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Partage de l’eau: une enjeu public

Société-Partage de l’eau: une enjeu public

Les ultras cherchent souvent un prétexte pour agresser les forces de l’ordre et détruire mais l’État doit apporter la plus grande attention à la question de l’eau, argumente Paul Melun,
essayiste et président de «Souverains demain !» dans le Figaro à l’occasion des manifestations contre les bassines de Sainte Soline dans les Deux-Sèvres.

Ce samedi 29 octobre, à Sainte-Soline dans le sud des Deux-Sèvres, un cortège de manifestants s’est rassemblé pour dénoncer un projet de réserves d’eau pour l’irrigation. À l’appel du collectif «Bassines Non Merci», des milliers de personnes se sont réunies en dépit de l’interdiction de la manifestation par le préfet. Les opposants au projet de construction de 16 réserves d’eau pour les agriculteurs ont fait route vers la bassine afin de pénétrer dans le chantier.

les «méga bassines» d’eau menacent-elles l’environnement ?
.
Comme souvent, les militants écologistes qui constituent la «ZAD» ne sont pas des habitants du territoire, pour la majorité d’entre eux. Un jour à Notre-Dame-des-Landes contre le projet d’aéroport, un autre à Sivens contre la construction d’un barrage, la plupart de ces activistes pratiquent un militantisme nomade et transitent d’un combat à l’autre tout au long de l’année.
Souvent rejoints par des leaders politiques Verts ou d’extrême gauche à la recherche de popularité, les zadistes huent les plus modérés (Yannick Jadot en a fait les frais en Deux-Sèvres) et encensent les plus radicaux. Leurs combats écologistes sont souvent le paravent de luttes intersectionnelles radicales, dont le but est l’effondrement d’un pays, la France, qu’ils jugent conservateur et réactionnaire.

Si ces militants ne représentent souvent qu’une part infime de la population française, il n’en demeure pas moins que les sujets dont ils s’emparent ne sont pas débattus démocratiquement. La construction de bassines, tout comme le déploiement des éoliennes, ne donne en général lieu à aucune concertation avec les habitants des territoires ruraux, pourtant concernés au premier chef par ces projets. La démocratie locale est régulièrement bafouée par l’État et par les investisseurs privés.
Le projet de bassines de Sainte-Soline interpelle par son envergure : 14 hectares de bassin, 16 hectares d’emprise et 750.000 m3 d’eau. Sur les 300 exploitations agricoles que compte ce territoire, 220 sont engagées dans ce projet collectif, rapporte la Coop de l’eau sur son site.

Si notre pays veut assurer sa souveraineté alimentaire dans les crises, il doit se doter d’une agriculture performante, en mesure de nourrir l’ensemble de la population.

Certains arguments en faveur des bassines sont recevables. Les agriculteurs du département subissent les sécheresses et veulent légitimement pouvoir irriguer leurs sols, et ainsi éviter une baisse abyssale de leurs rendements. Si notre pays veut assurer sa souveraineté alimentaire dans les crises, il doit se doter d’une agriculture performante, en mesure de nourrir l’ensemble de la population. Nos agriculteurs aiment leur terre et alimentent le pays, et certains militants écologistes ont tort de l’oublier.

Néanmoins l’eau est un bien commun fondamental, qui mérite d’être partagé avec équité, dans un souci de préservation environnementale. Seul l’État, garant de l’intérêt général, peut assurer cette mission. C’est donc au gouvernement et aux élus locaux, qu’il appartient de régir le captage et la distribution de l’eau, non aux acteurs privés. La «guerre de l’eau» fait rage partout dans le monde, et va s’accentuer dans les prochaines décennies. Ce constat doit conduire l’État à réagir rapidement pour déployer une transition de notre modèle agricole afin de préparer la nation aux immenses défis que posent les perturbations du cycle de l’eau, induites par le dérèglement climatique.

Dans le respect de la démocratie écologique (référendums locaux, consultation des élus locaux), l’État doit planifier une vaste transition des usages en matière d’eau et d’environnement. Le président Macron a annoncé un plan de reforestation qui va dans le bon sens, mais il faut aller plus loin. Il est urgent de multiplier le nombre de prairies et de remettre en place des haies afin de garantir la biodiversité. Le modèle d’agriculture intensive, caractérisé par ses vastes plaines de monoculture doit progressivement évoluer vers un retour aux paysages de bocages, parsemés de cultures différentes et de bois. Les cultures trop gourmandes en eau, dans les zones sujettes aux sécheresses, devront être déplacées vers d’autres territoires où la pluviométrie est plus importante.
Ce chemin ne se fera ni sans le génie de nos agriculteurs, ni sans l’adhésion des populations rurales. Les zadistes n’offrent aucune solution alternative aux projets qu’ils dénoncent. Il faut donc que l’État se dote d’une véritable ambition politique, au service d’une planification de

Partage de l’eau: Enjeu public

Partage de l’eau: Enjeu public

Les ultras cherchent souvent un prétexte pour agresser les forces de l’ordre et détruire mais l’État doit apporter la plus grande attention à la question de l’eau, argumente Paul Melun,
essayiste et président de «Souverains demain !» dans le Figaro à l’occasion des manifestations contre les bassines de Sainte Soline dans les Deux-Sèvres.

Ce samedi 29 octobre, à Sainte-Soline dans le sud des Deux-Sèvres, un cortège de manifestants s’est rassemblé pour dénoncer un projet de réserves d’eau pour l’irrigation. À l’appel du collectif «Bassines Non Merci», des milliers de personnes se sont réunies en dépit de l’interdiction de la manifestation par le préfet. Les opposants au projet de construction de 16 réserves d’eau pour les agriculteurs ont fait route vers la bassine afin de pénétrer dans le chantier.

les «méga bassines» d’eau menacent-elles l’environnement ?
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Comme souvent, les militants écologistes qui constituent la «ZAD» ne sont pas des habitants du territoire, pour la majorité d’entre eux. Un jour à Notre-Dame-des-Landes contre le projet d’aéroport, un autre à Sivens contre la construction d’un barrage, la plupart de ces activistes pratiquent un militantisme nomade et transitent d’un combat à l’autre tout au long de l’année.
Souvent rejoints par des leaders politiques Verts ou d’extrême gauche à la recherche de popularité, les zadistes huent les plus modérés (Yannick Jadot en a fait les frais en Deux-Sèvres) et encensent les plus radicaux. Leurs combats écologistes sont souvent le paravent de luttes intersectionnelles radicales, dont le but est l’effondrement d’un pays, la France, qu’ils jugent conservateur et réactionnaire.

Si ces militants ne représentent souvent qu’une part infime de la population française, il n’en demeure pas moins que les sujets dont ils s’emparent ne sont pas débattus démocratiquement. La construction de bassines, tout comme le déploiement des éoliennes, ne donne en général lieu à aucune concertation avec les habitants des territoires ruraux, pourtant concernés au premier chef par ces projets. La démocratie locale est régulièrement bafouée par l’État et par les investisseurs privés.
Le projet de bassines de Sainte-Soline interpelle par son envergure : 14 hectares de bassin, 16 hectares d’emprise et 750.000 m3 d’eau. Sur les 300 exploitations agricoles que compte ce territoire, 220 sont engagées dans ce projet collectif, rapporte la Coop de l’eau sur son site.

Si notre pays veut assurer sa souveraineté alimentaire dans les crises, il doit se doter d’une agriculture performante, en mesure de nourrir l’ensemble de la population.

Certains arguments en faveur des bassines sont recevables. Les agriculteurs du département subissent les sécheresses et veulent légitimement pouvoir irriguer leurs sols, et ainsi éviter une baisse abyssale de leurs rendements. Si notre pays veut assurer sa souveraineté alimentaire dans les crises, il doit se doter d’une agriculture performante, en mesure de nourrir l’ensemble de la population. Nos agriculteurs aiment leur terre et alimentent le pays, et certains militants écologistes ont tort de l’oublier.

Néanmoins l’eau est un bien commun fondamental, qui mérite d’être partagé avec équité, dans un souci de préservation environnementale. Seul l’État, garant de l’intérêt général, peut assurer cette mission. C’est donc au gouvernement et aux élus locaux, qu’il appartient de régir le captage et la distribution de l’eau, non aux acteurs privés. La «guerre de l’eau» fait rage partout dans le monde, et va s’accentuer dans les prochaines décennies. Ce constat doit conduire l’État à réagir rapidement pour déployer une transition de notre modèle agricole afin de préparer la nation aux immenses défis que posent les perturbations du cycle de l’eau, induites par le dérèglement climatique.

