Archive pour le Tag 'dur !'

Le RN récupère ceux qui travaillent dur

Le  RN récupère ceux qui travaillent dur 

 

Le politiste Bruno Palier souligne, dans une tribune au « Monde », le lien existant, partout en Europe, entre dégradation des conditions de travail et vote pour l’extrême droite.

 

Les résultats obtenus lors des élections européennes par le Rassemblement national (RN) doivent en grande partie se comprendre comme une revanche contre la réforme des retraites et plus largement comme une demande de reconnaissance et d’amélioration des difficultés rencontrées au travail. Dans notre ouvrage collectif Que sait-on du travail ? (Presses de Sciences Po, 2023), nous avons pu documenter combien, pour une grande majorité de Français, les conditions de travail sont mauvaises, le travail s’est intensifié, les accidents de travail sont plus nombreux et les risques psychosociaux sont plus élevés qu’ailleurs. Ces difficultés ont été niées par le gouvernement lors de la réforme des retraites de 2023, mais aussi par les principaux représentants des employeurs lors des négociations qui ont échoué, début janvier, sur le pacte traitant de la qualité de vie au travail.Dans une tribune publiée dans Le Monde en janvier 2023, nous annoncions que la réforme des retraites allait alimenter le vote RN. Plus généralement, c’est un vote d’opposition à ceux qui sont restés sourds aux problèmes économiques et sociaux manifestés par les Français. Un vote sanction des politiques aveugles aux réalités sociales, telles que la dépendance aux voitures et les budgets contraints des « gilets jaunes » analysés par Pierre Blavier dans son livre Gilets jaunes. La révolte des budgets contraints (PUF, 2021). C’est aussi une réaction à l’absence de revalorisation des professions « essentielles » après le Covid-19, professions pourtant mal loties, comme l’ont montré les travaux de la chercheuse Christine Erhel, une revanche contre l’imposition de la réforme des retraites bien que les Français s’y soient opposés faute de pouvoir tenir au travail plus longtemps.

En se présentant comme le parti de ceux qui travaillent dur, en les opposant aux élites qui les négligent et les méprisent, le RN récupère ce vote de ressentiment. De plus en plus de travaux de sciences politiques soulignent le lien entre insatisfaction au travail, dégradation des conditions de travail, management vertical, perte de sens et vote pour les droites radicales extrêmes en Europe.

Toyota : aussi dans le dur

Toyota : aussi dans le dur

Comme beaucoup d’autres constructeurs Toyota l’un des leaders mondiaux de l’automobile, après avoir atteint des records en matière de profits s’apprête à affronter une période difficile caractérisée par d’une part la concurrence de l’industrie chinoise et par les interrogations des automobilistes concernant l’électrique.

 

Toyota a t doublé son bénéfice net au cours de l’exercice 2023-2024, achevé le 31 mars, par rapport au précédent, atteignant un nouveau niveau record de 4.945 milliards de yens (29,7 milliards d’euros). Le résultat opérationnel a lui aussi doublé en l’espace d’un an pour dépasser pour la première fois la barre de 5.000 milliards de yens.

Mais ces bonnes nouvelles pour le constructeur japonais ont donc été largement ternies par ses prévisions. Il a ainsi annoncé que son bénéfice net devrait chuter de 28 % en 2024-2025, à 3.570 milliards de yens (21 milliards d’euros tout de même). Et le groupe s’attend aussi à un déclin prononcé de son bénéfice opérationnel annuel, de près de 20 %.

 Toyota prévoit d’investir 2.000 milliards de yens (12 milliards d’euros) durant son nouvel exercice pour soutenir sa croissance future, dans les nouvelles motorisations (électrique, hydrogène) et le numérique (logiciels, intelligence artificielle), ainsi que dans le capital humain, y compris pour ses fournisseurs et concessionnaires avec lesquels il cultive des liens très étroits.

Le chiffre d’affaires devrait encore légèrement progresser, mais de quelques pourcents à peine, loin des envolées de l’exercice écoulé. Toyota s’attend même à un léger repli de ses ventes mondiales en volume et à repasser ainsi sous la barre des 11 millions de véhicules. Elle s’attend notamment à un déclin des ventes au Japon de sa filiale Daihatsu.

Surtout, Toyota se sent sérieusement menacé en Chine, et c’est l’une des raisons pour laquelle il a décidé d’investir autant sur son prochain exercice dans les nouvelles technologies. « Nous devons accepter qu’il y a certains domaines où nous sommes nettement derrière » les constructeurs chinois, a admis mercredi en conférence de presse Yoichi Miyazaki, vice-président exécutif de Toyota. « Nous savons que nous ne pouvons pas laisser cet écart se creuser encore davantage » a-t-il ajouté, soulignant que la guerre des prix imposée par les constructeurs chinois « devient de plus en plus sévère chaque jour ».

Le groupe s’est lancé dans le segment électrique plus tardivement que d’autres grands constructeurs et continue de miser en parallèle sur d’autres motorisations, pour s’adapter aux différents degrés de transition énergétique dans le monde. Si cette stratégie lui permet de mieux diversifier les risques, cela l’oblige en même temps à continuer d’investir sur tous les fronts.

