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Trente milliards pour la transition écologique ?

Trente milliards pour la transition écologique ?

 

 

D’après le ministre de l’économie, 30 milliards seraient consacrés à l’écologie sur les 100 milliards du plan de relance. Le problème,  c’est que l’action de l’écologie est tellement large et vague à la fois qu’il est bien difficile de quantifier ce qui relève des investissements réellement environnementaux. Un seul exemple celui de l’automobile. D’une part on a apporté une aide financière significative à Renault pour éviter que cette entreprise ne disparaisse. Quelle est la part écologique de cette aide ? Ensuite le gouvernement a lancé un grand plan de soutien pour que les ménages renouvellent le parc auto. La dimension écologique était assez relative puisque la réalité pour l’essentiel on a surtout vidé les stocks de l’industrie automobile. On objectera que le véhicule remplacé consomme peut-être 1 l de carburant en moins. On pourra aussi préciser qu’on achète davantage de petites voitures mais le phénomène était déjà lancé en 2019.

Cette enveloppe de 30 milliards annoncés par le ministre de l’économie paraît très floue. À noter d’ailleurs que le premier ministre récemment avait parlé de seulement 20 milliards de lors de sa présentation de politique générale à l’assemblée nationale, c’était le 15 juillet.

On pourrait tout aussi bien parler de 10 milliards ou de 50 milliards. Selon qu’on veut minimiser la problématique écologique ou au contraire la survaloriser,  l’évaluation financière va varier de façon considérable. Le problème du caractère écologique d’une action c’est de savoir il s’agit seulement d’un coup de peinture verte ou d’une prise en compte de la problématique environnementale dans l’organisation systémique de la production, de la distribution et de la consommation de biens comme de services. “Avec (la ministre de la Transition écologique) Barbara Pompili, nous proposons de consacrer 30  milliards d’euros sur les 100  milliards prévus aux investissements dans la transition écologique”, précise le ministre de l’Economie, des Finances et de la Relance.

“Nous veillerons à ce que toutes les décisions de relance favorisent un nouveau modèle de croissance fondé sur la décarbonation, la sobriété énergétique et les innovations vertes. Le plan de relance sera un plan vert”, assure-t-il.

Dans son discours de politique générale prononcé devant l’Assemblée nationale le 15 juillet dernier, le Premier ministre Jean Castex avait annoncé une somme de 20 milliards pour l’écologie.

« UE: plan de relance écologique de grande envergure »

« UE:  plan de relance écologique de grande envergure »

Encore un écolo par ailleurs économiste qui s’enflamme à propos du plan de relance européenne qu’il repeint sans doute un peu trop en vert.  L’économiste Simone Tagliapietra, dans une tribune au « Monde », estime que le plan de relance signé à Bruxelles par les 27 pays de l’Union européenne (UE) constitue une percée significative pour l’écologisation des politiques européennes. Et les exemples qu’il cite comme les réseaux électriques intelligents ou les infrastructures de recharge des voitures électriques ne paraissent guère convaincants.

 

«  Il a fallu 91 heures de négociations, mais le plan de relance de l’Union européenne est maintenant une réalité. Et il est écologique. Le 21 juillet, les dirigeants européens se sont mis d’accord sur un total de 1 800 milliards d’euros visant à relancer l’économie européenne affaiblie par retombées socio-économiques du Covid-19. Ces 1 800 milliards ne constituent pas seulement un plan de relance d’envergure. C’est aussi le plan, de relance le plus écologique au monde.

Les dirigeants européens ont introduit l’objectif d’allouer au climat 30 % du montant total des dépenses de l’UE. Cela signifie que, sous différentes formes et à différents moments, entre 2021 et 2027, environ 547 milliards d’euros de fonds européens seront mis à disposition pour la transition écologique sur tout le continent. Ce montant est significatif, car il représente environ un quart des investissements nécessaires pour poursuivre les objectifs du « pacte vert » européen et il peut susciter des investissements supplémentaires de la part des gouvernements et du secteur privé.

C’est notamment le cas des « investissements structurels », tels que les réseaux électriques intelligents ou les infrastructures de recharge des voitures électriques, qui sont nécessaires pour débloquer les investissements du secteur privé dans les énergies propres et la mobilité. L’accord comprend également un engagement pour réactualiser l’objectif de réduction des émissions de l’UE pour 2030 d’ici à la fin de l’année 2020.

C’est important, car le relèvement de l’objectif actuel indique que la trajectoire de décarbonisation de l’UE se dirige résolument vers la neutralité climatique d’ici à 2050. Et c’est essentiel pour donner une indication claire à tous les acteurs du marché sur la vitesse de la transition écologique en fonction de laquelle les décisions d’investissement peuvent être prises aujourd’hui.

Ursula von der Leyen, présidente de l’exécutif européen, s’est engagée à faire passer l’objectif de réduction des émissions de l’UE de 40 % à 50-55 % par rapport aux niveaux de 1990. De son côté, la chancelière allemande, Angela Merkel a récemment soutenu cette initiative, s’engageant à utiliser sa présidence tournante de l’UE pour y parvenir. L’engagement des dirigeants européens renforce à présent ce processus, qui pourrait également permettre à l’UE de montrer l’exemple lors des négociations des Nations unies sur le climat qui se tiendront à Glasgow (Ecosse) en 2021, où les pays devront présenter leurs nouveaux engagements de réduction des émissions pour 2030 dans le cadre de l’accord de Paris de décembre 2015.

L’urgence d’un ministère de la Relance économique, écologique et sociale

 

 

L’urgence d’un ministère de la Relance économique, écologique et sociale

 

35 grands entrepreneurs insistent sur l’urgence de la mise en place d’un grand ministère de la relance économique, écologique et sociale .

 

« Au lendemain de « la vague verte » des municipales, alors que la Convention citoyenne a montré comment l’ensemble de la société pouvait prendre à bras le corps les défis de notre pays, le gouvernement français et l’Europe débloquent des milliards d’euros pour relancer l’économie, hypothéqués pour l’avenir. Nous, entrepreneurs engagés, appelons Emmanuel Macron à utiliser ce levier exceptionnel par son ampleur et son importance pour que les entreprises suivent un nouveau cap, celui de leur impact social et écologique. Le Président le déclarait lui-même le 14 juin dernier, lors de son l’allocution destinée à dessiner les contours de « l’après » :

« La reconstruction économique, écologique et solidaire sera la clé de notre indépendance. »

Nous proposons donc des mesures concrètes pour passer de la parole aux actes en utilisant tous les leviers créés autour de trois enjeux.

Une TVA réduite

Le premier enjeu est de réussir à relancer la consommation et la production en mettant au coeur la durabilité, la proximité et la solidarité. Pour un choc de consommation responsable, nous proposons de diminuer la TVA pour tous les produits socialement et écologiquement responsables afin de les rendre accessibles à tous, loin des logiques court-termistes comme celle des éco-chèques.

En parallèle, un bonus-malus social et écologique assis sur des critères clairs et transparents pour l’ensemble des entreprises françaises permettrait de moduler la participation financière des entreprises suivant leur apport à l’intérêt général, et permettrait d’inciter l’ensemble du tissu productif français à engager sa transition.

La BPI en réelle banque de la transition

Par ailleurs, le gouvernement doit se positionner comme pivot d’une relance solidaire et durable en transformant la BPI en réelle banque de la transition et en mettant dès aujourd’hui 1 milliard d’euros en fonds propres sur la table avec un fonds de relance ambitieux, structurant et de long terme. L’annonce, le 5 juin dernier, par Élisabeth Borne, d’un plan visant à accompagner à hauteur de 250 millions d’euros la transition écologique des PME-TPE est une très bonne nouvelle, mais trop peu pour engager une transition profonde de l’économie française.

 

Il faut en effet prendre le relais du dispositif de prêts garantis par l’État, qui a permis une prise en compte de l’urgence liée au confinement, mais qui a pu fragiliser la situation financière des entreprises en augmentant leur endettement. Des investissements en fonds propres représentent la seule mesure efficace pour accompagner autant la survie que la transition écologique et inclusive de notre tissu de TPE-PME, en favorisant une vision de long terme.

Des aides conditionnées

Nous proposons enfin de mettre en place la conditionnalité écologique et sociale de toutes les aides publiques accordées par le gouvernement dans le contexte post-crise. Il est logique que les pouvoirs publics débloquent des milliards pour sauver des milliers d’emplois menacés et une économie meurtrie. Mais il est incompréhensible que ces milliards dépensés aujourd’hui ne soient pas l’occasion d’accélérer la transition de notre économie. Le Mouvement des entrepreneurs sociaux (Mouves) propose donc que l’ensemble des entreprises aidées s’engagent durablement sur la réduction de leur empreinte écologique et sociale sur trois ans, et fassent en premier lieu la transparence sur une quinzaine d’indicateurs sociaux et environnementaux structurants, permettant à toutes leurs parties prenantes de suivre leur évolution.

Afin d’objectiver ces dispositifs, le gouvernement pourrait s’appuyer sur un outil d’évaluation de l’impact social et environnemental intitulé Impact Score, développé par tous les réseaux d’entreprises à impact en France. Il permet d’approcher de manière rationnelle l’engagement des entreprises en faveur de la transition écologique et sociale et pourrait être mis à disposition des pouvoirs publics, des entreprises, des citoyens pour accompagner cette dynamique.