Dans le respect de la démocratie écologique (référendums locaux, consultation des élus locaux), l’État doit planifier une vaste transition des usages en matière d’eau et d’environnement. Le président Macron a annoncé un plan de reforestation qui va dans le bon sens, mais il faut aller plus loin. Il est urgent de multiplier le nombre de prairies et de remettre en place des haies afin de garantir la biodiversité. Le modèle d’agriculture intensive, caractérisé par ses vastes plaines de monoculture doit progressivement évoluer vers un retour aux paysages de bocages, parsemés de cultures différentes et de bois. Les cultures trop gourmandes en eau, dans les zones sujettes aux sécheresses, devront être déplacées vers d’autres territoires où la pluviométrie est plus importante.
Ce chemin ne se fera ni sans le génie de nos agriculteurs, ni sans l’adhésion des populations rurales. Les zadistes n’offrent aucune solution alternative aux projets qu’ils dénoncent. Il faut donc que l’État se dote d’une véritable ambition politique, au service d’une planification de notre agriculture. Par la souveraineté populaire et par le génie agricole français, notre pays a toutes les clés pour une gestion de l’eau équitable, au service de l’intérêt de la nation.

Climat et enjeu de l’eau

Climat et enjeu de l’eau

 

 

A mesure que le réchauffement se renforcera, les conséquences sur les ressources hydriques d’un modèle agricole dopé aux intrants de synthèse deviendront de plus en plus sévères, prévient Stéphane Foucart, journaliste au « Monde », dans sa chronique.

 

Bien plus que tous les épisodes de sécheresse de l’histoire récente, l’été écoulé nous a contraint à reconnaître qu’il ne fallait pas plaisanter avec l’eau. L’eau, c’est une affaire sérieuse. Elle est nécessaire partout, tout le temps, pour tout le monde et, lorsqu’elle vient à manquer, il n’existe aucun miracle technologique capable de remplacer une bonne vieille pluie.

Avec le changement climatique en cours, ces réalités s’imposeront toujours plus durement à l’Europe et au reste du monde. Elles sont aggravées par un autre constat : l’eau qui nous restera sera de plus en plus contaminée par toutes les substances résultant de nos activités, et en particulier par les quelque 60 000 tonnes de chimie de synthèse dispersées chaque année dans les campagnes par le modèle agricole dominant.

Ces derniers jours, plusieurs enquêtes journalistiques ont attiré l’attention sur ce qui est longtemps demeuré un point aveugle de la surveillance des ressources. Jusqu’à présent, cette surveillance était focalisée sur la recherche des pesticides eux-mêmes, négligeant de s’intéresser à de nombreux sous-produits de leur dégradation, c’est-à-dire leurs « métabolites ». La refonte de la directive européenne sur l’eau potable, achevée en décembre 2020, est venue lever cette ambiguïté, au prix d’une prise de conscience douloureuse. Une commune sur quatre a été concernée en 2021 par des dépassements des normes de qualité de l’eau potable selon nos confrères de Franceinfo et du magazine « Complément d’enquête », soit environ un Français sur cinq, selon les données colligées par Le Monde. Et le pire est sans doute encore à venir, de nouvelles substances devant être prochainement incluses dans les plans de surveillance.

Les administrations et les collectivités se sont retrouvées prises de court par la situation tout au long de l’année passée, parfois confrontées à des excès marqués de certains métabolites pour lesquels les données de toxicité sont lacunaires ou inexistantes. En 2021, dans la panique réglementaire qui a suivi la découverte inattendue de ces substances dans les réseaux de distribution d’eau, on a vu les mêmes dépassements de normes de qualité, pour les mêmes produits, être considérés comme bénins dans certaines régions, et entraîner des interdictions de consommation dans d’autres.

L’eau est ainsi au cœur de deux crises : l’une climatique, l’autre chimique. Avec, comme principal opérateur synergique entre les deux, notre modèle d’agriculture productiviste, qui aggrave le réchauffement tout en puisant de manière excessive dans les ressources hydriques. Selon les chiffres du ministère de la transition écologique, l’agriculture tricolore engloutit près de la moitié de l’eau consommée chaque année en France – et près de 80 % au cours des trois mois d’été. La plus grande part de cette eau est utilisée par une petite fraction d’exploitants, pour produire des céréales qui seront exportées sur les marchés internationaux, principalement pour nourrir des animaux élevés dans des bâtiments.

Transition écologique : enjeu économique

Transition écologique : enjeu économique

La transition peut réussir à condition de réunir quatre préalables : taxer le pétrole, assurer l’efficacité énergétique, sortir du mythe du bien commun et repenser la filière nucléaire, estime, dans une tribune au « Monde », l’énergéticien Gilles David.

 

La situation est grave, et les perspectives sombres. Le temps est compté avant le point de non-retour et le chaos. C’est en tout cas ce que beaucoup affirment dès que le sujet de la transition énergétique est abordé.

Pourtant, être un entrepreneur lucide et investi dans les « cleantech » [technologies propres] donne une vision autre de la réalité. Le sérieux et la complexité des enjeux ne doivent pas empêcher un optimisme lucide. Car, loin d’une foi aveugle dans la technologie et la science, c’est l’histoire qui nous ramène à la mesure et la raison.

En effet, si la crise énergétique et existentielle que nous traversons est d’une intensité inédite, elle n’en est pas moins une nouvelle réplique des secousses récurrentes que connaît notre monde en matière d’énergie. Moulins à vent et à eau ont ainsi permis, jusqu’à la fin du XVIIIe siècle, à l’industrie européenne de produire farine, papier et… armes. A cette date, presque toutes les chutes d’eau en France sont équipées.

En Angleterre, ce sont les besoins croissants en énergie qui provoquèrent, aux XVIIe et XVIIIsiècles, une grave pénurie de bois et l’émergence du charbon, d’abord pour remplacer le bois dans les cheminées, les hauts-fourneaux et les fours à verre et ensuite pour remplacer les barrages, grâce à la machine à vapeur. C’est aussi la crise pétrolière de 1973 – et la forte hausse des tarifs du pétrole – qui a conduit le nucléaire à remplacer le pétrole dans notre pays. Le nucléaire n’aurait pas connu un tel développement sans cette crise.

En réalité, les avancées énergétiques se sont toujours faites pour des raisons d’abord économiques. La transition énergétique que nous appelons tous de nos vœux n’échappe pas à cette règle. Elle se fera si les conditions économiques d’un marché de la production d’énergie sans CO2 et l’efficacité énergétique sont réunies. Elle réussira si elle est technologique, libérale et régulée par des politiques visionnaires.

A l’échelle de l’homme, l’énergie disponible est illimitée. Entre le soleil, le vent, la géothermie, les combustibles fossiles ou le nucléaire, le problème n’est pas la raréfaction de l’énergie. Le problème est celui de son coût de production, de son stockage et de ses externalités. L’énergie n’est pas gratuite.

Elle coûte en capital et en main-d’œuvre. Pour produire de l’énergie, il convient donc de mobiliser du capital, de disposer de moyens humains ainsi que de conditions de marché permettant de vendre la production. La question est d’abord économique et non physique.

Environnement : la transition écologique est surtout un enjeu économique

Environnement : la transition écologique est surtout un enjeu économique

La transition peut réussir à condition de réunir quatre préalables : taxer le pétrole, assurer l’efficacité énergétique, sortir du mythe du bien commun et repenser la filière nucléaire, estime, dans une tribune au « Monde », l’énergéticien Gilles David.

 

La situation est grave, et les perspectives sombres. Le temps est compté avant le point de non-retour et le chaos. C’est en tout cas ce que beaucoup affirment dès que le sujet de la transition énergétique est abordé.

Pourtant, être un entrepreneur lucide et investi dans les « cleantech » [technologies propres] donne une vision autre de la réalité. Le sérieux et la complexité des enjeux ne doivent pas empêcher un optimisme lucide. Car, loin d’une foi aveugle dans la technologie et la science, c’est l’histoire qui nous ramène à la mesure et la raison.

En effet, si la crise énergétique et existentielle que nous traversons est d’une intensité inédite, elle n’en est pas moins une nouvelle réplique des secousses récurrentes que connaît notre monde en matière d’énergie. Moulins à vent et à eau ont ainsi permis, jusqu’à la fin du XVIIIe siècle, à l’industrie européenne de produire farine, papier et… armes. A cette date, presque toutes les chutes d’eau en France sont équipées.

