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Vers une réduction consommation énergétique des bâtiments tertiaires

 Vers une réduction consommation énergétique des bâtiments tertiaires

OPINION. À l’heure où l’État français vise une neutralité carbone à horizon 2050, le Dispositif Éco Efficacité Tertiaire (DEET), également appelé « décret tertiaire », n’est pas un énième coup d’épée dans l’eau. Par Alric Marc, fondateur d’Eficia ( dans la Tribune)

 

S’inscrivant dans le prolongement des rapports du GIEC et plus spécifiquement de la loi ELAN promulguée en 2018, cette nouvelle réglementation en vigueur depuis fin 2019 tend à réduire considérablement et progressivement la consommation énergétique des bâtiments tertiaires de l’Hexagone, responsables à eux seuls d’un tiers des émissions de gaz à effet de serre. Elle s’adresse aussi bien aux propriétaires qu’aux locataires de bâtiments dont la surface d’exploitation est supérieure ou égale à 1 000 m2 et constitue de fait un véritable levier de massification de la rénovation énergétique du parc tertiaire, autant public que privé.

Et sa mise en œuvre va prochainement se concrétiser par une première étape le 30 septembre prochain, date à laquelle les entreprises devront impérativement avoir leurs données de consommation énergétique finale de 2020 et 2021 sur la plate-forme Operat de l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (ADEME).

Si de nombreuses mesures imposées par l’État peuvent rimer avec charge supplémentaire et complexité, ce n’est pas le cas du décret tertiaire. L’amende administrative de 1500 euros pour les personnes physiques (et 7500 euros pour les personnes morales) en cas de non-respect pourrait presque paraître facultative tant il est intéressant pour une organisation de suivre cette réglementation, sans que cela ne soit trop fastidieux.

En effet, après avoir déclaré les surfaces auxquelles elle est assujettie et choisi un seuil ou une année de référence liés aux objectifs demandés, le décret lui permet de faire un état des lieux de la construction et d’étudier toutes les solutions d’amélioration possibles pour calculer le retour sur investissement généré. Si celui-ci est inférieur à 6 ans, mais que l’entreprise décide de ne pas effectuer pas les travaux, elle est obligée de le justifier. Cependant, à dire vrai, aujourd’hui, les solutions sur le marché sont rentabilisées en 1 ou 2 ans, d’autant plus si elles sont cumulées. Ce décret constitue un facteur clé dans la levée de certains freins et va agir à plusieurs niveaux, y compris en faveur de l’éducation à la transition écologique de l’ensemble des collaborateurs. Il permet aux entreprises de découvrir des solutions performantes et de faire à termes des économies substantielles surtout en cette période où les montants des contrats de fourniture d’énergie vont potentiellement tripler.

En résumé, tout en offrant aux entreprises la possibilité d’être plus vertueuses via les différentes actions qu’elles doivent entreprendre (améliorer la performance énergétique des bâtiments ; installer des équipements performants et mettre en place des dispositifs de contrôle et gestion active de ces appareils ; faire évoluer le comportement des occupants), le décret tertiaire va permettre de limiter l’impact de l’inflation et accompagner la conduite du changement.

S’il n’existait pas, il faudrait l’inventer. Les entreprises n’ont d’ailleurs plus d’excuses, car de nombreuses aides financières sont proposées par les pouvoirs publics. Par exemple, l’ADEME peut financer 50% du coût d’une assistance à maîtrise d’ouvrage qui réalisera les études et interventions nécessaires au Contrat de performance énergétique (plafond : 100.000 euros). Il est également possible d’activer les Certificats d’économie d’énergie (CEE), accordés sous forme de primes et permettent de réduire le coût des travaux de 30 à 60%.

Toutefois, s’il s’applique déjà aux industriels et aux transports, force est de constater qu’il reste limité dans la mesure où il ne tient pas compte de certains critères fondamentaux, tels que les achats effectués à l’étranger qui engendrent une dette carbone considérable. Il mériterait d’être enrichi pour pouvoir répondre aux problématiques qui peuvent se poser à nous dans ce contexte de crise. Par exemple, pourquoi ne pas instaurer une taxe carbone proportionnelle aux émissions de carbone aux frontières ? Les entreprises pourraient ainsi quantifier dans le détail leur empreinte carbone. En y intégrant certaines données, sa portée impacterait l’ensemble de la chaîne de valeurs d’une organisation et deviendrait mondiale. Mais en dépit de cette analyse, le décret va avoir des effets à la fois en termes sociaux, économiques et environnementaux qui seront ressentis prochainement.

Avec le décret tertiaire, les enjeux sont de taille : réduire les consommations d’énergie d’au moins 40% d’ici à 2030, 50% d’ici à 2040 et 60% d’ici à 2050. Associé au décret BACS (« Building Automation & Control Systems ») qui oblige à installer des systèmes de régulation intelligents à échéance 2025 si la puissance nominale de chauffage du bâtiment est > 290 kW, le retour sur investissement pour une entreprise et ses effets bénéfiques à l’échelle micro comme macro n’en seront que plus rapides. Ces réglementations viennent renforcer l’idée qu’il est temps, plus que jamais, d’agir pour l’avenir, mais qu’il reste aussi beaucoup à faire.

 

Politique énergétique: L’aveuglement écologique de l’Allemagne

Politique énergétique: L’aveuglement écologique de l’Allemagne

 

La guerre en Ukraine a mis en évidence le danger de la dépendance énergétique des pays européens à la Russie, résultat de choix relevant davantage de calculs politiques que de stratégie de long terme. Le renoncement au nucléaire en Allemagne le montre aujourd’hui, et doit pousser l’Europe à réintégrer l’énergie atomique pour s’assurer une production électrique indépendante. Par Didier Julienne, Président de Commodities & Resources (*). ( la Tribune)

 

Il y a 9 ans déjà que nous envisagions qu’Angela Merkel réatomise l’Allemagne, car sa stratégie semblait déjà intenable. Il y a 2 ans nous écrivions ici même dans un second « et si Angela Merkel réatomisait l’Allemagne » que « sans ressources, avec une diplomatie fragile parce qu’également dé-mondialisée mais sans désir de souveraineté énergétique, l’Europe et l’Allemagne seront dans une position gazière difficile. »

Aujourd’hui, c’est Vladimir Poutine qui jette aux yeux de l’Europe l’erreur nucléaire allemande. Sans gaz russe, il n’existe plus d’industrie allemande, et Berlin doit donc ou bien conserver ses centrales à charbon et lignite pour adosser son électricité renouvelable, ou bien ses centrales nucléaires.

Justement, quelle vision de l’atome pouvons-nous discerner sachant que les marchés énergétiques se ressemblent tous, mais que les marchés énergétiques nucléaires sont différents chacun à leur façon?

Il y a premièrement l’intumescence de l’histoire et l’ubris. L’Allemagne commet la faute d’abandonner le nucléaire à cause de son aveuglement écologique. 40 ans plus tard, car l’énergie c’est le temps long, le ministre allemand des Finances reconnait que cette stratégie énergétique allemande est une erreur, car basée sur la dépendance du renouvelable adossée et sécurisée de façon illusoire par du gaz, du charbon et du pétrole russes, et non pas sur une énergie décarbonée nationale, comme le nucléaire.

Notons au passage une autre vérité cachée par le dogme écologique : les fameux 400.000 emplois énergétiques verts allemands dans l’éolien et le solaire sont bien adossés à des emplois noirs dans le charbon, le lignite ou le gaz. Si ces derniers tombent, les premiers tombent également, comme le démontre le retour de l’électricité charbonnière cette semaine outre-Rhin, en Autriche et aux Pays-Bas pour adosser les renouvelables privées du back-up du gaz russe.

La France a préféré l’indépendance énergétique du nucléaire à toute autre considération. C’est-à-dire qu’en ce qui concerne le carbone, elle a déjà réalisé sa transition énergétique il y a 50 ans, dans les années 1970. Mais, curieusement, la génération de boomers qui voyait du haut de ses vingt ans cette souveraineté se construire aura tout fait pour la déconstruire pendant les 50 années suivantes, à l’aide d’une doxa sous domination de l’écologie allemande. L’échec énergétique berlinois actuel est donc le moteur puissant qui replace le nucléaire parisien sur sa trajectoire d’il y a 50 ans, c’est-à-dire le cycle fermé.

