Prix électricité : Un plafonnement contre la spéculation ( Medef)
Fabrice Le Saché, président fondateur d’Aera (*), vice-président et porte-parole du Medef, défend un plafonnement du prix de l’électricité contre la spéculation pour favoriser le « made in France » et traverser la crise énergétique. (La tribune)
Vous êtes venu à »la Plage aux entrepreneurs », à Arcachon, défendre la réindustrialisation du pays. Cet objectif est-il remis en cause par la flambée des coûts de l’énergie ?
FABRICE LE SACHÉ - Non, dans la mesure où il s’agit d’un objectif structurel de long terme. Face à cela, la hausse des coûts de l’énergie est un problème que l’on espère le plus ponctuel possible même si, évidemment, on ne peut pas construire des capacités de production d’un claquement de doigts. Le Medef a toujours soutenu la filière industrielle nucléaire, mais les nouveaux réacteurs annoncés n’arriveront pas dans les cinq prochaines années.
Il va donc falloir avoir des mesures d’urgence pour mettre un plafond aux hausses de prix qui atteignent des niveaux stratosphériques : quand des entreprises renégocient des contrats qui arrivent à terme, le montant est multiplié par trois, par quatre, par dix, parfois par quinze ! Cela contraint certaines à réduire leur consommation d’énergie, et donc leur production, tandis que d’autres vont tout simplement s’arrêter pour ne pas produire à perte. Cela alimente un mouvement récessif et ce n’est pas un sujet à six mois mais bien un sujet d’aujourd’hui ! D’autant que toutes les tailles d’entreprises sont touchées dans tous les secteurs même si l’industrie, le commerce et la grande distribution sont particulièrement concernées car très énergivores.
Dans ce contexte, quelles sont les propositions du Medef ?
Nous demandons une mesure simple à comprendre pour les chefs d’entreprise : le plafonnement du prix de l’électricité. C’est une mesure qui envoie un signal au marché, qui casse la spéculation et qui redonne un peu de visibilité sur les mois à venir. Il y a des pays voisins qui l’ont fait, comme l’Espagne et le Portugal, et d’autres mouvements patronaux le demandent, notamment en Italie.
Quel efforts les entreprises sont-elles prêtes à faire en contrepartie d’un tel blocage des prix ?
D’une part, le plafonnement ne ferait que limiter la hausse, donc les entreprises en prennent déjà en charge une partie. D’autre part, les entreprises ont déjà réduit globalement leur consommation énergétique de 1,5 point en dix ans. Par ailleurs, les entreprises énergivores ont toujours tendance à optimiser le poste énergie puisque c’est un coût pour elles.