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Pour un gouvernement d’union nationale

Pour un gouvernement d’union nationale

 

Au lendemain du deuxième tour des élections législatives les Français se posent la question des conséquences de ce scrutin qui dessinent un paysage politique totalement inédit. Si le premier tour du scrutin a marqué une indiscutable progression de l’extrême droite, le second a vu la renaissance d’un front républicain, hier encore donné pour moribond. En réalité, c’est ce front républicain qui l’a emporté. De même qu’Emmanuel Macron a été élu à la présidence de la République avec le soutien d’électeurs qui ne partageaient pas son programme, les députés du Nouveau Front Populaire tout comme ceux du bloc central l’ont également été avec le renfort décisif de Françaises et de Français ne partageant pas leurs options politiques.

 

par Par Franck Leroy, Président de la région Grand Est dans « La Tribune »

Dès lors, aucun camp, aucun bloc ne peut prétendre que les Français ont choisi son programme et encore moins prétendre à son application intégrale. Seuls les extrêmes ont intérêt à ces postures radicales.

« Nous appliquerons tout notre programme, sans compromis ni concessions » constitue une assertion mensongère inapplicable, sectaire et dangereuse. C’est tout le contraire qu’il faut faire pour répondre aux aspirations de nos compatriotes, désireux de responsabilité et d’unité nationale face à une situation inédite.

Pour répondre à l’aspiration des Français il faut d’abord entendre le message qu’ils ont émis en exprimant au premier tour leur mécontentement, voire leur colère. Négliger cette donnée serait ouvrir la porte de l’Élysée à l’extrême droite.

Les artisans de l’union républicaine réalisée dans les urnes doivent donc se parler, trouver des terrains de coopération et refuser le jeu des postures qui bloqueraient le fonctionnement du pays. Des majorités de projets sont-elles possibles ? À l’évidence, oui !

C’est ce que nous faisons tous les jours dans nos collectivités territoriales, nos communes, nos départements, nos régions. C’est bien méconnaître le fonctionnement de notre démocratie que de prétendre qu’il n’y a pas de proposition faisant consensus entre des députés sociaux-démocrates, centristes, et de la droite non-alignée sur le Rassemblement national.

Le spectacle affligeant des divisions politiciennes crée du rejet chez nos concitoyens. Il convient maintenant et de toute urgence de trouver les voies permettant à un gouvernement soutenu par une majorité de projets d’être en mesure de répondre aux urgences nationales et internationales.

Il est de la responsabilité de l’arc républicain de se rassembler au-delà des divergences et d’engager les réformes attendues. Se rassembler, ce n’est pas se renier. C’est agir pour la sauvegarde nationale. C’est faire acte de responsabilité. Cela passe par un dialogue républicain, à la recherche d’un accord de gouvernement.

En réalité, c’est ce que réclament nos concitoyens en imposant à l’extrême droite et à l’extrême gauche une minorité absolue à l’Assemblée nationale.

La France le réclame. 19 des 27 pays de l’Union européenne fonctionnent sur la base d’une coalition parlementaire, et ça marche ! En expérimentant un parlementarisme réactualisé, les forces politiques de l’arc républicain peuvent opérer ce changement culturel indispensable. Nier cette voie, c’est préférer les petits intérêts partisans à l’intérêt du pays. C’est nier les difficultés qui sont devant nous. C’est négliger les périls provoqués par les tensions internationales. C’est refuser d’entendre l’attente majoritaire des Françaises et des Français.

J’en appelle personnellement au respect de l’expression démocratique du Peuple Français. J’exhorte les dirigeants, de la droite et de la gauche de gouvernement et du centre, à ne pas détruire, au nom de leurs intérêts partisans, l’union réalisée dans les urnes par les Françaises et les Français.

Cette voie doit être explorée dans l’intérêt du pays.

Existe-t-il encore des perspectives d’union de la gauche après les européennes ?

Existe-t-il encore des perspectives d’union de la gauche après les européennes ?

