Archive pour le Tag 'élites'

Politique-Référendum : la grande trouille des élites politiques et médiatiques

Politique-Référendum : la grande trouille des élites politiques et médiatiques

Il est pour le moins curieux que ceux qui détiennent le pouvoir du peuple et ceux qui ont pour mission de rendre compte de la vie démocratique s’unissent avec une telle unanimité pour dénoncer le référendum dont l’objet est justement de permettre l’expression des citoyens.

Il faut écouter les arguments mondains pour justifier cette position : « vous comprenez mon cher, cette affaire de référendum n’est pas sérieuse….. d’abord il n’y a pas de majorité alternative….. ensuite quelles questions poser…. c’est totalement impossible »

En vérité, un positionnement qui n’est pas complètement surprenant évidemment de la part des politiques actuellement au pouvoir mais aussi des éditorialistes de la grande presse à peu près tous au service des intérêts financiers. Ou des intérêts du gouvernement.

Il est évident qu’un référendum dont le résultat donnerait par exemple à propos de la politique sociale et au-delà économique du gouvernement un résultat de 70 % contre et seulement 30 % pour( évaluation de certains organismes de sondage) bouleverserait profondément le paysage démocratique et les hiérarchies établies dans le monde politique, économique et médiatique.

On se demande de quelle légitimités peuvent se prévaloir ces éditorialistes qui participent tous les soirs à ces tables rondes des télés d’information pour parler sans compétence de tout et de rien. Un jour de la crise sanitaire, le lendemain de la Défense nationale, le surlendemain de l’école, de la sécurité et du développement économique. En fait, ils répètent tous avec quelques nuances le discours superficiel ambiant dans les salons parisiens. Une sorte d’avant-goût du GPT !.

Dans la crise démocratique il y a aussi cette crise médiatique où les journalistes pour la plupart sont clairement du côté du pouvoir et derrière la finance qui les rémunère.

Référendum : la grande trouille des élites politiques et médiatiques

Référendum : la grande trouille des élites politiques et médiatiques

Il est pour le moins curieux que ceux qui détiennent le pouvoir du peuple et ceux qui ont pour mission de rendre compte de la vie démocratique s’unissent avec une telle unanimité pour dénoncer le référendum dont l’objet est justement de permettre l’expression des citoyens.

Il faut écouter les arguments mondains pour justifier cette position : « vous comprenez mon cher, cette affaire de référendum n’est pas sérieuse….. d’abord il n’y a pas de majorité alternative….. ensuite quelles questions poser…. c’est totalement impossible »

En vérité, un positionnement qui n’est pas complètement surprenant évidemment de la part des politiques actuellement au pouvoir mais aussi des éditorialistes de la grande presse à peu près tous au service des intérêts financiers. Ou des intérêts du gouvernement.

Il est évident qu’un référendum dont le résultat donnerait par exemple à propos de la politique sociale et au-delà économique du gouvernement un résultat de 70 % contre et seulement 30 % pour( évaluation de certains organismes de sondage) bouleverserait profondément le paysage démocratique et les hiérarchies établies dans le monde politique, économique et médiatique.

On se demande de quelle légitimités peuvent se prévaloir ces éditorialistes qui participent tous les soirs à ces tables rondes des télés d’information pour parler sans compétence de tout et de rien. Un jour de la crise sanitaire, le lendemain de la Défense nationale, le surlendemain de l’école, de la sécurité et du développement économique. En fait, ils répètent tous avec quelques nuances le discours superficiel ambiant dans les salons parisiens. Une sorte d’avant-goût du GPT !.

Dans la crise démocratique il y a aussi cette crise médiatique où les journalistes pour la plupart sont clairement du côté du pouvoir et derrière la finance qui les rémunère.

la grande trouille des élites politiques et médiatiques

Référendum : la grande trouille des élites politiques et médiatiques

Il est pour le moins curieux que ceux qui détiennent le pouvoir du peuple et ceux qui ont pour mission de rendre compte de la vie démocratique s’unissent avec une telle unanimité pour dénoncer le référendum dont l’objet est justement de permettre l’expression du peuple.

Il faut écouter les arguments mondains pour justifier cette position : « vous comprenez mon cher, cette affaire de référendum n’est pas sérieuse….. d’abord il n’y a pas de majorité alternative….. ensuite quelles questions poser…. c’est totalement impossible »

En vérité, un positionnement qui n’est pas complètement surprenant évidemment de la part des politiques actuellement au pouvoir mais aussi des éditorialistes de la grande presse à peu près tous au service des intérêts financiers. Ou des intérêts du gouvernement.

Il est évident qu’un référendum dont le résultat donnerait par exemple à propos de la politique sociale et au-delà économique du gouvernement un résultat de 70 % contre et seulement 30 % pour( évaluation de certains organismes de sondage) bouleverserait profondément le paysage démocratique et les hiérarchies établies dans le monde politique, économique et médiatique.

On se demande de quelle légitimités peuvent se prévaloir ses éditorialistes qui participent tous les soirs à ces tables rondes des télés d’information pour parler sans compétence de tout et de rien. Un jour de la crise sanitaire, le lendemain de la Défense nationale, le surlendemain de l’école, de la sécurité et du développement économique. En fait il répète tous avec quelques nuances le discours superficiel ambiant dans les salons parisiens. Une sorte d’avant-goût du GPT qui va supprimer ces médiateurs partiaux.

Dans la crise démocratique il y a aussi cette crise médiatique où les journalistes pour la plupart sont clairement du côté du pouvoir et derrière la finance qui les rémunère.

Politique-Réforme des retraites: l’intox des « élites » 

Politique-Réforme des retraites: l’intox des « élites » 

 

Quelques jours avant le 19 février, la plupart des grands médias et le gouvernement pronostiquaient généralement une mobilisation assez moyenne en raison notamment du faible impact des syndicats. Depuis le 19 février, ils ont certes acté la réussite de la mobilisation à Paris comme en province mais ils prévoient désormais que le temps jouera contre les anti réforme voire annoncent un éclatement du front syndical. . Dans deux nombreux grands médias , on assiste à un matraquage pro gouvernemental à propos de la réforme des retraites. Beaucoup d’ailleurs n’ont strictement aucune compétence en la matière mais ils reprennent tout simplement le discours à la mode dans les salons parisiens. Finalement des prises de position assez proche du café du commerce mais du café mondain. Certes le système des retraites doit être revu mais de façon équitable et efficace. Mais les élites proclamées  font l’économie de l’analyse d’une part d’un texte, d’autre part des réalités sociales. Rien d’étonnant à cela puisque la plupart des médias dépendent des grands financiers ou du gouvernement. Pour preuve,  cette caricature de débat dans un article de « Marianne » qui rend compte d’un échange  sur Radio classique  .

 

Pour parler de la réforme des retraites ce jeudi matin au micro de Radio Classique, Guillaume Durand a invité pas moins de trois personnalités. Des personnalités si différentes qu’elles étaient toutes d’accord entre elles. Comme l’animateur lui-même, d’ailleurs.

À 8 h 15, dans « Les stars de l’info », c’est Raymond Soubie, ancien conseiller social de Nicolas Sarkozy qu’a décidé d’inviter l’animateur. Que va bien pouvoir penser de la situation celui qui a conseillé le gouvernement de Jean-Pierre Raffarin sur la réforme des retraites puis qui a organisé celle de 2010 sous Sarkozy et Fillon ? Le suspense est total. Autant que si l’on avait invité Jean-Paul Delevoye il y a 3 ans pour lui demander s’il était pour ou contre la réforme.

La première question de l’animateur donne le ton : « Mettons-nous tous les deux ce matin à la place du gouvernement, bien que nous ne soyons pas le gouvernement (la précision est utile) : est-ce que tout a été mis sur la table ? » Réponse de l’invité : « Presque tout a déjà été mis sur la table. » Si tout est accompli, les choses, devraient donc bien se passer ? Pas si sûr, selon l’invité, qui nous remémore la première tentative du président : « Je rappelle que les retraites, c’est un sujet douloureux pour Emmanuel Macron. » Hélas, les Français sont incapables d’empathie pour le chef de l’État, qui, d’après Monsieur Soubie, « garde un souvenir terrible de la crise des Gilets jaunes qui est partie sur le pouvoir d’achat mais qui s’est assez vite transformée en détestation politique y compris violente vis-à-vis du pouvoir. » Les factieux ont heureusement été mis hors d’état de nuire, même si, comme le déplore Guillaume Durand, on essaye encore de monter les riches contre les pauvres – alors que c’est tellement plus simple pour tout le monde de faire payer les pauvres.

