane a fait un putsch au sein de la transition ouverte par la chute du régime d’el-Béchir en 2019 en mettant fin au gouvernement civilo-militaire et en arrêtant le premier ministre Hamdok, en poste depuis 2019.

Au Burkina Faso, le 24 janvier 2022, le colonel Damiba a renversé le président Roch Marc Christian Kaboré élu depuis 2015. En octobre 2022, le capitaine Ibrahim Traoré a démis et remplacé le lieutenant-colonel Damiba.

Bien que tous ces pays aient une longue histoire de pouvoirs militaires, il faut distinguer, dans cette succession de coups de force, les « putschs de guerre », les « putschs de paix » et le putsch consenti tchadien. Les premiers (Mali et Burkina Faso) sont motivés par la défaite progressive face aux groupes djihadistes et le mécontentement consécutif des militaires vis-à-vis du pouvoir civil.

Les noms que se sont donnés les putschistes au Burkina Faso (Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration, MPSR) et au Mali (Comité national pour le salut du peuple, CNSP) illustrent leur motivation : prendre les rênes de la guerre pour sauver le pays face à ses ennemis.

Parmi ces cinq coups d’État, le Tchad est un cas particulier car il peut être qualifié de putsch consenti. En effet, il n’y a pas eu de renversement du pouvoir, mais une succession familiale anticonstitutionnelle dans laquelle l’oligarchie militaire a joué un rôle-clé.

Après le décès inattendu du président Déby, le président de l’Assemblée nationale Haroun Kabadi a renoncé à être président par intérim comme le prévoyait la Constitution, au profit d’un des fils de Déby et d’un groupe de généraux (Conseil militaire de transition, CMT). Dans la mesure où les protestations ont été minoritaires et vite réprimées, la succession militaro-dynastique a été consentie par la majorité de la classe politique, y compris des figures historiques de l’opposition.

Quant aux « putschistes de paix » (Guinée, Soudan), ils ont – de même qu’au Tchad – pris le pouvoir pour préserver des intérêts, avant tout ceux de l’armée. Au Soudan, la transition prenait une direction dangereuse pour l’oligarchie militaire, le comité de démantèlement du régime d’Omar el-Béchir commençant à s’intéresser de près à son empire économique. Le putsch a donc mis un coup d’arrêt à la « débachirisation » du pays et s’est traduit par le retour aux affaires de plusieurs fidèles d’el-Béchir.

Au Tchad, le demi-putsch visait la conservation du pouvoir par le groupe militaro-clanique qui soutenait Idriss Déby. En Guinée, si le Comité national du rassemblement pour le développement (CNRD) a justifié son putsch par la nécessité de « fonder une nation et de bâtir un État », il représente aussi et surtout des intérêts particuliers à l’intérieur des forces de sécurité. Dans ces trois pays, des mesures salariales en faveur des forces de sécurité ont d’ailleurs rapidement été ordonnées par les nouveaux dirigeants.

Gagner du temps, s’installer au pouvoir
Ces juntes ne sont pas uniformes. En revanche, elles ont toutes la même stratégie pour résister à un retour rapide à l’ordre constitutionnel, qui est une demande à la fois interne (partis politiques, organisations de la société civile) et externe (Cédéao, Union africaine, UE, ONU, etc.).

Les juntes font des concessions cosmétiques et gagnent du temps en retardant l’application du schéma habituel de retour à l’ordre constitutionnel. Élaboré au fil des nombreuses transitions en Afrique (Tchad 1993-1997, République démocratique du Congo 2003-2006, Centrafrique 2014-2016, etc.), ce schéma prévoit l’inéligibilité des dirigeants des gouvernements de transition et trois étapes politiques :

Un dialogue national. Il permet généralement de créer un consensus sur les principes de la future Constitution et de l’organisation des élections.

Une nouvelle Constitution. Elle est généralement validée par un référendum.

Des élections présidentielle et législatives. La mise en place d’un gouvernement et d’un Parlement élus au suffrage universel clôture la transition.

Pour l’heure, seules les autorités maliennes, tchadiennes et guinéennes ont franchi la première étape. Encore ont-elles mis un an pour organiser un dialogue national qui a été en partie boycotté et qui a abouti, au Tchad, à une répression violente.

Au Soudan, la tentative d’organiser un dialogue entre militaires et civils a échoué au printemps 2022 pour réussir en décembre. Dans tous les pays, les putschistes ont refusé l’idée d’une transition courte (entre six et dix-huit mois selon les pays) voulue par la Cédéao et l’UA. La perspective d’élections en 2022 s’est donc rapidement éloignée et, après de longues négociations, les pouvoirs putschistes ont fini par accepter une transition en deux ans.

Théoriquement, toutes ces transitions militaires devraient donc s’achever par des élections en 2024. Si cette date est respectée, seul le Burkina Faso aura connu une transition de deux ans, et les autres putschistes seront restés au pouvoir trois ou quatre ans avant l’échéance électorale. Ils auront donc réussi à imposer des transitions longues, décrocher quelques années de pouvoir et, pour certains d’entre eux (Tchad, Mali, Soudan), refuser le principe de l’inéligibilité des dirigeants des juntes aux prochaines échéances électorales. Dans ces trois pays, l’installation des putschistes aux commandes du pays pendant plusieurs années et la possibilité de se présenter aux élections ne laissent guère de doutes sur leur intention de conserver le pouvoir après la transition.

En outre, quelques concessions secondaires des juntes permettent d’atténuer les pressions internes et externes. En supprimant le CMT à la fin 2022, Mahamat Deby a donné la fausse impression d’une démilitarisation de la transition et, avec l’accord de décembre 2022, le général Abdel Fatah al-Burhane rend possible le retour à un gouvernement civilo-militaire de transition au Soudan en 2023.

Même si les juntes promettent toutes le retour à l’ordre constitutionnel, le chemin de la transition est semé d’embûches.

Les élections sont hypothéquées au Mali et au Burkina Faso par la situation sécuritaire. Tant qu’une majeure partie du territoire national restera inaccessible aux forces armées et aux fonctionnaires, organiser des élections et mener une campagne électorale sera irréaliste. Le Soudan, où les conflits se multiplient dans un climat politique confus, peut aussi être forcé de reporter les élections pour des raisons d’insécurité.

Par ailleurs, outre l’assaut de rébellions agressives, deux menaces planent sur ces transitions militaires : le putsch dans le putsch (comme ceux qui ont eu lieu au Mali en mai 2021 et au Burkina Faso en octobre 2022), et la contestation populaire.

D’autres coups de force entre militaires sont envisageables car l’appareil sécuritaire des cinq juntes considérées est travaillé par des rivalités de groupes et de personnes que le marasme sécuritaire et économique ne fait qu’accentuer. Pour les putschistes, l’état de grâce a été de courte durée car leur base sociale est réduite, la situation socio-économique s’aggrave et, au Mali et au Burkina Faso, les juntes sont incapables de concrétiser leur promesse de retour de la sécurité.