Alors que les sondages placent la liste de Raphaël Glucksmann en tête à gauche, la campagne pour les élections européennes voit se multiplier les invectives entre les anciens partenaires de la Nupes. L’alliance des partis de gauche semble avoir fini d’imploser à l’automne 2023. Face au refus de La France Insoumise (LFI) de qualifier les attaques du Hamas du 7 octobre de « terroristes », les communistes ont décidé que l’alliance avec cette formation constituait une « impasse », avant que le Parti socialiste (PS) ne vote un « moratoire » décrit par Jean-Luc Mélenchon comme « une rupture ». Refusant tour à tour l’union avec LFI, les différentes forces de gauche ont évité de porter seules les stigmates de la rupture, tout en en renvoyant la responsabilité aux choix stratégiques insoumis. Certes, cette rupture n’a pas mis un terme à toutes les tentatives d’union. Pour autant, ainsi qu’en attestent les derniers contacts de LFI avec Génération•s d’une part, et avec le Nouveau parti anticapitaliste (NPA) de l’autre, les plus petites perspectives d’union échouent face aux faibles ambitions rassembleuses des différentes forces de gauche.

 

par 

Pierre-Nicolas Baudot, Université Paris-Panthéon-Assas dans The Conversation 

Parties divisées pour les élections européennes de juin 2024, les formations de gauche françaises exposent en traits grossis leurs différends idéologiques et stratégiques durant la campagne. En jeu, le rapport de force entre elles sur le terrain national.

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Mise en suspens par le scrutin proportionnel européen, la question de l’union à gauche ne manquera pas d’être à nouveau posée par la perspective des scrutins nationaux – celui de 2027 en tête.
La campagne pour les élections européennes a rappelé une série de divergences. Les questions internationales y occupent une place centrale. Alors que LFI s’oppose à l’entrée de l’Ukraine dans l’Union européenne, écologistes et socialistes la défendent. De la même façon, le rapport à l’Europe néolibérale continue de dessiner les oppositions.

Cependant, la campagne tend également à maximiser les différends, sinon à les exagérer, et à multiplier les invectives réciproques, entre dirigeants comme entre militants. Au-delà des désaccords idéologiques, ces oppositions révèlent des divergences stratégiques fortes.

Les communistes ont, les premiers, annoncé mener campagne seuls. Les écologistes, placés troisièmes lors des élections européennes de 2019 (13,48 %), devant LFI (6,31 %) et le PS–Place publique (6,19 %), les ont rapidement suivis. Comme en 2019, les socialistes ont misé sur Raphaël Glucksmann, un candidat projetant la perspective d’un espace entre un macronisme ne cessant de se déporter sur sa droite et la gauche insoumise à laquelle il s’oppose. Ces listes ont en commun de critiquer la stratégie insoumise et d’espérer une redistribution du rapport de force national à gauche.

Au soir de l’élection présidentielle de 2022, celui-ci s’était établi très en faveur de LFI et ses 21,95 %. Cependant, comme l’a récemment fait remarquer l’économiste Stefano Palombarini, cette hypothèse a ses limites, notamment dans le cas socialiste. La campagne menée par Raphaël Glucksmann plaide pour l’impossibilité durable d’une alliance avec LFI et le bien-fondé d’une option « réformiste » face à la gauche de rupture. Les vétérans du hollandisme, et François Hollande lui-même, n’ont pas manqué l’occasion d’y voir la perspective d’un retour en grâce. Glucksmann a même tenté – sans succès – d’enrôler François Ruffin (député LFI) dans cette direction, en misant sur les critiques émises par ce dernier sur la stratégie du mentor insoumis.

La mise en exergue des différends politiques et stratégiques éloigne les perspectives d’une nouvelle alliance à gauche, autant qu’elle brouille par avance la lisibilité d’une telle offre aux yeux de l’électorat. Pour autant, passée la proportionnelle intégrale des élections européennes, les scrutins nationaux ne manqueront pas d’interroger de nouveau la capacité des forces de gauche à s’entendre. Les éléments pour l’appuyer ne manquent pas. Ainsi, une note de la fondation Rosa Luxemburg publiée en 2023 relevait une forme de convergence des positions européennes à gauche contre la politique néolibérale de l’Union et pour sa réorientation écologique et sociale.