L’ancien conseiller social en est tout cas convaincu : cette réforme, Macron « ne peut plus la reculer ni abandonner, il perdrait absolument toute crédibilité à l’intérieur du pays. » Et Dieu sait qu’elle est immense. Puis ce dernier d’exprimer un regret : que le président « ne l’ait pas fait passer avec le 1er 49.3 » C’est vrai que le gouvernement semble totalement ignorer ce recours.

 

Tout à coup, les trois hommes sont traversés par une fulgurance. Si cette réforme est l’évidence même, pourquoi n’emporte-t-elle pas l’adhésion de tous les Français ? La réponse jaillit, limpide, dans la bouche de Franz : c’est à cause des fake news. Puis d’égrener des déclarations de Sandrine Rousseau ou de Clémentine Autain dont on se demande quel rapport elles ont avec les retraites. Mais pas Guillaume Durand, qui demande, naïf : « On est dans l’idéologie ? » Tout le contraire de Radio Classique. L’animateur-ministre du Travail renchérit : « Y a des mensonges qui sont répétés, des mensonges d’ailleurs dénoncés par Macron ». Si c’est pas la preuve que c’en est, qu’est-ce que c’est ?

L’animateur-Haut-commissaire à la réforme pose ensuite une question ouverte qui fera date : « Quels sont d’après vous les deux ou trois gros mensonges qui sont racontés aux Français sur cette affaire-là ? » David Doukhan prend la question très au sérieux : « Les fake news, c’est un problème pour Emmanuel Macron parce qu’il sait pertinemment qu’il est lancé maintenant dans une bataille de l’opinion. » Avant cette désinformation, en effet, tout le monde était favorable à la réforme. Il ajoute : « Le problème de ces fake news, c’est qu’elles visent à déclencher l’embrasement. » Nous ne « fact-checkerons » pas cette affirmation car elle émane d’un complotisme autorisé, celui des élites. Le journaliste d’alerter : « La difficulté, c’est qu’en face, le gouvernement a des arguments, allez, on va dire très raisonnables et parfois un peu technocratiques. » Or tout le monde sait que c’est un gros problème quand on a, en face, affaire à des citoyens bas-de-plafond. Puis de conclure : « Attention à ce que cette bataille ne soit pas emportée par ceux qui manient le mensonge. » On ne comprend plus très bien : souhaite-t-il maintenant que le gouvernement échoue ?

Un peu plus tôt, à 8h12, l’éditorialiste Guillaume Tabard avait trouvé une autre raison au blocage de cette réforme si juste : le fait qu’il faille, comme Macron l’a préconisé à ses ministres : « expliquer, expliquer, et encore expliquer la réforme. » Si les Français sont contre, c’est naturellement parce que le gouvernement n’a pas suffisamment fait preuve de « pédagogie ». Et l’éditorialiste de se demander si « les Français vont supporter longtemps d’être les otages d’un mouvement social qui deviendrait radical » avant d’évoquer la « course à la radicalité et à la démagogie », la « radicalisation du mouvement » et « l’hystérisation du débat ». Il ne manquait plus que le « populisme » pour faire un « strike ».

Politique -Réforme des retraites: l’intox pro gouvernemental des « élites » 

Politique -Réforme des retraites: l’intox pro gouvernemental des « élites » 

 

Quelques jours avant le 19 février, la plupart des grands médias et le gouvernement pronostiquaient généralement une mobilisation assez moyenne en raison notamment du faible impact des syndicats. Depuis le 19 février, ils ont certes acté la réussite de la mobilisation à Paris comme en province mais ils prévoient désormais que le temps jouera contre les anti réforme voire annoncent un éclatement du front syndical. . Dans deux nombreux grands médias , on assiste à un matraquage pro gouvernemental à propos de la réforme des retraites. Beaucoup d’ailleurs n’ont strictement aucune compétence en la matière mais ils reprennent tout simplement le discours à la mode dans les salons parisiens. Finalement des prises de position assez proche du café du commerce mais du café mondain. Certes le système des retraites doit être revu mais de façon équitable et efficace. Mais les élites proclamées  font l’économie de l’analyse d’une part d’un texte, d’autre part des réalités sociales. Rien d’étonnant à cela puisque la plupart des médias dépendent des grands financiers ou du gouvernement. Pour preuve,  cette caricature de débat dans un article de « Marianne » qui rend compte d’un échange  sur Radio classique  .

 

Pour parler de la réforme des retraites ce jeudi matin au micro de Radio Classique, Guillaume Durand a invité pas moins de trois personnalités. Des personnalités si différentes qu’elles étaient toutes d’accord entre elles. Comme l’animateur lui-même, d’ailleurs.

À 8 h 15, dans « Les stars de l’info », c’est Raymond Soubie, ancien conseiller social de Nicolas Sarkozy qu’a décidé d’inviter l’animateur. Que va bien pouvoir penser de la situation celui qui a conseillé le gouvernement de Jean-Pierre Raffarin sur la réforme des retraites puis qui a organisé celle de 2010 sous Sarkozy et Fillon ? Le suspense est total. Autant que si l’on avait invité Jean-Paul Delevoye il y a 3 ans pour lui demander s’il était pour ou contre la réforme.

La première question de l’animateur donne le ton : « Mettons-nous tous les deux ce matin à la place du gouvernement, bien que nous ne soyons pas le gouvernement (la précision est utile) : est-ce que tout a été mis sur la table ? » Réponse de l’invité : « Presque tout a déjà été mis sur la table. » Si tout est accompli, les choses, devraient donc bien se passer ? Pas si sûr, selon l’invité, qui nous remémore la première tentative du président : « Je rappelle que les retraites, c’est un sujet douloureux pour Emmanuel Macron. » Hélas, les Français sont incapables d’empathie pour le chef de l’État, qui, d’après Monsieur Soubie, « garde un souvenir terrible de la crise des Gilets jaunes qui est partie sur le pouvoir d’achat mais qui s’est assez vite transformée en détestation politique y compris violente vis-à-vis du pouvoir. » Les factieux ont heureusement été mis hors d’état de nuire, même si, comme le déplore Guillaume Durand, on essaye encore de monter les riches contre les pauvres – alors que c’est tellement plus simple pour tout le monde de faire payer les pauvres.

L’ancien conseiller social en est tout cas convaincu : cette réforme, Macron « ne peut plus la reculer ni abandonner, il perdrait absolument toute crédibilité à l’intérieur du pays. » Et Dieu sait qu’elle est immense. Puis ce dernier d’exprimer un regret : que le président « ne l’ait pas fait passer avec le 1er 49.3 » C’est vrai que le gouvernement semble totalement ignorer ce recours.

 

Tout à coup, les trois hommes sont traversés par une fulgurance. Si cette réforme est l’évidence même, pourquoi n’emporte-t-elle pas l’adhésion de tous les Français ? La réponse jaillit, limpide, dans la bouche de Franz : c’est à cause des fake news. Puis d’égrener des déclarations de Sandrine Rousseau ou de Clémentine Autain dont on se demande quel rapport elles ont avec les retraites. Mais pas Guillaume Durand, qui demande, naïf : « On est dans l’idéologie ? » Tout le contraire de Radio Classique. L’animateur-ministre du Travail renchérit : « Y a des mensonges qui sont répétés, des mensonges d’ailleurs dénoncés par Macron ». Si c’est pas la preuve que c’en est, qu’est-ce que c’est ?

L’animateur-Haut-commissaire à la réforme pose ensuite une question ouverte qui fera date : « Quels sont d’après vous les deux ou trois gros mensonges qui sont racontés aux Français sur cette affaire-là ? » David Doukhan prend la question très au sérieux : « Les fake news, c’est un problème pour Emmanuel Macron parce qu’il sait pertinemment qu’il est lancé maintenant dans une bataille de l’opinion. » Avant cette désinformation, en effet, tout le monde était favorable à la réforme. Il ajoute : « Le problème de ces fake news, c’est qu’elles visent à déclencher l’embrasement. » Nous ne « fact-checkerons » pas cette affirmation car elle émane d’un complotisme autorisé, celui des élites. Le journaliste d’alerter : « La difficulté, c’est qu’en face, le gouvernement a des arguments, allez, on va dire très raisonnables et parfois un peu technocratiques. » Or tout le monde sait que c’est un gros problème quand on a, en face, affaire à des citoyens bas-de-plafond. Puis de conclure : « Attention à ce que cette bataille ne soit pas emportée par ceux qui manient le mensonge. » On ne comprend plus très bien : souhaite-t-il maintenant que le gouvernement échoue ?

