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Terres agricoles: les enjeux

Terres agricoles: les enjeux

par Marc Benoit, Ingénieur de recherches, agroéconomiste, Inrae dans The conversation.

La place de l’élevage dans notre société est aujourd’hui largement débattue. Au-delà de la question désormais centrale du bien-être animal, deux arguments très forts reviennent également dans le débat. Tout d’abord, les émissions de gaz à effet de serre, en particulier le méthane, majoritairement issu de la digestion des fourrages par les ruminants. Ensuite, la compétition de l’élevage pour la culture et l’utilisation de céréales, que les humains pourraient consommer directement et de façon beaucoup plus efficace. Rappelons que, pour une même quantité, les céréales nourrissent jusqu’à 10 fois plus de personnes que la viande. Depuis début 2022, l’impact de la guerre en Ukraine sur le coût de l’énergie entraîne également de fortes tensions sur le secteur de l’agriculture, relançant l’intérêt des surfaces agricoles pour la production d’énergie. L’élevage pourrait bien être le grand perdant de cette concurrence.

Les activités d’élevage des pays les plus développés sur le plan économique font appel à grandes quantités d’énergie. Ainsi, pour 1 mégajoule d’énergie consommée, l’élevage produit entre 0,5 et 1 mégajoule sous forme de lait ou de viande, alors que les grandes cultures (céréales, oléoprotéagineux) en produisent plus de six.

Cela signifie que, ramenée à l’énergie produite sous forme de diverses denrées agricoles, une augmentation du prix de l’énergie a une incidence six à dix fois plus grande, en moyenne, sur les produits issus de l’élevage, par rapport aux produits issus des grandes cultures. Cette forte répercussion du prix de l’énergie peut ainsi rendre ces produits difficilement accessibles au consommateur. Le constat peut d’ailleurs déjà être fait d’un fort recul des achats des produits d’origine animale de la part des ménages modestes du fait de la très forte inflation.

Au niveau des fermes d’élevage – en 2020, on en comptait 150 000 spécialisées dans cette activité sur les 416 000 exploitations agricoles françaises –, on peut considérer qu’en moyenne 75 % de la consommation d’énergie sont liés à l’alimentation des animaux. Cela comprend la mise en culture et l’utilisation des céréales et des prairies (labour, semis, récolte, transport, stockage, distribution), ainsi que la fertilisation des terres, qui repose en grande partie sur de l’azote de synthèse, très énergivore durant sa fabrication (il faut par exemple 1,8 équivalent litre de fuel pour 1 kg d’azote).

On le comprend aisément, limiter l’impact de l’augmentation du coût de l’énergie sur le prix des produits issus de l’élevage passe donc avant tout par des changements drastiques dans la manière d’alimenter les animaux.

L’augmentation très forte du prix des produits issus de l’élevage, combinée à la chute du pouvoir d’achat des ménages, pourrait conduire à une baisse importante de cette activité agricole. Une compensation du revenu des éleveurs par l’État parait difficilement envisageable, compte tenu du niveau déjà très élevé du soutien actuel. La part des aides publiques représente 87 % du revenu des éleveurs de vaches laitières et 195 % du revenu des éleveurs de vaches allaitantes…

Par ailleurs, les éleveurs ne pourront pas augmenter les prix de vente de leurs produits à la hauteur des surcoûts qu’ils subissent. Ils devront donc soit changer de production s’ils disposent de surfaces labourables, pour produire des cultures destinées à la consommation humaine ou à des fins énergétiques ; soit alimenter leurs animaux avec des ressources alternatives peu soumises à la concurrence d’autres usages.

Nous voyons ainsi se dessiner deux situations pour l’avenir de l’élevage.

Dans la première, il utilisera des ressources alimentaires disponibles dans les fermes de grandes cultures ou de cultures pérennes (arboriculture, viticultures) : coproduits divers et au sens large, c’est-à-dire non seulement ceux issus de la transformation des cultures (son, tourteaux, etc.), mais aussi toute la biomasse disponible et non valorisée, comme les cultures intermédiaires de fourrage visant à capter l’azote atmosphérique et à limiter la diffusion des maladies et des ravageurs sur les cultures suivantes ; ou encore, l’herbe poussant entre les rangs en cultures pérennes (et les fruits au sol, vecteurs de maladies).

L’élevage permettrait dans une telle configuration de limiter l’utilisation du matériel (pour la destruction de ces couverts végétaux), des herbicides, voire des fongicides (avec moins de maladies végétales).

La seconde situation concerne les zones historiquement dédiées à l’élevage, avec de fortes contraintes agronomiques. Il s’agit surtout de surfaces non labourables, par exemple les prairies naturelles des zones d’altitude du Massif central ou les landes et parcours de l’arrière-pays méditerranéen. Dans ces zones, l’élevage permet de maintenir des milieux ouverts, une diversité et une mosaïque paysagères favorables à la biodiversité, contribuant notamment à limiter les risques d’incendie.

Limiter les activités d’élevage à ces deux grands types de situations et de stratégie d’alimentation reviendrait à baisser fortement sa part dans la production agricole française et européenne, accompagnant une évolution importante de nos régimes alimentaires (une consommation moindre de produits d’origine animale).

L’impact d’une telle évolution serait majeur sur l’activité actuelle de certains territoires. Un impact très négatif en termes d’activité économique et d’emploi dans les territoires affichant une très forte densité animale (on pense à la Bretagne). Un impact positif dans les territoires où cette activité a quasiment disparu depuis des décennies, comme dans les zones céréalières de la Beauce, de la Champagne ou du Berry.

Dans ces zones, sa réintroduction pourrait générer de nouvelles activités économiques, avec les services nécessaires à l’élevage et à la mise en marché des produits (abattoirs, unité des conditionnements, etc.). Par ailleurs, cette redistribution de l’élevage sur l’ensemble des territoires accroîtrait leur autonomie alimentaire.

Le changement d’usage des surfaces de cultures actuellement utilisées par l’élevage est potentiellement très important ; pour rappel, ces surfaces représentent environ 500 millions d’hectares à l’échelle de la planète, à rapprocher des 26,7 millions d’hectares de surfaces agricoles françaises, prairies comprises.

Cependant, ces surfaces « libérées » pourraient avoir d’autres usages et être rapidement dédiées à la production de biocarburants ( !!!). On pense notamment aux perspectives du secteur aéronautique qui vise la neutralité carbone à l’échéance 2050, en s’appuyant majoritairement sur les biocarburants.

Face aux tensions importantes entre les différents secteurs économiques et à long terme sur le secteur énergétique, il est ainsi peu probable que l’utilisation des terres à des fins de production alimentaire soit compétitive, en particulier pour les activités d’élevage.

Face à la concurrence très probable de l’usage des terres dans les décennies à venir, associée à la difficulté d’accès aux produits d’origine animale pour une part croissante des consommateurs, les politiques publiques auront un rôle majeur à jouer : à la fois pour arbitrer l’usage des terres agricoles et renforcer la compétitivité de l’élevage, en particulier celui qui représente la seule activité agricole possible dans les zones difficiles où il fournit de multiples services, comme en Provence ou dans le Marais poitevin.

Il s’agirait donc moins d’accompagner les activités d’élevage grâce à des compensations de coûts de production, que par une reconnaissance et une rémunération de services rendus à la collectivité, comme l’entretien et l’ouverture des paysages, le maintien de la biodiversité et d’activités socio-économiques (tourisme) ou encore la prévention des incendies.

Les enjeux des terres agricoles

Les enjeux des terres agricoles

par Marc Benoit, Ingénieur de recherches, agroéconomiste, Inrae dans The conversation.

La place de l’élevage dans notre société est aujourd’hui largement débattue. Au-delà de la question désormais centrale du bien-être animal, deux arguments très forts reviennent également dans le débat. Tout d’abord, les émissions de gaz à effet de serre, en particulier le méthane, majoritairement issu de la digestion des fourrages par les ruminants. Ensuite, la compétition de l’élevage pour la culture et l’utilisation de céréales, que les humains pourraient consommer directement et de façon beaucoup plus efficace. Rappelons que, pour une même quantité, les céréales nourrissent jusqu’à 10 fois plus de personnes que la viande. Depuis début 2022, l’impact de la guerre en Ukraine sur le coût de l’énergie entraîne également de fortes tensions sur le secteur de l’agriculture, relançant l’intérêt des surfaces agricoles pour la production d’énergie. L’élevage pourrait bien être le grand perdant de cette concurrence.

Les activités d’élevage des pays les plus développés sur le plan économique font appel à grandes quantités d’énergie. Ainsi, pour 1 mégajoule d’énergie consommée, l’élevage produit entre 0,5 et 1 mégajoule sous forme de lait ou de viande, alors que les grandes cultures (céréales, oléoprotéagineux) en produisent plus de six.

