Archive pour le Tag 'émirats'

Stratégie énergétique: Émirats , un modèle pour la France ?

 Stratégie énergétique:   Émirats , un modèle pour la France  ?

 

Septième producteur de pétrole mondial, et treizième producteur gazier, les Émirats se préparent depuis plusieurs années à l’après hydrocarbures. Leur volonté d’être présents dans l’énergie décarbonée n’est pas perçue à ce jour comme stratégique. Pourtant, un plan global est à l’œuvre dans lequel la France joue un rôle majeur. Ne devrait-elle pas d’ailleurs s’en inspirer pour gérer ses propres filières d’énergies renouvelables ? Par Gérard Vespierre (*), président de Strategic Conseils, directeur de recherche à la Fondation d’Etudes pour le Moyen-Orient (FEMO). (dans la Tribune)

 

Les méthodes de rationalisation – et de prospective – des choix économiques sont appliquées aux Émirats depuis plus d’une dizaine d’années. Si le plan Vision 2030 de l’Arabie Saoudite a eu la faveur des médias depuis 2016, les Émirats avaient lancé beaucoup plus tôt « un plan 2020 » dont on a vu les résultats dans le domaine financier, urbain, et technologique.

Mais les dirigeants du pays n’entendent pas placer leur futur dans ces seuls domaines, et rester sous la contrainte des ressources carbonées de leur sous-sol. Un plan global, identifié à ce jour par les seules entreprises du secteur de l’énergie, est en train de se mettre rapidement en place. Ce plan, centré sur les ressources énergétiques renouvelables, est en déploiement dans les domaines de l’hydraulique, de l’hydrogène, et du solaire.

Ce plan global est ambitieux, cohérent et peut servir de modèle aux porte-voix du changement de modèle énergétique. La France ne devrait-elle pas s’en inspirer, afin de devenir un vrai « champion du Climat » ?

Si l’entrée des Emirats dans les secteurs technologiques ne crée plus de surprise, la construction d’une centrale hydraulique dans un pays du sud de la péninsule arabique est beaucoup plus étonnante.

La topographie émirienne offre une intéressante partie montagneuse, les monts Hajar, à sa frontière est, vers le sultanat d’Oman. Elle dispose d’une hydrographie appropriée, et donc de la possibilité de tirer parti de ces ressources en eau. Ainsi est né le projet de la centrale hydraulique d’Hatta, du nom de la ville proche, placée sur la route reliant Dubaï, et Oman.

Cette réalisation est naturellement une première dans la région. Elle représente un investissement de 300 millions d’euros et une capacité de production énergétique de 250 mégawatts. Sa construction occupe une place importante dans le plan de zéro émission net de carbone, en 2050. La société française EDF contribue à cette réalisation, dans le cadre d’un contrat d’assistance à la maîtrise d’ouvrage.

Cette centrale est la première dans le Golfe Persique à utiliser la technique STEP (Station de Transfert d’Énergie par Pompage) déjà mise en œuvre par EDF dans 6 installations en France.

La France dispose d’un réseau hydraulique incomparable. EDF possède les technologies. Ne devrions-nous pas concevoir et mettre en place un plan « Hydraulique national » ? Que fait la France de façon coordonnée, et ambitieuse, dans l’hydrolien fluvial ? Nous y avons un réel potentiel.

Le plan de diversification des sources d’énergie renouvelable émirati se met en place également avec la construction d’unités de production d’hydrogène.

La révolution de l’hydrogène

Le ministre émirien de l’Energie et des Infrastructures a souhaité s’appuyer sur la COP 26, à Glasgow, pour donner une plus grande valeur symbolique à l’annonce du lancement d’une « feuille de route hydrogène » dans son pays.