En Angleterre, ce sont les besoins croissants en énergie qui provoquèrent, aux XVIIe et XVIIIsiècles, une grave pénurie de bois et l’émergence du charbon, d’abord pour remplacer le bois dans les cheminées, les hauts-fourneaux et les fours à verre et ensuite pour remplacer les barrages, grâce à la machine à vapeur. C’est aussi la crise pétrolière de 1973 – et la forte hausse des tarifs du pétrole – qui a conduit le nucléaire à remplacer le pétrole dans notre pays. Le nucléaire n’aurait pas connu un tel développement sans cette crise.

En réalité, les avancées énergétiques se sont toujours faites pour des raisons d’abord économiques. La transition énergétique que nous appelons tous de nos vœux n’échappe pas à cette règle. Elle se fera si les conditions économiques d’un marché de la production d’énergie sans CO2 et l’efficacité énergétique sont réunies. Elle réussira si elle est technologique, libérale et régulée par des politiques visionnaires.

A l’échelle de l’homme, l’énergie disponible est illimitée. Entre le soleil, le vent, la géothermie, les combustibles fossiles ou le nucléaire, le problème n’est pas la raréfaction de l’énergie. Le problème est celui de son coût de production, de son stockage et de ses externalités. L’énergie n’est pas gratuite.

Elle coûte en capital et en main-d’œuvre. Pour produire de l’énergie, il convient donc de mobiliser du capital, de disposer de moyens humains ainsi que de conditions de marché permettant de vendre la production. La question est d’abord économique et non physique.

Ukraine : Aussi un enjeu énergétique

 Ukraine : Aussi un enjeu énergétique

Alors que la guerre fait rage entre l’Ukraine et la Russie, les démocraties occidentales continuent de financer l’effusion de sang en maintenant leur dépendance énergétique vis-à-vis de la Russie. Par Zion Lights, activiste écologiste, communicante scientifique britannique et ancienne porte-parole du mouvement Extinction­Rébellion.(la Tribune)

 

 

Emmanuel Macron, Olaf Scholz et Mario Draghi sont à Kiev ce jeudi pour rencontrer le président ukrainien Volodymyr Zelensky. Depuis le début de l’invasion russe en Ukraine, les pays de l’Union européenne ont versé jusqu’à aujourd’hui plus de 61 milliards d’euros à la Russie pour l’achat de pétrole, de gaz naturel et de charbon, selon le décompte du site CREA. (Crédits : Reuters)

Nous savons depuis longtemps temps que les combustibles fossiles ne sont ni sûrs ni propres. On peut rajouter un nouveau reproche à la liste : au cours des seuls deux premiers mois de l’invasion russe en Ukraine, l’Allemagne a versé environ 8,3 milliards d’euros à la Russie pour sa facture énergétique, somme largement employée par Moscou pour acheter des armes. Dans le même temps, les pays de l’UE auraient payé un total de 39 milliards d’euros pour acheter de l’énergie russe, soit plus du double du montant de l’aide qu’ils ont accordée à l’Ukraine pour se défendre.

L’énergie n’est jamais neutre. Depuis des années, la Russie tente de réduire l’indépendance énergétique des nations européennes. Aussi, ce n’est pas une surprise lorsqu’un scientifique français a révélé que le géant pétrolier russe Gazprom avait financé des ONG environnementales qui prônent l’abandon du nucléaire.

Tinne Van der Straeten, membre du Parti vert, ministre belge de l’Energie et critique virulent du nucléaire, a pour sa part un temps travaillé pour le cabinet d’avocats du géant gazier russe Gazprom. Il a mis le pays sur la voie d’un mix énergétique 100 %, renouvelables, en omettant le fait qu’il restera dépendant des couteuses importations de gaz russe. L’ancien chancelier Gerhard Schroeder, qui est à l’origine de la politique allemande de sortie du nucléaire, a ensuite rejoint le conseil d’administration de Gazprom. Juste avant que le conflit n’éclate, M. Schroeder a accusé l’Ukraine, et son attitude « belliqueuse », d’être responsable des tensions régionales plutôt que la Russie.

De même, le lobby pétrolier a fait barrage au nucléaire pendant des années. L’American Petroleum Institute a été reconnu responsable du financement de groupes d’action climatique inventés de toutes pièces, appelés Citizens Against Nuclear Bailouts, dans 16 États américains en 2017. Ces derniers ont méticuleusement ciblé des groupes d’Américains avec des tracts, des appels téléphoniques et des publicités sur Facebook, les appelant à demander la fermeture des centrales nucléaires.

En France, la plupart des journalistes s’acharnent aujourd’hui contre la solution à ce dilemme énergétique : le nucléaire – rempart qui a protégé le pays de la flambée massive des prix de l’électricité. Et ce alors même que la France continue de payer les fluctuations énergétiques des pays européens plus dépendants des énergies fossiles.

Un argument que nous avons beaucoup entendu ces derniers temps est que l’énergie nucléaire est mauvaise pour l’environnement. C’est tout simplement faux. Non seulement l’énergie nucléaire a une très faible empreinte carbone, mais pour la même quantité d’électricité produite, par rapports aux autres sources d’énergie, le nucléaire a également l’impact le plus faible sur les écosystèmes sur tout un cycle de vie. Un résultat qui s’appuie sur l’indice comparatif de la Commission économique des Nations unies pour l’Europe (CEE-ONU) qui intègre les impacts suivants sur les écosystèmes : écotoxicité terrestre, transformation des zones naturelles, écotoxicité marine, eutrophisation, écotoxicité en eau douce, occupation des terres agricoles et acidification terrestre.

Un autre mythe concerne la fermeture estivale des centrales nucléaires pour des raisons de sécurité. Cette idée a fait la « une » de la presse française ces derniers temps. Il est vrai que pendant les périodes prolongées de sécheresse ou de canicule, le niveau des rivières est généralement plus bas et leur température plus élevée. Les centrales nucléaires doivent donc prendre des mesures (par exemple, réduire la puissance de leurs réacteurs) afin de ne pas rejeter trop d’eau chaude qui pourrait avoir un impact sur l’environnement. Cette mesure est prise pour préserver la biodiversité des rivières.

Cette procédure est toutefois prévue et anticipée, si bien qu’elle ne pèse que très peu sur la production d’énergie. D’après le Réseau de transport d’électricité (RTE), les pertes de production nucléaire dues aux contraintes climatiques ne sont que de 0,37% en moyenne en France. Plus de 98% de l’eau utilisée pour la production nucléaire est restituée à l’environnement sans dégradation de sa qualité, et entre 2000 et 2017 en France, les pertes de production liées aux contraintes climatiques n’ont représenté que 0,18% en moyenne de la production d’électricité d’origine nucléaire.

L’indignation suscitée par ces problèmes mineurs et maitrisés est inexplicable. Des pays comme l’Allemagne, l’Italie et la Belgique, qui ont choisi d’arrêter progressivement leurs centrales nucléaires, sont devenus dépendants des importations russes en retour – et pénalisent en conséquence les prix de l’énergie en Europe ainsi que son indépendance géopolitique. S’ils n’avaient pas mis hors service leurs propres réacteurs, ils seraient beaucoup moins dépendants de la Russie pour les exportations de combustibles fossiles.

Malgré les appels répétés à la réouverture de ses centrales nucléaires, l’Allemagne a déclaré qu’il n’en serait rien. Non seulement le gouvernement actuel n’est pas pressé de se libérer de sa dépendance à l’égard du pétrole et du gaz russes, mais, malheureusement, il a récemment changé d’avis et s’oppose à l’inclusion de l’énergie nucléaire dans la taxonomie verte de l’UE – une position qui rendra la tâche plus difficile à tout autre pays européen décidant d’adopter un mix énergétique plus rationnel.

La Finlande – un pays qui ne sait que trop bien ce que signifie être voisin de l’ours russe – a lui choisi une approche beaucoup plus réaliste. Lors de sa conférence, le parti vert du pays (Vihreät De Gröna) s’est prononcé à une large majorité en faveur du nucléaire, qu’il qualifie sans hésiter d’« énergie durable ». Il appelle au développement de petits réacteurs modulaires (SMR) ainsi qu’à la prolongation des licences des réacteurs nucléaires existants. D’après les écologistes finlandais, le pays a besoin « d’un approvisionnement suffisant en énergie peu émettrice de CO2 et à l’empreinte environnementale minimale (…) pour construire un avenir durable ».

