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Écologie–L’illusion d’une transition énergétique rapide

ÉcologieL’illusion d’une transition énergétique rapide

 

Les auteurs du dernier rapport du GIEC cèdent à la tentation de croire que les énergies « vertes » peuvent se substituer rapidement à leurs homologues fossiles, estime Jean-Baptiste Fressoz dans sa chronique au « Monde ».

 

Combien de temps pourrait prendre la transition énergétique tant désirée ? Dans le rapport d’avril du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), cette question est omniprésente. Au détour d’un paragraphe du chapitre 2, les historiens de l’énergie et les sociologues de l’innovation sont mobilisés pour tenter d’y répondre.

Ces sociologues, parfois eux-mêmes contributeurs du GIEC, se fondent sur quelques cas historiques pour livrer un message optimiste. « Les transitions énergétiques peuvent avoir lieu plus rapidement que par le passé », peut-on lirePour preuve quelques exemples bien choisis : la diffusion rapide des ampoules basse consommation en Suède, des voitures électriques en Norvège et en Chine ou encore le programme nucléaire français des années 1980. Leur optimisme se fonde sur un modèle omniprésent en prospective : la « courbe en S », ou courbe de diffusion logistique. L’innovation se propagerait d’abord lentement, s’améliorerait peu à peu à l’abri de conditions favorables, avant que, devenue compétitive, elle se propage soudainement dans le vaste monde, jusqu’à éliminer ses concurrents.

Cette vision darwinienne, concurrentielle et « substitutioniste » des technologies est très populaire dans les business schools – elle a d’ailleurs fort à voir avec la fameuse « innovation disruptive » de Clayton Christensen (1952-2020), expliquée dans The Innovator’s Dilemma (Le Dilemme de l’innovateur, Valor, 2021). Elle est aussi très attrayante dans le contexte climatique actuel : face à la prodigieuse lenteur de la transition (en 2020, les fossiles occupaient toujours 80 % du mix énergétique, soit autant qu’il ya trente ans), la courbe en S nourrit l’espoir d’un basculement possible et soudain vers les renouvelables. Inutile, donc, de se morfondre devant la stabilité des moyennes globales, car celles-ci masqueraient le redressement à venir de la courbe de diffusion des énergies décarbonées.

On comprend pourquoi ces travaux ont acquis un poids scientifique considérable, alors même que ses fondements historiques sont faux. Le problème est qu’ils appliquent à l’énergie un modèle logistique de substitution. Déjà problématique dans le cas des techniques – l’aspirateur n’a pas fait disparaître le balai, le béton n’a pas envoyé les briques aux oubliettes, etc. –, son application est franchement critiquable dans le cas des énergies. En effet, ces dernières entrent autant en compétition qu’en symbiose ; leur histoire est autant celle de substitutions que de synergies.

L’illusion d’une transition énergétique rapide

L’illusion d’une transition énergétique rapide

 

Les auteurs du dernier rapport du GIEC cèdent à la tentation de croire que les énergies « vertes » peuvent se substituer rapidement à leurs homologues fossiles, estime Jean-Baptiste Fressoz dans sa chronique au « Monde ».

 

Combien de temps pourrait prendre la transition énergétique tant désirée ? Dans le rapport d’avril du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), cette question est omniprésente. Au détour d’un paragraphe du chapitre 2, les historiens de l’énergie et les sociologues de l’innovation sont mobilisés pour tenter d’y répondre.

Ces sociologues, parfois eux-mêmes contributeurs du GIEC, se fondent sur quelques cas historiques pour livrer un message optimiste. « Les transitions énergétiques peuvent avoir lieu plus rapidement que par le passé », peut-on lirePour preuve quelques exemples bien choisis : la diffusion rapide des ampoules basse consommation en Suède, des voitures électriques en Norvège et en Chine ou encore le programme nucléaire français des années 1980. Leur optimisme se fonde sur un modèle omniprésent en prospective : la « courbe en S », ou courbe de diffusion logistique. L’innovation se propagerait d’abord lentement, s’améliorerait peu à peu à l’abri de conditions favorables, avant que, devenue compétitive, elle se propage soudainement dans le vaste monde, jusqu’à éliminer ses concurrents.

Cette vision darwinienne, concurrentielle et « substitutioniste » des technologies est très populaire dans les business schools – elle a d’ailleurs fort à voir avec la fameuse « innovation disruptive » de Clayton Christensen (1952-2020), expliquée dans The Innovator’s Dilemma (Le Dilemme de l’innovateur, Valor, 2021). Elle est aussi très attrayante dans le contexte climatique actuel : face à la prodigieuse lenteur de la transition (en 2020, les fossiles occupaient toujours 80 % du mix énergétique, soit autant qu’il ya trente ans), la courbe en S nourrit l’espoir d’un basculement possible et soudain vers les renouvelables. Inutile, donc, de se morfondre devant la stabilité des moyennes globales, car celles-ci masqueraient le redressement à venir de la courbe de diffusion des énergies décarbonées.

On comprend pourquoi ces travaux ont acquis un poids scientifique considérable, alors même que ses fondements historiques sont faux. Le problème est qu’ils appliquent à l’énergie un modèle logistique de substitution. Déjà problématique dans le cas des techniques – l’aspirateur n’a pas fait disparaître le balai, le béton n’a pas envoyé les briques aux oubliettes, etc. –, son application est franchement critiquable dans le cas des énergies. En effet, ces dernières entrent autant en compétition qu’en symbiose ; leur histoire est autant celle de substitutions que de synergies.

Environnement :L’urgence de la transition énergétique

Environnement :L’urgence de la transition énergétique

 

La sociologue Dominique Méda  dresse, dans Le Monde , la liste des politiques (mix énergétique, emploi…) que le futur gouvernement devra entamer pour s’engager dans la voie de la transition écologique.

 

Quelle que soit sa couleur, le gouvernement qui déterminera et conduira la politique de la nation après les élections législatives, les 12 et 19 juin, devra être capable de proposer, de mettre en discussion, puis de faire adopter, par le plus grand nombre de citoyens possible, des choix clairs – parce que structurants pour les décennies à venir – en matière de transition écologique. 

Il s’agit en premier lieu du choix du mix énergétique. C’est peut-être le moins délicat de tous, dans la mesure où, malgré des positions qui peuvent sembler radicalement opposées chez les responsables politiques et dans la population française, la voie raisonnable consiste à développer de façon massive les énergies renouvelables, tout en s’appuyant sur le nucléaire pour assurer la transition et en continuant à travailler sur d’éventuelles autres solutions.

