Archive pour le Tag 'écologie'

Ecologie: dépasser les clivages

Ecologie:  dépasser les clivages

A l’occasion du Salon ChangeNOW, du 25 au 27 mars, 300 acteurs de l’impact et du monde économique appellent à placer l’écologie au coeur des projets d’avenir commun alors que 50 % de la population mondiale est appelée aux urnes en 2024. Réunis à l’initiative de ChangeNOW, plus de 300 acteurs de l’impact et du monde économique, français et internationaux, appellent à dépasser les clivages et à placer l’écologie et les limites planétaires comme des principes fondamentaux sur lesquels la société doit se construire et s’organiser, pour un avenir durable et plus humain.( dans les Echos)

Dans un monde en constante évolution, où les défis se multiplient et se complexifient, l’écologie est souvent perçue comme une contrainte supplémentaire, un luxe moral réservé à certains ou aux temps de prospérité. Pourtant, non seulement cette vision est réductrice, mais elle est aussi dangereuse. Elle oppose artificiellement l’écologie à d’autres domaines tels que l’agriculture, l’industrie ou l’économie. Comme si protéger notre environnement nous obligeait à sacrifier le reste.

Or, l’écologie, du grec « oikos » (maison) et « logos » (science), n’est autre que la science de notre maison commune, ce cadre dans lequel toute vie sur Terre est régie. Elle est intrinsèque à chaque aspect de notre existence : se nourrir, se déplacer, se vêtir, produire, tout est acte écologique, car nous opérons toujours dans les limites de notre monde.

Alors que plus de 50 % de la population mondiale est appelée aux urnes en 2024, il est crucial que les enjeux environnementaux ne soient ni éclipsés ni instrumentalisés. Au lieu d’utiliser l’écologie afin de créer du clivage et des désaccords, il faut prendre conscience qu’elle est le socle commun dont nous dépendons collectivement.

Ignorer les principes écologiques, c’est prendre le risque de devenir « hors-sol », de se déconnecter des réalités physiques qui encadrent notre existence et de creuser la fracture sociale liée aux conséquences du changement climatique. La science nous enseigne que toute action a ses effets. L’écologie applique ce principe au domaine du vivant et de notre interaction avec lui.

Il est ainsi impératif d’adopter les limites planétaires comme guide de notre développement. Non pas comme un frein, mais comme une nécessité pour bâtir un avenir durable et plus juste, ne laissant personne de côté.

C’est dans cet esprit que nous, entrepreneurs, dirigeants, investisseurs, membres d’ONG, activistes, experts, artistes, athlètes et citoyens de tous horizons, nous rassemblerons en nombre à ChangeNOW [auquel s'associe le groupe Les Echos-Le Parisien, NDLR], du 25 au 27 mars, à Paris, autour de solutions concrètes, pour transcender la confrontation stérile entre écologie et progrès et faire preuve d’un engagement commun pour construire un monde durable et plus humain.

Dans un monde qui pousse à nous polariser, à nous diviser, à menacer l’existence même de nos démocraties, deux éléments nous unissent tous : l’écologie et l’humanité. L’écologie, en tant que science de notre maison commune, car elle définit, telle une loi physique, le cadre dans lequel nous vivons. L’humanité, car elle définit, telle une loi morale, ce que nous sommes tous. Il est temps de considérer l’écologie non pas comme une contrainte, mais comme le fondement de notre avenir commun.

Des prêts hypothécaires pour relancer le marché de l’immobilier ?

Des  prêts hypothécaires  pour  relancer le marché de l’immobilier ?

 

Depuis 2022, les taux d’emprunts ne cessent d’augmenter provoquant une crise majeure du secteur immobilier. Si les taux étaient encore en dessous de 1 % fin 2021, ils sont en ce début d’année 2024 au-dessus de 4 % ce qui restreint drastiquement l’accès au crédit des potentiels acheteurs. En réponse à cette crise qui semble s’installer, le ministre de la Transition écologique, Christophe Béchu, a annoncé lundi 12 février vouloir relancer le marché de l’immobilier avec la mise en place de nouveaux dispositifs tels que les prêts hypothécaires in fine. Mais que sont-ils exactement et peut-on vraiment considérer ces prêts comme la solution au problème des particuliers ?

 

par Professeur de finance, IÉSEG School of Management

et , Professeur de Finance, LEM-CNRS 9221, IÉSEG School of Management dans The conversation 

Le fonctionnement du prêt hypothécaire semble relativement bien connu des Français. C’est un crédit amortissable adossé à une garantie réelle. Amortissable car l’emprunteur rembourse tous les mois les intérêts du prêt mais également une partie du capital emprunté. Adossé à une garantie car le prêteur (souvent la banque) a le droit de saisir un bien de l’emprunteur, qu’il s’agisse de celui financé par le crédit ou un autre, si celui-ci n’a plus la capacité de rembourser son prêt. Le but est pour la banque de le revendre ensuite pour récupérer ses fonds. Ce prêt a également la particularité d’avoir un taux plus élevé qu’un crédit classique car il correspond à des emprunteurs dont les dossiers sont un peu plus risqués.

La logique du prêt in fine est un peu différente. Sa particularité réside dans l’échéancier que doit respecter l’emprunteur. Avec un prêt in fine, seuls les intérêts sont dus pendant la durée du prêt. La somme empruntée sera remboursée en totalité à la fin du prêt. Prenons un exemple concret : vous souhaitez emprunter 1 000 euros sur 5 ans à un taux de 5 %, vous avez le choix entre un prêt amortissable ou un prêt in fine, vos simulations donnent les informations suivantes :Comme nous pouvons l’observer, l’intérêt majeur du prêt in fine est de diminuer considérablement le montant des mensualités pendant les premières périodes du prêt (50€), par rapport à un prêt amortissable (221€). Cela permettant à l’emprunteur une gestion de trésorerie plus facile au quotidien.

Si dans le cas du prêt amortissable, le capital restant diminue, ce n’est pas la même chose pour un prêt in fine, entrainant la nécessité de la part de l’emprunteur de débourser un montant beaucoup plus important lors de la dernière mensualité. Par ailleurs, une simple somme permet d’observer que la totalité des mensualités est plus importante pour le prêt in fine que pour le prêt amortissable. Le prêt in fine est donc par construction plus cher que le prêt amortissable, et cela à taux d’emprunt identique. Or il est important de noter que les taux ne sont jamais identiques, et que les taux des prêts in fine sont toujours plus élevés que les taux des amortissables.

La proposition du ministre de la Transition écologique qui sera discutée avec les banques fin février 2024 combine le prêt hypothécaire et le prêt in fine. En quoi cela peut-il constituer une solution ?

Dans un contexte de taux élevés tel que ce que nous connaissons actuellement, un ménage qui souhaite emprunter pour acquérir un bien immobilier doit anticiper une charge de la dette (autre nom des intérêts) plus importante que si l’emprunt hypothécaire classique avait été contracté en 2021 quand les taux étaient plus bas. Cependant, si une partie du prêt hypothécaire est contractée sous la forme d’un prêt in fine, disons 20 % (le maximum annoncé par le ministre) alors, comme nous l’avons vu précédemment, cela contribue à diminuer la charge mensuelle de cette dette. En effet, si les 80 % entrainent un remboursement amortissable classique, les 20 % de prêt in fine permettent à l’emprunteur de ne rembourser que les intérêts, le capital étant remboursé à maturité. Si l’on reprend l’exemple précédent, en simulant un prêt hypothécaire in fine (20 %), cela nous donne les chiffres suivants :

En comparant ces chiffres aux chiffres précédents, on voit effectivement que mélanger les 2 types de crédits permet de réduire le montant des mensualités payées, permettant aux ménages de souffler un peu et donc potentiellement de pouvoir emprunter. Dans un autre exemple, on pourrait supposer que l’emprunteur ne souhaite pas nécessairement diminuer sa charge d’intérêts mensuelle. Alors le prêt hypothécaire in fine lui permettrait d’emprunter davantage et donc d’acheter plus grand pour le même remboursement mensuel.

