Les énarques managers du changement ! au secours
Le changement c’est maintenant avait promis Hollande. Désormais les énarques ne seront pas seulement de hauts fonctionnaires mais eux aussi des managers du changement. Comme Hollande ? c’est en tout cas la énième reforme de l’ENA voulue par le gouvernement. Avec des grandes révolutions, stage dans les PME au lieu des grandes entreprises, 15 jours au guichet pour prendre le pouls des usagers, épreuve de débat interactif pour tester les qualités relationnelles des candidats. Bref un coup de peinture sur la vieille institution dont normalement l’objet est de former des hauts fonctionnaires et qui en fait est devenu le réservoir du haut de oligarchie qui bien entendu trustent les postes de l’ administration mais aussi de la politique et de l’économie par le jeu des renvois d’ascenseurs. La vraie rénovation serait sans doute de supprimer cette école et de lui substituer uen école de gestion prenant en compte les problématiques financières économiques, sociales, sociétales et environnementales. Et non de former des perroquets adeptes de la langue de bois qui tuent la compétitivité et l’initiative. Dès cet été, le concours d’entrée va donc changer. Une « épreuve collective d’interaction », va être organisée. « L’objectif de cette épreuve est de tester les qualités relationnelles des candidats: capacité de dialogue, d’écoute, de conviction », lit-on sur le site de l’ENA. Mais la direction de l’école ne dit pas comment ces qualités pourtant essentielles étaient prises en compte auparavant. Autre nouveauté en 2015, le fameux grand oral, c’est à dire l’entretien avec le jury si redouté des candidats, va désormais « s’inscrire résolument dans une démarche de recrutement », dixit le site de l’ENA. « Il vise à estimer la personnalité, la motivation et le parcours des candidats ainsi que leur compréhension des enjeux et des valeurs du service public ». En revanche, l’épreuve d’anglais ne sera obligatoire qu’en…. 2018, » afin de laisser aux futurs candidats le temps nécessaire pour se mettre à niveau » En attendant on pourra continuer de lui substituer la langue de bois. Pas question en revanche pour le gouvernement de remettre en cause le fameux classement de sortie qui permet aux dix meilleurs élèves de choisir quasi-automatiquement les trois « grands corps », Conseil d’Etat, Inspection des finances et Cour des comptes. En 2008, le président -non-énarque- Nicolas Sarkozy et son premier ministre François Fillon, également non-énarque- avaient bien tenté de faire supprimer cette épreuve pour la remplacer par des entretiens d’embauche classiques avec les responsables des administrations qui recrutent. Devant la bronca des anciens élèves et de nombre de parlementaires, en particulier socialistes, le classement a été maintenu après trois tentatives infructueuses de suppression.