L’acceptation populaire des juntes étant essentiellement fondée sur le discrédit des pouvoirs précédents et l’espoir d’une amélioration sécuritaire et socio-économique, le désenchantement peut aisément se transformer en mobilisations contestataires. Alors qu’en Guinée le Front national pour la défense de la Constitution (FNDC) interdit en août 2022 exprime le désenchantement vis-à-vis de la junte, qu’au Soudan les comités de résistance ayant fait tomber le régime d’el-Béchir restent mobilisés contre le pouvoir militaire et qu’au Mali la junte est ouvertement critiquée, le gouvernement de transition tchadien a déjà été menacé par la rue et par des militaires mécontents.

Enfin, si les juntes réussissent à se maintenir, elles organiseront des élections dans des scènes politiques nationales sinistrées. Dans ces cinq pays, la société civile est épuisée et affaiblie, la classe politique est discréditée, l’opposition est incapable de s’unir et peine à se renouveler, et le paysage politique est fragmenté à l’extrême (le Tchad, le Burkina Faso et la Guinée comptent chacun environ 200 partis). Les élections prévues en 2024 se joueront entre des forces politiques probablement divisées, à court de moyens et d’idées et face à des électeurs appauvris et mécontents.

Pour les putschistes qui sont au pouvoir et entendent y rester, ces scrutins constitueront l’occasion idéale d’être légitimés par les urnes – même en recourant à la fraude électorale.

Pour l’instant, la situation reste confuse au Niger, tandis que la Cedeao (Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest) a exigé un retour à l’ordre et que des manifestations ont eu lieu devant l’ambassade de France à Niamey.

Alors qu’en Afrique de l’Ouest, les transitions des années 1990 ont ouvert la voie vers la démocratie, les transitions militaires actuelles inaugurent une nouvelle période d’instabilité et risquent fort d’aboutir à des régimes pseudo-civils où les militaires conserveront plus ou moins discrètement l’essentiel du pouvoir.

Putschs Afrique : Une épidémie contagieuse ?

Putschs Afrique : Une épidémie contagieuse ?

par
Thierry Vircoulon
Coordinateur de l’Observatoire pour l’Afrique centrale et australe de l’Institut Français des Relations Internationales, membre du Groupe de Recherche sur l’Eugénisme et le Racisme, Université Paris Cité dans The conversation.

Depuis 2020, une étonnante épidémie de putschs (cinq en deux ans) a frappé la zone comprise entre les 10e et le 20e parallèles nord, qui va du Soudan à la Guinée. De Khartoum à Conakry, des militaires ont pris le pouvoir entre 2020 et 2022 et entendent y rester. Le Niger est le dernier exemple en date, cette fois en 2023, pour ce qui devenue la « bande des juntes ».

Analyse d’une tendance qui, malgré les promesses des putschistes, n’annonce nullement l’avènement – ou la restauration – de la démocratie dans les pays concernés.

Au Mali, le 18 août 2020, le colonel Assimi Goïta a renversé le président Ibrahim Boubacar Keïta, au pouvoir depuis 2013. En mai 2021, le colonel Assimi Goïta a démis et remplacé le président de la transition, Bah N’Daw.

Au Tchad, le 21 avril 2021, le général Mahamat Déby a succédé avec l’appui d’un Conseil militaire de transition (CMT) à son père tué en pleine opération militaire.

En Guinée, le 5 septembre 2021, le colonel Doumbouya a renversé le président Alpha Condé réélu depuis 2010.

Au Soudan, le 25 octobre 2021, le général Abdel Fatah al-Burhane a fait un putsch au sein de la transition ouverte par la chute du régime d’el-Béchir en 2019 en mettant fin au gouvernement civilo-militaire et en arrêtant le premier ministre Hamdok, en poste depuis 2019.

Au Burkina Faso, le 24 janvier 2022, le colonel Damiba a renversé le président Roch Marc Christian Kaboré élu depuis 2015. En octobre 2022, le capitaine Ibrahim Traoré a démis et remplacé le lieutenant-colonel Damiba.

Bien que tous ces pays aient une longue histoire de pouvoirs militaires, il faut distinguer, dans cette succession de coups de force, les « putschs de guerre », les « putschs de paix » et le putsch consenti tchadien. Les premiers (Mali et Burkina Faso) sont motivés par la défaite progressive face aux groupes djihadistes et le mécontentement consécutif des militaires vis-à-vis du pouvoir civil.

Les noms que se sont donnés les putschistes au Burkina Faso (Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration, MPSR) et au Mali (Comité national pour le salut du peuple, CNSP) illustrent leur motivation : prendre les rênes de la guerre pour sauver le pays face à ses ennemis.

Parmi ces cinq coups d’État, le Tchad est un cas particulier car il peut être qualifié de putsch consenti. En effet, il n’y a pas eu de renversement du pouvoir, mais une succession familiale anticonstitutionnelle dans laquelle l’oligarchie militaire a joué un rôle-clé.

Après le décès inattendu du président Déby, le président de l’Assemblée nationale Haroun Kabadi a renoncé à être président par intérim comme le prévoyait la Constitution, au profit d’un des fils de Déby et d’un groupe de généraux (Conseil militaire de transition, CMT). Dans la mesure où les protestations ont été minoritaires et vite réprimées, la succession militaro-dynastique a été consentie par la majorité de la classe politique, y compris des figures historiques de l’opposition.

Quant aux « putschistes de paix » (Guinée, Soudan), ils ont – de même qu’au Tchad – pris le pouvoir pour préserver des intérêts, avant tout ceux de l’armée. Au Soudan, la transition prenait une direction dangereuse pour l’oligarchie militaire, le comité de démantèlement du régime d’Omar el-Béchir commençant à s’intéresser de près à son empire économique. Le putsch a donc mis un coup d’arrêt à la « débachirisation » du pays et s’est traduit par le retour aux affaires de plusieurs fidèles d’el-Béchir.

Au Tchad, le demi-putsch visait la conservation du pouvoir par le groupe militaro-clanique qui soutenait Idriss Déby. En Guinée, si le Comité national du rassemblement pour le développement (CNRD) a justifié son putsch par la nécessité de « fonder une nation et de bâtir un État », il représente aussi et surtout des intérêts particuliers à l’intérieur des forces de sécurité. Dans ces trois pays, des mesures salariales en faveur des forces de sécurité ont d’ailleurs rapidement été ordonnées par les nouveaux dirigeants.

