La gauche de plus en plus éclatée
La gauche est en train d’éclater en vol, en 3, 4 voire 5 morceaux. Aux extrêmex demeurent les parties trotskistes qui ne se reconnaissent pas chez Mélenchon et qui présenteront un candidat en 2017 avec une espérance de score qui ne dépassera pas 1 à 2 %. On trouve ensuite le parti communiste qui jusque-là, lui aussi, a refusé de se soumettre aux oukases d’un Mélenchon de plus en plus stalinien. Les communistes entendent demeurer une formation politique autonome et sans doute vont-ils faire une alliance avec les socialistes qui leur assureraient une certaine représentation au plan local voir quelques députés au niveau national. Mélenchon, lui, navigue entre 10 et 15 pour cent pour 2017 et refuse toute perspective de candidature unique de la gauche. Le parti socialiste aura bien entendu lui aussi un candidat dont le score pourrait tourner autour de 10 %. Enfin macron qui se revendique de la gauche pourrait obtenir un score de près de 15 %. La plupart de ces forces de gauche refuseront une candidature commune en 2017. En tout cas elles feront tout pour qu’elle ne puisse se réaliser au premier tour. Jamais sans doute la gauche n’aura été aussi éclatée. Il faudrait aussi évoquer l’avenir d’un parti écolo envoie d’obsolescence qui ne peut guère obtenir plus de 2 % à l’élection présidentielle Dernier épisode en date, la décision des communistes de ne pas rallier la candidature de Mélenchon mais sans beaucoup de perspectives crédibles pour une candidature communiste en 2017. La gauche de la gauche française reste donc fracturée après le refus samedi des cadres du Parti communiste de suivre leur secrétaire national, Pierre Laurent, et de rallier la candidature de Jean-Luc Mélenchon pour l’élection présidentielle de 2017. La conférence nationale du PCF a voté à 55,69% pour une candidature communiste indépendante, contre 44,31% pour un soutien au co-fondateur du Parti de gauche. Le dernier mot reviendra cependant aux militants fin novembre et Pierre Laurent n’a pas renoncé à sa quête d’un candidat de rassemblement de la gauche non sociale-démocrate. La problématique ne concerne pas tellement l’échéance présidentielle mais celle de l’assemblée nationale où la gauche pourrait perdre les deux tiers de ses députés surtout si la division reste en l’état. Une situation qui pourrait être mortifère pour toutes les organisations de gauche avec même des possibilités de nouveaux éclatements. Le premier secrétaire du PS, Jean-Christophe Cambadélis, organisateur de la primaire socialiste à laquelle François Hollande est censé se soumettre s’il brigue un nouveau mandat, observe ces divisions avec inquiétude. Il a ainsi estimé sur Radio J que le vote des cadres du PC, samedi, était « surtout un échec » pour la direction communiste : « Pierre Laurent avait une stratégie (…), ni Mélenchon ni Hollande ; aujourd’hui il se retrouve au milieu du gué. » Mais la position de Jean-Luc Mélenchon, dont la stratégie est selon lui de faire échec au PS, notamment aux législatives, n’est pas non plus « encourageante », a-t-il ajouté : « Ce n’est pas le bon chemin pour une unité de l’ensemble de la gauche. » Il a par ailleurs lancé un avertissement à peine voilé aux dirigeants du PC : quelle que soit l’issue de la présidentielle, sans accord avec le PS il n’y aura plus de députés communistes. « Je ne vois pas comment le Parti communiste, par sa seule force, même allié à Jean-Luc Mélenchon, peut faire 12,5% des inscrits dans (une) circonscription » a déclaré Jean-Christophe Cambadélis. « Donc la question qui est posée, c’est la présence ou pas du Parti communiste à l’Assemblée nationale. » Pour se maintenir au second tour d’une législative, il faut recueillir au premier les voix d’au moins 12,5% des inscrits. Le PC compte aujourd’hui dix députés et ne constitue un groupe à l’Assemblée qu’avec l’apport d’élus d’outre-mer. Lors de la dernière participation indépendante du PC à une présidentielle, en 2002, sa candidate, Marie-George Buffet, avait obtenu 1,93% des suffrages au premier tour.
(Avec Reuters)