Ukraine: La crainte des énormes conséquences des armes chimiques
Dans un entretien au « Monde », le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg,, s’exprime sur les risques que la guerre en Ukraine fait peser sur l’Alliance atlantique.
Un peu plus d’un mois après le début de la guerre en Ukraine, le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, revient sur les risques de ce conflit pour l’Alliance atlantique et la réponse que son organisation doit y apporter.
Le président Volodymyr Zelensky a indiqué récemment que l’Ukraine pourrait renoncer à une adhésion à l’OTAN et qu’elle pourrait devenir neutre. Cela pourrait-il faire partie de la solution politique au conflit avec la Russie à laquelle vous appelez ?
Nous respectons toutes les décisions d’une nation souveraine et indépendante, qu’elle décide de poser sa candidature à l’adhésion ou non. C’est à l’Ukraine de décider, sur son éventuel statut de neutralité aussi. Je note cependant que les propos du président n’évoquaient pas une décision formelle mais une déclaration d’intention.
Plus de 100 000 militaires américains sont désormais positionnés en Europe, dont beaucoup en Pologne, où les troupes de l’OTAN dépassent désormais les 10 000. Cela ne risque-t-il pas d’être considéré par Moscou comme une entorse à l’acte fondateur de 1997, qui encadre le face-à-face OTAN-Russie et limite en principe de tels déploiements à 3 000 soldats ?
L’acte fondateur indique clairement que l’intégrité territoriale de tous les pays européens doit être respectée, et la Russie l’a constamment violé. En 2008, en envahissant la Géorgie ; en 2014, en annexant la Crimée ; et depuis, tous les jours, en déstabilisant l’est de l’Ukraine, et, récemment, en l’envahissant. Nous devons envoyer un message clair à Moscou et nous le faisons pour éviter que le conflit ne dégénère. Il ne doit y avoir aucun malentendu sur le fait qu’une attaque contre un de nos alliés engagerait une réponse de toute l’Alliance. En envoyant ces troupes, nous fournissons une dissuasion crédible qui n’a pas pour but de provoquer le conflit mais de l’empêcher et d’assurer la paix. Ceci étant, cette présence des Etats-Unis n’est pas totalement nouvelle. Elle a augmenté progressivement depuis 2014 face à une Russie de plus en plus agressive
Ces troupes étaient toutefois plus éparpillées auparavant…
Une grande partie était déjà présente avant cette guerre. Nous étions bien préparés, avec plus d’exercices, plus d’équipements, plus de dépenses pour la défense, plus de présence aérienne, notamment en mer Noire. Depuis 2014, nous avons aussi établi quatre groupes tactiques dans les pays baltes et en Pologne [désormais au nombre de huit]. Quand l’invasion s’est produite, nous avons, dès le premier jour, activé nos plans de défense et immédiatement envoyé plus de troupes. La France a d’ailleurs participé à cette adaptation historique, en envoyant des soldats en Roumanie et en Estonie. La France aura le commandement des troupes déployées en Roumanie et sera désignée « nation cadre ».