Un peu plus tôt, à 8h12, l’éditorialiste Guillaume Tabard avait trouvé une autre raison au blocage de cette réforme si juste : le fait qu’il faille, comme Macron l’a préconisé à ses ministres : « expliquer, expliquer, et encore expliquer la réforme. » Si les Français sont contre, c’est naturellement parce que le gouvernement n’a pas suffisamment fait preuve de « pédagogie ». Et l’éditorialiste de se demander si « les Français vont supporter longtemps d’être les otages d’un mouvement social qui deviendrait radical » avant d’évoquer la « course à la radicalité et à la démagogie », la « radicalisation du mouvement » et « l’hystérisation du débat ». Il ne manquait plus que le « populisme » pour faire un « strike ».

Réforme des retraites: l’intox pro gouvernemental des « élites » 

Réforme des retraites: l’intox pro gouvernemental des « élites » 

 

Quelques jours avant le 19 février, la plupart des grands médias et le gouvernement pronostiquaient généralement une mobilisation assez moyenne en raison notamment du faible impact des syndicats. Depuis le 19 février, ils ont certes acté la réussite de la mobilisation à Paris comme en province mais ils prévoient désormais que le temps jouera contre les anti réforme voire annoncent un éclatement du front syndical. . Dans deux nombreux grands médias , on assiste à un matraquage pro gouvernemental à propos de la réforme des retraites. Beaucoup d’ailleurs n’ont strictement aucune compétence en la matière mais ils reprennent tout simplement le discours à la mode dans les salons parisiens. Finalement des prises de position assez proche du café du commerce mais du café mondain. Certes le système des retraites doit être revu mais de façon équitable et efficace. Mais les élites proclamées  font l’économie de l’analyse d’une part d’un texte, d’autre part des réalités sociales. Rien d’étonnant à cela puisque la plupart des médias dépendent des grangs financiers ou du gouvernement. Pour preuve,  cette caricature de débat dans un article de « Marianne » qui rend compte d’un échange  sur Radio classique  .

 

Pour parler de la réforme des retraites ce jeudi matin au micro de Radio Classique, Guillaume Durand a invité pas moins de trois personnalités. Des personnalités si différentes qu’elles étaient toutes d’accord entre elles. Comme l’animateur lui-même, d’ailleurs.

À 8 h 15, dans « Les stars de l’info », c’est Raymond Soubie, ancien conseiller social de Nicolas Sarkozy qu’a décidé d’inviter l’animateur. Que va bien pouvoir penser de la situation celui qui a conseillé le gouvernement de Jean-Pierre Raffarin sur la réforme des retraites puis qui a organisé celle de 2010 sous Sarkozy et Fillon ? Le suspense est total. Autant que si l’on avait invité Jean-Paul Delevoye il y a 3 ans pour lui demander s’il était pour ou contre la réforme.

La première question de l’animateur donne le ton : « Mettons-nous tous les deux ce matin à la place du gouvernement, bien que nous ne soyons pas le gouvernement (la précision est utile) : est-ce que tout a été mis sur la table ? » Réponse de l’invité : « Presque tout a déjà été mis sur la table. » Si tout est accompli, les choses, devraient donc bien se passer ? Pas si sûr, selon l’invité, qui nous remémore la première tentative du président : « Je rappelle que les retraites, c’est un sujet douloureux pour Emmanuel Macron. » Hélas, les Français sont incapables d’empathie pour le chef de l’État, qui, d’après Monsieur Soubie, « garde un souvenir terrible de la crise des Gilets jaunes qui est partie sur le pouvoir d’achat mais qui s’est assez vite transformée en détestation politique y compris violente vis-à-vis du pouvoir. » Les factieux ont heureusement été mis hors d’état de nuire, même si, comme le déplore Guillaume Durand, on essaye encore de monter les riches contre les pauvres – alors que c’est tellement plus simple pour tout le monde de faire payer les pauvres.

L’ancien conseiller social en est tout cas convaincu : cette réforme, Macron « ne peut plus la reculer ni abandonner, il perdrait absolument toute crédibilité à l’intérieur du pays. » Et Dieu sait qu’elle est immense. Puis ce dernier d’exprimer un regret : que le président « ne l’ait pas fait passer avec le 1er 49.3 » C’est vrai que le gouvernement semble totalement ignorer ce recours.

 

Tout à coup, les trois hommes sont traversés par une fulgurance. Si cette réforme est l’évidence même, pourquoi n’emporte-t-elle pas l’adhésion de tous les Français ? La réponse jaillit, limpide, dans la bouche de Franz : c’est à cause des fake news. Puis d’égrener des déclarations de Sandrine Rousseau ou de Clémentine Autain dont on se demande quel rapport elles ont avec les retraites. Mais pas Guillaume Durand, qui demande, naïf : « On est dans l’idéologie ? » Tout le contraire de Radio Classique. L’animateur-ministre du Travail renchérit : « Y a des mensonges qui sont répétés, des mensonges d’ailleurs dénoncés par Macron ». Si c’est pas la preuve que c’en est, qu’est-ce que c’est ?

L’animateur-Haut-commissaire à la réforme pose ensuite une question ouverte qui fera date : « Quels sont d’après vous les deux ou trois gros mensonges qui sont racontés aux Français sur cette affaire-là ? » David Doukhan prend la question très au sérieux : « Les fake news, c’est un problème pour Emmanuel Macron parce qu’il sait pertinemment qu’il est lancé maintenant dans une bataille de l’opinion. » Avant cette désinformation, en effet, tout le monde était favorable à la réforme. Il ajoute : « Le problème de ces fake news, c’est qu’elles visent à déclencher l’embrasement. » Nous ne « fact-checkerons » pas cette affirmation car elle émane d’un complotisme autorisé, celui des élites. Le journaliste d’alerter : « La difficulté, c’est qu’en face, le gouvernement a des arguments, allez, on va dire très raisonnables et parfois un peu technocratiques. » Or tout le monde sait que c’est un gros problème quand on a, en face, affaire à des citoyens bas-de-plafond. Puis de conclure : « Attention à ce que cette bataille ne soit pas emportée par ceux qui manient le mensonge. » On ne comprend plus très bien : souhaite-t-il maintenant que le gouvernement échoue ?

Un peu plus tôt, à 8h12, l’éditorialiste Guillaume Tabard avait trouvé une autre raison au blocage de cette réforme si juste : le fait qu’il faille, comme Macron l’a préconisé à ses ministres : « expliquer, expliquer, et encore expliquer la réforme. » Si les Français sont contre, c’est naturellement parce que le gouvernement n’a pas suffisamment fait preuve de « pédagogie ». Et l’éditorialiste de se demander si « les Français vont supporter longtemps d’être les otages d’un mouvement social qui deviendrait radical » avant d’évoquer la « course à la radicalité et à la démagogie », la « radicalisation du mouvement » et « l’hystérisation du débat ». Il ne manquait plus que le « populisme » pour faire un « strike ».

Intox-Réforme des retraites: Le matraquage pro gouvernemental des « élites »

Intox-Réforme des retraites: Le matraquage pro gouvernemental des « élites » 

 

Quelques jours avant le 19 février, la plupart des grands médias et le gouvernement pronostiquaient généralement une mobilisation assez moyenne en raison notamment du faible impact des syndicats. Depuis le 19 février, ils ont certes acté la réussite de la mobilisation à Paris comme en province mais ils prévoient désormais que le temps jouera contre les anti réforme voire annoncent un éclatement du front syndical. . Dans deux nombreux grands médias , on assiste à un matraquage pro gouvernemental à propos de la réforme des retraites. Beaucoup d’ailleurs n’ont strictement aucune compétence en la matière mais ils reprennent tout simplement le discours à la mode dans les salons parisiens. Finalement des prises de position assez proche du café du commerce mais du café mondain. Certes le système des retraites doit être revu mais de façon équitable et efficace. Mais les élites proclamées  font l’économie de l’analyse d’une part d’un texte, d’autre part des réalités sociales. Rien d’étonnant à cela puisque la plupart des médias dépendent des grangs financiers ou du gouvernement. Pour preuve,  cette caricature de débat dans un article de « Marianne » qui rend compte d’un échange  sur Radio classique  .

 

Pour parler de la réforme des retraites ce jeudi matin au micro de Radio Classique, Guillaume Durand a invité pas moins de trois personnalités. Des personnalités si différentes qu’elles étaient toutes d’accord entre elles. Comme l’animateur lui-même, d’ailleurs.