Pour ménager ses actionnaires, Toyota a aussi annoncé mercredi un plan géant de rachat de ses propres actions pour 1.000 milliards de yens maximum en 2024-2025  (6 milliards d’euros au cours actuel) et une hausse de 25% de ses dividendes pour l’exercice écoulé, à 75 yens par action. Mais cela n’a pas empêché son action de finir la séance légèrement dans le rouge (-0,55%) mercredi à la Bourse de Tokyo.

 

 

Une alternative au libéralisme pur et dur (Alexis Karklins‑Marchay)

Une alternative au libéralisme pur et dur ! (Alexis Karklins‑Marchay)

L’essayiste Alexis Karklins-Marchay retrace dans « Pour un libéralisme humaniste » (*), une histoire vivante de l’ordolibéralisme qui s’opposait dès les années 1930 au « laissez-faire » autrichien et anglo-saxon et au keynésianisme, et contribua après-guerre au redressement de l’Allemagne. L’auteur franco-américain invite à (re)découvrir ses propositions dont certaines peuvent inspirer pour lutter contre les inégalités ou encore répondre aux nouveaux défis posés par le dérèglement climatique et les dommages environnementaux. intreview dans La Tribune.

- Dans votre livre, vous écrivez : « Les défenseurs du libéralisme doivent faire preuve de lucidité: l’opinion est tellement remontée contre ses dérives que la formulation de contre-arguments, même rationnels, ne suffit pas à le réhabiliter ». Comment expliquez-vous que l’on en soit arrivé là ? A quelles dérives faites-vous allusion ?

ALEXIS KARKLINS-MARCHAY – Le libéralisme théorisé par Friedrich Hayek et Milton Friedman, incarné politiquement par Margaret Thatcher au Royaume-Uni et Ronald Reagan aux Etats-Unis, et diffusé internationalement à travers le « consensus de Washington » est devenue l’idéologie dominante du libéralisme, celui du « laissez-faire » aux yeux de ses détracteurs. Malgré cela, la libéralisation des échanges depuis 50 ans a permis un développement économique exceptionnel, qui a réduit l’extrême pauvreté. Des pays du Tiers-Monde sont devenus des pays émergents. Ces faits sont documentés. Pourtant, ils sont inaudibles. Pourquoi ? D’abord certains problèmes demeurent comme les inégalités, qui sont socialement déstabilisatrices. Ensuite, à partir d’un certain niveau de prospérité, la question n’est pas de savoir si l’on va manger à sa faim mais si l’on est heureux. Car malgré la hausse des revenus, malgré les mécanismes de redistribution, nombre de personnes ont un sentiment d’insatisfaction qu’ils attribuent au libéralisme qui ne se soucierait que de rentabilité, particulièrement en France, pourtant le pays le moins libéral parmi les pays occidentaux. Ensuite, de nouveaux problèmes sont apparus comme la destruction de l’environnement et le dérèglement climatique attribués eux aussi au néolibéralisme.

Or vous prenez ces critiques au sérieux…

Elles sont caricaturales, mais il faut les entendre. Car que proposent-elles comme alternatives: la décroissance et la sortie du capitalisme. Or ça a déjà été testé ! L’URSS et les dizaines d’expériences collectivistes ont été économiquement et politiquement catastrophiques. Quant à une plus grande intervention de l’État, si la dépense publique était la condition du bien-être, la France, qui connaîtra en 2024 sa 50ᵉ année consécutive de déficit budgétaire, serait un pays en excellente santé! L’autre critique est celle nationaliste et souverainiste du retour aux frontières. Elle cible le libre-échange et la mondialisation, incarnés selon eux par la Commission européenne, coupable de la mort de nos industries et de nos territoires. Ils ne rejettent pas l’économie de marché, et prônent le protectionnisme. Or, historiquement, ce protectionnisme conduit tôt ou tard à des échecs et à la faillite.

Vous proposez une troisième voie qui est un courant libéral méconnu: l’ordolibéralisme. Qu’a-t-il de spécifique?

Je répondrai en deux temps, sur son origine puis son contenu. L’ordolibéralisme est né en Allemagne au début des années 1930, en réponse à la critique systématique adressée au libéralisme après la crise de 1929. A l’époque, l’interventionnisme de l’Etat apparaît comme la seule solution pour sortir de la crise : le New Deal de Franklin Roosevelt aux États-Unis et, malheureusement, l’arrivée des nazis au pouvoir en Allemagne à partir de 1933. Des juristes et des économistes allemands pensent qu’un certain libéralisme a atteint ses limites. Ils critiquent tant l’interventionnisme que le libéralisme du laissez-faire, qu’ils jugent responsable de la crise de 1929. C’est un débat théorique important, car les libéraux partisans de l’ordre spontané comme l’autrichien Friedrich Hayek estiment non sans raisons que la crise a été aggravée par la réaction des Etats, à cause de politiques monétaires expansionnistes. Ces divisions apparaîtront notamment lors du fameux colloque Lippmann à Paris en 1938.

A ce moment-là, le débat est seulement théorique ?

