Archive pour le Tag 'environnement'

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Environnement et Avenir de la terre: Des limites planétaires déjà dépassées

Environnement et Avenir de la terre: Des limites planétaires déjà dépassées


Si elle pouvait parler, la Terre nous dirait que notre existence et celle de nos enfants dépendent de sa bonne santé, car nous faisons partie d’elle. Elle nous expliquerait que si nous ne sentons pas encore toutes les implications de ses dysfonctionnements, c’est parce que son temps est plus long que le nôtre et que les effets réels tardent encore à se manifester pleinement. Enfin, elle insisterait sur le fait qu’il est grand temps de la régénérer. Pour cela, c’est toute l’allocation de notre capital que nous devons repenser !

par Alain Desvigne est PDG d’Amarenco. dans les » Echos ».

Création continue, croissance limitée, principe de décentralisation, recyclage, sous-optimalité… Appliquons les principes du vivant

Six limites planétaires sur neuf ont été franchies : le climat, la biodiversité, le cycle biochimique de l’azote et du phosphore, les sols, les eaux douces et la pollution liée aux activités humaines. Concrètement, cela signifie que nous épuisons littéralement notre Terre et donc, notre maison, celle qui nous permet de nous alimenter et de respirer.

Aujourd’hui, nous devons agir sans attendre, en nous appuyant sur les neuf principes fondamentaux du vivant pour restaurer ces limites : la création continue, la croissance limitée, le principe de décentralisation, la diversité, l’équilibre dynamique, l’interdépendance, le recyclage des déchets, la singularité et, enfin la sous-optimalité.

Se contenter de remplacer les énergies fossiles par des solutions durables ne traite pas le fond du problème. Autour des centrales solaires, il faut mener des programmes de régénération des sols, afin de leur permettre de mieux capter l’eau, le carbone et, donc, de redonner le potentiel de vie
Ces grands principes doivent être adressés de façon systémique et nous inspirer. Nos entreprises doivent s’engager collectivement sur le chemin de la régénération, à savoir une organisation qui opère comme un système vivant dans le respect des limites planétaires.

Cette volonté est aujourd’hui freinée par une approche en silo, principale maladie de notre ère industrielle. Prenons l’exemple de la finance : d’un côté, nous avons les infrastructures, qui rassemblent les énergies renouvelables et fossiles et, de l’autre, les solutions fondées sur la nature. Ces typologies d’actifs sont adressées de façon indépendante par des investisseurs différents, avec des horizons d’investissement pourtant similaires, c’est-à-dire long, voire très long terme. Continuer à les séparer, c’est continuer à siloter le vivant et, donc, aller droit dans le mur.

Se contenter de remplacer les énergies fossiles par des solutions durables ne traite pas le fond du problème. Autour des centrales solaires, il faut mener des programmes de régénération des sols, afin de leur permettre de mieux capter l’eau, le carbone et, donc, de redonner le potentiel de vie. C’est ainsi que nous pourrons revenir à un équilibre planétaire.

L’enjeu numéro 1 est de réintégrer, à la fois dans nos entreprises et au sein des territoires, une approche holistique, intégrative. Pour débloquer les fonds nécessaires aux financements de cette révolution, la volonté politique sera la clé. Tout se joue dans l’allocation du capital. La finance est le nerf de la guerre pour transformer nos façons de produire. Là encore, il faut désiloter, afin que les ministères des finances, de l’écologie et de l’énergie communiquent entre eux. Actuellement, les réponses apportées ne sont pas coordonnées, avec des conséquences dramatiques pour notre planète.

Au problème de l’approche fragmentée s’ajoute notre vision court-termiste des enjeux, avec une réflexion qui se fait uniquement à travers le prisme de la meilleure rentabilité. Tant que les gouvernements ne feront pas de choix très clairs en taxant davantage les énergies fossiles, dont le TRI (Taux de Rendement Interne) est bien supérieur à celui des énergies renouvelables, la finance continuera d’allouer des fonds insuffisants aux solutions permettant d’assurer la vie humaine sur notre planète. Il est temps d’en finir avec un système qui privilégie une recherche de profit déraisonnable. La Terre nous montre la voie à suivre depuis 3,5 milliards d’années. Qu’attendons-nous pour l’écouter ?

Alain Desvigne est PDG d’Amarenco.

Environnement-Le gâchis écologique de l’automobile

Environnement-Le gâchis écologique de l’automobile

Pourquoi des milliers de voitures doivent être sauvées de la casse chaque année ? Par David Tuchbant, Président de Roole dans la Tribune

L’automobile est engagée dans une transformation indispensable qui a notamment conduit à la mise en place de ZFE et à l’interdiction de la vente de véhicules thermiques en 2035. Cette trajectoire est juste et doit être défendue. Pour autant, chaque année, des milliers de véhicules envoyés à la casse sont encore en bon état de marche…

C’est dans ce contexte que la proposition de loi du groupe Écologiste en faveur du réemploi des véhicules anciens – faisant l’objet d’une reprise contre une prime à la conversion – au service des mobilités durables et solidaires sur les territoires sera débattue au Sénat.

Un texte qui s’inscrit pleinement dans les enjeux actuels autour du « réemploi », dans la ligne du « bonus réparation textile », déjà en place pour certains objets électroniques ou encore de la dernière campagne (controversée) de l’ADEME pour une consommation plus responsable.

En France, chaque année, 15 à 20% des véhicules éligibles à la conversion sont parfaitement fonctionnels, mais envoyés à la casse. L’explication de ce paradoxe : la qualité de l’air, qui représente un enjeu de santé publique majeur et auquel le véhicule électrique apporte une réponse. Pour autant, s’agissant de l’empreinte environnementale, ne fait-on pas tout simplement fausse route ?

En ayant déjà assumé le coût écologique de leur fabrication, l’utilisation de ces voitures thermiques existantes reste pour l’instant l’option la moins consommatrice en ressources naturelles et la plus accessible pour les publics précaires.

En effet, si l’impact environnemental du véhicule électrique est meilleur que son équivalent thermique lorsqu’il roule, sa fabrication émet, pour l’instant, plus de gaz à effet de serre, essentiellement du fait de la production de sa batterie. L’étiquette « Crit’Air » indique la quantité d’émissions de CO2 rejetées par le véhicule lors de son usage, mais ne rend pas encore compte de l’empreinte carbone générée pour sa fabrication et sa destruction.

L’automobile de demain se construit avec rythme et détermination. En attendant, l’enjeu est de ne pas laisser les plus fragiles sur le bord de la route.

Une deuxième vie pour ces voitures et une chance pour les exclus de la mobilité
Encore aujourd’hui, dans des territoires ruraux et périurbains, de nombreuses personnes souffrent de « précarité-mobilité » : 1 Français sur 4 aurait déjà renoncé à un travail ou une formation faute de moyen de transport pour se déplacer. La mobilité est l’un des principaux facteurs d’insertion et d’accès à l’emploi.

Aller travailler, faire ses courses ou encore se rendre chez le médecin, autant de besoins vitaux auxquels seule la voiture permet de répondre dans les zones encore mal desservies en solutions alternatives. Ainsi, ce flux de voitures pourrait être réinjecté dans le circuit vertueux de la mobilité durable et solidaire.

Détruire ces voitures c’est aussi détruire des emplois. Des solutions de rétrofit existent (E85, GPL, électrique), mais la prometteuse filière demeurera embryonnaire en France tant que ces véhicules seront détruits au lieu d’être réemployés. Cette initiative constitue une opportunité pour l’État de répondre à une attente légitime de nos concitoyens, de faire émerger une filière vertueuse, et de protéger la transformation du secteur qui sera mise à mal si son coût social est trop élevé. Sa mise en œuvre est réaliste et soutenue par le secteur associatif, les professionnels de l’automobile, les services de l’État et les territoires. Ce laboratoire grandeur nature du réemploi et de la mobilité inclusive placerait la France parmi les pays les plus innovants et agiles en la matière en Europe.

Permettre aux plus fragiles de louer à tarif modeste ces voitures rétrofitées et fléchées par des dispositifs solidaires évite de manière évidente le gaspillage de ressources et d’énergie qui ont servi à leur fabrication. Il s’agit de ne pas négliger les opportunités offertes par cette « écologie du réemploi » pour nos concitoyens qui n’ont pas encore d’alternative. C’est une solution de transition qui a le mérite d’amortir le choc social des nécessaires changements à l’œuvre dans la mobilité.

