Economie: Croissance mondiale ralentie durablement (Banque mondiale)
La progression du PIB mondial ralentir de 3,1% en 2022 à 2,1% en 2023 mais dans les pays émergents et en développement, hormis la Chine, l’activité devrait ralentir à 2,9% cette année contre 4,1% en 2022.En 2024 la croissance sera encore ralentie d’après la banque mondiale.
La banque mondiale s’inquiète de la dégradation économique et financière des pays en développement. Avec des conditions de crédit de plus en plus restrictives au niveau mondial, un pays émergent ou en développement sur quatre a perdu l’accès aux marchés obligataires internationaux, alerte l’institution de Washington.
Les paiements d’intérêts absorbent une part croissante des recettes publiques déjà limitées alors que la dette publique atteint en moyenne 70% du PIB. Quatorze pays à faible revenu sont déjà surendettés ou fortement menacés de l’être, s’inquiète la Banque mondiale qui appelle une nouvelle fois la communauté internationale à accélérer les restructurations de dettes. Les dossiers entamés sous le nouveau régime du cadre commun du G20, notamment l’Éthiopie et le Ghana, tardent à se concrétiser.
«Les projections de croissance de ces économies pour 2023 sont inférieures de moitié à celles d’il y a un an, indique le rapport, ce qui les rend très vulnérables à des chocs supplémentaires.» Dans les pays à faible revenu, en particulier les plus pauvres, les dégâts «sont considérables» : dans plus d’un tiers, les revenus par habitant en 2024 seront encore inférieurs aux niveaux de 2019.
Du côté des pays développés, l’activité devrait passer de 2,6% en 2022 à 0,7% en 2023 et se maintiendra à un faible niveau en 2024. Après une croissance de 1,1 % en 2023, l’économie américaine pourrait décélérer à 0,8 % en 2024, principalement en raison de l’impact persistant de la forte hausse des taux d’intérêt au cours des dix-huit derniers mois, la Réserve fédérale (Fed) ayant adopté une position plus ferme pour contenir l’inflation. Dans la zone euro, l’activité devrait atteindre 0,4 % en 2023, contre 3,5 % en 2022, en raison de l’effet différé du resserrement de la politique monétaire et des augmentations des prix de l’énergie.
Ukraine : Comment garantir durablement la sécurité ?
Ukraine : Comment garantir durablement la sécurité ?
Ni le statut de neutralité, ni la perspective d’une future intégration à l’Union européenne ne suffiront à garantir la sécurité de l’Ukraine, estime, dans une tribune au « Monde », Jean-Sylvestre Mongrenier, docteur en géopolitique et spécialiste de la Russie.
Tandis que Marioupol se consume sous les bombes, une grande bataille se prépare dans le Donbass. Simultanément, les forces russes maintiennent leur pression sur le port d’Odessa, soumis à un blocus naval, et sur le sud de l’Ukraine, partiellement conquis. En regard de ce drame géopolitique, l’espoir de pourparlers diplomatiques, avec pour objectif la négociation d’un statut de neutralité pour l’Ukraine, en lieu et place d’une intégration dans l’OTAN, laisse songeur.
Les partisans de la « finlandisation », terme en vogue il y a peu encore, en font une martingale. Mais quelle serait la réalité d’une « neutralité » imposée par les bombes russes, au nom de la fraternité slave-orthodoxe, après la mise à la découpe de l’Etat ukrainien et sa démilitarisation ?
Quelles garanties pour ce statut de neutralité si l’Ukraine ne pouvait pas même entretenir une armée nationale solide, étayée par des relations militaro-industrielles avec la Turquie et les puissances occidentales, sur un plan bilatéral et dans le cadre du partenariat OTAN-Ukraine ? Ainsi comprise, la neutralité serait des plus contingentes ; un préalable à l’assujettissement de l’Ukraine à l’arbitraire du Kremlin.
Certes, la partie ukrainienne demande à un certain nombre de puissances de s’associer à ce statut de neutralité, c’est-à-dire de fournir des garanties de sécurité qui seraient équivalentes à l’article 5 du traité de l’Atlantique Nord. Mais n’est-ce pas ce qui était prévu par le mémorandum de Budapest, signé le 5 décembre 1994 ? L’Ukraine renonçait à l’arme nucléaire et s’engageait à signer et ratifier le traité de non-prolifération. En contrepartie, la Russie, les Etats-Unis et le Royaume-Uni garantissaient la sécurité et l’intégrité territoriale du pays.
On sait ce qu’il est advenu ensuite, la Russie agressant l’Ukraine dès février 2014, pour se saisir manu militari de la Crimée puis déclencher une « guerre hybride » dans le Donbass. Huit ans plus tard, cette même puissance révisionniste conduit une guerre de haute intensité contre l’Ukraine, non pas « aux portes de l’Europe », mais au beau milieu du continent.
Rappelons qu’au moment du coup de force sur la Crimée, Kiev avait depuis plusieurs années levé sa candidature à l’OTAN pour se poser en « Etat non-aligné » (2010). A l’évidence, cela n’a pas empêché le Kremlin d’attaquer ce pays, la seule perspective d’un accord de libre-échange avec l’Union européenne suscitant l’ire de Poutine. Ne mêlons donc pas les causes et les conséquences : c’est l’agression russe qui explique la candidature de l’Ukraine à l’OTAN, non pas l’inverse.