Gouvernement : un remaniement mais avec Ayrault
Acculé Hollande devrait se résoudre à changer le gouvernement mais en gardant Ayrault, une sorte de jeu de chaises puisque le gouvernement sera plus resserré. Ayrault a d’ailleurs décidé de ne pas se présenter aux élections municipales de Nantes. En fait un changement style Hollande, on change mais sans changer. Un gouvernement qui de toute façon sera discrédité en moins de 6 mois avec l’austérité, le chômage, la récession et l’endettement. Exacerbées il y a quelques semaines au moment des aveux de Jérôme Cahuzac, ces rumeurs de remodelage de l’équipe ministérielle s’étaient un peu tues, avant de reprendre de plus belle ces derniers jours. Jeudi, c’est le président PS de l’Assemblée, Claude Bartolone, déjà critique sur les déclarations de patrimoine, et le ministre de l’Agriculture, Stéphane Le Foll, qui ont relancé les spéculations en plaidant pour un « nouveau moment du quinquennat », plus offensif sur les plans économiques et sociaux. »Nous sommes à la fin du premier moment du quinquennat, ce temps où on met en place les outils et les politiques », a dit aussi vendredi le ministre du Travail, Michel Sapin, sur RMC/BFM TV. Selon ce proche du chef de l’Etat, le « deuxième moment », celui « de la cohérence, de la cohésion, de l’efficacité », viendra « quand François Hollande l’aura choisi ». Le quinquennat de M. Hollande semble ainsi traverser un moment charnière, un an presque jour pour jour après le retour de la gauche à l’Elysée. Est-ce la bonne fenêtre de tir pour changer de Premier ministre? « Non, je ne pense pas du tout », rétorque M. Sapin. « Je crois profondément que Jean-Marc Ayrault a le caractère, la personnalité de ce temps de l’effort, de ce temps du redressement », assure-t-il. »On n’est pas en train de faire nos cartons », confirme un conseiller de M. Ayrault. Le chef du gouvernement, dont la cote de popularité est aussi basse que celle du président, multiplie d’ailleurs les interventions médiatiques et veut incarner la bataille pour l’emploi et la compétitivité. Changer de Premier ministre moins d’un an avant les municipales, ce sera donc non. Mais remanier « c’est autre chose », explique M. Sapin. Une source gouvernementale décrit ainsi un « glacis » qui aurait saisi certains ministères, où il ne se passerait presque plus rien, « les administrations considérant que ce n’est pas la peine de se bouger pour des ministres qui ne vont pas rester ». Certains pourraient en effet faire les frais d’un remaniement autour d’une équipe resserrée à une vingtaine de membres, contre 38 actuellement. Un nombre limité de ministres aurait bien des avantages, avec en particulier des « réunions qui dureraient moins longtemps », selon un conseiller de M. Ayrault. Mais ce n’est pas non plus la panacée. Avec moins de ministres, « vous couvrez plus ou moins bien les sujets » et ne pouvez pas livrer de « travail d’écoute, de réception des informations », explique ce membre du cabinet du Premier ministre. Sans réduire le nombre de ministres, un remaniement pourrait cependant permettre de fluidifier l’organisation gouvernementale, en particulier à Bercy, où cohabitent pas moins de sept ministres. Un nouveau gouvernement Ayrault pourrait aussi accueillir des poids lourds de la majorité comme Bertrand Delanoë ou Ségolène Royal. Lionel Jospin avait ainsi musclé son équipe en 2000 en faisant appel à Laurent Fabius ou Jack Lang . Le président du groupe PS au Sénat, François Rebsamen, a quant à lui plaidé sa cause sur Public Sénat: « Si j’étais ministre, je vous assure, on ne m’entendrait pas, je ferais mon boulot et puis c’est tout ». »S’il (M. Hollande) ne voulait pas que je l’affaiblisse, il fallait qu’il me propose l’Intérieur », ironise le maire de Dijon, qui avait refusé un poste ministériel en mai 2012 et s’est depuis opposé à une application du non-cumul des mandats dès 2014. En attendant un éventuel changement d’équipe autour de l’été, M. Ayrault et ses ministres tentent d’améliorer le fonctionnement de la majorité. « Il faut plus parler avec les parlementaires, il faut plus parler avec les partis de la majorité », conseille ainsi M. Sapin. Une ministre estime pour sa part qu’il faut au sein du gouvernement « des prises de position plus solidaires et loyales avec ceux qui nous ont donné des responsabilités ». MM. Hollande et Ayrault avaient fait un même rappel à l’ordre ces dernières semaines quand Arnaud Montebourg, Cécile Duflot ou Benoît Hamon avaient réclamé une inflexion de la politique économique.