Si cette option présente des avantages certains, peut-on réellement considérer ces prêts comme la solution au problème des acheteurs ? Les particuliers doivent-ils y souscrire ?

Le revers de ce type de prêt, c’est le montant total des intérêts payés qui peut très vite atteindre des sommes importantes, en plus de la contrainte financière que cela impose à l’emprunteur arrivé à la maturité de son prêt et devant rembourser l’intégralité de la somme empruntée en une fois. Cela implique que l’emprunteur ait une très bonne compréhension du mécanisme du crédit, lui permettant de gérer son épargne afin de limiter le risque de défaut et donc le risque de ne pas être en mesure de rembourser le prêt obtenu.

Dans un post sur LinkedIn, le gouverneur de la banque de France a lui-même rappelé que ces prêts existent déjà en France mais ne sont que très peu utilisés compte tenu du risque qu’ils représentent. Cette solution de court terme pourrait bien augmenter le risque à long terme pour l’ensemble du secteur.

Ecologie : moins d’Etat et plus de nature

Ecologie : moins d’Etat et  plus de nature 

 

Dans l’imaginaire politique français, la protection de la planète s’oppose frontalement à la croissance et au capitalisme. Les dernières propositions législatives pour encadrer le marché de la mode sont révélatrices d’un prisme très français, pour qui l’horizon d’une pensée écologique se borne à la fiscalité et la bureaucratie.
par Loïc Rousselle , professeur de physique-chimie, membre du bureau politique du parti Écologie au Centre et porte-parole national dans l’Opinion

Les ONG se réjouissent, les médias applaudissent et les entreprises de la fast fashion grimacent : il y a quelques semaines, le député Républicain Vermorel-Marques s’est engagé à modifier la loi pour imposer un système de « bonus-malus » afin de sanctionner les entreprises du textile et de la mode dont la production et la vente en ligne sont irrespectueuses de l’environnement.

Visé directement par le parlementaire, le groupe Shein est monté au créneau dans les médias, arguant que son modèle industriel « à la demande », lui permettait d’avoir « des niveaux de stocks et d’invendus bien inférieurs à 10 % alors que les acteurs traditionnels sont entre 20 % et 40 % ». Sachant que le gaspillage et la surproduction sont largement responsables de la pollution provoquée par l’industrie textile, cet argument suffira-t-il à provoquer la mansuétude du législateur français ? Affaire à suivre.

 Mais une chose est certaine : la philosophie politique sous-jacente à ce type de mesures passe à côté du défi environnemental. Une approche qui oppose grossièrement croissance, capitalisme, profit, innovation et protection de l’environnement. Car implicitement, le législateur part du principe qu’une économie vertueuse pour la nature, ce serait une économie sévèrement encadrée par des normes et des taxes, par la puissance de l’Etat. Un postulat qui s’avère souvent caricatural, car la réalité est plus nuancée : libérer l’économie, c’est parfois le meilleur moyen de faire de l’écologie, même pour l’industrie de la mode.
 Le capitalisme au service de la nature. Chaque année depuis 2002, l’Université de Yale publie son « Indice de performance environnementale ». Une évaluation globale de la manière dont, dans chaque pays, la protection de la nature est assurée, avec des critères qui prennent en compte tous les aspects : réchauffement climatique, pollution de l’eau, protection de la biodiversité… Une vision « totale », dont les pays les mieux notés sont les pays les plus industriels et les plus libéraux : Suisse, Royaume-Uni, Finlande…Pour attirer chez nous les industriels du textile et pour relocaliser leur production selon nos critères sociaux et environnementaux, toutes les taxes et les inflations fiscales ne nous serons d’aucun recours

D’ailleurs, les écologistes Bjorn Lomborg et Mickael Shellenberger rappellent régulièrement dans leurs ouvrages que ce qui conditionne la capacité d’un pays à faire face aux conséquences du changement climatique, c’est son développement économique : une industrie puissante peut se permettre de financer de l’innovation pour être plus vertueuse ; une société prospère sera prête à se soucier de la nature.

 Et très concrètement, sur le marché du textile et de l’habillement, nul de se réjouit de voir une très large majorité des produits consommés en France être produits en Asie ou en Turquie, dans des conditions éloignées de nos standards européens. Dans sa course à la rentabilité, c’est toute l’industrie de la mode qui participe depuis près de trente ans à cette dérive.
 Mais pour attirer chez nous les industriels du textile et pour relocaliser leur production selon nos critères sociaux et environnementaux, toutes les taxes et les inflations fiscales ne nous serons d’aucun recours. A la place, la France serait plus inspirée de regarder du côté du Portugal : depuis quelques années, Lisbonne a fait le choix de ne pas surtaxer la mode et la « fast fashion » importées, mais d’attirer sur son territoire les industriels du secteur grâce à une fiscalité du travail allégée et un tissu de PME innovante. Si le Portugal l’a fait, pourquoi pas la France ?

Loïc Rousselle est professeur de physique-chimie, membre du bureau politique du parti Écologie au Centre et porte-parole national.

Ecologie : dépasser les clivages

Ecologie : dépasser les clivages

A l’occasion du Salon ChangeNOW, du 25 au 27 mars, 300 acteurs de l’impact et du monde économique appellent à placer l’écologie au coeur des projets d’avenir commun alors que 50 % de la population mondiale est appelée aux urnes en 2024. Réunis à l’initiative de ChangeNOW, plus de 300 acteurs de l’impact et du monde économique, français et internationaux, appellent à dépasser les clivages et à placer l’écologie et les limites planétaires comme des principes fondamentaux sur lesquels la société doit se construire et s’organiser, pour un avenir durable et plus humain.( dans les Echos)

Dans un monde en constante évolution, où les défis se multiplient et se complexifient, l’écologie est souvent perçue comme une contrainte supplémentaire, un luxe moral réservé à certains ou aux temps de prospérité. Pourtant, non seulement cette vision est réductrice, mais elle est aussi dangereuse. Elle oppose artificiellement l’écologie à d’autres domaines tels que l’agriculture, l’industrie ou l’économie. Comme si protéger notre environnement nous obligeait à sacrifier le reste.

Or, l’écologie, du grec « oikos » (maison) et « logos » (science), n’est autre que la science de notre maison commune, ce cadre dans lequel toute vie sur Terre est régie. Elle est intrinsèque à chaque aspect de notre existence : se nourrir, se déplacer, se vêtir, produire, tout est acte écologique, car nous opérons toujours dans les limites de notre monde.

Alors que plus de 50 % de la population mondiale est appelée aux urnes en 2024, il est crucial que les enjeux environnementaux ne soient ni éclipsés ni instrumentalisés. Au lieu d’utiliser l’écologie afin de créer du clivage et des désaccords, il faut prendre conscience qu’elle est le socle commun dont nous dépendons collectivement.

Ignorer les principes écologiques, c’est prendre le risque de devenir « hors-sol », de se déconnecter des réalités physiques qui encadrent notre existence et de creuser la fracture sociale liée aux conséquences du changement climatique. La science nous enseigne que toute action a ses effets. L’écologie applique ce principe au domaine du vivant et de notre interaction avec lui.