Le but ambitieux des Émirats est de devenir un des principaux acteurs sur le marché mondial, avec l’objectif d’atteindre en 2030 une part de marché de 25% dans les principaux pays importateurs d’énergie, comme l’Allemagne, le Japon, la Corée du Sud, l’Inde. Aujourd’hui, les perspectives économiques de ce marché hydrogène s’évaluent en centaines de milliards de dollars…

Le plan hydrogène comprend ainsi plus de 7 projets industriels sur le point d’être achevés ou en cours de développement. Il est positif que la France fasse partie intégrante dans cette stratégie via la signature d’un accord d’alliance stratégique entre le groupe ENGIE, et le ministère de l’Energie, en vue de développer un « hub hydrogène » aux Émirats, d’une capacité de 2 GW prévue en 20230, afin de servir les besoins de tous les pays du Conseil du Golfe.

La France dispose, certes, d’un « Conseil National de l’hydrogène » et d’une « Stratégie Nationale de développement de l’hydrogène ». Mais il nous faut allier, le plus efficacement possible, procédures de planification et réalisations industrielles, rapides et fiables. La conquête avantageuse de parts de marché se fera seulement à cette condition. Les Émirats ne seraient-ils pas à cet égard un modèle ? Nos lourdeurs administratives constituent un handicap à notre réactivité et compétitivité. Aux Émirats, la diversification vers les énergies renouvelables se complète également d’une importante composante solaire.

La ruée vers le solaire

Les Émirats arabes unis disposent d’un Centre d’innovation solaire actuellement dirigé par une femme. Implanté dans le périmètre de la plus grande centrale solaire mondiale à site unique, ce centre développe et teste de nouvelles technologies de production et d’entretien. Le dépoussiérage des panneaux est en effet un élément clé de la maintenance. L’accumulation de poussière en surface abaisse très rapidement le rendement des cellules photovoltaïques.

L’Institut photovoltaïque d’Ile-de-France (IPVF) porté par Total Énergies, EDF et le CNRS a été créé en 2014. Il a fallu plus de 2 ans pour que soit posé la première pierre. A nouveau, l’agilité, la rapidité dans cette filière technologique est un facteur clé de succès, à l’image de ce qui se crée à Dubaï.

Il y a six mois, EDF Renouvelables a remporté, dans le cadre d’un consortium avec la société chinoise Jinco Power, le contrat de la plus grande centrale solaire du monde, qui sera implantée à 35km d’Abu Dhabi. D’une puissance installée de 2GW, elle alimentera 160.000 foyers locaux.

Cette nouvelle installation sera la première centrale d’une telle dimension à utiliser des modules bifaciaux. La technologie consiste à capter le rayonnement solaire par les deux faces des modules photovoltaïques, augmentant notablement la puissance de l’installation. Ce succès d’EDF s’est inscrit dans le cadre de la stratégie CAP 2030 du groupe visant à doubler entre 2015 et 2030 les capacités renouvelables installées, pour les porter à 50 GW net, dans le monde.

Ce modèle est excellent pour le Groupe EDF, et donc excellent pour la France, en continuant d’exporter des technologies. Le modèle émirien nous y aide.

Un rayonnement énergétique régional

L’année 2021 a enfin vu les Émirats se lancer dans un très grand déploiement au Moyen-Orient, en implantant des projets de centrales solaires chez ses voisins. La société émirienne Masdar a signé un accord avec le gouvernement irakien, le 6 octobre 2021, prévoyant la construction de cinq centrales électriques solaires avec une première phase de production de 1.000 mégawatts.

Des accords d’investissements dans le domaine de l’énergie ont aussi été signés le 24 novembre entre les Émirats et la Turquie, dans le cadre de la rencontre à Ankara entre le prince héritier Mohammed ben Zayed et le président turc Recep Tayyip Erdogan.

Les Émirats associent leur vision de développement technologique et énergétique de zéro émission net de carbone en 2050 avec l’évolution géopolitique du Moyen-Orient. Ils prennent ainsi une avance sur leur grand voisin de la péninsule arabique, qui ne vise la neutralité carbone qu’en 2060. Les Émirats s’emparent d’un leadership régional dans le cadre d’alliances, et la France y joue un rôle qu’elle doit approfondir.