Sans occulter l’importance des désaccords, certains combats communs à l’Assemblée nationale, comme récemment au sujet d’un prix plancher pour les agriculteurs, plaident dans le même sens. L’attitude de la Nupes face à la réforme des retraites ou « la loi immigration » font de même.

 

Surtout, la perspective historique rappelle que les divisions à gauche ne sont ni nouvelles, ni irrémédiables. Mais elle souligne aussi que si l’union à gauche est si débattue, c’est – au moins en partie – parce que les partis eux-mêmes n’en finissent plus d’apparaître comme des organisations déclinantes. En janvier 2024, d’après le baromètre du CEVIPOF, ils représentaient même, pour 77 % des interrogés, l’institution la moins fiable, avec les réseaux sociaux.

L’émergence de nouvelles organisations – comme LFI – s’est faite dans la revendication d’un dépassement des formes traditionnelles des partis. Elle n’a cependant pas réussi, pour l’heure, à renouveler le genre. Certes les autres tendances politiques n’y échappent pas, et à l’exception du RN il paraît bien difficile de dire quel sera l’état des diverses écuries en 2027. Cependant, à droite, elles s’accommodent visiblement mieux du fond de l’air populiste, de l’hégémonie néolibérale et de positions de rejets.

C’est donc bien à une question organisationnelle que la gauche doit faire face d’ici à l’élection présidentielle de 2027. Elle paraît trop faible pour entrevoir une inversion du rapport de force politique sans s’entendre et développer des stratégies pour accroître son audience (à destination des classes populaires, des zones rurales, des abstentionnistes…).

La Nupes a atteint son objectif en maximisant le nombre de députés de gauche et en permettant aux différentes forces d’obtenir un groupe à l’Assemblée nationale. Cependant, elle n’a pas posé la question d’une nouvelle forme d’organisation collective à gauche. À l’inverse, en maintenant les groupes parlementaires, elle a prolongé les logiques partisanes et les mécanismes de différenciation qui en découlent.

C’est moins le risque d’une divergence idéologique qui se pose à la gauche, que celui de l’impossibilité du débat. Dans la perspective de l’élection de 2027, ce n’est donc pas la question de l’état de la Nupes qui apparaît, mais celle des formes d’une alliance à gauche qui assurent les délibérations collectives et la consécration militante que n’avait pas permis l’urgence de l’accord en 2022. Au prix d’une refonte organisationnelle réelle, la gauche peut tenter d’éviter la disjonction qui éloigne la diversité du mouvement social de l’espace électoral.

Comme l’a récemment souligné le philosophe Jean Quétier, l’analyse historique des partis permet de rappeler leur potentiel démocratique et émancipateur. Cependant, elle conduit également à constater, en pratique, la déception de ces perspectives. En se rapprochant de cet idéal démocratique et émancipateur, une forme organisationnelle nouvelle pourrait espérer relayer l’animation sociale et intellectuelle, et non s’y imposer verticalement. La gauche partisane pourrait alors s’attendre à apparaître à nouveau comme un espace à investir, et non comme un repoussoir.

Elle doit pour cela engager les chantiers d’une unité qui n’écrase pas le pluralisme, en pensant son rapport à la personnalisation dans un régime présidentialisé, à l’atomisation néolibérale, aux évolutions du militantisme, à la verticalité de son organisation ou encore à son implantation territoriale.

D’ici à 2027, la gauche fait donc bien face à un double enjeu collectif : collectif dans l’imaginaire qu’elle projette, mais également collectif dans la pratique. En ce sens, la question démocratique et le lien de la gauche à la société n’apparaissent pas que comme des enjeux formels mais bien, dans une perspective gramscienne, comme les fondements d’une transformation politique profonde.

