Archive pour le Tag 'éboueurs'

Travailler plus longtemps …..pour les éboueurs

Travailler plus longtemps …..pour les éboueurs ?
par
-Jean-Yves Juban
Professeur de sciences de gestion, Université Grenoble Alpes (UGA)

-Isabelle Salmon
Médecin du travail collaborateur, chercheur associé au CERAG, Université Grenoble Alpes (UGA)

Il est clair que ce concept d’âge couperet est complètement anachronique et injuste. Il conviendrait d’y substituer un principe tenant compte de la pénibilité, de la situation physique des indivudus et du souhait des intéressés quitts à adapter le montant de la retraite. Bref, un système intelligent contradictoire avec une loi rigide ,bête et injuste. Le cas des les éboueurs est significatis à cet égard NDLR

La réforme des retraites du gouvernement, adoptée à l’Assemblée nationale après le recours au 49.3 le 16 mars dernier, continue de mobiliser contre elle, notamment chez les éboueurs. Mardi 21 mars, la CGT Services Publics de la ville de Paris a annoncé la reconduction du mouvement débuté il y a une quinzaine de jours jusqu’au lundi 27 mars. En début de semaine, près de 10 000 tonnes de déchets jonchaient toujours les trottoirs de la capitale, malgré les réquisitions de personnel ordonnées par la Préfecture de la Paris.

Les éboueurs sont en effet particulièrement exposés aux conséquences de l’allongement substantiel de la durée de vie professionnelle prévue par le texte, qui porte l’âge légal de départ de 62 à 64 ans. Pour que ces deux ans de travail supplémentaires puissent se concrétiser dans les faits, la question de la santé au travail doit se poser au préalable. Il s’agit notamment de passer d’une logique de réparation à une logique de prévention des maux du travail. Le projet du gouvernement comporte certes un volet pénibilité, mais les pistes présentées ne vont pour l’instant pas dans ce sens.

La soutenabilité du travail sur le long terme dépend en effet de l’équilibre entre l’état de santé des travailleurs et l’exercice de leur métier, ce qui se traduit par deux questions : premièrement, l’état de santé d’un travailleur est-il compatible avec son métier à un instant t ? ; deuxièmement, le métier exercé influe-t-il sur l’état de santé du travailleur, et dans quel sens ?

Au-delà du cas des éboueurs, pour permettre aux salariés de satisfaire aux exigences légales de départ en retraite, le gestionnaire va dorénavant devoir, en collaboration avec les spécialistes en santé au travail et en prévention, se poser ces questions tout au long de la carrière professionnelle du salarié, et cela dès le début de celle-ci, sans considération de l’âge du salarié.

Dans un article publié récemment dans la revue Gérer et Comprendre, nous analysons l’état de santé des ripeurs, c’est-à-dire des éboueurs qui collectent les ordures ménagères à l’arrière des camions de ramassage.

Notre étude montre qu’un ripeur, lorsque la tournée de ramassage est faite avec deux personnes à l’arrière du camion, collecte les déchets pendant une durée moyenne de 401 minutes (presque 7 heures), bénéficie d’un temps de pause de 33 minutes, ramasse 4,7 tonnes de déchets, réalise 12 238 pas et parcourt au total 44,6 km à l’arrière du camion.

Le coût cardiaque, c’est-à-dire la différence entre la fréquence cardiaque au travail et celle au repos, est à 28,8 battements par minute. Or, le seuil supérieur qui caractérise une astreinte physique excessive est à 30 battements.

On comprend facilement que l’usure physique est très forte dans ce métier extrêmement contraignant, ce qui pose la question de la responsabilité du gestionnaire en termes de GRH et de santé au travail.

Cela pose aussi la question de la responsabilité des donneurs d’ordre, qui sont souvent des communes ou des communautés de communes pour la collecte des déchets. La responsabilité est d’autant plus forte lorsque le gestionnaire ou le donneur d’ordre, sous pression de la concurrence, envisage la pratique du monoripage, c’est-à-dire l’affectation d’un seul ripeur par camion.