Oui, c’est un libéralisme bien tempéré qui en défend les valeurs cardinales. Les ordolibéraux se réfèrent à Adam Smith, critiquent l’étatisme et la planification, défendent la propriété privée et le statut de l’entrepreneur, la liberté des prix et une gestion budgétaire et monétaire rigoureuse. Ils prônent la concurrence, car elle stimule l’activité économique et élimine les rentes. Ils réhabilitent l’Etat – pas celui de l’État providence et du keynésianisme – qu’ils ne cantonnent pas aux seules missions régaliennes : police, justice, armée. Ils lui confèrent également un rôle central pour réguler la concurrence et limiter la tentation de certains groupes de prendre le pouvoir pour se constituer en monopoles, ces derniers apparaissant comme un danger non seulement pour le consommateur mais aussi pour la démocratie. Selon leur vision, l’État accompagne aussi les transformations de la société via la formation, l’apprentissage, l’innovation, les infrastructures. Toutefois, les ordolibéraux fixent deux conditions à l’action de l’État: il intervient seulement pour adapter et non pas conserver, par exemple en évitant d’aider une industrie moribonde qui s’avère inutilement coûteuse ou en finançant l’adaptation du pays par exemple aux transformations technologiques. La deuxième condition est la compatibilité des mesures prises avec l’économie de marché. Ainsi, ils s’opposent au blocage des prix qui ne réduit pas l’inflation mais crée des phénomènes de pénurie qui au contraire l’alimentent. L’ordolibéralisme accepte aussi le principe de redistribution par l’État si les inégalités sont trop importantes et menacent la cohésion de la société, notamment par une fiscalité progressive, mais sûrement pas au niveau qu’elle atteint aujourd’hui en France. De même, en cas de dépression économique et de perte de confiance, ils sont favorables à une politique publique de soutien à la demande. Enfin, sur le plan politique, l’ordolibéralisme est décentralisateur et défend le principe de subsidiarité, car un État trop centralisé n’a de cesse d’étendre ses champs de compétence. C’est une critique de la démagogie politique.

A la différence de Hayek qui voyait dans le marché une ordre spontané naturel, l’ordolibéralisme y voit une institution humaine sujette aux dérives ?

Oui. Wilhelm Röpke, l’un de ses penseurs majeurs, constate que la transformation permanente de la société par l’économie de marché conduit à l’exclusion de certaines personnes. Il faut donc les accompagner. En cela, l’ordolibéralisme est davantage une philosophie de la société qu’une théorie économique.

La lutte contre l’inflation est centrale chez eux ?

Oui, ils sont convaincus que l’inflation est défavorable à l’égalité dans la société parce que ce sont les plus modestes qui en pâtissent le plus, qu’elle déstabilise l’économie en réduisant la visibilité des acteurs économiques, ce qui les rend moins enclins par exemple à investir ou à consommer. Les ordolibéraux, rappelons-le, ont fait l’expérience de l’hyperinflation des années 1920 qui a totalement déstabilisé l’économie et la société allemandes.

Aujourd’hui, des gouvernements, par exemple en France, prennent des mesures pour gommer la hausse des prix. N’est-ce pas démagogique d’un point de vue ordolibéral?

C’est vrai mais vouloir aider les ménages les plus modestes est compréhensible. Je distingue néanmoins l’ordolibéralisme et la social-démocratie. Cette dernière tendra à centraliser ses décisions, alors que l’ordolibéralisme est totalement décentralisé. C’est pourquoi il voit dans l’économie de marché un bon système, alors que les sociaux-démocrates l’adoptent par défaut. Il s’oppose à l’État providence qui coûte très cher en créant des trappes à dépendance, où tout le monde paye sans savoir pourquoi, car les mesures ne sont pas ciblées. La crainte des ordolibéraux, c’est l’accroissement permanent de l’État, le transformant en Léviathan. En France, il est vrai, depuis des décennies, les gouvernements règlent les problèmes en faisant des chèques. Pour l’ordolibéralisme, c’est une solution illusoire qui déresponsabilise les individus.

Une autre différence avec les autres libéralismes, c’est la place centrale de l’éthique, dans lequel vous voyez un humanisme. L’économiste Alexander Rüstow que vous citez dit : « Ces institutions non-marchandes comme la famille, l’Etat et les valeurs spirituelles, éthiques, esthétiques et culturelles sont au-dessus de la simple sphère marchande »…

Si l’ordolibéralisme naît en Allemagne, il s’inscrit dans l’histoire de la culture européenne qui plonge ses racines dans la Grèce antique, se nourrit de la scolastique, de la théologie protestante et catholique, mais aussi des Lumières, notamment allemandes, l’Aufklärung, dont la figure centrale est Emmanuel Kant. C’est une réflexion sur la dignité et l’émancipation humaine, sur l’éthique en société. Pour les ordolibéraux, une économie de marché ne peut fonctionner qu’avec des êtres éthiques. Car soit vous vous régulez vous-même, soit c’est l’Etat qui vous régule. Rappelons que ce sont des années où il y a une massification de la société, un phénomène qu’analyse le philosophe espagnol José Ortega y Gasset, ami des ordolibéraux, dans un livre important « La révolte des masses », publié en 1929. Et la réponse à la massification, c’est l’éthique individuelle. Dans le grand livre du chef de file des ordolibéraux, Wilhelm Röpke, « Au-delà de l’offre et de la demande », une phrase résume bien ce point de vue : « L’économie de marché est une condition nécessaire mais non suffisante. Une société libre, juste et ordonnée ».