La Russie ou l’Ukraine n’ont jamais remis en cause l’électricité nucléaire malgré le drame de Tchernobyl. Au contraire, Moscou n’a cessé de progresser dans ce domaine au point que Rosatom conquière le leadership mondial, profitant du vide laissé par la calamiteuse gestion d’Areva puis de sa faillite à cause de la désastreuse opération Uramin. Si Areva n’avait pas été société nationale, elle aurait sans doute été découpée, vendue et désindustrialisée comme Alstom, créant là aussi des fortunes.

La Chine a également profité des 20 dernières années pour considérablement progresser et bâtir une future énergie électrique moins charbonnée indépendante et basée sur l’hydraulique, l’éolien et le nucléaire.

Enfin les États-Unis, anciens leaders mondiaux, se sont remis au travail pour revenir aux premières places de l’énergie nucléaire.

Ces stratégies mettent en évidence que l’ubris, la souveraineté, l’indépendance, la conquête sont les moteurs des Doctrines Énergétiques et des Solidarités Stratégiques des pays qu’ils soient des démocraties fonctionnant sous des contraintes économiques et environnementales ou bien des régimes non démocratiques sans ces mêmes contraintes.

Le temps qui s’est écoulé en France depuis les années 1990 correspond au temps politique pour qu’une erreur antinucléaire « à la mode » d’une ancienne génération soit reconnue comme une erreur sternutatoire par la suivante et que celle-ci la dissolve dans la solution: le retour du nucléaire.

Le temps est long dans l’énergie, il ne faut donc pas se tromper.

C’est pourquoi Berlin peut dire avec exactitude que soudainement, le temps d’une guerre, les prix de l’électricité actuels permettent aux renouvelables d’être rentables, mais l’erreur est de ne pas voir qu’ils sont hors de prix pour les consommateurs.

En d’autres termes, des renouvelables rentables parce que les prix de l’électricité sont élevés à cause du prix du gaz russe, c’est d’autant moins la solution que cette Doctrine énergétique aura facilité la catastrophe russo-ukrainienne.

Se tromper dans l’énergie en Allemagne c’est également être obligé de rouvrir des centrales à lignite lorsque le gaz russe n’est plus livré.

Se tromper dans l’énergie en Allemagne, et en France aussi, c’est prendre le risque, d’une part, de protestations dont Paris a connu les affres il y a 4 ans à cause d’amateurisme politique et, d’autre part, le risque d’un déclassement économique à cause d’une électricité chère et plus coûteuse que celle de pays concurrents, face à laquelle des taxes carbone aux frontières ne pèseront pas lourd.

Désormais, compte tenu des interdépendances électriques européennes, la nouvelle politique énergétique de Berlin ne peut pas se permettre de se tromper, en s’imposant à elle-même et à l’Europe une deuxième stratégie énergétique catastrophique en moins de 50 ans.

Au contraire, l’Allemagne doit faire sa révolution des idées, re-nucléariser son électricité et la coupler avec ses renouvelables plutôt que de compter sur son lignite ou le gaz russe. Révolution des idées, car ce nucléaire moderne doit faire office de nettoyeur de nos déchets nucléaires actuels. Il doit brûler dans des réacteurs à neutrons rapides (RNR) des charges atomiques qui seront formées du combustible usagé d’aujourd’hui. La France doit également s’engager résolument sur ce chemin, car l’intérêt est que là où 140 tonnes d’uranium minier sont nécessaires dans une centrale actuelle pour produire 1GWatt d’électricité, il suffit de 1,4 tonne (100 fois moins) de déchet gratuit pour produire la même quantité d’électricité dans un RNR. La Chine, le Japon l’Inde et la Russie sont en avance dans ce domaine, le RNR Brest-OD-300 de Rosatom est ainsi prévu d’être achevé en 2026.

Gratuit en effet, puisque ces déchets recyclés en nouveau carburant dans l’économie circulaire européenne du nucléaire sont déjà stockés en Allemagne ou en France ! Ils nous assurent donc une indépendance vis-à-vis de l’uranium minier et d’autres fournitures et donc une réelle souveraineté, car nous disposons de quantités de combustible usagé capable de produire notre électricité pendant 3. 000 ans à 10 .000 ans.

L’imprécision des chiffres est ici un avantage, car une durée si longue transforme l’électricité nucléaire en renouvelable vertueux puisque cette économie circulaire du nucléaire assure une quantité d’électricité sans déchets, pilotable, abondante et à un prix européen maîtrisé pour toujours.

Maîtrisé en effet, puisque la matière première, le combustible recyclé, est déjà chez nous. Pour toujours également, car après 3 000 ans à 10 000 ans, cette électricité pilotable, non intermittente, nous aura permis de découvrir une nouvelle forme d’énergie.

Cette dernière sera peut-être celle du thorium ou l’abandon de la fission nucléaire et l’embarquement pour ITER et la fusion nucléaire, l’énergie des étoiles. Là, deux seaux d’eau de mer permettront à chaque Français d’avoir de l’électricité pour une vie entière, sans engendrer de déchets.

La difficulté de cette perspective n’est pas technique, mais politique, car cette indépendance électrique anéantit un dogme écologiste commun à l’Allemagne et la France. Dès lors qu’ils sont brûlés en produisant de l’électricité, le problème des déchets est supprimé. Nous sommes donc bien face à un choix qui nécessite des personnels politiques qui comprennent vraiment la technique plutôt que la communication.

Comme l’écrivait une philosophe des manœuvres politiques : « Le mensonge est souvent plus plausible, plus tentant pour la raison que la réalité, car le mensonge possède le grand avantage de savoir d’avance ce que le public souhaite entendre ou s’attend à entendre. »

La fermeture programmée de tous les réacteurs allemands (mais peut-être leur prolongement après 2022), la fermeture de Fessenheim (c’est bien dommage), l’abandon du programme Astrid sur les RNR (regrettable), les petits réacteurs modulaires (sans commentaire), les EPR et demain les réacteurs à neutrons rapides ou Iter: la souveraineté électrique ne peut s’établir dans l’inconstance politique zigzagante en fonction de vogues électorales.

Elle peut en revanche se durcir à cause d’une guerre. C’est pourquoi ce ne sera ni Angela Merkel ni son successeur qui seront les responsables d’une électricité allemande et européenne réatomisée, mais Vladimir Poutine et c’est bien là tout le paradoxe.

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(*) Didier Julienne anime un blog sur les problématiques industrielles et géopolitiques liées aux marchés des métaux. 

La sobriété énergétique passe par des investissements et l’IA

La sobriété énergétique passe par des investissements et l’IA

Il  faudra  d’importants investissements et recourir aux outils de pilotage basés sur l’intelligence artificielle pour que cette sobriété soit réellement efficiente estimenet dans La Tribune José Iván García, PDG de Substrate AI, et Christopher Dembik, économiste et membre du conseil d’administration de Substrate AI.

 

Quelles sont les dépenses les plus énergivores pour un ménage et pour une entreprise ? En haut de la liste, on retrouve en général le triptyque chauffage, ventilation et climatisation (ou CVC, dans le jargon).

Prenons le cas des salles de cinéma. La France en compte environ plus de 2.000 réparties sur tout le territoire. Selon un rapport du Centre national du cinéma et de l’image animée rendu public le 8 juin dernier, le chauffage, la ventilation et la climatisation comptent pour 69 % des dépenses énergétiques. C’est énorme. L’ampleur est tout aussi importante dans de nombreux autres secteurs d’activité. Au moment où les prix énergétiques ne cessent de grimper (la semaine dernière, le prix de l’électricité en France a atteint un niveau record à 495 euros le MWh pour une livraison dans un an), beaucoup d’entreprises sont dans l’urgence de réduire leur facture énergétique.

S’ajoutent à cela les impératifs de la transition énergétique. Plusieurs décrets ces dernières années incitent les entreprises à adopter une trajectoire de réduction de la consommation énergétique. Par exemple, le décret « tertiaire » de 2019 oblige les bâtiments à usage tertiaire et dont la surface d’exploitation est supérieure ou égale à 1.000 m2 à atteindre 40 % d’économies d’énergie d’ici 2030. C’est demain. Une grande partie du parc français de salles de cinéma est concernée. Mais d’autres activités aussi.