Pour un gouvernement d’union nationale en 2022 ( Luc Ferry)

Pour un gouvernement d’union nationale en 2022 ( Luc Ferry)

 

Loin de tomber dans le déclinisme, le philosophe ancien ministre Luc Ferry estime que la gravité de la situation en France nécessiterait un gouvernement d’union nationale en 2022.( Notons que c’est un peu ce qui se passe en Allemagne assez régulièrement avec par exemple pour la fin de l’année un gouvernement opérationnel réunissant libéraux, sociaux-démocrates et écolos). Luc ferry regrette surtout le manque d’ambition des réformes. ( dans l’Opinion)

Concernant la situation de la France, Luc Ferry explique : « Chaque époque a des défis, le monde va mille fois mieux que dans les années 1960, le nôtre est encore devant nous mais ce n’est pas perdu. Mais il faudrait à l’Elysée et à Matignon des gens lucides. Je n’ai pas une grande sympathie pour ceux qui ont quitté le navire gaulliste pour retrouver Bayrou et Macron. Ce n’est pas ma tasse de thé ! Si un gaulliste se présente, il aura ma voix. »

L’ancien ministre estime aussi que « tous les ministres actuels sont impuissants ». Jean-Michel Blanquer compris ? « Evidemment, répond-il, ça fait cinq ans qu’il ne se passe à peu près rien ! Il y a extraordinairement peu de réforme. Mais moins vous en faites, plus vous restez sur le cheval ! » Sa solution ? « Un gouvernement d’union nationale en 2022. C’est ça ou le déclin. »

Luc Ferry publie Réflexions sur l’école pour renouer avec le bon sens. Un an après l’assassinat de Samuel Paty, les choses ont-elles changé ? «Non, affirme l’ancien ministre de l’Education nationale, ça ne peut pas changer en un an. Gérard Collomb disait que nous avons probablement en France plusieurs dizaines de milliers de jihadistes prêts à passer à l’acte. Et Gérard Collomb n’est pas d’extrême droite ! Ce danger est extrêmement difficile à juguler car nous avons à faire à des idéologies très puissantes.»

Le philosophe ajoute : «Mais parler de séparatisme, c’est stupide. Leur projet est de dominer le monde, ça n’a rien à voir avec le séparatisme. Il s’agit de l’islamisme, du fanatisme religieux, pas d’autre chose. »

En 2004, Luc Ferry a porté avec succès un texte pour interdire les signes religieux à l’école. Mais aujourd’hui, des études montrent que près de la moitié des jeunes s’oppose à cette loi. «Ils sont très “woke”, très cancel culture, analyse le philosophe. Le politiquement correct américain s’est infiltré chez nous. Ils se pensent éveillés, mais ils ne voient pas le danger. En 1968, c’était pire, ils étaient maoïstes !»

Et selon lui, le président de la République est un « libéral multiculturaliste à l’américaine. Quand il a prononcé sa phrase sur le “privilège blanc”, ça montre qu’il est bien plus proche de ces jeunes que d’un vieux gaulliste comme moi. »

Concernant la situation de la France, Luc Ferry explique : « Chaque époque a des défis, le monde va mille fois mieux que dans les années 1960, le nôtre est encore devant nous mais ce n’est pas perdu. Mais il faudrait à l’Elysée et à Matignon des gens lucides. Je n’ai pas une grande sympathie pour ceux qui ont quitté le navire gaulliste pour retrouver Bayrou et Macron. Ce n’est pas ma tasse de thé ! Si un gaulliste se présente, il aura ma voix. »

L’ancien ministre estime aussi que « tous les ministres actuels sont impuissants ». Jean-Michel Blanquer compris ? « Evidemment, répond-il, ça fait cinq ans qu’il ne se passe à peu près rien ! Il y a extraordinairement peu de réforme. Mais moins vous en faites, plus vous restez sur le cheval ! » Sa solution ? « Un gouvernement d’union nationale en 2022. C’est ça ou le déclin. »

Quelle sorte d’union européenne ?

Quelle sorte d’union européenne ?