Ce cas n’est pas isolé. Fatih Birol, directeur de l’Agence internationale de l’énergie (AIE), a déclaré : « L’énergie nucléaire a un rôle intégral à jouer si nous voulons sérieusement relever le défi climatique… Nous devons multiplier par cinq le rythme des nouvelles constructions de centrales nucléaires. »

S’opposer aux solutions énergétiques propres en temps de guerre revient à se ranger du côté d’un dictateur. Si le changement climatique s’aggrave, il en sera de même pour les conflits mondiaux. Les gouvernements occidentaux doivent intensifier leurs programmes d’énergie nucléaire et les journalistes doivent cesser de diffuser des informations erronées sur cette source d’énergie vitale. Rappelons que l’inconvénient de parler trop vite, c’est qu’après avoir dit des bêtises, on se met dans l’embarras de devoir les penser.

Ukraine : un enjeu de sécurité pour l’Europe

 Ukraine : un enjeu de sécurité pour  l’Europe 

Dans un entretien au « Monde », l’historien américain explique comment la guerre en Ukraine témoigne de la place centrale occupée par ce pays dans les relations entre puissances européennes rivales depuis plus d’un millénaire.

 

Timothy Snyder est un historien américain, spécialiste de l’Europe centrale et de la Shoah. Il est professeur à l’université Yale (Connecticut) et chercheur à l’Institut des sciences humaines à Vienne (Autriche). Auteur d’une quinzaine d’ouvrages, tous parus en français chez Gallimard, Timothy Snyder a publié une nouvelle édition de son œuvre maîtresse, Terres de sang. L’Europe entre Hitler et Staline (Gallimard, traduit de l’anglais par Pierre-Emmanuel Dauzat, 752 p., 32 euros).

Au début du conflit, les Ukrainiens formulaient des demandes modérées pour arriver à une paix négociée. Maintenant qu’ils ont réussi à faire reculer les Russes en différents endroits, ils sont plus exigeants. Selon vous, quelles sont les conditions pour garantir la sécurité du pays ?

Sur ce sujet, la principale chose à dire est qu’il revient aux Ukrainiens de définir ces conditions. En tant qu’Américain, je ne crois pas être en position de leur prescrire les modalités de leur sécurité. Toute négociation doit cependant reposer sur un élément essentiel : l’agression armée ne doit pas être récompensée. Il me semble évident aussi que la guerre ne peut pas se terminer sans que l’Ukraine ait obtenu de ses partenaires occidentaux qu’ils se portent garants de sa sécurité. Nous devons nous engager en ce sens, il nous revient de réfléchir à l’avenir que nous souhaitons pour l’Ukraine, afin qu’elle puisse sortir de la guerre sans craindre son retour.

Cela signifie-t-il, comme l’a déclaré le secrétaire américain à la défense, Lloyd Austin, qu’il faut « affaiblir durablement » la Russie ?

De Washington, ou de toute autre capitale étrangère, une illusion peut facilement s’emparer de nos dirigeants : il est tentant de croire que l’on pourrait définir à distance, de manière très précise, ce à quoi la fin de la guerre ressemblera ou doit ressembler. Ce n’est clairement pas le cas. Je ne pense pas non plus que l’affaiblissement de la Russie soit un objectif cohérent. La priorité reste de fournir aux Ukrainiens les matériels militaires dont ils ont besoin pour poursuivre les combats et l’emporter.


Le moral des soldats ukrainiens est bien meilleur que celui des Russes. Le droit est aussi de leur côté. Une chose leur manque : du matériel militaire. Ils n’ont pas suffisamment de pièces d’artillerie, de tanks, de véhicules de combat, etc. L’Occident peut mettre à leur disposition tout ce qu’il faut pour qu’ils puissent mieux faire face à l’envahisseur russe. Nous devons aussi apporter l’aide financière et humanitaire dont l’Ukraine a besoin.

Politique–Ukraine : un enjeu de liberté mondiale

Politique–Ukraine : un enjeu de liberté mondiale

 

Philosophe, Constantin Sigov , philosophe, directeur du Centre européen à l’université de Kiev évoque l’enjeu de la liberté à l’occasion de la guerre en Ukraine ( l’Opinion)

Révolution Orange en 2004, révolution de la dignité ou révolution Maïdan en 2014 et l’incroyable résistance que montrent les Ukrainiens face à l’agression russe… Comment expliquez-vous l’attachement viscéral de vos compatriotes pour la liberté?

La résistance acharnée de Marioupol et de l’usine Azovstal de ces dernières semaines est le symbole de la bataille pour la liberté. S’y expriment le courage, la force, une vision très claire des valeurs pour lesquels chacun donne sa vie et la solidarité entre militaires et civils. J’ai reçu, il y a quelques jours, une vidéo où l’on voyait une femme et un homme, réfugiés la nuit dans un abri de Marioupol, chanter une chanson populaire du XVIIe siècle dont le thème principal est la liberté. C’est vous dire si cette liberté et la fidélité qui y est affichée remonte à très loin ! Ses paroles résonnent dans ma tête comme le poème de Paul Eluard, écrit face à l’occupation allemande. On peut parler de tradition. Vous connaissez le cri de ralliement «Pour notre liberté et la vôtre» répété à travers l’histoire par les Polonais et les Ukrainiens lorsqu’ils ont été envahis par l’Empire russe à la fin du XVIIIe siècle. Il est plus que jamais d’actualité. La culture, la langue et les publications en langue ukrainienne ont été interdites via des oukazes ; mais malgré tout nous avons continué à publier dans la clandestinité des livres, des manuels scolaires et des bibles. La diversité de l‘Ukraine fait d’ailleurs que la répression tsariste n’a pas touché la totalité du pays dont une partie appartenait encore, jusqu’à la fin de la Première Guerre mondiale, à l’empire austro-hongrois et bénéficiait d’une totale liberté pour entretenir notre langue et notre culture.

La marque était si profonde?

Il faut savoir aussi que l’Ukraine occidentale n’a pas été occupée par le pouvoir bolchevique avant 1939. Elle a donc échappé à la répression et aux purges des années 1930. Kiev n’a été atteinte qu’en 1937. Après la Seconde Guerre mondiale, l’Ukraine occidentale a abrité des maquis qui ont résisté dix ans à l’Armée rouge et au pouvoir stalinien. C’est resté dans la mémoire de la génération de mes parents. On n’a jamais oublié non plus les crimes de Staline, la famine imposée au pays (le Holodomore), les goulags comme cela a été le cas en Russie. Après l’indépendance, en 1991, nous avons tout fait pour que les archives du KGB soient totalement ouvertes aux chercheurs à Kiev, ce qui n’a pas été le cas en Biélorussie et en Russie où Moscou a fermé l’organisation Memorial, en décembre, à la veille de l’invasion de notre pays. Ce qui était un signal très clair. En passant l’éponge sur les crimes de Staline, on justifiait ceux de Vladimir Poutine,

Ukraine : un enjeu de liberté mondiale

 

 

Ukraine : un enjeu de liberté mondiale

 

Philosophe, Constantin Sigov , philosophe, directeur du Centre européen à l’université de Kiev évoque l’enjeu de la liberté à l’occasion de la guerre en Ukraine ( l’Opinion)

Révolution Orange en 2004, révolution de la dignité ou révolution Maïdan en 2014 et l’incroyable résistance que montrent les Ukrainiens face à l’agression russe… Comment expliquez-vous l’attachement viscéral de vos compatriotes pour la liberté?

La résistance acharnée de Marioupol et de l’usine Azovstal de ces dernières semaines est le symbole de la bataille pour la liberté. S’y expriment le courage, la force, une vision très claire des valeurs pour lesquels chacun donne sa vie et la solidarité entre militaires et civils. J’ai reçu, il y a quelques jours, une vidéo où l’on voyait une femme et un homme, réfugiés la nuit dans un abri de Marioupol, chanter une chanson populaire du XVIIe siècle dont le thème principal est la liberté. C’est vous dire si cette liberté et la fidélité qui y est affichée remonte à très loin ! Ses paroles résonnent dans ma tête comme le poème de Paul Eluard, écrit face à l’occupation allemande. On peut parler de tradition. Vous connaissez le cri de ralliement «Pour notre liberté et la vôtre» répété à travers l’histoire par les Polonais et les Ukrainiens lorsqu’ils ont été envahis par l’Empire russe à la fin du XVIIIe siècle. Il est plus que jamais d’actualité. La culture, la langue et les publications en langue ukrainienne ont été interdites via des oukazes ; mais malgré tout nous avons continué à publier dans la clandestinité des livres, des manuels scolaires et des bibles. La diversité de l‘Ukraine fait d’ailleurs que la répression tsariste n’a pas touché la totalité du pays dont une partie appartenait encore, jusqu’à la fin de la Première Guerre mondiale, à l’empire austro-hongrois et bénéficiait d’une totale liberté pour entretenir notre langue et notre culture.

