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Le danger économique d’un manque d’unité dans l’Union européenne (FMI)

Le danger économique d’un manque d’unité dans l’Union européenne (FMI)

Kristalina Georgieva, Patronne du FMI, souligne les risques d’un manque d’unité de l’union européenne face à la crise dans le JDD. Exemple concernant la question du bouclier tarifaire de l’énergie. Une critique indirecte de la France en conflit avec l’Allemagne sur ce point. La patronne du FMI prévoit que la moitié des pays de l’union européenne seront en récession en 2023. Selon elle, « L’Europe se trouve actuellement dans la position la plus difficile, sous la pression des tensions commerciales causées par l’augmentation des prix de l’énergie et de l’alimentation ». « L’Europe est plus vulnérable, notamment à cause de la dépréciation monétaire », estime-t-elle.

Quels sont les principaux facteurs qui pourraient causer une récession ?
Les chocs successifs : la pandémie, suivie par la guerre en Ukraine, qui a amplifié l’inflation et l’a installée dans la durée. La hausse des prix devient de ce fait bien plus difficile à endiguer. C’est un risque majeur pour l’économie mondiale pour deux raisons essentielles : l’inflation frappe plus durement les plus précaires. Et sape la confiance des investisseurs comme des consommateurs.

Toutes les économies connaissent-elles un ralentissement ?
Les trois grands moteurs mondiaux de la croissance – l’Union européenne, la Chine et les États-Unis – freinent simultanément. L’Europe se trouve actuellement dans la position la plus difficile, sous la pression des tensions commerciales causées par l’augmentation des prix de l’énergie et de l’alimentation. En Chine, selon nos prévisions, la croissance faiblit en partie en raison de la politique zéro Covid menée par les pouvoirs publics, ainsi que des difficultés dans le secteur immobilier. Les États-Unis se montrent plus résilients pour l’instant, même si le rythme de la croissance décélère. Les conséquences des hausses des taux d’intérêt ne se sont pas encore réellement fait sentir, mais l’accès au crédit se tend, comme le démontre le tassement du marché des emprunts immobiliers. L’année 2023 y sera également difficile.

Nos prévisions situent la moitié des économies de la zone euro en récession technique, soit deux trimestres consécutifs de croissance négative. Et même trois trimestres pour l’Italie et l’Allemagne. Face à une chute globale de l’activité – que nous estimons potentiellement en deçà de 2,7 % dans le monde en 2023 –, l’Europe est plus vulnérable, notamment à cause de la dépréciation monétaire. Mais l’UE a démontré pendant la crise sanitaire une remarquable capacité d’unité avec le déploiement de mesures efficaces. Elle peut en faire autant face à la crise énergétique en harmonisant les mesures prises pour lutter contre ses conséquences. L’autre élément positif, c’est qu’une tragédie – une guerre sur le sol européen – a néanmoins donné un élan nécessaire à la transition énergétique. Il n’a jamais été plus urgent de s’affranchir de la dépendance aux énergies fossiles. Il y va de la survie de l’humanité.

L’Europe peine actuellement à élaborer une stratégie commune. Est-ce inquiétant ?
Après sept ans à Bruxelles et de nombreuses nuits blanches à travailler à l’élaboration de consensus, je suis convaincue que l’Europe saura se ressaisir pour défendre son économie et ses citoyens. Il s’agit d’un moment très difficile, nous devons le reconnaître. Davantage encore que pendant la pandémie, où il s’agissait d’une crise de l’offre. La riposte consistait en des politiques monétaire et budgétaire adaptées et complémentaires. La période actuelle est bien plus complexe.

Pourquoi ?

Parce que les réactions nécessaires semblent contradictoires. Il faut à la fois une politique monétaire plus restrictive pour lutter contre l’inflation, mais aussi une politique budgétaire qui doit protéger les personnes et les entreprises les plus vulnérables, sans pour autant alimenter l’inflation. Dans un contexte de souffrance généralisée, il devient beaucoup plus difficile de rester discipliné en matière de politique budgétaire. Voilà pourquoi certains pays européens pensent qu’il devrait y avoir davantage de liberté pour mettre en place des dispositifs différents. Alors que l’Europe a besoin d’adopter, pour le maintien de sa compétitivité et de son marché, des mesures communes.

Vous avez exprimé des réserves sur le plafonnement des prix de l’énergie. Pourquoi ?
Il doit être défini avec d’extrêmes précautions. Vouloir protéger la consommation d’énergie pour préserver l’activité économique se justifie, mais il faut prendre garde à ne pas atténuer la perception des « vrais » tarifs par les ménages et les entreprises. Car connaître le niveau réel des coûts de l’énergie est indispensable pour stimuler les efforts d’innovation en matière de transition écologique. Plafonner globalement les prix présente aussi l’inconvénient d’en faire bénéficier ceux qui en ont moins ou pas besoin.

Les politiques monétaires menées par les banques centrales, la Fed et la BCE, sont-elles adaptées ?
Il faut d’abord souligner que les conditions aux États-Unis et en Europe sont différentes. Aux États-Unis, les prix de l’énergie n’ont pas connu les mêmes augmentations puisque le pays est autosuffisant dans ce domaine. L’inflation y reflète une expansion de la demande. Alors qu’en Europe la pression sur les prix provient de la guerre en Ukraine. Les États-Unis souhaitent donc augmenter les taux d’intérêt plus rapidement, ce qui est pertinent de leur point de vue. Mais cette décision entraîne des conséquences sur le taux de change, avec la dépréciation de l’euro et de nombreuses autres devises.