Il est ainsi impératif d’adopter les limites planétaires comme guide de notre développement. Non pas comme un frein, mais comme une nécessité pour bâtir un avenir durable et plus juste, ne laissant personne de côté.

C’est dans cet esprit que nous, entrepreneurs, dirigeants, investisseurs, membres d’ONG, activistes, experts, artistes, athlètes et citoyens de tous horizons, nous rassemblerons en nombre à ChangeNOW [auquel s'associe le groupe Les Echos-Le Parisien, NDLR], du 25 au 27 mars, à Paris, autour de solutions concrètes, pour transcender la confrontation stérile entre écologie et progrès et faire preuve d’un engagement commun pour construire un monde durable et plus humain.

Dans un monde qui pousse à nous polariser, à nous diviser, à menacer l’existence même de nos démocraties, deux éléments nous unissent tous : l’écologie et l’humanité. L’écologie, en tant que science de notre maison commune, car elle définit, telle une loi physique, le cadre dans lequel nous vivons. L’humanité, car elle définit, telle une loi morale, ce que nous sommes tous. Il est temps de considérer l’écologie non pas comme une contrainte, mais comme le fondement de notre avenir commun.

Ecologie et Agriculture conciliables ?

Ecologie et Agriculture conciliables ?

Le ministre de l’écologie Christophe déçu affirme dans la tribune du dimanche que l’agriculture et l’écologie peuvent être conciliable en dépit des concessions faites par le gouvernement lors du mouvement des agriculteurs.


Est-ce que, pour calmer la colère des agriculteurs, l’écologie a été sacrifiée ?

CHRISTOPHE BÉCHU- Non. Ceux qui nous font ce procès se fondent sur un seul point : la mise sur pause du plan Écophyto jusqu’au Salon de l’agriculture. Je comprends l’inquiétude. Mais nous n’avons pas annoncé qu’on autorisait une molécule, ou qu’on allait modifier les règles sur la proximité des riverains et sur les zones de captage qui permettent l’alimentation d’eau potable. On a simplement dit qu’il nous fallait trois semaines pour rediscuter des outils qui vont être déployés cette année. Ces trois semaines vont aussi nous servir à préciser l’utilisation des 250 millions d’euros pour trouver, dans chaque filière, des alternatives que nous mettons en face du principe « pas d’interdiction sans solution ». Notre ambition n’a pas varié. La santé et la protection de la biodiversité sont des lignes rouges.

Vous remettez quand même en question l’indicateur utilisé dans le plan Écophyto français, largement soutenu par les ONG…

En matière d’utilisation des produits phytosanitaires, deux indicateurs différents existent : un européen et un français. Comment est-il possible d’avoir des règles communes entre les divers pays d’Europe sans avoir les mêmes indicateurs ? Ce n’est pas satisfaisant, y compris du point de vue écologique. Se donner donc quelques semaines pour discuter de l’indicateur européen, cela ne nous semble absolument pas être une remise en question de nos principes.

Le Premier ministre a dit ne plus vouloir de « surtransposition » des règles européennes. Est-ce renoncer à nos exigences ?

Quand vous interdisez des pesticides en France et que vous laissez des produits utilisant ces mêmes pesticides arriver de l’étranger dans les rayons de nos supermarchés, où est la cohérence écologique et sanitaire pour la biodiversité ? Chaque fois qu’une règle conduit à augmenter des importations, c’est mauvais pour notre agriculture, notre souveraineté, mais aussi pour notre planète, car cela allonge les distances et donc les émissions de gaz à effet de serre.

Quelles conséquences pour le glyphosate, dont l’autorisation a été renouvelée en Europe pour dix ans, mais dont l’utilisation est restreinte en France ?

La France s’est opposée à une réautorisation de tous les types d’usages du glyphosate pour dix ans. Et nous avons dit devant les autres États membres que nous voulions garder les restrictions que nous avons déjà assumées. Le glyphosate est interdit pour toutes les activités non agricoles, notamment pour les services d’espaces verts des communes et pour la SNCF, qui était le premier utilisateur de ce produit en France pour traiter les voies de chemin de fer. Nous souhaitons aussi conserver des restrictions de son usage agricole, par exemple entre les vignes. La logique est simple : pour les activités agricoles, on peut réduire ou interdire quand il y a des alternatives.

Vous faites vôtre ce qu’a dit le Premier ministre en Haute-Garonne, affirmant « vouloir mettre l’agriculture au-dessus de tout » ?

Cette formule a le mérite de faire passer le message que l’agriculture n’est pas seulement une activité économique : c’est une activité qui a un impact sur l’écologie et sur l’aménagement du territoire de notre pays. Je dirai même qu’elle a un impact sur notre identité, car chacun a dans ses ascendants un agriculteur ou agricultrice. L’agriculture est conciliable avec les ambitions écologiques, je n’ai aucun doute là-dessus. Moins il y aura d’agriculture française, plus on sera éloignés de nos objectifs
écologiques, parce qu’on sera moins dans des logiques de produits de proximité.

Jeudi, le Premier ministre a aussi annoncé que la souveraineté alimentaire serait inscrite dans la loi. Est-ce que cela représente un danger pour l’avancée du droit de l’environnement ?

La souveraineté alimentaire, c’est cette idée simple qu’on ne doit pas dépendre des autres pour nourrir les Françaises et les Français. Depuis le Covid, on a pris conscience, au niveau national et européen, que la souveraineté n’est pas un gros mot. On s’est aussi rendu compte qu’on était allés trop loin dans un certain nombre de délocalisations, nous privant de la capacité à disposer des outils de notre santé, de notre alimentation, de notre industrie. Ce mouvement a conduit l’Europe à sortir d’une forme de naïveté, y compris en adoptant des règles qui, il y a quelques années, étaient totalement inimaginables. La décision, depuis le 1ᵉʳ janvier, de ne plus aider l’achat de voitures électriques provenant de pays qui n’ont pas les mêmes standards que nous réaffirme une forme de souveraineté au nom de l’écologie. On comprend de plus en plus que défendre une production de biens alimentaires ou de services de proximité, c’est soutenir à la fois des objectifs économiques et écologiques. C’est l’écologie à la française telle que le président de la République en a parlé. Mais c’est aussi globalement le chemin sur lequel l’ensemble de l’Europe est en train de s’aligner.

Au niveau européen justement, comment voyez-vous l’avenir du Pacte vert après cette colère des agriculteurs ?

Ce mouvement n’était pas français, il a été européen. L’Europe ne peut pas l’ignorer. Le Green Deal ne se résume pas à la question agricole : il porte aussi sur les transports, le bâtiment, la lutte contre l’obsolescence programmée… L’agriculture, qui en France représente près de 20 % des émissions de CO2, doit être absolument partie prenante de cet effort. Mais il faut trouver un rythme qui soit compatible avec ces ambitions. Il faut être extrêmement ferme et déterminé sur celles-ci et pouvoir être souple et pragmatique sur les moyens de les mettre en œuvre. Prenez l’exemple du GNR [gazole non routier]. Quand on augmente le prix de l’essence pour les agriculteurs avec l’objectif de sortir du moteur thermique, on se heurte néanmoins au fait que le tracteur électrique n’existe pas ! Quand on crée une contrainte sans solution, cela ne peut qu’être vécu comme une forme d’écologie punitive. Il était donc souhaitable de revenir sur cet acte qui a été mal compris.