La marque était si profonde?

Il faut savoir aussi que l’Ukraine occidentale n’a pas été occupée par le pouvoir bolchevique avant 1939. Elle a donc échappé à la répression et aux purges des années 1930. Kiev n’a été atteinte qu’en 1937. Après la Seconde Guerre mondiale, l’Ukraine occidentale a abrité des maquis qui ont résisté dix ans à l’Armée rouge et au pouvoir stalinien. C’est resté dans la mémoire de la génération de mes parents. On n’a jamais oublié non plus les crimes de Staline, la famine imposée au pays (le Holodomore), les goulags comme cela a été le cas en Russie. Après l’indépendance, en 1991, nous avons tout fait pour que les archives du KGB soient totalement ouvertes aux chercheurs à Kiev, ce qui n’a pas été le cas en Biélorussie et en Russie où Moscou a fermé l’organisation Memorial, en décembre, à la veille de l’invasion de notre pays. Ce qui était un signal très clair. En passant l’éponge sur les crimes de Staline, on justifiait ceux de Vladimir Poutine,

Guerre en Ukraine : un enjeu pour la liberté mondiale (Constantin Sigov)

Guerre en Ukraine : un enjeu pour la liberté mondiale (Constantin Sigov)

 

 

Philosophe, Constantin Sigov , philosophe, directeur du Centre européen à l’université de Kiev évoque l’enjeu de la liberté à l’occasion de la guerre en Ukraine ( l’Opinion)

Révolution Orange en 2004, révolution de la dignité ou révolution Maïdan en 2014 et l’incroyable résistance que montrent les Ukrainiens face à l’agression russe… Comment expliquez-vous l’attachement viscéral de vos compatriotes pour la liberté?

La résistance acharnée de Marioupol et de l’usine Azovstal de ces dernières semaines est le symbole de la bataille pour la liberté. S’y expriment le courage, la force, une vision très claire des valeurs pour lesquels chacun donne sa vie et la solidarité entre militaires et civils. J’ai reçu, il y a quelques jours, une vidéo où l’on voyait une femme et un homme, réfugiés la nuit dans un abri de Marioupol, chanter une chanson populaire du XVIIe siècle dont le thème principal est la liberté. C’est vous dire si cette liberté et la fidélité qui y est affichée remonte à très loin ! Ses paroles résonnent dans ma tête comme le poème de Paul Eluard, écrit face à l’occupation allemande. On peut parler de tradition. Vous connaissez le cri de ralliement «Pour notre liberté et la vôtre» répété à travers l’histoire par les Polonais et les Ukrainiens lorsqu’ils ont été envahis par l’Empire russe à la fin du XVIIIe siècle. Il est plus que jamais d’actualité. La culture, la langue et les publications en langue ukrainienne ont été interdites via des oukazes ; mais malgré tout nous avons continué à publier dans la clandestinité des livres, des manuels scolaires et des bibles. La diversité de l‘Ukraine fait d’ailleurs que la répression tsariste n’a pas touché la totalité du pays dont une partie appartenait encore, jusqu’à la fin de la Première Guerre mondiale, à l’empire austro-hongrois et bénéficiait d’une totale liberté pour entretenir notre langue et notre culture.

La marque était si profonde?

Il faut savoir aussi que l’Ukraine occidentale n’a pas été occupée par le pouvoir bolchevique avant 1939. Elle a donc échappé à la répression et aux purges des années 1930. Kiev n’a été atteinte qu’en 1937. Après la Seconde Guerre mondiale, l’Ukraine occidentale a abrité des maquis qui ont résisté dix ans à l’Armée rouge et au pouvoir stalinien. C’est resté dans la mémoire de la génération de mes parents. On n’a jamais oublié non plus les crimes de Staline, la famine imposée au pays (le Holodomore), les goulags comme cela a été le cas en Russie. Après l’indépendance, en 1991, nous avons tout fait pour que les archives du KGB soient totalement ouvertes aux chercheurs à Kiev, ce qui n’a pas été le cas en Biélorussie et en Russie où Moscou a fermé l’organisation Memorial, en décembre, à la veille de l’invasion de notre pays. Ce qui était un signal très clair. En passant l’éponge sur les crimes de Staline, on justifiait ceux de Vladimir Poutine,

Enjeu du Sommet mondial Covid

Enjeu du Sommet mondial Covid

 

 

Un sommet mondial Covid  a été organisé ce jeudi 12 mai ( la Tribune)

« Le sommet, expliquent les pays organisateurs sous l’égide des Etats-Unis, va redoubler nos efforts collectifs pour mettre fin à la phase aiguë de l’épidémie de Covid-19 et nous préparer à de futures menaces liées à la santé .  Nous savons que nous devons nous préparer maintenant à construire, stabiliser et financer la capacité globale dont nous avons besoin, non seulement face aux variants du Covid-19, mais aussi face à d’autres crises sanitaires ».

Les participants aborderont également les risques sanitaires auxquels nous pourrions faire face dans les prochaines années. Après avoir soigneusement ignoré les avertissements des épidémiologistes pendant vingt ans, les États occidentaux ont compris l’intérêt de se préparer aux prochains assauts microbiens. Les risques les plus classiques sont connus : une mauvaise grippe aviaire passant des oiseaux aux humains (comme cela vient d’être détecté en Chine) ou peut-être un futur variant Covid plus méchant que ceux de la lignée Omicron. Moins médiatisées, les bactéries multi-résistantes aux antibiotiques et les arbovirus transportés par des moustiques exotiques font aussi partie des grandes inquiétudes sanitaires.

Sur les bactéries résistantes, depuis dix ans, l’apparition de bactéries résistant aux principaux antibiotiques a sonné l’alarme. Ces microbes qui ont trouvé les moyens d’échapper à nos armes défensives sont liés notamment à la mauvaise utilisation des antibiotiques.

« Dans certains pays, on en prescrit dès le moindre symptôme, sans s’assurer par un antibiogramme qu’il s’agit d’une infection bactérienne, confirme Évelyne Jouvin-Marche, directrice de recherche Inserm. On a aussi pâti d’une sur-utilisation antibiotique dans les élevages. La France qui n’était pas vertueuse a diminué cette consommation avec les plans écoantibio 1 et 2. Mais certains sont plus avancés comme les pays d’Europe du Nord et la Grande-Bretagne qui a inversé la courbe de progression des résistances aux antibiotiques. Aujourd’hui, nous avons besoin de mener des études pour bien comprendre les mécanismes de résistance et leurs causes. »

En 2020, le ministère de la Santé français s’est fixé l’objectif de réduire de 25 % la consommation d’antibiotiques d’ici 2024. L’État a mis en place un programme prioritaire de recherche antibio résistance coordonné par Évelyne Jouvin-Marche.

En bonne place parmi les dangers sanitaires : les arbovirus. Ces virus de fièvre jaune ou de dengue transportés par des moustiques pourraient se développer chez nous sous l’effet du réchauffement climatique. Selon les spécialistes, une véritable pandémie dans le monde est peu probable. À part celui de la dengue, les arbovirus ont besoin de ce qu’on appelle un « réservoir animal » à proximité pour se développer, qui sont des singes pour ce type de virus. Cela dit, nous avons déjà un moustique qui joue le taxi pour ces virus en Europe, comme l’explique Anna-Bella Failloux, responsable de l’unité Arbovirus et Insectes Vecteurs à l’Institut Pasteur. « Le moustique tigre est compétent pour transmettre des virus de fièvre jaune, de dengue, de Zika ou de chikungunya. Il est arrivé en Albanie en 1979 puis a rejoint l’Italie en 1990 avant de s’installer en France en 2004. Mais en Europe, ce type d’infection vient toujours de virus importés. Un touriste rentrant de voyage ou venant en France après avoir été contaminé peut se faire piquer par un moustique tigre. L’insecte récupère le virus qu’il transmettra à la prochaine personne qu’il va piquer. Depuis qu’il s’est implanté en Europe, les arbovirus circulent un peu dans le Sud de la France, mais les contaminations restent très limitées.»