À 8 h 15, dans « Les stars de l’info », c’est Raymond Soubie, ancien conseiller social de Nicolas Sarkozy qu’a décidé d’inviter l’animateur. Que va bien pouvoir penser de la situation celui qui a conseillé le gouvernement de Jean-Pierre Raffarin sur la réforme des retraites puis qui a organisé celle de 2010 sous Sarkozy et Fillon ? Le suspense est total. Autant que si l’on avait invité Jean-Paul Delevoye il y a 3 ans pour lui demander s’il était pour ou contre la réforme.

La première question de l’animateur donne le ton : « Mettons-nous tous les deux ce matin à la place du gouvernement, bien que nous ne soyons pas le gouvernement (la précision est utile) : est-ce que tout a été mis sur la table ? » Réponse de l’invité : « Presque tout a déjà été mis sur la table. » Si tout est accompli, les choses, devraient donc bien se passer ? Pas si sûr, selon l’invité, qui nous remémore la première tentative du président : « Je rappelle que les retraites, c’est un sujet douloureux pour Emmanuel Macron. » Hélas, les Français sont incapables d’empathie pour le chef de l’État, qui, d’après Monsieur Soubie, « garde un souvenir terrible de la crise des Gilets jaunes qui est partie sur le pouvoir d’achat mais qui s’est assez vite transformée en détestation politique y compris violente vis-à-vis du pouvoir. » Les factieux ont heureusement été mis hors d’état de nuire, même si, comme le déplore Guillaume Durand, on essaye encore de monter les riches contre les pauvres – alors que c’est tellement plus simple pour tout le monde de faire payer les pauvres.

L’ancien conseiller social en est tout cas convaincu : cette réforme, Macron « ne peut plus la reculer ni abandonner, il perdrait absolument toute crédibilité à l’intérieur du pays. » Et Dieu sait qu’elle est immense. Puis ce dernier d’exprimer un regret : que le président « ne l’ait pas fait passer avec le 1er 49.3 » C’est vrai que le gouvernement semble totalement ignorer ce recours.

 

Tout à coup, les trois hommes sont traversés par une fulgurance. Si cette réforme est l’évidence même, pourquoi n’emporte-t-elle pas l’adhésion de tous les Français ? La réponse jaillit, limpide, dans la bouche de Franz : c’est à cause des fake news. Puis d’égrener des déclarations de Sandrine Rousseau ou de Clémentine Autain dont on se demande quel rapport elles ont avec les retraites. Mais pas Guillaume Durand, qui demande, naïf : « On est dans l’idéologie ? » Tout le contraire de Radio Classique. L’animateur-ministre du Travail renchérit : « Y a des mensonges qui sont répétés, des mensonges d’ailleurs dénoncés par Macron ». Si c’est pas la preuve que c’en est, qu’est-ce que c’est ?

L’animateur-Haut-commissaire à la réforme pose ensuite une question ouverte qui fera date : « Quels sont d’après vous les deux ou trois gros mensonges qui sont racontés aux Français sur cette affaire-là ? » David Doukhan prend la question très au sérieux : « Les fake news, c’est un problème pour Emmanuel Macron parce qu’il sait pertinemment qu’il est lancé maintenant dans une bataille de l’opinion. » Avant cette désinformation, en effet, tout le monde était favorable à la réforme. Il ajoute : « Le problème de ces fake news, c’est qu’elles visent à déclencher l’embrasement. » Nous ne « fact-checkerons » pas cette affirmation car elle émane d’un complotisme autorisé, celui des élites. Le journaliste d’alerter : « La difficulté, c’est qu’en face, le gouvernement a des arguments, allez, on va dire très raisonnables et parfois un peu technocratiques. » Or tout le monde sait que c’est un gros problème quand on a, en face, affaire à des citoyens bas-de-plafond. Puis de conclure : « Attention à ce que cette bataille ne soit pas emportée par ceux qui manient le mensonge. » On ne comprend plus très bien : souhaite-t-il maintenant que le gouvernement échoue ?

Un peu plus tôt, à 8h12, l’éditorialiste Guillaume Tabard avait trouvé une autre raison au blocage de cette réforme si juste : le fait qu’il faille, comme Macron l’a préconisé à ses ministres : « expliquer, expliquer, et encore expliquer la réforme. » Si les Français sont contre, c’est naturellement parce que le gouvernement n’a pas suffisamment fait preuve de « pédagogie ». Et l’éditorialiste de se demander si « les Français vont supporter longtemps d’être les otages d’un mouvement social qui deviendrait radical » avant d’évoquer la « course à la radicalité et à la démagogie », la « radicalisation du mouvement » et « l’hystérisation du débat ». Il ne manquait plus que le « populisme » pour faire un « strike ».

Intox- Réforme des retraites: Le matraquage pro gouvernemental des « élites »

Intox- Réforme des retraites: Le matraquage pro gouvernemental des « élites » 

 

Quelques jours avant le 19 février, la plupart des grands médias et le gouvernement pronostiquaient généralement une mobilisation assez moyenne en raison notamment du faible impact des syndicats. Depuis le 19 février, ils ont certes acté la réussite de la mobilisation à Paris comme en province mais ils prévoient désormais que le temps jouera contre les anti réforme voire annoncent un éclatement du front syndical. Dans deux nombreux grands médias , on assiste à un matraquage pro gouvernemental à propos de la réforme des retraites. Beaucoup d’ailleurs n’ont strictement aucune compétence en la matière mais ils reprennent tout simplement le discours à la mode dans les salons parisiens. Finalement des prises de position assez proche du café du commerce mais du café mondain. Certes le système des retraites doit être revu mais de façon équitable et efficace. Mais les élites proclamées  font l’économie de l’analyse d’une part d’un texte, d’autre part des réalités sociales. Rien d’étonnant à cela puisque la plupart des médias . de cette caricature de débat dans un article de « Marianne » qui rend compte d’un débat sur Radio classique soit au gouvernement sociaux grands financiers .

 

Pour parler de la réforme des retraites ce jeudi matin au micro de Radio Classique, Guillaume Durand a invité pas moins de trois personnalités. Des personnalités si différentes qu’elles étaient toutes d’accord entre elles. Comme l’animateur lui-même, d’ailleurs.

À 8 h 15, dans « Les stars de l’info », c’est Raymond Soubie, ancien conseiller social de Nicolas Sarkozy qu’a décidé d’inviter l’animateur. Que va bien pouvoir penser de la situation celui qui a conseillé le gouvernement de Jean-Pierre Raffarin sur la réforme des retraites puis qui a organisé celle de 2010 sous Sarkozy et Fillon ? Le suspense est total. Autant que si l’on avait invité Jean-Paul Delevoye il y a 3 ans pour lui demander s’il était pour ou contre la réforme. La première question de l’animateur donne le ton : « Mettons-nous tous les deux ce matin à la place du gouvernement, bien que nous ne soyons pas le gouvernement (la précision est utile) : est-ce que tout a été mis sur la table ? » Réponse de l’invité : « Presque tout a déjà été mis sur la table. » Si tout est accompli, les choses, devraient donc bien se passer ? Pas si sûr, selon l’invité, qui nous remémore la première tentative du président : « Je rappelle que les retraites, c’est un sujet douloureux pour Emmanuel Macron. » Hélas, les Français sont incapables d’empathie pour le chef de l’État, qui, d’après Monsieur Soubie, « garde un souvenir terrible de la crise des Gilets jaunes qui est partie sur le pouvoir d’achat mais qui s’est assez vite transformée en détestation politique y compris violente vis-à-vis du pouvoir. » Les factieux ont heureusement été mis hors d’état de nuire, même si, comme le déplore Guillaume Durand, on essaye encore de monter les riches contre les pauvres – alors que c’est tellement plus simple pour tout le monde de faire payer les pauvres. L’ancien conseiller social en est tout cas convaincu : cette réforme, Macron « ne peut plus la reculer ni abandonner, il perdrait absolument toute crédibilité à l’intérieur du pays. » Et Dieu sait qu’elle est immense. Puis ce dernier d’exprimer un regret : que le président « ne l’ait pas fait passer avec le 1er 49.3 » C’est vrai que le gouvernement semble totalement ignorer ce recours.