Au terme d’« écologie punitive », vous préférez ceux d’« écologie populaire » ou d’« écologie de bon sens »…

Il faudrait presque qu’on ne puisse plus mettre d’adjectifs derrière l’écologie. Au fond, c’est quoi l’écologie ? C’est la protection des Français et de notre mode de vie alors que le dérèglement climatique est là. On n’a pas le choix entre faire ou ne pas faire, on doit faire. Mais deux dangers nous menacent : écouter ceux qui nous expliquent qu’on en fait trop et écouter ceux qui nous disent qu’on ne fait rien. Le risque est que la collusion de ces deux discours aboutisse effectivement à nous bloquer. S’ils se rejoignent, c’est l’assurance de l’impuissance et, à la fin, c’est l’écologie qui perdra.

Janvier a été le 24e mois consécutif où les normales de saison ont été dépassées. Vous avez décrété que 2024 serait l’année de l’adaptation. S’en donne-t-on vraiment les moyens ?

Je vous assure que oui. Quand, le 30 janvier 2023, j’ai expliqué qu’il fallait qu’on prépare notre pays à une augmentation de 4 degrés plutôt qu’à celle de 1,5 à 2 degrés que prévoyait l’accord de Paris, un certain nombre de responsables politiques, y compris chez les écologistes, ont considéré que c’était une forme de renoncement à réduire nos émissions de gaz à effet de serre. Comme s’ils ignoraient que l’adaptation marchait de concert avec l’atténuation. L’atténuation est mondiale, l’adaptation nationale. Notre pays accélère comme jamais la baisse de ses émissions, et le chantier de l’adaptation n’est plus une option.

Environnement: recul du gouvernement face aux agriculteurs

Environnement: recul du gouvernement face aux agriculteurs

Pour calmer les agriculteurs nombre de mesures environnementales sont mises entre parenthèses notamment concernant l’usage des pesticides .

« Nous le mettons à l’arrêt le temps de mettre en place un nouvel indicateur et de reparler des zonages et de la simplification (…) », a annoncé Gabriel Attal, pour qui ce travail doit commencer « dès la semaine prochaine » et aboutir avant le Salon international de l’agriculture, qui commencera le 24 février.
Le nouveau plan « Ecophyto 2030 », encore en consultation, prévoyait en effet de réduire de moitié l’utilisation des pesticides d’ici à 2030 (par rapport à 2015-2017), tout en accélérant la recherche de solutions alternatives. Bien que critiqué notamment par l’Association générale des producteurs de blé et autres céréales (AGPB), le gouvernement avait décidé de maintenir cet objectif même après le rejet par le Parlement européen, en novembre, d’une législation poursuivant le même but.

Écologie: recul du gouvernement face aux agriculteurs

Écologie: recul du gouvernement face aux agriculteurs

Pour calmer les agriculteurs nombre de mesures environnementales sont mises entre parenthèses notamment concernant l’usage des pesticides .

« Nous le mettons à l’arrêt le temps de mettre en place un nouvel indicateur et de reparler des zonages et de la simplification (…) », a annoncé Gabriel Attal, pour qui ce travail doit commencer « dès la semaine prochaine » et aboutir avant le Salon international de l’agriculture, qui commencera le 24 février.
Le nouveau plan « Ecophyto 2030 », encore en consultation, prévoyait en effet de réduire de moitié l’utilisation des pesticides d’ici à 2030 (par rapport à 2015-2017), tout en accélérant la recherche de solutions alternatives. Bien que critiqué notamment par l’Association générale des producteurs de blé et autres céréales (AGPB), le gouvernement avait décidé de maintenir cet objectif même après le rejet par le Parlement européen, en novembre, d’une législation poursuivant le même but.

SONDAGE Écologie : 49 % préfèrent les agriculteurs aux écolos

SONDAGE Écologie : 49 % préfèrent les agriculteurs aux écolos

Les agriculteurs remportent la médaille de la confiance pour la protection de notre nature et de notre environnement, raflant 49 % d’opinions favorables, tandis que les écologistes, avec un maigre 26 %, semblent relégués au rang de figurants, d’après un sondage CSA pour CNews, Europe 1 et le JDD.

L’écart le plus marquant réside dans les tranches d’âge. Seulement 38% des jeunes de 18 à 24 ans font plus confiance aux agriculteurs qu’aux écologistes, contre 57% des personnes de 65 ans et plus. Les autres groupes d’âge ont des opinions plus homogènes, avec 29% des 25-34 ans faisant davantage confiance aux écologistes.

Concernant les catégories socioprofessionnelles, les différences sont notables. Les individus plus instruits et économiquement favorisés se partagent entre agriculteurs et écologistes, avec respectivement 40% et 33%. En revanche, les CSP- montrent une préférence notable pour les agriculteurs, à hauteur de 56%.

Enfin, les résidents des communes rurales se sentent nettement plus en accord avec les agriculteurs (57%) comparé à ceux des agglomérations parisiennes.

L’influence des affinités politiques sur le résultat d’un sondage est notable. Parmi les sympathisants d’Europe Écologie – Les Verts, une majorité de 70% a choisi les écologistes, tandis que 21% ont opté pour les agriculteurs. Chez les partisans de la France insoumise, les opinions sont plus partagées : 43% préfèrent les agriculteurs et 42% les écologistes.

Au centre, une préférence pour les agriculteurs est également observée, avec 45% des sondés les soutenant, contre 20% en faveur des écologistes.

*Sondage réalisé par questionnaire auto-administré en ligne, du 25 au 26 janvier, auprès d’un échantillon représentatif de 1.012 personnes âgées de 18 ans et plus, selon la méthode des quotas.

Environnement–Pour une écologie sans idéologie

Environnement–Pour une écologie sans idéologie

par d’Emmanuel Blézès, Charles Mazé et Alexandre Simon

Emmanuel Blézès et Charles Mazé sont diplômés de HEC, Alexandre Simon est diplômé de l’Ecole Centrale Paris. Charles Mazé est l’auteur de La force de l’Union : ces raisons d’aimer l’Europe (2019).( dans l’Opinion)

La conscience environnementale progresse. Selon un sondage BVA d’août 2022, 87 % des Français se disent concernés par la crise climatique et reconnaissent la responsabilité de l’homme dans ce changement. Les vagues de chaleur, la sécheresse et les incendies de l’été dernier lui ont donné un caractère charnel, immédiat, faisant de la crise climatique l’une des premières préoccupations des Français, en particulier chez les jeunes, qui en vivront toutes les conséquences, et chez qui le sentiment d’urgence tourne parfois à l’angoisse.
De ce réveil collectif découlent deux enseignements sur le plan politique. Le premier est qu’il ne peut y avoir de projet politique crédible dont l’écologie ne soit pas un élément central. Les implications du dérèglement climatique affectent l’économie, nos façons de vivre, de consommer, de nous déplacer, de penser. C’est à ce titre un fait social total, au sens donné par Marcel Mauss. Le second enseignement, qui procède du premier, est que tout projet politique superficiel sur ce sujet sera d’office disqualifié par les citoyens, même s’il est abouti sur les autres aspects. Parler immigration ou chômage sans réflexion sérieuse sur la question climatique, ce sera assurément prêcher dans le désert.

Pourtant, l’essentiel des partis qui structurent la vie politique française sont disqualifiés, soit par la versatilité de leurs opinions sur le sujet – pour ou contre le nucléaire au gré des événements par exemple – soit par la légèreté de leur offre écologiste. Il y a une distorsion entre, d’une part, le caractère vital de l’enjeu et la prise de conscience collective et, d’autre part, la mue trop lente des partis politiques, qui peinent à mettre à jour leurs référentiels.