Un grand ministère dédié

Pour concrétiser ces mesures et pour aller dans le sens d’Élisabeth Borne, qui a rappelé à juste titre qu’« opposer écologie et économie est totalement dépassé  », nous proposons que les sujets de transition sociale et environnementale bénéficient enfin d’une représentation politique et administrative auprès du ministre des finances à Bercy, au coeur de la machine étatique et à leur juste niveau de portage politique, au sein d’un grand portefeuille ministériel de la Relance économique, écologique et sociale. Nous mesurons le défi de concevoir une relance transformatrice, permettant de sauver l’économie d’aujourd’hui tout en préparant demain. Mais c’est la seule voie pour permettre à notre économie de prévenir et affronter les crises à venir.

Cette opportunité d’investissement massif ne se reproduira sûrement jamais. Alors, à l’heure où le déconfinement est bien entamé et où les pouvoirs publics travaillent d’arrache-pied à un plan de relance qui pourrait dessiner le destin économique de la France pour la prochaine décennie, Monsieur le président, Mesdames et Messieurs les ministres, les entrepreneurs vous le demandent : assez de paroles, passons aux actes!

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Signataires :

  • Jean Moreau, co-Président du Mouvement des entrepreneurs sociaux, co-fondateur et président de Phenix
  • Eva Sadoun, co-présidente du Mouvement des entrepreneurs sociaux, co-fondatrice et présidente de LITA.co
  • Amandine Albizzati, PDG d’Enercoop
  • Alice Barbe , co-fondatrice et PDG de Singa
  • Julie Chapon, co-fondatrice de Yuka
  • Luc De Gardelle , gérant de Presta’Terre et de Prodea, président de la Fédération des entreprises d’insertion
  • Pierrick De Ronne , président de Biocoop et Natexbio
  • Jean-Yves Doisy, DG de Vitamine T
  • Grégoire Ducret, directeur de Croix Rouge Innovation
  • Abdelaali El Badaoui, fondateur et président de Banlieue Santé
  • Nicolas Froissard, vice-président et porte parole du Groupe SOS
  • Hortense Harang, co-fondatrice et présidente de Fleurs d’Ici
  • Virginie Hils, fondatrice et présidente du Comptoir de Campagne
  • Thomas Huriez, fondateur et président de 1083
  • Jonathan Jérémiasz , co-fondateur de Comme les autres, Handiamo et Voix Publique
  • Loubna Ksibi, co-fondatrice de Meet my Mama
  • Sylvain Lepainteur, PDG de Conciergerie Solidaire et Monkey Monk
  • Mélanie Marcel, co-fondatrice et PDG de SoScience
  • Dafna Mouchenik, fondatrice de LogiVitae
  • Maud Sarda, co-fondatrice et directrice de Label Emmaus
  • Carole Tawema, co-fondatrice et PDG de Karethic
  • Serge Widawski directeur général d’APF Entreprise
  • Shu Zhang, co-fondatrice et PDG de Pandobac
  • Matthieu Dardaillon, fondateur et président de Ticket For Change
  • Sandra De Bailliencourt, directrice générale de Sparknews
  • Arnaud De La Taille, co-fondateur et PDG d’AssoConnect
  • Blaise Desbordes, directeur général de Max Havelaar
  • Guillaume Gibault, fondateur et président de Le Slip Français
  • Samuel Grzybowski, fondateur de Coexister
  • Cyrielle Hariel, journaliste à BFM Business et influenceuse
  • Antoine Jouteau, DG de Le Bon Coin
  • Jean-Michel Lecuyer, DG d’INCO Investissements
  • Basile Michardière, co-directeur de MakeSense Incubateurs
  • Antoine Michel, partner d’Investir et +
  • Magali Payen, fondatrice d’On est Prêt

« Conversion écologique » tardive de la France

« Conversion écologique » tardive  de la France

Non seulement la conversion écologique de la France est tardive de la part de Macon mais en plus elle est assez superficielle. Le président affirme être en accord avec 146 des 149 propositions de la convention dont beaucoup sont d’ailleurs très contradictoires et dont la mise en œuvre sera tout juste effleurée dans quelques dispositions législatives. D’ailleurs Macron a pris le soin de dire que sur les 146 propositions soutenues, il y aurait matière à affiner, discuter compléter. Autant dire à revoir sérieusement. Le président de la République, qui s’exprimait dans les jardins de l’Elysée lors d’une présentation des conclusions de la convention citoyenne pour le climat, a également déclaré qu’un projet de loi reprenant la quasi-intégralité des propositions de ce forum, mis en place en octobre 2019, après la crise des “Gilets jaunes”, serait présenté d’ici la fin de l’été. Une jolie auberge espagnole en perspective composée surtout de généralités, d’évidences et de mesurettes.

Emmanuel Macron a dit avoir retenu 146 des 149 propositions de la convention, certaines en l’état, d’autres qui auront besoin d’être “affinées ou complétées”. Il a rejeté celle d’une taxe de 4% sur les dividendes, qui découragerait selon lui l’investissement, et souhaité le report d’un débat sur la limitation de la vitesse à 110 km/h sur les autoroutes.

Le président de la République a également invalidé la proposition de réécrire le préambule de la Constitution en plaçant l’environnement au-dessus des autres valeurs fondamentales.

Il s’est en revanche dit favorable à une réécriture de l’article premier la Constitution pour y introduire les notions de biodiversité, d’environnement et de lutte contre le changement climatique, comme l’a proposé la convention.

“Je veux ainsi que nous puissions engager, d’abord à l’Assemblée nationale et au Sénat, sur la base de vos propositions, un texte en vue d’une réforme constitutionnelle. Je souhaite la voir aboutir d’ici fin 2021 et je suis prêt à recourir au référendum si celui-ci est constitutionnellement possible, après le vote des Chambres”, a dit Emmanuel Macron.

Le président de la République s’est également dit ouvert à un autre référendum sur un ou plusieurs textes de loi reprenant des mesures proposées par la convention. En matière de réforme constitutionnelle on voit mal quel français pour être en désaccord avec une meilleure prise en charge de la problématique environnementale, une amélioration de la qualité de la vie et une meilleure prise en compte la biodiversité. Bref davantage un référendum de nature politique qu’un vrai changement institutionnel et politique

Les propositions d’Emmanuel Macron sur l’écologie interviennent alors que le deuxième tour des élections municipales, qui s’est tenu dimanche, a été marqué par une vague verte, les écologistes l’ayant l’emporté dans plusieurs grandes villes de France comme Lyon, Bordeaux, Strasbourg, Tours, Poitiers, Besançon, en plus d’être reconduits à Grenoble.

Reconstruire une économie forte, écologique, souveraine et solidaire !

Reconstruire une économie forte, écologique, souveraine et solidaire !

Des  mots vides sans aucun contenu, même pas la moindre orientation qui pourrait être prononcée dans n’importe dans quel bistros mais qui peuvent toujours faire plaisir entendre pour nombre de naïfs

Le fameux «monde d’après» se concrétise peu à peu. C’est dans cette logique qu’Emmanuel Macron a dit vouloir «créer les emplois de demain». Il en appelle pour cela à une «industrie verte», «sociale et solidaire» qui permettrait selon lui de «réconcilier production et climat». Attractivité et relocalisation doivent être au cœur de ce nouveau «pacte productif», a-t-il ajouté. Bref l’impression que Macron avec ses conseillers à étudier de très près les thèmes sémantiques qui ressortent des différents sondages et qui nourrissent les préoccupations des Français. Il aura parlé de tout mais surtout de rien de précis ni de concret renvoyant même à plus tard de questions essentielles la relance économique et le financement.

 

 

 

Le président l’assure, il souhaite faire de la relance économique une relance «solidaire». Pour cela, il promet aujourd’hui «un investissement massif pour l’instruction, la formation et les emplois de notre jeunesse». «Nous la lui devons», a-t-il ajouté, précisant que les générations futures paieraient la dette écologique de notre pays.

Transition écologique agricole : comment en finir avec la chimie ?

Transition écologique agricole : comment en finir avec la chimie ?

 

Justine Lipuma, CEO & Cofondatrice de Mycophyto.  start-up basée à Sophia Antipolis commercialise une technique unique au monde. Associés aux tomates ou à la lavande, des champignons microscopiques permettent d’accroître la production tout en protégeant la plante. (chronique la Tribune)

 

« A l’occasion de la remise des prix du concours d’innovation i-Lab, le 4 juillet dernier, Justine Lipuma était sur un petit nuage. Non seulement Mycophyto, la start-up deeptech qu’elle a lancée en 2017 pour commercialiser le résultat de ses recherches était reconnue, mais en plus, le prix lui était remis par Frédérique Vidal, ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation. « Elle a été l’une des enseignantes qui a le plus compté dans le choix de mon parcours universitaire », confie Justine Lipuma. Et surtout, « elle a souligné dans son discours l’importance du retour de la science à la société. C’est exactement ma vision ».