Tout à coup, les trois hommes sont traversés par une fulgurance. Si cette réforme est l’évidence même, pourquoi n’emporte-t-elle pas l’adhésion de tous les Français ? La réponse jaillit, limpide, dans la bouche de Franz : c’est à cause des fake news. Puis d’égrener des déclarations de Sandrine Rousseau ou de Clémentine Autain dont on se demande quel rapport elles ont avec les retraites. Mais pas Guillaume Durand, qui demande, naïf : « On est dans l’idéologie ? » Tout le contraire de Radio Classique. L’animateur-ministre du Travail renchérit : « Y a des mensonges qui sont répétés, des mensonges d’ailleurs dénoncés par Macron ». Si c’est pas la preuve que c’en est, qu’est-ce que c’est ? L’animateur-Haut-commissaire à la réforme pose ensuite une question ouverte qui fera date : « Quels sont d’après vous les deux ou trois gros mensonges qui sont racontés aux Français sur cette affaire-là ? » David Doukhan prend la question très au sérieux : « Les fake news, c’est un problème pour Emmanuel Macron parce qu’il sait pertinemment qu’il est lancé maintenant dans une bataille de l’opinion. » Avant cette désinformation, en effet, tout le monde était favorable à la réforme. Il ajoute : « Le problème de ces fake news, c’est qu’elles visent à déclencher l’embrasement. » Nous ne « fact-checkerons » pas cette affirmation car elle émane d’un complotisme autorisé, celui des élites. Le journaliste d’alerter : « La difficulté, c’est qu’en face, le gouvernement a des arguments, allez, on va dire très raisonnables et parfois un peu technocratiques. » Or tout le monde sait que c’est un gros problème quand on a, en face, affaire à des citoyens bas-de-plafond. Puis de conclure : « Attention à ce que cette bataille ne soit pas emportée par ceux qui manient le mensonge. » On ne comprend plus très bien : souhaite-t-il maintenant que le gouvernement échoue ? Un peu plus tôt, à 8h12, l’éditorialiste Guillaume Tabard avait trouvé une autre raison au blocage de cette réforme si juste : le fait qu’il faille, comme Macron l’a préconisé à ses ministres : « expliquer, expliquer, et encore expliquer la réforme. » Si les Français sont contre, c’est naturellement parce que le gouvernement n’a pas suffisamment fait preuve de « pédagogie ». Et l’éditorialiste de se demander si « les Français vont supporter longtemps d’être les otages d’un mouvement social qui deviendrait radical » avant d’évoquer la « course à la radicalité et à la démagogie », la « radicalisation du mouvement » et « l’hystérisation du débat ». Il ne manquait plus que le « populisme » pour faire un « strike ».

Réforme des retraites: Le matraquage pro gouvernemental des « élites » sur Radio classique

Réforme des retraites: Le matraquage pro gouvernemental des « élites » sur Radio classique

 

Dans deux nombreux grands médias à un matraquage pro gouvernemental à propos de la réforme des retraites. Beaucoup d’ailleurs n’ont strictement aucune compétence en la matière mais ils reprennent tout simplement le discours à la mode dans les salons parisiens. Finalement des prises de position assez proche du café du commerce mais du café mondain. Certes le système des retraites doit être revu mais de façon équitable et efficace. Mais les élites proclamées  font l’économie de l’analyse d’une part d’un texte, d’autre part des réalités sociales. Rien d’étonnant à cela puisque la plupart des médias . de cette caricature de débat dans un article de « Marianne » qui rend compte d’un débat sur Radio classique soit au gouvernement sociaux grands financiers .

 

 

Pour parler de la réforme des retraites ce jeudi matin au micro de Radio Classique, Guillaume Durand a invité pas moins de trois personnalités. Des personnalités si différentes qu’elles étaient toutes d’accord entre elles. Comme l’animateur lui-même, d’ailleurs.

À 8 h 15, dans « Les stars de l’info », c’est Raymond Soubie, ancien conseiller social de Nicolas Sarkozy qu’a décidé d’inviter l’animateur. Que va bien pouvoir penser de la situation celui qui a conseillé le gouvernement de Jean-Pierre Raffarin sur la réforme des retraites puis qui a organisé celle de 2010 sous Sarkozy et Fillon ? Le suspense est total. Autant que si l’on avait invité Jean-Paul Delevoye il y a 3 ans pour lui demander s’il était pour ou contre la réforme.

La première question de l’animateur donne le ton : « Mettons-nous tous les deux ce matin à la place du gouvernement, bien que nous ne soyons pas le gouvernement (la précision est utile) : est-ce que tout a été mis sur la table ? » Réponse de l’invité : « Presque tout a déjà été mis sur la table. » Si tout est accompli, les choses, devraient donc bien se passer ? Pas si sûr, selon l’invité, qui nous remémore la première tentative du président : « Je rappelle que les retraites, c’est un sujet douloureux pour Emmanuel Macron. » Hélas, les Français sont incapables d’empathie pour le chef de l’État, qui, d’après Monsieur Soubie, « garde un souvenir terrible de la crise des Gilets jaunes qui est partie sur le pouvoir d’achat mais qui s’est assez vite transformée en détestation politique y compris violente vis-à-vis du pouvoir. » Les factieux ont heureusement été mis hors d’état de nuire, même si, comme le déplore Guillaume Durand, on essaye encore de monter les riches contre les pauvres – alors que c’est tellement plus simple pour tout le monde de faire payer les pauvres.

L’ancien conseiller social en est tout cas convaincu : cette réforme, Macron « ne peut plus la reculer ni abandonner, il perdrait absolument toute crédibilité à l’intérieur du pays. » Et Dieu sait qu’elle est immense. Puis ce dernier d’exprimer un regret : que le président « ne l’ait pas fait passer avec le 1er 49.3 » C’est vrai que le gouvernement semble totalement ignorer ce recours.

 

Tout à coup, les trois hommes sont traversés par une fulgurance. Si cette réforme est l’évidence même, pourquoi n’emporte-t-elle pas l’adhésion de tous les Français ? La réponse jaillit, limpide, dans la bouche de Franz : c’est à cause des fake news. Puis d’égrener des déclarations de Sandrine Rousseau ou de Clémentine Autain dont on se demande quel rapport elles ont avec les retraites. Mais pas Guillaume Durand, qui demande, naïf : « On est dans l’idéologie ? » Tout le contraire de Radio Classique. L’animateur-ministre du Travail renchérit : « Y a des mensonges qui sont répétés, des mensonges d’ailleurs dénoncés par Macron ». Si c’est pas la preuve que c’en est, qu’est-ce que c’est ?

L’animateur-Haut-commissaire à la réforme pose ensuite une question ouverte qui fera date : « Quels sont d’après vous les deux ou trois gros mensonges qui sont racontés aux Français sur cette affaire-là ? » David Doukhan prend la question très au sérieux : « Les fake news, c’est un problème pour Emmanuel Macron parce qu’il sait pertinemment qu’il est lancé maintenant dans une bataille de l’opinion. » Avant cette désinformation, en effet, tout le monde était favorable à la réforme. Il ajoute : « Le problème de ces fake news, c’est qu’elles visent à déclencher l’embrasement. » Nous ne « fact-checkerons » pas cette affirmation car elle émane d’un complotisme autorisé, celui des élites. Le journaliste d’alerter : « La difficulté, c’est qu’en face, le gouvernement a des arguments, allez, on va dire très raisonnables et parfois un peu technocratiques. » Or tout le monde sait que c’est un gros problème quand on a, en face, affaire à des citoyens bas-de-plafond. Puis de conclure : « Attention à ce que cette bataille ne soit pas emportée par ceux qui manient le mensonge. » On ne comprend plus très bien : souhaite-t-il maintenant que le gouvernement échoue ?

Un peu plus tôt, à 8h12, l’éditorialiste Guillaume Tabard avait trouvé une autre raison au blocage de cette réforme si juste : le fait qu’il faille, comme Macron l’a préconisé à ses ministres : « expliquer, expliquer, et encore expliquer la réforme. » Si les Français sont contre, c’est naturellement parce que le gouvernement n’a pas suffisamment fait preuve de « pédagogie ». Et l’éditorialiste de se demander si « les Français vont supporter longtemps d’être les otages d’un mouvement social qui deviendrait radical » avant d’évoquer la « course à la radicalité et à la démagogie », la « radicalisation du mouvement » et « l’hystérisation du débat ». Il ne manquait plus que le « populisme » pour faire un « strike ».