L’Europe a-t-elle trop tardé à lutter contre l’inflation ?
Disons que les pays qui ont réagi très tôt, dont le Brésil, le Mexique ou le Pérou, bénéficient aujourd’hui d’une plus grande stabilité de leur monnaie par ¬rapport au dollar. Et leurs ¬économies, en termes relatifs, s’en sortent mieux. Il est indéniable qu’une action précoce face à l’inflation est bénéfique. La BCE continue à calibrer soigneusement la manière dont la ¬normalisation de la politique monétaire se déroulera en Europe, compte tenu des conséquences du conflit en Ukraine.

Comment peut agir le FMI face à la récession ?
Notre rôle est toujours plus important en temps de crise. Nous sommes au cœur du filet de sécurité financière planétaire – une sorte de médecin de famille de l’économie mondiale. Notre première mission consiste à diagnostiquer correctement les problèmes. Il est clair que la politique énergétique est devenue un élément central de la politique économique. Nous travaillons donc sur des actions de politique énergétique à court et à plus long terme, comme en témoigne notre étude récente sur la transition écologique. Là encore, agir plus tôt coûte moins cher. D’où l’importance de définir les mesures efficaces pour promouvoir une transition accélérée vers une énergie à faibles émissions de carbone et des économies à faibles émissions de carbone en général. Notre deuxième mission s’articule autour du soutien financier à ceux qui en ont besoin, comme pendant la pandémie, à 96 pays – un record dans l’histoire du FMI. Le Fonds a versé près de 258 milliards de dollars depuis le début de la crise sanitaire, dont des bouées de sauvetage financières à 16 pays, pour environ 90 milliards de dollars depuis le début de la guerre.
Nous restons vigilants concernant le ralentissement brutal du crédit à la suite du resserrement des taux d’intérêt

Qu’en est-il en Ukraine ?
Nous avons fourni 2,7 milliards de dollars en financement d’urgence et ouvert un compte administré par lequel nous avons mobilisé 2,2 milliards de dollars. Le plus important est la création d’un cadre macroéconomique permettant aux donateurs de soutenir l’Ukraine, en vérifiant l’utilisation des aides. La communauté internationale a engagé un montant record de 35 milliards de dollars pour soutenir l’Ukraine cette année.

Pensez-vous qu’une crise financière pourrait s’ajouter à la crise économique ?

La crise de 2008 a permis de renforcer la régulation du secteur bancaire. Il est aujourd’hui solide aux États-Unis, ainsi que dans les économies avancées. Les inquiétudes se situeraient du côté des institutions financières non bancaires. Nous restons vigilants concernant le ralentissement brutal du crédit à la suite du resserrement des taux d’intérêt. Et nous surveillons de près la dette. Celle des marchés émergents et des économies en développement en particulier.

Coronavirus : on est loin des conditions d’unité nationale 1944

Coronavirus : on est loin des conditions d’unité nationale 1944 

L’historien, Laurent Douzou rappelle, dans une tribune au « Monde », les circonstances de la naissance du programme du Conseil national de la Résistance après la seconde guerre mondiale, texte auquel Emmanuel Macron a fait référence dans son discours du 13 avril.

Tribune. En juin 1944, le programme du Conseil national de la Résistance (CNR) fut publié sous le titre « Les jours heureux » dans une brochure de huit pages éditée et diffusée par le mouvement Libération-Sud. 200 000 exemplaires sortirent de l’imprimerie Lions et Azzaro de Toulon. Une édition numérotée de 100 exemplaires avec couverture cartonnée fut même réalisée sur un papier de qualité chez l’imprimeur Gaulier, à Paris. Ce titre a aussi contribué à conférer à ce programme une étonnante longévité mémorielle. Ainsi s’explique qu’il ait suffi que le président de la République promette, le 13 avril, qu’on « retrouverait les jours heureux » pour que les commentateurs saisissent l’allusion et s’interrogent sur le point de savoir si cette référence historique traduisait un changement de paradigme.

Pourtant, Emmanuel Macron s’est évertué à démentir par avance ce pronostic puisque le 13 juin 2018 à Montpellier, devant le congrès de la Mutualité française, le chef de l’Etat avait salué « cette solidarité visionnaire des membres du Conseil national de la Résistance qui ont inventé le système convenant parfaitement à un peuple meurtri et à une nation en reconstruction », mais avait aussitôt ajouté « ne pas avoir peur du changement, car la société a changé ». Et de renchérir : « Nous pourrions, nous aussi, après tant d’autres, céder à l’adoration des totems, mais je préférerai toujours la justice sociale effective aux incantations, et l’efficacité au fétichisme. » Grâce à une impeccable rhétorique, le programme du CNR était célébré et en même temps relégué aux oubliettes d’un passé révolu.

Le cap aurait-il donc changé sous l’effet de la crise que nous affrontons ? L’avenir le dira, mais la politique conduite depuis 2017, dans la droite ligne des quinquennats précédents, invite à la plus grande circonspection.

Pour l’heure, ce qui intrigue, c’est qu’au cœur de cette grave crise au cours de laquelle il sait sa parole scrutée, le président de la République ait choisi cette référence alors que rien ne l’y obligeait. Ce choix tient probablement à l’écho que ce programme, adopté à l’unanimité le 15 mars 1944 par toutes les composantes de la Résistance unifiée, a suscité et suscite encore. Ses signataires posaient là les bases de l’organisation économique et sociale du pays à mettre en œuvre après la Libération. Ce n’était pas rien.

Que penser de l’assertion, formulée en 2018, selon laquelle les nobles mais poussiéreux principes du programme du CNR seraient inadaptés au nouveau monde et nécessiteraient d’être remplacés par des principes plus neufs ? Cette antienne n’est pas l’apanage de M. Macron ; elle revient de façon entêtante chez les partisans des comptes bien tenus et d’une économie libérée de la pesante tutelle d’un Etat dont on ne se méfierait jamais assez…

 

 




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