Comment faire des économies d’énergie ? La sobriété énergétique est la réponse immédiate. Vous allez entendre cette expression quasiment quotidiennement dans les médias dans les mois à venir. Cela consiste à consommer moins, consommer autrement, comme l’indique en toutes lettres le plan sobriété énergétique du gouvernement présenté le 8 juillet dernier. Concrètement, cela implique trois types d’actions :

1° Travailler sur le regroupement des besoins. Il s’agit, par exemple, de travailler avec les municipalités et les associations pour qu’elles aient des créneaux horaires qui soient regroupés sur des périodes plus restreintes afin de ne pas distiller le chauffage ou encore travailler avec les entreprises du tertiaire afin que le télétravail se massifie et ainsi réduire les températures de consignes ces jours-là (c’est ce que prévoit le plan d’efficience énergétique espagnol présenté en mai dernier pour les administrations publiques)

2° Les écogestes. Les possibilités sont presque infinies : baisser d’un degré la température dans les bâtiments, réduire les horaires d’ouverture des piscines municipales, ne pas recharger son ordinateur portable pendant les heures de pointe sur le réseau électrique mais la nuit (les performances des nouvelles puces M1 et M2 d’Apple sont extraordinaires en termes de consommation), ne plus porter de cravate comme le préconise le Premier ministre espagnol, Pedro Sanchez, ou encore demander à son fournisseur d’énergie un double tarif avec heure pleine/heure creuse afin de consommer intelligemment. Il faudra parfois mettre en concurrence les fournisseurs pour y parvenir. Tout cela suppose, au préalable, une campagne de sensibilisation du gouvernement à destination du grand public.

3° Prévoir des équipements et/ou des travaux afin d’économiser l’énergie. Plusieurs options sont possibles : installer des capteurs et objets connectés qui permettent de réguler l’énergie des sites en prenant en compte les périodes où il n’y a personne ou encore opter pour le relamping qui consiste à remplacer l’éclairage ancien par des luminaires LED. Simple mais efficace.

Les deux premiers types d’action n’ont un effet positif réel sur la consommation énergétique qu’à condition qu’il y ait une prise de conscience collective. C’est incertain. En revanche, certaines actions peuvent entraîner des conséquences positives immédiates et impressionnantes, comme le relamping qui peut diminuer la consommation électrique parfois jusqu’à 80 % ! Ce sont des actions rapides et impactantes. Elles peuvent être mises en œuvre dès aujourd’hui. Mais il faut aussi prévoir de s’inscrire dans le temps long, afin de baisser encore plus et durablement la consommation.

L’intelligence artificielle (IA) est une des solutions possibles. Cela peut induire d’opter pour des sources d’énergies renouvelables (comme la récupération de chaleur) couplées avec des outils de pilotage se basant sur l’IA. C’est ce que propose Dalkia, spécialiste français de la transition énergétique des industriels, avec Dalkia Analytics, par exemple. En Espagne, le groupe d’ingénierie SENER (un géant local) a révolutionné l’énergivore segment du CVC grâce à une technologie adossée à de l’IA. Sa technologie Respira s’intègre dans une couche supérieure du système SCADA (Système de contrôle et d’acquisitions de données en temps réel) en utilisant tous les systèmes d’infrastructure existant sans investissements importants (système Plug & Play). C’est un point important. Beaucoup d’entreprises sont disposées à fournir des efforts dans le domaine de la transition énergétique mais le contexte est peu favorable à des investissements immédiats coûteux. A ce système s’ajoute une brique technologique IA qui, par exemple, s’assure d’un niveau minimal de qualité de l’air ou détermine automatiquement et en temps réel le degré de confort des utilisateurs à l’intérieur des installations. Il n’y a plus besoin d’intervention humaine. Un système de maintenance prédictive permet également de détecter de manière précoce les pannes éventuelles. Les résultats sont impressionnants. Dans le métro de Barcelone (128 stations souterraines, 324 ventilateurs, plus d’un million d’usagers par jour), cela a permis de réduire de 25,1% la consommation énergétique moyenne, de diminuer la température de 1,3°C en moyenne et d’augmenter la satisfaction des usagers de plus de 10%.

Si la Russie décide de couper définitivement l’approvisionnement en gaz à l’Europe (ce qui n’est pas exclu), il faudra s’attendre à un rationnement de l’énergie cet hiver (voire dans certains cas à un blackout – c’est lorsque la puissance appelé par les consommateurs ne peut plus être produite par les usines d’électricité, incapables de fournir toute la puissance demandée). La sobriété énergétique est une priorité de politique publique. Les écogestes sont une solution de court terme. Il n’est pas certain pour autant que cela permette d’éviter un rationnement. En revanche, nous pouvons éviter dès à présent de mettre en péril les objectifs de réduction de la consommation dans le cadre de la transition énergétique. Cela suppose d’investir dès maintenant dans les nouvelles technologies qui vont permettre de réduire significativement et sur le très long terme la consommation. C’est en particulier l’IA.

Concept de » Sobriété énergétique »: Un slogan pour éviter des changements structurels

Concept de » Sobriété énergétique »: Un slogan pour éviter des changements structurels 

 

Yamina Saheb membre du GIEC, Experte des politiques d’atténuation du changement climatique estime dans le Monde  que  la mise en place de politiques de sobriété nécessite une métamorphose de l’économie qui va bien au-delà du plan annoncé par Emmanuel Macron. 

On ne peut que se féliciter de l’émergence de la sobriété dans le débat public comme solution à la crise énergétique. Le concept de sobriété n’est pas nouveau, il remonte à la Grèce antique. La Thaïlande a été le premier pays à en faire la colonne vertébrale de sa politique de développement, alors que la France est le seul pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques à avoir inscrit la sobriété dans sa loi sur la transition énergétique.

Malheureusement, la vision française de la sobriété se limite à sa dimension énergétique et ignore les autres composantes de la sobriété identifiées dans le rapport III du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC). En effet, ce rapport définit les politiques de sobriété comme étant « un ensemble de mesures et de pratiques du quotidien qui évitent la demande en énergie, matériaux, sol et eau tout en assurant le bien-être pour tous dans les limites planétaires ».

La sobriété n’est pas l’austérité ! Bien au contraire, les politiques de sobriété préservent l’accès pour tous aux services essentiels en éliminant les consommations superflues des plus aisés. Et contrairement aux idées reçues, les citoyens ne pourront avoir des comportements sobres que si, et seulement si, les politiques publiques mettent d’abord en place les solutions nécessaires pour que les activités essentielles au bien-être de tous se déroulent dans le respect des limites planétaires.

Les politiques de sobriété nécessitent de considérer à la fois les aspects dimensionnels, coopératifs et l’usage des biens et services mis à la disposition des citoyens. La sobriété dimensionnelle consiste à mettre sur le marché des produits (voitures, logements, électroménager) qui correspondent aux besoins des citoyens. La sobriété coopérative revient, elle, à mettre en œuvre une organisation collective de l’espace de façon à permettre une mutualisation importante des services essentiels – ainsi pour la mobilité grâce aux transports en commun. La sobriété d’usage vise à éliminer l’obsolescence programmée des appareils et équipements et à mieux les utiliser. Il est clair que les citoyens ne pourront agir que sur l’utilisation des appareils dont ils disposent. Par conséquent, réduire la sobriété aux changements de comportement des individus serait une erreur fatale car les citoyens sont en vérité enfermés dans les solutions autorisées par les politiques publiques.

Sans surprise, la vision de la sobriété par les patrons d’Engie, EDF et TotalEnergies se limite aux changements de comportement. Les énergéticiens français s’inscrivent dans la continuité de la stratégie bien rodée de désinformation, développée par les pétroliers américains pour détourner l’attention des pouvoirs publics des changements structurels nécessaires pour éliminer l’utilisation des énergies fossiles. La sobriété telle que préconisée par les énergéticiens français déclencherait, si les pouvoirs publics la mettaient en œuvre, une crise sociale sans précédent.

 

 

 » Sobriété énergétique »: Un slogan pour éviter des changements structurels

 » Sobriété énergétique »: Un slogan pour éviter des changements structurels 

 

Yamina Saheb membre du GIEC, Experte des politiques d’atténuation du changement climatique estime dans le Monde  que  la mise en place de politiques de sobriété nécessite une métamorphose de l’économie qui va bien au-delà du plan annoncé par Emmanuel Macron. 