Crise économique italienne: la faute aussi aux élites

Crise économique italienne: la faute aussi aux élites 

 

Par André Tiran, Professeur émérite de sciences économiques, Université Lumière Lyon 2

 

 

C’est l’une des conséquences du premier relèvement des taux directeurs de la banque centrale européenne (BCE) depuis une décennie, annoncé le 9 juin dernier : le taux obligataire italien à 10 ans a bondi à plus de 4 %, soit environ un point et demi de plus qu’un mois plus tôt. Cette hausse subite a réactivé la peur du « spread », à savoir l’écart des taux auxquels se financent les différents pays de la zone euro qui avait conduit à la crise de 2011. Si bien que la BCE s’est réunie en urgence, le 15 juin, pour annoncer la mise en place d’un « nouvel outil anti-fragmentation », sans donner plus de précision. Cette communication a rassuré les marchés en contribuant à resserrer le « spread », mais le taux obligataire italien restait encore à des niveaux élevés une semaine plus tard (3,70 le lundi 20 juin) illustrant les inquiétudes marchés quant à la solvabilité du pays.

À près de 156 % du PIB, l’endettement public italien est près de deux fois plus lourd que celui de la moyenne des pays de la zone euro. La dette pèse sur l’économie pour trois raisons. La première raison est liée à la politique anticyclique : il devient impossible de recourir à des manœuvres de déficit budgétaire pour stimuler la croissance des revenus. Les deux autres raisons sont structurelles. Un excédent primaire élevé oblige (à dépenses égales) à maintenir un prélèvement fiscal élevé et déprime donc le rendement net du capital investi.

D’autres facteurs entravent la croissance italienne : une économie souterraine qui perdure, de fortes disparités socio-économiques territoriales entre le Nord et le Sud, des mécanismes de décision complexes ou encore l’inefficience de l’État. Comme l’a montré une étude récente comparative de France Stratégie, l’Italie est, avec le Japon, un des pays les moins administrés du monde, autrement dit un des pays où l’emploi public est le plus faible.

Plus largement, une étude de 2014, mise à jour en octobre 2017, signée par deux économistes, Bruno Pellegrino, de l’université de Californie à Los Angeles (UCLA) et Luigi Zingales, de l’université de Chicago, a mis en avant « l’absence de méritocratie comme principale cause du problème de productivité en Italie ». Pour les deux auteurs, la gestion des firmes italiennes repose principalement sur un modèle fondé sur la loyauté plutôt que sur le mérite.

Ici, loyauté signifie clientélisme, copinage et prévalence des arrangements de famille ou de clan (avec une réalité variable du Nord au Sud). Ces 20 dernières années, les entreprises italiennes ont massivement sous-investi : le volume de leur investissement n’a progressé que de 40 % contre 90 % en France et en Allemagne et 150 % en Espagne. La crainte de se développer principalement parce que les actionnaires redoutent de perdre le contrôle de l’entreprise reste très présente dans le pays.

Les grands groupes restent eux protégés par un capital verrouillé, familial et des participations croisées, bénéficiant du soutien direct ou indirect de l’État grâce à la dépense publique et à des dévaluations régulières. En outre, les corporations du pays sont nombreuses, puissantes et courtisées : des chauffeurs de taxi aux contrôleurs aériens, de nombreux secteurs de l’administration publique aux camionneurs, des notaires aux producteurs de lait en passant par les agents immobiliers. Ajoutons-y la recherche de rente dans des secteurs protégés : la construction ou les services publics privatisés (électricité, téléphonie, autoroutes) ; l’évitement de la concurrence globale, sur les marchés internationaux ; le refus de se focaliser sur des secteurs émergents nouveaux et risqués (bio-ingénierie, industrie de l’hydrogène), etc.

La crise de l’économie italienne est donc également une crise des élites italiennes. Autrement dit, la grande difficulté pour sortir l’économie italienne de sa situation réside dans le fait que les cadres organisateurs du pays sont conditionnés par la rente et la loyauté, à l’opposé de l’innovation et du mérite qui favorisent la croissance.

L’économie italienne a d’ailleurs davantage souffert en 2020 que la moyenne des pays de la zone euro (-9 % contre -6 %). Les pertes ont été conséquentes, notamment dans le tourisme (-60 % de touristes étrangers en 2020, revenus passés de 44 à 17 milliards), un secteur qui encore en 2019 représentait le 13 % du PIB italien. La récession a toutefois pu être relativement contenue par la résilience de l’industrie.

L’Italie conserve en effet une base industrielle bien plus importante que celle de la France : la deuxième en Europe après celle de l’Allemagne. La péninsule a ainsi conservé des qualifications et des savoir-faire importants. L’Italie reste un pays d’entreprise, qui peut se targuer de compter de nombreuses sociétés de premier plan dans le monde entier. Mais le système ne fonctionne plus et a un besoin urgent de renouvellement.

Or, l’Italie reste aujourd’hui prisonnière de son déclin démographique. La natalité du pays s’est effondrée avec une population qui est passée sous la barre des 59 millions d’habitants, avec moins de 400 000 naissances par an. Si rien n’est fait, la péninsule perdra entre 5 et 8 millions d’habitants d’ici 2050.

Sur près de 59 millions d’habitants, 10,5 millions ont moins de vingt ans, tandis que près de 20 millions ont 60 ans ou plus. Un peu plus de la moitié de la population seulement (52 %) sera bientôt en âge de travailler, tandis que 32 % aura cessé toute activité. L’âge moyen, en augmentation rapide, est de 45,7 ans (+2,3 ans depuis 2010). L’âge médian – le plus élevé de l’Union européenne – est de 43,1 ans, 23 % des Italiens ayant 65 ans et plus. Ce vieillissement pèsera sur la compétitivité et la soutenabilité des finances publiques.

 

L’un des aspects qui suscitent le plus de préoccupations est le nombre de jeunes de 15 à 29 ans faisant partie de la catégorie NEET (Not in Education, Employment or Training). Ce groupe représente en Italie désormais 2,1 millions de personnes, soit une augmentation de presque 100 000 par rapport à 2019, ce qui équivaut à 23 % de la population de cette tranche d’âge et constitue le pire résultat de tous les pays de l’Union européenne (moyenne UE : 14 %).

Dans ce contexte, l’Italie est la principale bénéficiaire, avec l’Espagne, du plan de relance européen post-Covid Next Generation. Des 807 milliards d’euros mobilisés par l’Union européenne pour les années 2021-2027, plus de 190 sont destinés à l’Italie, dont 65 sous la forme de subventions (le reste sous forme de prêts), soit l’équivalent de près de 11 % du PIB réparti sur sept ans.

Cependant, ces dernières années, les administrations centrales et régionales n’ont pas utilisé tous les fonds européens à disposition pour l’investissement public en raison de la préparation déficiente des projets et de la lenteur de leur exécution. Des centaines de millions d’euros n’ont ainsi pas été mobilisés, en particulier dans le sud de l’Italie, faute de capacité à concevoir et à gérer des projets.

Aujourd’hui encore, l’Italie éprouve des difficultés mêmes à trouver des projets à financer. Le président du Conseil, Mario Draghi, et ses ministres savent que le pays jouera une bonne partie de sa crédibilité en Europe sur la conduite des travaux et le respect des échéances. En outre, ils sont conscients du fait que – à moyen terme – la mise en œuvre rapide et effective des réformes structurelles sera la seule garantie de crédibilité afin d’attirer des investissements étrangers et éviter une envolée des « spread », qui avaient contribué au déclenchement de la crise de la zone euro en 2011.

_______

Par André Tiran, Professeur émérite de sciences économiques, Université Lumière Lyon 2

La version originale de cet article a été publiée sur The Conversation.

Former les élites à la problématique de la recherche

Former les élites à la problématique de la recherche

 

 

A l’occasion de l’ouverture du nouvel Institut national du service public, le 1er janvier, l’universitaire Elyès Jouini plaide, dans une tribune au « Monde », pour la formation des hauts fonctionnaires par la recherche.

 

Tribune. 

 

En Allemagne, une grande partie des élites est formée par la recherche : 40 % des titulaires de doctorat œuvrent notamment dans l’administration publique (hors enseignement et recherche). Ils ont consacré plusieurs années à des recherches approfondies, apportant modestement leur pierre à l’édifice des connaissances, avant de s’engager dans l’action publique et, pour certains, d’y accéder aux plus hautes responsabilités. Ainsi, Angela Merkel et Helmut Kohl étaient tous deux titulaires d’un doctorat : la première, scientifique, en chimie ; le second, littéraire, en histoire.

La situation est toute différente en France, où seulement 10 % des docteurs formés s’orientent vers la fonction publique, avec, au total, dans la haute administration, sept fois moins de titulaires d’un doctorat qu’en Allemagne.