Cela signifie que, ramenée à l’énergie produite sous forme de diverses denrées agricoles, une augmentation du prix de l’énergie a une incidence six à dix fois plus grande, en moyenne, sur les produits issus de l’élevage, par rapport aux produits issus des grandes cultures. Cette forte répercussion du prix de l’énergie peut ainsi rendre ces produits difficilement accessibles au consommateur. Le constat peut d’ailleurs déjà être fait d’un fort recul des achats des produits d’origine animale de la part des ménages modestes du fait de la très forte inflation.

Au niveau des fermes d’élevage – en 2020, on en comptait 150 000 spécialisées dans cette activité sur les 416 000 exploitations agricoles françaises –, on peut considérer qu’en moyenne 75 % de la consommation d’énergie sont liés à l’alimentation des animaux. Cela comprend la mise en culture et l’utilisation des céréales et des prairies (labour, semis, récolte, transport, stockage, distribution), ainsi que la fertilisation des terres, qui repose en grande partie sur de l’azote de synthèse, très énergivore durant sa fabrication (il faut par exemple 1,8 équivalent litre de fuel pour 1 kg d’azote).

On le comprend aisément, limiter l’impact de l’augmentation du coût de l’énergie sur le prix des produits issus de l’élevage passe donc avant tout par des changements drastiques dans la manière d’alimenter les animaux.

L’augmentation très forte du prix des produits issus de l’élevage, combinée à la chute du pouvoir d’achat des ménages, pourrait conduire à une baisse importante de cette activité agricole. Une compensation du revenu des éleveurs par l’État parait difficilement envisageable, compte tenu du niveau déjà très élevé du soutien actuel. La part des aides publiques représente 87 % du revenu des éleveurs de vaches laitières et 195 % du revenu des éleveurs de vaches allaitantes…

Par ailleurs, les éleveurs ne pourront pas augmenter les prix de vente de leurs produits à la hauteur des surcoûts qu’ils subissent. Ils devront donc soit changer de production s’ils disposent de surfaces labourables, pour produire des cultures destinées à la consommation humaine ou à des fins énergétiques ; soit alimenter leurs animaux avec des ressources alternatives peu soumises à la concurrence d’autres usages.

Nous voyons ainsi se dessiner deux situations pour l’avenir de l’élevage.

Dans la première, il utilisera des ressources alimentaires disponibles dans les fermes de grandes cultures ou de cultures pérennes (arboriculture, viticultures) : coproduits divers et au sens large, c’est-à-dire non seulement ceux issus de la transformation des cultures (son, tourteaux, etc.), mais aussi toute la biomasse disponible et non valorisée, comme les cultures intermédiaires de fourrage visant à capter l’azote atmosphérique et à limiter la diffusion des maladies et des ravageurs sur les cultures suivantes ; ou encore, l’herbe poussant entre les rangs en cultures pérennes (et les fruits au sol, vecteurs de maladies).

L’élevage permettrait dans une telle configuration de limiter l’utilisation du matériel (pour la destruction de ces couverts végétaux), des herbicides, voire des fongicides (avec moins de maladies végétales).

La seconde situation concerne les zones historiquement dédiées à l’élevage, avec de fortes contraintes agronomiques. Il s’agit surtout de surfaces non labourables, par exemple les prairies naturelles des zones d’altitude du Massif central ou les landes et parcours de l’arrière-pays méditerranéen. Dans ces zones, l’élevage permet de maintenir des milieux ouverts, une diversité et une mosaïque paysagères favorables à la biodiversité, contribuant notamment à limiter les risques d’incendie.

Limiter les activités d’élevage à ces deux grands types de situations et de stratégie d’alimentation reviendrait à baisser fortement sa part dans la production agricole française et européenne, accompagnant une évolution importante de nos régimes alimentaires (une consommation moindre de produits d’origine animale).

L’impact d’une telle évolution serait majeur sur l’activité actuelle de certains territoires. Un impact très négatif en termes d’activité économique et d’emploi dans les territoires affichant une très forte densité animale (on pense à la Bretagne). Un impact positif dans les territoires où cette activité a quasiment disparu depuis des décennies, comme dans les zones céréalières de la Beauce, de la Champagne ou du Berry.

Dans ces zones, sa réintroduction pourrait générer de nouvelles activités économiques, avec les services nécessaires à l’élevage et à la mise en marché des produits (abattoirs, unité des conditionnements, etc.). Par ailleurs, cette redistribution de l’élevage sur l’ensemble des territoires accroîtrait leur autonomie alimentaire.

Le changement d’usage des surfaces de cultures actuellement utilisées par l’élevage est potentiellement très important ; pour rappel, ces surfaces représentent environ 500 millions d’hectares à l’échelle de la planète, à rapprocher des 26,7 millions d’hectares de surfaces agricoles françaises, prairies comprises.

Cependant, ces surfaces « libérées » pourraient avoir d’autres usages et être rapidement dédiées à la production de biocarburants ( !!!). On pense notamment aux perspectives du secteur aéronautique qui vise la neutralité carbone à l’échéance 2050, en s’appuyant majoritairement sur les biocarburants.

Face aux tensions importantes entre les différents secteurs économiques et à long terme sur le secteur énergétique, il est ainsi peu probable que l’utilisation des terres à des fins de production alimentaire soit compétitive, en particulier pour les activités d’élevage.

Face à la concurrence très probable de l’usage des terres dans les décennies à venir, associée à la difficulté d’accès aux produits d’origine animale pour une part croissante des consommateurs, les politiques publiques auront un rôle majeur à jouer : à la fois pour arbitrer l’usage des terres agricoles et renforcer la compétitivité de l’élevage, en particulier celui qui représente la seule activité agricole possible dans les zones difficiles où il fournit de multiples services, comme en Provence ou dans le Marais poitevin.

Il s’agirait donc moins d’accompagner les activités d’élevage grâce à des compensations de coûts de production, que par une reconnaissance et une rémunération de services rendus à la collectivité, comme l’entretien et l’ouverture des paysages, le maintien de la biodiversité et d’activités socio-économiques (tourisme) ou encore la prévention des incendies.

Armées : des crédits d’investissement pas à la hauteur des enjeux ?

Armées : des crédits d’investissement pas à la hauteur des enjeux?

Sur une masse annoncée de 400 milliards d’euros dans la future loi de programmation militaire, que restera-t-il pour les crédits d’investissements ? Il convient donc, selon le groupe Mars, de raisonner en euros constants (donc augmentée de la valeur de l’inflation chaque année) pour sanctuariser une cible de 30 milliards par an. Par le groupe Mars.

« Est-ce que raisonner uniquement en crédits d’investissements et en euros constants pourrait faciliter le travail d’élaboration de la programmation qui, à quelques semaines de son examen en Conseil des ministres, n’est toujours pas finalisée à ce jour ? Assurément, car cela réduirait l’incertitude » (Le groupe Mars)

Le processus d’élaboration d’un projet de loi de programmation militaire (LPM) est toujours un exercice complexe qui implique un long travail de préparation en amont. En fait, la programmation des investissements militaires est suffisamment complexe en soi pour ne pas rajouter des « bourrages » budgétaires ou normatifs. C’est pourtant le cas depuis plusieurs LPM. Initialement, la LPM ne servait qu’à planifier l’investissement de défense selon une programmation pluriannuelle que l’annualité des lois de finances ne permet pas. Il était alors considéré comme inutile de planifier les dépenses de fonctionnement qui, pour leur part, s’accommodent fort bien du principe d’annualité.

Mais, pour camoufler le désinvestissement de défense initié dans les années 1990, il a été décidé d’intégrer les dépenses de fonctionnement dans la LPM : cela permettait de gonfler artificiellement les chiffres. La mise en œuvre de la LOLF a ensuite imposé de plafonner les effectifs militaires. Enfin, on a jugé utile de faire de la LPM le « véhicule législatif » unique de la législature, en l’affublant d’une partie normative de plus en plus importante, souvent sans aucun rapport avec la programmation militaire (par exemple la création des associations professionnelles de militaires ou l’encadrement des techniques de renseignement) et d’ailleurs si imposante qu’on ne pouvait plus tout y mettre, ce qui a permis de reporter les mesures les plus techniques dans des ordonnances.