Le développement d’énergies propres et renouvelables dans une vision régionale entre dans le cadre d’actions et d’options diplomatiques, une stratégie intelligente et à long terme, que la France devrait imiter.

La France doit même s’en inspirer pour gérer la mise en œuvre de ses filières d’énergies renouvelables. L’énergie, par ses technologies, est un instrument géopolitique et diplomatique. Nous l’avons vécu avec la filière des centrales nucléaires. Ne devrions-nous pas hisser nos filières « énergies renouvelables » à ce niveau d’excellence et d’influence ?

Ces innovations sont certes coûteuses mais les partenariats déjà établis prouvent que la France a le pouvoir de dépasser les modèles traditionnels pour s’implanter fortement comme un pionnier des énergies décarbonées, sur son sol et à l’étranger.

La force des Emirats est d’avoir très tôt pensé à sortir de la dépendance aux hydrocarbures et à anticiper les nouveaux modes de production énergétiques. A nous de suivre ce modèle en proposant des projets ambitieux, et agiles pour préparer la France à être un « champion du climat ».

__________

(*) diplômé ISC Paris, Maîtrise de gestion, DEA de Finances, Université Paris Dauphine PSL

Auteur du site : www.le-monde-decrypte.com

Podcasts et émissions radio sur Youtube : Le-Monde-Décrypté.TV

Un contrat record de 80 Rafale avec les Emirats Arabes Unis

Un contrat record de 80 Rafale  avec les Emirats Arabes Unis

 

Contrat record du matériel militaire français avec les Émirats Arabes Unis. Un contrat qui confirme par ailleurs la supériorité technique des Rafale . 16 milliards d’euros, dont 14 milliards pour les 80 Rafale au standard F4 fabriqués par Dassault Aviation et 2 milliards pour les armements fournis par MBDA (missiles air-air Mica NG et missiles de croisière Black Shaheen, variante émirienne du Scalp français).

Au-delà du de l’ampleur financière du contrat qui constitue un record pour la France, cette vente consacre la supériorité technique d’un avion longtemps contesté sur pression notamment des États-Unis. Une vente qui par répercussion devrait en entraîner bien d’autres dans la course aux armements.

Émirats Arabes unis : une alliance stratégique avec la France

 Émirats Arabes unis : une alliance stratégique avec la France

Le général Dominique Trinquand ancien chef de la mission militaire de la France auprès de l’ONU, explique en quoi l’alliance entre la France et les émirats Arabes unis et stratégiques. Tribune dans l’opinion

tribune

Abou Dhabi n’est qu’à trois heures de vol de Kaboul et à sept heures de vol de Paris. Depuis le 17 août, la France utilise sa base militaire d’Abou Dhabi pour effectuer en urgence un pont aérien entre Kaboul et Paris afin d’évacuer ses citoyens et des Afghans menacés. Cette coopération militaire entre la France et les Emirats arabes unis (EAU) a permis l’évacuation vers Paris de plus de 2 000 personnes, en grande majorité des Afghans.

L’utilisation de la base française d’Abou Dhabi pour évacuer ces citoyens Afghans et ressortissants de la coalition en péril est l’aboutissement d’une décennie de partenariat entre la France et les Emirats arabes unis. En 2009, le président de la République Nicolas Sarkozy s’était rendu sur place pour inaugurer la première base militaire française dans le golfe persique. A l’époque, le ministre des Affaires étrangères, Abdallah bin Zayed, avait déclaré que le partenariat avec la France était « une priorité absolue ». Les Emirats sont devenus un atout essentiel de la capacité de projection de l’armée française au Moyen-Orient et au-delà. La récente visite du ministère des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian, et de Florence Parly, la ministre des Armées à Abou Dhabi en atteste.

Les Emirats arabes unis ne sont pas seulement un partenaire militaire avéré, ils partagent aussi les problématiques géopolitiques françaises.