Gagner du temps, s’installer au pouvoir
Ces juntes ne sont pas uniformes. En revanche, elles ont toutes la même stratégie pour résister à un retour rapide à l’ordre constitutionnel, qui est une demande à la fois interne (partis politiques, organisations de la société civile) et externe (Cédéao, Union africaine, UE, ONU, etc.).

Les juntes font des concessions cosmétiques et gagnent du temps en retardant l’application du schéma habituel de retour à l’ordre constitutionnel. Élaboré au fil des nombreuses transitions en Afrique (Tchad 1993-1997, République démocratique du Congo 2003-2006, Centrafrique 2014-2016, etc.), ce schéma prévoit l’inéligibilité des dirigeants des gouvernements de transition et trois étapes politiques :

Un dialogue national. Il permet généralement de créer un consensus sur les principes de la future Constitution et de l’organisation des élections.

Une nouvelle Constitution. Elle est généralement validée par un référendum.

Des élections présidentielle et législatives. La mise en place d’un gouvernement et d’un Parlement élus au suffrage universel clôture la transition.

Pour l’heure, seules les autorités maliennes, tchadiennes et guinéennes ont franchi la première étape. Encore ont-elles mis un an pour organiser un dialogue national qui a été en partie boycotté et qui a abouti, au Tchad, à une répression violente.

Au Soudan, la tentative d’organiser un dialogue entre militaires et civils a échoué au printemps 2022 pour réussir en décembre. Dans tous les pays, les putschistes ont refusé l’idée d’une transition courte (entre six et dix-huit mois selon les pays) voulue par la Cédéao et l’UA. La perspective d’élections en 2022 s’est donc rapidement éloignée et, après de longues négociations, les pouvoirs putschistes ont fini par accepter une transition en deux ans.

Théoriquement, toutes ces transitions militaires devraient donc s’achever par des élections en 2024. Si cette date est respectée, seul le Burkina Faso aura connu une transition de deux ans, et les autres putschistes seront restés au pouvoir trois ou quatre ans avant l’échéance électorale. Ils auront donc réussi à imposer des transitions longues, décrocher quelques années de pouvoir et, pour certains d’entre eux (Tchad, Mali, Soudan), refuser le principe de l’inéligibilité des dirigeants des juntes aux prochaines échéances électorales. Dans ces trois pays, l’installation des putschistes aux commandes du pays pendant plusieurs années et la possibilité de se présenter aux élections ne laissent guère de doutes sur leur intention de conserver le pouvoir après la transition.

En outre, quelques concessions secondaires des juntes permettent d’atténuer les pressions internes et externes. En supprimant le CMT à la fin 2022, Mahamat Deby a donné la fausse impression d’une démilitarisation de la transition et, avec l’accord de décembre 2022, le général Abdel Fatah al-Burhane rend possible le retour à un gouvernement civilo-militaire de transition au Soudan en 2023.

Même si les juntes promettent toutes le retour à l’ordre constitutionnel, le chemin de la transition est semé d’embûches.

Les élections sont hypothéquées au Mali et au Burkina Faso par la situation sécuritaire. Tant qu’une majeure partie du territoire national restera inaccessible aux forces armées et aux fonctionnaires, organiser des élections et mener une campagne électorale sera irréaliste. Le Soudan, où les conflits se multiplient dans un climat politique confus, peut aussi être forcé de reporter les élections pour des raisons d’insécurité.

Par ailleurs, outre l’assaut de rébellions agressives, deux menaces planent sur ces transitions militaires : le putsch dans le putsch (comme ceux qui ont eu lieu au Mali en mai 2021 et au Burkina Faso en octobre 2022), et la contestation populaire.

D’autres coups de force entre militaires sont envisageables car l’appareil sécuritaire des cinq juntes considérées est travaillé par des rivalités de groupes et de personnes que le marasme sécuritaire et économique ne fait qu’accentuer. Pour les putschistes, l’état de grâce a été de courte durée car leur base sociale est réduite, la situation socio-économique s’aggrave et, au Mali et au Burkina Faso, les juntes sont incapables de concrétiser leur promesse de retour de la sécurité.

L’acceptation populaire des juntes étant essentiellement fondée sur le discrédit des pouvoirs précédents et l’espoir d’une amélioration sécuritaire et socio-économique, le désenchantement peut aisément se transformer en mobilisations contestataires. Alors qu’en Guinée le Front national pour la défense de la Constitution (FNDC) interdit en août 2022 exprime le désenchantement vis-à-vis de la junte, qu’au Soudan les comités de résistance ayant fait tomber le régime d’el-Béchir restent mobilisés contre le pouvoir militaire et qu’au Mali la junte est ouvertement critiquée, le gouvernement de transition tchadien a déjà été menacé par la rue et par des militaires mécontents.

Enfin, si les juntes réussissent à se maintenir, elles organiseront des élections dans des scènes politiques nationales sinistrées. Dans ces cinq pays, la société civile est épuisée et affaiblie, la classe politique est discréditée, l’opposition est incapable de s’unir et peine à se renouveler, et le paysage politique est fragmenté à l’extrême (le Tchad, le Burkina Faso et la Guinée comptent chacun environ 200 partis). Les élections prévues en 2024 se joueront entre des forces politiques probablement divisées, à court de moyens et d’idées et face à des électeurs appauvris et mécontents.

Pour les putschistes qui sont au pouvoir et entendent y rester, ces scrutins constitueront l’occasion idéale d’être légitimés par les urnes – même en recourant à la fraude électorale.

Pour l’instant, la situation reste confuse au Niger, tandis que la Cedeao (Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest) a exigé un retour à l’ordre et que des manifestations ont eu lieu devant l’ambassade de France à Niamey.

Alors qu’en Afrique de l’Ouest, les transitions des années 1990 ont ouvert la voie vers la démocratie, les transitions militaires actuelles inaugurent une nouvelle période d’instabilité et risquent fort d’aboutir à des régimes pseudo-civils où les militaires conserveront plus ou moins discrètement l’essentiel du pouvoir.

Afrique : Une épidémie de putschs

Afrique : Une épidémie de putschs

par
Thierry Vircoulon
Coordinateur de l’Observatoire pour l’Afrique centrale et australe de l’Institut Français des Relations Internationales, membre du Groupe de Recherche sur l’Eugénisme et le Racisme, Université Paris Cité dans The conversation.

Depuis 2020, une étonnante épidémie de putschs (cinq en deux ans) a frappé la zone comprise entre les 10e et le 20e parallèles nord, qui va du Soudan à la Guinée. De Khartoum à Conakry, des militaires ont pris le pouvoir entre 2020 et 2022 et entendent y rester. Le Niger est le dernier exemple en date, cette fois en 2023, pour ce qui devenue la « bande des juntes ».

Analyse d’une tendance qui, malgré les promesses des putschistes, n’annonce nullement l’avènement – ou la restauration – de la démocratie dans les pays concernés.