Tant et si bien que le parti écologiste ainsi quelesdits « Insoumis » peuvent se prévaloir du monopole de l’offre écologique totale, laissant orpheline une large frange de la population, tout aussi convaincue de la nécessité d’agir résolument, mais ne se reconnaissant ni dans leur postulat décroissantiste, ni dans leurs accommodements avec les valeurs de la République.
En refusant d’avoir recours au nucléaire, une énergie abondante, contrôlable et décarbonée, EELV et les Insoumis réduisent la quantité d’énergie disponible à l’avenir. Ce faisant, ils limitent notre capacité future à créer des richesses (ce qui conduirait à un affaissement majeur de notre niveau de vie), sans proposer de modèle économique et social adapté. Ce changement radical, l’essentiel des Français n’en veulent pas.

Le développement des énergies renouvelables est nécessaire, mais il ne suffira pas, ne serait-ce que pour des raisons techniques. L’accroissement de notre capacité de production d’électricité nucléaire est donc incontournable

Pour engager enfin, dans un cadre démocratique, tous les citoyens autour de la transition écologique, une offre politique alternative doit émerger : pragmatique, fondée sur la science, résolument tournée vers l’efficacité de la lutte contre le dérèglement climatique, sans sacrifier la prospérité, la stabilité sociale et le progrès. Elle pourrait reposer sur quelques grands principes.
D’abord, réaffirmer que l’objectif premier de la politique environnementale est la réduction des émissions de gaz à effet de serre, et donc la baisse drastique de l’usage des énergies carbonées (pétrole, gaz et charbon). Cet objectif ne pourra être atteint sans l’électrification de nos modes de production et de consommation, et donc sans l’accroissement de notre capacité de production d’électricité. Se pose la question du mix énergétique : le développement des énergies renouvelables est nécessaire, mais il ne suffira pas, ne serait-ce que pour des raisons techniques. L’accroissement de notre capacité de production d’électricité nucléaire est donc incontournable.

Ensuite, rappeler que l’Etat a un rôle central à jouer, compte tenu de l’ampleur des changements nécessaires, mais qu’il n’est pas omnipotent. L’action de l’Etat doit prendre au moins trois formes : intégrer l’impératif climatique dans les mécanismes de marché par la régulation, financer les grandes infrastructures et assurer le caractère socialement soutenable de cette transition. Mais gardons-nous de la tentation très française de confier à l’Etat, dont on connaît les inefficiences et les rigidités, l’entièreté de la transition. Aucune transition n’est possible sans la mobilisation active des acteurs privés, individus et entreprises.

Les sénateurs pulvérisent le projet de loi sur l’accélération des énergies renouvelables
Enfin, reposer la question du financement de la transition. Etant donné le niveau des prélèvements obligatoires en France, il n’est pas raisonnable de financer la transition écologique par une nouvelle augmentation de la pression fiscale, qui appauvrirait le pays. Un effort sur l’efficacité de la dépense publique est donc requis. Se pose aussi la question du partage du financement entre les générations : les jeunes sont au cœur de la transition, car ils en sont les acteurs et sont les premiers concernés par les effets du changement climatique. Mais il n’est pas juste qu’ils supportent seuls le coût de cette transition.

Au-delà de ces considérations nationales, la France et l’Europe doivent utiliser le levier de la diplomatie écologique pour promouvoir la lutte contre le changement climatique auprès des principaux émetteurs et pour accompagner les pays moins développés sur le chemin d’une croissance verte.

Emmanuel Blézès et Charles Mazé sont diplômés de HEC, Alexandre Simon est diplômé de l’Ecole Centrale Paris. Charles Mazé est l’auteur de La force de l’Union : ces raisons d’aimer l’Europe (2019).

Écologie: des emplois « verts » surtout en Chine

Écologie: des emplois « verts » surtout en Chine


La fameuse perspective emplois verts devant se substituer à la plus grande partie des emplois plus classiques se révèlent une sorte d’utopie. Certes des emplois verts c’est-à-dire moins producteur de carbone se développent mais pas en France, en Chine ! Prenons par exemple secteur automobile ou grâce à l’électricité massive et compétitive produite par du charbon la Chine a pu s’assurer de la maîtrise technologique des automobiles pour en inonder d’abord son marché ensuite celui du monde. Ainsi au moins la moitié des composants des voitures dites européennes proviennent de Chine quand les voitures ne sont pas entièrement construites là-bas ou dans un pays en développement. Même chose pour les énergies dites renouvelables. En fait il s’agit surtout des énergies intermittentes comme le solaire ou les éoliennes. Là encore davantage, la plupart des technologies et produits finis viennent de Chine. Pire, pour les installer et les entretenir, il faut faire appel à du personnel étranger car la France a perdu toute compétence dans ce domaine et les cursus de formation ont disparu ou n’ont jamais existé. Forcément en France on préfère former des étudiants à bac+3 avec une licence en sociologie que des techniciens en soudure ou en n’électricité.

En matière d’énergies renouvelables, la question de l’emploi était sur toutes les lèvres lors du Forum Energaïa qui s’est tenu les 14 et 15 décembre à Montpellier. Les filières sont déjà en tension sur certains métiers. L’appareil de formation est-il à la hauteur ? Les métiers sont-ils visibles ? L’intérêt des jeunes est-il suffisamment capté ?

Ecologie-Des polluants éternels dans les pesticides

Ecologie-Des polluants éternels dans les pesticides

Une partie des pesticides utilisés appartiennent à la famille des PFAS (Polluants éternels) serait beaucoup plus problématique et nocive qu’imaginés jusqu’à présent. C’est la conclusion d’un rapport de l’association Générations Futures.

Dans son rapport, l’association Générations Futures met en lumière la présence de nombreux composés perfluoroalkylés et polyfluoroalkylés (PFAS), aussi connus sous le nom de « polluants éternels » dans les pesticides. Il s’agit d’une molécule très persistante que l’Europe cherche par ailleurs à bannir, sauf pour l’agriculture. Le PFAS est à la fois une substance courante pour la vie quotidienne, puisqu’elle permet de fabrique les poêles Tefal ou les emballages des burgers. Mais c’est aussi une molécule très problématique qui peut rester pendant des générations dans l’environnement.

Trente substances sont toujours autorisées et presque un tiers contient des molécules persistantes ou très persistantes. Pour Générations Futures, c’est une introduction, et donc une contamination délibérée des PFAS dans notre alimentation et dans l’environnement. Mais, toujours d’après l’association, cela reste un angle mort dans les efforts qui sont déployés par l’Europe pour tenter de sortir des PFAS.

Écologie–La radicalité fait reculer la cause environnementale

Écologie–La radicalité fait reculer la cause environnementale
(Bertrand Piccard)

Dans un entretien exclusif avec La Tribune, au lendemain de la conclusion de la COP 27 de Charm el-Cheikh , Bertrand Piccard, président de la Fondation Solar Impulse, psychiatre et explorateur, auteur du premier tour du monde en ballon (1999) puis en avion solaire (2015-2016), dresse le bilan amer de cette décevante Conférence sur le Climat. Entretien dans la Tribune

(La 28ème Conférence des Parties sur le Climat de l’ONU (COP 28) se déroulera du 30 novembre au 12 décembre 2023 à Dubaï, aux Émirats Arabes Unis! )

Une tribune intéressant mais un peu approximative sur la question du coût de l’électricité et des conditions nécessaires à la production de l’hydrogène NDLR

COP 27 s’est terminée sur une déclaration finale peu ambitieuse et une résolution sur la compensation des dégâts causés par le changement climatique subi par les pays vulnérables. Quel bilan en tirez-vous ?
BERTRAND PICCARD- Le bilan est très contrasté entre, d’un côté, un secteur privé qui prend beaucoup d’initiatives, certains pays qui sont avant-gardistes dans leur lutte contre le changement climatique et, de l’autre, des négociations qui aboutissent à des mesures extrêmement peu ambitieuses. C’est tout juste si l’objectif de contenir la hausse de la température moyenne à 1,5 degré d’ici à la fin du siècle a été conservé. On le doit probablement en partie à l’appui du G20 qui s’est tenu en Indonésie.