Pour toutes ces raisons, nous devons cesser d’envoyer chaque année ces milliers de véhicules en bon état à la casse, et nous engager dans une écologie du réemploi au bénéfice des populations les plus fragiles.

Environnement–Pour une écologie sans idéologie

Environnement–Pour une écologie sans idéologie

par d’Emmanuel Blézès, Charles Mazé et Alexandre Simon

Emmanuel Blézès et Charles Mazé sont diplômés de HEC, Alexandre Simon est diplômé de l’Ecole Centrale Paris. Charles Mazé est l’auteur de La force de l’Union : ces raisons d’aimer l’Europe (2019).( dans l’Opinion)

La conscience environnementale progresse. Selon un sondage BVA d’août 2022, 87 % des Français se disent concernés par la crise climatique et reconnaissent la responsabilité de l’homme dans ce changement. Les vagues de chaleur, la sécheresse et les incendies de l’été dernier lui ont donné un caractère charnel, immédiat, faisant de la crise climatique l’une des premières préoccupations des Français, en particulier chez les jeunes, qui en vivront toutes les conséquences, et chez qui le sentiment d’urgence tourne parfois à l’angoisse.
De ce réveil collectif découlent deux enseignements sur le plan politique. Le premier est qu’il ne peut y avoir de projet politique crédible dont l’écologie ne soit pas un élément central. Les implications du dérèglement climatique affectent l’économie, nos façons de vivre, de consommer, de nous déplacer, de penser. C’est à ce titre un fait social total, au sens donné par Marcel Mauss. Le second enseignement, qui procède du premier, est que tout projet politique superficiel sur ce sujet sera d’office disqualifié par les citoyens, même s’il est abouti sur les autres aspects. Parler immigration ou chômage sans réflexion sérieuse sur la question climatique, ce sera assurément prêcher dans le désert.

Pourtant, l’essentiel des partis qui structurent la vie politique française sont disqualifiés, soit par la versatilité de leurs opinions sur le sujet – pour ou contre le nucléaire au gré des événements par exemple – soit par la légèreté de leur offre écologiste. Il y a une distorsion entre, d’une part, le caractère vital de l’enjeu et la prise de conscience collective et, d’autre part, la mue trop lente des partis politiques, qui peinent à mettre à jour leurs référentiels.

Tant et si bien que le parti écologiste ainsi quelesdits « Insoumis » peuvent se prévaloir du monopole de l’offre écologique totale, laissant orpheline une large frange de la population, tout aussi convaincue de la nécessité d’agir résolument, mais ne se reconnaissant ni dans leur postulat décroissantiste, ni dans leurs accommodements avec les valeurs de la République.
En refusant d’avoir recours au nucléaire, une énergie abondante, contrôlable et décarbonée, EELV et les Insoumis réduisent la quantité d’énergie disponible à l’avenir. Ce faisant, ils limitent notre capacité future à créer des richesses (ce qui conduirait à un affaissement majeur de notre niveau de vie), sans proposer de modèle économique et social adapté. Ce changement radical, l’essentiel des Français n’en veulent pas.

Le développement des énergies renouvelables est nécessaire, mais il ne suffira pas, ne serait-ce que pour des raisons techniques. L’accroissement de notre capacité de production d’électricité nucléaire est donc incontournable

Pour engager enfin, dans un cadre démocratique, tous les citoyens autour de la transition écologique, une offre politique alternative doit émerger : pragmatique, fondée sur la science, résolument tournée vers l’efficacité de la lutte contre le dérèglement climatique, sans sacrifier la prospérité, la stabilité sociale et le progrès. Elle pourrait reposer sur quelques grands principes.
D’abord, réaffirmer que l’objectif premier de la politique environnementale est la réduction des émissions de gaz à effet de serre, et donc la baisse drastique de l’usage des énergies carbonées (pétrole, gaz et charbon). Cet objectif ne pourra être atteint sans l’électrification de nos modes de production et de consommation, et donc sans l’accroissement de notre capacité de production d’électricité. Se pose la question du mix énergétique : le développement des énergies renouvelables est nécessaire, mais il ne suffira pas, ne serait-ce que pour des raisons techniques. L’accroissement de notre capacité de production d’électricité nucléaire est donc incontournable.

Ensuite, rappeler que l’Etat a un rôle central à jouer, compte tenu de l’ampleur des changements nécessaires, mais qu’il n’est pas omnipotent. L’action de l’Etat doit prendre au moins trois formes : intégrer l’impératif climatique dans les mécanismes de marché par la régulation, financer les grandes infrastructures et assurer le caractère socialement soutenable de cette transition. Mais gardons-nous de la tentation très française de confier à l’Etat, dont on connaît les inefficiences et les rigidités, l’entièreté de la transition. Aucune transition n’est possible sans la mobilisation active des acteurs privés, individus et entreprises.

Les sénateurs pulvérisent le projet de loi sur l’accélération des énergies renouvelables
Enfin, reposer la question du financement de la transition. Etant donné le niveau des prélèvements obligatoires en France, il n’est pas raisonnable de financer la transition écologique par une nouvelle augmentation de la pression fiscale, qui appauvrirait le pays. Un effort sur l’efficacité de la dépense publique est donc requis. Se pose aussi la question du partage du financement entre les générations : les jeunes sont au cœur de la transition, car ils en sont les acteurs et sont les premiers concernés par les effets du changement climatique. Mais il n’est pas juste qu’ils supportent seuls le coût de cette transition.

Au-delà de ces considérations nationales, la France et l’Europe doivent utiliser le levier de la diplomatie écologique pour promouvoir la lutte contre le changement climatique auprès des principaux émetteurs et pour accompagner les pays moins développés sur le chemin d’une croissance verte.

Emmanuel Blézès et Charles Mazé sont diplômés de HEC, Alexandre Simon est diplômé de l’Ecole Centrale Paris. Charles Mazé est l’auteur de La force de l’Union : ces raisons d’aimer l’Europe (2019).

Environnement : des emplois « verts » surtout en Chine

Environnement : des emplois « verts » surtout en Chine


La fameuse perspective emplois verts devant se substituer à la plus grande partie des emplois plus classiques se révèlent une sorte d’utopie. Certes des emplois verts c’est-à-dire moins producteur de carbone se développent mais pas en France, en Chine ! Prenons par exemple secteur automobile ou grâce à l’électricité massive et compétitive produite par du charbon la Chine a pu s’assurer de la maîtrise technologique des automobiles pour en inonder d’abord son marché ensuite celui du monde. Ainsi au moins la moitié des composants des voitures dites européennes proviennent de Chine quand les voitures ne sont pas entièrement construites là-bas ou dans un pays en développement. Même chose pour les énergies dites renouvelables. En fait il s’agit surtout des énergies intermittentes comme le solaire ou les éoliennes. Là encore davantage, la plupart des technologies et produits finis viennent de Chine. Pire, pour les installer et les entretenir, il faut faire appel à du personnel étranger car la France a perdu toute compétence dans ce domaine et les cursus de formation ont disparu ou n’ont jamais existé. Forcément en France on préfère former des étudiants à bac+3 avec une licence en sociologie que des techniciens en soudure ou en n’électricité.

En matière d’énergies renouvelables, la question de l’emploi était sur toutes les lèvres lors du Forum Energaïa qui s’est tenu les 14 et 15 décembre à Montpellier. Les filières sont déjà en tension sur certains métiers. L’appareil de formation est-il à la hauteur ? Les métiers sont-ils visibles ? L’intérêt des jeunes est-il suffisamment capté ?

Environnement–Le mythe du carburant durable pour l’aviation

Environnement–Le mythe du carburant durable pour l’aviation

En prévision de la décarbonation vers 2050, le lobby de l’aviation réclame qu’on lui attribue de façon privilégiée du carburant durable. Tout en saluant les efforts faits, Willie Walsh, directeur de l’Association internationale du transport aérien (Iata), juge que cela ne suffira pas à combler les besoins de l’aviation. Et il pointe notamment les conflits d’usage avec les autres secteurs, estimant qu’il faut qu’une part plus importante des carburants renouvelables produits à travers le monde doit revenir au transport aérien, si celui-ci veut être en mesure d’atteindre son objectif de zéro émission nette en 2050.
D’abord on peut effectivement discuter de la priorité à accorder à l’aviation par rapport à des besoins plus essentiels pour une majorité de la population. Ensuite utiliser du carburant même qualifié de vert ne changera pas grand-chose aux émissionx polluantex. Du coup ,la proposition du lobby aérien apparaît particulièrement corporatiste et irréaliste vis à vis de l’objectif de 2050.