Les conséquences sont importantes. On ne s’étonnera pas que les décideurs publics français, plus éloignés du monde de la recherche, accordent moins de valeur à la démarche scientifique au sens large que leurs homologues allemands. L’investissement public dans la recherche est, de fait, d’un montant de 20 % plus élevé en Allemagne qu’en France.

La formation par la recherche modifie par ailleurs l’approche des problèmes. Après trois à cinq ans de travaux à la pointe des connaissances, le docteur sait que les savoirs ne sont jamais définitifs. Il sait qu’il doit veiller à recueillir les meilleures expertises, les confronter entre elles et à la réalité. Il sait qu’à un problème donné il peut y avoir plusieurs solutions, et qu’une solution peut être la source de nouveaux questionnements.

L’administration gagnerait beaucoup à accueillir en son sein des hauts fonctionnaires formés à cette école de l’humilité, aux côtés des profils classiques, sélectionnés via les filières traditionnelles pour leur vélocité à résoudre des problèmes pourvus d’une solution déjà connue, et le plus souvent unique.

La haute fonction publique française trouverait également, ainsi, des personnels capables de jouer un rôle de passeur entre le monde de la recherche scientifique et celui des décideurs, rôle crucial dans une période où les politiques sont sommés de prendre des décisions dans des domaines complexes et mouvants : gestion de pandémie, choix énergétiques, régulation des réseaux, etc.

Le faible nombre de hauts fonctionnaires capables aujourd’hui de décrypter et de synthétiser les recherches les plus récentes dans l’entourage immédiat des politiques peut conduire ces derniers à s’appuyer sur des informations dépassées, ou parcellaires, voire à en tirer de fausses certitudes. Et en période de fortes turbulences, le grand public, ballotté de décision en décision, parfois contradictoires en apparence, en arrive à rejeter l’ensemble des mesures proposées.

Société–Le pantouflage des élites d’État

Société–Le  pantouflage des élites d’État

Désignant de manière souvent péjorative le fait, pour un haut fonctionnaire, de quitter le service de l’Etat et de rejoindre une entreprise privée, cette notion évoque aujourd’hui, à gauche, une forme de « corruption » des élites.

Par Ariane Ferrand dans le Monde 

 

« Le haut fonctionnaire sait désormais qu’il est non seulement possible mais bien vu, accepté, voire encouragé, de passer du public au privé et d’y revenir ensuite. C’est une source de corruption, de corruption morale », tonnait Jean-Luc Mélenchon (La France insoumise, LFI) à l’Assemblée nationale, le 26 juillet 2017. Ce qu’il fustigeait : le pantouflageune expression que, selon le député Les Républicains (LR) des Côtes-d’Armor Marc Le Fur, « tout le monde comprend ». Le problème est récurrent et focalise souvent le débat public.

Le mot « pantoufle » provient de l’argot de l’Ecole polytechnique (l’X). Il s’applique initialement au renoncement à toute carrière publique à la fin des études. L’historien Christophe Charle date le terme des années 1880. Le mot désigne aussi le montant du remboursement de l’engagement décennal envers l’Etat – contrepartie d’une rémunération pendant les études – lorsqu’il n’est pas respecté.

Cette expression s’est généralisée aux fonctionnaires issus d’autres prestigieuses écoles comme les Ecoles normales supérieures (ENS), ou, à partir de 1945, l’Ecole nationale d’administration. A mesure que la pratique s’est diffusée dans la haute administration, le pantouflage a englobé plus généralement les transitions du public au privé.


Les raisons du pantouflage : les écarts de salaire, mais aussi des questions de statut social. Si la notion a des contours flous, elle vise essentiellement les hauts fonctionnaires et le passage dans de très grandes entreprises. On parle aussi de « pantouflage électoral » pour les personnalités publiques qui, à la suite d’une défaite lors d’un scrutin ou de la perte d’un portefeuille ministériel, occupent des postes généreusement rémunérés dans des entreprises privées en attendant que l’opportunité se présente pour revenir dans l’arène politique.

 

Le phénomène, loin d’être récent, ne s’est pas non plus massifié ces dernières décennies. Luc Rouban, directeur de recherche au CNRS et spécialiste de la fonction publique, explique qu’« il n’y a pas de croissance linéaire », mais « des périodes historiques, en fonction de la situation des fonctionnaires, de la situation budgétaire, économique, de la demande de l’Etat et des entreprises, des alternances politiques, etc. ».

Quoi qu’il en soit, progressivement, le terme « pantouflage » s’est doté d’une forte coloration négative. Déjà en 1933, dans La Condition humaine, André Malraux dressait un portrait peu flatteur de hauts fonctionnaires, qu’affronte son héros Ferral, toujours bien accueillis dans les banques quand ils délaissent le service de l’Etat. Dans son ouvrage Le Coup d’Etat permanent (1964), François Mitterrand vilipendait une « technocratie qui “pantoufle’’ au service du grand capital ». Plus récemment, le journaliste Vincent Jauvert, dans son livre Les Voraces. Les élites et l’argent sous Macron (Robert Laffont, 2020), assène une critique cinglante à des hauts fonctionnaires qui n’auraient jamais autant « pantouflé à prix d’or dans le privé ».

Le pantouflage des élites d’État

Le  pantouflage des élites d’État

Désignant de manière souvent péjorative le fait, pour un haut fonctionnaire, de quitter le service de l’Etat et de rejoindre une entreprise privée, cette notion évoque aujourd’hui, à gauche, une forme de « corruption » des élites.

Par Ariane Ferrand dans le Monde 

 

« Le haut fonctionnaire sait désormais qu’il est non seulement possible mais bien vu, accepté, voire encouragé, de passer du public au privé et d’y revenir ensuite. C’est une source de corruption, de corruption morale », tonnait Jean-Luc Mélenchon (La France insoumise, LFI) à l’Assemblée nationale, le 26 juillet 2017. Ce qu’il fustigeait : le pantouflageune expression que, selon le député Les Républicains (LR) des Côtes-d’Armor Marc Le Fur, « tout le monde comprend ». Le problème est récurrent et focalise souvent le débat public.

Le mot « pantoufle » provient de l’argot de l’Ecole polytechnique (l’X). Il s’applique initialement au renoncement à toute carrière publique à la fin des études. L’historien Christophe Charle date le terme des années 1880. Le mot désigne aussi le montant du remboursement de l’engagement décennal envers l’Etat – contrepartie d’une rémunération pendant les études – lorsqu’il n’est pas respecté.

Cette expression s’est généralisée aux fonctionnaires issus d’autres prestigieuses écoles comme les Ecoles normales supérieures (ENS), ou, à partir de 1945, l’Ecole nationale d’administration. A mesure que la pratique s’est diffusée dans la haute administration, le pantouflage a englobé plus généralement les transitions du public au privé.


Les raisons du pantouflage : les écarts de salaire, mais aussi des questions de statut social. Si la notion a des contours flous, elle vise essentiellement les hauts fonctionnaires et le passage dans de très grandes entreprises. On parle aussi de « pantouflage électoral » pour les personnalités publiques qui, à la suite d’une défaite lors d’un scrutin ou de la perte d’un portefeuille ministériel, occupent des postes généreusement rémunérés dans des entreprises privées en attendant que l’opportunité se présente pour revenir dans l’arène politique.

 

Le phénomène, loin d’être récent, ne s’est pas non plus massifié ces dernières décennies. Luc Rouban, directeur de recherche au CNRS et spécialiste de la fonction publique, explique qu’« il n’y a pas de croissance linéaire », mais « des périodes historiques, en fonction de la situation des fonctionnaires, de la situation budgétaire, économique, de la demande de l’Etat et des entreprises, des alternances politiques, etc. ».

Quoi qu’il en soit, progressivement, le terme « pantouflage » s’est doté d’une forte coloration négative. Déjà en 1933, dans La Condition humaine, André Malraux dressait un portrait peu flatteur de hauts fonctionnaires, qu’affronte son héros Ferral, toujours bien accueillis dans les banques quand ils délaissent le service de l’Etat. Dans son ouvrage Le Coup d’Etat permanent (1964), François Mitterrand vilipendait une « technocratie qui “pantoufle’’ au service du grand capital ». Plus récemment, le journaliste Vincent Jauvert, dans son livre Les Voraces. Les élites et l’argent sous Macron (Robert Laffont, 2020), assène une critique cinglante à des hauts fonctionnaires qui n’auraient jamais autant « pantouflé à prix d’or dans le privé ».