À Charm el-Cheikh, des pays voulaient revenir en arrière, passer à 2 degrés, parce qu’ils disaient que l’objectif était impossible à tenir. Il n’y a pas eu de progrès par rapport au charbon, au pétrole et au gaz et, au stade actuel, on voit qu’on n’est pas du tout en ligne pour empêcher la catastrophe. L’accord final stipule que les pays qui ne sont pas en ligne avec cet objectif doivent corriger leurs intentions, leurs engagements, mais il ne s’agit que d’une incitation. Ce n’est pas du tout quelque chose de contraignant. Mais on parle, c’est vrai, d’une avancée historique parce qu’il faut bien mettre de l’historique quelque part pour compenser la catastrophe du reste.

Certains disent que c’est historique qu’on ait enfin pris en compte les revendications des pays les plus vulnérables au changement climatique causés par les pays industrialisés. C’est vrai, c’est une question de pollueur payeur. Il y a un fond qui a été déterminé. Mais on ne dit pas encore comment il sera utilisé, ni combien il y aura dedans, alors qu’autrefois on parlait de 100 milliards de dollars par an. Ce qui a permis d’arracher l’accord des Occidentaux, c’est que ce fond va être ciblé sur les pays vulnérables, en excluant la Chine, qui se considérait comme un pays en développement et voulait recevoir une partie de ces indemnités, alors qu’elle est la deuxième puissance économique mondiale et le gros pollueur de la planète. Bref, un peu de ménage a été fait. Tant mieux, mais on est encore très loin de ce qu’il faut pour éviter la catastrophe.

L’ombre de la crise géopolitique, que ce soit la guerre en Ukraine, l’attitude protectionniste de la Chine, ou le comportement des pays producteurs de pétrole, a-t-elle fait voler en éclat l’esprit de l’Accord de Paris ?
Je pense que les pays européens se sont beaucoup repliés sur eux-mêmes à cause de la crise ukrainienne. C’est indéniable. C’était assez difficile pour eux de pouvoir exiger d’autres pays de réduire leur consommation de pétrole, de charbon et de gaz, alors qu’eux-mêmes rouvrent des mines de charbon. Cela décrédibilise les demandes. Ce qu’on voit, c’est une revendication justifiée des plus démunis face aux nantis. Cela se voit à toutes les échelles de la société.

En France, dans les revendications politiques et sociales, mais aussi à l’échelle mondiale où, indéniablement, les pays les plus démunis veulent se faire aider par les pays les plus riches. On a beaucoup trop de déséquilibres financiers dans ce monde. Il y a des gens qui n’ont plus rien à perdre. Il y a une vraie revendication. Il y a de plus en plus de personnes qui considèrent -à raison – qu’il est inacceptable de vivre en-dessous du minimum vital, en-dessous des seuils de santé, d’éducation… La lutte contre les changements climatiques cristallise aussi cette revendication sociale des pays pauvres vis-à-vis des pays riches.

L’an dernier vous disiez à l’issue de la Cop 26 de Glasgow, qui elle aussi avait été fortement critiquée pour son manque d’ambition que la Cop n’était que la partie émergée de la lutte contre les changements climatiques et qu’il y avait eu des avancées en coulisse. Y a-t-il eu de telles avances en coulisse à Charm el-Cheik ?
Oui, ce qui manque, ce sont les consensus politiques finaux. Car, pour avoir l’unanimité, c’est toujours le pays le moins ambitieux qui gagne. En revanche, au niveau des coalitions, cela avance. À Glasgow, une coalition avait été créée contre le méthane. Cette année j’ai participé à la réunion des 50 ministres qui avaient signé cette coalition. C’était une rencontre destinée à contrôler ce que chacun avait fait dans le cadre de la lutte contre le méthane. Cela avance aussi au niveau de la finance, des entreprises privées, des solutions techniques.

C’est pourquoi je suis très frustré de voir que les négociations politiques sont si peu ambitieuses, alors qu’il y a autant de solutions prêtes et autant d’engagements prêts à être fructifiés au niveau du secteur privé.
Vous avez évoqué la crise en Ukraine. La crise énergétique qu’elle a provoquée et le retour du charbon ou du gaz porte-t-il un coup très dur à la transition écologique ou va-t-il au contraire permettre de l’accélérer ?
Cela porte un coup dur à la transition. La plupart des gens ne comprennent pas que la réponse devrait être la même pour les deux situations. La crise en Ukraine et la transition énergétique nécessitent toutes les deux qu’on diminue la part des énergies fossiles pour la remplacer par des énergies renouvelables et qu’on augmente tous les systèmes qui permettent d’être plus efficient sur le plan de l’énergie, des ressources, de l’alimentation, des déchets… C’est la même réponse, mais dans l’esprit des gens c’est dissocié. Pour eux, la crise ukrainienne va nous donner froid cet hiver ou l’hiver prochain et la lutte contre le réchauffement climatique coûte cher. Les deux problèmes s’ajoutent, alors qu’ils devraient se soustraire.
Vous avez évoqué la finance, le président d’une grande banque française affirmait récemment que la finance jouait le jeu et que le financement du charbon serait fini en 2030. Et qu’il était possible de viser fin 2037 en Europe pour le pétrole en raison de l’électrification du parc automobile. Croyez-vous que le rôle de la finance soit en train de changer sous la pression de la société civile ?

Effectivement, je pense que les dates sont justes sur l’arrêt des énergies sales. Maintenant je ne sais pas ce que vont faire les banques chinoises ou émiraties.
Il y a deux poids, deux mesures ?
L’Occident, au niveau secteur privé, va plus vite. À Glasgow il y avait eu un texte disant qu’il fallait viser la diminution progressive du charbon. L’Inde a demandé cette année de rajouter du charbon, du gaz et du pétrole parce qu’ils en utilisent beaucoup, alors que l’Occident utilise plutôt du gaz et du pétrole. Les pays occidentaux ont refusé que le gaz et le pétrole soient placés dans les objectifs de diminution progressive. C’est quand même ahurissant ! Il y aura toujours beaucoup trop de gens qui voudront utiliser le pétrole, le gaz et le charbon, mais ce ne sera probablement plus financés par les banques occidentales qui sont loyales à la cause climatique et ont la volonté de se désengager des énergies polluantes.

Vous étiez jusqu’ici très prudent sur le nucléaire pour réussir la transition écologique. Or, la crise actuelle montre les effets pervers de ce renoncement puisqu’il entraîne aujourd’hui une augmentation de l’électricité issue du charbon ou du gaz. Greta Thunberg a changé d’avis et n’appelle plus à l’arrêt de l’atome. Quelle est votre position aujourd’hui ?
Je dois dire que le nucléaire reprend une place qu’il n’avait plus. Je suis d’accord, il est aberrant aujourd’hui de démonter les centrales nucléaires si elles fonctionnent et si elles sont sûres. Mais il faut voir le prix que cela coûte. Le renouvelable aujourd’hui coûte moins cher que le nucléaire, même en comptant le stockage. Donc il faut être prudent si on veut reconstruire des centrales nucléaires, car on va se retrouver avec un prix d’électricité beaucoup plus élevé qu’avec le renouvelable.