Enfin, alors que l’origine du coronavirus-19 n’est toujours pas clairement définie, il reste un autre danger. « Le grand risque dont personne ne parle est celui d’une pandémie partant d’un accident de laboratoire, estime l’épidémiologiste Renaud Piarroux. 

La réindustrialisation : Enjeu majeur de Macron II

La réindustrialisation : Enjeu majeur de Macron II

 

À quelques jours de l’officialisation de son élection à l’Elysée, Macron doit choisir un ou une ministre en charge du Made in France. Rien n’est encore tranché à ce stade selon nos informations alors que le prochain gouvernement doit être annoncé dans les prochains jours. Le résultat des élections législatives au mois de juin pourrait déterminer le choix du président sur cette question brûlante de la réindustrialisation. ( la « Tribune »)

Au lendemain de la victoire d’Emmanuel Macron à la présidentielle, les salariés de l’emblématique fonderie de la Sam ont quitté dans la douleur leur usine implantée dans l’Aveyron après 154 jours d’occupation. Cette usine sous-traitant de Renault est le symbole d’un premier quinquennat marqué par des fermetures d’usines et des milliers de postes détruits dans l’industrie tricolore déjà foudroyée par plusieurs décennies de délocalisations.

Il faut dire que la pandémie a laissé de profondes traces sur le tissu productif hexagonal. Après plusieurs confinements à répétition et des pagailles en série sur les chaînes d’approvisionnement, l’industrie a payé au prix fort les répercussions économiques et sociales de cette maladie infectieuse.

L’invasion russe en Ukraine depuis le mois de février et les nouveaux confinements en Chine ont une nouvelle fois plongé l’industrie européenne dans un épais brouillard. Au lendemain de l’éclatement du conflit, le gouvernement avait réuni en urgence les grandes filières industrielles tricolores pour faire un inventaire des problèmes rencontrés par les entreprises.

L’exécutif a finalement répondu par un plan de résilience dont certaines mesures doivent permettre d’amortir une partie du choc énergétique mais cette enveloppe ne devrait pas suffire. En attendant la nomination d’un prochain gouvernement prévu dans les jours à venir, Emmanuel Macron sait qu’il devra absolument accélérer sur la réindustrialisation de l’économie tricolore s’il ne veut pas se retrouver à nouveau en fortes difficultés.

À ce stade, il est encore trop tôt pour savoir si un ou une membre du prochain gouvernement obtiendra un poste de ministre de l’industrie ou de secrétaire d’Etat. D’après plusieurs sources interrogées à Bercy, rien n’est encore tranché pour l’heure. Emmanuel Macron a choisi de jouer la montre avant d’annoncer la nomination du prochain gouvernement dans les jours à venir.

Il faut rappeler que l’industrie n’a pas toujours occupé une place de premier ordre sous le premier quinquennat Macron. En 2017, le président de la République, chantre de « la start-up nation » n’avait pas attribué de portefeuille spécifique au moment de la nomination de son premier gouvernement. Entre 2017 et octobre 2018, le ministre de l’Economie Bruno Le Maire était en charge de l’industrie mais il n’y avait pas de portefeuille spécifique. Ce qui était une première depuis 1886, sous la IIIe République, et la nomination d’Édouard Simon en tant que ministre du Commerce et de l’Industrie. Le dernier titulaire du portefeuille, sous la présidence de François Hollande, était le secrétaire d’État Christophe Sirurgue, parti en mai 2017.

Juste avant la crise des Gilets Jaunes en novembre 2018, Agnès-Pannier Runacher arrive à Bercy pour reprendre les dossiers de Delphine Gény-Stephann sans obtenir de maroquin propre à l’industrie. Ce n’est qu’en juillet 2020 au moment de la nomination de Jean Castex à Matignon qu’elle devient ministre déléguée à l’industrie avec des missions plus précises. Malgré cette progression dans l’ordre protocolaire ministériel, l’industrie tricolore est encore loin d’avoir retrouvé des couleurs. « La réindustrialisation ne se fait pas en claquement de doigts. Les derniers chiffres du cabinet Trendeo montrent que cette politique a porté ses fruits mais il faut continuer d’accélérer », assure un proche de l’exécutif.

A l’exception des impôts de production et de mesures favorables à l’offre, le programme d’Emmanuel Macron présenté à la mi-mars à Aubervilliers devant des centaines de journalistes ne comporte pas de stratégie précise en matière de politique industrielle.  »Le programme de Macron est assez creux sur le thème de l’industrie. C’est un programme technique mais il n’y a pas de vision très claire », explique Anaïs Voy-Gillis, docteur en géographie et auteur avec Olivier Lluansi de l’ouvrage « Vers la renaissance industrielle », (Editions Marie B).  »C’est bien de baisser les impôts de production mais elles sont aussi une ressource pour les collectivités locales alors que la décentralisation est une forte demande des citoyens », ajoute-t-elle.

Il faut dire que le président de la République avait déjà dessiné à l’automne les contours des principales mesures pour l’industrie à l’occasion d’une grande présentation à l’Elysée du plan France 2030. Devant un parterre de ministres, chefs d’entreprise, économistes et étudiants, Emmanuel Macron avait posé les jalons du programme industriel pour les cinq prochaines années.

Doté d’une enveloppe de 30 milliards d’euros, ce plan est destiné à soutenir notamment les petits réacteurs nucléaires (1 milliard), l’avion bas carbone (4 milliards d’euros), les énergies renouvelables (500 millions d’euros), la décarbonation de l’industrie, l’agriculture et l’agroalimentaire (2 milliards d’euros) ou encore la santé (7,5 milliards d’euros).

Après plusieurs mois d’hésitations, c’est finalement le député de la République en Marche Bruno Bonnel qui est en charge du pilotage de ce plan. Pour Anaïs Voy-Gillis,  »le plan France 2030 manque encore de profondeur. Comment ce plan va-t-il s’articuler dans les filières ? Beaucoup de petites entreprises ont des solutions opérationnelles par rapport aux grands groupes. Comment ces petites entreprises peuvent-elles se trouver une place dans les écosystèmes ?  Comment on rapatrie des chaînes de valeur en Europe ?  Le plan France 2030 pose encore beaucoup de questions. « 

 

Réindustrialiser dans le contexte du changement climatique, un défi économique colossal pour le prochain quinquennat

La multiplication des catastrophes climatiques à l’échelle du globe accélère la nécessité pour les Etats développés de réindustrialiser leurs économies tout en prenant en compte l’impact environnemental. Sur ce point, la transition apparaît déjà comme un chantier colossal pour le prochain quinquennat. Il s’agit de réindustrialiser l’économie tricolore tout en respectant les engagements de la France en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre et de lutte contre le réchauffement climatique. Et sur tous ces sujets sensibles, l’Etat français est loin d’être exemplaire.

En 2021, la justice a condamné l’Etat pour inaction climatique et l’a obligé à « réparer le préjudice écologique dont il est responsable », avant 2022 dans sa décision dévoilée à l’automne dernier. Dans ce contexte, les marges de manoeuvre du prochain gouvernement seront particulièrement étroites.

« Dans le programme d’Emmanuel Macron, il n’y a pas vraiment de lien entre la réindustrialisation et la question environnementale », regrette Anaïs Voy-Gillis.  »La décarbonation de l’industrie n’est qu’un aspect de ce thème majeur. La biodiversité par exemple n’a pas été abordée alors que c’est un enjeu essentiel ».

De son côté, l’économiste du Centre d’études prospectives et d’informations internationales (CEPII) Thomas Grjebine, estime dans un récent entretien accordé à La Tribune  »qu’il n’est pas évident de concilier la transition écologique avec la réindustrialisation de l’économie française. Il n’est en effet pas clair aujourd’hui si cette transition est une opportunité pour notre tissu industriel ou si au contraire cela risque de conduire à un choc d’offre très négatif (on va mettre au rebus une partie du capital). »

Le retour en force de la planification

La pandémie et l’urgence climatique ont rappelé la nécessité de mettre en place des filières stratégiques dans le domaine de la santé et de la transition énergétique. Lors de la présentation de son programme, le président alors candidat avait dessiné les grands objectifs de cette politique économique.