Si les avions sont aujourd’hui cinq fois plus efficaces du point de vue énergétique qu’il y a 50 ans, le trafic a été multiplié par 13. L’avion vert est-il la solution pour décarboner le secteur de l’aviation d’ici 2050 et participer à la baisse des émissions du secteur ?

Le secteur de l’aviation est responsable de 2 à 3 % des émissions de CO2 dans le monde. 95 % des émissions de carbone et de gaz à effets de serre sont produits pendant l’exploitation de ce produit, la partie liée à la fabrication et au démantèlement de l’avion est marginale, moins de 5 %. Sur les bases du réchauffement climatique récent, entre 2000 et 2018 l’aviation a été responsable de 5 à 6 % de la hausse du forçage radiatif. L’organisation de l’aviation civile internationale s’est fixé un objectif de neutralité d’ici 2050. Mais l’aviation a-t-elle les technologies opérationnelles pour mettre en place cette décarbonation ? Carburants durables, ou biocarburants, avions à hydrogène ou électrifiés, ces solutions technologiques pourront-elles répondre à l’urgence climatique ?
Des prévisions industrielles tablent sur une croissance forte du trafic, de 3 ou 3,5 %. Cette croissance est-elle compatible avec les Accords de Paris ?

La décarbonation Total paraît un peu illusoire. Certeson compte notamment sur le développement de moteurs qui consommeront 20% de moins qu’aujourd’hui, à l’électrification et à l’utilisation de matériaux plus légers dans l’ensemble de ses équipements.

Mais de nombreux expert conteste les mythes de la décarbonation du secteur de l’aviation, considérant que l’avion est un moyen de transport injuste, et que l’arrêter a un impact fort et accessible à tous.

Environnement–Impact écologique des aliments

Environnement–Impact écologique des aliments


Dès le 1er janvier 2024, un score environnemental devrait apparaître sur les produits alimentaires (et textiles), sorte de « Nutriscore » de l’écologie. Or, depuis plusieurs mois, la bataille des méthodologies fait rage. Plusieurs parties prenantes reprochent ainsi à l’Ecoscore, qui devrait inspirer le futur outil gouvernemental, de se borner à procéder à l’analyse du cycle de vie du produit. Ils mettent en avant que l’analyse de cycle de vie rend mal compte de l’impact des produits sur la biodiversité. Les défenseurs du Planet score reprochaient notamment au score environnemental retenu par les autorités, inspiré de l’Ecoscore, de donner de moins bonnes notes aux produits issus de l’agriculture biologique.

par Valentin Bellasen
Directeur de recherche, Inrae
dans The conversation.

Mais les produits issus de l’agriculture biologique impactent-ils moins l’environnement ? J’ai précisément été auditionné sur ce point par le conseil scientifique de l’expérimentation ADEME en 2020, et les conclusions de ma communication sont reprises dans son rapport final. Il s’avère que si l’agriculture biologique mérite d’être subventionnée par les agences de l’eau pour la protection des points de captage, elle ne mérite pas forcément la meilleure note dans le cadre de l’affichage environnemental. Voyons pourquoi.

Le principe de l’évaluation multicritères fait consensus dans le monde scientifique, en particulier dans la démarche de l’analyse de cycle de vie. Il permet de ne pas favoriser un produit qui apporte un bénéfice infime sur un aspect au prix d’une dégradation forte sur un autre aspect. Mais cela ne signifie pas pour autant que tous les critères se valent et qu’un score environnemental puisse se résumer à une moyenne non pondérée des impacts sur différentes composantes.

Le Product Environmental Footprint, la méthode qui fait foi à l’échelle européenne, accorde ainsi le poids le plus fort au changement climatique. C’est à mon avis justifié, pour plusieurs raisons.

D’abord parce que l’enjeu climatique est le plus urgent des enjeux environnementaux. Le temps de retour à l’équilibre de la plupart des composantes de la qualité environnementale (qualité et quantité de l’eau, qualité de l’air, qualité des sols…) est de l’ordre de la décennie ou du siècle. Par comparaison, il est de l’ordre du million d’années pour le climat (irréversibilité).

De plus, le changement climatique est lui-même l’une des causes principales de dégradation de la biodiversité (autre enjeu partiellement irréversible), mais la réciproque est globalement fausse.

Enfin, les impacts d’un changement climatique non contenu seraient encore plus dramatiques que ceux des autres enjeux environnementaux. Pour ne citer qu’un exemple du dernier rapport du GIEC, la bande intertropicale, qui abrite 40 % de la population mondiale, deviendrait largement inhabitable à l’horizon 2080.

Dans le domaine de l’alimentation, l’impact sur le climat est par ailleurs corrélé à la plupart des impacts environnementaux. Notamment pour l’eutrophisation, via l’utilisation d’engrais et les déjections animales, pour les pollutions liées à la production d’énergie, notamment via les combustibles fossiles, ou encore pour les atteintes à la biodiversité via le stockage de carbone des prairies et des forêts. Ainsi, l’amélioration de l’empreinte carbone s’accompagne le plus souvent d’une amélioration de la plupart des autres impacts environnementaux. Concentrons-nous donc pour commencer sur l’empreinte carbone comparée des produits biologiques et conventionnels.

Parmi les différents critères environnementaux à prendre en compte pour la production alimentaire, le critère climatique est celui qui domine.

L’évaluation des impacts environnementaux de l’agriculture est très sensible à l’unité fonctionnelle retenue pour l’analyse. Dans le cas des produits alimentaires certifiés, deux unités fonctionnelles sont souvent discutées : la quantité de produit (par exemple, un litre de lait, une tonne de blé…) ou l’hectare de terre.

Les deux visions ont leurs points forts et leurs limites : d’un point de vue économique, normaliser par la quantité de produit revient à considérer que la demande est totalement inélastique. C’est une bonne approximation pour des produits de base comme le pain ou le riz, mais ça devient discutable pour les consommations « plaisir », notamment la viande. À l’opposé, utiliser l’hectare comme unité fonctionnelle revient à considérer une demande qui diminuera ou augmentera proportionnellement au rendement, ce qui est irréaliste dans la plupart des cas.

Une manière sans doute plus didactique de savoir quelle unité fonctionnelle est pertinente est de s’interroger sur l’objectif de l’utilisateur. Dans le cas de l’affichage environnemental, le consommateur cherche à réduire l’impact de ses achats. Comme il achète des quantités de produits et non des hectares, la quantité de produit est l’unité fonctionnelle la plus pertinente.

La métrique « par hectare » reste toutefois utile dans certains cas et surtout pour certains publics, par exemple pour une collectivité qui chercherait à protéger un captage d’eau potable. Dans ce cas, la collectivité cherche en effet à limiter la pollution par unité de surface qui entoure le captage, et la quantité d’aliments produite par ces surfaces n’est pour elle que très secondaire. Comme l’agriculture biologique pollue moins l’eau par unité de surface (on explique pourquoi un peu plus bas dans ce texte), la collectivité a donc tout intérêt à ce que les exploitations agricoles alentour se convertissent à l’agriculture biologique, et à subventionner une telle transition, comme le font les agences de l’eau.

La recherche sur l’empreinte carbone du bio est foisonnante depuis les années 2010. Plusieurs méta-analyses convergent pour dire qu’il n’y a pas de différence marquée entre bio et conventionnel sur l’empreinte carbone. Si l’absence d’engrais minéraux diminue fortement les émissions des fermes biologiques, cette baisse est compensée par leur moindre productivité, et notamment l’allongement de la durée de vie des animaux pour atteindre un poids donné.

Les productions végétales bio pourraient toutefois tirer leur épingle du jeu avec une empreinte carbone plus faible d’une dizaine de pour cent, mais ces résultats restent à confirmer.