L’ordolibéralisme a débouché sur une application politique en 1948 dans une Allemagne dévastée et occupée, grâce à des hommes comme Wilhelm Röpke, Ludwig Erhard, un futur chancelier, Walter Eucken, membre de l’école de Fribourg qui fut le foyer de l’ordolibéralisme, ou encore Alfred Müller-Armack. Certains avaient été des opposants de la première heure au nazisme. Vous montrez que le volontarisme de ces hommes a changé le destin de l’Allemagne…

Oui, certaines conditions l’ont permis. En 1948, l’Allemagne est complètement exsangue. Walter Eucken dit que le pays est retourné économiquement à un état primitif. On compte 3 millions de sans-abris et plusieurs millions de réfugiés. Les grands centres industriels sont détruits, la production est à l’arrêt ou très réduite. Les Allemands ont de l’épargne mais ne peuvent pas la dépenser car il y a pénurie de produits. Le troc a remplacé le commerce, les Allemands passent leur temps à faire la queue pour manger et ne peuvent pas travailler. L’inflation est colossale, la monnaie n’a plus de valeur. Malgré ce contexte, ces responsables vont libérer les prix qui sont bloqués, et ne pas céder face aux critiques! Car pendant plusieurs mois, les prix continuent de monter. Une grande grève est organisée durant l’année. Ludwig Erhard, soutenu par le chancelier Konrad Adenauer, tient bon. Dans le même temps, les ordolibéraux multiplient les tribunes dans les journaux pour justifier le bien-fondé de cette politique. Et en 1949, les premiers résultats arrivent, les prix et le chômage vont baisser durant les années suivantes.

Une politique qui a structuré l’Allemagne de l’Ouest?

Absolument, mais pas uniquement. L’ordolibéralisme a aussi contribué à la reconstruction italienne, notamment sous l’impulsion de l’économiste Luigi Einaudi, qui occupera les postes de gouverneur de la Banque centrale d’Italie, ministre du Budget et président de la République italienne après guerre. C’était un ami de Wilhelm Röpke. Ce courant va s’incarner en Europe dans la démocratie chrétienne. Autre exemple, moins connu, la France a connu son moment influencé par l’ordolibéralisme en 1958, grâce aux travaux du grand économiste libéral français, Jacques Rueff. Présent au colloque Lippmann, ce n’est pas une ordolibéral mais il en est très proche. Il a notamment préfacé le livre de Ludwig Erhard « La prospérité pour tous ». Il a vu le succès allemand basé d’ailleurs sur des recettes libérales classiques : rigueur budgétaire et monétaire, libéralisation des prix, rétablissement des conditions d’un marché libre, et exigence de mesures qui profitent aux plus pauvres. C’est ce qu’il va proposer à la tête de la commission où il a été nommé par le général de Gaulle sur recommandation de Georges Pompidou pour travailler avec Antoine Pinay, ministre des Finances. Car malgré la reconstruction, l’économie française n’était plus compétitive en 1958. Le plan Pinay-Rueff d’inspiration libérale sera adopté par de Gaulle, il permettra à l’économie française de connaître une décennie de très forte croissance, l’une des plus fortes de toute l’Europe, débouchant sur les fameuses « Trente Glorieuses ».

Votre plaidoyer ne vous empêche pas de formuler quelques critiques à l’égard de l’ordolibéralisme…

Oui. D’abord, certaines recommandations, trop systématiques, tournent au dogme, par exemple la nécessité de veiller à une concurrence permanente, avec cette obsession du « small is beautiful ». Ne s’est-on pas pas privé en Europe de constituer des géants industriels ? Même s’il défendait la « destruction créatrice », Joseph Schumpeter n’était pas contre l’idée qu’il y ait des grandes entreprises, jugeant qu’elles pouvaient être aussi innovantes, même en position de force.

D’autant que les PME dépendent aussi pour leurs activités de grands groupes qui sont des donneurs d’ordre…

Il ne faut pas se leurrer, pour exister sur certains marchés, on ne peut pas faire la chasse aux grandes entreprises par principe. Même la Suisse, modèle pour les ordolibéraux, a des grandes entreprises. Son taux d’industrialisation est même supérieur à celui de la France.

Vous faites également une critique qui va au-delà de l’économie?

Oui, elle porte sur une forme de conservatisme décliniste en matière de culture. Par exemple, Röpke trouvait scandaleux que les Beatles aient reçu l’ordre du British Empire. Pour lui, ce n’était pas de la culture. Les ordolibéraux ont un aspect élitiste qui me gêne.

N’est-ce pas ce que reprochent au libéralisme ses détracteurs, une forme d’élitisme?