Adriaan Schout (1961) professeur à la Radboud University et un expert européen au Clingendael Institute pose la problématique de la nature de l’union européenne dans le journal lOpinion.

 

 

L’Union européenne est clairement une fédération et c’est une bonne chose. Mais quel type de fédération? Evolue-t-elle dans la bonne direction au vu du contexte européen actuel ? Est-ce le genre d’Union voulue par les Pays-Bas ? Le fait que Bruxelles parle d’intégration européenne et Amsterdam de coopération souligne les tensions auxquelles fait face l’UE. Cela accentue les différences entre les Pays-Bas et le président Macron qui pousse à une plus grande intégration alors que le général de Gaulle était le champion de la coopération.

L’UE a montré qu’elle était susceptible de connaître des crises profondes et variées. Celle de la zone euro est latente, il y a une crise en matière d’Etat de droit, les pays d’Europe de l’Est ne respectent pas les accords en matière migratoire et la coopération dans le domaine de la santé bafouille. Il y a aussi un fort mécontentement à l’égard de petits Etats membres, dont les Pays-Bas, qui favorisent l’évasion fiscale.

L’UE est tellement sujette aux crises que l’ancien président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, se targuait de faire face à des «polycrises». Dans des termes alarmants, il décrivait la Commission qu’il présidait comme celle de la dernière chance. Ursula von der Leyen qui lui a succédé sent elle aussi la pression pour faire avancer la protection des citoyens face aux crises économiques, à un monde imprévisible et aux menaces sur la santé publique. Mais les Etats membres s’opposant à une plus grande intégration, elle essaie de passer par-dessus les chefs d’Etat et de gouvernement, via de larges consultations, pour impliquer plus étroitement les citoyens aux ambitions européennes.

« La majorité des pays de la zone ne connaissent pas de croissance suffisante. S’ils sont capables de réduire leurs dépenses, il leur est plus difficile de procéder à des réformes structurelles pour améliorer leur productivité »

Réformes structurelles. Le financement des plans européens, y compris le récent plan de redressement lié à la Covid-19, est encore en débat. Il oppose les Etats membres sur la question de savoir s’il doit être remboursé et si des taxes spécifiques pourraient être utilisées. Sachant que ce plan a été établi pour calmer certains pays comme l’Italie et la Grèce qui estimaient que l’UE ne faisait rien pour eux et réclamaient plus de solidarité. Ce sont les différences fondamentales qui existent entre Etats membres, en termes d’histoire, de traditions, de valeurs etc. qui rendent l’Europe sujette aux crises.

Il y a d’énormes différences en matière économique. Quand a surgi la pandémie, l’an dernier, seuls sept des dix-neuf pays de la zone euro avaient le contrôle de leur endettement. La combinaison avec un chômage persistant explique les difficultés de l’euro. La majorité des pays de la zone ne connaissent pas de croissance suffisante. S’ils sont capables de réduire leurs dépenses, il leur est plus difficile de procéder à des réformes structurelles pour améliorer leur productivité. Les plus faibles d’entre eux n’ont pas la force pour adopter un cadre législatif et des politiques en faveur du marché du travail, de l’éducation et des infrastructures.

C’est la raison pour laquelle le ministre néerlandais des affaires étrangères, Stef Blok, a récemment demandé à un groupe d’experts comment encourager les Etats membres à se réformer. Ce qui témoigne du sérieux de la situation. L’euro est arrivé à tel un point que le gouvernement de La Haye, d’habitude toujours prompt à amender la politique européenne, ne sait plus comment procéder. Ce ne sont pas les tentatives qui ont manqué pour renforcer l’euro. Ces trente dernières années, les règles ont été constamment réduites, resserrées, voire simplement abandonnées. Le complexe dispositif de contrôle et de pénalités figurant sur le site web de la Commission ressemble à une sorte d’arbre de Noël. D’autres décrivent l’édifice comme une cathédrale médiévale avec ses niches, ses ailes et ses chapelles.