La prise en compte du stockage de carbone en fonction des types d’agriculture reste un front de recherche, mais qui ne semble pas bouleverser ces résultats jusqu’à présent.

En termes de consommation d’eau, principalement pour l’irrigation, les produits certifiés sont plus sobres, d’environ 30 % par hectare et 15 % par tonne. Pour ce qui est de la pollution de l’eau aux nitrates, l’agriculture biologique emploie de 30 % à 60 % de moins d’azote par hectare. Mais ramenée à la tonne de produit, la différence n’est plus significative. En effet, malgré l’absence d’azote minéral, les fermes biologiques restent consommatrices d’azote organique et ont par ailleurs des rendements inférieurs.

Si l’on s’intéresse à l’impact des systèmes alimentaires sur la biodiversité, la situation est plus complexe encore. Grâce à l’interdiction des pesticides, les surfaces cultivées en agriculture biologique présentent des niveaux d’abondance et de richesse spécifique de 20 % à 50 % supérieure à leurs équivalents conventionnels.

Toutefois, leur impact global sur la biodiversité reste une question complexe.

D’abord du fait des moindres rendements, qui peuvent être à l’origine de déforestation sur place ou à l’étranger. En effet, les forêts feuillues sont le type d’habitat avec le plus de biodiversité, quelle que soit la zone géographique considérée.

Ensuite parce qu’à la différence des autres composantes environnementales, il n’y a pas d’indicateur synthétique et consensuel de la biodiversité, ce qui complique les choses. Une expertise scientifique collective Inrae/Ifrener est en cours pour démêler le sujet.

Et si, avec cette comparaison du score environnemental du conventionnel à celle du bio, on se trompait de débat ? La littérature scientifique montre en effet que l’amélioration des pratiques agricoles n’est finalement qu’un levier de second ordre, après la modification du régime alimentaire. À l’échelle mondiale, 61 % des émissions liées à l’alimentation sont dues aux produits animaux – et le chiffre pourrait atteindre 80 % en Europe.

La réduction du cheptel et de la consommation de protéines animales, qui permettrait de réduire les émissions alimentaires de l’ordre de 30 % à 60 %, est donc la condition nécessaire pour atteindre les objectifs d’atténuation climatique européens et français. Ce qui a des conséquences directes en termes d’affichage environnemental sur les produits alimentaires : l’affichage doit avant tout inciter les consommateurs à éviter les produits animaux les plus émetteurs, plutôt que de distinguer bio et conventionnel qui ont un impact par kilo très proche.

Mais il y a d’autres bonnes raisons de manger bio : un principe de précaution sanitaire vis-à-vis des pesticides, et une meilleure performance économique et sociale. En fin de compte, peut-être est-ce la principale contribution du bio à la préservation de l’environnement : aider les producteurs et les consommateurs à réduire la production et consommation de viande en compensant la baisse des quantités par une augmentation de la qualité des produits, qui satisfera les consommateurs, et une augmentation du prix, qui satisfera les producteurs. Plusieurs études montrent d’ailleurs que les consommateurs de produits biologiques vont dans ce sens, compensant le surcoût unitaire du bio par une sobriété sur le poste alimentaire le plus coûteux : la viande.

Alimentation et environnement- Quel impact écologique des aliments ?

Alimentation et environnement- Quel impact écologique des aliments ?


Dès le 1er janvier 2024, un score environnemental devrait apparaître sur les produits alimentaires (et textiles), sorte de « Nutriscore » de l’écologie. Or, depuis plusieurs mois, la bataille des méthodologies fait rage. Plusieurs parties prenantes reprochent ainsi à l’Ecoscore, qui devrait inspirer le futur outil gouvernemental, de se borner à procéder à l’analyse du cycle de vie du produit. Ils mettent en avant que l’analyse de cycle de vie rend mal compte de l’impact des produits sur la biodiversité. Les défenseurs du Planet score reprochaient notamment au score environnemental retenu par les autorités, inspiré de l’Ecoscore, de donner de moins bonnes notes aux produits issus de l’agriculture biologique.

par Valentin Bellasen
Directeur de recherche, Inrae
dans The conversation.

Mais les produits issus de l’agriculture biologique impactent-ils moins l’environnement ? J’ai précisément été auditionné sur ce point par le conseil scientifique de l’expérimentation ADEME en 2020, et les conclusions de ma communication sont reprises dans son rapport final. Il s’avère que si l’agriculture biologique mérite d’être subventionnée par les agences de l’eau pour la protection des points de captage, elle ne mérite pas forcément la meilleure note dans le cadre de l’affichage environnemental. Voyons pourquoi.

Le principe de l’évaluation multicritères fait consensus dans le monde scientifique, en particulier dans la démarche de l’analyse de cycle de vie. Il permet de ne pas favoriser un produit qui apporte un bénéfice infime sur un aspect au prix d’une dégradation forte sur un autre aspect. Mais cela ne signifie pas pour autant que tous les critères se valent et qu’un score environnemental puisse se résumer à une moyenne non pondérée des impacts sur différentes composantes.

Le Product Environmental Footprint, la méthode qui fait foi à l’échelle européenne, accorde ainsi le poids le plus fort au changement climatique. C’est à mon avis justifié, pour plusieurs raisons.

D’abord parce que l’enjeu climatique est le plus urgent des enjeux environnementaux. Le temps de retour à l’équilibre de la plupart des composantes de la qualité environnementale (qualité et quantité de l’eau, qualité de l’air, qualité des sols…) est de l’ordre de la décennie ou du siècle. Par comparaison, il est de l’ordre du million d’années pour le climat (irréversibilité).

De plus, le changement climatique est lui-même l’une des causes principales de dégradation de la biodiversité (autre enjeu partiellement irréversible), mais la réciproque est globalement fausse.

Enfin, les impacts d’un changement climatique non contenu seraient encore plus dramatiques que ceux des autres enjeux environnementaux. Pour ne citer qu’un exemple du dernier rapport du GIEC, la bande intertropicale, qui abrite 40 % de la population mondiale, deviendrait largement inhabitable à l’horizon 2080.

Dans le domaine de l’alimentation, l’impact sur le climat est par ailleurs corrélé à la plupart des impacts environnementaux. Notamment pour l’eutrophisation, via l’utilisation d’engrais et les déjections animales, pour les pollutions liées à la production d’énergie, notamment via les combustibles fossiles, ou encore pour les atteintes à la biodiversité via le stockage de carbone des prairies et des forêts. Ainsi, l’amélioration de l’empreinte carbone s’accompagne le plus souvent d’une amélioration de la plupart des autres impacts environnementaux. Concentrons-nous donc pour commencer sur l’empreinte carbone comparée des produits biologiques et conventionnels.

Parmi les différents critères environnementaux à prendre en compte pour la production alimentaire, le critère climatique est celui qui domine.

L’évaluation des impacts environnementaux de l’agriculture est très sensible à l’unité fonctionnelle retenue pour l’analyse. Dans le cas des produits alimentaires certifiés, deux unités fonctionnelles sont souvent discutées : la quantité de produit (par exemple, un litre de lait, une tonne de blé…) ou l’hectare de terre.

Les deux visions ont leurs points forts et leurs limites : d’un point de vue économique, normaliser par la quantité de produit revient à considérer que la demande est totalement inélastique. C’est une bonne approximation pour des produits de base comme le pain ou le riz, mais ça devient discutable pour les consommations « plaisir », notamment la viande. À l’opposé, utiliser l’hectare comme unité fonctionnelle revient à considérer une demande qui diminuera ou augmentera proportionnellement au rendement, ce qui est irréaliste dans la plupart des cas.

Une manière sans doute plus didactique de savoir quelle unité fonctionnelle est pertinente est de s’interroger sur l’objectif de l’utilisateur. Dans le cas de l’affichage environnemental, le consommateur cherche à réduire l’impact de ses achats. Comme il achète des quantités de produits et non des hectares, la quantité de produit est l’unité fonctionnelle la plus pertinente.