Aujourd’hui, on voit des choses extraordinaires. Quand on parle de l’intermittence du renouvelable et qu’on affirme qu’on ne pourra pas le stocker, on voit que l’on peut construire de très grands réseaux, sur plusieurs fuseaux horaires, avec des renouvelables différents et des câbles qui transportent l’électricité produite en continu, à très haut voltage. On ne perd presque rien. 1% par 1000 km, ce qui est insignifiant. Il y a un projet qui pourra fournir 8% de l’électricité britannique. Elle sera produite au Maroc et sera acheminée en Angleterre en passant par des câbles sous-marins via les côtes espagnoles et portugaises. C’est extraordinaire. Ce courant sera livré en Angleterre pour beaucoup moins cher que le nucléaire. Ou faut-il investir ? Il faut donc être très prudent quand on veut faire davantage de vieilles choses, plutôt que de faire des nouvelles.

Depuis le crise sanitaire, les pays occidentaux cherchent à réindustrialiser leurs pays (ce qui permet d’éviter les émissions liées au transport) et à recréer un secteur minier pour disposer des métaux rares nécessaires à la transition énergétique. Or, de telles initiatives se heurtent parfois à l’hostilité des écologistes. L’écologie radicale peut-elle entraver ce processus de rapprochement de la production des centres de consommation, qui permet de baisser les émissions ?
Vous répondez avec la question. Dès qu’on est radical, on échoue à atteindre un objectif consensuel, un objectif bon pour l’ensemble. Qu’on soit radical de droite, de gauche ou écologique. Ce qu’il faut, ce n’est pas de la radicalité mais du réalisme, atteindre un objectif indépendamment de sa propre idéologie. Il faut prendre ce qu’il y a de bon partout. Il n’y a aucune raison, quand on est écologiste et qu’on veut protéger l’environnement, de rejeter tout ce qui permet sur le plan énergétique ou sur le stockage des minéraux, de bloquer tous les progrès. En fait, en étant trop radical, on arrive à l’opposé de ce que veut l’écologie : on atteint un rejet de la part des autres. On fait peur, on effraye. Aujourd’hui, l’écologie devrait fédérer et réunir, plutôt qu’effrayer ou rejeter.

On voit beaucoup de mouvements de jeunes qui bloquent des autoroutes, s’accrochent à des tableaux. Est-ce que ce mouvement, qui traduit une éco anxiété, peut être efficace pour changer les mentalités de ceux qui ne veulent pas changer et faire accepter une bascule plus rapide des choses. Pensez-vous que ces mouvements aient un rôle à jouer d’éveilleur de conscience, ou qu’ils sont contre-productifs ?
C’est le thème d’une chronique que j’ai écrite sur l’éco-violence et l’éco-résistance. Cela m’interroge beaucoup. En fait, les terroristes et les résistants sont toujours définis en fonction de leur camp et de l’époque. Les résistants les plus valeureux en France durant la Deuxième Guerre étaient considérés comme des terroristes par les Allemands. On va voir comment on jugera les éco-violents. C’est vrai que c’est révoltant de voir qu’il ne se passe rien. Quand on voit que des gens polluent outrageusement par pur égoïsme, il y a de quoi commencer à s’agiter. Et il y a des gens qui s’agitent beaucoup, parfois au point de devenir violents. Je ne peux pas soutenir la violence, mais je peux la comprendre. Tout dépend contre quoi elle est axée.

Si c’est sur des tableaux qui n’ont absolument rien à voir avec les changements climatiques, c’est immature. Si c’est sur des choses hyper polluantes, on peut se demander si ce n’est pas un acte assez héroïque. Autrefois, il y avait des écologistes qui s’opposaient aux transferts des déchets radioactifs, qui bloquaient des trains. Ils attaquaient directement la cause qu’ils voulaient défendre. Si on dégonfle les pneus des SUV en ville, on s’attaque à la cause qu’on veut défendre. C’est différent que de jeter de la soupe sur des tableaux qui n’ont rien à voir avec la cause. Il faut bien regarder. Je ne soutiens pas la violence, mais il y a un moment où, voyant qu’il ne se passe rien, je comprends que certains deviennent violents.

L’Europe a pris une réglementation pour la fin des moteurs thermiques dans l’automobile en 2035, mais ne devrait-elle pas prendre aussi des décisions plus dures concernant le poids des véhicules électriques, mettre des limites de poids ou taxer ceux qui ne veulent rien changer à leurs habitudes ?
Taxer très fortement, ceux qui ont de quoi acheter de grosses voitures, lourdes polluantes et chères ont de quoi payer les taxes. Ce n’est pas vraiment utile. Ce serait de nouveau les gens les plus démunis qui souffriraient le plus. Je crois qu’il faut des limites de poids. C’est aberrant d’avoir des voitures très lourdes, même électriques, ou extrêmement puissantes, alors que la vitesse est limitée à 130 km/h sur autoroute.

À quoi cela sert de pouvoir rouler à 200 km/h. Il faudrait mettre des limites de poids. Mais c’est difficile pour le législateur, parce qu’il faut intervenir sur les gammes de production et je pense que les constructeurs vont s’y opposer fermement. Le courage politique serait de l’imposer massivement. On ne peut plus accepter qu’autant de choses aussi polluantes soient mises sur le marché. Mais il n’y a pas que les grosses voitures, il y des chauffages polluants, des gadgets, des ampoules incandescentes qui continuent à être vendues dans certains pays à la place des LED. Il faut aller beaucoup plus vite. Mais je tiens à souligner que la Commission et le Parlement européen sont beaucoup plus ambitieux que les pays pris individuellement. Il faut vraiment leur tirer notre chapeau.

Concernant l’hydrogène, il existe un débat en Europe entre ceux qui prônent une production locale et ceux qui préfèrent miser sur le commerce international pour l’importer. Quel est votre point de vue ?
On a commencé à faire le projet Desertech pour produire de l’hydrogène au Maghreb et le transporter en Europe. Mais on voit une autre tendance qui est en train de se dessiner. Les pays du sud demandent aux pays du Nord, au lieu de faire monter l’hydrogène, de faire descendre l’industrie chez eux. De mettre l’industrie plus près de la production de l’hydrogène. Comme on voit qu’il faut de l’hydrogène pour décarboner les aciéries et les productions d’engrais, les pays du sud demandent que les industries d’engrais et d’industrie soient délocalisées chez eux. Ce n’est pas aussi facile que ce qu’on croit. Mais moi je pense que ce qui est intéressant pour l’hydrogène, c’est quand même d’en produire chez soi, plutôt que de le transporter.

La prochaine Cop se tiendra à Dubaï. Que pensez-vous du choix de ce pays du Golfe, symbole de la démesure ?
Dubaï ne produit ni pétrole, ni de gaz. Ce n’est donc pas Dubaï qui va pousser le pétrole. D’autres émirats en produisent, comme Abu Dhabi, et c’est vrai que cette Cop va être essentiellement une Cop des Émirats arabes unis. Je connais bien les gens des Émirats. Ils ont absolument besoin d’un succès à cette Cop. Ils ne peuvent pas se contenter d’avoir le même type de résultat qu’à Glasgow ou Charm el-Cheik. Et les Occidentaux ne vont pas accepter davantage de pétrole dans le futur parce que la Cop est à Dubaï. Il est possible que les négociations soient assez dures, mais qu’on avance quand même. Il ne faut pas oublier qu’Abu Dhabi est un pays qui gagne plus avec ses placements financiers qu’avec son pétrole. C’est pour cela qu’on avait décollé avec Solar Impulse depuis Abu Dhabi Ils ont des sociétés qui investissent beaucoup dans les énergies renouvelables, ce n’est pas un bloc monolithique en faveur du pétrole Abu Dhabi, ni Dubaï.
La question n’était pas tant sur le pétrole que sur l’exubérance de Dubaï…

L’exubérance, c’est quelque chose de choquant, mais Dubaï se veut tolérant sur le plan religieux, ethnique, en disant que c’est une terre d’accueil pour toutes les religions. Dubaï présente des excès, mais aussi un certain nombre d’avantages. C’est pour cela que tellement de gens ont choisi Dubaï pour la prochaine Cop. Mais c’est vrai que quand on vit avec des bâtiments qui sortent de terre comme des champignons, mal isolés ou refroidis, des grosses voitures juste pour rouler en ville, c’est clair que c’est aberrant. Mais je ne sais pas si c’est la Cop qui va changer cela, car cela existe aussi aux Etats-Unis et dans d’autres pays.