Le choix des places respectives à accorder aux innovations technologiques et aux changements de comportements semble, en revanche, beaucoup plus délicat. Il s’agit concrètement d’indiquer dans quelle mesure nous sommes collectivement prêts à changer nos modes de vie et à accorder plus de place à la sobriété. Alors que ce dernier terme est encore très peu utilisé dans les discours politiques français, son équivalent anglais (« sufficiency ») est mis à l’honneur dans le dernier rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC). Il signifie que nous pourrions collectivement obtenir la même quantité de bien-être et garantir à tous les êtres humains un niveau de vie décent tout en diminuant nos consommations matérielles, et donc nos émissions de gaz à effet de serre, ainsi que notre consommation d’énergie.

Les crispations autour de cette question sont majeures, comme en témoignaient déjà les réactions indignées des politiques, notamment français, à la fameuse lettre écrite par le travailliste néerlandais Sicco Mansholt, en février 1972, un mois avant qu’il ne devienne un éphémère président de la Commission européenne (jusqu’en janvier 1973). A la suite de sa lecture du rapport du Club de Rome « Limits to Growth », paru la même année, il y plaidait en faveur d’une forte diminution de la production et de la consommation de biens matériels, organisée grâce à une planification capable d’assurer à chacun un minimum vital. Vingt ans après, en 1992, le président George H. W. Bush déclarait « le niveau de vie américain est non négociable ». Aujourd’hui, le refus d’un grand nombre de responsables politiques de promouvoir la sobriété continue de s’enraciner dans l’idée que celle-ci serait liberticide et punitive.

 

L’urgence de la transition énergétique

L’urgence de la transition énergétique

 

La sociologue Dominique Méda  dresse, dans Le Monde , la liste des politiques (mix énergétique, emploi…) que le futur gouvernement devra entamer pour s’engager dans la voie de la transition écologique.

 

Quelle que soit sa couleur, le gouvernement qui déterminera et conduira la politique de la nation après les élections législatives, les 12 et 19 juin, devra être capable de proposer, de mettre en discussion, puis de faire adopter, par le plus grand nombre de citoyens possible, des choix clairs – parce que structurants pour les décennies à venir – en matière de transition écologique.

Il s’agit en premier lieu du choix du mix énergétique. C’est peut-être le moins délicat de tous, dans la mesure où, malgré des positions qui peuvent sembler radicalement opposées chez les responsables politiques et dans la population française, la voie raisonnable consiste à développer de façon massive les énergies renouvelables, tout en s’appuyant sur le nucléaire pour assurer la transition et en continuant à travailler sur d’éventuelles autres solutions.

Le choix des places respectives à accorder aux innovations technologiques et aux changements de comportements semble, en revanche, beaucoup plus délicat. Il s’agit concrètement d’indiquer dans quelle mesure nous sommes collectivement prêts à changer nos modes de vie et à accorder plus de place à la sobriété. Alors que ce dernier terme est encore très peu utilisé dans les discours politiques français, son équivalent anglais (« sufficiency ») est mis à l’honneur dans le dernier rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC). Il signifie que nous pourrions collectivement obtenir la même quantité de bien-être et garantir à tous les êtres humains un niveau de vie décent tout en diminuant nos consommations matérielles, et donc nos émissions de gaz à effet de serre, ainsi que notre consommation d’énergie.

Les crispations autour de cette question sont majeures, comme en témoignaient déjà les réactions indignées des politiques, notamment français, à la fameuse lettre écrite par le travailliste néerlandais Sicco Mansholt, en février 1972, un mois avant qu’il ne devienne un éphémère président de la Commission européenne (jusqu’en janvier 1973). A la suite de sa lecture du rapport du Club de Rome « Limits to Growth », paru la même année, il y plaidait en faveur d’une forte diminution de la production et de la consommation de biens matériels, organisée grâce à une planification capable d’assurer à chacun un minimum vital. Vingt ans après, en 1992, le président George H. W. Bush déclarait « le niveau de vie américain est non négociable ». Aujourd’hui, le refus d’un grand nombre de responsables politiques de promouvoir la sobriété continue de s’enraciner dans l’idée que celle-ci serait liberticide et punitive.

 

Sobriété ou efficacité énergétique ?

Sobriété ou efficacité énergétique ? 

L’économiste Matthieu Glachant estime, dans une tribune au « Monde », que la mise en place de bonus-malus est la meilleure manière de contrecarrer les inégalités d’usages entre riches et pauvres que provoquent les politiques en faveur de la sobriété.

Historiquement centré sur la production d’énergie et sa décarbonation, le débat public a intégré la question de la sobriété. La guerre en Ukraine pointant notre dépendance aux énergies fossiles russes contribue évidemment à cette évolution. Mais de quoi parle-t-on exactement ? Et comment la mettre en œuvre ?

Le constat de départ est simple : l’énergie ne nous est pas directement utile. Elle le devient quand nous la combinons avec une machine fournissant un service énergétique : une chaudière pour chauffer notre logement, une voiture pour partir en vacances, une lampe pour nous éclairer, un smartphone pour nous connecter aux réseaux sociaux, etc.

Deux stratégies sont alors disponibles pour réduire la consommation d’énergie : réduire l’usage du service, ou investir dans des machines consommant moins d’énergie pour un même niveau de service. Concrètement, diminuer nos déplacements ou acheter une voiture qui consomme moins de carburant, abaisser la température intérieure de notre appartement ou l’isoler. Conceptuellement, diminuer nos usages ou investir dans l’efficacité énergétique.

L’impact énergétique de la réduction des usages dépend évidemment du type d’action et de la vigueur avec laquelle on la met en œuvre. Réduire la température de son logement d’un degré réduit la consommation d’énergie de 7 %. Et donc le double si l’on passe de 20 degrés – la moyenne dans les logements français – à 18 degrés. Limiter sa vitesse à 110 km/h sur autoroute réduirait de 20 % la quantité de carburant consommée sur le trajet. Un covoiturage peut faire beaucoup mieux.

Investir dans l’efficacité énergétique a un effet plus complexe sur la consommation d’énergie. Une machine plus efficace verra en effet son coût énergétique d’utilisation réduit. Elle sera alors plus souvent utilisée. L’achat d’une voiture consommant moins d’essence au kilomètre permettra à son utilisateur d’effectuer plus de déplacements, la rénovation énergétique d’un logement incitera ses occupants à augmenter la température intérieure l’hiver.