La France, les Emirats arabes unis et leurs alliés défendent la liberté de navigation dans le golfe persique. A la suite des menaces iraniennes sur le détroit d’Ormuz, la France a proposé de déployer une mission européenne d’information sur la situation maritime en utilisant sa base navale. Cette opération européenne (Anegor) fut lancée en 2020. Plus tard, en avril 2021, l’exercice bilatéral annuel de préparation au combat naval dans le golfe persique entre la France et l’Inde a donné lieu à la première participation de la marine des Emirats arabes unis.

Par ailleurs, la France et les Emirats arabes unis s’opposent à l’expansionnisme de la Turquie dans la région euroméditerranéenne. Pour cela la France a apporté son plein soutien, tant diplomatique que militaire, à la Grèce dont la souveraineté maritime était contestée par la Turquie. Les Emirats arabes unis, quant à eux, ont obtenu le statut d’observateur au Forum EastMed (*), ce qui leur a permis de développer des relations plus solides avec les Etats membres de l’UE comme Chypre, la Grèce et la France qui partagent des préoccupations concernant la Turquie.

Plus globalement, les Emirats collaborent avec les services français de lutte contre le terrorisme lié à l’extrémisme religieux, qui a marqué la France au cours de la dernière décennie. Alors que le président Macron fait du combat contre le séparatisme islamique un cheval de bataille, dans le monde arabe, son allié Mohamed bin Zayed s’attaque à l’islam politique porté par les Frères musulmans. Tous deux s’accordent sur une vision modérée d’un islam intégré à la société.

Le soutien financier des Emirats au G5 Sahel est également un signe concret de l’appui des EAU à la lutte contre l’extrémisme religieux sur le continent africain.

L’opération Apagan qui vient de s’achever entre Kaboul et Paris illustre une des nombreuses facettes de la coopération Franco-émiratie et des convergences entre les deux pays. Aujourd’hui un pont aérien, demain le rôle traditionnel de médiateur entre les pays occidentaux et les puissances arabes et asiatiques. Il y a plus de dix ans la France a fait le choix des Emirats et une fois de plus, ils montrent leur fiabilité dans un moment de crise.

Accord Israël-Emirats: un enjeu géopolitique majeur

Accord Israël-Emirats: un enjeu géopolitique majeur

 

Spécialiste du Moyen-Orient, David Khalfa ,chercheur au Center for peace communications, à New York explique dans l’Opinion pourquoi l’accord entre Israël et les émirats un enjeu géopolitique nouveau.

Quelle est la portée de l’accord de paix signé entre Israël et les Emirats arabes unis (EAU) ?

Israël est né dans le fracas de la guerre. C’était l’ennemi historique, dans la vision panarabe classique qui déniait à ce pays le droit à l’existence. Les Etats arabes avaient formulé, au sortir de la guerre de 1967, les fameux trois non de la « résolution de Khartoum » : non à la paix avec Israël, à la reconnaissance d’Israël et à toute négociation avec Israël. De ce point de vue, l’accord annoncé jeudi marque un changement d’ère et le recul du front du refus.

Ce front avait déjà été fissuré…

Oui, par l’accord de paix de 1979 entre l’Egypte et Israël puis par le traité de paix israélo-jordanien de 1994. Les pays arabes conditionnaient désormais la normalisation de leurs relations avec Israël à la résolution du conflit israélo-palestinien selon la formule de la « terre contre la paix ». Cette position impliquait pour les Arabes un retrait israélien sur les lignes d’armistices de 1949. La signature des accords d’Oslo a accéléré ce processus de normalisation. La décision du Conseil de coopération du Golfe regroupant six monarchies (Arabie saoudite, Qatar, Koweït, Oman, Bahreïn, EAU) d’annuler le boycott des entreprises ayant des relations commerciales avec Israël et l’ouverture de missions diplomatiques israéliennes au Qatar ou à Oman traduisaient cet élan. L’adoption de l’« initiative arabe de paix » du roi Abdallah d’Arabie saoudite, en 2002, constituait une nouvelle étape mais le principe « terre contre la paix » était maintenu tout comme la position traditionnelle sur les réfugiés. Les sceptiques doutaient qu’une authentique normalisation puisse voir le jour en l’absence de concessions significatives d’Israël sur le dossier palestinien. Les pays arabes préféreraient s’en tenir à des relations discrètes au nom d’intérêts stratégiques communs, particulièrement dans la lutte contre les ambitions régionales iraniennes. On se bornait à l’adage : « L’ennemi de mon ennemi est mon ami ». Cet accord est donc le prélude à une profonde évolution du jeu géopolitique régionale.

