Électricité EDF bataille de prix entre le gouvernement et les industriels
Pour résumer les industriels souhaiteraient un engagement sur des prix relativement bas même en dessous des coûts de la production et des engagements pour le long terme. À l’inverse EDF milite pour une augmentation des tarifs. Rien d’étonnant à cela car les coûts pourraient doubler d’ici une dizaine d’années
EDF redoute de devoir leur céder systématiquement sa production à prix cassés, dans le cadre de contrats de long terme noués avec des consortiums d’entreprises très consommatrices d’énergie. C’est en tout cas ce que propose le rapport que Philippe Darmayan, ex-président d’ArcelorMittal France, a récemment rendu au gouvernement.
Concrètement, il s’agit là de trouver un successeur au système actuel, appelé ARENH (accès régulé à l’électricité nucléaire historique), qualifié de « poison » par l’ancien PDG du groupe, Jean-Bernard Lévy, et qui arrive à échéance en 2025. Celui-ci oblige aujourd’hui l’énergéticien à vendre un certain volume de son productible à 42 euros par mégawattheure (MWh), un prix qui ne reflète plus ses coûts de production, et a largement contribué à sa dégradation financière.
Or, dans les recommandations de Philippe Darmayan, le prix privilégié pour les contrats à long terme serait proche de celui de l’ARENH, comme nous l’expliquions le 30 mai dernier. Un niveau inenvisageable pour EDF, qui estime que le montant devrait être significativement plus élevé.
Il faut dire que les dernières estimations de la Commission de régulation de l’énergie (CRE) tablent sur un coût de production de l’ordre de 57 ou 58 euros le MWh pour le parc nucléaire existant d’EDF, soit dix euros de plus que dans son estimation réalisée il y a trois ans.
En clôturant le colloque de l’UFE, le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, a néanmoins voulu ménager EDF : le « juste prix » sera celui qui garantira « une compétitivité à l’industrie française face à la concurrence européenne et internationale », certes, mais tout en permettant de « financer, avec le soutien complémentaire de l’Etat, les investissements nécessaires pour notre système électrique », a-t-il assuré. Bref Un « en même temps » difficilement conciliable
En outre EDF est opposéà l’idée de nouer lesdits partenariats avec des groupements d’entreprises, comme le consortium Exeltium né en 2008. A l’époque, une trentaine d’industriels électro-intensifs lui avaient versé quelque 1,75 milliard d’euros en échange de droits de tirage sur le parc nucléaire à un tarif préférentiel sur 25 ans.
Dans son rapport, Philippe Darmayan plaide ainsi pour que ce soit différents groupes homogènes d’industriels qui achètent en commun de l’électricité nucléaire via des contrats de long terme.