Une part du bénéfice énergétique de l’investissement sera ainsi dissipée dans une augmentation de l’usage. C’est l’effet rebond. Annulera-t-il le bénéfice énergétique ? Exprimé autrement, la consommation d’énergie excédera-t-elle celle observée avant investissement ? Une réponse positive à ces questions ôterait toute pertinence à la stratégie de l’efficacité énergétique.

La recherche économique a beaucoup avancé sur la mesure de l’ampleur de l’effet rebond. Les résultats sont disponibles pour différents secteurs (la rénovation des bâtiments, la circulation automobile, l’industrie), et ils sont sans ambiguïté : le rebond existe bel et bien, mais il n’annule pas les bénéfices énergétiques de l’investissement (voir, par exemple, la synthèse de ces résultats réalisée par Gillingham, Rapson et Wagner en 2016).

Environnement: Pour une vraie gouvernance de la planification écologique et énergétique

Environnement: Pour une vraie gouvernance de la planification écologique et énergétique

Pour le président du think-tank Cérémé, «il faut d’urgence redéfinir la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE), en réformer la gouvernance en créant un grand ministère de l’Énergie rattaché à celui de l’Economie, et nommer un Défenseur de l’environnement» ( dans l »‘Opinion »)

 

 

Emmanuel Macron a annoncé vouloir faire de la transition écologique et énergétique une priorité de son nouveau quinquennat, sous le contrôle direct du Premier ministre. Il faut s’en réjouir, car les conséquences de la guerre en Ukraine et la hausse à venir des besoins en électricité montrent la nécessité de réformer en profondeur les priorités et la gouvernance de notre politique énergétique, qui sont aujourd’hui obsolètes et inefficaces. Comment ?

Il nous faut un grand ministère chargé de l’énergie, de l’industrie et de la recherche, rattaché au ministère de l’Economie. Depuis 2008, l’énergie est rattachée au ministère de l’Ecologie et la tutelle du secteur public de l’énergie est partagée entre Bercy et l’Ecologie. C’est une erreur car la politique énergétique ne peut en aucun cas se résumer à sa seule composante écologique. Elle comporte des enjeux industriels, de création d’emplois, de compétitivité, de ré-industrialisation, de souveraineté, de financement…

Il faut donc la remettre au centre du village gouvernemental, c’est-à-dire à Bercy, afin de doter le nouveau ministre chargé de la planification énergétique d’une administration puissante, implantée dans tout le territoire, habituée à opérer des arbitrages entre des intérêts divers, qui a directement la main sur la gestion des deniers publics et qui dispose d’une connaissance intime des acteurs de l’économie qui seront impliqués dans cette transition.

Nous devons aussi voter une nouvelle loi de programmation de l’énergie . Le décret d’avril 2020 fixant la PPE est inadaptée pour atteindre nos objectifs climatiques et obsolète au regard des annonces du Président sur la prolongation du parc nucléaire en activité et le lancement de nouvelles centrales.

La guerre en Ukraine et ses conséquences sur le gaz révèle de manière éclatante l’absurdité de l’objectif de réduction de la part du nucléaire en France pour la remplacer par le couple gaz/énergies renouvelables intermittentes. Ce choix, fait par l’Allemagne,la conduit aujourd’hui à rouvrir des centrales à charbon pour réduire sa dépendance au gaz russe alors que grâce au nucléaire et à l’hydraulique, la France bénéficie d’une électricité décarbonée à 92%, qu’elle produit elle-même et paie beaucoup moins cher que ses voisins européens !

L’objectif de réduction du nucléaire ne repose, en outre, sur aucun fondement climatique. Il procède d’un accord politique visant, pour François Hollande, puis pour Emmanuel Macron, à rallier les Verts dont le credo historique s’est construit sur la lutte contre le nucléaire civil, pour des raisons largement irrationnelles si l’on compare les nuisances du couple indissociable énergies renouvelables intermittentes/énergies fossiles, à celles du nucléaire civil.

Enfin, pour réaliser la décarbonation de notre économie, il faudra de plus en plus électrifier nos moyens de transport, les processus de production industrielle,la régulation thermique des bâtiments et produire de l’hydrogène par électrolyse. Or, comme le disent le GIEC et l’Agence Internationale de l’Energie, au regard de nos connaissances technologiques actuelles, le caractère pilotable, puissant et concentré sur des espaces réduits,  décarboné, et d’un coût compétitif du nucléaire, fait de cette énergie la meilleure option pour répondre à la hausse massive des besoins en électricité. Il est temps de tenir compte de ces réalités et de revoir la PPE en conséquence.

L’Environnement doit être défendu rationnellement. Un défenseur de l’environnement doit être nommé pour faire des citoyens les garants de la primauté donnée à l’environnement. La plupart des candidats à l’élection présidentielle ont appelé à donner aux citoyens plus d’influence sur les décisions publiques. Pour que la protection de l’environnement, haute priorité du Président élu, associe les citoyens aux décisions, il faut l’incarner dans une autorité indépendante qui transcende le foisonnement des procédures locales et qui veille à la cohérence des décisions concernant ce sujet aux multiples composantes.

La création d’un Défenseur de l’environnement, sur le modèle du Défenseur des droits, constituerait une avancée majeure. Elle donnerait progressivement au droit de l’environnement la même assise juridique qu’aux autres libertés publiques. Et elle garantirait que la défense de l’environnement soit respectée par les futurs gouvernements, quelle que soit leur orientation politique.

Choix énergétiques raisonnés, gouvernance efficace, pérennité et incarnation de la protection de l’environnement, telles sont les conditions de la réussite de la planification écologique.

Xavier Moreno est président du think-tank Cérémé (Cercle d’étude réalités écologiques et mix énergétique).

Pour une vraie gouvernance de la planification écologique et énergétique

Pour une vraie gouvernance de la planification écologique et énergétique

Pour le président du think-tank Cérémé, «il faut d’urgence redéfinir la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE), en réformer la gouvernance en créant un grand ministère de l’Énergie rattaché à celui de l’Economie, et nommer un Défenseur de l’environnement» ( dans l »‘Opinion »)

 

 

Emmanuel Macron a annoncé vouloir faire de la transition écologique et énergétique une priorité de son nouveau quinquennat, sous le contrôle direct du Premier ministre. Il faut s’en réjouir, car les conséquences de la guerre en Ukraine et la hausse à venir des besoins en électricité montrent la nécessité de réformer en profondeur les priorités et la gouvernance de notre politique énergétique, qui sont aujourd’hui obsolètes et inefficaces. Comment ?