La métrique « par hectare » reste toutefois utile dans certains cas et surtout pour certains publics, par exemple pour une collectivité qui chercherait à protéger un captage d’eau potable. Dans ce cas, la collectivité cherche en effet à limiter la pollution par unité de surface qui entoure le captage, et la quantité d’aliments produite par ces surfaces n’est pour elle que très secondaire. Comme l’agriculture biologique pollue moins l’eau par unité de surface (on explique pourquoi un peu plus bas dans ce texte), la collectivité a donc tout intérêt à ce que les exploitations agricoles alentour se convertissent à l’agriculture biologique, et à subventionner une telle transition, comme le font les agences de l’eau.

La recherche sur l’empreinte carbone du bio est foisonnante depuis les années 2010. Plusieurs méta-analyses convergent pour dire qu’il n’y a pas de différence marquée entre bio et conventionnel sur l’empreinte carbone. Si l’absence d’engrais minéraux diminue fortement les émissions des fermes biologiques, cette baisse est compensée par leur moindre productivité, et notamment l’allongement de la durée de vie des animaux pour atteindre un poids donné.

Les productions végétales bio pourraient toutefois tirer leur épingle du jeu avec une empreinte carbone plus faible d’une dizaine de pour cent, mais ces résultats restent à confirmer.

La prise en compte du stockage de carbone en fonction des types d’agriculture reste un front de recherche, mais qui ne semble pas bouleverser ces résultats jusqu’à présent.

En termes de consommation d’eau, principalement pour l’irrigation, les produits certifiés sont plus sobres, d’environ 30 % par hectare et 15 % par tonne. Pour ce qui est de la pollution de l’eau aux nitrates, l’agriculture biologique emploie de 30 % à 60 % de moins d’azote par hectare. Mais ramenée à la tonne de produit, la différence n’est plus significative. En effet, malgré l’absence d’azote minéral, les fermes biologiques restent consommatrices d’azote organique et ont par ailleurs des rendements inférieurs.

Si l’on s’intéresse à l’impact des systèmes alimentaires sur la biodiversité, la situation est plus complexe encore. Grâce à l’interdiction des pesticides, les surfaces cultivées en agriculture biologique présentent des niveaux d’abondance et de richesse spécifique de 20 % à 50 % supérieure à leurs équivalents conventionnels.

Toutefois, leur impact global sur la biodiversité reste une question complexe.

D’abord du fait des moindres rendements, qui peuvent être à l’origine de déforestation sur place ou à l’étranger. En effet, les forêts feuillues sont le type d’habitat avec le plus de biodiversité, quelle que soit la zone géographique considérée.

Ensuite parce qu’à la différence des autres composantes environnementales, il n’y a pas d’indicateur synthétique et consensuel de la biodiversité, ce qui complique les choses. Une expertise scientifique collective Inrae/Ifrener est en cours pour démêler le sujet.

Et si, avec cette comparaison du score environnemental du conventionnel à celle du bio, on se trompait de débat ? La littérature scientifique montre en effet que l’amélioration des pratiques agricoles n’est finalement qu’un levier de second ordre, après la modification du régime alimentaire. À l’échelle mondiale, 61 % des émissions liées à l’alimentation sont dues aux produits animaux – et le chiffre pourrait atteindre 80 % en Europe.

La réduction du cheptel et de la consommation de protéines animales, qui permettrait de réduire les émissions alimentaires de l’ordre de 30 % à 60 %, est donc la condition nécessaire pour atteindre les objectifs d’atténuation climatique européens et français. Ce qui a des conséquences directes en termes d’affichage environnemental sur les produits alimentaires : l’affichage doit avant tout inciter les consommateurs à éviter les produits animaux les plus émetteurs, plutôt que de distinguer bio et conventionnel qui ont un impact par kilo très proche.

Mais il y a d’autres bonnes raisons de manger bio : un principe de précaution sanitaire vis-à-vis des pesticides, et une meilleure performance économique et sociale. En fin de compte, peut-être est-ce la principale contribution du bio à la préservation de l’environnement : aider les producteurs et les consommateurs à réduire la production et consommation de viande en compensant la baisse des quantités par une augmentation de la qualité des produits, qui satisfera les consommateurs, et une augmentation du prix, qui satisfera les producteurs. Plusieurs études montrent d’ailleurs que les consommateurs de produits biologiques vont dans ce sens, compensant le surcoût unitaire du bio par une sobriété sur le poste alimentaire le plus coûteux : la viande.

Environnement-La moitié seulement des bouteilles plastiques recyclées

Environnement-La moitié seulement des bouteilles plastiques recyclées


Des fabricants de bouteilles en plastique et des distributeurs affirment que les bouteilles en plastique contenant notamment de l’eau sont 100 % recyclables. Le problème c’est que d’après des études seulement la moitié sont effectivement recyclées. Par ailleurs, on pourrait s’interroger sur la cohérence et la pertinence du transport de l’eau en bouteille.

Des associations de défense des consommateurs de 13 pays européens, ont annoncé mardi avoir déposé plainte à Bruxelles contre les principaux fabricants de bouteilles en plastique, leur reprochant d’induire le public en erreur sur les possibilités de les recycler.

Le Bureau européen des unions de consommateurs (BEUC) et ses membres de treize pays européens « ont déposé une plainte auprès de la Commission européenne et du réseau des autorités de protection des consommateurs (CPC) », selon un communiqué de l’association Consommation logement cadre de vie (CLCV). Les organisations demandent une enquête concernant des allégations commerciales présumées trompeuses en termes de « recyclabilité des bouteilles d’eau de grandes marques » comme Coca-Cola (via son embouteilleur CHBC), Danone et Nestlé Waters.

« Le consommateur européen boit en moyenne 118 litres d’eau en bouteille par an », dont l’immense majorité en bouteille en plastique, selon le communiqué de CLCV. « L’industrie des boissons a recours à des allégations de recyclabilité qui, selon nos recherches, sont trop vagues, inexactes et/ou insuffisamment justifiées », ajoute l’association.

Celle-ci prend l’exemple de l’allégation « 100% recyclable », terme « ambigu » qui « dépend de nombreux facteurs tels que les infrastructures de collecte disponibles dans le pays, l’efficacité du processus de tri ou encore l’existence de processus de recyclage appropriés ». Selon elle, « le taux de recyclage des bouteilles seules en PET, sans le bouchon ni l’étiquette, est estimé à seulement 55% dans l’UE ».

Environnement-Des polluants éternels dans les pesticides

Environnement-Des polluants éternels dans les pesticides

Une partie des pesticides utilisés appartiennent à la famille des PFAS (Polluants éternels) serait beaucoup plus problématique et nocive qu’imaginés jusqu’à présent. C’est la conclusion d’un rapport de l’association Générations Futures.

Dans son rapport, l’association Générations Futures met en lumière la présence de nombreux composés perfluoroalkylés et polyfluoroalkylés (PFAS), aussi connus sous le nom de « polluants éternels » dans les pesticides. Il s’agit d’une molécule très persistante que l’Europe cherche par ailleurs à bannir, sauf pour l’agriculture. Le PFAS est à la fois une substance courante pour la vie quotidienne, puisqu’elle permet de fabrique les poêles Tefal ou les emballages des burgers. Mais c’est aussi une molécule très problématique qui peut rester pendant des générations dans l’environnement.

Trente substances sont toujours autorisées et presque un tiers contient des molécules persistantes ou très persistantes. Pour Générations Futures, c’est une introduction, et donc une contamination délibérée des PFAS dans notre alimentation et dans l’environnement. Mais, toujours d’après l’association, cela reste un angle mort dans les efforts qui sont déployés par l’Europe pour tenter de sortir des PFAS.

Environnement-Division par deux des pesticides ?

Environnement-Division par deux des pesticides ?


Encore une promesse qui peut-être ne sera pas davantage tenu que les précédentes puisqu’une action lancée en 2008 visait déjà une baisse de 50 % de l’utilisation des produits phytosanitaires en 10 ans . Rebelote en 2015 avec un résultat aussi peu efficient. Et maintenant c’est l’échéance de 2030 qui est visée pour une division par deux des pesticides. Ecophyto lancé en 2008, visait déjà une baisse de 50% de l’utilisation des produits phytosanitaires en dix ans. Un deuxième plan, en 2015, reprenait ce même objectif mais plus tard et sans grand succès.

L’indicateur de référence du gouvernement dans ce chantier est le « Nodu » (Nombre de doses unité). Il prend en compte les quantités de pesticides vendues et les surfaces traitées, aux doses maximales homologuées. La France est passée de 82 Nodu en 2009 à 120,3 en 2018 pour ensuite revenir à 85,7 en 2021. Bref une augmentation en 15 ans !