Une LPM fourre-tout

Au total, la LPM est devenue une sorte de fourre-tout dans lequel la véritable programmation militaire, résumée dans quelques articles de loi explicités dans un rapport annexé, est diluée parmi des dizaines d’articles sans rapport les uns avec les autres, souvent d’une grande technicité. Vu de l’exécutif, cela offre le double avantage de masquer les impasses programmatiques tout en donnant du grain à moudre aux parlementaires sur des sujets annexes, pour ne pas dire accessoires. Le camouflage et le leurrage sont – il est vrai – des modes d’action défensifs bien connus des militaires.
Chacun sort satisfait d’un débat parlementaire qui a permis aux uns de s’exprimer et aux autres d’obtenir l’adhésion de la représentation nationale à leurs arbitrages en amont du débat. La seule à ne pas être satisfaite est la défense de la nation : c’est ainsi que 300 milliards d’euros d’investissements manquent à la défense depuis que la LPM sert à tout autre chose que programmer l’investissement de défense (cf. notre précédente chronique : Armées : si le budget avait été maintenu à son niveau de 1981, il s’élèverait 80 milliards d’euros par an (2/2) (latribune.fr).
Une augmentation quasi-homothétique

Alors, au nom des principes de sincérité et de transparence, essayons d’y voir plus clair dans les chiffres présentés par l’exécutif avant le débat budgétaire, chiffres qui sont loin d’être définitifs compte tenu d’une configuration politique inédite avec un Parlement dominé par les oppositions au gouvernement (cf. une autre de nos précédentes chroniques Loi de programmation militaire : et si le Parlement votait une rallonge financière (1/2) (latribune.fr).
D’après « les chiffres clés de la défense 2021 », dernière publication officielle disponible, le budget de la défense se répartit comme suit en « titres » (catégorie budgétaire), à grands traits :

Cette représentation schématique, basée sur « les chiffres clés de la défense 2021 », permet de visualiser les grands « agrégats » de l’investissement de défense, lesquels se répartissent en une bonne centaine de programmes d’armement ou d’infrastructure, regroupant eux-mêmes des centaines de marchés publics. Mais l’inertie est telle que les grandes masses n’évoluent pas de manière significative entre elles. Dans un budget en croissance, elles augmentent de manière quasi-homothétique. C’est à l’intérieur de ces agrégats que des choix sont faits entre programmes.
Future LPM : près d’un euro sur quatre ira à la dissuasion

On peut donc considérer que, dans la prochaine LPM, près d’un euro sur quatre sera consacré à la dissuasion et au moins un sur trois aux grands équipements conventionnels (dits « programmes à effet majeur », PEM) comme le Rafale, Scorpion ou le SNA Barracuda. Les quelque 40% restants se répartiront entre le maintien en condition opérationnelle (entretien programmé du matériel ou du personnel, EPM/EPP, près de 20%), l’investissement dans l’infrastructure (environ 10%) et les autres investissements (10% à 15% de petits équipements, munitions, investissement dans le renseignement et la recherche hors dissuasion).

C’est bien sur ces agrégats que devrait se focaliser le débat budgétaire. Les autres titres relèvent de dépenses ordinaires, voire « obligatoires », sur lesquelles les parlementaires n’ont guère de prise. Sans même parler des deux milliards de subventions (T6) qui concernent essentiellement la mission budgétaire « liens avec la nation, mémoire et anciens combattants », habituellement non prise en compte dans la LPM, la masse salariale (T2) du ministère des armées dépasse 21 milliards d’euros, y compris 8,5 milliard au titre des cotisations « employeur » au budget des pensions de l’État. Cette dépense improductive imposée par la LOLF, qui gonfle artificiellement le budget, n’est traditionnellement pas prise en compte dans la LPM.
Espérons que ce soit toujours le cas. Mais il n’existe, à ce stade des annonces, aucune garantie. Hors pensions et « anciens combattants », le périmètre LPM de 2021 était de 39,5 milliards d’euros, dont 45% de T5.

Que restera-t-il pour les crédits d’investissements ?
La dépense de masse salariale « hors pensions » (12,5 milliards en 2021), qui augmente mécaniquement avec l’ancienneté et la montée en compétences et les mesures exogènes (augmentation du SMIC ou du point fonction publique), n’est contenue que par les difficultés des armées à atteindre leurs cibles de recrutement. Par conséquent, programmer cette dépense est un abus de langage : la LPM ne sert qu’à en estimer la trajectoire dans le temps, sans action significative sur son évolution.

Quant au fonctionnement (T3 qui comprend les crédits de la préparation opérationnelle des forces), on ne peut contenir sa dynamique budgétaire sans paupériser les armées et les rendre de moins en moins opérationnelles. Cela sera encore plus le cas pour la LPM à venir avec la remise à niveau de la préparation opérationnelle dans un contexte de flambée du prix des carburants opérationnels, qui s’ajoutera à la mise en œuvre de la nouvelle politique de rémunération des militaires (NPRM) et au doublement annoncé du nombre de réservistes (qu’il faudra bien rémunérer).
Au total, plus de 45 % des crédits LPM obéissent à une dynamique sans rapport avec la programmation militaire. Sur une masse annoncée de 400 milliards d’euros, que restera-t-il pour les crédits d’investissements ? Aucun chiffre n’est donné officiellement à ce stade, ce qui est déjà inquiétant. Sur la base d’une cible de 210 milliards d’euros de crédits d’investissements sur 7 ans (soit 52,5%), cela donnerait 30 milliards d’euros de « titre 5 » par an. Or ces chiffres sont des euros courants, donc affectés par l’inflation.

LPM : euros courants ou euros constants ?
C’est pourtant bien le seul chiffre qui devrait retenir l’attention des parlementaires. D’autant que l’inflation affecte toujours plus l’équipement de défense que les indices moyens en raison d’une dynamique propre au secteur (loi dite « d’Augustine » du nom de l’ancien patron de Lockheed Martin qui l’a formulée). Il convient donc de raisonner en euros constants. Si déjà le débat parlementaire permettait de sanctuariser la cible de trente milliards par an, en monnaie constante (donc augmentée de la valeur de l’inflation chaque année), ce serait un progrès notable. Cela donnerait de la visibilité aux industriels et aux états-majors, qui s’arrachent actuellement les cheveux pour élaborer une programmation cohérente. La cible de 400 milliards dévoilée tardivement par le chef des armées se situe en effet à un niveau inférieur au bas de la fourchette correspondant aux besoins exprimés par les armées.

Est-ce que raisonner uniquement en crédits d’investissements et en euros constants pourrait faciliter le travail d’élaboration de la programmation qui, à quelques semaines de son examen en Conseil des ministres, n’est toujours pas finalisée à ce jour ? Assurément, car cela réduirait l’incertitude et neutraliserait les risques d’éviction liés au dérapage de la masse salariale et, surtout, de l’inflation. Sur cette base programmatique stable, les états-majors et la DGA vont pouvoir planifier sereinement les acquisitions nécessaires sans devoir retarder certains programmes (ce qui renchérit les coûts unitaires et met l’industrie en difficulté) ou en sacrifier d’autres (comme il est question de le faire pour le standard 3 de l’hélicoptère Tigre) pour compléter nos stocks de munitions ou acheter sur étagère les milliers de drones consommables qui manquent à nos forces.

Accessoirement, cela pacifierait les relations entre états-majors, qui sont mis en concurrence pour obtenir un budget inférieur aux besoins estimés, ce qui n’est jamais de bon augure en période de crise internationale, quand toutes les énergies devraient être dirigées vers la défense des frontières (de nos alliés) et de nos intérêts plutôt que de nos « prés carrés » bureaucratiques.
Bercy s’y opposera

Naturellement, Bercy refusera au nom du principe fumeux dit « d’auto-assurance », qui n’a aucun fondement juridique. On comprend que les grands argentiers aient le dernier mot en temps de paix et d’endettement supérieur aux critères de Maastricht, mais le primat de la gestion budgétaire a-t-il encore un sens quand la guerre fait rage en Europe ? A fortiori quand la stricte orthodoxie budgétaire se révèle économiquement, socialement, politiquement et stratégiquement désastreuse ?
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(*) Le groupe Mars, constitué d’une trentaine de personnalités françaises issues d’horizons différents, des secteurs public et privé et du monde universitaire, se mobilise pour produire des analyses relatives aux enjeux concernant les intérêts stratégiques relatifs à l’industrie de défense et de sécurité et les choix technologiques et industriels qui sont à la base de la souveraineté de la France.

Budget de défense militaire: très insuffisant face aux enjeux

Budget de défense militaire: très insuffisant face aux enjeux


En dépit du discours volontariste de Macron qui veut doter la France d’une politique de défense à la hauteur des nouveaux enjeux, la loi de programmation militaire risque d’être notoirement en dessous des besoins. A la lumière du conflit qui se déroule en Ukraine, Macron pose la question de la stratégie militaire française. Jusque-là en effet, experts et professionnels de l’armée considéraient que la défense du pays devait reposer surtout sur le nucléaire et que les équipements et la défense traditionnelle devaient être en quelque sorte être marginalisés.

Une erreur fondamentale car il n’est pas du tout certain que la guerre conventionnelle constitue une hypothèse du passé. Certes l’armée se professionnalise, elle utilise de plus en plus des équipements sophistiqués fait appel à de nouvelles technologies. Mais elle ne saurait se passer notamment d’une forte armée de terre.Pour preuve, l’armée ne parvient même plus à assurer ses objectifs faute de moyens dans les différentes opérations extérieures comme au Sahel par exemple.

Ce qui se passe en Ukraine le démontre par l’absurde puisque par exemple la Russie qui dispose de l’arme nucléaire démontre chaque jour sa grande insuffisance sur le plan de l’infanterie. Elle tente de compenser cette infériorité qualitative et quantitative par une artillerie qui arrose n’importe comment et n’importe où.