Il nous faut un grand ministère chargé de l’énergie, de l’industrie et de la recherche, rattaché au ministère de l’Economie. Depuis 2008, l’énergie est rattachée au ministère de l’Ecologie et la tutelle du secteur public de l’énergie est partagée entre Bercy et l’Ecologie. C’est une erreur car la politique énergétique ne peut en aucun cas se résumer à sa seule composante écologique. Elle comporte des enjeux industriels, de création d’emplois, de compétitivité, de ré-industrialisation, de souveraineté, de financement…

Il faut donc la remettre au centre du village gouvernemental, c’est-à-dire à Bercy, afin de doter le nouveau ministre chargé de la planification énergétique d’une administration puissante, implantée dans tout le territoire, habituée à opérer des arbitrages entre des intérêts divers, qui a directement la main sur la gestion des deniers publics et qui dispose d’une connaissance intime des acteurs de l’économie qui seront impliqués dans cette transition.

Nous devons aussi voter une nouvelle loi de programmation de l’énergie . Le décret d’avril 2020 fixant la PPE est inadaptée pour atteindre nos objectifs climatiques et obsolète au regard des annonces du Président sur la prolongation du parc nucléaire en activité et le lancement de nouvelles centrales.

La guerre en Ukraine et ses conséquences sur le gaz révèle de manière éclatante l’absurdité de l’objectif de réduction de la part du nucléaire en France pour la remplacer par le couple gaz/énergies renouvelables intermittentes. Ce choix, fait par l’Allemagne,la conduit aujourd’hui à rouvrir des centrales à charbon pour réduire sa dépendance au gaz russe alors que grâce au nucléaire et à l’hydraulique, la France bénéficie d’une électricité décarbonée à 92%, qu’elle produit elle-même et paie beaucoup moins cher que ses voisins européens !

L’objectif de réduction du nucléaire ne repose, en outre, sur aucun fondement climatique. Il procède d’un accord politique visant, pour François Hollande, puis pour Emmanuel Macron, à rallier les Verts dont le credo historique s’est construit sur la lutte contre le nucléaire civil, pour des raisons largement irrationnelles si l’on compare les nuisances du couple indissociable énergies renouvelables intermittentes/énergies fossiles, à celles du nucléaire civil.

Enfin, pour réaliser la décarbonation de notre économie, il faudra de plus en plus électrifier nos moyens de transport, les processus de production industrielle,la régulation thermique des bâtiments et produire de l’hydrogène par électrolyse. Or, comme le disent le GIEC et l’Agence Internationale de l’Energie, au regard de nos connaissances technologiques actuelles, le caractère pilotable, puissant et concentré sur des espaces réduits,  décarboné, et d’un coût compétitif du nucléaire, fait de cette énergie la meilleure option pour répondre à la hausse massive des besoins en électricité. Il est temps de tenir compte de ces réalités et de revoir la PPE en conséquence.

L’Environnement doit être défendu rationnellement. Un défenseur de l’environnement doit être nommé pour faire des citoyens les garants de la primauté donnée à l’environnement. La plupart des candidats à l’élection présidentielle ont appelé à donner aux citoyens plus d’influence sur les décisions publiques. Pour que la protection de l’environnement, haute priorité du Président élu, associe les citoyens aux décisions, il faut l’incarner dans une autorité indépendante qui transcende le foisonnement des procédures locales et qui veille à la cohérence des décisions concernant ce sujet aux multiples composantes.

La création d’un Défenseur de l’environnement, sur le modèle du Défenseur des droits, constituerait une avancée majeure. Elle donnerait progressivement au droit de l’environnement la même assise juridique qu’aux autres libertés publiques. Et elle garantirait que la défense de l’environnement soit respectée par les futurs gouvernements, quelle que soit leur orientation politique.

Choix énergétiques raisonnés, gouvernance efficace, pérennité et incarnation de la protection de l’environnement, telles sont les conditions de la réussite de la planification écologique.

Xavier Moreno est président du think-tank Cérémé (Cercle d’étude réalités écologiques et mix énergétique).

Transition énergétique : le programme de Le Pen très proche de celui de Macron

Transition énergétique : le programme de Le Pen très proche de celui de Macron

Dans un article de la Tribune , on considère que le programme énergétique de Le Pen est particulièrement extravagant. Le seul problème c’est que ce programme est très proche de celui de Macron sur la question essentielle du nucléaire.

Macron  lui-même, a déclaré qu’il prolongerait la vie sans indiquer de date des centrales en état de fonctionner. Et dans les faits on pourra prolonger la durée de vie jusqu’à 60 ans au moins .

Le journal fait aussi état de l’intention de Marine Le Pen de construire une vingtaine de centrales nucléaires, ce qui serait une grande différence avec Macron. Or Macr on a annoncé la construction de six centrales et l’étude de huit soit 14. Mais les experts considèrent qu’il faudra en construire effectivement une vingtaine d ici 2050. La seule différence,  c’est que Macron n’annonce pas la couleur clairement. La seule vraie différence concerne la question de la remise en service de Fessenheim fermée prématurément par Macron pour faire plaisir aux écolos mais qui effectivement aurait pu être prolongé de 10 à 20 ans.

La candidate d’extrême droite souhaite  prolonger tous les réacteurs jusqu’à 60 ans. Pour la tribune cette mesure semble, pour le moins, audacieuse. Le gendarme du nucléaire, qui a autorisé en février 2021 la prolongation des réacteurs jusqu’à 50 ans sous réserve d’un réexamen approfondi de chacun d’entre eux et de travaux d’amélioration de la sûreté, ne s’est en effet jamais prononcé sur une prolongation au-delà. « Bien sûr que si on sait faire [prolonger les centrales nucléaires jusqu'à 60 ans, ndlr]« , a insisté Marine Le Pen sur France Inter. « Je vais vous dire pourquoi. La centrale jumelle de Fessenheim, qui se trouve aux Etats-Unis, a été repoussée à 60 ans et il y a zéro problème », a-t-elle ajouté, en omettant totalement les différences qu’il peut y avoir entre les deux sites où ces centrales sont implantées et celles liées à l’exploitation des réacteurs.

La Société française d’énergie nucléaire (Sfen), qui est le lobby de la filière, espère effectivement que la durée de vie des réacteurs pourra se prolonger jusqu’à 60 ans, mais elle souligne bien évidemment qu’il faudra prévoir un nouvel examen de sûreté au passage des 50 ans.

Crise énergétique : Soutenir les initiatives des particuliers

Crise énergétique : Soutenir les initiatives des particuliers

 

Sur 20 millions de maisons individuelles françaises, seules 100.000 sont aujourd’hui équipées de panneaux solaires photovoltaïques, quand il en faudrait 4 millions pour atteindre les objectifs de la Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) pour 2035. La faute à des politiques publiques qui découragent trop souvent les particuliers. Par Marie Juyaux, Directrice générale d’Oscaro Power et Marion Perrin, Directrice scientifique d’Oscaro Power.

