Archive pour le Tag 'droite'

Italie: enjeux et risques après la victoire de la droite

Italie:  enjeux et risques  après la victoire de la droite

 

Une victoire indiscutable de la coalition de droite mais une coalition très composite qui devra gérer ses propres contradictions notamment ses rapports à l’Europe et des promesses financières populistes qui pourraient faire basculer le pays dans une crise grave . Par Edoardo Secchi, Président fondateur d’Italy-France Group et fondateur du Club Italie-France, et Alexandre Del Valle, politologue, essayiste.( La tribune, Extrait)

 

 

Du point de vue des milieux européens et d’affaires, et pas seulement pour la gauche sociale-démocrate euroLes enjeux politiques après la victoire de l’extrême droitepéenne, la fin du gouvernement de Mario Draghi a été une grave défaite non seulement pour l’Italie, mais pour toute l’Europe. En renvoyant Mario Draghi chez lui, nombre d’observateurs européens pensent que l’Italie a fait un gigantesque pas en arrière, peu de temps après avoir été enfin promue par le monde des institutions, par des marchés qui, qu’on le veuille ou non, existent et qui, par nature, sont voués à déraper chaque fois qu’il y a un élément d’incertitude, difficile à ranger dans une catégorie prédictive bien précise. Et si l’Italie de Draghi semblait rimer avec diligence, respect des règles, initiative, vision, compétence, cette Italie du « centre-droit » de Meloni-Salvini-Berlusconi, en réalité très très à droite et en partie « populiste », vainqueur du scrutin du 25 septembre, ressemble pour certains à une Italie découragée, feuilletée, à la merci des populistes et donc des spéculateurs financiers. Le chef de la gauche italienne, Enrico Letta, a martelé dans ses meetings qu’il s’agissait de la droite du passé, de la nostalgie et des divisions. Il est vrai que le problème du populisme est souvent le même : soit il crée d’énormes dégâts économiques, soit il tourne à la dictature. Partout où il est apparu, ou presque – car Trump a plutôt bien géré l’économie américaine redevenue fleurissante et Orban semble être apprécié par son peuple -, il a causé d’énormes dégâts : au Venezuela, en Argentine, en Turquie. Pour beaucoup d’analystes européens et occidentaux, qui ne connaissent d’ailleurs pas forcément bien la complexité des droites italiennes, l’Italie serait également menacée. Ils rappellent que ce sont justement les populistes à la Meloni, à la Salvini et à la M5S (Mouvement Cinq Etoiles) qui, en conquérant le pouvoir, finissent par jouer le jeu des spéculateurs financiers contre lesquels ils disent vouloir se battre. Si gouverner, c’est prévoir, on accuse les populistes d’être incapables de prédire les scénarios et menaces futurs et de n’avoir aucune expérience de gouvernement. Voire d’être totalement incompétents en économie. On nous dit ainsi qu’aucun des trois principaux partis populistes italiens n’a de parcours significatif, ni professionnel, ni gouvernemental. Toutes ces accusations, à tort ou à raison, sapent la crédibilité de la nation italienne, dont l’énorme dette inquiète les marchés de la zone euro qui pourrait imploser, jusqu’à offrir une belle opportunité aux spéculateurs.

En réalité, les trois composantes du « centro-Destra » italien, le parti des Libertés de Berlusconi, la Ligue de Salvini et Fratelli d’Italia de Meloni (FDI), ne sont pas monolithiques et inexpérimentés. Meloni a été ministre de gouvernements de centre-droit sous la présidence du Conseil du Cavaliere; Salvini et d’autres membres plus consensuels de la Ligue ont été ministres ou vice-Premiers ministres, et la Ligue gouverne assez bien plusieurs régions, provinces et villes du nord depuis 30 ans, et le parti de Berlusconi, maintes fois président du Conseil, compte des poids-lourds comme Tajani, commissaire européen, européiste convaincu, et nombre de ministres, sénateurs, députés, présidents de collectivités locales et maires. Certains membres de la Ligue sont même réputés pour leur modération comme l’ex-ministre de l’Intérieur Roberto Maroni ou Giancarlo Giorgetti, ex-ministre de l’Économie du gouvernement Draghi et ex-secrétaire d’État à la présidence du Conseil des ministres dans le gouvernement de Giuseppe Conte. On est loin d’être en face d’une bande monolithique de radicaux inexpérimentés. Et la terrible Giorgia Meloni mérite, comme l’a étonnement déclaré Hillary Clinton elle-même, une chance, de sorte qu’il convient de la juger en temps et en heure et « sur pièce » avant de la condamner par avance. Bref, pourquoi ne pas faire le pari de respecter les règles de l’alternance démocratique et donc la souveraineté populaire, d’autant que Giogia Meloni a énormément échangé ces dernières semaines avec Mario Draghi lui-même qui lui a suggéré des noms de personnalités modérées et rassurantes comme possibles ministres de l’Économie et des Affaires étrangères, deux postes clefs.