En réalité, le budget de la défense n’a cessé de se réduire en France surtout les moyens conventionnels. On a aussi supprimé le service militaire, une surpression qu’on doit aux mêmes experts et aux militaires eux-mêmes qui ont vu là l’occasion d’améliorer leur rémunération. Une suppression qui découle aussi d’une grande lâcheté politique.

L’Ukraine, petit pays, pour faire face aux conflits avec la Russie a réussi à mobiliser 200 000 hommes, à peu près l’effectif de l’armée française.Il y a 15 ans elle en comptait plus du double et il en faudrait sans doute 500 000. Autant dire que la défense française est complètement sous dimensionnée. Alain Bauer le spécialiste emploie le terme diplomatique d’armée échantillonnaire. Une armée qui par ailleurs manque de tout d’équipement, de pièces de rechange et d’effectifs. Par exemple, la moitié des hélicoptères sont en panne et on prend leurs pièces pour réparer ceux qui fonctionnent.

On a pu le vérifier dans la cruelle débâcle de la force Barkhane au Mali. Comment la France pourrait-elle faire face à une éventuelle attaque d’un pays comme la Russie si elle n’est même pas capable de s’imposer face aux rebelles du Sahel.

Tout est à revoir dans la stratégie de défense : l’objectif, les modalités, les équipements , les effectifs et bien sûr les financements.

Il faudra remettre sur le tapis la question du service militaire obligatoire. Comme on l’a vu en Ukraine, c’est parce que des effectifs mobilisables étaient particulièrement bien formés que les forces de Kiev ont fait reculer les Russes. À l’inverse, les Russes ont mobilisé des jeunes sans formation dans beaucoup ont été massacrés. Or en cas de conflit majeur on procède à une mobilisation générale, ce qui suppose une formation préalable. Ce que n’est pas évidemment cet ersatz de service national universel qui ne ressemble à rien.

Un budget militaire très insuffisant face aux enjeux

Un budget militaire très insuffisant face aux enjeux

En dépit du discours volontariste de Macron qui veut doter la France d’une politique de défense à la hauteur des nouveaux enjeux, la loi de programmation militaire risque d’être notoirement en dessous des besoins. A la lumière du conflit qui se déroule en Ukraine, Macron pose la question de la stratégie militaire française. Jusque-là en effet, experts et professionnels de l’armée considéraient que la défense du pays devait reposer surtout sur le nucléaire et que les équipements et la défense traditionnelle devaient être en quelque sorte être marginalisés.

Une erreur fondamentale car il n’est pas du tout certain que la guerre conventionnelle constitue une hypothèse du passé. Certes l’armée se professionnalise, elle utilise de plus en plus des équipements sophistiqués fait appel à de nouvelles technologies. Mais elle ne saurait se passer notamment d’une forte armée de terre.Pour preuve, l’armée ne parvient même plus à assurer ses objectifs faute de moyens dans les différentes opérations extérieures comme au Sahel par exemple.

Ce qui se passe en Ukraine le démontre par l’absurde puisque par exemple la Russie qui dispose de l’arme nucléaire démontre chaque jour sa grande insuffisance sur le plan de l’infanterie. Elle tente de compenser cette infériorité qualitative et quantitative par une artillerie qui arrose n’importe comment et n’importe où.

En réalité, le budget de la défense n’a cessé de se réduire en France surtout les moyens conventionnels. On a aussi supprimé le service militaire, une surpression qu’on doit aux mêmes experts et aux militaires eux-mêmes qui ont vu là l’occasion d’améliorer leur rémunération. Une suppression qui découle aussi d’une grande lâcheté politique.

L’Ukraine, petit pays, pour faire face aux conflits avec la Russie a réussi à mobiliser 200 000 hommes, à peu près l’effectif de l’armée française.Il y a 15 ans elle en comptait plus du double et il en faudrait sans doute 500 000. Autant dire que la défense française est complètement sous dimensionnée. Alain Bauer le spécialiste emploie le terme diplomatique d’armée échantillonnaire. Une armée qui par ailleurs manque de tout d’équipement, de pièces de rechange et d’effectifs. Par exemple, la moitié des hélicoptères sont en panne et on prend leurs pièces pour réparer ceux qui fonctionnent.

On a pu le vérifier dans la cruelle débâcle de la force Barkhane au Mali. Comment la France pourrait-elle faire face à une éventuelle attaque d’un pays comme la Russie si elle n’est même pas capable de s’imposer face aux rebelles du Sahel.

Tout est à revoir dans la stratégie de défense : l’objectif, les modalités, les équipements , les effectifs et bien sûr les financements.

Il faudra remettre sur le tapis la question du service militaire obligatoire. Comme on l’a vu en Ukraine, c’est parce que des effectifs mobilisables étaient particulièrement bien formés que les forces de Kiev ont fait reculer les Russes. À l’inverse, les Russes ont mobilisé des jeunes sans formation dans beaucoup ont été massacrés. Or en cas de conflit majeur on procède à une mobilisation générale, ce qui suppose une formation préalable. Ce que n’est pas évidemment cet ersatz de service national universel qui ne ressemble à rien.

Ecole : les maths pas à la hauteur des enjeux

Ecole : les maths pas à la hauteur des enjeux

Le ministre de l’éducation revient sur sa décision de supprimer les maths en première après les très nombreuses prises de position sur le faible niveau des maths dans l’enseignement.Les futurs programmes de mathématiques de tronc commun ne sont pas à la hauteur de l’enjeu, qui était de restaurer des « maths pour tous » en 1re, alors que la réforme du lycée avait vu leur suppression, critique, dans une tribune au « Monde », la professeure des universités Nathalie Sayac.

L’enseignement des mathématiques s’inscrit dans une histoire éducative nationale qui a amené cette discipline à occuper une place de plus en plus prépondérante dans le système scolaire français. Les mathématiques sont aujourd’hui souvent perçues comme une discipline qui sélectionne les élèves et s’impose comme un choix incontournable pour la poursuite d’études dans des filières d’excellence.

La réforme du baccalauréat portée par Jean-Michel Blanquer a visé à mettre fin au système des séries mis en place en 1994, qui voyait bon nombre d’élèves choisir la série S, non pas parce qu’ils ou elles souhaitaient entamer des études scientifiques, mais parce que cette série s’était imposée comme « voie royale », permettant l’accès à toutes les poursuites d’études dans l’enseignement supérieur, bien au-delà des filières scientifiques. Ce détournement de la série S a, peu à peu, abouti à la baisse générale du niveau en mathématiques des élèves français, avec de multiples conséquences préjudiciables, tant au niveau scientifique que professionnel. Il fallait faire des maths à tout prix, « quoi qu’il en coûte », selon une formule d’actualité.

La nouvelle organisation des enseignements au lycée mise en place à la rentrée 2018 pour toutes les classes de seconde (un tronc commun d’enseignements, complété par un système de spécialités – trois en première, deux en terminale – et d’options facultatives) a été pensée pour « mieux accompagner les élèves dans la construction de leur projet d’orientation et pour améliorer la réussite dans l’enseignement supérieur ». Elle a impliqué un enseignement des mathématiques à géométrie variable à partir de la première, allant de zéro à trois heures (option mathématiques complémentaires), six heures (spécialité mathématiques) ou neuf heures (spécialité mathématiques + option mathématiques complémentaires).

Cette nouvelle organisation a généré une série de disparités dénoncées par de nombreuses sociétés savantes et d’associations concernées par le sujet : des disparités de genre (des enseignements de spécialités ou d’options moins choisis par les filles), des disparités d’origine sociale (68 % des élèves d’origine sociale très favorisée font des mathématiques en terminale contre seulement 50 % des élèves d’origine sociale défavorisée) et des disparités territoriales dans l’offre de spécialités ou d’options.

Même si les chiffres ne concernent qu’une seule cohorte d’élèves du fait du temps de déploiement de la réforme, ils sont inquiétants et ils imposent un réajustement. Le comité mathématiques mis en place en février, auquel j’ai participé en tant que didacticienne des mathématiques impliquée dans la formation des enseignants, a eu pour mission de s’emparer de ce problème et de proposer des pistes de solutions. Il a produit un rapport, remis le 18 mars, soit au premier jour de la période de réserve électorale en vue de la présidentielle d’avril.

Les enjeux sociaux et politiques de la crise

Carburant : Les enjeux sociaux et politiques de la crise

La réquisition sans doute un peu tardive par le gouvernement vise évidemment d’abord à faire face au manque de carburant dans une grande partie de la France. Mais il y a en dessous aussi des enjeux sociaux , syndicaux et politiques ( Sans parler des enjeux économiques alors que la France est un quasi récession depuis l’automne)

Côté enjeux politiques, on voit difficilement la grève se terminer chez Total avant la manifestation contre la vie chère de Mélenchon et la grève générale de la CGT mardi.. Du coup, le gouvernement craint la contamination.

Notons que la confédération CGT, elle, n’a pas appelé à rejoindre cette manifestation organisée par Mélenchon. Les autres confédérations non plus afin d’éviter des confusions de rôles entre politiques et syndicats.