Toutes les moyennes citées pour deux ripeurs se dégradent alors : 434 minutes de collecte, avec un écart-type à 90 minutes ; 26 minutes de pause ; 9,6 tonnes de déchets collectés ; 16 599 pas effectués ; 58,3 km en moyenne par tournée ! Le coût cardiaque bondit au-delà du seuil supérieur, jusqu’à 38,8 battements par minute.

Le métier de ripeur est probablement l’un des métiers les plus éprouvants, car il cumule nombre des difficultés contemporaines du travail : contraintes physiques et de temps, interactions avec les usagers, complexité des chaînes de responsabilité en matière de Qualité de vie au travail (QVT), etc.

Pourtant, un travail doctoral mené en 2019, fondé sur l’étude de plusieurs entreprises de collecte des déchets, montrait que certains employeurs avaient déjà élaboré des réponses qui permettaient aux salariés d’exercer leur métier jusqu’à l’âge de la retraite en étant bien moins usés. Nous avions identifié deux modèles de GRH qui fournissent deux réponses différentes à une seule question : combien de temps un salarié doit-il/peut-il rester dans un métier contraignant ?

Dans la première entreprise étudiée, l’employeur estimait que le salarié devait pouvoir exercer son métier « pour la vie », et mettait tout en œuvre pour le lui permettre, adaptant sa GRH quotidienne à son état de santé. Dans les faits, cette attitude se traduisait par l’introduction de marges de manœuvre dans deux grands domaines.

Premièrement, dans tous les aspects de la GRH : évaluation attentive aux souhaits d’évolution, moyens conséquents pour la formation, dialogue social permettant de limiter en interne le recours au monoripage si les ripeurs ne le souhaitaient/pouvaient pas, etc. Deuxièmement, dans tous les aspects de la vie quotidienne : soutien aux ripeurs en difficulté, organisation des équipes et du travail, pour adapter ce dernier aux éventuelles faiblesses transitoires résultant d’événements de la vie ou de santé… En conséquence, les indicateurs dans cette entreprise étaient bons : faible absentéisme, très peu d’inaptitudes, forte attractivité et très faible turn-over.

Les éboueurs cumulent bon nombre des difficultés contemporaines du travail. Paola Breizh/Flickr, CC BY-SA
Dans la deuxième entreprise, l’employeur estimait au contraire qu’un ripeur devait exercer son métier le moins longtemps possible. Imaginant que l’instabilité dans le métier pouvait garantir la stabilité dans l’emploi, les gestionnaires avaient élaboré un projet de flexisécurité en interne, voire à l’échelle du territoire et entre employeurs.

Ainsi, le recrutement favorisait délibérément des candidats surqualifiés pour le métier de ripeur mais motivés par une carrière dans la fonction publique. L’employeur leur expliquait dès l’embauche que le métier de ripeur ne pouvait être qu’une étape dans leur carrière, un moyen mais pas une fin.

En les recrutant, il leur ouvrait l’accès aux concours de la fonction publique, qu’il les encourageait ensuite vivement à passer en leur fournissant des moyens conséquents (en temps et en argent) pour qu’ils puissent les préparer et les réussir. Malheureusement, nous n’avons pas pu avoir accès aux résultats de cette politique, le projet débutant lors de notre étude.

Sans être toujours aussi contraignantes que celle des ripeurs, toutes les activités professionnelles ont un impact sur la santé dès lors que l’on considère celle-ci au plan physique et psychique. À l’heure où l’on observe dans de nombreux métiers une augmentation des cas de burn-out et de suicides, ainsi qu’un redoublement des questionnements sur le travail et son sens, les débats sur l’âge de départ en retraite remettent en avant les questions sur la durée pendant laquelle on peut envisager d’exercer un métier. Nos travaux menés chez des « premiers de corvée » comme les ripeurs peuvent se révéler source d’inspiration.