Avec, pour la jeune scientifique, une passion particulière, celle de la vulgarisation. « J’ai toujours aimé rallier des partenaires sur des projets, et pour cela, il faut faire beaucoup de pédagogie », dit-elle. Que ce soit pendant son parcours de thèse, à l’occasion des recherches collectives qu’elle a ensuite menées à l’université de Turin, ou en tant que présidente de l’association des doctorants de l’université Nice-Sophia-Antipolis, et même lorsqu’elle participait, toute jeune, à des fêtes de la science, Justine Lipuma aime parler, en termes simples, de la science, des recherches qui y sont associées et de leurs implications pour le monde. Un exercice qui lui a bien servi lorsqu’il s’est agi de convaincre des investisseurs…

 

Son parcours, d’abord

 

Une fois sa thèse de doctorat en biologie sur les interactions entre les bactéries fixatrices d’azote et les légumineuses fourragères, de type luzerne, soutenue à l’INRA, en 2015, Justine Lipuma cherche, pour son travail post-doctoral, « à trouver de vraies solutions, accessibles à tous », insiste-t-elle.

En sélectionnant la meilleure association possible de plantes et de champignons microscopiques, elle découvre qu’il est possible d’augmenter la surface d’échange des plantes, ce qui maximise la production tout en protégeant les végétaux. Un concept qu’elle a validé sur la tomate, grâce à un programme de pré-maturation à l’Université Côte-d’Azur, dont elle a été lauréate, après son passage à l’université de Turin.

 

Les implications, ensuite

Il s’agit ni plus ni moins « d’en finir avec la chimie et de donner les outils aux producteurs agricoles pour effectuer la transition vers une activité durable. Nos solutions s’appuient sur la biodiversité augmentée », dit-elle. Elles sont actuellement disponibles pour les tomates et les plantes médicinales et odorantes, comme la lavande.

 

Les enjeux, enfin

« La méthode fonctionne bien en zones arides », souligne Justine Lipuma. Alors que le réchauffement climatique menace le pourtour méditerranéen, il s’agit donc, en l’appliquant, de préserver le gagne-pain des producteurs et de dynamiser l’économie territoriale. Se greffent donc sur la transition agricole des enjeux sociaux et sociétaux.

 

La création de la start-up deeptech, maintenant

Une fois le concept d’interaction plante et champignons validé, Justine Lipuma trouve en Christine Poncet, de l’Unité Inra Institut Sophia Agrobiotech, l’associée idéale. Et pour cause, « Christine est spécialiste de recherche appliquée et planchait sur la conception de systèmes agricoles plus durables », dit-elle. Le transfert de la recherche vers une structure, incubée pendant 18 mois à l’incubateur public Paca-Est, et qui commercialisera à terme la technique d’association plantes et champignons, se fait donc naturellement. Par le biais d’une bourse French Tech Emergence, Bpifrance l’épaule également. Et Mycophyto voit le jour en 2017.

Premiers contrats et première levée de fonds

Les premiers contrats sont signés dans la foulée avec des coopératives et des industriels qui utilisent les plantes comme matière première. Grâce à l’intégration de la filière, les méthodes de Mycophyto devraient progressivement se diffuser aux producteurs. Cet automne, pour poursuivre la R&D, Mycophyto a levé 1,4 million d’euros auprès de Créazur (Crédit Agricole), deux family offices, Olbia et Obsidian, ainsi que Région Sud Investissement. La jeune pousse a déjà pu embaucher quatre personnes, dont une responsable R&D, une responsable de production, une assistante technique de serre et un technicien de laboratoire. « Les femmes sont en majorité chez nous ! », rit la dirigeante de Mycophyto. Les recrutements suivants porteront sur des commerciaux. De fait, une deuxième levée de fonds servira à industrialiser la méthode et à la vendre en masse. Rompue à l’exercice qui consiste à expliquer ce qu’elle fait, et surtout, pourquoi, il est évident que Justine Lipuma saura, une fois de plus, embarquer talents et financiers avec elle, afin d’apporter sa contribution à la révolution agricole.

25 milliards dans la transition écologique, pour quoi faire ?

25 milliards dans la transition écologique, pour quoi faire ?

Comme dans chaque secteur d’activité économique, social et sociétal, des responsables lancent l’idée de plan financé à coup de milliards en fait fiancé  par la dette compte tenu d’une part du déséquilibre budgétaire et de l’endettement précédent. Peut-être en mal existentiel Ancien ministre EELV du quinquennat Hollande et directeur de WWF France, avant de passer l’an dernier sous le pavillon En marche pour les élections européennes, Pascal Canfin appelle dans le JDD un plan de 25 milliards d’euros dédié la transition écologique pour relancer l’économie post-pandémie. L’eurodéputé demande un plan spécifique. Pas forcément la meilleure méthode pour obtenir des effets systémiques bénéfiques intégrant les différentes problématiques d’environnement bien sûr mais aussi la dimension sociale, la dimension économique et sociétale . Le plan présenté dans le JDD ressemble curieusement au cahier revendicatif classique  d’Europe écologie les Verts un peu coupé des réalités sociaux économiques et des transitions réalistes possibles.

 

Vous prônez une relance verte de l’économie. Comment la mettre en œuvre?
Je souhaite qu’Emmanuel Macron lance le premier plan de relance aligné avec l’accord de Paris. Les décisions du gouvernement vont dans la bonne direction. Mais il manque le paquet global : il faut que 25 milliards d’euros, dans les deux prochaines années, soient dédiés à la transition écologique. Cet argent public viendra entre autres du plan de relance européen.

 

Qu’entendez-vous par « paquet global »?
Les décisions déjà prises s’imposent par leur urgence, mais je pense que le Président gagnerait, avant l’été, à en expliquer la vision d’ensemble en disant que pour la première fois de l’histoire économique française, notre plan d’investissement s’inscrit dans la trajectoire de la neutralité carbone. Et que nous pouvons le financer, grâce aux avancées au niveau européen.

À quoi serviraient ces 25 milliards?
Par exemple, les Français ne sont pas encore tous de retour dans les transports en commun par crainte du virus. C’est le moment d’avoir un choc d’offre et de demande sur le vélo. Le gouvernement a déjà mobilisé 60 millions d’euros pour soutenir la réparation des vélos. En parallèle, il faut créer des pistes cyclables, donc aider les collectivités territoriales. Je propose que le plan de relance européen finance 25 000 kilomètres dédiés au vélo sur le continent. La demande des Français est là, et cela permettra de créer des emplois.

 

Mais la priorité française semble être le soutien au secteur automobile. Pour les associations environnementales, le gouvernement « fait fausse route »… 
Je ne suis pas d’accord. L’essentiel des aides au secteur automobile se concentrent sur la transition vers l’électrique et l’hydrogène. Le plan de relance va clairement accélérer la transition industrielle du secteur. Pour un consommateur, cela veut dire que, sur l’ensemble de sa vie, une voiture électrique est maintenant au même prix qu’une thermique. La prime à la conversion pour les voitures diesel et essence est limitée aux 200.000 premiers véhicules achetés : cela ne durera que quelques semaines. Toutefois, je suis favorable à ce qu’elle soit conditionnée à la puissance du véhicule, pour qu’elle ne puisse pas bénéficier aux acheteurs de SUV, plus polluants. Il faut aussi investir dans le train.

C’est-à-dire?
Comme pour Renault et Air France, l’État doit combler le trou financier de la SNCF, et que l’entreprise, en contrepartie, investisse dans les petites lignes ferroviaires.

 

Quels autres secteurs doit-on soutenir?
Le BTP. Mais le plan de relance va-t-il aider à construire des équipements du passé comme des autoroutes ou va-t-il soutenir un grand plan d’isolation thermique des bâtiments? On a les technologies et le savoir-faire pour lancer ces investissements, et ce sont les mêmes grandes entreprises et artisans qui en bénéficieront. Le même euro d’argent public dépensé aura le même impact économique et social dans les deux cas, mais un effet environnemental complètement différent.

Comment rendre l’agriculture française plus verte?
La Commission européenne va renforcer de 15 milliards d’euros le budget alloué à la transition agroécologique. C’est l’occasion pour la France d’utiliser sa part – près de deux milliards – pour diminuer les pesticides pour de vrai. Parce que nos objectifs ne sont pas atteints, notamment sur le glyphosate : on doit en sortir fin 2020 et, dans la plupart des cas, on n’y est pas. Pour la crédibilité de l’engagement d’Emmanuel Macron, il faut que l’État prenne en charge les alternatives au glyphosate, comme le matériel de désherbage mécanique. On doit pouvoir dire à tous les viticulteurs, par exemple, que la solution qui leur permettra de sortir du glyphosate sera financée.

 

Avez-vous eu un retour du gouvernement sur vos propositions?
J’ai donné ces éléments au Président et aux ministres de l’Économie et des Finances, Bruno Le Maire, et de la Transition écologique et solidaire, Élisabeth Borne. Le contrat de transition écologique avec Air France est directement issu de mes discussions avec Bruno Le Maire.

Est-ce une offre de service?
Pas du tout! Je ne suis demandeur de rien, à part de faire avancer la cause, et c’est exactement ce que je fais avec mon rôle au Parlement européen. Il y aura toujours des esprits chagrins, mais la France est clairement moteur dans la mise en place du Green Deal européen…. sur le plan des textes en tout cas(NDLR)

Société- Quelle transition écologique (Julien Dossier )

 

Société- Quelle transition écologique (Julien Dossier )

Avant son intervention au sommet Change Now, jeudi 30 janvier, au Grand Palais à Paris, franceinfo a interrogé Julien Dossier cet expert de la ville durable sur sa démarche. (extraits)

 

 

pourquoi la rationalité ne suffit-elle pas face au réchauffement climatique ?