 

Des usines françaises à l’arrêt car incapables de payer la facture d’électricité : un exemple parmi tant d’autres qui illustrent les dégâts causés par la crise énergétique que traverse l’Europe depuis plusieurs mois. Pas étonnant quand on sait que le prix de la production d’énergie sur le marché de gros est passé en un an de 3-8 centimes d’euro par kilowattheure à 20-45 centimes d’euro par kilowattheure.

La France affiche d’ailleurs des prix parmi les plus élevés d’Europe sur le marché Spot de l’électricité malgré un parc nucléaire censé faire baisser la note. Plus grave, elle est le seul pays européen à ne pas avoir atteint en 2020 ses objectifs fixés dans le cadre du paquet énergie-climat par l’Union européenne en matière d’énergies renouvelables. Alors que nous devions atteindre une part de 23% d’énergies renouvelables dans notre mix énergétique, nous n’avons pu faire mieux que 19,1%. Ce qui a fait dire à Jean-François Carenco, président de la Commission de régulation de l’énergie (CRE), en décembre dernier à l’occasion du colloque annuel de l’Union française de l’électricité (UFE), que la France était « très en retard » en matière d’énergies renouvelables et que la crise aurait pu être évitée si l’on avait « suivi la feuille de route des énergies renouvelables telle qu’elle était prévue il y a deux ans ».

Il suffit de se tourner vers le solaire photovoltaïque. Atteindre les 4 millions de maisons équipées en autoconsommation en 2035, comme le préconise la PPE de RTE, est impossible si l’on reste dans un schéma classique d’installation réalisée par un professionnel : les installateurs agréés manquent cruellement et cela ne va faire qu’empirer dans les prochaines années.

Le solaire photovoltaïque en auto-installation représente donc une opportunité unique pour rattraper ce retard, si l’on veut bien encourager la pratique et faire sauter un à un les verrous qui empêchent les particuliers de devenir compétents en la matière et de s’approprier la transition énergétique en cours. En effet, selon un sondage Ifop réalisé en février 2022 pour Oscaro Power auprès d’un échantillon de plus de mille personnes, 74% des sondés affirment avoir déjà entendu parler de l’autoconsommation solaire, mais 43% de ces personnes ne savent pas vraiment en quoi cela consiste. Pourtant, quand on leur explique qu’il suffit d’installer chez soi des panneaux solaires pour autoproduire de l’électricité et faire des économies, ils sont 63% à vouloir procéder à cette installation et plus 2 français sur 3 sont prêts à franchir le pas de l’auto-installation.

À l’ère du Do It Yourself, réparer sa voiture, faire soi-même ses travaux de bricolage ou fabriquer un meuble n’est plus inaccessible. En témoigne l’engouement pour les tutoriels sur internet qui ne cessent de conquérir de plus en plus de Français. Le discours public se limite trop souvent à asséner qu’il faut passer par un installateur agrée pour la pose de panneaux solaires photovoltaïques sur sa toiture ou dans son jardin, alors même que le particulier peut tout faire lui-même si on lui en donne les moyens. De même qu’il peut tout à fait revendre le surplus d’énergie solaire produite grâce à son système auto-installé.

Enfin, il convient d’en finir avec les limites que s’imposent les particuliers lorsqu’ils décident de se lancer dans l’installation de panneaux photovoltaïques. Depuis 2017, le code de l’énergie indique que le surplus de production d’un particulier en autoconsommation peut être réinjecté gratuitement sur le réseau jusqu’à une puissance de 3 kilowatts, permettant ainsi à Enedis de l’utiliser. Mais les démarches administratives imposées par le gestionnaire du réseau de distribution d’électricité sont telles que les particuliers préfèrent bien souvent investir dans des systèmes solaires simples et peu coûteux qui brideront automatiquement leur production. On se prive là d’un formidable réservoir d’énergie renouvelable alors qu’il suffirait de libérer le potentiel du solaire photovoltaïque en auto-installation pour atteindre enfin les objectifs que nous nous sommes fixés.

L’indépendance énergétique via la sobriété ?

L’indépendance énergétique via la sobriété ?

 

Avant de penser à ajouter de nouvelles capacités de production coûteuses, il y aurait un intérêt à repenser notre modèle énergétique, estime le militant écologiste Stéphen Kerckhove, Directeur général d’Agir pour l’environnement dans une tribune au « Monde ».

 

Un rappel utile de la nécessité de la sobriété énergétique mais qui ne saurait pour autant constituer le socle d’une politique pour satisfaire des besoins mêmes réévalués d’un point de vue environnemental. Certains gaspillages évoqués par l’auteur paraissent par ailleurs assez anecdotique tandis que d’autres mériteraient un sérieux approfondissement notamment concernant la mobilité , le logement, l’aménagement du territoire, la nature et le volume de l’économie NDLR

 

Tribune.

 

 Le contexte sanitaire et la situation internationale rendent notre époque particulièrement anxiogène. Cette inquiétude semble conduire à un conformisme énergétique qui postule que, pour rompre la dépendance à l’égard des pétromonarchies et autres dictatures gazières, il nous faudrait accroître nos capacités de production renouvelables et nucléaires.

Nonobstant le fait que nos réacteurs nucléaires soient principalement alimentés par de l’uranium kazakh, dont le régime oppresseur n’a rien à envier à l’autoritarisme russe, il est un fait révélateur qui devrait nous interpeller : jamais ou presque le principe d’une sobriété énergétique n’est appréhendé avec sérieux par notre classe politique.

Au mieux est-il vilipendé ou caricaturé, supposant que cette sobriété ne serait qu’une version édulcorée d’une décroissance mal assumée.

Pourtant, avant de penser à ajouter de nouvelles capacités de production coûteuses, n’y aurait-il pas quelque intérêt à repenser notre modèle énergétique en cherchant à produire ce qui est consommé et non pas à consommer ce qui est produit ?

Près de la moitié de la facture électrique des communes est induite par l’éclairage public et pourrait être réduite drastiquement en luttant contre la pollution lumineuse. Réduire de 10 km/h la vitesse autorisée sur autoroute engendre une baisse de la consommation de 14 %. Près de 10 % du trafic aérien est lié aux vols de jets privés, naviguant à vide 40 % du temps.