« J’assume d’avoir une volonté de planification, qu’il s’agisse de la production d’énergie, comme du déploiement de nouvelles filières industrielles, et de décliner ensuite ces objectifs par territoire en laissant la liberté d’adaptation. Dans ce contexte-là, l’Etat aura à reprendre en main plusieurs aspects de la filière énergétique [...] Nous aurons à reprendre le contrôle capitalistique de plusieurs secteurs industriels », a déclaré Emmanuel Macron lors de la présentation de son programme. Les regards et les spéculations se tournent forcément vers EDF, et le scénario d’une nationalisation du géant français de l’électricité n’est pas exclu, après l’annonce en février de lancer la construction de six réacteurs EPR, plus huit en option.

Après le premier tour de la présidentielle, le président s’était même engagé à ce que son Premier ministre soit « directement chargé de la planification écologique » s’il était réélu, reprenant un terme utilisé par Jean-Luc Mélenchon arrivé sur la troisième marche du podium.

Cette planification autrefois largement critiquée est aujourd’hui réclamée par des industriels.  »C’est un thème important repris sur l’ensemble de l’échiquier politique. Beaucoup de secteurs énergétiques comme le nucléaire doivent passer par une forme de planification et de soutien public. C’est une bonne chose de sortir du dogme libéral et de la vision plus orthodoxe pour aider certains projets industriels. La France ne peut pas être présente dans tous les domaines. La planification est devenue relativement consensuelle », avait expliqué à La Tribune il y a quelques semaines l’économiste de l’université de Californie François Geerolf.

De son côté, Anaïs Voy Gillis estime que « la planification apparaît surtout comme un outil technique dans le programme de Macron. On ne comprend pas vraiment l’objectif poursuivi. Comment on accompagne socialement et économiquement ces transitions ? Comment repositionne-t-on les sites industriels en difficulté ? » Il faut dire que la mise en oeuvre du Haut-Commissariat au plan en septembre 2020 sous la houlette de François Bayrou a suscité de vives interrogations chez la plupart des économistes interrogés par La Tribune.

La réindustrialisation, un enjeu politique majeur

La bataille de la réindustrialisation est loin de se jouer uniquement sur le plan économique. Au-delà des incantations pour le Made in France scandées pendant la dernière campagne électorale, les derniers résultats à la présidentielle rappellent que la désindustrialisation a laissé des séquelles profondes sur de nombreux territoires.

La progression spectaculaire du Rassemblement national (RN) dans une trentaine de départements contre seulement deux en 2017 laisse augurer des perspectives bien assombries sur le plan politique pour le président de la République et son futur gouvernement. Dans une récente étude pour la fondation Jean Jaurès, le directeur du département Opinion chez Ifop Jérôme Fourquet avait montré que les intentions de votes chez les ouvriers en faveur du FN/RN avaient quasiment triplé en près de 30 ans, passant de 17% en 1988 à 45% en 2021.

Sur cette période, le nombre d’emplois industriels a dégringolé en France, passant de 4,5 millions à 3,1 millions, soit une chute spectaculaire de 45%. Et durant le quinquennat Macron, l’industrie a encore perdu des emplois (environ 4.000 emplois en moins) entre la fin du T2 2017 et la fin de l’année 2021 selon les derniers chiffres de l’Insee. « Entre 1974 et 2018 les branches industrielles ont perdu près de la moitié de leurs effectifs (2,5 millions d’emplois), l’industrie ne représentant plus aujourd’hui que 10,3 % du total des emplois », explique le dernier rapport de la commission d’enquête parlementaire sur la désindustrialisation.  En parallèle, la part de l’industrie dans le produit intérieur brut (PIB) a continué de s’effondrer au cours des dernières décennies.

Protéger les lanceurs d’alerte, un enjeu démocratique

Protéger les lanceurs d’alerte, un  enjeu démocratique

 

Dans une tribune au « Monde », un collectif de lanceurs d’alerte, dont Antoine Deltour et Irène Frachon, craint que le Sénat n’affaiblisse la proposition de loi Waserman qu’ils voient comme une vraie avancée pour leur protection.

 

Tribune.

 

Nous, lanceurs d’alerte, payons un prix élevé pour avoir osé dire la vérité. Représailles, licenciement, perte d’employabilité, procédures judiciaires interminables, campagnes de dénigrement, ces embûches s’accompagnent généralement d’un préjudice financier voire de difficultés familiales et relationnelles. Cette réalité n’est pas acceptable, car elle est très dissuasive pour tous les futurs ladnceurs d’alerte. Or, pour chaque lanceur d’alerte qui baisse les bras, c’est un dysfonctionnement grave qui perdure. Au bout du compte, c’est l’information du public, nécessaire à toute société démocratique, qui en pâtit.

La loi Sapin 2, adoptée en 2016, avait jeté les bases d’un cadre relativement protecteur. En particulier, sa définition large uniformisait plusieurs dispositifs incohérents et devait couvrir la plupart des situations : « Un lanceur d’alerte révèle ou signale une menace ou un préjudice graves pour l’intérêt général. » Malheureusement, certains d’entre nous n’ont pas pu bénéficier de cette loi, notamment parce qu’elle impose un parcours complexe.

Elle prévoit un premier palier de l’alerte consistant à adresser le signalement en interne, auprès d’une hiérarchie qui, mise en cause, risque de déclencher des représailles ou de dissimuler des preuves. Par ailleurs, le soutien financier initialement prévu dans la loi Sapin 2 n’avait pas résisté à la censure du Conseil constitutionnel, pour une raison purement juridique. Pour de nombreux lanceurs d’alerte, ce soutien financier constitue pourtant une aide cruciale.

Le droit européen offre maintenant à la France l’occasion de combler ces lacunes. Convaincue de la nécessité de sécuriser les alertes, une coalition d’associations, de syndicats et de quelques eurodéputés progressistes a obtenu de haute lutte une directive adoptée en 2019 pour améliorer très significativement la protection des lanceurs d’alerte partout en Europe. Si le délai officiel est déjà dépassé, le processus de transposition dans le droit français est déjà bien engagé. Ses débuts étaient même très encourageants : la proposition de loi du député (MoDem) Sylvain Waserman introduisait des avancées significatives et a été adoptée à l’unanimité le 17 novembre 2021 par l’Assemblée nationale.

Le vote du texte au Sénat le 19 janvier nous préoccupe cependant. Les travaux en commission des lois le 15 décembre 2021 ont en effet conduit à des reculs qui dépassent l’entendement. De nombreux progrès issus de la proposition de loi disparaissent. Il en va ainsi de la protection accordée aux « facilitateurs personnes morales », c’est-à-dire à toutes les associations susceptibles de nous assister dans l’alerte et qui s’exposent elles-mêmes à diverses représailles.

La formation professionnelle: Enjeu stratégique de l’économie

La formation professionnelle: Enjeu stratégique de l’économie

Il est urgent de faire monter en compétences la population active estime un papier de Carole Papazian dans L’Opinion .

 

Un article intéressant qui souligne la dimension sociale de la relance économique durable et l’énorme effort à opérer en matière de formation dans les quelques années à venir. Un papier qui toutefois n’aborde pas suffisamment l’attractivité de certains métiers dans les conditions d’exercice n’incite pas à s’y investir ( les auxiliaires de vie par exemple, certaines catégories médicales ou encore certains métiers du bâtiment). Le manque aussi de différences entre les revenus du travail et les revenus de la solidarité. Sans parler de l’affaiblissement de la valeur travail. À noter également la responsabilité parentale qui favorise des orientations vers l’université et qui traduit une certaine condescendance voir un mépris pour l’apprentissage. Bilan des diplômes universitaires dévalorisés dont certains conduisent directement  dans la fonction publique ou à pôle emploi.

 

Comment atteindre le plein-emploi et suivre la trace de pays où le taux de chômage est historiquement bas, comme l’Allemagne (5,3 % en novembre), les pays scandinaves (autour de 6 %) ou ceux d’Europe de l’Est (4 % environ en moyenne) ? Malgré un taux de chômage de 7 %, et un marché des offres d’emploi dynamique, le Graal est encore loin pour la France, qui comptabilise 3 millions d’actifs inoccupés. Le contexte de la crise sanitaire rend l’objectif d’autant plus compliqué à atteindre que l’Hexagone pèche par ses capacités de production et de services et du niveau de qualification de sa population active.

