Evasion fiscale : la City de Londres au centre du scandale
Affaire Cahuzac, forum Offshore Leaks… La lutte contre les paradis fiscaux est plus que jamais d’actualité au sein de l’Union européenne, et au-delà. Le président du conseil européen, Herman Van Rompuy, l’a bien senti ce 12 avril. Après avoir chiffré le coût de l’évasion fiscale à 1.000 milliards d’euros par an, il a dit vouloir « saisir l’élan politique » sur ce thème en l’inscrivant au menu du sommet européen du 22 mai prochain à Bruxelles. Dans le même temps, les pressions se multiplient auprès des pays européens qui pratiquent encore le secret bancaire, comme le Luxembourg et l’Autriche, ou qui abritent des paradis fiscaux à part entière. En cause notamment: les îles anglo-normandes de Jersey ou Guernesey ou encore l’Ile de Man. Selon Gabriel Zucman, professeur à l’Ecole d’Economie de Paris, qui cite les chiffres de la banque des règlements internationaux, « le montant des dépôts bancaires qui s’y trouvent se chiffre en centaines de milliards de dollars ». Des montants qui tendent d’ailleurs à diminuer à mesure que ces territoires signent des traités de coopérations, de transmission d’informations bancaires avec les autres pays. Mais « les listes fournies par les établissements de ces îles n’ont pas grand intérêt », estime Gabriel Zucman. Parce que selon lui, ces îles joueraient en réalité le rôle de « rabatteur » d’actifs pour les banques de la City, le quartier d’affaires britannique où siègent les plus grandes banques mondiales. Dans les établissements de toutes ces anciennes colonies de l’empire britannique, « il n’y a pas beaucoup d’activité financière proprement dite » assure-t-il. Si autant d’actifs y sont enregistrés, c’est en raison « des conditions fiscales et des règlementations particulièrement souples ». Mais en réalité, « ils sont gérés de façon concrète depuis la City », martèle l’économiste…