Lagardère et Daimler : petits arrangements boursiers en procès
« Délit d’initié », tout de suite les grands mots pour une affaire qui n’est sans doute qu’un petit arrangement boursier. 17 des 21 membres de la direction d’Airbus ont ainsi réalisé 20 million de plus-values en vendant leurs actions avant l’information officielle concernant les retards de l’A 380. De là à croire qu’ils tiré profit de l’information interne pour un bénéfice personnel, il n’y a vraiment qu’un juge pour le supposer ! Les groupes Lagardère et Daimler sont renvoyés en correctionnelle pour « délit d’initié » dans l’enquête sur les mouvements de titres suspects dans le groupe européen d’aéronautique et de défense EADS en 2006, a-t-on appris lundi de source judiciaire. Le juge d’instruction Serge Tournaire a également décidé d’un procès pour sept personnes physiques, dont l’ancien coprésident exécutif d’EADS Noël Forgeard, l’ex-directeur général délégué du groupe Jean-Paul Gut et l’ancien vice-président d’Airbus, filiale d’EADS, Olivier Andriès. John Leahy, le directeur commercial d’Airbus, figure également parmi les personnes renvoyées, a-t-on appris auprès de l’avocat d’une des parties. Fin 2009, le groupe de médias avait été blanchi dans une autre procédure, administrative celle-là, menée par l’Autorité des marchés financiers (AMF). Mais le juge d’instruction, qui mène parallèlement l’enquête pénale, a une autre appréciation, de même que le parquet, qui avait requis au début de l’année le renvoi en vue d’un procès des deux groupes et des sept personnes en examen. Les deux groupes renvoyés en correctionnelle se sont déclarés certains d’être blanchis. « Après avoir été mise hors de cause par les autorités de tutelle boursières dans les différents pays concernés, et notamment par l’AMF, la société SCA Lagardère prend acte avec surprise de la position du juge d’instruction consistant à saisir le tribunal de la situation de divers actionnaires et cadres dirigeants d’EADS », a déclaré le groupe dans un communiqué transmis par son avocat, Me Jean Veil. EADS a réaffirmé son « total soutien » et sa « confiance » dans les responsables concernés, précisant dans un communiqué rester confiant « dans le fait qu’une nouvelle fois il sera démontré que ces accusations sont sans fondement ». La date d’un procès à Paris n’a pas encore été fixée. L’enquête porte sur plusieurs personnes physiques et morales soupçonnées d’avoir tiré profit d’informations privilégiées avant l’annonce de retards du programme du très gros porteur A380 en 2006, afin d’exercer des stock-options ou de se désengager. Lagardère et DaimlerChrysler, principaux actionnaires privés d’EADS, ont cédé chacun 7,5% du capital du groupe le 4 avril 2006. Ces sociétés ont toujours affirmé que ces mouvements étaient prévus de longue date et n’avaient pas de rapport avec les problèmes de l’A380. Dans un rapport, l’AMF avait établi que 17 des 21 membres des comités exécutifs d’Airbus et d’EADS avaient cédé entre le 19 juillet 2005 et le 13 juin 2006 plus de 1,7 million de titres au total, réalisant une plus-value brute totale de 20 millions d’euros. Les retards de production sur l’A380 n’avaient été annoncés officiellement que le 13 juin 2006, provoquant le lendemain une chute de 25% de l’action EADS en Bourse.