Comment a-t-il été formalisé ?

Dans le plus grand secret entre Donald Trump, Mohammed ben Zayed et Benjamin Netanyahu, via le leurs conseillers respectifs depuis environ un an et demi. Ni Benny Gantz, vice-premier ministre et ministre de la Défense d’Israël, ni son collègue des Affaires étrangères, Gabi Ashkenazi, ne semblent avoir été associés. Jared Kushner, conseiller de Donald Trump, a joué un rôle très important. Il a empêché le Premier ministre israélien de poursuivre son projet d’annexion d’une partie de la Cisjordanie. Les autres grand artisans sont l’ambassadeur émirati à Washington, Yousef al-Otaiba, proche du gendre du président américain, qui a poussé son avantage en obtenant le retrait de facto du projet d’annexion en échange de l’établissement de relations diplomatiques officielles avec Israël, et Yossi Cohen, le chef du Mossad. Kushner et al-Otaiba ont convaincu le président américain de ne pas écouter l’ambassadeur américain en Israël, David Friedman, favorable à l’annexion.

 

Cet accord ouvre-t-il la voie à la normalisation des relations israéliennes avec d’autres pays ?

Les Etats arabes ont jusqu’ici joué un double jeu. Ils maintenaient la fiction du refus de la normalisation avec Israël tout en encourageant discrètement le dialogue et la coopération. Des rencontres d’experts israéliens et des pays du Golfe se sont multipliées ces dernières années lors de colloques internationaux à Londres et à Washington. Les visites réciproques de représentants ou ex-responsables du renseignement se sont accélérées. On sentait cet accord venir à l’aune de certaines déclarations des dirigeants des monarchies du Golfe, notamment celles de Mohamed Ben Salmane et de Mohammed ben Zayed. Ces déclarations rompaient avec les positions anti-israéliennes traditionnelles des dirigeants nationalistes arabes. Le voyage surprise de Benjamin Netanyahu à Oman en octobre 2018 confirmait ce rapprochement de manière spectaculaire. Israël devrait normaliser, à court ou moyen terme, ses relations avec Bahreïn, Oman, le Soudan et certains pays musulmans d’Afrique.

Comment cela est-il devenu possible ?

L’accord entre les Emirats et Israël marque un changement de perception de l’Etat juif dans le monde arabe. Israël n’est plus considéré par ces pays comme une menace mais comme une force stabilisatrice dans une région volatile et chaotique. Par ailleurs, Israël est une puissance militaire, technologique et économique avec laquelle il faut compter et donc coopérer, en particulier dans le contexte des redéploiements américains au Moyen-Orient. Les monarchies pétrolières et gazières ont compris que le cours des hydrocarbures resterait durablement bas et qu’elles devaient moderniser leurs économies en diversifiant leurs exportations. Israël peut les y aider. L’accord entre Jérusalem et Abu Dhabi évoque d’ailleurs un volet technologique et économique.

Israël se trouve-t-elle dans une nouvelle alliance géopolitique ?

Les rapports de force sont en train d’évoluer. Plusieurs pays arabes sunnites veulent formaliser une alliance de revers avec Israël afin de contrer les ambitions régionales de l’alliance qataro-turque et de l’Iran. Ce dernier est considéré comme le problème de sécurité nationale numéro 1 par les principales puissances sunnites de la région. La Turquie n’a pas tardé à réagir dénonçant le « comportement hypocrite » et la trahison à la cause palestinienne des Emirats arabes unis. Et Téhéran qualifie cet accord de «dangereux » et «illégitime ».

