Pour un embargo immédiat sur le gaz et le pétrole russes
Les Européens réunis pour un sommet à Versailles les 10 et 11 mars doivent décider de se passer des énergies vendues par Moscou afin de se montrer solidaires avec les Ukrainiens, estime le candidat écologiste Yannick Jadot à la présidentielle, dans une tribune au « Monde ».
Tribune.
Ce jeudi 10 mars, à Versailles (Yvelines), les chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union européenne doivent répondre à l’appel du président ukrainien Volodymyr Zelensky et décider d’un embargo sur le gaz et le pétrole russes. Je l’ai demandé dès le samedi 5 mars en m’adressant aux Françaises et aux Français qui, nombreux, manifestaient leur solidarité avec le peuple ukrainien.
Nous devons le faire et nous le pouvons, en France et dans toute l’Europe, solidairement.
Nous le devons, car cette invasion de l’Ukraine constitue une menace directe pour notre liberté et notre sécurité. Il nous faut, pour faire cesser cette entreprise de destruction et les crimes de guerre commis contre les populations civiles, massifier les sanctions économiques et financières, traquer les fortunes des oligarques chez nous et dans chaque paradis fiscal, équiper militairement la résistance ukrainienne.
L’Europe a, enfin, commencé à répondre présent. Elle doit maintenant montrer sa détermination et sa force en s’attaquant au cœur de la puissance de l’oligarchie russe : le gaz et le pétrole. Au vu de la détermination de Vladimir Poutine à détruire l’Ukraine, les exclure des sanctions n’a plus de sens.
Les exportations de gaz et de pétrole rapportent 700 millions de dollars [environ 637 millions d’euros] par jour à Vladimir Poutine et à sa machine de guerre [c’était le cas dans les vingt-quatre heures suivant la reconnaissance de l’indépendance des Etats séparatistes ukrainiens par le président russe, le 21 février]. Nous devons mettre un terme à cette dépendance de l’Union européenne : son économie sous perfusion d’énergies fossiles la met à la merci du chantage d’un dictateur. Trop de responsables politiques européens y ont succombé. Il nous faut sortir du gaz et du pétrole, et non créer de nouvelles dépendances. Le combat pour notre sécurité est bien, aussi, celui du climat.
Cette épreuve, nous pouvons la surmonter. Rien n’est hors de la portée du peuple français, des peuples européens quand ils luttent pour leur liberté et leur indépendance. Rien n’est hors de portée du génie de nos ouvriers et de nos ouvrières, de nos techniciens, de nos ingénieurs. La transition et la sobriété énergétiques vont constituer une grande aventure humaine.
Nous ferons la démonstration de notre solidarité envers le peuple ukrainien et avec les pays européens les plus dépendants. Nous soutiendrons les Françaises et les Français les plus fragilisés par l’effet des sanctions.