Je ne le pense pas. 50 % des Français ont plutôt une bonne image du libéralisme, selon une enquête d’opinion récente de l’IFOP. Le libéralisme ce n’est pas seulement le chef d’entreprise, c’est aussi moins de bureaucratie. Tout dépend de ce qu’on met derrière le concept. Dans l’ordolibéralisme, il y a une dimension culturelle, intellectuelle et spirituelle qui exige en revanche une attitude éthique de l’individu qui va au-delà des simples mécanismes économiques du pouvoir d’achat des consommateurs, notamment les plus modestes. Ce qui a pu conduire certains de ses représentants à se réfugier dans une forme de conservatisme qui n’est plus de mise aujourd’hui. Mais sa visée humaniste, elle, est plus que jamais d’actualité.

_____

(*) Alexis Karklins-Marchay « Pour un libéralisme humaniste », préface de Nicolas Dufourcq, éditions les Presses de la Cité, 330 pages, 22 euros.

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Karklins Cover

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Robert Jules
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Commentaires
3
PAFO à écrit le 10/06/2023 à 1:05
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Le libéralisme est du même ordre que le communisme, une simple utopie. Le modèle français d’après guerre avait cette qualité qui était de préserver une certaine résilience par des monopoles d’état dans les secteurs vitaux de notre société. Nous n’avo…
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Churchill à écrit le 09/06/2023 à 21:47
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Ya bcp de vrai, sauf que Haye et consors ( et marx d’ailleurs aussi) faut les lire avec les lunettes de l’époque.. Concernant les monetaristes, le pb est la masse monétaire, le reste est un peu accessoire, et on a fait n’importe quoi avec de pse…
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Dossier 51 à écrit le 09/06/2023 à 18:35
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Nietzsche qui était favorable au libéralisme disait que dès que née une institution libérale elle ne l’est plus. Le libéralisme c’est comme le communisme, on nous en parle tout le temps, on l’expose comme cause de tous les maux alors que nous n’en av…
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Une fois de plus, «il n’y a pas eu cette semaine de progrès significatif», a tranché le Français Barnier négociateur de l’UE . «Les progrès restent limités mais nos discussions ont été positives dans le ton, a de son côté nuancé le négociateur britannique, David Frost. Les négociations vont continuer et nous restons engagés pour aboutir à un succès».

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À l’inverse Michel Barnier veut s’assurer que le Royaume-Uni, dès lors qu’il aura un accès sans restriction au marché européen, ne divergera pas de ses pratiques en matière sociale, environnementale ou d’aides d’Etat, son homologue, David Frost , lui objecte qu’il est impératif qu’il soit souverain dans la définition de ses normes.

Le même dialogue de sourds est à l’oeuvre au sujet de la pêche. La lueur d’espoir qui commençait à poindre est oubliée, Londres refusant de suivre Bruxelles sur le chemin d’une définition des futurs quotas de pêche via un mécanisme « multi-critères ». Ce dossier bute, lui aussi, sur des logiques opposées : Londres, en récupérant la souveraineté sur ses eaux, entend bien monnayer chèrement leur accès, crucial pour les pêcheurs européens . Tout en sachant que les pêcheurs britanniques ont impérativement besoin, eux, du débouché du marché européen…

Surtout, Michel Barnier considère que Londres ne tient pas ses engagements. Brandissant la déclaration politique déjà signée avec le Royaume-Uni pour en citer 4 paragraphes portant sur la coopération nucléaire civile, le blanchiment d’argent, la concurrence loyale et le cadre institutionnel de la future relation, il a explicitement accusé le Royaume uni de «faire marche arrière  par rapport aux engagements qu’il a pris».

 

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Le ministre allemand des affaires étrangères, Heiko Maas, a donc déclaré samedi dans une interview au journal Augsburger Allgemeine qu’il y avait un risque croissant de Brexit dur au coeur de la crise sanitaire du coronavirus, les négociations entre la Grande-Bretagne et l’Union européenne sur les futures relations commerciales n’ayant guère progressé.

“Il est inquiétant que la Grande-Bretagne s’écarte de nos déclarations communes sur des point clés des négociations”, a déclaré Maas.

“Ce n’est tout simplement pas possible, car les négociations constituent un ensemble complet tel qu’il a été présenté dans la déclaration”, a-t-il ajouté.

Maas a déclaré qu’il n’y avait actuellement aucun terrain d’entente sur la manière de concevoir un accord commercial global ni sur la question de savoir s’il fallait prolonger la période de négociation au-delà de la fin de l’année.