Le timing de cet accord est parfait pour Trump et Nethanyahu…

Il arrive au meilleur moment pour le président américain, en quête d’une réélection mais en perte de vitesse dans les sondages. Tous deux sont par ailleurs accusés d’avoir mal géré la pandémie de Covid-19. Donald Trump, qui a pour l’heure échoué à arracher un accord en Corée du Nord et n’est pas parvenu à faire revenir les Iraniens à la table des négociations, tient son premier succès de politique étrangère. Son rival démocrate, Joe Biden, n’a pu que saluer cet accord. C’est aussi une victoire diplomatique pour Benjamin Netanyahu. Ce dernier était également dans une mauvaise passe, sa coalition bat de l’aile faute d’arriver à établir un budget pluriannuel. Mais il doit maintenant faire face à la grogne du mouvement des colons et à l’opposition de la droite dure qui dénonce une trahison de ses promesses électorales. Le Premier ministre israélien tente de limiter la casse en évoquant une simple « suspension » du projet d’annexion quand Trump parle, lui, d’abandon.

Cet accord aura-t-il un impact sur la politique étrangère de la France ?

La France maintient la fiction diplomatique d’une solution à deux Etats pour résoudre le conflit israélo-palestinien, selon des paramètres qui ne correspondent plus à la réalité du terrain. Elle souhaite la reprise des négociations entre Israéliens et Palestiniens alors qu’une majorité de la population, de part et d’autre, n’y croit plus. Sa position médiane de soutien à la sécurité d’Israël tout en promouvant la cause palestinienne sera plus difficile à tenir, d’autant que son allié émirati a choisi son camp. Toute relance des négociations bute d’ailleurs sur l’incapacité du Fatah et du Hamas à se mettre d’accord pour de nouvelles élections. Le Mouvement national palestinien est en perte de vitesse dans le monde arabe. Son leadership est divisé, corrompu et impopulaire. Seul un renouvellement générationnel permettrait de sortir de l’impasse. Mahmoud Abbas, le patron de l’Autorité palestinienne, a choisi une stratégie visant à internationaliser le conflit et isoler Israël, qui se retourne aujourd’hui contre lui. Il est plus isolé que jamais.

 

Israël et les Emirats arabes : accord de paix et fin des annexions

Israël et les Emirats arabes : accord de paix et fin des annexions

 

Un accord de paix devrait normaliser les relations diplomatiques entre les deux pays du Moyen-Orient.

Cette percée diplomatique, qui était en négociation depuis un an et demi, est de nature à remodeler le contexte politique au Moyen-Orient. A Ramallah, la direction palestinienne l’a dénoncé, y voyant une trahison de la cause palestinienne.

L’accord prévoit qu’Israël suspende l’application de sa souveraineté sur plusieurs zones de Cisjordanie dont il évoquait l’annexion.

Après de longues discussions tripartites, qui se sont accélérées récemment, l’accord a été conclu jeudi par téléphone entre Donald Trump, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, et le cheik Mohammed ben Zayed, prince héritier d’Abou Dhabi, précise la présidence américaine.

La Maison blanche présente ces “accords d’Abraham” comme les premiers du genre conclus depuis celui scellé il y a vingt-six ans entre Israël et la Jordanie.

Israël a signé la paix avec l’Egypte en 1979 et avec Amman en 1994. Les Emirats deviennent le premier Etat du Golfe à nouer un accord de ce type avec l’Etat hébreu.

Un communiqué commun des trois pays précise que Donald Trump, Benjamin Netanyahu et Cheikh Mohammed ben Zayed ont “convenu de la normalisation complète des relations entre Israël et les Emirats arabes unis”.