Au Mali, le 18 août 2020, le colonel Assimi Goïta a renversé le président Ibrahim Boubacar Keïta, au pouvoir depuis 2013. En mai 2021, le colonel Assimi Goïta a démis et remplacé le président de la transition, Bah N’Daw.

Au Tchad, le 21 avril 2021, le général Mahamat Déby a succédé avec l’appui d’un Conseil militaire de transition (CMT) à son père tué en pleine opération militaire.

En Guinée, le 5 septembre 2021, le colonel Doumbouya a renversé le président Alpha Condé réélu depuis 2010.

Au Soudan, le 25 octobre 2021, le général Abdel Fatah al-Burhane a fait un putsch au sein de la transition ouverte par la chute du régime d’el-Béchir en 2019 en mettant fin au gouvernement civilo-militaire et en arrêtant le premier ministre Hamdok, en poste depuis 2019.

Au Burkina Faso, le 24 janvier 2022, le colonel Damiba a renversé le président Roch Marc Christian Kaboré élu depuis 2015. En octobre 2022, le capitaine Ibrahim Traoré a démis et remplacé le lieutenant-colonel Damiba.

Bien que tous ces pays aient une longue histoire de pouvoirs militaires, il faut distinguer, dans cette succession de coups de force, les « putschs de guerre », les « putschs de paix » et le putsch consenti tchadien. Les premiers (Mali et Burkina Faso) sont motivés par la défaite progressive face aux groupes djihadistes et le mécontentement consécutif des militaires vis-à-vis du pouvoir civil.

Les noms que se sont donnés les putschistes au Burkina Faso (Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration, MPSR) et au Mali (Comité national pour le salut du peuple, CNSP) illustrent leur motivation : prendre les rênes de la guerre pour sauver le pays face à ses ennemis.

Parmi ces cinq coups d’État, le Tchad est un cas particulier car il peut être qualifié de putsch consenti. En effet, il n’y a pas eu de renversement du pouvoir, mais une succession familiale anticonstitutionnelle dans laquelle l’oligarchie militaire a joué un rôle-clé.

Après le décès inattendu du président Déby, le président de l’Assemblée nationale Haroun Kabadi a renoncé à être président par intérim comme le prévoyait la Constitution, au profit d’un des fils de Déby et d’un groupe de généraux (Conseil militaire de transition, CMT). Dans la mesure où les protestations ont été minoritaires et vite réprimées, la succession militaro-dynastique a été consentie par la majorité de la classe politique, y compris des figures historiques de l’opposition.

Quant aux « putschistes de paix » (Guinée, Soudan), ils ont – de même qu’au Tchad – pris le pouvoir pour préserver des intérêts, avant tout ceux de l’armée. Au Soudan, la transition prenait une direction dangereuse pour l’oligarchie militaire, le comité de démantèlement du régime d’Omar el-Béchir commençant à s’intéresser de près à son empire économique. Le putsch a donc mis un coup d’arrêt à la « débachirisation » du pays et s’est traduit par le retour aux affaires de plusieurs fidèles d’el-Béchir.

Au Tchad, le demi-putsch visait la conservation du pouvoir par le groupe militaro-clanique qui soutenait Idriss Déby. En Guinée, si le Comité national du rassemblement pour le développement (CNRD) a justifié son putsch par la nécessité de « fonder une nation et de bâtir un État », il représente aussi et surtout des intérêts particuliers à l’intérieur des forces de sécurité. Dans ces trois pays, des mesures salariales en faveur des forces de sécurité ont d’ailleurs rapidement été ordonnées par les nouveaux dirigeants.

Gagner du temps, s’installer au pouvoir
Ces juntes ne sont pas uniformes. En revanche, elles ont toutes la même stratégie pour résister à un retour rapide à l’ordre constitutionnel, qui est une demande à la fois interne (partis politiques, organisations de la société civile) et externe (Cédéao, Union africaine, UE, ONU, etc.).

Les juntes font des concessions cosmétiques et gagnent du temps en retardant l’application du schéma habituel de retour à l’ordre constitutionnel. Élaboré au fil des nombreuses transitions en Afrique (Tchad 1993-1997, République démocratique du Congo 2003-2006, Centrafrique 2014-2016, etc.), ce schéma prévoit l’inéligibilité des dirigeants des gouvernements de transition et trois étapes politiques :

Un dialogue national. Il permet généralement de créer un consensus sur les principes de la future Constitution et de l’organisation des élections.

Une nouvelle Constitution. Elle est généralement validée par un référendum.

Des élections présidentielle et législatives. La mise en place d’un gouvernement et d’un Parlement élus au suffrage universel clôture la transition.

Pour l’heure, seules les autorités maliennes, tchadiennes et guinéennes ont franchi la première étape. Encore ont-elles mis un an pour organiser un dialogue national qui a été en partie boycotté et qui a abouti, au Tchad, à une répression violente.

Au Soudan, la tentative d’organiser un dialogue entre militaires et civils a échoué au printemps 2022 pour réussir en décembre. Dans tous les pays, les putschistes ont refusé l’idée d’une transition courte (entre six et dix-huit mois selon les pays) voulue par la Cédéao et l’UA. La perspective d’élections en 2022 s’est donc rapidement éloignée et, après de longues négociations, les pouvoirs putschistes ont fini par accepter une transition en deux ans.

Théoriquement, toutes ces transitions militaires devraient donc s’achever par des élections en 2024. Si cette date est respectée, seul le Burkina Faso aura connu une transition de deux ans, et les autres putschistes seront restés au pouvoir trois ou quatre ans avant l’échéance électorale. Ils auront donc réussi à imposer des transitions longues, décrocher quelques années de pouvoir et, pour certains d’entre eux (Tchad, Mali, Soudan), refuser le principe de l’inéligibilité des dirigeants des juntes aux prochaines échéances électorales. Dans ces trois pays, l’installation des putschistes aux commandes du pays pendant plusieurs années et la possibilité de se présenter aux élections ne laissent guère de doutes sur leur intention de conserver le pouvoir après la transition.

En outre, quelques concessions secondaires des juntes permettent d’atténuer les pressions internes et externes. En supprimant le CMT à la fin 2022, Mahamat Deby a donné la fausse impression d’une démilitarisation de la transition et, avec l’accord de décembre 2022, le général Abdel Fatah al-Burhane rend possible le retour à un gouvernement civilo-militaire de transition au Soudan en 2023.

Même si les juntes promettent toutes le retour à l’ordre constitutionnel, le chemin de la transition est semé d’embûches.

Les élections sont hypothéquées au Mali et au Burkina Faso par la situation sécuritaire. Tant qu’une majeure partie du territoire national restera inaccessible aux forces armées et aux fonctionnaires, organiser des élections et mener une campagne électorale sera irréaliste. Le Soudan, où les conflits se multiplient dans un climat politique confus, peut aussi être forcé de reporter les élections pour des raisons d’insécurité.