Il est probable cependant que des membres de la fédération CGT des industries chimiques notamment des responsables de Total seront présents à cette manifestation. Une fédération traditionnellement radicale par rapport à la confédération et longtemps proche du parti communiste.

Concernant la grève générale de la CGT mardi retrouvera comme d’habitude les syndicats gauchistes

Dans cette affaire de carburant se joue également une concurrence entre syndicats réformistes et syndicats révolutionnaires en tout cas très radicaux et/ou très corporatistes.

Enfin il faut prendre en compte le fait de la proximité du congrès de la CGT qui va procéder au remplacement de Martinez et dans la coulisse l’affrontement de la ligne réaliste face
à la ligne plus radicale comme la fédération CGT ds industries chimiques qui couvre l’activité carburant.

La Première ministre a justifié cette différence de traitement entre Total et Esso par le fait qu’un accord majoritaire, signé par la CFE-CGC et la CFDT, avait été trouvé sur les salaires chez Esso-ExxonMobil. « Une partie des organisations, malgré cet accord, veut poursuivre le mouvement et continuer le blocage, nous ne pouvons pas l’accepter », a souligné la cheffe du gouvernement.
« Le dialogue social, c’est avancer, dès lors qu’une majorité s’est dégagée. Ce ne sont pas des accords a minima. Les annonces de la direction sont significatives. Dès lors, j’ai demandé aux préfets d’engager, comme le permet la loi, la procédure de réquisition des personnels indispensables au fonctionnement des dépôts de cette entreprise », a-t-elle ajouté.

La première ministre aura doute la même analyse après l’accord passé le 14 octobre 1022 entre Total, la CFDT et la CGC ( majoritaires chez Total).
Le gouvernement souhaite donc laisser sa chance à la négociation, « A défaut, le gouvernement agira là-encore pour débloquer la situation », a-t-elle toutefois prévenu.

Il y a de toute évidence une politisation du climat social d’une part par la CGT, d’autre part par le parti de Mélenchon. Une politisation facilité par l’absence de stratégie du gouvernement non seulement vis-à-vis de la crise du carburant mais surtout vis-à-vis de l’inflation qui grignote le pouvoir d’achat.

Jusque-là le gouvernement a refusé de taxe sur les superprofits réalisés surtout dans le pétrole par la spéculation. Mais parallèlement il n’a pas su non plus impulser une négociation entre partenaires sociaux pour favoriser le rattrapage de salaires sur l’inflation.

Il y a donc une certaine légitimité à revendiquer chez les salariés. Avec cependant des risques de chienlit dans le pays du faite de l’instrumentalisation par l’ultra gauche de la problématique sociale, transformée en problématique politique. La responsabilité en incombe au gouvernement, au patronat et à l’ultra gauche.

Carburant : Les enjeux de la crise

Carburant : Les enjeux de la crise

La réquisition sans doute un peu tardive par le gouvernement vise évidemment d’abord à faire face au manque de carburant dans une grande partie de la France. Mais il y a en dessous aussi des enjeux sociaux , syndicaux et politiques ( Sans parler des enjeux économiques alors que la France est un quasi récession depuis l’automne)

Côté enjeux politiques, on voit difficilement la grève se terminer chez Total avant la manifestation contre la vie chère de Mélenchon. Du coup, le gouvernement craint la contamination.
Notons que la confédération CGT, elle, n’a pas appelé à rejoindre cette manifestation organisée par Mélenchon.

Les autres confédérations non plus afin d’éviter des confusions de rôles entre politiques et syndicats.

Il est probable cependant que des membres de la fédération CGT des industries chimiques notamment des responsables de Total seront présents à cette manifestation. Une fédération traditionnellement radicale par rapport à la confédération et longtemps proche du parti communiste.

Dans cette affaire de carburant se joue également une concurrence entre syndicats réformistes et syndicats révolutionnaires en tout cas très radicaux et/ou très corporatistes.

Enfin il faut prendre en compte le fait de la proximité du congrès de la CGT qui va procéder au remplacement de Martinez et dans la coulisse l’affrontement de la ligne réaliste face
à la ligne plus radicale comme la fédération CGT ds industries chimiques qui couvre l’activité carburant.

La Première ministre a justifié cette différence de traitement entre Total et Esso par le fait qu’un accord majoritaire, signé par la CFE-CGC et la CFDT, avait été trouvé sur les salaires chez Esso-ExxonMobil. « Une partie des organisations, malgré cet accord, veut poursuivre le mouvement et continuer le blocage, nous ne pouvons pas l’accepter », a souligné la cheffe du gouvernement.
« Le dialogue social, c’est avancer, dès lors qu’une majorité s’est dégagée. Ce ne sont pas des accords a minima. Les annonces de la direction sont significatives. Dès lors, j’ai demandé aux préfets d’engager, comme le permet la loi, la procédure de réquisition des personnels indispensables au fonctionnement des dépôts de cette entreprise », a-t-elle ajouté.

La première ministre aura doute la même analyse après l’accord passé cette nuit 14 octobre 1022 entre Total, la CFDT et la CGC ( majoritaires chez Total).
Le gouvernement souhaite donc laisser sa chance à la négociation, « A défaut, le gouvernement agira là-encore pour débloquer la situation », a-t-elle toutefois prévenu.

Carburant : une crise à plusieurs enjeux

Carburant : une crise à plusieurs enjeux

La réquisition sans doute un peu tardive par le gouvernement vise évidemment d’abord à faire face au manque de carburant dans une grande partie de la France. Mais il y a en dessous aussi des enjeux sociauxx, syndicaux et politiques

Côté enjeux politiques, on voit difficilement la grève se terminer chez Total avant la manifestation contre la vie chère de Mélenchon. Du coup, le gouvernement craint la contamination.
Notons que la confédération CGT, elle, n’a pas appelé à rejoindre cette manifestation organisée par Mélenchon.

Les autres confédérations non plus afin d’éviter des confusions de rôles entre politiques et syndicats.

Il est probable cependant que des membres de la fédération CGT des industries chimiques notamment des responsables de Total seront présents à cette manifestation. Une fédération traditionnellement radicale par rapport à la confédération et longtemps proche du parti communiste.

Dans cette affaire de carburant se joue également une concurrence entre syndicats réformistes et syndicats révolutionnaires en tout cas très radicaux et/ou très corporatistes.

Enfin il faut prendre en compte le fait de la proximité du congrès de la CGT qui va procéder au remplacement de Martinez et dans la coulisse l’affrontement de la ligne réaliste face
à la ligne plus radicale comme la fédération CGT ds industries chimiques qui couvre l’activité carburant.

La Première ministre a justifié cette différence de traitement entre Total et Essopar le fait qu’un accord majoritaire, signé par la CFE-CGC et la CFDT, avait été trouvé sur les salaires chez Esso-ExxonMobil. « Une partie des organisations, malgré cet accord, veut poursuivre le mouvement et continuer le blocage, nous ne pouvons pas l’accepter », a souligné la cheffe du gouvernement.
« Le dialogue social, c’est avancer, dès lors qu’une majorité s’est dégagée. Ce ne sont pas des accords a minima. Les annonces de la direction sont significatives. Dès lors, j’ai demandé aux préfets d’engager, comme le permet la loi, la procédure de réquisition des personnels indispensables au fonctionnement des dépôts de cette entreprise », a-t-elle ajouté.

A l’inverse chez TotalEnergies, aucune discussion pour sortir du conflit n’a encore été engagée. Le gouvernement souhaite donc laisser sa chance à la négociation: « Les syndicats réformistes ont appelé à l’ouverture de la négociation. La direction a répondu favorablement. J’espère que les autres syndicats représentatifs saisiront cette main tendue », a détaillé Elisabeth Borne. « A défaut, le gouvernement agira là-encore pour débloquer la situation », a-t-elle toutefois prévenu.

Au plan social et politique plus général, le gouvernement et le patronat ne souhaitent pas évidemment que les revendications de salaires dans le secteur du carburant fassent tache du huile. D’un côté ,il s’agit de ne pas favoriser la spirale prix salaires, de l’autre de sortir d’une situation conflictuelle qui rapidement va porter atteint à l’économie et à l’image du pouvoir dans l’opinion.

Carburant : la réquisition pour Esso et les enjeux

Carburant : la réquisition pour Esso et les enjeux

La réquisition sans doute un peu tardive par le gouvernement vise évidemment d’abord à faire face au manque de carburant dans une grande partie de la France. Mais il y a en dessous aussi des enjeux s, syndicaux et politiques

Côté enjeux politiques, on voit difficilement la grève se terminer chez Total avant la manifestation contre la vie chère de Mélenchon. Du coup, le gouvernement craint la contamination.
Notons que la confédération CGT, elle, n’a pas appelé à rejoindre cette manifestation organisée par Mélenchon.

Les autres confédérations non plus afin d’éviter des confusions de rôles entre politiques et syndicats.

Il est probable cependant que des membres de la fédération CGT des industries chimiques notamment des responsables de Total seront présents à cette manifestation. Une fédération traditionnellement radicale par rapport à la confédération et longtemps proche du parti communiste.