C’est une question qu’on peut poser à tous les fumeurs, qui savent lire « Fumer tue » et qui pourtant prennent un paquet de cigarettes. Il y a un poids de l’habitude, une dépendance par rapport à un mode de vie qui fait qu’on ne change pas de manière radicale. Radicale, pas dans le sens violent, mais dans le sens d’aller à la racine, de toucher les fondements du système qu’on doit aujourd’hui faire bouger. Je pense qu’il y a en partie un problème d’imagination, de marge de manœuvre et d’émotion.

Nous sentons que les sujets sont graves, mais nous espérons ne pas être touchés. Nous nous sentons à l’abri, nous croyons que nous n’avons pas besoin de changer. Ce raisonnement-là est de moins en moins vrai parce que les ramifications des catastrophes climatiques finissent par nous toucher : qualité de l’air, sécheresses, inondations.

Dans votre livre, vous critiquez la vision communément admise du mur vers lequel nous nous dirigeons, ainsi que la notion d’effondrement soudain. Vous écrivez : « Comme dans une pièce de Beckett, nous attendons une forme d’effondrement qui ne viendra pas ». Pourquoi ces notions ne vous conviennent pas ?

Nous nous construisons une image de l’effondrement à la manière d’Hollywood, qui livre des films comme Blade Runner 2049Mad Max ou Wall-E. Dans ces films, on nous montre un monde qui s’est effondré, qui ne marche plus du tout, une vision post-apocalyptique. Ces films disent qu’il y a eu une catastrophe planétaire, un événement unique, qui a eu des conséquences sur toute la planète. Cette vision hollywoodienne nous fait attendre une grande catastrophe, un événement qui va tout casser. Cet imaginaire nous empêche de regarder ce qui est en train de se passer, en Australie ou en Amazonie, ce qui s’est déjà passé et qui devrait nous alerter. Il ne s’agit pas d’attendre une crise ultime, parce qu’en attendant, nous ne sommes pas à l’œuvre pour résoudre les crises actuelles.

 

Votre livre enjoint le lecteur à se lancer dans une véritable transition écologique. Par où commencer ?

Il faut entrer dans une approche segmentée, pour ne pas proposer de solutions uniformes. Quelqu’un sous la contrainte d’une mobilité subie, qui manque de moyens pour investir, rénover sa maison ou se nourrir autrement ne va pas avoir la même réponse que quelqu’un qui a les moyens de faire tout cela. Nous avons besoin d’avoir une réponse diversifiée, adaptée aux circonstances de chacun.

Le point commun qui va peut-être réunir tout le monde, c’est de consacrer du temps à ce sujet. On peut l’utiliser pour s’informer ou pour changer ses habitudes de transport. Vous pouvez par exemple vous dire, au début, que vous consacrez 15 minutes pour la planète par semaine. Ce quart d’heure, vous pouvez l’allouer à des temps de trajet. Je peux accepter 15 minutes de plus sur mon temps de trajet, divisé par cinq jours actifs, cela fait 3 minutes que je peux consacrer à attendre que quelqu’un vienne me chercher si je fais du covoiturage.

Sur la question écologique, il y a un grand débat entre les gestes individuels et les actions collectives, d’associations ou d’entreprises. Certains se disent : « Cela ne sert à rien que je change mon comportement tant que telle entreprise continue d’extraire des énergies fossiles. » Dans votre ouvrage, vous plaidez pour l’action individuelle. Pourquoi ?

 

Nous avons besoin d’agir sur tous les fronts, de se saisir des moyens dont on dispose, là où on en dispose. Pour moi, l’objectif, c’est de rendre chaque instant que nous vivons dédié à cette urgence climatique. Quand ces choix se traduisent à l’échelle individuelle, agissons à l’échelle individuelle : le contenu de notre assiette, la façon dont on utilise notre temps… Chercher à s’informer sur ces questions-là plutôt que de regarder des vidéos de chats sur internet, c’est un choix individuel.

Ensuite, il y a des actions qui nous engagent dans notre capacité à être parent d’élève, électeur, employeur ou investisseur. C’est le fait de réunir l’action de plusieurs personnes et d’unir nos forces qui donne du sens à ce que chacun d’entre nous peut faire. A l’échelle d’un groupement d’entreprises, on peut parler de covoiturage, d’espace de coworking avec un impact significatif sur un bassin de vie de centaines de milliers de personnes. A plus petite échelle, nous pouvons agir à l’échelle d’un quartier, dans une cage d’immeuble, dans une fête d’école, dans une salle de spectacle. Tous ces leviers-là nous permettent de gagner en impact.

 

Pour vous, il n’y a donc pas de petits gestes ?

Il faut cibler l’efficacité, ne pas se tromper d’ordre de grandeur. Dans son livre L’énergie durable : Pas que du vent ! (De Boeck, 2015), David MacKay rappelle que quand on débranche un chargeur de téléphone pour éviter de consommer de l’électricité, on touche 0,5% de la consommation du foyer par jour. C’est très bien de le faire, mais l’essentiel est ailleurs. Il y a également une différence entre les « projets petits pas », qui nous font pédaler comme des hamsters dans une roue mais qui ne nous font pas avancer d’un pas, et les « actions premier pas ».

Après avoir fait cette matinée à la craie, l’étape suivante, c’est de trouver des solutions pour des enfants qui habitent à plus de 500 mètres de l’école. Là, nous avons besoin d’équipements, de vélos, de triporteurs, de trottinettes. Il faut le temps de les acheter, il faut libérer des moyens.

Il faut donc éviter de se dire : « C’est bon, je fais déjà des efforts, je peux m’arrêter là » ?

Il ne faut pas se mentir. J’ai reçu quelques semaines après les fêtes de Noël un message d’un ami, qui disait « Voilà, je suis parti à Oman, maintenant, j’aimerais compenser mon voyage en avion. Qu’est-ce que tu recommandes ? » Je lui ai recommandé un mécanisme de compensation, la location de parcelles forestières dans lesquelles du carbone est séquestré, mais surtout j’ai répondu en disant qu’il est urgent de lire le résumé pour décideurs du rapport spécial du Giec à 1,5°C. Puis, je l’ai invité à poser la question de savoir s’il fallait continuer aujourd’hui de planifier des voyages dans des destinations comme celle-là. N’avons-nous pas d’autres formes d’actions de loisir plus proches de nous qui permettent de se passer de l’avion ?

La compensation peut être un véritable outil. Mais si c’est une simple excuse pour se donner bonne conscience en prenant l’avion pour aller faire la fête à Marrakech, c’est honteux.

Il y a un autre discours, que l’on entend chez les personnes qui rechignent à changer leurs habitudes pour tenir compte de la crise climatique. C’est celui qui consiste à dire : « L’innovation technologique nous sauvera. » A l’inverse, dans votre fresque, vous ne proposez que des techniques qui existent déjà. Vous ne croyez pas à cet argument de l’innovation ?

 

Non. D’abord, parce que nous manquons de temps. …. Nous créons des complexités en allant vers des systèmes techniques qui supposent une extraction de matière première, de la consommation d’énergie pour les distribuer et des technologies, y compris numériques, pour en suivre la maintenance… Sur ces variables-là, il y a de forts risques d’approvisionnement : nous manquons de ressources minières en métaux et en terre. Il va y avoir des tas de blocages dans le déploiement de ces technologies. Par exemple, il faut prendre la mesure de la consommation de données de solutions automatisées. Quand on parle de la voiture autonome, c’est le patron d’Intel qui indiquait que les données pour un million de voitures sont équivalentes à celles de 3 milliards de personnes. Nous ne pouvons pas imaginer un déploiement à grande échelle de ces technologies-là. Nous ne ferions que transformer le problème du climat en un problème d’énergie. Nous devons être sobres dans les solutions qu’on utilise et augmenter nos chances de réussite en utilisant ce qu’on maîtrise.

Sur la gauche de votre fresque, vous avez dessiné votre ville durable. Quelles sont ses caractéristiques ?

Il y a une double urgence dans les villes. Nous ne sommes pas seulement dans une urgence d’atténuation des émissions, mais aussi d’adaptation. Quand il a fait 40 °C à Paris l’été dernier, nous pouvons imaginer que les étés prochains ne vont pas être tellement plus froids. Nous devons privilégier des solutions de végétalisation et de déminéralisation des villes pour réduire l’effet « îlot de chaleur ». Cela pose une question sur l’aménagement et sur la gestion du foncier. Aujourd’hui, on voit du foncier et on se dit : « Qu’est-ce qu’on va bien pouvoir bâtir dessus ? ». Demain, il faudra regarder cela autrement. C’est sur ces espaces-là qu’on va devoir se poser la question de « Comment faire pousser des arbres ? » Nous avons besoin d’arbres : un arbre, c’est trois climatiseurs en ville. Une approche par le végétal a énormément de vertus : elle participe à l’adaptation au changement et réduit la consommation d’énergie.

……Cela crée aussi des débouchés pour des producteurs à proximité des villes qui, aujourd’hui, cherchent à améliorer leurs revenus en vendant en direct ou en réduisant les distances de transport.

 

Au centre de votre fresque, il y a une série de bâtiments que vous appelez « la membrane » et qui sépare la ville de la campagne. Pouvez-vous nous expliquer en quoi cela consiste ?