La moitié des dix milliards de bouteilles plastiques, issues de la pétrochimie, commercialisées en France ne sont pas recyclées ! La décision de déployer la 5G pourrait, selon le Haut Conseil pour le climat, induire une augmentation de notre consommation d’électricité de 16 térawattheures (TWh) et de 40 TWh en 2030, soit entre 5 % et 13 % de la consommation nationale d’électricité du résidentiel et du tertiaire.

 

Des dizaines de milliers de panneaux publicitaires rétroéclairés absorbent unitairement l’équivalent électrique de trois familles de quatre personnes. Nous pourrions multiplier les exemples de gaspillage qui en disent long sur notre addiction à des ressources énergétiques perçues comme infinies et quasi gratuites.

Par peur ou conformisme, notre classe politique mésestime l’intérêt économique d’un grand retour de la « chasse au gaspi ». Faute d’ambition politique inscrite dans le temps et dans l’espace, nos logements demeurent trop souvent des passoires thermiques, nos automobiles, fussent-elles électriques, sont frappées d’obésité, et notre urbanisme tentaculaire, fait de grands projets inutiles et autres hypermarchés, court encore après ce qui fit le succès des « trente glorieuses », qui se mue aujourd’hui en cinquante gaspilleuses.

L’Ukraine révélateur de la vulnérabilité énergétique européenne

L’Ukraine révélateur de la vulnérabilité énergétique européenne

Stéphane Lauer, éditorialiste au « Monde » considère que l’Union européenne doit saisir l’occasion de cette crise pour accélérer la transition énergétique dans un cadre européen plus cohérent, défend dans sa chronique Stéphane Lauer, éditorialiste au « Monde ».

 

 

Chronique. 

« Nous sommes convaincus que l’Europe a besoin d’une politique énergétique commune plus forte (…) qui garantisse l’accès à l’énergie à un prix stable et raisonnable, qui maintienne notre compétitivité industrielle, qui promeuve un développement durable et le passage à une société pauvre en carbone, qui mobilise l’investissement afin de stimuler les perspectives industrielles de demain et qui assure la sécurité d’approvisionnement à tous les Européens. »

Ces phrases auraient pu être prononcées en réaction à l’invasion russe en Ukraine et au choc énergétique qu’elle a provoqué. En fait, elles datent de mai 2010 et sont extraites d’une déclaration commune du Polonais Jerzy Buzek, alors président du Parlement européen, et de Jacques Delors, l’ex-président de la Commission européenne. Près de soixante ans après le lancement de la Communauté européenne du charbon et de l’acier, leur idée était d’amorcer un retour aux sources en redonnant du sens au projet européen grâce à l’énergie.

La question se pose aujourd’hui de comprendre pourquoi, malgré quelques avancées, les belles intentions de l’époque ne se sont pas concrétisées et pourquoi il a fallu attendre l’agression déclenchée par Vladimir Poutine pour réaliser l’étendue de la vulnérabilité énergétique de l’UE.

 « La guerre d’agression russe en Ukraine nous montre de manière dramatique à quel point la sécurité et l’approvisionnement énergétique sont étroitement liés. Nous ne pouvons plus nous permettre d’ignorer cela », reconnaît Patrick Graichen, le secrétaire d’Etat allemand au climat. Il était temps. Si l’aveuglement a été collectif, Berlin a joué un rôle central dans la naïveté dont l’UE a fait preuve. Ni le discours véhément de Poutine contre l’unilatéralisme occidental prononcé en 2007 à la conférence sur la sécurité de Munich, ni le coup de force contre la Géorgie en 2008 n’ont suffi pour convaincre que nos approvisionnements en pétrole et en gaz auprès de la Russie pouvaient, tôt ou tard, poser problème.

Il faut attendre 2009 et une rupture des approvisionnements à l’est de l’Europe provoquée par une brouille russo-ukrainienne sur la rente gazière pour assister au réveil de l’UE, dans lequel la Pologne joue un rôle-clé. « Varsovie peut être critiquable sur d’autres aspects de la construction européenne, mais si nous avions écouté les Polonais à l’époque, nous n’en serions certainement pas là », souligne Thomas Pellerin-Carlin, directeur du centre énergie à l’Institut Jacques-Delors. Mais la Pologne restera isolée jusqu’à ce que la Commission européenne, dans la foulée de l’annexion de la Crimée par la Russie, en 2014, décide enfin d’accélérer la mise en place d’une union de l’énergie.

Pour une stratégie énergétique cohérente

Pour une stratégie énergétique cohérente

« Il n’existe pas à ce jour de carte de déploiement des énergies renouvellables. Chaque filière se développe indépendamment, de façon anarchique et pas toujours rationnelle » estime Pierre Veltz économiste et membre de l’Académie des technologies (interview dans l’Opinion)

Qui dit transition énergétique dit neutralité carbone. Faisable ?

Il y a de nombreux scénarios sur les mix de production énergétique qui permettraient d’atteindre la neutralité carbone en 2050. L’Ademe ou l’association négaWatt ont planché sur le sujet. Le dernier exercice prospectif a été mené par RTE (Réseau de transport d’électricité) dans son étude sur les « Futurs énergétiques 2050 ». RTE donne la priorité à l’électricité, car c’est le vecteur le plus facile à décarboner. Des efforts d’efficacité énergétique, voire de sobriété, permettront de réduire la demande en énergie. Mais dans le même temps, la part de l’électricité progressera fortement, puisqu’elle se substituera progressivement aux énergies fossiles. Elle passerait ainsi de 25% à 55% entre 2020 et 2050. On peut conserver une part de nucléaire, mais, dans tous les cas, il faudra développer massivement les EnR (énergies renouvelables), principalement éolienne, solaire et géothermique. Les besoins énergétiques restants, soit 45%, seraient satisfaits grâce à la biomasse et aux énergies biosourcées.

Ce scénario est-il réaliste ?

Mon interrogation ne porte pas sur le scénario, car si on veut aller vers la neutralité carbone on n’a pas d’autre choix, même si les parts du mix peuvent varier. Je m’interroge sur la façon dont on pilote ce processus, et en particulier le déploiement des EnR sur le territoire français. Aujourd’hui, nucléaire mis à part, on a une énergie dont les infrastructures de base sont très largement en dehors du territoire national. On n’héberge que les terminaux, pétroliers et gaziers. Alors que là, on va vers un système où l’ensemble de la production énergétique est rapatrié sur le territoire. Ça aura un impact très important sur les consommations d’espace et les paysages, largement sous-estimé. Par ailleurs, la question ne porte pas seulement sur les points de production des EnR. Ces énergies ont le défaut d’être intermittentes, avec une synchronisation complexe entre l’offre et la demande. L’énergie solaire qui est produite à un endroit et un moment donnés doit être transportée ailleurs. Il faut donc travailler sur le stockage et les réseaux, la solution étant d’interconnecter à grande échelle ces différentes sources. C’est l’équivalent d’un grand projet industriel à l’échelle du pays et on n’en a pas pris la mesure.