Une chose est sûre : le problème de Giorgia Meloni se situe dans sa coalition de droite mais aussi à gauche avec le M5S de Giuseppe Conte. Si l’on regarde en effet de près Matteo Salvini et Giuseppe Conte, on peut dire qu’ils représentent deux formes de populismes et qu’au final, ils se ressemblent beaucoup plus qu’on ne le pense, tout en étant aux antipodes. Matteo Salvini joue toujours sur la peur et la provocation verbale, tandis que son programme économique incohérent semble pour le moins irréalisable. Quant à Giuseppe Conte, il a joué sa « remontada » politique dans le sud de l’Italie en poursuivant le modèle de clientélisme basé sur revenu de citoyenneté : promettre à tous de l’argent public et sans contrôle. Aucun des deux dirigeants n’a expliqué comment ils résoudront les vrais problèmes du pays, tels que la faible productivité, la lutte contre l’évasion fiscale, la lutte contre le chômage et la précarité. Giorgia Meloni, qui semble avoir beaucoup écouté les conseils économiques de Berlusconi, dont elle fut ministre, et Mario Draghi, devra faire très attention à son allié Salvini et trouver un modus vivendi entre son propre étatisme d’origine et le libéral-poujadisme de la Ligue. Matteo Salvini, qui a déjà fait imploser une majorité il y a quelques années, pourrait certes créer de nombreux problèmes à sa propre majorité et poser de sérieux problèmes à l’Union européenne… et vice-versa… Le plus grand risque que court le leader de Fratelli d’Italia est celui faire accuser l’Italie d’être le cheval de Troie en Europe de Poutine – en raison des liens de certains membres de la Ligue avec la Russie (affaire judiciaire de Gian Luca Savoini, par exemple) – et d’Orban. Cela créerait une situation inédite avec de fortes répercussions négatives tant sur le plan économique que diplomatique. Toutefois, il convient de répondre qu’à l’heure actuelle, et depuis que Giogia Meloni est devenue la plus grande atlantiste défeuseur de l’Ukraine et de leur armement, ce n’est pas elle et son « centre-droit » qui est accusable d’être anti-atlantiste et pro-russe, mais bel et bien le mouvement Cinq Etoiles, qui a pourtant gouverné, après la chute de Salvini et de l’alliance Giallo-verde (« jaune-verte » (Ligue-M5S), avec le parti démocrate italien qui chasse les sorcières pro-russes… Rendons à César ce qui est à César.

Le ralentissement de l’économie italienne va limiter les ressources disponibles pour la prochaine loi de finances. La dette publique repart à la hausse. Le nouveau gouvernement devra aider l’industrie et les entreprises à faire face à la hausse des coûts de l’énergie. Il va falloir trouver 3,5 milliards d’euros pour réduire la pression fiscale de 2% sur les revenus allant jusqu’à 35.000 euros annuels. Il faudra également résoudre deux problèmes financiers et industriels importants : tout d’abord, la cession de la société nationale ITA (ex-Alitalia), ensuite celle du réseau très haut débit. Enfin, ce sont les milliards du PNRR qui sont en jeu, étroitement liés aux réformes. Rappelons que l’Italie a déjà payé très cher son retard de réformes au cours des vingt dernières années en réduisant le PIB par habitant de 0,8 % sur la période 2000-2019, avec la circonstance aggravante qu’en 2000 le PIB italien par habitant dépassait la moyenne de l’UE de 20 % et en 2019, elle était inférieure de 7 % ; en 2000, le PIB italien par habitant dépassait de 3 % la moyenne de la zone euro et en 2019, il était inférieur de 15 %.