C’est un des chevaux de bataille de Patrick Artus, directeur de la recherche et des études économiques de Natixis et membre du Cercle des économistes, qui explique combien le déficit de formation d’une partie de nos jeunes pose problème, en dépit du rebond de la croissance économique, indéniable, mais qui ne doit pas occulter les défis qui attendent la France… Et comme ces jeunes deviennent ensuite des adultes, cette carence perdure tout au long de leur vie. L’enjeu, aujourd’hui, porte à la fois sur les formations initiale et professionnelle. Selon l’institut Rexecode, « le marché du travail français exclut de plus en plus les moins diplômés (soit 18 % des 20 à 64 ans en France contre 14 % en Allemagne). Or, on ne gagnera pas la bataille du plein-emploi sans eux. « Depuis vingt ans, nous avons transformé de nombreux emplois intermédiaires en emploi bas de gamme. Il faut désormais augmenter le niveau de gamme des emplois », analyse Patrick Artus.

Spécificités régionales. Beaucoup de métiers sont aujourd’hui sous tension et les entreprises peinent à recruter. C’est le cas dans l’hôtellerie et la restauration, mais aussi dans les professions du grand âge. Il existe aussi des spécificités régionales. « Les causes de ces tensions diffèrent d’un bassin à l’autre : problèmes d’accès au logement dans les zones les plus attractives (Pays de la Loire, Provence-Alpes-Côte d’Azur…), faible niveau de formation des demandeurs d’emploi (60 % d’entre eux ont un niveau infrabac dans la région Grand Est), freins à la mobilité dans les territoires ruraux (Normandie, Bourgogne-Franche-Comté…), manque d’attractivité des métiers peu qualifiés et à forte pénibilité, gestion des gardes d’enfants… », a reconnu récemment Elisabeth Borne, la ministre du Travail. Ce sont les acteurs de terrain qui connaissent le mieux la conjoncture locale. « En Ile-de-France, trois secteurs sont en forte progression, le sanitaire et le social, la construction et la tech » explique Stéphane Maas, directeur de Transitions Pro Ile-de-France.

Pour faire face à ces tensions, les pouvoirs publics ont décidé d’investir dans le capital humain avec un budget de 1,4 milliard d’euros pour le plan de réduction des tensions de recrutement. Concrètement, il s’agit de permettre aux entreprises de s’adapter aux transitions numériques et écologiques. L’État va ainsi débloquer 600 millions d’euros afin de permettre aux PME de moins de 300 salariés de former 350 000 personnes en plus. Un effort est également mis sur les demandeurs d’emploi : une enveloppe supplémentaire de 560 millions d’euros a été mise sur la table pour former 1,4 million d’entre eux en 2022. Enfin, pour accompagner les chômeurs de longue durée et répondre aux besoins des entreprises, 240 millions d’euros seront mobilisés pour étendre les aides à l’embauche de 8 000 euros dans le cadre des contrats de professionnalisation, aujourd’hui réservés aux jeunes. C’est le bon moment pour relever ce défi des compétences. En effet, la pandémie, le changement de modèle pour une croissance plus responsable et les avancées technologiques peuvent être des catalyseurs pour former les actifs dont les métiers sont en panne. « Depuis cette crise, de nombreux salariés ont aussi réfléchi à leur profession et ils sont plus nombreux qu’avant à envisager de se reconvertir. La crise sanitaire a aussi débloqué le recours à la formation professionnelle : avant, certaines entreprises freinaient, maintenant, elles ont compris qu’elles ont intérêt à anticiper et à permettre à leurs salariés dont les métiers seront en difficulté dans l’avenir de se former. C’est une stratégie de moyen-court terme, mais aussi de long terme pour les emplois émergents », constate Stéphane Maas, directeur de Transitions Pro Ile-de-France, organisme paritaire régional interprofessionnel, créé en janvier 2020, connu auparavant sous le nom de Fongecif.

Anticiper. Afin d’aider les Français à s’orienter vers les métiers à forte perspective d’emploi, les préfets ont d’ailleurs établi une liste régionalisée de métiers porteurs en concertation avec les Comités régionaux de l’emploi, de l’orientation et de la formation professionnelles (CREFOP). Pour que le pari fonctionne, il faudra toutefois que l’effort de formation reste au cœur de l’action publique dans les années qui viennent.

L’enjeu, c’est évidemment d’éviter l’augmentation du chômage structurel, celui de personnes inadaptées à l’économie de demain. « Les compétences, c’est une variable centrale dans l’économie. Elles sont complètement corrélées au taux d’emploi, au taux de chômage, au poids de l’industrie dans l’économie, à la vitesse de modernisation des entreprises, à la vitesse de numérisation de l’économie, au commerce extérieur », avertit Patrick Artus. Pour augmenter les compétences, il faudra agir à plusieurs niveaux, dès les petites classes à l’école, en développant davantage l’apprentissage et en suivant les jeunes déscolarisés. La formation permanente doit aussi enclencher une vitesse supérieure. « Notre système de formation va devoir aborder un immense défi : reconvertir, accompagner, former des millions de travailleurs disqualifiés par la crise » prévenait dès l’an dernier l’économiste selon qui nous sommes à l’aube d’un « grand reset social, professionnel et économique ».

« Il va falloir recalibrer les instituts de formation pour qu’ils voient arriver des centaines de milliers de gens qui vont essayer de se requalifier. Le problème est de ne pas être submergé par le monde, c’est bien de former les gens mais c’est compliqué, c’est très individualisé… », admet ce dernier. Si les besoins de reconversion montent en flèche, il faudra trouver des moyens de répondre à la demande. « La plupart des organismes de formation n’auront ni les moyens technologiques, ni pédagogiques, ni même organisationnels d’accueillir des centaines de milliers (ou millions) de travailleurs à reconvertir dans les 2 ou 3 ans à venir », estimait l’économiste il y a un an. L’Etat a dégagé une première enveloppe budgétaire conséquente depuis, mais l’effort budgétaire nécessaire pour gagner la bataille de la formation professionnelle ne fait sans doute que commencer.

La croissance: Enjeu pour tous les régimes politiques

 La croissance:  Enjeu pour tous les régimes politiques 

 

 

L’économiste Thomas Philippon, ancien conseiller de Pierre Moscovici à Bercy, professeur à la New York University, explique que les deux tiers de la croissance aujourd’hui proviennent des services, de la santé et de l’éducation, qui polluent moins que l’industrie. Mais la croissance est, à ses yeux, un enjeu de survie pour tous les régimes politiques.(Interview dans Le Monde , l extrait)

Les démocraties ont-elles absolument besoin de croissance économique pour survivre ?

Oui, les démocraties ont besoin de croissance, car la croissance et le pouvoir d’achat, c’est la même chose, surtout en France, où les inégalités n’ont pas augmenté. Mais la croissance est un enjeu pour tous les régimes politiques. En Chine, le gouvernement de Xi [Jinping] a les yeux rivés sur la croissance, il sait très bien que si elle n’est pas au rendez-vous il sera remplacé, tout comme Vladimir Poutine en Russie. C’est l’absence de croissance qui a provoqué l’effondrement de l’Union soviétique.

Les démocraties n’ont pas moins bien résisté à la croissance faible que les régimes autoritaires. Simplement, la contestation s’y voit plus – les régimes autoritaires n’ont pas de « gilets jaunes ». Par ailleurs, la polarisation politique à laquelle nous assistons en France, et ailleurs en Occident, n’est pas seulement liée à la baisse de la croissance, mais aussi à un sentiment de déclassement culturel.

La crise climatique menace-t-elle la croissance de nos économies ?

Attention à ne pas mélanger la croissance et la consommation d’énergie. Depuis les années 1980, la croissance du PIB et celle de la consommation d’énergie sont découplées alors qu’elles évoluaient parallèlement sur longue période, à la fois parce qu’on consomme plus de services et parce qu’on a fait des économies d’énergies.

Le débat est mal posé. D’un côté, il y a ceux qui taisent le fait que la transition va coûter cher, et qui prétendent qu’elle va créer des emplois. Elle va en créer mais aussi en détruire, et le solde sera sans doute proche de zéro. De l’autre, les partisans de la décroissance confondent le but et les moyens. Le but n’est pas la décroissance, mais de réduire la consommation des énergies fossiles et de protéger les ressources naturelles. L’objectif doit être de minimiser l’impact de cet objectif sur la croissance, tout en reconnaissant qu’il y aura un impact négatif sur cette dernière, c’est-à-dire sur le pouvoir d’achat. Si on fixait un prix du carbone à 150 euros la tonne, cela aurait un impact sur la croissance à court terme, mais on pourrait avancer et investir massivement sur les renouvelables et chercher des alternatives.

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