On ne peut que se féliciter de l’émergence de la sobriété dans le débat public comme solution à la crise énergétique. Le concept de sobriété n’est pas nouveau, il remonte à la Grèce antique. La Thaïlande a été le premier pays à en faire la colonne vertébrale de sa politique de développement, alors que la France est le seul pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques à avoir inscrit la sobriété dans sa loi sur la transition énergétique.

Malheureusement, la vision française de la sobriété se limite à sa dimension énergétique et ignore les autres composantes de la sobriété identifiées dans le rapport III du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC). En effet, ce rapport définit les politiques de sobriété comme étant « un ensemble de mesures et de pratiques du quotidien qui évitent la demande en énergie, matériaux, sol et eau tout en assurant le bien-être pour tous dans les limites planétaires ».

La sobriété n’est pas l’austérité ! Bien au contraire, les politiques de sobriété préservent l’accès pour tous aux services essentiels en éliminant les consommations superflues des plus aisés. Et contrairement aux idées reçues, les citoyens ne pourront avoir des comportements sobres que si, et seulement si, les politiques publiques mettent d’abord en place les solutions nécessaires pour que les activités essentielles au bien-être de tous se déroulent dans le respect des limites planétaires.

Les politiques de sobriété nécessitent de considérer à la fois les aspects dimensionnels, coopératifs et l’usage des biens et services mis à la disposition des citoyens. La sobriété dimensionnelle consiste à mettre sur le marché des produits (voitures, logements, électroménager) qui correspondent aux besoins des citoyens. La sobriété coopérative revient, elle, à mettre en œuvre une organisation collective de l’espace de façon à permettre une mutualisation importante des services essentiels – ainsi pour la mobilité grâce aux transports en commun. La sobriété d’usage vise à éliminer l’obsolescence programmée des appareils et équipements et à mieux les utiliser. Il est clair que les citoyens ne pourront agir que sur l’utilisation des appareils dont ils disposent. Par conséquent, réduire la sobriété aux changements de comportement des individus serait une erreur fatale car les citoyens sont en vérité enfermés dans les solutions autorisées par les politiques publiques.

Sans surprise, la vision de la sobriété par les patrons d’Engie, EDF et TotalEnergies se limite aux changements de comportement. Les énergéticiens français s’inscrivent dans la continuité de la stratégie bien rodée de désinformation, développée par les pétroliers américains pour détourner l’attention des pouvoirs publics des changements structurels nécessaires pour éliminer l’utilisation des énergies fossiles. La sobriété telle que préconisée par les énergéticiens français déclencherait, si les pouvoirs publics la mettaient en œuvre, une crise sociale sans précédent.

 

 

Le pouvoir d’achat enterre la transition énergétique

Le pouvoir d’achat enterre la transition énergétique

 

Un papier du monde critique la politique du pouvoir qui , au moins provisoirement, enterre la transition énergétique au profit du pouvoir d’achat. En défendant le pouvoir d’achat sans cibler les ménages les plus modestes, les oppositions mettent en péril le nécessaire désengagement des énergies fossiles et font preuve d’une coupable myopie.

 

L’urgence de la transition énergétique s’est encore manifestée au niveau européen, mardi 26 juillet, avec l’adoption d’un objectif coordonné des Vingt-Sept d’une réduction de 15 % de leur consommation de gaz d’ici à mars 2023. Cet accord vise à répondre à l’imminence d’une coupure des approvisionnements en provenance de Russie. Il s’agit clairement d’un geste de solidarité, alors que tous les pays ne sont pas dépendants au gaz russe dans les mêmes proportions. L’économie allemande fait partie de celles qui seraient les plus vulnérables à des pénuries. Mais, au regard de son poids au sein des échanges de l’UE, son affaiblissement aurait d’importantes répercussions dans les autres pays.

Dès lors, même si la Hongrie n’a pas signé l’accord, le principe d’une coordination des efforts à l’échelle européenne s’imposait, aussi bien sur le plan politique, pour faire bloc face à Vladimir Poutine, que sur le plan économique, pour limiter autant que possible l’impact d’une coupure totale de gaz russe.

La crise énergétique provoquée par la guerre en Ukraine doit être abordée comme une occasion d’accélérer la transition énergétique, qui, au-delà des impacts géopolitiques du conflit, s’impose à l’UE pour lutter contre le réchauffement climatique. C’est cet objectif qui doit maintenant primer. La France semble malheureusement avoir du mal à s’y résoudre. Par crainte de casser une croissance devenue très fragile, son gouvernement s’est tardivement converti à la sobriété, en affichant l’objectif de réduire de 10 % en deux ans sa consommation d’énergie. La première ministre, Elisabeth Borne, vient tout juste d’adresser une circulaire aux administrations pour leur demander de faire preuve d’exemplarité. Mais le gros de la bataille concerne les Français eux-mêmes, et rien, en l’état actuel, ne les prépare à la révolution, nécessairement douloureuse, qu’ils vont devoir accomplir.

Les débats tendus à l’Assemblée nationale autour des mesures destinées à préserver le pouvoir d’achat et à leur financement en sont une flagrante illustration. Pour atténuer l’impact de la flambée du prix du fuel et de l’essence, le gouvernement avait imaginé des dispositifs ciblés sur les ménages les plus modestes. Son but était de limiter le coût des subventions aux énergies fossiles, au moment où toutes les politiques publiques doivent tendre vers les économies et le développement des énergies propres.

Or, la droite a obtenu qu’une ristourne, portée à 30 centimes par litre d’essence, continue de s’appliquer à tous les consommateurs, quels que soient leurs revenus, à la rentrée. Avec l’appui du RN et de la Nupes, elle a également fait voter, contre l’avis du gouvernement, une aide de 230 millions d’euros destinée à aider les foyers à remplir leur cuve de fioul, sans distinction de revenus.

Après une campagne électorale presque exclusivement axée sur le pouvoir d’achat, on peut comprendre que chaque groupe d’opposition soit incité à faire assaut de surenchère sur le sujet. Les difficultés rencontrées par les ruraux sont indéniables, qu’ils soient actifs ou retraités, gros rouleurs ou non. Tout comme celles des bas revenus, qu’il faut aider. Mais la transition écologique est une affaire trop sérieuse pour être à ce point négligée. Plus les aides au pétrole perdureront, plus les habitudes de consommation seront difficiles à changer. Il est regrettable que, pour des raisons purement électoralistes, la représentation nationale ait fait à ce point mine de l’ignorer, ratant l’occasion d’un moment essentiel de pédagogie.

Transition énergétique : Recourir davantage à l’innovation

 Transition énergétique : Recourir davantage à l’innovation

La transition énergétique pour réduire notre dépendance aux hydrocarbures est devenue un enjeu majeur, notamment en Europe. Plusieurs pistes existent mais certaines, notamment celles qui font appel à l’innovation et à l’intelligence artificielle, mériteraient d’être plus amplement développées. Par José Iván García, PDG de Substrate AI, et Christopher Dembik, économiste et membre du conseil d’administration de Substrate AI. (dans la Tribune)

 

Au cours des dernières années, l’Union européenne a activement financé les sources d’énergie renouvelables intermittentes dans le cadre de la transition vers une économie faiblement carbonée. Jusqu’à présent, c’est un échec. L’objectif initial d’être moins dépendant des énergies fossiles n’est pas atteint. Dans les faits, notre dépendance s’est accrue. Les importations de gaz naturel ont augmenté (pour la première fois de notre histoire, nous importons plus de gaz naturel des Etats-Unis que de Russie, du fait de la guerre en Ukraine). Les centrales à charbon rouvrent par crainte des pénuries (celle de de Saint-Avold en Moselle, par exemple). Nous sommes loin d’être en mesure de réduire les émissions de gaz à effet de serre d’au moins 55 % d’ici à 2030 par rapport aux niveaux de 1990 comme nous nous y étions engagés en 2021. Le gaz naturel est le principal vainqueur de la transition énergétique en Europe. C’est la triste réalité. Mais les choses peuvent changer en comptant sur les derniers développements technologiques.