Covid-19 :  » L’inculture scientifique des élites responsables du déclin »

Covid-19 : «  L’inculture scientifique des élites responsables du déclin »

 

Philippe Juvin, maire LR de La Garenne-Colombes et médecin, pense que la première étape d’un réarmement intellectuel passe par plus de culture scientifique chez les dirigeants.

 

Tribune dans le Monde.

 

 

Quel est le point commun entre le déclassement scientifique et industriel de la France, la déroute de l’administration dans la gestion de la crise sanitaire et l’appauvrissement du débat dans la sphère publique ? A des degrés différents, tous sont les conséquences de l’affaiblissement de l’enseignement et de la culture scientifiques dans notre société.

Un des effets les plus considérables de l’effondrement de la culture scientifique concerne l’élite gouvernante du pays, qu’il s’agisse des hauts fonctionnaires ou des hommes politiques, souvent les mêmes d’ailleurs. Les polytechniciens, seuls hauts fonctionnaires sensibilisés aux sciences et techniques, ont quasiment disparu des postes-clés de l’Etat au profit des énarques, dont la culture est naturellement administrative. Moins d’un quart des polytechniciens intègrent le service de l’Etat. Le pays ayant donc choisi (ou accepté) de ne plus exiger de ses grands serviteurs une culture scientifique, il ne faut pas s’étonner que ceux-ci n’en comprennent pas les grands enjeux.

Ainsi, même si les causes en sont évidemment complexes, comment ne pas s’interroger sur la relation entre cet affaiblissement de la culture scientifique des élites et notre impréparation face à la crise sanitaire ? Ou avec notre décrochage en matière d’innovation et de recherche ? Le triste sort réservé à [la biotech française] Valneva est malheureusement révélateur. Ni les ministères concernés ni l’ANSM (Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé), pourtant informés très tôt, n’ont pris au sérieux les résultats prometteurs du candidat vaccin de cette société nantaise, ne faisant que conditionner d’éventuelles aides à la constitution d’un énorme dossier administratif. Au même moment, les Britanniques et les Américains, agiles et baignés d’esprit scientifique, lui disaient banco. Résultat : l’usine se monte en Ecosse. A l’image de nos chercheurs qu’on laisse fuir à l’étranger et nourrir nos propres concurrents…

Cette inculture scientifique des élites a des effets encore plus profonds dans la conduite des affaires de l’Etat. Prenons l’exemple de l’évaluation des politiques publiques. Alors que la France décroche dans tous les classements internationaux, on continue à scander, sans jamais argumenter, que nous avons « le meilleur système de santé », « le meilleur système éducatif », « la meilleure protection sociale », « les retraites les plus protégées »… Si nos élites avaient été formées à la démarche scientifique, elles analyseraient, compareraient et concluraient naturellement à la nécessité de nous inspirer d’expériences qui fonctionnent ailleurs. Ce que nous ne faisons quasiment jamais.

La terrible méfiance vis-à-vis des élites

La terrible méfiance vis-à-vis des élites

Pour le député MoDem, Jean-Louis Bourlanges savoir et expérience étant contestés, le débat public sombre de plus en plus dans l’irrationnel (interview dans l’Opinion)

 

Le fossé qui sépare les gouvernants et les Français ne cesse de se creuser. La crise sanitaire semble l’approfondir encore. Comment est-on arrivé à cette quasi-rupture ?

Le «  modèle rationalisateur  », qui définissait la Ve République par un effort de développement rationnel de l’action publique, est en pleine crise. Il avait été très bien décrit par Georges Lavau, qui fut l’un de mes maîtres à Sciences Po. Il reste certes le modèle des élites traditionnelles et de la haute fonction publique, mais le savoir, le raisonnement, le devoir de cohérence sont désormais ressentis comme des instruments de domination et de répression. « On nous demande de plus en plus d’efforts », soupirent les Français. Ce à quoi la classe dirigeante répond : « On ne peut plus rien faire dans ce pays. » Cette crise est couplée à la désillusion du progrès, à la conviction que l’avenir sera moins prometteur que le passé. Au cours des quarante dernières années, la fin de l’exode rural et la stabilisation en nombre des classes moyennes-supérieures ont figé la société et bloqué l’ascenseur social. La lutte des classes, ou des castes, a pris le pas sur l’ambition d’une promotion collective.

Les Français rendent-ils leurs élites totalement responsables de cette fin du progrès et de l’ascenseur social ?

Ils mettent profondément en cause toute forme de hiérarchie. Les mœurs évoluent, l’éducation se développe, le savoir moyen aussi mais sans s’accompagner d’une véritable maîtrise des enjeux sociaux, politiques ou même techniques. Le développement des connaissances générales, combiné à une absence de débouchés, produit une société de « demi-habiles », pour parler comme Pascal, capables de tout contester mais peu soucieux de dégager des solutions réalistes. Cette explosion du savoir s’accompagne d’un renouvellement si rapide des connaissances et des techniques que l’équilibre traditionnel des générations s’en trouve bouleversé. « Si vieillesse savait, si jeunesse pouvait » : voilà le nouvel adage qui définit les rapports entre les générations ! L’homme d’expérience n’a plus d’autorité. Dans ce contexte, le développement du complotisme et l’irrationalité du débat public explosent. Les événements du Capitole nous montrent qu’un nombre croissant de gens vivent désormais dans un monde parallèle. Il suffisait d’ailleurs d’écouter Trump depuis des années pour constater que ses discours n’ont plus aucun rapport avec la vérité. Dans le climat relativiste actuel, celle-ci n’est même plus une valeur.

«La gauche s’est trouvée prise dans un double mouvement de libéralisme culturel et de ressentiment social. On ne s’y bat plus pour la conquête du pouvoir, on y exalte la haine de classe»

A quand faites-vous remonter cette évolution ?

Parmi les causes, je relèverai l’effondrement des deux religions qui dominaient le débat il y a cinquante ans, le christianisme et le communisme, l’un et l’autre porteurs de sociétés extrêmement hiérarchisées. Les OS étaient à la base de la pyramide communiste. Celle-ci était encadrée par les corps intermédiaires que constituaient les ouvriers de la métallurgie et les contremaîtres, et elle était dirigée par les cadres, les intellectuels et les enseignants du parti. Tout cela reposait sur une vision extrêmement ordonnée du monde, sur une idéologie du progrès et sur la foi dans « les lendemains qui chantent ». Avec l’effondrement du communisme, la gauche s’est trouvée prise dans un double mouvement de libéralisme culturel et de ressentiment social. On ne s’y bat plus pour la conquête du pouvoir, on y exalte la haine de classe, l’hostilité à « ceux d’en haut ». La droite, devenue païenne, à la fois anarchiste et populiste, a connu une évolution comparable. L’encadrement d’un peuple fidèle, respectueux et docile, était assuré par l’Eglise, le patronat, l’armée, les maîtres et les juges. Cette société de soumission a volé en éclats et a fait place à ce que Tavoillot appelle un « peuple-roi », un peuple simultanément autoritaire et réfractaire à toutes les tutelles, puisant dans le rejet des hiérarchies intermédiaires une culture hyperindividualiste et agressivement despotique. Il s’agit là d’une tendance lourde, renforcée par le pseudo-égalitarisme du numérique et qui est en passe d’emporter ce qui reste de démocratie représentative.

Vivons-nous toujours les conséquences de ces bouleversements ?

Oui car ces structures n’ont été remplacées par rien. Il ne reste qu’une société sans corps intermédiaires, des Français qui ne croient plus au rôle du Parlement. Le peuple se méfie des élites et les dirigeants rasent les murs. Ils font des lois, faute de pouvoir vraiment changer les choses. L’opposition se réfugie dans l’anathème et le dogmatisme. L’avenir, pas plus que le soleil et la mort, ne peut se regarder en face.

Comment gouverner dans ce chaos ?

On voit bien le dilemme pour Emmanuel Macron. Il peut tenter de recomposer une société politique idéologiquement diversifiée quitte à renoncer à son omnipotence au profit d’un Parlement relégitimé par la proportionnelle. Il peut à l’inverse laisser libre cours à ses tentations néo-bonapartistes et, à l’aide de quelques gadgets pseudo-citoyens, continuer d’exercer sur un peuple atomisé et nivelé un pouvoir de moins en moins partagé, mais de plus en plus guetté par l’impuissance.

123



L'actu écologique |
bessay |
Mr. Sandro's Blog |
Unblog.fr | Annuaire | Signaler un abus | astucesquotidiennes
| MIEUX-ETRE
| louis crusol