La biodiversité est menacée par le réchauffement climatique, mais elle est plus difficile à appréhender pour les entreprises, car elle est moins quantifiable. Qu’attendez-vous de la Cop 15 de la biodiversité ?
La chute de la biodiversité est un des résultats du changement climatique. En luttant contre le changement climatique, en mettant en place des solutions, des énergies renouvelables, de l’efficience énergétique, de l’efficience de l’agriculture, de la production industrielle, on va protéger la biodiversité, mais cela ne suffira pas. Ce qu’il faut beaucoup plus de législation, de règlementation. Cela ne sert à rien d’interdire la pêche illégale et la déforestation tant que l’on continue à importer des produits de manière légale. On a le droit d’acheter du poisson pêché illégalement ou du soja ou de l’huile de palme qui contribue à la déforestation. Il faut légiférer pour que ces aberrations ne soient plus permises. Il y a une hypocrisie totale de notre côté. Il faut légiférer pour que cela ne soit plus permis. À ce moment-là, vous verrez la biodiversité s’améliorer.

Ecologie- La taxe carbone de l’Europe pourrait rapporter…. des fermetures d’entreprises et de l’inflation

Ecologie- La taxe carbone de l’Europe pourrait rapporter…. des fermetures d’entreprises

La taxe carbone commencera à être appliqué à partir de début octobre. Une taxe sur les importations à objets écologiques. D’après les médias complaisants vis-à-vis de la politique des autorités, la fameuse taxe carbone pourrait rapporter 3 milliards d’euros d’ici 2030 mai pour toute l’Europe. Autant dire pas grand-chose. Mais ce pourrait être une sorte de balle dans le pied que se tire le l’Europe car la taxe carbone pourrait provoquer la fermeture d’entreprises et l’arrêt d’activités. Une taxe qui en effet se donne pour objet de punir écologiquement les importations afin de favoriser la décarbonation de l’économie. Le problème est que la production est organisée de manière systémique avec des interactions complexes entre les pays. Par exemple on parle d’industrie automobile française mais la vérité oblige à dire que seulement 40 % des éléments de la voiture sont réellement français le reste venant de l’étranger notamment de la Chine et d’autres pays en développement.

Les économistes classiques qui adhèrent à la sainte religion du marché pour tout ont curieusement rejoint les irresponsables écolos pour trouver des vertus à la fiscalité qui tue l’économie.

Il est clair aussi que les pays particulièrement visés par la taxe carbone prendront des mesures de rétorsion à l’occasion des exportations cette fois. Bref, une double manière de se tirer une balle dans le pied.

La fiscalité n’est sans doute pas le seul et unique moyen réguler la politique écologique. Cette dernière dépend d’une part des politiques conduites mais aussi du comportement des ménages. Une hausse par exemple de l’énergie n’a que peu d’influence sur la répartition tant qu’il n’y a pas d’œuf alternative plus respectueuse de l’environnement.

D’un point de vue méthodologique déclarer pour chaque entreprise les émissions de gaz à effet de serre relève de l’illusion tellement sont impliquées les économies. La taxe devrait commencer à être appliquée à partir de début octobre.

Politique -L’absence en France d’une écologie politique libre et indépendante

L’absence en France d’une écologie politique libre et indépendante

 

L’écologie politique, telle qu’elle est représentée en France, se réduit à un mouvement ancré à l’extrême gauche, regrettent des militants de l’environnement, dont Corinne Lepage, qui appellent, dans une tribune au « Monde », à faire émerger une écologie politique innovante.

 

Une réflexion pertinente dans la mesure où progressivement Europe écologie les Verts (EELV)  a été complètement noyautés par les gauchistes d’ailleurs plus préoccupés par les questions sociétales que par l’environnement NDLR

 

 

Le dépassement de toutes les limites de la Terre est désormais avéré. Notre pays n’est pas épargné par les effets du changement climatique, suscitant une angoisse légitime face à des phénomènes non maîtrisés.

La sous-estimation des risques et des pénuries généralisées dans les services publics nous oblige à faire émerger une écologie politique innovante ; une écologie qui dépasse les contradictions de ce monde, assume sobriété et partage plus équitable des richesses et conjure dans le même temps les tentations de « démocratures » et dictatures.

 

Le moment est venu de construire une véritable offre de l’écologie politique en France, car elle n’existe pas. Cela peut paraître paradoxal, mais c’est une réalité.

L’écologie politique, telle qu’elle est représentée aujourd’hui dans notre pays, est réduite à l’émergence d’un mouvement politique désormais clairement ancré à l’extrême gauche, une prétendue Nouvelle Union populaire écologique et sociale (Nupes) qui ne répond ni aux besoins de l’écologie ni aux souhaits d’une majorité de Français, en dépit de l’angoisse écologique qu’ils expriment au regard des bouleversements que connaît notre monde. D’où l’incapacité à convaincre nos concitoyens et la sphère politique de l’urgence écologique.

Contrairement à ce qu’aurait pu laisser espérer la constitution d’un groupe écolo à l’Assemblée nationale, l’écologie politique a en fait complètement disparu des radars pour se fondre dans les obsessions exprimées de manière violente par La France insoumise (LFI), formation majoritaire au sein de la Nupes. Avec des membres qui, pour l’essentiel, n’ont rien à voir avec l’écologie voire pire, déconsidèrent les propositions écologistes aux yeux de beaucoup de nos concitoyens.

La disparition d’une écologie politique libre et indépendante, tant pour des raisons idéologiques – le triomphe d’une écologie clivante –, que financières – le besoin de se renflouer avec le financement public après l’échec de la présidentielle –, crée à l’évidence un grand vide qu’il est urgent de combler, tant les attentes et les enjeux pour notre planète et ses habitants sont importants.

 

Ecologie-Glyphosate : Autorisation prolongée de 10 ans

Ecologie-Glyphosate : Autorisation prolongée de 10 ans

La gestion de l’interdiction puis des autorisations du glyphosate tourne au ridicule. Après avoir été longtemps condamné, ce produit fait l’objet d’autorisations successives de la part de l’union européenne. La prochaine devrait durer 10 ans.

Le glyphosate, la substance active de plusieurs herbicides – dont le célèbre Roundup de Monsanto, très largement utilisé dans le monde – avait été classé en 2015 comme un «cancérogène probable» pour les humains par le Centre international de recherche sur le cancer de l’Organisation mondiale de la santé. À l’inverse, l’Agence européenne des produits chimiques (ECHA) a jugé l’an dernier que les preuves scientifiques disponibles ne permettaient pas de classer le glyphosate comme cancérogène.

L’autorisation actuelle du glyphosate dans l’UE, renouvelée en 2017 pour cinq ans, expirait le 15 décembre 2022, mais a été prolongée d’un an dans l’attente d’une évaluation scientifique sur l’herbicide. Début juillet, l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) avait finalement publié son rapport, indiquant ne pas avoir identifié de «domaine de préoccupation critique» chez les humains, les animaux et l’environnement susceptible d’empêcher son autorisation.

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