En dépit de toutes les tentatives, les Etats membres ont divergé. Dès lors qu’une intégration étroite ne semble pas marcher, nous sommes clairement sur la mauvaise voie. Il faut donc se poser la question suivante : quelle sorte d’Union européenne construisons-nous ? Les politiques préfèrent éviter la question de la finalité de l’Europe parce qu’elle implique une confrontation. La politique des petits pas est moins transparente et n’amène pas à un référendum. Cela n’empêche que nous avons besoin de savoir quel modèle fédéral nos dirigeants ont en tête. Dans le Sud de l’Europe une fédération centralisée ne pose pas de problèmes. Mais les pays du Nord aiment agir d’une manière pragmatique, ce qui crée des solutions parcellaires.

« Il y a deux problèmes avec le modèle d’intégration. Une trop grande intégration verticale ne marche pas et les Etats membres tiennent à garder leurs fonctions »

Narratif. Jean-Claude Juncker disait qu’il ne voulait pas d’un super-Etat européen même si ses propositions tendaient dans cette direction. Les Pays-Bas veulent une coopération horizontale (entre Etats membres), mais expliquent en même temps qu’un accord est un accord, ce qui implique une forte autorité européenne. Il y a d’autres exemples de confusion de ce genre: la Commission européenne veut être un superviseur indépendant et un organe politique en même temps. Mais on ne peut être le juge et le politique… Il n’y a pas de cohérence entre stratégies (ambitions) et capacités administratives (structures). Dans le monde des affaires, ce manque de vision serait considéré comme de la mauvaise gestion.

Dans le parler européen, la finalité européenne se retrouve dans le mot intégration utilisé par la Commission et la plupart des Etats membres. Mais côté néerlandais, tous les documents se réfèrent à la coopération européenne, c’est-à-dire pour le Premier ministre Mark Rutte une coopération entre pays financièrement indépendants. Ce sont des visions totalement différentes.

Il y a deux problèmes avec le modèle d’intégration. Une trop grande intégration verticale ne marche pas et les Etats membres tiennent à garder leurs fonctions. Reste aux Pays-Bas à convaincre qu’une coopération offre une meilleure base d’interconnections entre les diverses nations européennes. Une centralisation des activités ne fonctionne pas dans une organisation complexe comme l’UE. Les grandes organisations doivent recourir à la décentralisation. Au bout du compte, c’est la force de chacun qui détermine la force de l’ensemble, intérieurement comme extérieurement en termes géopolitiques. La coopération amène au succès.

La faiblesse néerlandaise tient à son absence de narratif sur la manière de réformer les Etats membres. Il n’y a pas assez de confiance entre chacun. Pire, la plupart des Etats membres n’ont pas confiance en eux-mêmes et attendent de ce fait beaucoup de l’UE. Il est éloquent de voir que 21 des 27 Etats membres ont plus confiance dans l’UE qu’en eux-mêmes.

« Il faut responsabiliser les gens, les politiques et les fonctionnaires. C’est la raison pour laquelle il est dangereux de tout centraliser au niveau de la Commission »

Vision managériale. La seconde raison pour prendre au sérieux l’idée néerlandaise de coopération c’est que cela va amener à un renforcement des Etats membres. C’est la coopération qui a permis de résoudre les crises au sein de l’UE et de donner naissance à des « success stories » européennes. Les secteurs dans lesquels l’intégration européenne a débouché sur des succès sont l’aéronautique, les médicaments ou la politique de la concurrence. C’étaient des secteurs dans lesquels les Etats membres se sont affrontés des décennies durant pour des raisons économiques, politiques et culturelles. Moyennant quoi, la maladie de la vache folle a menacé la santé publique, la confiance dans l’industrie agroalimentaire est tombée au plus bas, des barrières douanières ont été érigés et des Etats membres ont refusé l’inspection de leurs abattoirs. Aujourd’hui, la réputation alimentaire de l’Europe est reconnue partout dans le monde. Les choses peuvent marcher en Europe.