Par ailleurs, outre l’assaut de rébellions agressives, deux menaces planent sur ces transitions militaires : le putsch dans le putsch (comme ceux qui ont eu lieu au Mali en mai 2021 et au Burkina Faso en octobre 2022), et la contestation populaire.

D’autres coups de force entre militaires sont envisageables car l’appareil sécuritaire des cinq juntes considérées est travaillé par des rivalités de groupes et de personnes que le marasme sécuritaire et économique ne fait qu’accentuer. Pour les putschistes, l’état de grâce a été de courte durée car leur base sociale est réduite, la situation socio-économique s’aggrave et, au Mali et au Burkina Faso, les juntes sont incapables de concrétiser leur promesse de retour de la sécurité.

L’acceptation populaire des juntes étant essentiellement fondée sur le discrédit des pouvoirs précédents et l’espoir d’une amélioration sécuritaire et socio-économique, le désenchantement peut aisément se transformer en mobilisations contestataires. Alors qu’en Guinée le Front national pour la défense de la Constitution (FNDC) interdit en août 2022 exprime le désenchantement vis-à-vis de la junte, qu’au Soudan les comités de résistance ayant fait tomber le régime d’el-Béchir restent mobilisés contre le pouvoir militaire et qu’au Mali la junte est ouvertement critiquée, le gouvernement de transition tchadien a déjà été menacé par la rue et par des militaires mécontents.

Enfin, si les juntes réussissent à se maintenir, elles organiseront des élections dans des scènes politiques nationales sinistrées. Dans ces cinq pays, la société civile est épuisée et affaiblie, la classe politique est discréditée, l’opposition est incapable de s’unir et peine à se renouveler, et le paysage politique est fragmenté à l’extrême (le Tchad, le Burkina Faso et la Guinée comptent chacun environ 200 partis). Les élections prévues en 2024 se joueront entre des forces politiques probablement divisées, à court de moyens et d’idées et face à des électeurs appauvris et mécontents.

Pour les putschistes qui sont au pouvoir et entendent y rester, ces scrutins constitueront l’occasion idéale d’être légitimés par les urnes – même en recourant à la fraude électorale.

Pour l’instant, la situation reste confuse au Niger, tandis que la Cedeao (Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest) a exigé un retour à l’ordre et que des manifestations ont eu lieu devant l’ambassade de France à Niamey.

Alors qu’en Afrique de l’Ouest, les transitions des années 1990 ont ouvert la voie vers la démocratie, les transitions militaires actuelles inaugurent une nouvelle période d’instabilité et risquent fort d’aboutir à des régimes pseudo-civils où les militaires conserveront plus ou moins discrètement l’essentiel du pouvoir.

Drogues: Une véritable épidémie

Drogues: Une véritable épidémie


Les drogues douces ou durs ne cessent de se développer en Europe en même temps que la corruption qui pourrait affecter la police, la justice et au-delà la démocratie comme en Amérique du Sud par exemple. La France est particulièrement concernée par le phénomène ,Malheureusement la lutte des pouvoirs publics en France contre les stupéfiants est complètement inefficace . Notons aussi en France que la drague est impliquée dans 20 % des accidents mortels de la route.

Pour les drogues douces, curieusement le Conseil d’État contre l’avis du gouvernement a autorisé la légalisation des fleurs de CBD. Récemment, c’est le Conseil économique et social environnemental qui a fait la proposition de légaliser le cannabis. On peut se demander sur quelle légitimité scientifique voire éthique s’appuient ces deux institutions.

En 2021, 47,3 % des adultes âgés de 18 à 64 ans déclarent avoir déjà consommé du cannabis au cours de leur vie. L’usage actuel (usage dans l’année) concerne 10,6 % des 18-64 ans (14,2 % des hommes et 7,2 % des femmes).

Pour la cocaîne, La multiplication par cinq de la consommation en Europe n’a pas que des conséquences sur la santé publique. À terme, les trafics déstabilisent les États, corrompent les politiques et les policiers.

En France, en l’an 2000, 0,3 % de la population était consommatrice régulière de cocaïne, selon l’observatoire français des drogues et des tendances addictives (OFDT). Aujourd’hui, c’est 1,6 % de la population française qui consomme au moins une fois par mois de la cocaïne. Pour toutes ces raisons, les cartels mexicains et colombiens se détournent actuellement des États-Unis pour s’attaquer à un marché en plein essor : l’Europe. Dans le premier port européen, Anvers, les saisies sont passées de 16 tonnes en 2015 à 110 en 2022, battant des records d’années en années. À Orly, les vols depuis la Guyane sont devenus le premier point d’entrée aérien de cette drogue. Et pour toutes ces raisons, plusieurs pressentent que l’Europe est en train de ravir sa place de premier marché mondial de la cocaïne aux États-Unis, une première historique.

Le chiffre d’affaires mondial de l’ensemble des drogues serait de l’ordre de 250 milliards !

Le neurologue Grégoire Hinzelin rappelle les effets du cannabis sur le cerveau.

Interview sur le site « la Vie »
Quand quelqu’un fume du cannabis, quels sont les effets sur son cerveau ?

Lorsqu’on fume un joint, le psychotrope absorbé provoque une accélération du fonctionnement électrique du cerveau, et donc un effet d’anxiolyse, c’est-à-dire réduisant l’anxiété. Cela produit une désinhibition, exactement comme l’alcool. L’anxiolyse et l’euphorie qui en découle sont parmi les mécanismes qui provoquent la dépendance. Une consommation très épisodique n’aura pas particulièrement de conséquence à long terme, à part en ce qui concerne les accidents qui peuvent se dérouler à l’occasion de la période où le consommateur est sous l’emprise du cannabis. Exactement comme l’alcool, une énorme cuite n’aura en général aucun impact à long terme sur la santé, contrairement à une consommation trop fréquente.

Et sur le long terme, qu’observe-t-on dans le cerveau des consommateurs de cannabis ?

Une dégradation se manifeste de diverses façons. De manière générale, le principal aspect est l’augmentation du trouble de la mémoire, de la concentration, et parfois – plus grave – une augmentation des troubles psychiatriques. Apparaissent des crises de démence d’origine vasculaire (désorientation permanente, incapacité à ordonner ses pensées…) ou des démences cortico-souscorticales, c’est-à-dire des problèmes de mémoire graves, qui s’apparentent à un léger Alzheimer prématuré qui se manifeste parfois dès 40 ans.