Comment planifier ce déploiement ?

Il n’existe pas à ce jour de carte de déploiement des EnR. Chaque filière se développe indépendamment, de façon anarchique et pas toujours rationnelle. De la même façon, les énergies issues de la biomasse (bois, biogaz et biocarburants) vont consommer des surfaces énormes, qui entreront en conflit avec les autres usages, notamment alimentaires. On a donc besoin d’une vision coordonnée, interrégionale, et pas seulement d’une addition de politiques régionales. Il faut organiser un dialogue entre des approches qui partent des territoires et une instance nationale qui coordonne leur action. On a besoin de reconstruire des visions globales du territoire, avec une planification montante et descendante.

Inflation et crise énergétique : un micro plan de résilience du gouvernement

Inflation et crise énergétique : un micro plan de résilience du gouvernement

 

 

 

L’annonce la plus significative consiste à faire prendre en charge la moitié de la hausse de l’énergie pour les entreprises fortement dépendantes. (Plus de 3 % du chiffre d’affaires). Une condition toutefois : les entreprises devront démontrer que leur facture de gaz ou d’électricité a augmenté de plus de 40% depuis le début de la crise ukrainienne et qu’elles réalisent une perte d’exploitation, a précisé Bruno Le Maire, qui a évalué cette mesure à 3 milliards d’euros .

 

Les pêcheurs vont aussi bénéficier d’une «aide financière exceptionnelle, équivalente à 35 centimes par litre de gazole de pêche», dès «demain matin» et jusqu’en juillet, a annoncé Jean Castex. Les agriculteurs et éleveurs, quant à eux, bénéficieront aussi, pendant quatre mois, d’aides s’élevant à «400 millions d’euros» pour compenser les pertes dues à «l’envolée du coût de l’alimentation animale». Autre mesure, un acompte «de 25% du remboursement de la TICPE sur le gazole non routier» leur sera versé rapidement.

Par contre pour l’instant le gouvernement se limite à la réduction de 0,15 € du carburant pour les entreprises de transport «Les quinze centimes doivent bénéficier aux entreprises de transport», affirme Jean Castex, qui précise que Jean-Baptiste Djebbari, ministre des Transports, doit recevoir les acteurs du secteur pour mieux les accompagner dans cette période de hausse des prix. Le gouvernement entend d’ores et déjà faciliter le remboursement de la taxe intérieure sur la consommation des produits énergétiques (TICPE), qui a normalement lieu à un rythme trimestriel, mais qui pourra désormais être réclamée de manière mensuelle.

Par ailleurs, remise de 15 centimes par litre touchant les prix des carburants va être étendue «au gaz naturel véhicule (GNV) et au gaz de pétrole liquéfié (GPL)».

Toujours dans l’optique de rendre la France moins dépendante du gaz étranger, Barbara Pompili a annoncé un renforcement de «MaPrimeRénov’», afin d’accompagner les ménages dans l’acquisition de «solutions de chauffage renouvelable». Les aides attribuées seront augmentées de 1000 euros, du 15 avril à la fin de l’année 2022.

Le premier ministre a également annoncé des aides spécifiques pour les entreprises exportant une partie de leur production à l’étranger.

Un «appel à projet» va être lancé pour «subventionner, jusqu’à la fin d’année», les projets des acteurs souhaitant se dégager de leur dépendance vis-à-vis des intrants russes. Ces subventions atteindront «15% pour les grands groupes et 35% pour les petites entreprises», a précisé Bruno Le Maire. En outre, les ministres doivent faire remonter des propositions à Jean Castex pour développer des «sources d’approvisionnement alternatives» pour les produits agroalimentaires et intrants critiques, comme le nickel, cuivre, aluminium et titane.

Rappelant l’objectif européen de se dégager du pétrole et du gaz russes d’ici 2027, Jean Castex a notamment plaidé pour un renforcement des capacités d’importations de gaz naturel liquéfié (GNL) et pour augmenter les capacités de production de biogaz. En outre, les stocks de gaz devront être remplis «dès cet été», a affirmé la ministre de la Transition écologique, Barbara Pompili. Des «mesures de simplification» seront présentées pour accélérer le développement des énergies renouvelables, également.

Enfin, d’autres secteurs ont aussi été mentionnés. Bruno Le Maire a notamment détaillé certaines mesures pour le BTP, en demandant l’inclusion de «clauses de révision des prix dans les contrats publics» et en appelant les parties des contrats privés à amender les contrats pour «intégrer les hausses massives de coût».

 

Globalement le micro plan n’est sans doute pas à la hauteur des enjeux surtout si le baril continu de flirter avec les 100 $ et même bien au-dessus. La principale faiblesse réside dans la modestie de la ristourne de 0,15 € sur le carburant alors que le prix de l’essence risque d’augmenter de 50 % sur l’année. De quoi affecter grandement le pouvoir d’achat, donc la consommation et la croissance.

Crise énergétique : un micro plan de résilience du gouvernement

Crise énergétique : un micro plan de résilience du gouvernement

 

 

 

L’annonce la plus significative consiste à faire prendre en charge la moitié de la hausse de l’énergie pour les entreprises fortement dépendantes. (Plus de 3 % du chiffre d’affaires). Une condition toutefois : les entreprises devront démontrer que leur facture de gaz ou d’électricité a augmenté de plus de 40% depuis le début de la crise ukrainienne et qu’elles réalisent une perte d’exploitation, a précisé Bruno Le Maire, qui a évalué cette mesure à 3 milliards d’euros .

 

Les pêcheurs vont aussi bénéficier d’une «aide financière exceptionnelle, équivalente à 35 centimes par litre de gazole de pêche», dès «demain matin» et jusqu’en juillet, a annoncé Jean Castex. Les agriculteurs et éleveurs, quant à eux, bénéficieront aussi, pendant quatre mois, d’aides s’élevant à «400 millions d’euros» pour compenser les pertes dues à «l’envolée du coût de l’alimentation animale». Autre mesure, un acompte «de 25% du remboursement de la TICPE sur le gazole non routier» leur sera versé rapidement.