A chaque fois que des crises ont été résolues, l’effort a porté sur la coopération. Les Etats membres étaient contraints de partager leurs expertises, de mener les contrôles conjointement et de mettre sur pied des structures de gouvernance pour permettre aux Etats les plus faibles de participer. Cela crée une culture professionnelle dont l’UE a besoin. Cela crée une nouvelle base de pouvoir, horizontale. Via des politiques, des standards et une coopération organisée, vous créez les bons environnements organisationnels. La coopération, c’est l’intégration européenne par la base. Regardez les réformes fiscales pour voir comment cela marche. La coopération renvoie les Etats membres à leurs responsabilités et c’est alors aux innombrables représentants nationaux de prouver qu’ils sont fiables. C’est en renforçant les coopérations que l’UE a été capable de travailler au renforcement des secteurs nationaux et à créer de la confiance.

Il faut responsabiliser les gens, les politiques et les fonctionnaires. C’est la raison pour laquelle il est dangereux de tout centraliser au niveau de la Commission. La crise de l’euro persiste parce que Bruxelles contrôle les politiques économiques des Etat membres plutôt que de laisser ces derniers se contrôler les uns les autres d’une manière transparente et professionnelle. Ce dont l’UE a besoin c’est d’une vision managériale pas intégrationnelle. En corollaire, la subsidiarité ne devrait pas être interprétée verticalement en termes légaux, mais horizontalement d’une manière administrative. C’est le début d’un nouveau paradigme européen qui offre plus de perspectives qu’un plaidoyer pour une plus profonde intégration. Espérons que le président Macron écoutera ces arguments.

Adriaan Schout (1961) est professeur à la Radboud University et un expert européen au Clingendael Institute. Ce texte est une adaptation de sa lecture inaugurale comme professeur à l’European Public Administration (Nijmegen, 25 février 2021).

Gouvernement d’union nationale «ça n’a aucun sens aujourd’hui»

Gouvernement d’union nationale «ça n’a aucun sens aujourd’hui»

Il est clair que le gouvernement de Macron est aux abois et qu’il n’a pas réussi à surmonter son énorme impopularité. Du coup, l’idée d’un gouvernement d’union nationale lancée par Macon constitue une sorte de sauvetage politique de la majorité mais aussi du président lui-même de moins en moins certains de l’emporter en 2022. Cette idée d’union nationale n’a guère de sens pour la plupart des responsables de l’opposition. Même Manuel Valls qui pourtant partage des idées de Macon n’y est pas favorable. Il n’y a guère que quelques hauts responsables écolos qui pourraient envisager cette éventualité. Une manière de récupérer comme d’habitude quel que écolos bobos en recherche de reconnaissance ministérielle.

L’ancien premier ministre Manuel Valls, gsoutien d’Emmanuel Macron, a estimé jeudi que «ça n’avait aucun sens» d’entrer dans un gouvernement d’union nationale «aujourd’hui» alors que la France est «en pleine guerre» contre le coronavirus.

 «Si je comprends bien, on irait chercher les gens qui sont partis très loin, l’une à New York (l’ancienne ministre sarkozyste Nathalie Kosciusko-Morizet, NDLR) et l’autre à Barcelone. Honnêtement je pense que tout cela est indécent à ce niveau-là», a affirmé sur RMC l’ancien socialiste, parti en vain en 2018 à la conquête de la mairie de Barcelone, où il est aujourd’hui conseiller municipal. «On est en pleine guerre contre le virus, la pandémie est là, on n’en est pas sortis, on n’est pas sortis du confinement et les uns et les autres on se pousserait du col en disant “et moi et moi”? Ça ne fait aucun sens», a ajouté l’ancien député apparenté LREM.

 «J’ai dit que ma patrie c’est la France, que j’avais la chance d’avoir des identités différentes (…) Évidemment si je pouvais à un moment ou l’autre aider mon pays, je peux le faire de mille manières. Mais honnêtement ça n’a aucun sens aujourd’hui», a poursuivi l’ancien premier ministre, en soulignant le «besoin de forces et d’unité» pour «faire face» à l’épidémie.

 

 




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