…. Pour moi, il est essentiel d’avoir cela en tête, nous sommes dans un système mutuellement dépendant : la partie urbaine a besoin d’une partie naturelle pour produire à manger. C’est là où l’essentiel de l’alimentation des villes se passe. Sans campagne, il n’y a pas de céréales, de bétail, de fruits ou de légumes. Les villes ne peuvent pas fonctionner seules, elles ne disposent pas de la surface nécessaire intra-muros pour cultiver du blé ou de forêts permettant de créer des charpentes pour les ossatures bois.

 

Ensuite, la zone de frontière n’est pas une séparation, qui oppose l’un à l’autre, mais une zone qui construit l’alliance entre ces deux grands systèmes. Ces zones frontières sont des zones où l’on va retrouver des implantations industrielles, là où on va avoir la rencontre de la main-d’œuvre qui vient des villes et des matières premières acheminées de l’extérieur. C’est aussi là où on va stocker des réserves, qui vont être des silos à grains, des chambres froides… Ce sont des zones ressources qui sont dans des interfaces entre partie urbaine et partie rurale. On y voit également une gamme de solutions de transport : un tram-fret pour transporter passagers et marchandises, du covoiturage, des pistes cyclables aménagées pour des triporteurs, pour nous permettre de sortir de « l’autosolisme », cette façon d’être seul dans sa voiture à moteur thermique.

A droite, vous dessinez une campagne où l’on voit beaucoup de cultures et peu d’élevages. Dans votre monde durable, l’alimentation est donc moins carnée que dans le nôtre ?

 

Je me suis référé aux travaux de Solagro, un projet qui s’appelle Afterres 2050. C’est la traduction dans le milieu agricole des objectifs de l’accord de Paris. Nous savons que la bascule d’une alimentation d’origine carnée à une alimentation d’origine végétale est beaucoup plus sobre en ressources. Il faut sept fois plus de ressources en surface pour produire la même quantité de protéines animales que de protéines végétales. Nous devons donc réduire massivement les émissions en réduisant notre consommation de viande. Il s’agit d’accompagner cette bascule avec une émergence d’une alimentation qui utilise beaucoup plus les céréales et les légumineuses.

L’animal est présent dans cette fresque, pour rappeler qu’on a besoin de matière organique pour fertiliser le sol. Le réchauffement climatique pose la question du bon dimensionnement de la place de l’animal.

Il faut multiplier le nombre de bêtes pour faire le même nombre de côtes de bœuf, nous avons des pratiques alimentaires qui ne sont pas efficaces. Le mode d’élevage intensif, souvent hors-sol, dépend de l’importation de tourteaux de soja venant principalement du Brésil, sur des sols conquis sur la forêt primaire en Amazonie. Il y a des effets en cascade qui sont provoqués pour répondre à une tendance actuelle d’extension des élevages en stabulation [des élevages en espaces restreints et clos], avec des circuits d’animaux qui donnent le tournis. J’ai en tête, dans la Loire, des installations qui font venir des veaux d’Italie pour les faire pâturer quelque temps en France, puis les faire repartir. Ce sont des norias de camions derrière.  

 

Ce n’est pas visible dans la fresque, mais vous défendez dans votre livre une agriculture sans pesticides. Que répondez-vous à ceux qui estiment que nous ne pouvons pas nourrir l’ensemble de la population sans l’agrochimie ?

Ce qui est frappant, c’est de constater que l’opposition entre pro et anti-pesticides est aujourd’hui très stérile. Nous avons d’un côté une mesure de la productivité à l’hectare sur une récolte : si je charge mon sol en engrais et que je mets tel traitement chimique, j’obtiens tel rendement. Mais ces gens-là oublient de calculer l’impact élargi de ce genre de techniques, comme le phénomène des algues vertes en Bretagne. Nous n’avons pas imputé aujourd’hui le coût et l’impact de pertes de biodiversité sur les pratiques agricoles. Nous n’imputons pas les externalités négatives au prix du kilo ou au prix à l’hectare. 

De l’autre côté, nous avons une mesure de la valeur sur un temps long. Dans l’agroécologie, on a besoin de mesurer la stabilité des écosystèmes sur des temps plus longs, pas seulement sur une saison, mais sur cinq, dix, quinze saisons. On ne mesure pas la même chose sur des horizons de temps différents. J’espère qu’on pourra arriver à un débat apaisé en se mettant d’accord sur les termes du débat. Aujourd’hui, nous n’avons même plus les termes du débat en commun, donc nous avons, forcément, deux visions du monde.

Dans votre fresque, on voit des panneaux solaires en ville, des éoliennes à la campagne, un barrage, un méthaniseur agricole… Est-ce que vous croyez à un scénario 100% énergies renouvelables ? Nous en sommes très éloignés aujourd’hui.

 

Nous en sommes très loin. Mais, en même temps, nous avons de très nombreuses sources, dont l’Ademe, qui ont fait des modélisations de scénarios 100% énergies renouvelables. On a tendance dans le débat français à se concentrer sur les débats du côté de l’offre et à minimiser le potentiel de la transformation de la demande. Or la proximité est un facteur d’efficacité énergétique. Nous allons réduire les distances et simplifier les outils qu’on va utiliser. Si on se déplace en marchant ou à vélo, le déplacement est beaucoup moins consommateur d’énergie.

Mais ce n’est pas une vision de décroissance : dans cette fresque, il y a énormément de choses à faire. C’est une vision de plein-emploi, de production pour mettre en œuvre cette transition.

Par exemple, dans cette fresque, il y a un mur à pêches, qui est un véritable réservoir d’efficacité énergétique. C’est un mur de briques qui permet de stocker la chaleur du soleil dans la journée et de la restituer sur une plage élargie. On optimiste la captation du rayonnement solaire, chaque fruit bénéficie d’un maximum d’apport d’énergie du soleil et on coupe le vent, on protège la plante des effets des vents froids en hiver. Cela permet de produire des fruits plus au nord et de ne pas en faire venir de loin. Le cumul de ces actions montre qu’on a un réservoir de réduction de consommation d’énergie considérable.

Dans votre livre, vous plaidez pour un « strict encadrement » de l’économie de marché et pour « une puissance publique forte ». Un changement qui risque d’être combattu par les milieux économiques. Comment opérer cette transition ?

 

Il y a aujourd’hui une tension qui se crée entre des pratiques d’un ancien temps et celles qui sont largement souhaitées et portées par la société. Mais nous avons des alliés économiques qui sont en train de faire basculer les décisions, notamment les investisseurs de long terme, comme les fonds de pension ou les caisses de retraite, qui doivent prendre en compte le climat dans l’impact de leurs investissements, à horizon dix, vingt ou trente ans. Ce sont ces acteurs qui ont été les premiers à peser sur les décisions de désinvestissement dans le charbon. Nous sommes aujourd’hui en train d’élargir le périmètre aux hydrocarbures.

Quelle transition écologique (Julien Dossier )

Quelle  transition écologique  (Julien Dossier )

 

Avant son intervention au sommet Change Now, jeudi 30 janvier, au Grand Palais à Paris, franceinfo a interrogé Julien Dossier cet expert de la ville durable sur sa démarche. (extraits)

 

 

pourquoi la rationalité ne suffit-elle pas face au réchauffement climatique ?

C’est une question qu’on peut poser à tous les fumeurs, qui savent lire « Fumer tue » et qui pourtant prennent un paquet de cigarettes. Il y a un poids de l’habitude, une dépendance par rapport à un mode de vie qui fait qu’on ne change pas de manière radicale. Radicale, pas dans le sens violent, mais dans le sens d’aller à la racine, de toucher les fondements du système qu’on doit aujourd’hui faire bouger. Je pense qu’il y a en partie un problème d’imagination, de marge de manœuvre et d’émotion.

Nous sentons que les sujets sont graves, mais nous espérons ne pas être touchés. Nous nous sentons à l’abri, nous croyons que nous n’avons pas besoin de changer. Ce raisonnement-là est de moins en moins vrai parce que les ramifications des catastrophes climatiques finissent par nous toucher : qualité de l’air, sécheresses, inondations.

Dans votre livre, vous critiquez la vision communément admise du mur vers lequel nous nous dirigeons, ainsi que la notion d’effondrement soudain. Vous écrivez : « Comme dans une pièce de Beckett, nous attendons une forme d’effondrement qui ne viendra pas ». Pourquoi ces notions ne vous conviennent pas ?

Nous nous construisons une image de l’effondrement à la manière d’Hollywood, qui livre des films comme Blade Runner 2049Mad Max ou Wall-E. Dans ces films, on nous montre un monde qui s’est effondré, qui ne marche plus du tout, une vision post-apocalyptique. Ces films disent qu’il y a eu une catastrophe planétaire, un événement unique, qui a eu des conséquences sur toute la planète. Cette vision hollywoodienne nous fait attendre une grande catastrophe, un événement qui va tout casser. Cet imaginaire nous empêche de regarder ce qui est en train de se passer, en Australie ou en Amazonie, ce qui s’est déjà passé et qui devrait nous alerter. Il ne s’agit pas d’attendre une crise ultime, parce qu’en attendant, nous ne sommes pas à l’œuvre pour résoudre les crises actuelles.

 

Votre livre enjoint le lecteur à se lancer dans une véritable transition écologique. Par où commencer ?