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Brexit dur : une perte de 0,5% au PIB allemand (BDI)

Brexit dur : une perte de  0,5% au PIB allemand, (BDI)

 

La fédération professionnelle allemande estime que le PIB outre-Rhin pourrait être amputé de 0,5 % avec un Brexit  dur ;  une conséquence très importante quand on sait que le PIB ne serait que de 1 % cette année. Curieusement en France aucune évaluation n’est faite quant aux conséquences d’une rupture brutale entre la Grande-Bretagne et l’union économique. Alors qu’on sait  que l’Allemagne est le premier partenaire commercial de la France. Une réduction importante du PIB en Allemagne aurait forcément des incidences néfastes pour la croissance en France. Par ailleurs d’après une étude de l’assureur-crédit Euler Hermes, la France serait un des pays les plus affectés par un Brexit.  Même si ce sont les Pays Bas, la Belgique et l’Irlande, dont les liens commerciaux avec Londres sont très étroits, qui auraient le plus à y perdre. Une sortie de l’Union Européenne se traduirait par une dépréciation de la livre sterling et une chute du PIB britannique, ce qui entrainerait de fait une forte diminution des importations du Royaume Uni. Partant de ce constat, les auteurs de l’étude font deux scénarios. Soit Londres signe un accord de libre-échange avec l’Union Européenne. Dans ce cas, pour la France ce serait un manque à gagner sur ses exportations vers le Royaume Uni  de près de 2 milliards et demi d’euros entre 2017 et 2019. Mais sans accord de libre-échange, c’est la deuxième hypothèse, ce serait alors plus de 3 milliards d’euros. L’agro-alimentaire et  l’industrie chimique seraient les secteurs les plus touchés : jusqu’à un demi-milliard d’euros de pertes d’ici 3 ans. Autre conséquence d’un Brexit : le recul des investissements français en Grande Bretagne et britanniques en France, avec à l’arrivée, un impact possible de 0,2 points de PIB pour la France. L’impact total d’un break site dur pourrait être presque aussi important que celui ressenti par l’Allemagne. Outre-Rhin,  La fédération professionnelle a précisé que cela reviendrait à amputer le PIB allemand de quelque 17 milliards d’euros cette année et la Grande-Bretagne se retrouverait sans doute en récession en cas de Brexit sans accord. “Les mesures d’urgence prises par les entreprises et les politiques pourraient atténuer les pires effets mais nous n’en ressentirions pas moins réellement les effets d’un Brexit dur”, dit Joachim Lang, suivant le texte d’un discours qu’il devait prononcer à Berlin.

Enjeux économiques d’un Brexit dur

Enjeux économiques d’un Brexit dur

 

D’après les institutions britanniques le PIB  pourrait durement chuter de  l’ordre d’au moins 7 % en cas d’absence d’accord concernant l’accompagnement du Brexit. Un choc évidemment beaucoup plus important qu’avec un accord qui ne ferait baisser la croissance que de 1 à 3 %. L’absence d’accord entre l’union économique et la Grande-Bretagne amènerait les échanges avec ce dernier pays à être couvert dans les conditions de l’organisation mondiale du commerce. En clair, il y aurait un rétablissement des contrôles et surtout des droits de douane qui viendrait amputer la compétitivité de la Grande-Bretagne qui commerce essentiellement avec l’Europe. Parallèlement il faudrait compter sur une hausse de l’inflation aussi une montée du chômage qui pourrait presque doubler. À long terme par contre l’activité comme le chômage pourrait trouver une situation proche d’aujourd’hui. La situation serait d’autant plus catastrophique que la conjoncture économique mondiale actuelle s’inscrit dans une tendance baissière particulièrement en Europe. Parmi les conséquences à noter  la montée des taux d’intérêt et donc de la dette aussi une dévaluation de l’ordre art de 25 % de la livre. Ce qui redonnerait de la compétitivité à l’économie anglaise mais pénaliserait très lourdement les consommateurs donc aussi la croissance interne.

Vers un Brexit dur et des élections

Vers un Brexit dur et des élections

 

 Face à l’impossibilité de trouver une majorité parlementaire pour approuver l’accord de transition avec l’union européenne, la Première ministre britannique a décidé de décaler le vote dans le temps. Avec l’espoir que l’union européenne pourra encore accepter de nouvelles modifications. La principale pierre d’achoppement concerne la clause de sauvegarde (“backstop”) qui doit empêcher le rétablissement d’une frontière physique entre l’Irlande du Nord et la République d’Irlande, supprimée depuis les accords de paix de 1998. Sur ce point, les opposants à Teresa se radicalisent. De son côté, l’union économique n’est pas prête à renégocier cet aspect. Autant dire qu’on risque de s’orienter vers un vote négatif des parlementaires britanniques qui pourraient alors entraîner de nouvelles élections est aussi un report dans le temps du futur accord de transition du break site. La ministre française chargée des Affaires européennes, Nathalie Loiseau, a jugé qu’une sortie sans accord du Royaume-Uni le 29 mars 2019 était “de plus en plus probable” car aucun autre compromis que celui conclu par les négociateurs britanniques et européens n’était possible. Le ministre allemand des Affaires étrangères, Heiko Maas, a exprimé une position similaire en déclarant ne pas voir “ce qui pouvait être changé” au texte obtenu à l’arraché le mois dernier après un an et demi de négociations laborieuses et ardues.