“Cette avancée diplomatique historique va faire progresser la paix dans la région du Moyen-Orient et témoigne de la diplomatie audacieuse et de la vision des trois dirigeants ainsi que du courage des Emirats arabes unis et d’Israël pour tracer un nouveau chemin qui permettra de révéler l’énorme potentiel de la région”, ajoute-t-il.

Le communiqué précise aussi que “du fait de cette percée diplomatique et sur la requête du président Trump avec le soutien des Emirats arabes unis, Israël suspendra la déclaration de sa souveraineté” sur des secteurs de Cisjordanie envisagée par le gouvernement de Benjamin Netanyahu.

. C’est une “trahison de Jérusalem, d’Al Aqsa et de la cause palestinienne”, a dit Nabil Abou Roudeineh, proche conseiller du président palestinien Mahmoud Abbas, tandis qu’Hanane Achraoui, membre du comité exécutif de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), prévenait que les Emirats ne pourront pas se cacher derrière un soutien à la cause palestinienne. “Nous ne sommes pas une feuille de vigne”, a-t-elle dit.

Elle a précisé que la direction palestinienne avait été laissée totalement à l’écart des négociations qui, selon Jared Kushner, gendre et conseiller spécial de Trump, ont duré dix-huit mois, avec une accélération depuis début juillet et une finalisation mercredi.

La Jordanie a indiqué de son côté que cet accord pourrait favoriser une reprise des négociations de paix s’il réussit à conduire Israël à accepter la création d’un Etat palestinien sur les territoires occupés depuis la guerre des Six Jours, en 1967.

Avec moins de 10 millions d’habitants, mais la deuxième économie du monde arabe grâce à leurs hydrocarbures, les Emirats exercent une influence croissante, tant commerciale que militaire, dans le Golfe et au-delà, avec un accent mis sur la lutte contre l’influence de l’Iran et contre des groupes islamistes armés.

Cet accord est un “cauchemar” pour l’Iran, a du reste commenté le diplomate américain Brian Hook, émissaire de Donald Trump au Moyen-Orient.

A Téhéran, Hossein Amir-Abdollahian, conseiller spécial du président du parlement, a fustigé l’absence de toute justification au comportement d’Abou Dhabi, qu’il accuse de “tourner le dos à la cause palestinienne”.

“Avec cette erreur stratégique, ajoute-t-il, les Emirats arabes unis vont être engloutis dans l’incendie du sionisme.”

Première centrale nucléaire du monde arabe dans les émirats

Première centrale nucléaire du monde arabe dans les émirats

Cette première centrale nucléaire arabe aura la capacité de produire 5.600 mégawatts d’électricité, soit environ 25% des besoins des Émirats arabes unis, pays riche en pétrole. L’État fédéral composé de sept émirats compte une population de 9,3 millions d’habitants, dont environ 80% d’expatriés.

«Nous annonçons aujourd’hui que les Émirats arabes unis ont procédé, avec succès, à la mise en service du premier réacteur de la centrale de Barakah, la première du monde arabe», a tweeté cheikh Mohammed ben Rached al-Maktoum, Premier ministre des Émirats et souverain de Dubaï. «C’est un moment historique pour les Émirats dans leur objectif de fournir une nouvelle forme d’énergie propre à la nation», a indiqué pour sa part Hamad Alkaabi, le représentant des Émirats auprès de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA).

Les autorités émiraties avaient donné en février leur feu vert à l’exploitation de la centrale nucléaire située dans le nord-ouest du pays, sans pour autant donner de date pour sa mise en service.

Fondée en 2016, Nawah Energy Company doit exploiter et entretenir à terme les quatre réacteurs qui doivent y être installés, selon le site internet de l’entreprise. La construction est effectuée par un consortium mené par Emirates Nuclear Energy Corporation (ENEC) et par le sud-coréen Korea Electric Power Corporation (KEPCO), pour un coût estimé à 24,4 milliards de dollars.




L'actu écologique |
bessay |
Mr. Sandro's Blog |
Unblog.fr | Annuaire | Signaler un abus | astucesquotidiennes
| MIEUX-ETRE
| louis crusol