Il faut entrer dans une approche segmentée, pour ne pas proposer de solutions uniformes. Quelqu’un sous la contrainte d’une mobilité subie, qui manque de moyens pour investir, rénover sa maison ou se nourrir autrement ne va pas avoir la même réponse que quelqu’un qui a les moyens de faire tout cela. Nous avons besoin d’avoir une réponse diversifiée, adaptée aux circonstances de chacun.

Le point commun qui va peut-être réunir tout le monde, c’est de consacrer du temps à ce sujet. On peut l’utiliser pour s’informer ou pour changer ses habitudes de transport. Vous pouvez par exemple vous dire, au début, que vous consacrez 15 minutes pour la planète par semaine. Ce quart d’heure, vous pouvez l’allouer à des temps de trajet. Je peux accepter 15 minutes de plus sur mon temps de trajet, divisé par cinq jours actifs, cela fait 3 minutes que je peux consacrer à attendre que quelqu’un vienne me chercher si je fais du covoiturage.

Sur la question écologique, il y a un grand débat entre les gestes individuels et les actions collectives, d’associations ou d’entreprises. Certains se disent : « Cela ne sert à rien que je change mon comportement tant que telle entreprise continue d’extraire des énergies fossiles. » Dans votre ouvrage, vous plaidez pour l’action individuelle. Pourquoi ?

 

Nous avons besoin d’agir sur tous les fronts, de se saisir des moyens dont on dispose, là où on en dispose. Pour moi, l’objectif, c’est de rendre chaque instant que nous vivons dédié à cette urgence climatique. Quand ces choix se traduisent à l’échelle individuelle, agissons à l’échelle individuelle : le contenu de notre assiette, la façon dont on utilise notre temps… Chercher à s’informer sur ces questions-là plutôt que de regarder des vidéos de chats sur internet, c’est un choix individuel.

Ensuite, il y a des actions qui nous engagent dans notre capacité à être parent d’élève, électeur, employeur ou investisseur. C’est le fait de réunir l’action de plusieurs personnes et d’unir nos forces qui donne du sens à ce que chacun d’entre nous peut faire. A l’échelle d’un groupement d’entreprises, on peut parler de covoiturage, d’espace de coworking avec un impact significatif sur un bassin de vie de centaines de milliers de personnes. A plus petite échelle, nous pouvons agir à l’échelle d’un quartier, dans une cage d’immeuble, dans une fête d’école, dans une salle de spectacle. Tous ces leviers-là nous permettent de gagner en impact.

 

Pour vous, il n’y a donc pas de petits gestes ?

Il faut cibler l’efficacité, ne pas se tromper d’ordre de grandeur. Dans son livre L’énergie durable : Pas que du vent ! (De Boeck, 2015), David MacKay rappelle que quand on débranche un chargeur de téléphone pour éviter de consommer de l’électricité, on touche 0,5% de la consommation du foyer par jour. C’est très bien de le faire, mais l’essentiel est ailleurs. Il y a également une différence entre les « projets petits pas », qui nous font pédaler comme des hamsters dans une roue mais qui ne nous font pas avancer d’un pas, et les « actions premier pas ».

Après avoir fait cette matinée à la craie, l’étape suivante, c’est de trouver des solutions pour des enfants qui habitent à plus de 500 mètres de l’école. Là, nous avons besoin d’équipements, de vélos, de triporteurs, de trottinettes. Il faut le temps de les acheter, il faut libérer des moyens.

Il faut donc éviter de se dire : « C’est bon, je fais déjà des efforts, je peux m’arrêter là » ?

Il ne faut pas se mentir. J’ai reçu quelques semaines après les fêtes de Noël un message d’un ami, qui disait « Voilà, je suis parti à Oman, maintenant, j’aimerais compenser mon voyage en avion. Qu’est-ce que tu recommandes ? » Je lui ai recommandé un mécanisme de compensation, la location de parcelles forestières dans lesquelles du carbone est séquestré, mais surtout j’ai répondu en disant qu’il est urgent de lire le résumé pour décideurs du rapport spécial du Giec à 1,5°C. Puis, je l’ai invité à poser la question de savoir s’il fallait continuer aujourd’hui de planifier des voyages dans des destinations comme celle-là. N’avons-nous pas d’autres formes d’actions de loisir plus proches de nous qui permettent de se passer de l’avion ?

La compensation peut être un véritable outil. Mais si c’est une simple excuse pour se donner bonne conscience en prenant l’avion pour aller faire la fête à Marrakech, c’est honteux.

Il y a un autre discours, que l’on entend chez les personnes qui rechignent à changer leurs habitudes pour tenir compte de la crise climatique. C’est celui qui consiste à dire : « L’innovation technologique nous sauvera. » A l’inverse, dans votre fresque, vous ne proposez que des techniques qui existent déjà. Vous ne croyez pas à cet argument de l’innovation ?

 

Non. D’abord, parce que nous manquons de temps. …. Nous créons des complexités en allant vers des systèmes techniques qui supposent une extraction de matière première, de la consommation d’énergie pour les distribuer et des technologies, y compris numériques, pour en suivre la maintenance… Sur ces variables-là, il y a de forts risques d’approvisionnement : nous manquons de ressources minières en métaux et en terre. Il va y avoir des tas de blocages dans le déploiement de ces technologies. Par exemple, il faut prendre la mesure de la consommation de données de solutions automatisées. Quand on parle de la voiture autonome, c’est le patron d’Intel qui indiquait que les données pour un million de voitures sont équivalentes à celles de 3 milliards de personnes. Nous ne pouvons pas imaginer un déploiement à grande échelle de ces technologies-là. Nous ne ferions que transformer le problème du climat en un problème d’énergie. Nous devons être sobres dans les solutions qu’on utilise et augmenter nos chances de réussite en utilisant ce qu’on maîtrise.

Sur la gauche de votre fresque, vous avez dessiné votre ville durable. Quelles sont ses caractéristiques ?

Il y a une double urgence dans les villes. Nous ne sommes pas seulement dans une urgence d’atténuation des émissions, mais aussi d’adaptation. Quand il a fait 40 °C à Paris l’été dernier, nous pouvons imaginer que les étés prochains ne vont pas être tellement plus froids. Nous devons privilégier des solutions de végétalisation et de déminéralisation des villes pour réduire l’effet « îlot de chaleur ». Cela pose une question sur l’aménagement et sur la gestion du foncier. Aujourd’hui, on voit du foncier et on se dit : « Qu’est-ce qu’on va bien pouvoir bâtir dessus ? ». Demain, il faudra regarder cela autrement. C’est sur ces espaces-là qu’on va devoir se poser la question de « Comment faire pousser des arbres ? » Nous avons besoin d’arbres : un arbre, c’est trois climatiseurs en ville. Une approche par le végétal a énormément de vertus : elle participe à l’adaptation au changement et réduit la consommation d’énergie.

……Cela crée aussi des débouchés pour des producteurs à proximité des villes qui, aujourd’hui, cherchent à améliorer leurs revenus en vendant en direct ou en réduisant les distances de transport.

 

Au centre de votre fresque, il y a une série de bâtiments que vous appelez « la membrane » et qui sépare la ville de la campagne. Pouvez-vous nous expliquer en quoi cela consiste ?

…. Pour moi, il est essentiel d’avoir cela en tête, nous sommes dans un système mutuellement dépendant : la partie urbaine a besoin d’une partie naturelle pour produire à manger. C’est là où l’essentiel de l’alimentation des villes se passe. Sans campagne, il n’y a pas de céréales, de bétail, de fruits ou de légumes. Les villes ne peuvent pas fonctionner seules, elles ne disposent pas de la surface nécessaire intra-muros pour cultiver du blé ou de forêts permettant de créer des charpentes pour les ossatures bois.

 

Ensuite, la zone de frontière n’est pas une séparation, qui oppose l’un à l’autre, mais une zone qui construit l’alliance entre ces deux grands systèmes. Ces zones frontières sont des zones où l’on va retrouver des implantations industrielles, là où on va avoir la rencontre de la main-d’œuvre qui vient des villes et des matières premières acheminées de l’extérieur. C’est aussi là où on va stocker des réserves, qui vont être des silos à grains, des chambres froides… Ce sont des zones ressources qui sont dans des interfaces entre partie urbaine et partie rurale. On y voit également une gamme de solutions de transport : un tram-fret pour transporter passagers et marchandises, du covoiturage, des pistes cyclables aménagées pour des triporteurs, pour nous permettre de sortir de « l’autosolisme », cette façon d’être seul dans sa voiture à moteur thermique.

A droite, vous dessinez une campagne où l’on voit beaucoup de cultures et peu d’élevages. Dans votre monde durable, l’alimentation est donc moins carnée que dans le nôtre ?

 

Je me suis référé aux travaux de Solagro, un projet qui s’appelle Afterres 2050. C’est la traduction dans le milieu agricole des objectifs de l’accord de Paris. Nous savons que la bascule d’une alimentation d’origine carnée à une alimentation d’origine végétale est beaucoup plus sobre en ressources. Il faut sept fois plus de ressources en surface pour produire la même quantité de protéines animales que de protéines végétales. Nous devons donc réduire massivement les émissions en réduisant notre consommation de viande. Il s’agit d’accompagner cette bascule avec une émergence d’une alimentation qui utilise beaucoup plus les céréales et les légumineuses.