Comment réussir à développer une économie faiblement carbonée ? Il y a deux leviers principaux : soit agir sur la demande, soit agir sur l’offre. Agir sur la demande implique de mieux voire de moins consommer. C’est le sens de l’appel formulé par les dirigeants d’EDF, d’Engie et de TotalEnergies il y a un peu plus d’une semaine. Concrètement, cela s’appelle la décroissance. Beaucoup d’Européens sont prêts à changer leur mode de consommation. Mais pas tous. Peu sont prêts à ce que le changement soit radical. Dans tous les cas, mieux voire moins consommer est un processus qui prendra du temps et qui est certainement en partie un changement générationnel. Pour des raisons évidentes, les jeunes générations (génération X de 1980 à 2000 et génération Z à partir de 2000) sont plus sensibilisées à la question climatique que la génération du baby-boom.

Agir sur l’offre est un levier plus pertinent et efficace à court-terme, selon nous. Cela implique d’investir davantage dans les infrastructures énergétiques (y compris dans les infrastructures de raffinage qui sont essentielles dans le processus de transition) et dans les nouvelles technologies afin d’améliorer l’efficacité énergétique et d’obtenir des gains de productivité. Le champ des possibles en la matière est infini. Les énergies renouvelables non-pilotages (solaire et éolien) ont une utilité actuellement faible dans le mix énergétique car elles ne peuvent pas fournir une source d’énergie constante. Mais la technologie peut aider. De grands projets industriels cherchent aujourd’hui à résoudre le problème de l’intermittence liée à l’énergie éolienne, par exemple. Au lieu d’augmenter le nombre de parcs éoliens offshore connectés individuellement aux réseaux nationaux (ce qui accroît les coûts et réduit l’efficacité systémique), l’opérateur d’électricité néerlandais TenneT promeut l’idée d’îles artificielles en mer du Nord servant de hubs pour distribuer l’électricité de manière optimisée aux pays voisins. Il s’agit d’un projet pilote. Il faudra des années pour le déployer. Mais s’il réussit, il pourrait accélérer l’adoption en masse de l’énergie éolienne.

Les nouvelles technologies sont également prometteuses pour favoriser l’émergence d’une économie décarbonée. La start-up danoise Copenhagen Atomics construit actuellement un premier réacteur de thorium à sels fondus et à eau lourde. Une fois qu’il sera opérationnel, il sera en mesure de détruire les déchets nucléaires et d’être fabriqué en masse. Le thorium est à l’origine d’une révolution dans le domaine de l’énergie nucléaire. Ce métal, découvert en 1829, est légèrement radioactif, énergétiquement dense (1kg de thorium équivaut à 3,5 millions de kilos de charbon), quatre fois plus abondants que l’uranium et surtout il produit moins de déchets que ce dernier (83 % des volumes des déchets sont neutralisé en dix ans). La Chine projette d’avoir ses premières centrales au thorium opérationnelles en 2030. Grâce à Copenhague Atomics, l’Europe pourrait rattraper son retard.

Les récentes innovations technologiques permettent aussi d’espérer pouvoir tirer parti des forces de l’océan. La start-up française Sweet Energy a développé une technologie adaptée pour l’énergie osmotique – c’est l’énergie produite lorsqu’un flux d’eau douce rencontre un flux d’eau salée. La production générée chaque année au niveau mondial est en mesure, en théorie, de couvrir les besoins en consommation de la planète entière sur un an. C’est énorme. Cela fait à peu près 75 ans qu’on a identifié le potentiel de l’énergie osmotique. Jusqu’à présent, les technologies mises au point fonctionnaient mais elles restaient très chères. Ce sont des technologies de membranes (concrètement, on fait circuler des flux d’eau douce et d’eau salée pour qu’il y ait un échange ionique qui se crée dans la membrane). Le coût de fabrication des membranes était trop important, faisant que la production d’énergie n’était pas abordable. La recherche française a récemment réussi à produire des membres qui sont environ dix fois moins chères et dix fois plus performantes.

De toutes les technologies évoquées, l’intelligence artificielle est certainement celle qui est la plus prometteuse à court terme afin de résoudre les problèmes d’intermittence propres à l’éolien et au solaire. Substrate AI travaille avec Canadian Solar, l’une des plus grandes sociétés productrices d’énergie solaire et de stockage d’énergie mondial, sur deux projets pilotes dont l’un devrait entrer en phase commercialisable cette année. Le premier projet concerne la maintenance prédictive – l’un des casse-têtes récurrents du secteur de l’énergie. Les onduleurs (qui servent à convertir l’énergie produite vers le réseau électrique) sont les éléments qui provoquent le plus de problèmes pour la production d’énergie solaire. Quatre facteurs principaux peuvent provoquer des pannes : une utilisation excessive, une surtension et une sous-tension, des vibrations ultrasonores (qui peuvent provoquer des frottements et endommager les onduleurs) et l’usure des condensateurs (ils ont une durée de vie limitée et vieillissent plus rapidement que les autres composants, provoquant ainsi une panne de l’onduleur). Lorsque cela se produit, la production d’énergie solaire peut chuter de plus de 20 % en moyenne. Grâce à l’intelligence artificielle (ici, on parle bien de machine learning qui soit en mesure d’apprendre et de s’adapter aux évènements), il est possible de détecter en amont les anomalies et de prévoir les pannes avant qu’elles ne se produisent au niveau des onduleurs, évitant ainsi la diminution de production qui en résulterait. A la clef, des gains d’efficacité opérationnelle et des économies de coût importantes.

Prévoir l’évolution de la production d’énergie solaire grâce à l’intelligence artificielle est le second angle de recherche. Aujourd’hui, dans la plupart des pays, des négociants achètent pour revendre (ou inversement) l’énergie solaire avant que celle-ci ne soit livrée aux clients finaux via le réseau. Cela assure la liquidité du système (ce qui est essentiel puisque nous ne sommes pas en mesure de prévoir l’évolution de la production !). Mais cela accroît le coût final. L’objectif est de désintermédier le marché en permettant aux opérateurs énergétiques de vendre directement l’énergie, à un bon prix (à la fois pour le producteur et le consommateur). Selon des estimations préliminaires, cela pourrait permettre d’augmenter la rentabilité des centrales photovoltaïques de 40 % en moyenne. C’est énorme. Mais pour y parvenir, les opérateurs ont besoin de mieux comprendre le fonctionnement de leurs usines et de prévoir de manière plus fiable l’évolution de la production. L’intelligence artificielle est un outil indispensable pour y parvenir.

Beaucoup reste à faire, à la fois au niveau de la recherche et de l’accès aux financements pour verdir notre économie. Cela implique de mieux canaliser les fonds publics et privés vers les projets disruptifs. Il y a encore peu de soutien en France et en Europe pour la recherche dans le thorium. Il y a beaucoup de capitaux qui vont vers des projets dans l’intelligence artificielle. En témoigne la levée de fonds de 5 millions d’euros de la start-up française EasyPicky fin juin (application de reconnaissance instantanée à base d’intelligence artificielle, destinée aux acteurs du commerce de détail). Mais parmi tous ces projets, peu sont consacrés au thème crucial de la transition énergétique et de l’intermittence. La transition énergétique telle qu’elle est menée en Europe est inflationniste. Il n’y a pas de débat à ce propos. Mais si on parvient à combiner les avancées dans l’intelligence artificielle aux projets industriels existants dans la transition énergétique, nous serons en mesure de baisser les coûts durablement. Historiquement, les choix de politiques publiques dans l’énergie ont abouti à une baisse de l’inflation. Pas cette fois-ci car nous avons fait primer l’idéologie (le tout-renouvelable) sur la rationalité économique en négligeant l’importance des évolutions technologiques. Il est encore temps

Huile de friture usagée : la solution énergétique pour les écolos

Huile de friture usagée : la solution énergétique pour les écolos !

 

 

 

Bayou, le président d’ Europe écologie les Verts (EELV)  a soutenu la proposition d’utiliser huile de friture usagée (Comme carburant pour les voitures . Une mesure effectivement significative du caractère dérisoire des propositions de certains écolos bobos.

Si l’on voulait substituer totalement huile de friture usagée il faudrait sans doute consacrer sa journée pour tous les Français à manger des frites ! En effet une voiture parcourt en moyenne 12 000 km. Une voiture qui utilise du gasoil consomme 720 l par an. Chaque Français devrait donc consommer 2 l d’huile  par jour en plus aux trois repas au petit-déjeuner, au déjeuner et au dîner.