Dans de nombreux cas, la consommation régulière de cannabis peut développer une schizophrénie.
Il y a aussi un risque très important de bouffées délirantes aiguës, qui arrivent à des consommateurs qui souvent n’ont jamais connu de troubles psychiques avant et qui se mettent à adopter des comportements incohérents et irrationnels le temps de la crise. Dans de nombreux cas, la consommation régulière de cannabis peut développer une schizophrénie. En revanche, il y a débat dans la communauté scientifique entre ceux qui affirment que le cannabis ne fait que dévoiler et rendre active une schizophrénie préexistante et ceux qui défendent l’idée que le cannabis crée la schizophrénie sans que le consommateur n’y soit prédisposé. La question est là : la schizophrénie provoquée par le cannabis est-elle innée ou acquise ? Il nous faudra encore 10 ou 15 ans pour le savoir.

Il faut en outre distinguer les troubles liés à la consommation et à la drogue elle-même. La consommation de cannabis à long terme peut être un facteur d’isolement social, et la dépression peut découler de cette dépendance et de ses effets indirects.

Y a-t-il une évolution du contenu de ce que fument le consommateurs de cannabis au fil des ans ?

Les joints qui étaient fumés en mai 1968 présentaient déjà un risque et contenaient 2 à 3% de THC (tétrahydrocannabinol, la principale substance active du cannabis). Aujourd’hui, une boulette de résine en contient bien plus, montant parfois jusqu’à 40% de THC ! Une telle dose dans un joint est encore plus puissante qu’un rail de cocaïne. C’est tout l’ennui : quand un consommateur va se procurer du cannabis, il ne sait pas quelle dose de THC il s’apprête à consommer, et c’est souvent énorme. C’est comme si vous vouliez acheter de l’alcool dans un magasin, et que vous ne saviez pas si vous venez acheter une bouteille de cidre ou trois bouteilles de whisky. Et quand on s’habitue à de telles doses de cannabis, on glisse vite sur la pente qui mène à la consommation de drogues dites « plus dures », comme la cocaïne

Santé-Une épidémie de grippe en France

Santé-Une épidémie de grippe en France

Une hausse de près de 100% de l’épidémie. Soit un note un net « rebond « : 11 des 13 régions de France métropolitaine sont désormais classées en phase épidémique, dont la Bretagne, pourtant classée en phase « post-épidémie » la semaine précédente.

Les cas de grippe augmentent fortement sur l’ensemble du territoire. Pourquoi ? le Dr Benjamin Davido, infectiologue à l’hôpital Raymond-Poincaré de Garches (Hauts-de-Seine), explique que “c’est le virus H3N2 qui est le plus majoritaire en France” pour cette saison 2022-2023.

En cause, l’abandon des gestes barrières appliqués depuis 2020 en raison de la pandémie de Covid-19. Le masque par exemple. Obligatoire dans les transports en commun jusqu’en mai 2022, il n’est que “fortement recommandé” dans les métros, bus et trains publics. Et ce, malgré la triple épidémie que vit le pays. “Le relâchement de tous ces gestes barrières multiplie les risques de contamination.. D’après le professeur Pierre Tattevin, chef du service d’infectiologie du CHU de Rennes (Ille-et-Vilaine), “le faible niveau des épidémies saisonnières depuis 2020 a certainement entraîné une baisse d’immunité collective vis-à-vis de la grippe”, indique-t-il à Ouest France.

Les deux médecins rappellent l’importance de la vaccination qui permet de prévenir les formes graves notamment chez les publics vulnérables. “Le vaccin est efficace en une dizaine de jours, informe le Pr Tattevin, et l’épidémie va certainement se poursuivre bien au-delà !

Désormais, seules les régions Normandie et Hauts-de-France ne sont pas en phase épidémique. Les régions Auvergne-Rhône-Alpes et Provence-Alpes-Côtes d’Azur sont à l’inverse les plus touchées.

Dans le détail, le taux d’incidence des consultations pour syndrome grippal a augmenté de 38% entre la semaine du 23 au 29 janvier et celle du 30 janvier au 5 février. Les passages aux urgences sont également en augmentation, de +40%, comme le nombre d’hospitalisations, de +43%.

Depuis le début de la surveillance de l’épidémie en octobre dernier, 712 personnes atteintes de la grippe ont été admises en service de réanimation en France indique Santé Publique France. 83 décès ont été rapportés: 40 chez les plus de 65 ans, 40 chez les 15-64 ans et trois chez les moins de 15 ans.

Une épidémie de grippe en France

Une épidémie de grippe en France

Une hausse de près de 100% de l’épidémie. Soit un note un net « rebond « : 11 des 13 régions de France métropolitaine sont désormais classées en phase épidémique, dont la Bretagne, pourtant classée en phase « post-épidémie » la semaine précédente.

Les cas de grippe augmentent fortement sur l’ensemble du territoire. Pourquoi ? le Dr Benjamin Davido, infectiologue à l’hôpital Raymond-Poincaré de Garches (Hauts-de-Seine), explique que “c’est le virus H3N2 qui est le plus majoritaire en France” pour cette saison 2022-2023.

En cause, l’abandon des gestes barrières appliqués depuis 2020 en raison de la pandémie de Covid-19. Le masque par exemple. Obligatoire dans les transports en commun jusqu’en mai 2022, il n’est que “fortement recommandé” dans les métros, bus et trains publics. Et ce, malgré la triple épidémie que vit le pays. “Le relâchement de tous ces gestes barrières multiplie les risques de contamination.. D’après le professeur Pierre Tattevin, chef du service d’infectiologie du CHU de Rennes (Ille-et-Vilaine), “le faible niveau des épidémies saisonnières depuis 2020 a certainement entraîné une baisse d’immunité collective vis-à-vis de la grippe”, indique-t-il à Ouest France.

Les deux médecins rappellent l’importance de la vaccination qui permet de prévenir les formes graves notamment chez les publics vulnérables. “Le vaccin est efficace en une dizaine de jours, informe le Pr Tattevin, et l’épidémie va certainement se poursuivre bien au-delà !

Désormais, seules les régions Normandie et Hauts-de-France ne sont pas en phase épidémique. Les régions Auvergne-Rhône-Alpes et Provence-Alpes-Côtes d’Azur sont à l’inverse les plus touchées.

Dans le détail, le taux d’incidence des consultations pour syndrome grippal a augmenté de 38% entre la semaine du 23 au 29 janvier et celle du 30 janvier au 5 février. Les passages aux urgences sont également en augmentation, de +40%, comme le nombre d’hospitalisations, de +43%.

Depuis le début de la surveillance de l’épidémie en octobre dernier, 712 personnes atteintes de la grippe ont été admises en service de réanimation en France indique Santé Publique France. 83 décès ont été rapportés: 40 chez les plus de 65 ans, 40 chez les 15-64 ans et trois chez les moins de 15 ans.