Le gouvernement français a présenté lundi sa nouvelle stratégie de réduction de moitié l’usage des pesticides à l’horizon 2030 par rapport à la période 2015-2017, grâce notamment à l’accélération du développement de solutions alternatives.

Le gouvernement se dit favorable à une « nouvelle approche » basée sur « l’accélération du développement de solutions alternatives non-chimiques et chimiques pour mieux se préparer au potentiel retrait de certaines substances actives », explique un communiqué du ministère de l’Agriculture. Les premiers plans d’actions développés en coopération avec les diverses filières agricoles doivent être dévoilés en décembre.

période 2015-2017. Cet objectif contraignant de la Commission européenne a en effet été repris dans le texte adopté mardi dernier par les eurodéputés de la commission Environnement (47 voix pour, 37 voix contre, 2 abstentions).

Ce compromis, endossé par les élus de gauche et les centristes du groupe Renew, a même relevé à 65% l’objectif de réduction, à même échéance, des « produits les plus dangereux », contre 50% proposés par Bruxelles. Une cible à laquelle le PPE (droite) s’est farouchement opposé, à l’unisson des organisations agricoles majoritaires.

Climat et environnement : la vie sur terre menacée

Climat et environnement : la vie sur terre menacée

C’est un véritable cri d’alarme que lance de grands scientifiques qui considèrent qu’en l’état du rythme de dégradation de l’environnement de la planète et notamment du climat, la vie sur Terre pourrait tout simplement être menacée. Le changement climatique constitue une « menace existentielle » pour la vie sur Terre, avertit donc un groupe de scientifiques. Leur étude, publiée dans la revue BioScience, a examiné 35 « signes vitaux » planétaires. Or 20 de ces indicateurs ont atteint un niveau record en 2023.

Le changement climatique constitue une « menace existentielle » pour la vie sur Terre, a averti, mardi 24 octobre, un groupe d’éminents scientifiques dans un rapport analysant les phénomènes météorologiques extrêmes en 2023 et le déficit d’action de l’humanité. L’étude, publiée dans la revue BioScience, a examiné 35 « signes vitaux » planétaires, dont la pollution par le CO2, la consommation d’énergie et de viande par habitant, la déforestation par le feu ou les jours de chaleur extrême. Or 20 de ces indicateurs ont atteint un niveau record en 2023, conclut cette coalition scientifique internationale.

« En vérité, nous sommes choqués par la férocité des phénomènes météorologiques extrêmes en 2023. Nous sommes entrés dans un territoire inconnue qui nous effraie », écrivent-ils. Alors que 2023 est en voie de devenir l’année la plus chaude jamais enregistrée, des régions entières ont subi des vagues de chaleur meurtrières, des tempêtes, des inondations, enchaînant parfois une catastrophe après l’autre.

Côté océans, les températures « sont complètement hors normes » depuis des mois, sans que les scientifiques parviennent encore à l’expliquer pleinement, souligne Johan Rockström, directeur de l’Institut de Potsdam pour la recherche sur l’impact climatique (PIK). Pour ces scientifiques, le constat est sans appel : « la vie sur la planète Terre est en état de siège ».

Environnement–Biodiversité :Le comité national propose mais le gouvernement dispose

Environnement–Biodiversité :Le comité national propose mais le gouvernement dispose

Encore un comité national, celui de la biodiversité, vis-à-vis duquel on peut s’interroger en terme d’efficacité. Le comité national de la biodiversité a fait en effet 39 propositions regroupé autour de quatre axes : la réduction des pressions sur la biodiversité, la restauration des écosystèmes, la mobilisation de l’ensemble des acteurs est celle des moyens de mise en œuvre. Une orientation très politique justement qui s’insère un peu trop dans le champ de décision du gouvernement qui refuse la traduction de ces propositions dans une loi.

À la place le gouvernement déclare que ces orientations seront intégrées dans des politiques sectorielles et les stratégies générales.

Après de nombreux retards, la troisième phase de la Stratégie nationale biodiversité (SNB), à horizon 2030, commence enfin sa course finale. Le Comité national de la biodiversité (CNB), instance composée de 143 membres représentant l’ensemble des parties prenantes, a approuvé ce lundi 16 octobre son avis sur le texte présenté par le gouvernement le 20 juillet.

Trois autres instances consultatives se sont par ailleurs exprimées depuis fin juillet : le Comité national de l’eau, le Conseil national de la mer et des littoraux et le Conseil national de la protection de la nature.Il manque sans doute encore un comité national de l’air, de l’ozone, de l’oxygène, de la chaleur, du froid, de l’humidité etc. etc. !
»
Maintenant, l’objectif est d’aboutir à la finalisation du texte « dans les prochaines semaines », promet le cabinet de la secrétaire d’État chargée de la Biodiversité Sarah El Haïry, qui n’indique toutefois pas de date précise. L’enjeu est en effet de « prendre le temps » d’évaluer, « en interministériel », quelles propositions d’amélioration reprendre afin de « faire évoluer la stratégie ». La ministre tient en effet à ce que les avis rendus soient réellement pris en compte, assure son cabinet.Bref la plupart des mesures seront donc enterrées.

En effet,l’exécutif rejette toutefois déjà et explicitement la recommandation « d’étudier rapidement la possibilité d’une approbation de la SNB par un texte réglementaire », car dépourvue de « base légale » selon l’exécutif. La mise en oeuvre de la stratégie sera plutôt garantie par sa gouvernance interministérielle, assurée par le Secrétariat national à la planification écologique (SNPE) sous la supervision de la Première ministre Elisabeth Borne, parie le cabinet de Sarah El Haïry, en promettant des « mesures correctrices » si des « mauvaises directions » étaient prises. Il prévoit également une « déclinaison dans les territoires » par des « cop régionales » réunissant les acteurs concernés, organisées par le ministère de la Transition écologique.

Environnement: la question des ressources

Environnement: la question des ressources

Les ressources a priori n’existent pas. Une ressource, en effet, ce n’est pas une qualité substantielle que certaines choses auraient alors que d’autres non. C’est plutôt une relation d’usage, un rapport de moyen à fin. Toute chose peut tenir lieu de ressource, mais le monde n’est pas composé de ressources a priori. Ainsi le pétrole ne se donne pas comme ressource dans l’environnement, il faut un travail considérable pour qu’il puisse finalement servir à la locomotion. L’eau s’offre parfois de façon plus spontanée. Mais pour devenir ressource et servir à l’agriculture — ou à la continuité physiologique des êtres vivants — elle doit en général être découverte, stockée (dans le creux d’une main aussi bien que dans un réservoir), canalisée, traitée et/ou transportée.

par Léo Mariani, Muséum national d’histoire naturelle (MNHN) dans the Conversation

Ce qui qualifie une ressource, c’est donc un caractère de disponibilité, conséquence d’un travail plus ou moins important de mise à disposition. Bien sûr, toutes les sociétés humaines ont été dans ce type de rapport avec certaines choses, y compris les sociétés de chasseurs-cueilleurs : tous les humains sont pris dans des rapports de moyen à fin.

Toutes n’ont cependant pas voulu systématiser et/ou naturaliser cette forme utilitariste de rapport. Les travaux d’anthropologues comme Anna Tsing, James C. Scott ou du sociologue Hartmut Rosa suggèrent même que c’est précisément là ce qui singularise les sociétés capitalistes contemporaines.

La première citée s’appuie ainsi sur le modèle de la plantation de canne à sucre pour incarner l’épistémologie de la modernité. Dans ce modèle, le caractère de disponibilité se décline dans les forces de travail (esclaves et/ou travailleurs pauvres) jusque dans les végétaux (variétés sélectionnées à dessein) et les écologies, « appauvries » parce qu’elles sont entièrement subordonnées à des objectifs de production.

Dans des mondes qui se sont ainsi construits sur le principe de l’accessibilité des ressources, les injonctions à les préserver posent donc au moins deux problèmes, dont il convient plus que jamais d’avoir conscience.

D’abord parce qu’elles tendent à faire oublier ce qu’il en coûte de produire des ressources : la disponibilité invisibilise le travail de mise à disposition.