Dans cette affaire de carburant se joue également une concurrence entre syndicats réformistes et syndicats révolutionnaires en tout cas très radicaux et/ou très corporatistes.

Enfin il faut prendre en compte le fait de la proximité du congrès de la CGT qui va procéder au remplacement de Martinez et dans la coulisse l’affrontement de la ligne réaliste face
à la ligne plus radicale comme la fédération CGT ds industries chimiques qui couvre l’activité carburant.

La Première ministre a justifié cette différence de traitement entre Total et Essopar le fait qu’un accord majoritaire, signé par la CFE-CGC et la CFDT, avait été trouvé sur les salaires chez Esso-ExxonMobil. « Une partie des organisations, malgré cet accord, veut poursuivre le mouvement et continuer le blocage, nous ne pouvons pas l’accepter », a souligné la cheffe du gouvernement.
« Le dialogue social, c’est avancer, dès lors qu’une majorité s’est dégagée. Ce ne sont pas des accords a minima. Les annonces de la direction sont significatives. Dès lors, j’ai demandé aux préfets d’engager, comme le permet la loi, la procédure de réquisition des personnels indispensables au fonctionnement des dépôts de cette entreprise », a-t-elle ajouté.

A l’inverse chez TotalEnergies, aucune discussion pour sortir du conflit n’a encore été engagée. Le gouvernement souhaite donc laisser sa chance à la négociation: « Les syndicats réformistes ont appelé à l’ouverture de la négociation. La direction a répondu favorablement. J’espère que les autres syndicats représentatifs saisiront cette main tendue », a détaillé Elisabeth Borne. « A défaut, le gouvernement agira là-encore pour débloquer la situation », a-t-elle toutefois prévenu.

Services publics : enjeux structurels ?

Services publics : enjeux structurels ?

 

Dans un contexte socio-économique difficile, il est indispensable de maintenir un niveau d’engagement fort en faveur des services publics, estime dans une tribune au « Monde » Luc Farré, secrétaire général de l’UNSA Fonction Publique.

 

 

A juste titre le syndicat une ça plaide le maintien et le renforcement du service public dans les fonctions régaliennes pour une société plus solidaire, plus écologique et plus citoyenne.

Reste que le syndicat se montre assez discret sur les conditions de fonctionnement et d’efficacité de ce service public qu’il amalgame avec la fonction publique. Une confusion classique entre l’objectif et les moyens. Pour parler clair, une vision assez corporatiste. Le service public n’est pas une affaire de statut du personnel ou de statut de l’entreprise et nombre d’activités sont epar le privé par délégation. Le statut de fonctionnaire dans de nombreux cas au contraire porte atteint au concept même de service public du fait de son inefficacité NDLR

La mondialisation et l’exploitation sans limite de ressources épuisables, l’injuste répartition des richesses et ses effets sur le climat nous exposent à des crises majeures : sanitaires, sociales, environnementales, économiques et géopolitiques. La prise de conscience est d’autant plus brutale qu’elle est tardive. L’inaction de ces dernières décennies a considérablement réduit les marges de manœuvre d’une transition écologique socialement soutenable.

Il est donc urgent d’agir avec des moyens d’action fondateurs pour une société plus solidaire, plus écologique, plus citoyenne. Dans le panel des évolutions structurelles et structurantes à accomplir face à ces nombreux défis, la France peut se prévaloir de ses services publics et de son niveau de protection sociale. L’UNSA plaide pour un réinvestissement significatif dans les services publics et la fonction publique, bien commun, ciment de notre modèle et porteur d’avenir pour notre pays et nos enfants.

Les services publics assurent des activités d’intérêt général et leur existence comme leur fonctionnement résultent de contributions socialisées. Ils participent à réduire les écarts entre les citoyens. Les règles qui leur sont propres constituent un rempart contre les conflits d’intérêts et renforcent la cohésion sociale. Cette spécificité doit perdurer et s’amplifier car, plus les incertitudes sont grandes, plus la confiance des citoyens dans les services publics doit être un point d’appui pour affronter les crises.

Face aux périls, les principes de continuité, d’égalité et de mutabilité des services publics sont de réels atouts. La crise sanitaire en est une parfaite illustration, la lutte contre les incendies également. Ce contexte implique de réactiver les fondements mêmes des services publics : la satisfaction des besoins des citoyens, de revoir leurs contours et leurs objectifs.

Gestion de l’eau, énergie, transports, information, formation, éducation, sécurité, justice, aide à la personne, santé, culture, sport, petite enfance, dépendance…, nécessitent d’importants investissements. Les services publics et les infrastructures participent aussi au développement et à la protection des activités du secteur privé.

Pour faire face au dérèglement climatique, les employeurs publics doivent donner l’exemple. La mise en œuvre concrète d’une sobriété énergétique impose des économies et l’adhésion des agents, mais surtout des investissements importants dès à présent et sur une longue période. Un plan massif pour isoler et transformer les bâtiments publics, pour substituer à une gestion au jour le jour une vision structurante à moyen et long terme est urgent.

Italie: enjeux et risques après la victoire de la droite

Italie:  enjeux et risques  après la victoire de la droite

 

Une victoire indiscutable de la coalition de droite mais une coalition très composite qui devra gérer ses propres contradictions notamment ses rapports à l’Europe et des promesses financières populistes qui pourraient faire basculer le pays dans une crise grave . Par Edoardo Secchi, Président fondateur d’Italy-France Group et fondateur du Club Italie-France, et Alexandre Del Valle, politologue, essayiste.( La tribune, Extrait)

 

 

Du point de vue des milieux européens et d’affaires, et pas seulement pour la gauche sociale-démocrate euroLes enjeux politiques après la victoire de l’extrême droitepéenne, la fin du gouvernement de Mario Draghi a été une grave défaite non seulement pour l’Italie, mais pour toute l’Europe. En renvoyant Mario Draghi chez lui, nombre d’observateurs européens pensent que l’Italie a fait un gigantesque pas en arrière, peu de temps après avoir été enfin promue par le monde des institutions, par des marchés qui, qu’on le veuille ou non, existent et qui, par nature, sont voués à déraper chaque fois qu’il y a un élément d’incertitude, difficile à ranger dans une catégorie prédictive bien précise. Et si l’Italie de Draghi semblait rimer avec diligence, respect des règles, initiative, vision, compétence, cette Italie du « centre-droit » de Meloni-Salvini-Berlusconi, en réalité très très à droite et en partie « populiste », vainqueur du scrutin du 25 septembre, ressemble pour certains à une Italie découragée, feuilletée, à la merci des populistes et donc des spéculateurs financiers. Le chef de la gauche italienne, Enrico Letta, a martelé dans ses meetings qu’il s’agissait de la droite du passé, de la nostalgie et des divisions. Il est vrai que le problème du populisme est souvent le même : soit il crée d’énormes dégâts économiques, soit il tourne à la dictature. Partout où il est apparu, ou presque – car Trump a plutôt bien géré l’économie américaine redevenue fleurissante et Orban semble être apprécié par son peuple -, il a causé d’énormes dégâts : au Venezuela, en Argentine, en Turquie. Pour beaucoup d’analystes européens et occidentaux, qui ne connaissent d’ailleurs pas forcément bien la complexité des droites italiennes, l’Italie serait également menacée. Ils rappellent que ce sont justement les populistes à la Meloni, à la Salvini et à la M5S (Mouvement Cinq Etoiles) qui, en conquérant le pouvoir, finissent par jouer le jeu des spéculateurs financiers contre lesquels ils disent vouloir se battre. Si gouverner, c’est prévoir, on accuse les populistes d’être incapables de prédire les scénarios et menaces futurs et de n’avoir aucune expérience de gouvernement. Voire d’être totalement incompétents en économie. On nous dit ainsi qu’aucun des trois principaux partis populistes italiens n’a de parcours significatif, ni professionnel, ni gouvernemental. Toutes ces accusations, à tort ou à raison, sapent la crédibilité de la nation italienne, dont l’énorme dette inquiète les marchés de la zone euro qui pourrait imploser, jusqu’à offrir une belle opportunité aux spéculateurs.

En réalité, les trois composantes du « centro-Destra » italien, le parti des Libertés de Berlusconi, la Ligue de Salvini et Fratelli d’Italia de Meloni (FDI), ne sont pas monolithiques et inexpérimentés. Meloni a été ministre de gouvernements de centre-droit sous la présidence du Conseil du Cavaliere; Salvini et d’autres membres plus consensuels de la Ligue ont été ministres ou vice-Premiers ministres, et la Ligue gouverne assez bien plusieurs régions, provinces et villes du nord depuis 30 ans, et le parti de Berlusconi, maintes fois président du Conseil, compte des poids-lourds comme Tajani, commissaire européen, européiste convaincu, et nombre de ministres, sénateurs, députés, présidents de collectivités locales et maires. Certains membres de la Ligue sont même réputés pour leur modération comme l’ex-ministre de l’Intérieur Roberto Maroni ou Giancarlo Giorgetti, ex-ministre de l’Économie du gouvernement Draghi et ex-secrétaire d’État à la présidence du Conseil des ministres dans le gouvernement de Giuseppe Conte. On est loin d’être en face d’une bande monolithique de radicaux inexpérimentés. Et la terrible Giorgia Meloni mérite, comme l’a étonnement déclaré Hillary Clinton elle-même, une chance, de sorte qu’il convient de la juger en temps et en heure et « sur pièce » avant de la condamner par avance. Bref, pourquoi ne pas faire le pari de respecter les règles de l’alternance démocratique et donc la souveraineté populaire, d’autant que Giogia Meloni a énormément échangé ces dernières semaines avec Mario Draghi lui-même qui lui a suggéré des noms de personnalités modérées et rassurantes comme possibles ministres de l’Économie et des Affaires étrangères, deux postes clefs.