Épidémie généralisée de grippe aviaire

Épidémie généralisée de grippe aviaire

Une crise sanitaire autant qu’une crise économique grave pour les éleveurs; En effet, ‘épidémie ne connaît pas de frontières en Europe . Entre octobre 2021 et septembre 2022, pas moins de 37 pays européens ont été affectés par la grippe aviaire, avec près de 2 500 foyers détectés dans les fermes du continent, selon un rapport de l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA), du Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC) et du laboratoire de référence de l’Union européenne.

Très attendu par les éleveurs, qui subissent d’importantes pertes financières en cas d’abattage massif de leurs volailles, le vaccin contre la grippe aviaire ne pourra pas être distribué cet hiver, a prévenu lundi l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses). Jugés trop peu efficaces, les candidats-vaccins ne pourront de toute façon pas être disponibles en volumes suffisants d’ici au premier trimestre 2023.

Et maintenant une épidémie de grippe ?

Et maintenant une épidémie de grippe ?

 

La grippe classique bloquée d’une certaine façon par la politique sanitaire contre le covid semble reprendre de la vigueur dans le pays. La grippe se répand dans de nombreuses régions françaises, selon le dernier bilan hebdomadaire de Santé publique France, publié mercredi 9 février. L’épidémie reste notamment active dans le Sud-Est, où elle continue de progresser, mais aussi en Ile-de-France, où elle repart à la hausse.

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L’hiver précédent, les confinements et les mesures contre le Covid-19 avaient bloqué la circulation des autres virus, comme celui de la grippe. Les Français ont été moins infectés que d’habitude et sont donc moins immunisés sur le plan collectif, ce qui favorise une reprise de l’épidémie cet hiver. « Tout relâchement des mesures de contrôle à l’issue de la cinquième vague de Covid-19 pourrait se traduire par une intensification de l’activité grippale », prévient l’agence sanitaire.

Risque d’une épidémie de grippe ?

Risque d’une épidémie de grippe ?

La grippe « ordinaire » tue chaque année entre 8.000 et 14.500 personnes selon la Haute autorité de santé . 

 

Un chiffre qui pourrait être largement dépassé cette année avec l’affaiblissement des défenses immunitaires provoquées notamment par le Covid.  « Si on a une grosse épidémie de grippe cet hiver, qui vient s’ajouter à une 5ème vague de Covid, le cocktail risque d’être explosif », a estimé le professeur Éric Caumes, spécialiste des maladies infectieuses et tropicales à La Pitié-Salpétrière (Paris) sur BFMTV. Il a donc insisté sur l’importance pour les Français de se faire immuniser contre la grippe.

Le risque c’est de voir se multiplier les au affection en particulier chez les personnes fragiles Cette saison, comme l’an passé, à cause du contexte d’épidémie de Covid, le ministère de la Santé a établi une priorisation. Depuis le 22 octobre et jusqu’à fin novembre, les vaccins sont réservés aux personnes à risque (plus de 65 ans, femmes enceintes, personnes en affection de longue durée) et aux soignants.

Quelque 15 millions de bons incitant ces populations à se faire vacciner ont ainsi été envoyés. Leur vaccination est prise en charge à 100% par l’Assurance-maladie. Les personnes non prioritaires qui souhaitent se faire vacciner pourront ensuite le faire en se présentant dans une pharmacie.

Covid: Une épidémie de jeunes en Loire-Atlantique

Covid: Une épidémie de jeunes en Loire-Atlantique

Les pays de Loire connaissent une situation contrastée avec une progression inquiétante du virus dans les zones touristiques de Loire-Atlantique et de Vendée. Par contre, la situation est plus maîtrisée dans les autres départements . Autre constat, c’est une population plus jeune qui est désormais hospitalisée.

 

Le médecin de l’ARS  indique que « nous sommes dans une épidémie de jeunes désormais. On a vacciné les personnes à risques qui étaient les plus âgées. Aujourd’hui c’est parmi les jeunes que le virus circule, et beaucoup de ces personnes sont hospitalisées, et faire le covid ce n’est pas si anodin que ça même pour les jeunes.

On fait le constat d’une différence importante entre la côte et le reste de la région. On a eu une très forte montée du taux d’incidence en juillet avec une explosion dans la tranche d’âge des 15-30 ans. On commence à voir des hospitalisations et des entrées en réanimation. Aujourd’hui la situation n’est pas problématique 37 personnes sont en réanimation dans la région. Et il faut en tenir compte.

Sur la Mayenne, la Sarthe et le Maine-et-Loire on est plutôt sur une augmentation lente ou faux plat, signe de la contagiosité du virus. Celle de la grippe au départ, et celle de la varicelle désormais.

Deux chiffres pour comprendre : « Si on prend un patient contaminé par le covid original, on a sur 5 à 6 semaines, si on ne prend pas de mesures, de type masques, tests, isolement, vaccination, 250 personnes contaminées à leur tour. Avec la même absence de mesures, une personne touchée par le variant delta va en contaminer… 16 000″.

Et le médecin de rappeler qu’une personne vaccinée a trois fois plus de chance de ne pas être contaminée, selon l’Imperial College de Londres. Sans préjuger de la gravité de la maladie qui pourra être développée.

La vaccination permet de se prémunir des formes graves de la COVID-19 de l’hospitalisation, de la réanimation, du décès. « Sur 100 personnes qui présentent une forme grave, seules 5 ou 7 sont des personnes vaccinées. Toutes les autres ne sont pas vaccinées, donc le vaccin protège bien », indique Pierre Blaise. « Aux Antilles, 97% des personnes hospitalisées, n’ont pas été vaccinées, 100% des personnes en réanimation n’ont pas été vaccinées ».

Covid : une épidémie qui va durer

Covid : une épidémie qui va durer

 

pour le chef du service des maladies infectieuses et tropicales de l’hôpital Tenon (Paris), Gilles Pialoux, le passe  sanitaire est un outil imparfait et ne suffit pas. Pour lui, l’épidémie va durer. ( Interview dans le JDD, extrait)

 

interview

L’extension du passe sanitaire est-elle en mesure d’éviter une vague de submersion à l’hôpital?
L’éviter, non. En limiter l’intensité, oui. Le passe sanitaire restreint la circulation du virus et des individus. Mais plusieurs facteurs font que l’envahissement de l’hôpital ne pourra sans doute pas être évité. D’abord, le passe est un outil imparfait, y compris sur le volet vaccination : elle atténue mais n’empêche pas complètement la transmission, la protection qu’elle entraîne n’est pas de 100% et sa durée est inconnue. Le passe à lui seul ne suffira donc pas à contrôler la vague Delta : il faut associer la vaccination, la stratégie dépister-isoler-tracer et les mesures barrière. L’efficacité de ce type de prévention combinée a été prouvée pour le sida, pour la sécurité routière, pour la prévention du mélanome… Or, des erreurs de communication ont été faites à ce sujet.