Par contre pour l’instant le gouvernement se limite à la réduction de 0,15 € du carburant pour les entreprises de transport «Les quinze centimes doivent bénéficier aux entreprises de transport», affirme Jean Castex, qui précise que Jean-Baptiste Djebbari, ministre des Transports, doit recevoir les acteurs du secteur pour mieux les accompagner dans cette période de hausse des prix. Le gouvernement entend d’ores et déjà faciliter le remboursement de la taxe intérieure sur la consommation des produits énergétiques (TICPE), qui a normalement lieu à un rythme trimestriel, mais qui pourra désormais être réclamée de manière mensuelle.

Par ailleurs, remise de 15 centimes par litre touchant les prix des carburants va être étendue «au gaz naturel véhicule (GNV) et au gaz de pétrole liquéfié (GPL)».

Toujours dans l’optique de rendre la France moins dépendante du gaz étranger, Barbara Pompili a annoncé un renforcement de «MaPrimeRénov’», afin d’accompagner les ménages dans l’acquisition de «solutions de chauffage renouvelable». Les aides attribuées seront augmentées de 1000 euros, du 15 avril à la fin de l’année 2022.

Le premier ministre a également annoncé des aides spécifiques pour les entreprises exportant une partie de leur production à l’étranger.

Un «appel à projet» va être lancé pour «subventionner, jusqu’à la fin d’année», les projets des acteurs souhaitant se dégager de leur dépendance vis-à-vis des intrants russes. Ces subventions atteindront «15% pour les grands groupes et 35% pour les petites entreprises», a précisé Bruno Le Maire. En outre, les ministres doivent faire remonter des propositions à Jean Castex pour développer des «sources d’approvisionnement alternatives» pour les produits agroalimentaires et intrants critiques, comme le nickel, cuivre, aluminium et titane.

Rappelant l’objectif européen de se dégager du pétrole et du gaz russes d’ici 2027, Jean Castex a notamment plaidé pour un renforcement des capacités d’importations de gaz naturel liquéfié (GNL) et pour augmenter les capacités de production de biogaz. En outre, les stocks de gaz devront être remplis «dès cet été», a affirmé la ministre de la Transition écologique, Barbara Pompili. Des «mesures de simplification» seront présentées pour accélérer le développement des énergies renouvelables, également.

Enfin, d’autres secteurs ont aussi été mentionnés. Bruno Le Maire a notamment détaillé certaines mesures pour le BTP, en demandant l’inclusion de «clauses de révision des prix dans les contrats publics» et en appelant les parties des contrats privés à amender les contrats pour «intégrer les hausses massives de coût».

 

Globalement le micro plan n’est sans doute pas à la hauteur des enjeux surtout si le baril continu de flirter avec les 100 $ et même bien au-dessus. La principale faiblesse réside dans la modestie de la ristourne de 0,15 € sur le carburant alors que le prix de l’essence risque d’augmenter de 50 % sur l’année. De quoi affecter grandement le pouvoir d’achat, donc la consommation et la croissance.

Crise énergétique : faire aussi payer les pétroliers

Crise énergétique : faire aussi payer  les pétroliers

Un papier du « Monde « suggère de faire payer aussi les pétroliers dans le cadre de la crise énergétique dont ils tirent un peu trop profit. Des profits le plus souvent proportionnels au prix du baril pétrole. 

 

 La pression s’accroît sur les groupes d’énergie. Face à la flambée des cours du pétrole, du gaz et de l’électricité, provoquée par la reprise mondiale post-Covid et amplifiée par les tensions géopolitiques liées à l’invasion russe de l’Ukraine, les principales entreprises du secteur sont appelées à contribuer à l’effort collectif pour surmonter la crise. Les sanctions occidentales et les incertitudes créées par le conflit ont propulsé les prix de l’énergie à des niveaux insoutenables dans la durée pour les consommateurs. Le secteur, dont les profits dépendent largement de l’évolution des cours mondiaux, ne pourra pas rester longtemps à l’écart de la mobilisation des sociétés occidentales pour défendre leurs valeurs, leur souveraineté, tout en accélérant la transition écologique.

La plupart des Etats ont déjà mis en place des dispositifs pour alléger la facture des consommateurs. Mais ces mesures sont très lourdes sur le plan budgétaire. En France, le coût global des « bouclier énergie », « chèque inflation » et autres ristournes dans les stations-service s’élève déjà à près de 30 milliards d’euros. Et les compteurs continuent à tourner. Qui peut prédire la fin des tensions avec la Russie ? Sans oublier que nous entrons dans une ère dans laquelle les prix de l’énergie seront durablement élevés. La diversification de nos approvisionnements pour contourner l’offre russe et surtout la transition énergétique vont inéluctablement renchérir les coûts. L’Etat ne pourra pas jouer les amortisseurs éternellement.

L’idée de taxer les compagnies pétrolières fait son chemin. En France, la démagogie a souvent poussé certains dirigeants politiques à en faire un sport national, au gré des cours du baril. Toutefois, l’épisode actuel n’est pas de même nature. Ces derniers jours, l’Agence internationale de l’énergie, la Commission européenne et l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) ont encouragé l’idée d’un prélèvement exceptionnel sur les profits des grands groupes d’énergie

 Cette initiative, de la part d’institutions qui n’ont rien d’officines marxistes, montre qu’un changement d’époque est en cours. Il s’agit de défendre les intérêts européens face à la Russie, tout en saisissant l’occasion pour diminuer notre dépendance aux énergies fossiles. Il y a un paradoxe évident à ce que ceux qui les produisent soient les principaux gagnants de la séquence.

Tous les acteurs ne sont pas à mettre sur le même pied. Certains, comme les fournisseurs d’électricité ou de gaz, subissent eux-mêmes les fluctuations du marché. En revanche, les pétroliers sont les rentiers d’un contexte exceptionnellement porteur sans qu’ils y soient pour grand-chose. Les mettre à contribution n’aurait rien d’indécent. En 2021, Total a dégagé plus de 13,5 milliards d’euros de bénéfices. En ponctionner une fraction contribuerait à partager les efforts avec les consommateurs et les contribuables, sans que son modèle économique en souffre. Il n’y a aucune raison que de telles entreprises soient au sommet de leur prospérité quand la situation réclame des sacrifices aux moins aisés et à de nombreuses entreprises qui voient leurs coûts de production exploser.

Un peu avant le début de l’offensive russe, le PDG de Total, Patrick Pouyanné, avait annoncé une enveloppe de quelques millions d’euros pour aider ses clients les plus précaires face à la montée des prix. L’initiative n’est plus à la hauteur des enjeux. Au-delà d’une contribution de court terme visant à faire baisser les prix du carburant, il est urgent d’allouer une partie de la rente pétrolière à l’accélération de la transition énergétique.

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