Préparation aussi à Paris du « Brexit dur »

Préparation aussi à Paris du « Brexit dur »

 

 

La guerre psychologique continue entre Londres et l’union européenne. Récemment la Grande-Bretagne a sorti un document recensant les différentes mesures qui devraient être prises en cas de Brexit  dur. Une hypothèse qui n’est plus à exclure compte tenu de l’état des négociations. Récemment, réponse du berger à la  bergère,  le Premier ministre, Edouard Philippe, a chargé son gouvernement de préparer des “mesures de contingence” dans l’hypothèse d’un échec des négociations sur la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne, Si le document britannique est très volumineux et recense un grand nombre de problèmes qui devront être réglés parce que dépendant en partie de la réglementation européenne par contre les solutions avancées paraissent  assez vagues. Cela d’autant plus, si on veut assurer une certaine stabilité de la vie économique, sociale et sociétale,  qu’il faudra négocier  le contenu avec Bruxelles. Les retombées en cas de « no deal » sont détaillées pour vingt-cinq secteurs et sous-secteurs, dans des notes explicatives qui vont de trois à onze pages. Et encore ne s’agit-il que d’une première série de documents : le gouvernement en publiera deux fois plus d’ici à la fin de septembre. Chacun de ces dossiers, individuellement, n’est pas nécessairement très compliqué à résoudre. Mais leur quantité rend le risque d’un chaos post-Brexit réel.

En présentant ces documents, le gouvernement britannique a toutefois de nouveau précisé qu’un « non-accord » demeure un scénario « improbable »« Ce n’est pas ce que nous voulons et ce n’est pas ce à quoi nous nous attendons », explique Dominic Raab, le ministre du Brexit. Mais les risques sont réels, alors qu’il ne reste que sept mois avant l’entrée en vigueur effective du Brexit, le 29 mars 2019 à minuit (heure de Bruxelles). De son côté le premier ministre français, Édouard Philippe, prépare un  projet de loi d’habilitation permettant d’adopter certaines de ces mesures par ordonnances sera présenté dans les prochaines semaines, précise le communiqué à l’issue d’une réunion de ministres à Matignon sur le sujet. Le gouvernement français, souligne Matignon, continue toutefois de “travailler sur une hypothèse de conclusion positive des négociations en cours de l’accord de retrait du Royaume-Uni”. “Des mesures d’adaptation seront nécessaires même dans ce scénario”, est-il indiqué. “En cas de sortie du Royaume-Uni sans accord de retrait, ce que la France ne souhaite pas, le Premier ministre a chargé les ministres de préparer les mesures de contingence qui seraient nécessaires dans leur champ de compétence pour atténuer les difficultés liées à ce défi inédit”, poursuit le communiqué. Certaines de ces mesures seraient adoptées par ordonnances, “afin par exemple de faciliter le séjour des ressortissants britanniques déjà présents en France ou pour assurer la plus grande fluidité possible des contrôles aux frontières lorsque le Royaume-Uni sera devenu un pays tiers à l’Union européenne.” Les négociations sur le Brexit, dont la date-butoir est fixée au 29 mars 2019, sont actuellement dans l’impasse entre Londres et Bruxelles.

Brexit dur, mou ou nouveau délai ?

Brexit dur, mou ou nouveau délai ?

 

Des deux côtés de la Manche, on affirme haut et fort que les négociations doivent s’accélérer et que le choix est maintenant entre un accord entre la Grande-Bretagne et l’union européenne ou pas d’accord du tout. Le plus vraisemblable c’est qu’il faudra un nouveau délai sur certains points en litige. Sans entrer dans le détail les divergences portent surtout sur la question de l’Irlande mais encore plus fondamentalement sur la philosophie européenne. Londres veut liberté commerciale pour les échanges, donc sans droits de douane mais n’accepte pas les contraintes juridiques européennes et refuse la liberté de circulation des personnes. Au-delà des questions de fond,  il y a aussi des problèmes de forme. La première ministre britannique doit montrer qu’elle a négocié un Brexit dur pour ne pas s’attirer les foudres des opposants dans son propre parti. Mêmes obligations pour l’union européenne qui doit afficher sa fermeté pour maintenir une cohésion européenne un peu mal en point actuellement. Il se pourrait donc qu’on accorde de nouveau délai sur les points durs de la négociation de sorte que personne ne perde la face. Un délai qui par ailleurs pourrait permettre d’influencer la donne politique en Grande-Bretagne et qui par ailleurs constituerait un statu quo au sein de l’union européenne dans une période où l’Europe est fortement attaquée en particulier par le président des États-Unis mais aussi par Poutine. Pour des raisons différentes ni Poutine, ni Trump ne souhaitent une Europe forte économiquement et encore moins politiquement et militairement.

 

 

 

Brexit dur : possible pour le ministre du commerce britannique

Brexit dur : possible pour le ministre du commerce britannique

 

Dans un entretien publié le 5 août dernier par le Sunday Times, le ministre britannique du Commerce, Liam Fox, estimait à 60/40 la probabilité d’un « no deal». Les services du 10, Downing Street ont réaffirmé que la Première ministre, Theresa May, croyait toujours que la Grande-Bretagne négocierait un bon accord avec les Européens, mais ont réitéré que l’absence d’accord était préférable à un mauvais accord. La dirigeante britannique et ses homologues des 27 discuteront du Brexit lors de leur sommet informel le 20 septembre à Salzbourg, en Autriche, avant le conseil européen du 18 octobre. Londres et Bruxelles ont dit vouloir finaliser leur accord de divorce pour le 18 octobre, mais des diplomates jugent que cet objectif est trop optimiste et estiment qu’il sera sans doute nécessaire de prolonger cette date limite jusqu’au conseil européen des 13 et 14 décembre. »Si l’accord de retrait n’est pas ratifié avant le 30 mars 2019, il n’y aura pas de période de transition et le droit de l’UE cessera de s’appliquer dans le et au Royaume-Uni à partir du 30 mars 2019. Il s’agit là du scénario du ‘no deal’ ou de la ‘rupture brutale’ », a prévenu la Commission européenne.