Une chose est sûre : le problème de Giorgia Meloni se situe dans sa coalition de droite mais aussi à gauche avec le M5S de Giuseppe Conte. Si l’on regarde en effet de près Matteo Salvini et Giuseppe Conte, on peut dire qu’ils représentent deux formes de populismes et qu’au final, ils se ressemblent beaucoup plus qu’on ne le pense, tout en étant aux antipodes. Matteo Salvini joue toujours sur la peur et la provocation verbale, tandis que son programme économique incohérent semble pour le moins irréalisable. Quant à Giuseppe Conte, il a joué sa « remontada » politique dans le sud de l’Italie en poursuivant le modèle de clientélisme basé sur revenu de citoyenneté : promettre à tous de l’argent public et sans contrôle. Aucun des deux dirigeants n’a expliqué comment ils résoudront les vrais problèmes du pays, tels que la faible productivité, la lutte contre l’évasion fiscale, la lutte contre le chômage et la précarité. Giorgia Meloni, qui semble avoir beaucoup écouté les conseils économiques de Berlusconi, dont elle fut ministre, et Mario Draghi, devra faire très attention à son allié Salvini et trouver un modus vivendi entre son propre étatisme d’origine et le libéral-poujadisme de la Ligue. Matteo Salvini, qui a déjà fait imploser une majorité il y a quelques années, pourrait certes créer de nombreux problèmes à sa propre majorité et poser de sérieux problèmes à l’Union européenne… et vice-versa… Le plus grand risque que court le leader de Fratelli d’Italia est celui faire accuser l’Italie d’être le cheval de Troie en Europe de Poutine – en raison des liens de certains membres de la Ligue avec la Russie (affaire judiciaire de Gian Luca Savoini, par exemple) – et d’Orban. Cela créerait une situation inédite avec de fortes répercussions négatives tant sur le plan économique que diplomatique. Toutefois, il convient de répondre qu’à l’heure actuelle, et depuis que Giogia Meloni est devenue la plus grande atlantiste défeuseur de l’Ukraine et de leur armement, ce n’est pas elle et son « centre-droit » qui est accusable d’être anti-atlantiste et pro-russe, mais bel et bien le mouvement Cinq Etoiles, qui a pourtant gouverné, après la chute de Salvini et de l’alliance Giallo-verde (« jaune-verte » (Ligue-M5S), avec le parti démocrate italien qui chasse les sorcières pro-russes… Rendons à César ce qui est à César.

Le ralentissement de l’économie italienne va limiter les ressources disponibles pour la prochaine loi de finances. La dette publique repart à la hausse. Le nouveau gouvernement devra aider l’industrie et les entreprises à faire face à la hausse des coûts de l’énergie. Il va falloir trouver 3,5 milliards d’euros pour réduire la pression fiscale de 2% sur les revenus allant jusqu’à 35.000 euros annuels. Il faudra également résoudre deux problèmes financiers et industriels importants : tout d’abord, la cession de la société nationale ITA (ex-Alitalia), ensuite celle du réseau très haut débit. Enfin, ce sont les milliards du PNRR qui sont en jeu, étroitement liés aux réformes. Rappelons que l’Italie a déjà payé très cher son retard de réformes au cours des vingt dernières années en réduisant le PIB par habitant de 0,8 % sur la période 2000-2019, avec la circonstance aggravante qu’en 2000 le PIB italien par habitant dépassait la moyenne de l’UE de 20 % et en 2019, elle était inférieure de 7 % ; en 2000, le PIB italien par habitant dépassait de 3 % la moyenne de la zone euro et en 2019, il était inférieur de 15 %.

 

SONDAGE Macron et crise énergétique : pas la hauteur des enjeux

SONDAGE Macron et crise énergétique : pas la hauteur des enjeux -

 Seuls 35% des Français jugent Emmanuel Macron à la hauteur des enjeux écologiques actuels, selon un sondage Odoxa Backbone Consulting pour Le Figaro. Ils déplorent le manque d’investissement de la France dans le nucléaire.

 

Pour 54% des personnes interrogées, la première cause de cette vulnérabilité en matière d’énergie serait due avant tout au manque d’investissements de la France dans les centrales nucléaires (fermetures de centrales et manque d’investissement). Viennent ensuite le manque d’investissements de la France dans les énergies renouvelables (42%) et les conséquences de la guerre en Ukraine (40%). Seuls 26% des Français jugent que la vulnérabilité du pays est liée au fait que nous consommerions trop d’énergie.

Dans cette perception des causes de notre vulnérabilité, apparaît en filigrane le clivage droite-gauche. En effet, 69% des sympathisants de droite mettent au premier plan le manque d’investissements dans le nucléaire, contre seulement 38% de ceux de gauche. À l’inverse, c’est le trop faible effort envers les énergies renouvelables qui est jugé le principal responsable de la situation pour la gauche (53%), alors qu’il n’arrive qu’en troisième position à droite (32%).

Face aux solutions proposées, les Français sont volontaires. Ils sont majoritairement favorables à une baisse de 10% de la consommation d’électricité des entreprises pendant une période donnée (76%), mais opposés à l’arrêt complet de la production (69%) et à des coupures de courant (52%) en cas de forte tension sur le réseau. À titre individuel, les personnes interrogées sont prêtes à faire des efforts, qu’il s’agisse de réduire leur consommation d’énergie, d’éteindre leurs appareils plutôt que de les laisser en veille et de réduire la température de leur logement.

Mais dans la tempête, les Français ne font pas confiance à leur capitaine. Seuls 47% pensent qu’Emmanuel Macron pourra assurer l’approvisionnement en gaz et en électricité dans les mois à venir. 60% ne le croient pas capable de protéger leur pouvoir d’achat face à la hausse des prix de l’énergie, et à peine un sur trois (35%) le juge à la hauteur des enjeux écologiques actuels. «Le faible niveau de confiance générale en Emmanuel Macron se retrouve sur la question stratégique de son rôle pour nous protéger face à la crise énergétique dont nous ne connaissons pour l’instant que les prémices», souligne Céline Bracq, directrice générale d’Odoxa.

Sans surprise, la perception d’Emmanuel Macron fluctue en fonction des orientations partisanes.. Seuls 24% des proches du Rassemblement national ont confiance en l’action du chef de l’État pour assurer l’approvisionnement en gaz et en électricité dans les prochains mois, mais ils sont majoritaires chez les sympathisants de La République en Marche (83%), des Républicains (53%) et des écologistes (52%).

(Cette enquête a été réalisée auprès d’un échantillon de 1004 Français représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus, interrogés par internet du 31 août au 1er septembre 2022.)

Bigtech: À côté des enjeux du siècle !

Bigtech: À côté des enjeux du siècle !

Face au réchauffement climatique, les géants du numérique passent aussi à côté du défi du siècle. Par Alexis Normand, Directeur Général de Greenly dans la Tribune

 

« Nous voulions des voitures volantes, à la place nous avons eu 140 caractères« . Cette phrase prêtée au milliardaire Peter Thiel en référence à Twitter, souligne avec ironie l’apport finalement très modeste de la tech pour le développement humain. Face au réchauffement climatique, force est de reconnaître que les géants du numérique passent aussi à côté du défi du siècle.

Le dernier rapport du GIEC 2022 sur l’atténuation du changement climatique souligne en effet que la transition énergétique passera essentiellement par la montée en puissance des énergies renouvelables et l’électrification à outrance des secteurs les plus carbonées, comme les transports, l’industrie, le logement en tête… Quid du numérique, dont les acteurs se targuent d’accélérer cette transition, non sans un soupçon de greenwashing  ?

 

Le GIEC affirme encore que « la numérisation peut permettre de réduire les émissions, mais peut avoir des effets secondaires néfastes si elle n’est pas gérée de manière appropriée« . A court terme, la demande croissante de produits numériques contribuerait de façon exponentielle aux émissions mondiales. En effet, la part du numérique dans les émissions de gaz à effet de serre (GES) croît deux fois plus rapidement que son poids dans le PIB. Elle serait déjà responsable de plus 5% des émissions mondiales, soit bientôt autant que l’aérien.