Dans la réalité, les Français consomment en moyenne autour de 7 l du huile végétale de consommation par an. Il faudrait donc multiplier par 100 la consommation des Français. Notons enfin que sur la consommation moyenne de 7 l par an une partie simplement est consacrée aux fritures, à peine 10 %. Soit même pas 1 l ou encore de quoi faire quelques kilomètres annuellement. Effectivement une vraie solution énergétique version écolo bobo qui a  la chance de prendre le métro en grande partie financé par la collectivité.

On comprend mieux comment les écolos bobos ont réussi à faire fermer la centrale nucléaire fe Fessenheim. Et pourquoi maintenant on est contraint notamment d’importer de l’électricité d’Allemagne produite par du charbon et du gaz russe.

Sobriété énergétique : réduire la mobilité et réaménager le territoire

Sobriété énergétique : réduire la mobilité et réaménager le territoire

 

Les experts de la mobilité Christophe Gay et Sylvie Landriève proposent, dans une tribune au « Monde », de réorganiser les territoires pour réduire les distances de déplacement liés au travail, aux loisirs, au commerce.

Du fait de l’aménagement du territoire qui concentre de plus en plus les activités, les ménages sont sont de plus en plus prisonnier de l’automobile avec laquelle ils effectuent en moyenne 60 km par jour. Cette dépendance à l’automobile est évidemment coûteuse mais c’est aussi l’un des principaux facteurs explicatifs des émissions polluantes et des gaspillages d’énergie NDLR

 

Elisabeth Borne, Christophe Béchu et Agnès Pannier-Runacher, respectivement première ministre chargée de la planification écologique et énergétique, ministre de la transition écologique et de la cohésion des territoires et ministre de la transition énergétique, ont un chantier historique devant eux pour réduire les émissions de CO2 du pays.

Mais ce chantier ne peut aboutir que s’ils tirent les conséquences de ces dernières années marquées par les crises sociale « gilets jaunes », sanitaire avec le Covid-19, et écologique. Ces crises ont conforté et mis en lumière une aspiration à vivre autrement identifiée depuis longtemps : en 2016 déjà, huit Français sur dix déclaraient aspirer à ralentir au quotidien et à vivre en plus grande proximité (Enquête internationale sur les aspirations liées à la mobilité et aux modes de vieForum Vies Mobiles, 2016).

Un appel qui est aussi une opportunité pour réussir la transition écologique et sociale, les Français parcourant en moyenne 60 kilomètres par jour. Très peu d’entre eux peuvent réellement se passer de voiture. Cette dépendance a été renforcée depuis des décennies par un aménagement qui sépare et éloigne les lieux à rejoindre au quotidien avec les logements d’un côté, les zones industrielles ou de bureaux d’un autre et les centres commerciaux ailleurs encore.

Les transports : 30 % des émissions nationales de CO2

Mais la moyenne masque de fortes inégalités : les temps de déplacement des Français varient dans une proportion de 1 à 30 et les distances qu’ils parcourent de 1 à 60. Ainsi, si 30 % des Français pratiquent déjà l’essentiel de leurs activités en proximité, ce n’est pas le cas des autres, en particulier de tous ceux dont le travail nécessite des déplacements au quotidien qu’ils soient conducteurs, livreurs, aides à domicile, artisans, ou agents d’entretien …

« Sobriété énergétique » : aussi un moyen de préparer une énorme hausse des prix

« Sobriété énergétique » : aussi un moyen de préparer une énorme hausse des prix

 

Il est pour le moins curieux que le discours sur la sobriété énergétique ait  d’abord été porté par les trois sociétés  énergétiques Total, EDF et Engie dont la stratégie a toujours été de vendre plus en encourageant les consommateurs dans ce sens. Un discours repris évidemment avec une certaine complaisance par Macron lors de son allocution du 14 juillet. Le chef de l’État en a même rajouté en parlant d’économie de guerre.

Ces trois sociétés du secteur de l’énergie ont d’ailleurs toujours tiré profit de la croissance des volumes  et encore davantage de la tendance haussière des prix. Ce discours n’est pas sans arrière-pensée. Certes la sobriété n’est pas à condamner à condition d’en préciser le contenu, les modalités et le calendrier. Rien de tout cela, tout juste une injonction pour faire comprendre que la situation doit changer rapidement sous-entendu les tarifs surtout.

Une politique de sobriété implique l’industrie qui la justifie mais aussi le consommateur quand il a la possibilité de réduire le volume de son utilisation. Une telle politique ne peut s’inscrire que dans la durée. On le voit bien avec la mutation automobile vers électrique qui va utiliser un temps long pour concerner l’ensemble du parc, presque 50 ans !

Pour beaucoup d’autres utilisations,  la mutation sera également longue. À moins évidemment de matraquer par les prix les  utilisateurs, le fameux signal prix cher aux économiste ultralibéraux qui récupèrent la problématique environnementale dans leur champ du marché.

L’objectif des Énergétiques tient et sans doute moins de réduire les volumes que de maintenir par les prix leur situation financière;
en tout cas l’améliorer pour EDF , la conforter pour Engie et se gaver pour Total.

Cet appel des énergéticiens  n’est guère crédible politiquement . C’est un peu comme si l’industrie des cigarettes recommandait la baisse de consommation pour obtenir un relèvement des prix.

Notons par ailleurs que ce discours est renforcé par certains lobbys qui annoncent des limites à l’approvisionnement en gaz, en électricité voire en pétrole.

Cet hommage du vice à la vertu doit pour le moins interroger sur l’objectif final

De nouvelles technologies pour suivre l’évolution de la consommation énergétique et son impact

De nouvelles technologies pour suivre l’évolution de la consommation énergétique et son impact

 

L’industrie manufacturière consomme 54% de l’énergie mondiale et contribue à 20% des émissions de CO2 dans le monde*. Dans ce contexte émergent toutefois de nombreuses technologies liées à l’industrie 4.0 permettant des remontées de données précieuses. Objectif ? Aider les industriels à mieux suivre précisément leur consommation d’énergie, alerter des dérives et intervenir immédiatement, mais également améliorer la gestion de leurs déchets et leur consommation d’eau tout en impliquant leurs collaborateurs. Par Gilles Pacaud, Directeur Rockwell Automation France ( dans la Tribune)
Une réflexion sur les nouveaux outils pour mieux suivre l’évolution de la consommation énergétique et son impact dans l’industrie. Mais des outils dont certains pourraient aussi être utilisés par les particuliers NDLR
 
L’impact environnemental de l’industrie est pointé du doigt. En outre, les contraintes réglementaires se renforcent, à l’exemple de la directive Ecodesign de l’Union européenne, ensemble d’exigences obligatoires visant à améliorer l’efficacité énergétique et à réduire les émissions de gaz à effet de serre.Heureusement, les nouvelles technologies permettent aujourd’hui de rendre beaucoup plus efficiente l’usine et réduire l’empreinte énergétique d’un produit, depuis sa fabrication à sa fin de vie en passant par son utilisation. Les entreprises peuvent ainsi devenir plus « compliant » et se conformer aux exigences applicables en matière de santé, de sécurité, de performance et d’environnement. Ces technologies peuvent les aider à prendre en compte, dès leur conception l’ensemble du cycle de vie des produits, y compris l’installation, l’exploitation, la maintenance et la fin de vie.Des applications d’eau intelligentes permettent par exemple d’améliorer la qualité, l’efficacité et la sécurité des entités municipales et des industries à forte consommation d’eau, à la gestion et au recyclage des déchets pour permettre l’économie circulaire, de nombreuses solutions matures sont à la disposition des entreprises. Ces technologies renforcent la supplychain en donnant à l’entreprise une visibilité et un suivi de toutes les opérations nécessaires à la fabrication d’un produit et impliquent un maximum de personnes autour de l’impact environnemental.

Grâce à la technologie de contrôle et d’automatisation, un important Institut américain de recherche sur l’eau espère transformer le drainage minier acide en une ressource capable d’alimenter la plupart des appareils et systèmes modernes actuels. Les chercheurs ont conçu et construisent actuellement une usine chargée de traiter la contamination due au drainage minier acide et de renvoyer de l’eau propre dans les rivières et les ruisseaux tout en extrayant des éléments de terres rares et des minéraux essentiels.