Droits US automobiles : coup dur pour les constructeurs

Droits US automobiles : coup dur pour les constructeurs

Si l’affaire des droits de douane sur l’acier et aluminium avait créé des incertitudes, l’impact cependant était marginal pour l’ensemble de l’économie. Il en va différemment pour le projet de taxes de 25% envisagés par Trump pour les importations d’automobiles y compris  en provenance d’Europe. Le Etats-Unis importent en effet 4 fois plus de véhicules qu’ils n’en exportent. Et les échanges totaux de ce secteur portent sur de l’ordre de 250 milliards.  Les Etats-Unis ont importé 8,3 millions de véhicules en 2017, pour une valeur totale de 192 milliards de dollars (environ 165 milliards d’euros). Dans le détail, 2,4 millions ont été importés du Mexique, 1,8 million du Canada, 1,7 million du Japon, 930.000 de Corée du Sud et 500.000 d’Allemagne, selon les statistiques officielles américaines. Dans le même temps, les Etats-Unis ont exporté deux millions de véhicules pour une valeur totale de 57 milliards de dollars (49 milliards d’euros).L’impact serait important pour l-surtout pour l’Allemagne mais encore plus considérable pour le Japon et la Corée.  Les gouvernements japonais, chinois et sud-coréen ont déclaré qu’ils suivaient la situation avec attention, et Pékin, qui voit de plus en plus dans les Etats-Unis un marché automobile à conquérir, a fait savoir qu’il défendrait ses propres intérêts.

Baisse du budget de la PAC : un coup dur pour la France

Baisse du budget de la PAC : un coup dur pour la France

La proposition de  la commission européenne de baisser la PAC de % constitue un coup dur pour a France surtout à un moment où déjà le secteur connait uen grave crise puisqu’environ 30% des agriculteurs sont en situation de grande précarité. En cause évidemment la baisse des recettes européennes avec le départ du Royaume Uni, aussi le désir de diminuer les aides agricoles.  La France a donc  jugé mercredi “inacceptable” la proposition de la Commission européenne de baisser de 5% le budget de la Politique agricole commune (PAC) sur la période 2021-2027 et a averti qu’elle se battrait pour modifier les équilibres.  Travert, ministre de l’agriculture : «  une proposition qui entraînerait une baisse “drastique, massive et aveugle” des subventions agricoles européennes est “inenvisageable”. “Si nous voulons répondre aux attentes des consommateurs et plus largement des citoyens, il nous faut préserver le revenu des agriculteurs et donc maintenir un budget de la PAC à la hauteur de cette ambition”, déclare-t-il, fidèle à la politique traditionnelle de la France en la matière. Pour Paris, ajoute-t-il, ces propositions ne constituent que le point de départ des négociations qui vont s’engager. Exprimant sur RTL sa “très forte déception”, la présidente de la FNSEA, syndicat majoritaire dans la profession agricole en France, en a appelé au chef de l’Etat. La France a indiqué qu’elle était prête à accepter une augmentation du budget européen et qu’elle y prendrait sa part à condition, notamment, que l’on modernise les politiques et que l’on supprime tous les rabais accordés à différents pays. Pour les députés européens Les Républicains Michel Dantin et Angélique Delahaye, il s’agit d’un “hold up” sur le budget agricole européen et d’une bombe à retardement. Ils estiment dans un communiqué qu’avec une réduction de 3,6 milliards euros dès la première année, le budget passant à 40,5 milliards d’euros en 2021 contre 44,1 milliards d’euros en 2020, “la Pac sera amputée de plus de 100% de sa part liée au coût du Brexit (estimée à 2,7 milliards d’euros)”. La Commission se défend en présentant la réduction budgétaire comme “modérée” et assure que la politique d’aide aux régions les plus pauvres de l’UE subira la même baisse. “Ces politiques seront modernisées afin de garantir qu’elles puissent rester efficaces avec moins de ressources et même appuyer de nouvelles priorités”, ajoute l’exécutif européen dans sa proposition, évoquant notamment l’environnement. Avec 365 millions d’euros sur un total de 1.135 milliards d’euros prévus pour la période 2021-2027, la PAC resterait en outre la principale bénéficiaire, ajoute-t-elle. Les aides directes seraient préservées mais plafonnées ou rendues dégressives en fonction de la production afin de privilégier les petites et moyennes exploitations. Leur versement serait en outre conditionné au respect de stricts critères de respect de l’environnement. Les Etats membres seront par ailleurs mis à contribution pour “cofinancer” et cogérer les aides au développement rural.

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