Cette intensité carbone croissante serait due, aux deux tiers, à la production exponentielle de nouveaux terminaux, toujours plus demandeurs en bande passante. Pour la contenir, il est nécessaire de s’attaquer en priorité à l’obsolescence des smartphones, en faisant la part belle à la circularité productive. Apple se targue d’avoir réduit de 15% les émissions de l’iphone 13 par rapport au 12, en optimisant chaque étape du cycle de vie. Même s’il y a plus de matériaux recyclés, moins de plastique, une consommation électrique réduite de moitié, les ventes continuent d’augmenter. Il reste à minimiser l’empreinte des services digitaux, dont la composante principale est aujourd’hui le cloud.

A cet égard, le rapport sur le développement durable d’Amazon, publié ce mois d’août, offre une lecture aussi éclairante que consternante. Si l’entreprise affiche une liste à la Prévert d’initiatives vertes, comme la commande de près 100.000 véhicules électriques, cela ne freine en rien une croissance de 20% des émissions sur deux ans. C’est le résultat d’une croissance exponentielle, qui ne vient pas en substitution d’activités plus carbonées.

Amazon est le fer de lance d’une numérisation totale qui nous promet un monde plus économe en ressources. Dans tout système complexe, la logistique, les réseaux énergétiques, le chauffage des bâtiments ou l’agriculture, le numérique doit optimiser  les ressources. C’est la discipline qu’Amazon impose à ses propres opérations et le fondement de son succès. Les livraisons groupées réduiraient les déplacements dus aux courses. En particulier, le cloud doit permettre la mutualisation des ressources des entreprises entre elles, en ajustant les capacités aux pics de charge. Mais personne ne sait dire si cela remplace les serveurs locaux, ou pousse à consommer plus. Nous manquons d’études indépendantes quantifiant l’impact total du numérique et l’effet rebond, c’est-à-dire le surcroît de consommation engendré par les gains de pouvoir d’achat et de temps.

 

Une analyse du reporting du géant de Seattle montre qu’il omet l’essentiel des émissions générées par ses activités, ruinant une partie de l’argumentaire pro-numérique.

Avec sa croissance effrénée, Amazon Web Services (AWS) verrait ses émissions indirectes liées à l’électricité augmenter de 20% par an. La firme serait le principal consommateur d’énergie verte dans le monde. Les achats d’électricité verte d’AWS lui servent à minimiser artificiellement l’empreinte carbone de ses data centers. En effet, lorsqu’on s’alimente à un réseau électrique, il est impossible physiquement de distinguer entre les énergies dites « vertes » (éolien, solaire…) et celles qui le sont moins (charbon, gaz…), de même que personne ne peut prétendre ingérer les seules tomates bio d’une soupe de légumes broyées contenant aussi des navets et des carottes.

Ce jeu comptable permet à AWS de déclarer une consommation 10 à 20 fois inférieure à la réalité physique. En Irlande, par exemple, où la plupart des centres de données européens d’AWS sont situés, c’est l’intensité carbone moyenne du réseau qu’il faudrait utiliser (347,3 gCO2e/kWh en 2020) au lieu de celle de l’éolien ou du solaire, respectivement de 14,1 gCO2e/kWh et 22 gCO2e/kWh. Ces énergies renouvelables, dépendantes du vent et du soleil, sont intermittentes. Mais AWS s’alimente en permanence sur le réseau électrique pour répondre à la demande et éviter les blackouts.

Le reporting de l’activité de e-commerce est encore plus problématique. En résumé, Amazon omet de quantifier près de 99% de ses émissions indirectes, en incluant uniquement les produits vendus sous sa propre marque dans son reporting. Les normes comptables internationales du GHG Protocol voudraient que tous les produits soient pris en compte de la même manière

 

En se lavant les mains de son empreinte carbone indirecte, Amazon se prive d’un levier d’impact phénoménal. Le géant du e-commerce devrait au contraire exiger de chaque fournisseur un reporting carbone de leurs produits pour composer son propre bilan. Cela pourrait servir de préalable au respect plus strict de normes environnementales imposées, entre autres, aux fabricants d’appareils électriques. L’IEA nous rappelle qu’ils doivent tous basculer sur des normes de basse consommation pour atteindre le Net Zéro en 2050. Amazon est peut-être le seul acteur à disposer du pouvoir de marché pour faire de cette prescription une réalité.

Le reporting carbone généralisé est techniquement possible pour Amazon comme pour les autres plateformes. Il devient politiquement nécessaire. L’Europe a prévu d’introduire, de 2023 à 2026, un mécanisme d’ajustement carbone aux frontières (MACF). Un surcoût sera ainsi appliqué aux biens importés dans l’Union et dont la production affiche un bilan carbone supérieur à la norme. Le MACF se limitera aux activités les plus intenses en carbone : ciment, fer et acier, aluminium, engrais, électricité. Cette limitation est une erreur, qui vient de la perception erronée que suivre les émissions de biens de consommation n’est pas possible. L’Europe pourrait déjà s’appuyer sur la capacité bien réelle des plateformes pour généraliser le reporting carbone à tous les produits. L’impact serait considérable. Ainsi le rapport du GIEC affirme que la modification de nos habitudes de consommation peut contribuer à 55% de l’atteinte de l’objectif Net Zéro.

 

Le greenwashing d’Amazon, et consorts, révèle surtout le peu de contraintes qui pèse sur les plateformes, et le manque d’ambition du régulateur. Des premiers jalons ont certes été posés en Europe, avec l’adoption en 2022 de la directive sur la publication d’informations en matière de durabilité (CSRD). Elle va imposer le bilan GES à toutes entités de plus de 250 salariés. L’Amérique suivra en 2024 si les recommandations de la Security Exchange Commission (SEC) sont adoptées. C’est insuffisant.

Le numérique offre aussi la possibilité de généraliser le bilan carbone à tous les produits, toutes les entreprises, tous les consommateurs. L’intégration systématique d’une mesure d’impact environnemental offrirait les prémisses d’une réinvention du capitalisme face aux limites planétaires. L’Europe serait le fer de lance de cette révolution, mais encore faut-il avoir cette audace.

Enjeux écologiques : Les convictions molles des financiers

Enjeux écologiques  : Les convictions molles des financiers 

Jean-François Sebastian directeur général France de SAS Institute, société de service informatique  critique, dans une tribune au « Monde », le scepticisme de certains acteurs de la finance vis-à-vis de l’investissement vert qu’il qualifie de « faute morale » et d’« erreur stratégique ».

 

Peut-on faire confiance aux entreprises pour mener le combat contre le dérèglement climatique ? Pour plusieurs élèves d’AgroParisTech, de Sciences Po ou de Polytechnique, la réponse est non. Un désaveu qui intervient dans un contexte où les convictions écologiques de nombreux dirigeants ont varié comme les cours de la Bourse. Notamment dans la finance.

En début d’année, le patron de Blackrock [Larry Fink] promouvait, dans le cadre de sa lettre annuelle, un capitalisme des parties prenantes et attendait des entreprises qu’elles jouent « un rôle dans la décarbonation de l’économie mondiale ». Cinq mois plus tard, changement radical de discours : « Ce n’est pas au secteur privé de jouer le rôle de la police de l’environnement. »

Même scepticisme de la part du désormais célèbre Stuart Kirk, ex-directeur des investissements responsables de HSBC : « On me dit de passer mon temps à examiner quelque chose qui va se produire dans vingt ou trente ans. C’est complètement disproportionné. » Si ces propos ont été abondamment commentés, ils n’ont pas suffisamment été décrits pour ce qu’ils sont : une faute morale doublée d’une erreur stratégique.

La finance joue un rôle unique dans la compétitivité et la richesse d’un pays. Elle gère les risques, l’allocation de l’épargne et une partie du développement. A cet effet, elle est indispensable à la transformation écologique des entreprises. En Europe, par exemple, la finance flèche prioritairement les investissements vers les activités soutenables pour permettre à l’Union européenne d’atteindre la neutralité carbone d’ici à 2050.

Mais quand certaines de ses incarnations les plus éminentes euphémisent l’urgence climatique et prennent leur distance par le verbe – dans un premier temps – avec des mesures qui visent à créer une finance durable, elles manquent à leurs devoirs et forgent une réalité parallèle dans laquelle le risque climatique n’est qu’une « possibilité ». Prenant ainsi le risque d’une déresponsabilisation de certaines de leurs parties prenantes.

Ces figures de la finance ressemblent à Wallace Hartley (1878-1912), le chef d’orchestre du Titanic, et à ses musiciens. Alors que le paquebot faisait naufrage après avoir heurté un iceberg, les instrumentistes ont continué de jouer jusqu’au bout créant, selon les historiens, un sentiment de sécurité qui a poussé les gens à ne pas quitter le navire à temps.

En promouvant le scepticisme, Fink, Kirk et les autres vont à contre-courant de l’histoire. Si le secteur de la finance reste dominé par les actifs traditionnels, sa déclinaison verte enregistre la plus forte croissance. Dans son rapport d’avril, l’Autorité européenne des marchés financiers (AEMF) démontrait la surperformance des fonds à critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG), sur l’année 2020.

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