Elle écrase les perspectives temporelles et spatiales, comme si avoir accès à l’eau courante et pouvoir la « consommer » de façon responsable (ou non) allait de soi. En contribuant à la naturalisation du caractère acquis de ressource, elle aplatit le monde.

L’invitation à préserver les ressources forme par ailleurs un oxymore aux implications délétères : elle définit des choses (du pétrole, de l’eau, des plantes, etc.) par leur destination (leur vocation de consommables), mais elle demande de ne pas les y réduire.

Parce qu’elle favorise l’usage, la mise en ressource du monde augmente enfin mécaniquement l’impératif de son contrôle : rendez l’eau ou le chocolat disponibles à tout moment et vous augmenterez sûrement la tentation… En même temps, par conséquent, que le besoin de la refréner.

Avec l’abondance de la ressource, peut émerger un sentiment de culpabilité.

D’où l’inflation contemporaine de normes expressément promues pour amoindrir la disponibilité qu’on a paradoxalement faite acquérir aux choses. D’où peut-être, aussi, l’émergence et la diffusion d’un sentiment de culpabilité, l’impression légitime de ne pas pouvoir être à la hauteur d’une exigence de modération qui est exactement proportionnelle à la facilité d’accès.

Enjoindre à préserver les ressources c’est, en somme, concentrer l’attention sur l’usure — enjoindre à préserver, économiser, gérer — sans contester l’usage, le caractère de disponibilité. On fait ainsi peser toute la responsabilité de la modération sur le public, comme si le problème n’était pas aussi celui de la mise en ressource, et de celles et ceux qui l’exacerbent.

Préserver les ressources est peut-être nécessaire, mais changer de rapports au vivant et/ou à la biodiversité ou à la terre implique beaucoup plus. Il faut changer de rapport, justement, ne pas se contenter de le faire varier en degré (d’économiser, de gérer, de préserver) mais changer sa nature.

Nous ne pouvons plus nous contenter de réduire la pression sur les ressources, de réaliser des économies ou d’être plus respectueux. Ce ne sont là que des normes humaines, en effet, des choix dont on peut discuter les vertus, mais qui prennent le rapport à la ressource pour donné.

Pour penser autrement, on pourrait commencer par suivre le sociologue Hartmut Rosa et chercher à « rendre le monde indisponible », moins disponible a minima. Cela implique, éventuellement, de mieux accepter les moments — en réalité, nombreux — où il ne l’est pas, en rendant par exemple leur saisonnalité aux tomates ou aux fraises, en nous forçant ainsi à dépendre davantage de notre environnement et de ses temporalités.

On irait alors à rebours de la modernité, qui s’est précisément construite autour d’un idéal d’autonomisation, contre cette hétéronomie (étymologiquement, « autre norme », soit le fait de vivre selon des règles imposées par autrui ou autre chose), en refusant que l’humanité soit normée de l’extérieur et dépendante d’une variabilité qu’elle n’aurait pas tout à fait choisie.

C’est même ainsi qu’elle a conçu la liberté, dans cet élan émancipateur, portée par son extraordinaire capacité à ne dépendre que d’elle-même. Finalement, le concept de ressource exprime l’impasse dans laquelle ce fantasme d’autonomie conduit. Réfléchir à l’indisponibilité des choses et à l’hétéronomie des rapports au monde est une façon de remettre la question de la dépendance au cœur des pensées du futur.

Cela implique, évidemment, de ne plus toujours l’envisager comme une contrainte et une aliénation, mais aussi de la considérer comme une opportunité :

pour le vivant d’abord, dans la mesure où dépendre de l’environnement, ne plus l’avoir indéfiniment comme ressource, est une façon de favoriser son déploiement au-delà de tout contrôle anthropique.

Pour les humains ensuite, parce que la dépendance est une reconnaissance de l’altérité. Elle demande de « faire avec ». À ce titre elle est susceptible de les contraindre parfois, mais aussi de les étonner et de les enrichir, de les sortir en tous cas du narcissisme dans lequel les plonge la projection sans cesse renouvelée de leur volonté sur le monde, et cela qu’elle soit « bonne » ou « mauvaise ».

En tout cas, c’est ce que suggèrent les travaux que j’ai déjà réalisés en la matière, ainsi que d’autres travaux en cours ou qui ont été produits par quelques étudiants.

Ils montrent aussi que les sciences humaines et sociales ont beaucoup à apporter en ce sens, en particulier lorsque, comme l’anthropologie et l’archéologie, elles s’intéressent à des groupes humains qui ont choisi d’accueillir et d’explorer leurs dépendances. Elles offrent ainsi de puissants outils pour penser un avenir moins univoque que celui de la modernité.

Environnement–Automobiles: Les vieilles voitures plus écolos que les nouvelles ?

Environnement–Automobiles: Les vieilles voitures plus écolos que les nouvelles ?

L’urgence écologique nous impose désormais de repenser nos mobilités, seul secteur pour lequel les émissions n’ont jamais cessé de croître. Depuis plusieurs années, les pouvoirs publics multiplient les directives qui enjoignent les citoyens à abandonner leurs voitures thermiques pour des véhicules électriques. En témoignent les récentes annonces du gouvernement qui entend généraliser leur possession par des subventions massives permettant à de nombreux ménages de s’équiper pour une centaine d’euros par mois. Un certain nombre de zones à faibles émissions mobilité (ZFE-m), qui consistent à restreindre l’accès aux véhicules qui dépassent un certain seuil d’émission de gaz polluants, ont ainsi été instaurées dans quelques métropoles : Paris, Lyon ou Grenoble par exemple. Avec la loi « climat et résilience » adoptée en 2021, l’ensemble des agglomérations de plus de 150 000 habitants seront concernées d’ici 2024. De fait, dans ces zones, seules les voitures qui répondent à des normes écologiques très récentes (majoritairement électriques ou hybrides) seront autorisées à circuler. Nous assistons dès lors à une épuration de grande ampleur du parc automobile, qui traduit une conception pour le moins enchantée des mobilités électriques présentées comme salvatrices. Cette vision fait reposer le problème de la pollution de l’air sur les usagers de voitures qui, parce que trop anciennes, ne répondent plus aux exigences actuelles en termes d’émissions polluantes, soit celles disposant d’un moteur thermique et construites avant les années 2010.

par Gaëtan Mangin
ATER en sociologie, Université d’Artois dans The conversation

Notre thèse de doctorat en sociologie menée entre 2017 et 2022, qui se donne pour ambition de comprendre la possession et l’usage d’une voiture de plus de 20 ans à l’époque contemporaine, révèle pourtant que les impératifs de durabilité ne sont pas étrangers à de telles mobilités. Dans la quarantaine d’entretiens réalisés, l’analyse de la presse spécialisée, mais aussi les moments plus informels de bricolage et de discussion dans des garages ou en rassemblements de passionnés d’automobiles qui ont constitué les terrains de cette thèse, il devient même possible d’entrevoir, chez certains usagers, qu’ils soient urbains ou ruraux, des engagements forts en faveur d’une certaine écologie.

Dans une large majorité, les propos des usagers de vieilles automobiles expriment une rhétorique du réemploi opposée à la production et la consommation de masse. Il s’agit de promouvoir une écologie priorisant l’usage d’outils fonctionnels (ou réparables) au recours à du neuf. Dans leurs discours, cette écologie du réemploi apparaît comme davantage réaliste parce qu’elle se veut plus accessible financièrement, et correspondrait à un mode de vie sobre déjà dont l’expertise existe déjà dans les catégories populaires qui la développent au quotidien.

Peu coûteuse à l’achat comme à l’entretien, la voiture d’occasion désuète serait aussi écologique parce que le coût écologique de sa production a déjà été assumé.

« Il n’est pas évident d’expliquer à nos chers écolos que conserver et faire rouler une “vieille” auto à la place d’en fabriquer une neuve permet d’économiser des hectolitres d’eau, des kilos d’acier, de caoutchouc et de plastique, etc. C’est tout le problème de ne s’en tenir qu’à la des gaz qui sortent de l’échappement, plutôt que d’analyser le cycle de vie total, de la fabrication au recyclage en passant par l’usage… » (Richard, s’exprimant dans la revue « Youngtimers » n°79)

Comme tout objet technique, une voiture a besoin d’être entretenue pour durer, et une vieille automobile nécessite une attention soutenue, à l’état de ses organes de sécurité notamment (plusieurs fois par an).