 

Peut-on vraiment « tomber le masque » une fois qu’on est vacciné, comme l’a affirmé le ministre de la Santé, Olivier Véran?
On n’a pas enlevé la ceinture de sécurité quand est apparu l’airbag, et les gens à jeun ne conduisent pas au-dessus de 130 km/h. Tout message contradictoire est contre-productif dans la prévention. Dire aux gens qu’ils peuvent ôter le masque dans l’espace public, c’est une erreur. Déjà, il y a autant d’espaces publics que de conditions de vie. Quand 150 personnes attendent leur glace sur l’île de Ré, l’espace est-il libéré? Non, c’est un espace aéré mais confiné. Il ne faut pas abandonner le masque sous couvert de vaccination. Je ne suis pas pour le tout-vaccinal, mais je suis pour que les gens soient tous vaccinés.

Est-on désormais dans une pandémie de jeunes non vaccinés?
Certes, ce sont les 18-29 ans qui ont le plus d’échanges de proximité tout en étant les moins vaccinés, et la moyenne d’âge à l’hôpital et en soins critiques baisse. Mais ils ne sont pas les seuls à remplir les services. Il ne faut pas perdre de vue qu’on a au bas mot 3 millions de personnes très vulnérables non vaccinées : des plus de 60 ans, des personnes obèses qui, elles, entrent à l’hôpital. Il y a un autre angle mort : les patients immunodéprimés. Cette semaine, on a placé en réanimation quelqu’un qui a eu une greffe du rein, vacciné avec trois doses, mais dont l’organisme ne répond pas au vaccin. Il faut trouver une solution pour ces personnes, notamment avec les anticorps monoclonaux préventifs.

Sur les littoraux méditerranéen et atlantique, des hôpitaux approchent déjà de la saturation. Va-t-on rappeler des personnels soignants alors qu’ils sont en congés?
C’est une mesure incluse dans le plan blanc, mais ça aurait un effet regrettable. A côté de la vague épidémique, il y a une vague d’épuisement des soignants. On voit des arrêts de travail, des burn-out ; dans mon hôpital, plusieurs personnes se sont rétractées de leur poste pour ‘danger grave et imminent pour leur vie ou leur santé’, comme le Code du travail les y autorise.

 

Faut-il craindre des démissions en série chez les soignants qui refusent la vaccination?
Je suis très confiant sur ce point : les chiffres montent et ils vont continuer de monter avec le passe et l’obligation. Il y a un tout petit noyau de soignants opposés ; pour ceux-là, on verra au cas par cas. Il ne faut pas que les gens perdent leur travail de ce fait, car on n’a pas les moyens de se passer d’eux en ce moment.

 La ville de New York a opté pour le passe vaccinal et non sanitaire. Faut-il exclure les tests négatifs du dispositif?
Je n’y vois pas de gain. La culture française vaccino-sceptique prend beaucoup d’ampleur et brasse des mouvements très différents, des inquiets aux ‘antivax’ et aux complotistes. Si on décide d’être plus stricts, mieux vaudrait passer directement à la vaccination obligatoire. Si le cours des événements continue dans le même sens, c’est probablement l’étape suivante. Il y a urgence à ouvrir un débat parlementaire ou citoyen sur cette question mais sans passer en force, surtout compte tenu de l’agrégation de tensions sociales. Mais on n’abandonnerait pas pour autant le reste des mesures barrière!

 Atteindra-t-on réellement un jour l’immunité collective?

Le seuil d’immunité collective a été rehaussé par le variant Delta au-delà de 80%, et il va encore falloir beaucoup de pédagogie pour l’atteindre. Je pense qu’il y a plus de gens à aller chercher que de gens à convaincre. La dernière étape avant la vaccination obligatoire, c’est d’aller vers les exclus, les oubliés de la santé. Et il faut surtout expliquer que le fait que le vaccin n’écrase pas totalement le risque de transmission n’est pas un argument contre celui-ci, mais un argument pour la prévention combinée.

Le Conseil constitutionnel a censuré le caractère obligatoire de l’isolement des malades. C’est un trou dans la raquette?
Sur le plan sanitaire, je le déplore. Cette mesure a si bien marché dans les pays asiatiques. Il va falloir de la pédagogie pour faire comprendre que ce n’est pas l’isolement en soi qui a été censuré. De plus, on ne cesse de perdre du terrain en matière d’identification des cas contact. Au 5 août, selon Santé publique France, le nombre de personnes identifiées à partir d’un malade était à son niveau le plus bas en 2021.

Peut-on espérer que cette quatrième vague soit la dernière?
Quand on voit la situation actuelle en Chine ou en Australie, on est contraints à l’humilité. La stratégie du ‘vivre avec’, au sens libertaire du terme, en laissant les jeunes se contaminer etc., a échoué. Mais cette quatrième vague, c’est aussi l’échec du ‘zéro Covid’. Alors, oui, il y aura probablement d’autres vagues : on ne va pas se débarrasser du coronavirus de sitôt. On peut faire l’hypothèse que les pays qui s’en sortiront seront ceux dont le niveau vaccinal sera considérable, avec des vaccins adaptés aux variants, et qui vont développer une thérapeutique sans abandonner la prévention combinée. Mais, dans tous les cas, la réponse doit être mondiale.

Brésil épidémie hors contrôle (MSF)

Brésil épidémie hors contrôle (MSF)

Alors que le Brésil connaît une flambée épidémique des variants du Covid-19, Médecins Sans Frontières (MSF) s’apprête à dénoncer la responsabilité du pouvoir local dans le basculement de la situation, désormais « hors de contrôle », selon Rony Brauman, ancien président de l’ONG. « Les autorités brésiliennes n’ont rien fait », martèle-t-il au micro d’Europe 1.

« MSF est fortement implantée au Brésil », tient avant tout à préciser Rony Brauman, expliquant qu’une section brésilienne de l’ONG existe depuis 1991. Derrière cette alerte, il y a donc « des Brésiliens de Médecins Sans Frontières, qui protestent contre l’inaction, voire les actions perverses de leur gouvernement« , assure-t-il, citant notamment « la négation de la réalité de l’épidémie, de sa gravité, et de l’intérêt du vaccin ».

Résultat, selon l’ancien président de MSF, « une épidémie hors de contrôle » et des variants extrêmement dangereux, qui « ne mettent pas seulement les Brésiliens en danger, mais aussi leurs voisins. »

Rejoignant les spécialistes inquiets quant à la circulation de ces variants - face auxquels la France a suspendu ses vols avec le Brésil jusqu’à nouvel ordre - Rony Brauman rappelle que « l’OMS [Organisation Mondiale de la Santé, ndlr], et son ancêtre l’Organisation internationale de l’Hygiène, créée au début du siècle, ont été conçues parce qu’on sait que les microbes et les maladies ne connaissent pas de frontières. »

 

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