Un fabricant de panneaux solaires possède aujourd’hui une usine contrôlée par une architecture de type Industrie 4.0 facilitant la communication entre machines et opérateurs, l’utilisation de l’intelligence artificielle et la connectivité de l’Internet des objets (IoT) afin de produire un degré supérieur d’automatisation, de précision et d’amélioration continue.

Des applications logicielles existent également afin d’aider les clients à gérer, signaler, contrôler et optimiser la consommation d’énergie dans leurs processus de production. À partir de tableaux de bord, les utilisateurs peuvent visualiser la consommation à tous les niveaux (site, zone, ligne et machine) et identifier les domaines à optimiser. Intelligentes et évolutives, ces plateformes collectent et intègrent de manière transparente les données de gestion de l’énergie aux systèmes de production, de contrôle et d’information.

Aussi, des contrats de services de durabilité reposant sur le numérique aident les usines à réduire les déchets et à surveiller, gérer et recycler leurs actifs de production d’une manière plus responsable. Autre sujet, la remise à neuf et la réparation d’équipements usagés font l’objet de programmes d’accompagnements. L’Association for Sustainable Manufacturing estime que cette remise à neuf (ou retrofit) permet d’économiser en moyenne 85% d’énergie, de l’eau et des matériaux utilisés par rapport à un produit nouvellement fabriqué.

Naturellement, le développement durable n’inclut pas uniquement le climat et la préservation de l’environnement. Il intègre pleinement l’humain, en particulier, dans le milieu professionnel. À ce titre, l’enquête annuelle Global Voices** a récemment démontré que 85% des personnes ont connu des niveaux plus élevés d’épuisement, tandis que 40% ont signalé une baisse de l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée. Cet équilibre et le bien-être au travail apparaissent désormais comme des priorités et des composantes essentielles du développement durable.

 

* Selon le World Economic Forum (« Net-Zero in Manufacturing Value Chains Initiative »)

** Informations complémentaires dans le Rapport 2021 sur le développement durable de Rockwell Automation

Crise énergétique : Des solutions mais à long terme

 Crise énergétique : Des solutions mais à long terme

Michel Noiry, CEO de Origa Consulting, cabinet de conseil en FinanceEstime que des solutions existe mais à long terme (dans la Tribune)

 

Dans une tribune en date du 25 juin, les patron(e)s d’Engie, EDF et Total, interpellent la population( de manière un peu hypocrite NDLR)  et nous engagent à faire preuve de sobriété en matière de consommation d’énergie. 

Le système énergétique est actuellement sous tension du fait de la baisse des livraisons de gaz russe par pipeline. Bien qu’en augmentation, les importations de gaz naturel liquéfié sont encore trop limitées pour compenser. Le niveau d’alerte sur les stocks de gaz est élevé et des mesures de rationnement, déjà effectives dans certains pays, doivent être mises en œuvre en France.

S’en suivent des considérations sur les mesures à court terme déjà prises, surtout destinées à faire valoir le caractère sociétal de l’action de nos grands énergéticiens nationaux.

Pour conclure, « ​Nous appelons à une prise de conscience et à une action collective et individuelle pour que chacun d’entre nous – chaque consommateur, chaque entreprise – change ses comportements et limite immédiatement ses consommations énergétiques, électriques, gazières et de produits pétroliers.

Nos objectifs de long terme en faveur de la neutralité carbone seront plus vite atteints par cette mobilisation. Nous poursuivons nos engagements et actions pour accélérer la transition énergétique. Elle n’est plus seulement un impératif face à l’urgence climatique, mais une réponse aux enjeux de souveraineté énergétique ».

Cet étalage de bons sentiments semble révélateur d’un état d’extrême anxiété de la part des auteurs de cette tribune. Le système, principalement le stockage, n’est pas prêt et ne le sera pas d’ici l’hiver pour absorber la reprise de la demande. Les mesures actuelles n’y changeront rien et il faut s’attendre à des pénuries ponctuelles. Même si la France peut paraître relativement protégée par son parc nucléaire, l’interconnexion européenne nous met à égalité avec les maillons les plus faibles de la chaîne. On ne peut, non plus, totalement écarter l’objectif pour ces grands pollueurs de profiter de l’opportunité pour redorer leur blason et de faire valoir que les Français leur doivent en grande partie le confort énergétique dans lequel ils vivent. Une préoccupation n’éliminant pas l’autre.

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Ces injonctions nous font remonter le temps et nous ramènent au premier choc pétrolier de 1973. Le monde allait devoir vivre sans pétrole et devenir énergétiquement sobre. On a vu ce qui en a suivi. Une flambée des prix, une inflexion momentanée de la demande, mais rien de fondamentalement différent. La consommation et la production ont repris avec plusieurs autres chocs en cascade et une adaptation de l’appareil productif. 50 ans plus tard, nous en sommes pratiquement au même point. Les automobiles commencent tout juste à intégrer une part de consommation électrique, plus pour diminuer la pollution urbaine que pour réduire la consommation énergétique. La Russie s’étant aujourd’hui substituée à l’OPEP dans le bras de fer avec l’occident.

Quant est-il exactement ?

En fait, la Russie détient 19% des réserves de gaz naturel mondiales devant l’Iran (16,1%) et les sixièmes réserves de pétrole (6,2%). Son impact au niveau mondial est donc surtout sensible sur le gaz. Le mix énergétique de la France se compose de 40% de nucléaire, 28% de pétrole, 16% de gaz, 14% d’énergies renouvelables et 2% de charbon. Elle importe la quasi-totalité du gaz qu’elle consomme. En 2015, ses approvisionnements émanaient de quatre principaux fournisseurs : Norvège (42%), Russie (11%), Pays-Bas (11%) et Algérie (9%). Aujourd’hui, la Russie a complètement interrompu ses livraisons par pipeline vers la France, mais, si le problème se limitait à ses frontières, celle-ci devrait aisément trouver d’autres sources d’approvisionnement. En réalité, la crise est européenne. Le choix de plusieurs pays de privilégier le gaz fossile, au motif de la faiblesse de son prix, nous met collectivement dans une situation difficile. En effet, avant la crise, le gaz représentait 26% de l’énergie consommée en Allemagne (dont 55% en provenance de Russie) et 42% pour l’Italie (dont 40% d’origine russe).

Les pays occidentaux, qui, il y a peu, tablaient encore jusqu’en 2030 pour sortir de la dépendance au gaz russe, vont devoir aller beaucoup plus vite que prévu, Gazprom coupant progressivement les approvisionnements des pays qui soutiennent l’Ukraine. Ce n’est l’hiver prochain que tout risque de se jouer. En fonction du niveau des stocks et de la température, la saison froide risque d’être difficile à passer en 2022-2023. Il apparaît donc essentiel de remplir au maximum les stocks de gaz dans les mois d’été tout en jouant sur le niveau de consommation grâce à des économies d’énergie.

On peut cependant avoir une lecture différente de l’issue de cette crise. En effet, le marché mondial des énergies fossiles s’apparente à un jeu à somme nulle. Modulo le niveau des stocks, les flux s’équilibrent, les intérêts des producteurs et des consommateurs sont étroitement liés. L’offre étant relativement rigide, ce qui n’est pas consommé dans une zone le sera forcément dans une autre zone de la planète. En d’autres termes, ce que les occidentaux n’achèteront pas se retrouvera forcément sur le marché et sera finalement acheté par d’autres. Le prix devenant le facteur d’ajustement. Paradoxalement, la crise actuelle et l’interruption des approvisionnements européens par la Russie pourraient indirectement peser à la baisse sur l’envolée des cours et redonner des marges de manœuvre aux économies occidentales.

Un tel raisonnement qui va à l’encontre du discours ambiant n’est évidemment valable qu’à court terme. À plus long terme, les pays producteurs peuvent agir sur l’offre en limitant leurs investissements et en ralentissant leur production comme cela s’est passé pour le pétrole depuis les années 70. Pour sortir de la situation actuelle et échapper à la dépendance de la Russie, il y a donc effectivement urgence à promouvoir les politiques d’économies d’énergie. Mais c’est sur le long terme qu’il faut essentiellement jouer notamment en favorisant les techniques de construction et de transport de l’énergie qui permettent de baisser durablement le niveau de consommation à confort égal.