L’animal est présent dans cette fresque, pour rappeler qu’on a besoin de matière organique pour fertiliser le sol. Le réchauffement climatique pose la question du bon dimensionnement de la place de l’animal.

Il faut multiplier le nombre de bêtes pour faire le même nombre de côtes de bœuf, nous avons des pratiques alimentaires qui ne sont pas efficaces. Le mode d’élevage intensif, souvent hors-sol, dépend de l’importation de tourteaux de soja venant principalement du Brésil, sur des sols conquis sur la forêt primaire en Amazonie. Il y a des effets en cascade qui sont provoqués pour répondre à une tendance actuelle d’extension des élevages en stabulation [des élevages en espaces restreints et clos], avec des circuits d’animaux qui donnent le tournis. J’ai en tête, dans la Loire, des installations qui font venir des veaux d’Italie pour les faire pâturer quelque temps en France, puis les faire repartir. Ce sont des norias de camions derrière.  

 

Ce n’est pas visible dans la fresque, mais vous défendez dans votre livre une agriculture sans pesticides. Que répondez-vous à ceux qui estiment que nous ne pouvons pas nourrir l’ensemble de la population sans l’agrochimie ?

Ce qui est frappant, c’est de constater que l’opposition entre pro et anti-pesticides est aujourd’hui très stérile. Nous avons d’un côté une mesure de la productivité à l’hectare sur une récolte : si je charge mon sol en engrais et que je mets tel traitement chimique, j’obtiens tel rendement. Mais ces gens-là oublient de calculer l’impact élargi de ce genre de techniques, comme le phénomène des algues vertes en Bretagne. Nous n’avons pas imputé aujourd’hui le coût et l’impact de pertes de biodiversité sur les pratiques agricoles. Nous n’imputons pas les externalités négatives au prix du kilo ou au prix à l’hectare. 

De l’autre côté, nous avons une mesure de la valeur sur un temps long. Dans l’agroécologie, on a besoin de mesurer la stabilité des écosystèmes sur des temps plus longs, pas seulement sur une saison, mais sur cinq, dix, quinze saisons. On ne mesure pas la même chose sur des horizons de temps différents. J’espère qu’on pourra arriver à un débat apaisé en se mettant d’accord sur les termes du débat. Aujourd’hui, nous n’avons même plus les termes du débat en commun, donc nous avons, forcément, deux visions du monde.

Dans votre fresque, on voit des panneaux solaires en ville, des éoliennes à la campagne, un barrage, un méthaniseur agricole… Est-ce que vous croyez à un scénario 100% énergies renouvelables ? Nous en sommes très éloignés aujourd’hui.

 

Nous en sommes très loin. Mais, en même temps, nous avons de très nombreuses sources, dont l’Ademe, qui ont fait des modélisations de scénarios 100% énergies renouvelables. On a tendance dans le débat français à se concentrer sur les débats du côté de l’offre et à minimiser le potentiel de la transformation de la demande. Or la proximité est un facteur d’efficacité énergétique. Nous allons réduire les distances et simplifier les outils qu’on va utiliser. Si on se déplace en marchant ou à vélo, le déplacement est beaucoup moins consommateur d’énergie.

Mais ce n’est pas une vision de décroissance : dans cette fresque, il y a énormément de choses à faire. C’est une vision de plein-emploi, de production pour mettre en œuvre cette transition.

Par exemple, dans cette fresque, il y a un mur à pêches, qui est un véritable réservoir d’efficacité énergétique. C’est un mur de briques qui permet de stocker la chaleur du soleil dans la journée et de la restituer sur une plage élargie. On optimiste la captation du rayonnement solaire, chaque fruit bénéficie d’un maximum d’apport d’énergie du soleil et on coupe le vent, on protège la plante des effets des vents froids en hiver. Cela permet de produire des fruits plus au nord et de ne pas en faire venir de loin. Le cumul de ces actions montre qu’on a un réservoir de réduction de consommation d’énergie considérable.

Dans votre livre, vous plaidez pour un « strict encadrement » de l’économie de marché et pour « une puissance publique forte ». Un changement qui risque d’être combattu par les milieux économiques. Comment opérer cette transition ?

 

Il y a aujourd’hui une tension qui se crée entre des pratiques d’un ancien temps et celles qui sont largement souhaitées et portées par la société. Mais nous avons des alliés économiques qui sont en train de faire basculer les décisions, notamment les investisseurs de long terme, comme les fonds de pension ou les caisses de retraite, qui doivent prendre en compte le climat dans l’impact de leurs investissements, à horizon dix, vingt ou trente ans. Ce sont ces acteurs qui ont été les premiers à peser sur les décisions de désinvestissement dans le charbon. Nous sommes aujourd’hui en train d’élargir le périmètre aux hydrocarbures.

L’utopie écologique, nouveau modèle de société ?

L’utopie écologique, nouveau modèle de société  ?

C’est l’interrogation de Philippe Moati ,économiste dans une tribune au « Monde ». après une enquête de l’Observatoire société et consommation 

 

« Une enquête proposant un choix entre trois modèles de société montre une préférence pour des modes de vie favorisant la proximité, les liens avec les proches et une consommation locale, constate l’économiste dans une tribune au « Monde ».

Il est souvent dit que notre époque souffre d’une panne des utopies et que les Français, en particulier, nourrissent leur pessimisme d’un déficit d’avenir désirable.

Pour tenter d’y voir plus clair, nous avons conduit à l’Observatoire société et consommation (Obsoco), avec le soutien de l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe), de la banque publique d’investissement Bpifrance et de la chaire ESCP-Edouard-Leclerc, une enquête approfondie auprès d’un échantillon représentatif de 2 000 personnes âgées de 18 à 70 ans.

Cette enquête opère une plongée dans les imaginaires à l’œuvre au sein de la société française. Nous y avons notamment mesuré le degré d’adhésion des Français à trois modèles de société idéale, trois « systèmes utopiques » associés à des relais d’opinion, des mouvements plus ou moins organisés, qui prescrivent des priorités, des pratiques, des politiques et des institutions supposées conduire à un avenir souhaitable.

Il s’agit de l’utopie « techno-libérale », qui décrit une société hyperindividualiste organisée pour une croissance forte tirée par la science et la technologie, avec le transhumanisme comme point d’horizon ; de l’utopie « écologique », qui dépeint une organisation de l’économie et de la société tendue vers la sobriété, le « moins mais mieux » ; enfin, de l’utopie « sécuritaire », qui renvoie à une société nostalgique d’un passé révolu, attachée à la morale et à la tradition, soucieuse de préserver son indépendance économique et son identité face aux influences étrangères.

Chaque système utopique a été présenté aux personnes ayant participé à l’enquête de manière détaillée, en couvrant les aspects relatifs à l’organisation de la vie économique, au système politique, aux modes de vie et de consommation, etc. Les répondants ont été invités à déclarer dans quelle mesure ces modèles de société se trouvaient en phase avec leur propre conception d’une société idéale, de manière globale et aspect par aspect.

C’est l’utopie « écologique » qui sort gagnante de cette confrontation ; 55 % des répondants lui ont accordé leur meilleure note. L’utopie « sécuritaire » se classe en deuxième (elle est l’utopie préférée de 29 % des répondants), laissant l’utopie « techno-libérale » assez loin derrière (16 %), celle-ci étant pénalisée par un rejet massif des perspectives de l’augmentation de l’humain. »

 

 

Angers: une métropole écologique et intelligente mais sans emploi ?

Angers:  une métropole écologique et intelligente mais  sans emploi ?

 

Sans doute pour répondre à des préoccupations de marketing politique la ville d’Angers s’est auto proclamé métropole, Smart City, ville intelligente.

 

Certes il ne s’agit pas de nier l’importance du développement de services numériques. Mais à Angers, c’est un peu la grenouille qui veut se faire plus grosse que le bœuf car il y a un gouffre entre les projets et leur habillage politique. Le problème de cette ville moyenne c’est qu’elle est beaucoup moins dynamique que d’autres dans sa catégorie et même dans sa région. Au troisième trimestre 2018, avec 9,2% de la population active, le taux de chômage de la zone d’emploi d’Angers affiche un taux supérieur à celui enregistré au niveau départemental (8,3%) et régional (7,6%). En un an, le taux de chômage a diminué de 0,4 point, soit une situation identique à celle du département et de la région (-0,4 point). Une région par ailleurs dynamique notamment avec la métropole de Nantes et le développement de Cholet mais qui a tendance à s’endormir depuis longtemps à Angers. Pour preuve, le nombre de chômeurs est assez supérieur à Angers ( taux chômage à 9.20% ) par rapport non seulement à la région toute entière (taux chômage 7.60% ) mais aussi par rapport aux départements du Maine-et-Loire( taux de chômage à 8.30).

 

D’après les deniers  officiels, Fin décembre 2018, le nombre de demandeurs d’emploi de catégorie A affiche une baisse de 0,5% comparativement à décembre 2017. Cette évolution est moins favorable que celle affichée par le département du Maine et Loire (-0,7%) et plus favorable que celle affichée par la région Pays de la Loire (+0,5%).

 

« Nous voulons construire le modèle du territoire intelligent à la française », explique, à La Tribune, Christophe Béchu, le président (divers droite) d’Angers Loire Métropole.. »mais il y a loin entre la perspective d’une Silicon valley française ç la réalité. les projets sont plus modestes, il s’agit de numériser certains certains services publics. Il serait bon qu’ Angers se réveille au numérique mais aussi à l’économie réelle et à l’emploi.

