Serge Dassault en garde à vue
L’actionnaire majoritaire de Dassault Aviation est arrivé avec son avocat, Pierre Haïk, et des collaborateurs de ce dernier à 9h30 au pôle financier de Nanterre (Hauts-de-Seine). Il était interrogé par des policiers après des formalités administratives et une visite médicale, a précisé à Reuters son porte-parole, Rudy Roussillon. L’immunité parlementaire de Serge Dassault a été levée le 12 février par le bureau du Sénat après un premier rejet très critiqué de cette demande des juges, le 8 janvier, lors d’un vote à bulletins secrets. Sans levée de son immunité, les juges chargés de l’enquête pouvaient mener des perquisitions chez lui mais pas l’entendre sous le régime de la garde à vue. L’avionneur français, âgé de 88 ans, qui fut maire de Corbeil-Essonnes pendant 14 ans, de juin 1995 à juin 2009, avait demandé lui-même la levée de cette immunité afin de « démontrer sa totale innocence » dans cette affaire. Dans cette instruction pour achat de votes, corruption, blanchiment et abus de biens sociaux, les magistrats s’intéressent aux élections municipales organisées en 2008, 2009 et 2010 à Corbeil-Essonnes, remportées par Serge Dassault, puis par son bras droit, Jean-Pierre Bechter. Le conseil d’Etat, qui a annulé le scrutin de 2008, avait tenu pour « établis » des dons d’argent à des électeurs. Jean-Pierre Bechter, qui nie toute irrégularité, a lui-même été mis en examen au terme d’une garde à vue, comme pourrait également l’être Serge Dassault. « Compte tenu de l’ampleur des questions, on peut imaginer que l’audition (du sénateur) puisse continuer demain », a estimé Rudy Roussillon. « On ne peut pas préjuger de la façon dont les choses vont se passer. C’est la police qui décide. » Deux autres personnes ont été mises en examen dans cette affaire, dont Younès Bounouara, présenté comme un intermédiaire de Serge Dassault dans les cités de Corbeil-Essonnes. Younès Bounouara est par ailleurs mis en examen et écroué dans un autre dossier pour « tentative d’assassinat ».
»