En effet, cette réflexion doit être l’occasion de rappeler que les effets du travail sur la santé peuvent aussi être positifs, sur le plan de la santé comme sur le plan social ; ce qui, au-delà des finalités et objectifs économiques de la réforme, justifie également de favoriser au maximum le maintien en emploi des seniors.

Pour conclure, nous pouvons dire que tenter de faire travailler des salariés vieillissants sans se poser la question de la soutenabilité du travail et sans mettre la GRH au service de cette question expose aux risques d’exclusion, d’arrêts-maladie, de chômage, d’invalidité voire de décès : c’est coûteux pour les individus comme pour la société. Une réforme peut-elle être payée un tel prix ?

Eboueurs: grève reconductible à partir du 7 mars

Eboueurs: grève reconductible à partir du 7 mars

La CGT a lancé mardi un appel à la grève reconductible des éboueurs et de «l’ensemble de la filière» des déchets à partir de la journée nationale d’action du 7 mars contre le projet de réforme des retraites et le report de deux ans de l’âge légal de départ.

«Les fédérations CGT des services publics et des Transports appellent (…) dans toutes les entreprises, établissements publics et collectivités à se réunir (…) pour préparer la grève dans les secteurs de la collecte des déchets et ordures ménagères, du tri et du traitement des déchets, à partir du 7 mars et jusqu’au retrait du projet de loi», indiquent-elles dans un communiqué conjoint.
CGT majoritaire à Paris

La filière collecte et tri est partagée entre le service public, géré par les collectivités territoriales, qui dépendent de la fédération des services publics, et le privé (des entreprises comme Veolia, Derichebourg et Nicollin), dont les travailleurs sont organisés par la fédération des transports.

Marseille poubelle : fin du mouvement de grève des éboueurs

Marseille poubelle : fin du mouvement de grève des éboueurs

Fin de la grève du ramassage des ordures à Marseille après discussion avec les syndicats. Une nouvelle grève qui avait débuté le 18 janvier à l’initiative de Force ouvrière et qui avait transformé Marseille en poubelles. L’accord prévoit notamment ouvrir une large discussion sur le problème de régime indemnitaire des salariés concernés . Des syndicats n’ont obtenu que très partiellement satisfaction mais ont du mettre fin mouvement sous la pression notamment des usagers très mécontents.

Air France, EdF, cheminots, métros, éboueurs, étudiants : premier examen social pour Macron

Air France, EdF, cheminots, métros,  éboueurs, étudiants : premier examen social pour Macron

 

.Mardi sera certainement une journée noire dans les transports notamment avec la grève des cheminots mais aussi d’Air France, du métro,  des éboueurs, d’EDF ou des étudiants. Le problème c’est que mercredi la situation sera encore perturbée et sans doute aussi jeudi car on ne rétablit pas la normalité de système aussi complexe en une heure. (Problème notamment des roulements des machines et des conducteurs et pilotes). Bref toute l’actualité de la semaine sera centrée sur la situation sociale en France. D’autant  que la SNCF et Air France seront à nouveau en grève dans la période du 7 au 11 avril. Au delà des réformes qui sont nécessaire dans tels ou tels ecsteurs et qui sont contestés, se pose la question centrale du positionnement social de Macron. Ce dernier de toute évidence a choisi d’encourager d’abord les couches les plus aisées et sa conception de la justice sociale est très déséquilibrée. Si Macron apparait come le président des riches, ce n’est pas sans raison car sa politique manque sérieusement d’équilibre et d’équité. Macron a raison de vouloir réformer nombre de secteurs économiques mais sa méthode est sans doute un peu maladroite, elle manque de pédagogie et de négociation. On perçoit difficilement le projet global d’avenir dans lequel s’insèrent toutes ces réformes dont certaines par ailleurs sont un peu menées à la va vite. Il faut certes transformer le pays, le rendre plus attractif, plus compétitif mais rien ne se fait sans la contribution consciente active des acteurs. La modernisation un pays par décrets ou ordonnance n’a jamais donné de résultats très positifs. Elle a ajouté de la bureaucratie à la bureaucratie, de l’étatisme à l’étatisme.  

 




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