Aujourd’hui, un grand nombre de concessions automobiles ne sont plus équipées pour intervenir sur des véhicules dénués de systèmes de diagnostic électronique, et les mécaniciens ne sont plus formés pour intervenir sur une mécanique commercialement dépassée. Dès lors, la maintenance incombe largement aux possesseurs qui développent, aux fil de leurs interventions, un attachement à la voiture dont ils prennent soin, ainsi qu’une connaissance fine qui leur permet de croire que leur objet perdurera encore longtemps à leurs côtés.

« Moi, ma voiture, je l’entretiens ! Pour qu’elle soit belle et pouvoir continuer de rouler avec. Je voudrais l’user jusqu’à la corde, celle-là. Attends, une Golf comme ça, je fais 300 000 kilomètres avec ! Elle peut encore vivre 30 ans, ma voiture ! » (Larry, 64 ans, décorateur retraité, roule en Volkswagen Golf 3 de 1993)

Refuser de passer à une voiture plus récente relève également d’un scepticisme assumé envers les intentions écologiques des constructeurs. La voiture contemporaine, surtout lorsqu’elle est électrique, est soupçonnée d’être bien plus polluante qu’il n’y paraît, notamment par sa production qui nécessite l’extraction de métaux précieux tels que le lithium ou le cobalt.

Ses équipements électroniques et numériques font eux aussi l’objet de méfiance quant à la planification de leur obsolescence. C’est, là aussi, la logique de remplacement précoce qui est critiquée, et avec elle la stratégie consistant à rendre chaque modèle rapidement obsolète en le remplaçant par un autre ou en en proposant une version restylisée.

« Par leur fiabilité, elles se retrouvent plus vite à la casse qu’une voiture ancienne. Elles ont pas vocation à durer, non… le but, c’est de consommer ! Avant, on faisait des voitures robustes ! La Saab 900, c’est de la voiture robuste. Pourquoi ? Parce qu’on n’était pas dans cette démarche-là, de consommation ! » (Yannis, 40 ans, Chef d’entreprise, roule en Saab 900 de 1985)

Si on les compare aux voitures récentes, les voitures de plus de 15 ans sont moins confortables et moins sécurisées, ce qui requière une attention plus soutenue de la part du conducteur qui devra davantage faire preuve d’observation et d’anticipation.

Elles sont aussi plus exigeantes à conduire, ce qui sollicite davantage ses cinq sens. Par exemple, elles ne bénéficient pas de régulateurs de vitesse, d’aide au freinage d’urgence, ni même parfois de direction assistée, ce qui complique particulièrement les manœuvres. Parce qu’elles se trouvent à l’opposé des impératifs d’efficacité, de telles voitures deviennent l’outil idéal pour tenir à distance un sentiment d’accélération qui caractérise notre époque, en s’immergeant dans des mobilités « douces » car convoquant un imaginaire du voyage, empreint de lenteur et de contemplation.

« Mes parents, ils sont là-dedans. Ils gagnent du temps, ils ont le petit boîtier pour passer au péage et puis tout est prélevé sur leur compte… Moi, je trouve ça effrayant ! C’est effrayant ! T’as l’impression que c’est simple, mais au final, ça va encore plus vite ! » (Lucas, 22 ans, étudiant en philosophie reconverti en charpentier traditionnel, roule en Renault 4 de 1982)

Plus encore que des marchandises et un système économique, c’est aussi tout un système de mobilité qui se trouve tenu à distance. Pour bon nombre d’usagers en effet, faire persister la centralité de la voiture dans l’aménagement du territoire et dans les mobilités quotidiennes, ce serait manquer d’ambition face aux enjeux écologiques contemporains.

Ainsi, nombre d’usagers de vieilles voitures plaident pour une refonte ambitieuse du système de mobilité qui ferait la part belle aux mobilités alternatives, et qui prendrait notamment au sérieux la bicyclette en tant que moyen de transport efficace. Aussi, tous affirment qu’ils se passeraient de voiture au quotidien si cela leur était possible.

« Moi, je suis pas nostalgique. Je pense que cette société d’avant, celle de la conquête, on se trompait. Elle a oublié la finitude des choses, comme je pense qu’aujourd’hui on oublie qu’il y a des perspectives ! La perspective c’est le vélo par exemple […] Avec le vélo, on va dans des endroits où la voiture ne va plus, on s’affranchit des embouteillages, voilà. On peut se projeter de nouveau ! » (Fabrice, 47 ans, enseignant-chercheur, roule avec plusieurs Citroën des années 1970 à 2000)

Rouler en vieille voiture, c’est donc pour certains une manière de vivre ses mobilités de façon plus sobre, en privilégiant la qualité (du trajet, de l’objet…) à une forme d’abondance.

« Je trouve qu’on a été trop loin sur certaines choses, qu’on va trop loin par rapport à la planète aussi, la pollution, tout ça. Je veux pas rentrer là-dedans, enfin je veux plus. Un de mes rêves, ce serait d’être autonome au niveau énergétique. Donc il y a, dans ma démarche, quelque chose d’écolo… Oui, écolo ! On peut dire écolo. » (Bruno, 56 ans, éducateur spécialisé, roule en Renault 4 de 1986).

Cette éthique de la sobriété se trouve bien souvent au fondement d’un mode de vie plus frugal, et suppose une posture réflexive quant à nos actions et leurs conséquences. Si convertir tout un chacun à la « vieille voiture » ne peut représenter un projet de transition écologique, le rapport de tels usagers à leurs mobilités nous invite toutefois à ne plus prendre la route à la légère. Il exhorte, au contraire, à questionner la banalité de notre recours à la voiture pour penser un automobilisme plus éclairé.

Environnement et « Planification écologique » : De l’anecdotique !

Environnement et « Planification écologique » : De l’anecdotique !

La feuille de route de la planification économique devrait être présentée aujourd’hui. Mais Il paraît de plus en plus évident que le concept de planification écologique du gouvernement relève de l’illusion la plus totale. D’ailleurs il n’y a ni planification ni vraiment prise en compte environnementale. Seulement quelques mesures déjà bien connues mais pas à la hauteur des enjeux. Exemple développement de la voiture électrique, la rénovation thermique des logements, l’annonce un peu irresponsable sur la fin des chaudières à gaz.

Mais les  » mesures phares » forcément seront annoncées par le président lui-même le 25 septembre.

Les orientations ainsi développées par la première ministre constituent une sorte de hors-d’œuvre et le plat principal sera servi par le maître de l’Élysée.

Mais là aussi il ne faut pas s’attendre à des mesures réellement pertinentes et efficaces mais un ensemble hétéroclite de décisions type auberge espagnoles dont la plupart ne seront pas d’ailleurs suivies d’effet.

Le terme planification écologique est particulièrement impropre et le gouvernement se paye une fois de plus de mots.

Une véritable planification écologique supposerait d’abord une analyse sérieuse de la problématique dans chacun des secteurs et activités puis la fixation d’objectifs et des stratégies pertinentes. Bref ce qui se faisait au plan précédemment où chaque secteur avec les acteurs intéressés définissait des stratégies réalistes et structurantes.

Au lieu de cela le gouvernement fait dans le marketing sémantique, les annonces succèdent aux annonces avec des pseudos concertations en particulier dans le conseil national de la Refondation bidon à la fois non compétent et non légitime. ( avec des français choisis « au hasard !!!)

« Le compte n’y est pas », a estimé le patron du PS, Olivier Faure, après avoir pris connaissance des documents reçus en amont du rendez-vous. Le socialiste « craint [une] planification du vide », tandis que le chef du Parti communiste, Fabien Roussel, s’est dit « sans illusions ».

L’exécutif entend ouvrir une « séquence » d’une dizaine de jours sur le sujet. Après ce « débat politique » à Matignon, un échange entre Elisabeth Borne et les membres du Conseil national de la refondation doit être organisé mardi, avant un « événement » autour d’Emmanuel Macron et la présentation du projet de budget 2024, le 27 septembre, en Conseil des ministres. En juillet, le gouvernement avait reporté la présentation de cette feuille de route, percutée par les émeutes puis le remaniement.

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