Des bistrots-épiceries ou desagences locales de services ?
Chaque année environ 7000 bistrots souvent multiservices disparaissent des villages ou même des quartiers éloignés. Pourtant, ces commerces rendent d’énormes services certains sont de nature publique, d’autres de nature privée ; la distinction est souvent difficile à faire. La disparition de ce commerce, souvent le dernier du village, signifie la fin de l’agglomération. Il serait sans doute temps de définir un nouveau cadre juridique à type de commerce. Des commerces qui emploient le plus souvent une seule personne mais présente 12 à 15 heures par jour, tous les jours de la semaine ( sauf le dimanche après-midi et encore) donc sans repos hebdomadaire, souvent sans congés annuels. Si l’on voulait donner un statut public classique à ce type de commerce il faudrait sans doute employer cinq fonctionnaires. Deux fonctionnaires pour assurer l’amplitude de travail chaque jour. Deux ou trois fonctionnaires pour assurer les repos hebdomadaires, les congés annuels, les congés pour maladie et autre absences. Et tout cela souvent pour des revenus de misère. Il serait temps de définir un nouveau statut juridique avec notamment des exonérations fiscales qui tiennent compte du caractère public de certaines activités assurées par ces commerces. Il y avait 600 000 bistrots en France en 1960, il n’en reste que 34 669 en 2016, regroupés dans un peu plus de 10 000 communes (baromètre France boissons/CREDOC, «comprendre et répondre à la fragilisation de la filière CHR en France»).
Pourtant, la demande de cafés de proximité n’a jamais été aussi forte. La volonté de renouer avec un lien social distendu, le dynamisme du tissu associatif, le développement du télétravail, la recherche de naturalité et de local, la raréfaction des services publics, tout concourt à réinstaller les cafés au cœur de nos villes et de nos villages. À l’heure des réseaux sociaux, le café peut redevenir le premier réseau social de proximité.
. Mais nous pouvons collectivement faire plus pour la reconquête de nos territoires perdus: alléger normes et fiscalité pesant sur les débits de boissons, instaurer des zones franches dans les bourgs en déclin, élaborer une réflexion sur les livraisons du dernier kilomètre en intégrant les distributeurs dans les instances de concertation, promouvoir la transformation des cafés en Maison de Services au Public, .