« Les usages, ce sont les associations, les entreprises et les habitants qui vont les écrire », assure le PDG d’Engie Ineo, Yann Rolland, chargé des villes et des collectivités chez Engie Solutions. « Dès ce vendredi 22, la Connected Week va basculer en mode grand public avec une conférence de présentation officielle pour lancer le processus. »

 

Concrètement, le groupement lauréat s’est engagé à réaliser des économies sur la maîtrise de l’énergie. En matière d’éclairage public par exemple, les 240.000 candélabres de la métropole vont passer au LED avec des détecteurs de présence. « Ces derniers pourront nous donner une idée de la circulation en temps réel », assure Christophe Béchu. Modifier les ampoules coûte actuellement 2 millions d’euros par an, auxquels il faut ajouter la facture d’EDF de 2,7 millions. Mais dès que l’infrastructure sera « en plein fonctionnement », elle permettra de réduire ces charges de 66% et de faire tomber ce montant à 1 million d’euros. Il s’agit aussi d’alléger de 20% les consommations énergétiques des 557 bâtiments publics. Dans le même esprit, les 216 parcs et jardins de la ville d’Angers vont être équipés de capteurs d’humidité. Objectif: économiser 150.000 euros d’eau potable par an, soit 30% de réduction de l’arrosage public.

 

Rationaliser certains services  publics avec le numérique, c’est bien mais c’est bien insuffisant pour redynamiser une économie qui s’endort.

 

 

 

Incendies en Amazonie : une catastrophe écologique mondiale

Incendies en Amazonie : une catastrophe écologique mondiale

 

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Une véritable catastrophe mondiale en Amazonie avec d’innombrables incendies dont les fumées recouvrent un territoire presque aussi grand que la France. Une situation d’autant plus tragique que le président brésilien n’a pas pris des moyens à temps  d’éteindre les feux, pire qu’il se dit incapable de mettre fin à cet embrasement qui va priver la planète  d’une partie de son poumon. L’Agence spatiale brésilienne (INPE) dit avoir répertorié 72.843 incendies dans la forêt amazonienne depuis le début de l’année, soit une hausse de 83% par rapport à la même période l’an dernier et un record depuis qu’elle a commencé à recueillir de telles données en 2013.

La déforestation au Brésil a bondi de 67% sur un an au cours des sept premiers mois de l’année, a par ailleurs indiqué l’INPE, dont le travail est attaqué par le gouvernement de Bolsonaro. Des millions de personnes à travers le monde ont fait part sur les réseaux sociaux de leur inquiétude sur l’avenir de la forêt amazonienne. Le principal piège à carbone au monde se trouve à 60% sur le territoire du Brésil.

Aux yeux d’experts environnementaux, les déclarations de Bolsonaro sont un “écran de fumée” destiné à masquer les mesures engagées par son gouvernement favorisant les investissements agricoles et miniers au détriment des réglementations environnementales. “La déforestation accrue et les incendies sont les conséquences de la politique anti-environnementale” de Bolsonaro, a déclaré Marcio Astrini, le coordinateur des relations publiques de Greenpeace au Brésil.

Un chercheur de l’université de Sao Paulo, spécialiste des questions climatiques, a souligné que les agriculteurs avaient recours au feu pour défricher leurs terres et attribué la multiplication des incendies au pic de déforestation illicite constaté cette année.

 

Selon l’avocat du directeur général, Me Benjamin Van Gaver, “l’ouverture de l’enquête va permettre d’offrir à Monsieur Bailey la possibilité d’apporter tous les éléments nécessaires aux autorités afin de réfuter fermement les allégations portées à son encontre”.

 

 

Prévision de Budget 2020 : “un mini budget écologique

Prévision de Budget 2020 : “un mini budget écologique

La ministre de l’écologie s’est vantée d’une augmentation de 800 millions d’euros de crédits supplémentaires pour le budget 2020. Une augmentation à relativiser car à périmètre constant il n’y a pratiquement pas de hausse. Par ailleurs dans ce budget global de plus de 32 milliards, il y a à boire et à manger notamment des crédits affectés au transport dont certains participent de la transition écologique mais d’autres beaucoup moins ou pas du tout. Pour aboutir à ce calcul, le responsable des comptes publics a expliqué  »qu’il y avait des lignes ‘transports’ et des lignes ‘développement durable’ dans le budget sur l’Ecologie. Tous les projets de transport que nous mettons en place sont compatibles avec la transition écologique ».

Le gouvernement met en avant une hausse de 800 millions d’euros du budget de la transition écologique. A périmètre constant, l’augmentation n’est en réalité que de 120 millions, c’est-à-dire pratiquement rien par rapport à l’enveloppe globale de 32 milliards En dépit de ces efforts de communication, plusieurs ONG ont fait part de leur déception en regrettant le manque d’investissement dans la transition énergétique. Selon les experts de l’Institut for climate economics, les investissements publics et privés nécessaires à l’atteinte des objectifs climatiques de la France sont estimés entre 45 et 75 milliards d’euros par an. Or, seulement 31 milliards sont consacrés à cet objectif.

Budget 2020 : “un mini budget écologique

Budget 2020 : “un mini budget écologique

La ministre de l’écologie s’est vantée d’une augmentation de 800 millions d’euros de crédits supplémentaires pour le budget 2020. Une augmentation à relativiser car à périmètre constant il n’y a pratiquement pas de hausse. Par ailleurs dans ce budget global de plus de 32 milliards, il y a à boire et à manger notamment des crédits affectés au transport dont certains participent de la transition écologique mais d’autres beaucoup moins ou pas du tout. Pour aboutir à ce calcul, le responsable des comptes publics a expliqué  »qu’il y avait des lignes ‘transports’ et des lignes ‘développement durable’ dans le budget sur l’Ecologie. Tous les projets de transport que nous mettons en place sont compatibles avec la transition écologique ».

Le gouvernement met en avant une hausse de 800 millions d’euros du budget de la transition écologique. A périmètre constant, l’augmentation n’est en réalité que de 120 millions, c’est-à-dire pratiquement rien par rapport à l’enveloppe globale de 32 milliards En dépit de ces efforts de communication, plusieurs ONG ont fait part de leur déception en regrettant le manque d’investissement dans la transition énergétique. Selon les experts de l’Institut for climate economics, les investissements publics et privés nécessaires à l’atteinte des objectifs climatiques de la France sont estimés entre 45 et 75 milliards d’euros par an. Or, seulement 31 milliards sont consacrés à cet objectif.

 

Crise écologique: le réemploi à privilégier par rapport au recyclage

Crise écologique: le réemploi à privilégier par rapport au recyclage

 

La lutte contre la pollution plastique est la grande absente du projet de loi sur l’économie circulaire, dénoncent, dans une tribune au « Monde », les responsables des ONG engagées dans la transition écologique et solidaire. (Extraits)

 

Tribune. 

 

En préambule de la loi anti gaspillage et économie circulaire qui est débattu, mardi 17 septembre au Sénat, le gouvernement a établi le constat suivant : « Les citoyens français sont en colère contre le gaspillage des ressources, la surconsommation de plastiques, l’obsolescence programmée des produits et l’impossibilité de réparer leurs biens. »

Pour les ONG engagées dans la transition écologique et solidaire, ce texte présenté comme un véritable tournant écologique du quinquennat, n’est pour l’instant pas à la hauteur des enjeux. Elles appellent les parlementaires à ne pas réduire l’économie circulaire au recyclage des matériaux et à agir pour une économie inclusive qui préserve véritablement nos ressources et permette de lutter contre le dérèglement climatique.

Depuis la présentation du projet de loi, le gouvernement communique largement sur deux mesures emblématiques : le retour de la consigne sur les bouteilles et l’interdiction de destruction des invendus non alimentaires. Sur la consigne, les Français plébiscitent le retour du modèle qu’ils ont connu, qui permet le réemploi de l’emballage en verre et donc la réduction de la production de déchets. Nous souhaitons que la loi donne la priorité au réemploi et sommes opposés au modèle visant uniquement le recyclage des bouteilles en plastique et canettes en aluminium, qui nous maintient dans l’ère du tout jetable.

Le gouvernement communique sur des objectifs ambitieux de « 100 % de plastiques recyclés » et de « zéro plastique rejeté en mer d’ici 2025 », mais il n’inscrit pas ces objectifs dans la loi

Concernant l’interdiction de détruire les invendus non alimentaires, nous déplorons que le projet actuel laisse la porte ouverte au recyclage de produits neufs au lieu d’en assurer la réutilisation de façon systématique. Ces mesures se veulent emblématiques mais ne répondent pas à l’urgence d’endiguer le gaspillage de nos ressources et de lutter contre le changement climatique.

Par ailleurs, le réemploi est en mesure de favoriser le lien social et l’inclusion autour d’activités locales. La seule réponse industrielle ne peut suffire à produire les leviers nécessaires pour faire face à la crise écologique. Ce texte doit favoriser et accompagner la puissance de l’engagement local des citoyens, privilégier des projets porteurs de sens plus que de bénéfices, et œuvrer à la réduction des inégalités par le développement d’associations impliquées sur les questions environnementales et sociales.

 

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