Discours sur la sobriété énergétique : aussi un moyen de préparer une énorme hausse des prix

Discours sur la sobriété énergétique : aussi un moyen de préparer une énorme hausse des prix

 

Il est pour le moins curieux que le discours sur la sobriété énergétique ait  d’abord été porté par les trois énergétiques Total, EDF et Engie dont la stratégie a toujours été de vendre plus en encourageant les consommateurs dans ce sens.

Ces trois sociétés ont d’ailleurs toujours tiré profit de la croissance des volumes  autant que de la tendance haussière des prix. Ce discours n’est pas sans arrière-pensée. Certes la sobriété n’est pas à condamner à condition d’en préciser le contenu, les modalités et le calendrier. Rien de tout cela, tout juste une injonction pour faire comprendre que la situation doit changer rapidement sous-entendu les tarifs surtout.

Une politique de sobriété implique l’industrie qui la justifie mais aussi le consommateur quand il a la possibilité de réduire le volume de son utilisation. Une telle politique ne peut s’inscrire que dans la durée. On le voit bien avec la mutation automobile vers électrique qui va utiliser un temps long pour concerner l’ensemble du parc, presque 50 ans !

Pour beaucoup d’autres utilisations,  la mutation sera également longue. À moins évidemment de matraquer par les prix les  utilisateurs, le fameux signal prix cher aux économiste ultralibéraux qui récupèrent la problématique environnementale dans leur champ du marché.

L’objectif des Énergétiques tient et sans doute moins de réduire les volumes que de maintenir par les prix leur situation financière;
en tout cas l’améliorer pour EDF , la conforter pour Engie et se gaver pour Total.

Cet appel des énergéticiens  n’est guère crédible politiquement . C’est un peu comme si l’industrie des cigarettes recommandait la baisse de consommation pour obtenir un relèvement des prix.

Notons par ailleurs que ce discours est renforcé par certains lobbys qui annoncent des limites à l’approvisionnement en gaz, en électricité voire en pétrole.

Cet hommage du vice à la vertu doit pour le moins interroger sur l’objectif final

Transition énergétique: abolir la charte de l’énergie

Transition énergétique: abolir la charte de l’énergie 

 

La France, comme l’Union européenne, doit s’affranchir de ce texte favorable aux géants de l’énergie, dont les règles datent d’une époque révolue où la reconstruction de la planète l’emportait sur sa préservation, estiment les experts du climat Santiago Lefebvre et Yamina Saheb dans une tribune au « Monde ».

Imaginez un monde où les grandes marques de cigarettes recevraient des milliards d’euros de dédommagement de l’Etat – et donc des contribuables –, au motif que celui-ci a décidé d’interdire la cigarette dans les lieux publics. Difficile à accepter ?

Et pourtant, appliquée aux énergies, et notamment aux fossiles, cette règle existe bel et bien. C’est l’objet du traité sur la charte de l’énergie (TCE) : tout pays signataire qui déciderait de modifier sa politique énergétique dans un sens contraire aux intérêts des énergéticiens et investisseurs peut être attaqué en justice par ces derniers. Et ce sont des milliards de dollars qui sont réclamés en dommages et intérêts.

A titre d’exemple, en 2021, l’entreprise allemande Uniper a poursuivi le gouvernement des Pays-Bas pour sa décision de fermer prématurément des centrales à charbon à la suite d’une décision de justice en faveur de la société civile pour accélérer l’action climatique.

Début 2022, le Financial Times rapporte que quatre autres entreprises portent plainte contre l’Italie, la Slovénie, la Pologne et à nouveau les Pays-Bas, à la suite de l’arrêt de projets liés au charbon et aux hydrocarbures. L’Allemagne a dû négocier un dédommagement de 4,35 milliards d’euros pour éviter des poursuites dans le cadre du traité.

En France, en 2017, l’entreprise canadienne Vermilion, opérant sur des sites d’extraction d’hydrocarbures sur le territoire français, a utilisé le risque de poursuites dans le cadre du TCE pour faire pression sur le gouvernement s’il adoptait sa loi sur les hydrocarbures mettant fin à l’exploration et à l’extraction des combustibles fossiles d’ici à 2040. Face à l’ampleur des risques financiers, les Etats sont souvent enclins à céder. La loi a finalement été modifiée.

Alors que le rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) alerte sur le fait que nous n’avons plus le temps d’attendre pour inverser la tendance en matière d’émissions de carbone, que l’urgence est là, et sachant que l’énergie fossile est la première source d’émissions de carbone, ce traité vient tout simplement empêcher les Etats et territoires de décarboner leurs sociétés et de prendre les décisions fortes desquelles dépend pourtant l’avenir de notre planète.

A croire qu’aujourd’hui, les investissements des énergéticiens l’emportent sur les enjeux climatiques et l’avenir des générations futures. Loin d’être immuables, les règles de gouvernance se sont de tout temps adaptées à leur époque et à leurs enjeux. A chaque époque ses règles et ses adaptations.

Transition énergétique :Le BTP en retard

Transition énergétique :Le  BTP  en retard  

 

Si les entreprises du bâtiment et des travaux publics se savent contraintes de changer de modèle, elles ne savent pas encore à quel rythme et à quel prix, regrettent le consultant Sébastien Delpont et le chercheur Andreas Rüdinger, dans une tribune au « Monde ».

 

On aime à dire que « quand le bâtiment va, tout va ». Mais à l’heure d’organiser sa décarbonation, il est peu de monde pour dire que tout va bien dans le BTP, secteur responsable de 40 % des émissions de dioxyde de carbone de l’Union européenne. Les entreprises peinent à se projeter, faute de politiques publiques suffisamment précises. Quels financements, quelles obligations, quels partis pris ? Elles voient un cap, mais ni l’itinéraire ni les points d’étape pour planifier leur transition en matière de gestion des compétences, de développements technologiques et de modèles d’affaires.

Tous reconnaissent que l’on utilisera des matériaux décarbonés et que l’on bâtira moins d’ouvrages neufs, avec une part moindre de maisons individuelles pour moins artificialiser les sols. Les marchés de demain seront ceux de la rénovation performante, pour baisser les factures d’énergie et s’adapter aux canicules, et de la reconversion de bureaux (moins utilisés avec l’essor du télétravail) en logements et lieux multifonctionnels.

Mais il reste un pas à franchir pour transformer ces tendances qualitatives en une planification quantitative crédible, avec des moyens financiers alignés sur des ambitions précises. Sans cette visibilité, les entreprises hésitent à investir. La définition légale de ce qu’est une rénovation performante est à géométrie trop variable. Les travaux, les besoins financiers et en formation seront très différents à cinq, dix ou vingt ans, si l’on veut basculer tous les logements en classe énergie E, F et G à la classe D, ou si l’on souhaite que 30 % des logements atteignent un niveau de classe B en une fois.

Pour rénover bien plus et bien mieux, il faudra multiplier le nombre d’emplois par 2,5. Un sujet majeur alors que 30 % des artisans partiront à la retraite dans les dix prochaines années et que la filière peine à recruter. Trois voies sont possibles : reconvertir des artisans issus de la construction neuve, reconvertir des salariés d’industries en déclin ou former des jeunes. L’organiser nécessite une clarté sur ce que l’on veut faire : quels travaux, quels niveaux de performance, quels types de bâtiments, sur quels territoires et en quel nombre par an ? Une abondance de plaquistes en Alsace ne résout pas une pénurie d’électriciens en Ariège. Il y aura aussi des postes à pourvoir pour coordonner ces différents corps de métier et pour améliorer la qualité architecturale.

Les entreprises ont des paris à tenir : vers une majorité de compagnons spécialisés, les uns installant des isolants et d’autres des pompes à chaleur, ou vers une majorité de compagnons polyvalents, formés à la plomberie, à l’électricité, à la menuiserie ? Faut-il adapter les modes de construction aux compétences des compagnons, ou les former à de nouvelles techniques ? Le fait de couler de la terre crue ou de projeter du béton de chanvre ressemble aux gestes de celui qui sait couler du béton, alors que c’est tout autre chose de construire en bois, en paille, ou de déconstruire pour réutiliser. Basculer des tâches du chantier vers l’usine, avec l’essor de la préfabrication, facilitera aussi le développement de l’emploi féminin, aujourd’hui inférieur à 15 % dans le BTP mais de 45 % dans l’industrie.

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