 

Italie : probable gouvernement d’extrême droite mais pas fait pour durer

Italie : improbable gouvernement d’extrême droite mais pas fait pour durer

 

 

L’union des partis d’extrême droite devrait déboucher sur une majorité parlementaire. Le seul problème c’est que les orientations particulièrement démagogiques risquent non seulement de rendre très précaire ce gouvernement mais aussi de provoquer des soubresauts financiers au plan européen.
L’Italie propose en effet d’augmenter encore son endettement pourtant déjà un record de 150 % du pib. En dépit de l’euroscepticisme de l’extrême droite, le futur gouvernement des droites radicales demande une aide de 200 milliards pour relancer l’économie italienne.

Un scénario qui préoccupe au plus haut point les marchés et Bruxelles, qui redoutent des remous dus au discours eurosceptique qu’entretiennent les trois partis qui vont former un gouvernement de coalition et l’envolée du coût de l’énorme dette du pays. Plusieurs heures seront nécessaires avant d’obtenir un décompte précis des sièges remportés compte tenu du mode de scrutin mixte, combinant scrutin majoritaire et scrutin proportionnel.

 Lalliance, formée par Fratelli d’Italia de Giorgia Meloni, la Ligue de Matteo Salvini et Forza Italia de Silvio Berlusconi ,est arrivée en tête des élections législatives et devrait disposer d’une majorité parlementaire. Ces trois partis auraient raflé entre 41% et 45% des voix selon la Rai. Suffisamment pour obtenir une majorité.

Parmi ces trois partis, c’est  le celui de Giorgia Meloni qui sort en tête en récoltant entre 22,5% et 26,5% des suffrages, suivi de La Ligue entre 8,5% et 12,5%, puis de Forza Italia (le parti conservateur de Silvio Berlusconi) entre 5 et 9%.

Le bloc de centre-gauche constitué autour du Parti démocrate obtiendrait pour sa part entre 25,5 et 29,5%, le Mouvement Cinq étoiles (populiste) devant se contenter de 13,5 à 17,5%, en chute par rapport à son score historique de plus de 30% en 2018.

Cette coalition sera donc être en mesure de pouvoir proposer le Premier ministre qui succédera à Mario Draghi. Vu les résultats du parti post-fasciste Fratelli d’Italia (FdI), c’est sa cheffe, Giorgia Meloni, 45 ans, qui devrait être nommée diriger le gouvernement de ce pays fondateur de l’Europe communautaire.

Si les promesses sont tenues on devrait assister un fort dérapage des dépenses publiques qui pourraient menacer les équilibres financiers en Italie mais aussi l’Euro

Les inquiétudes sur un relâchement dans la mise en œuvre des réformes et un dérapage de la dette publique après les élections ont déjà amené les agences de notation Standard & Poor’s et Moody’s à dégrader la perspective liée à la note de solvabilité du pays.

Mais il est probable que ce gouvernement rallye difficultés à tenir seulement une année compte tenu des perspectives de fuite en avant financière. Une habitude en Italie où les gouvernements succèdent aux  gouvernements et peut parfois vivre sans. Un sauveur succède à un autre sauveur pour finalement chuter lui aussi !

Le travail « est une valeur de droite » d’après l’exibitionniste Sandrine Rousseau

Le travail « est une valeur de droite » d’après l’exibitionniste Sandrine Rousseau

 

Plus ça choque et plus ça passe d’après le catéchisme de marketing politique de Sandrine Rousseau qui s’autorise à parler de tout sans compétence particulière mais avec un déterminisme carriériste évident.  Ainsi la dernière sortie de Sandrine Rousseau , c’est de considérer que le travail est une valeur de droite. C’est évidemment intellectuellement une grande erreur qui prouve les limites des connaissances historiques de l’intéressée. Et d’enfiler les perles de ce style en mélangeant les problématiques d’écoféminisme , du droit à la paresse ( normal pour une ancienne fonctionnaire!),  de la diminution de la croissance et de la réduction du temps de travail.

À quand une déclaration de Sandrine Rousseau sur le droit de vote des poissons rouges ?

Bref avec de telles représentants et amis, Europe écologie les Verts n’a vraiment pas besoin d’ennemis pour tomber dans la marginalisation  politique.

Politique Présidentielle : Macron, à gauche toute pour le premier tour …. à droite toute pour le second ?

 

Politique Présidentielle  : Macron, à gauche toute pour le premier tour …. à droite toute pour le second ?

 

Pour son seul meeting à l’Arena de la Défense, Macron a opéré un net rééquilibrage à gauche en égrenant à peu près toutes les catégories sociales auxquelles il a promis davantage de considération et de rémunération. De quoi satisfaire les sociaux-démocrates qui croient encore au Père Noël ou qui font semblant d’y croire en espérant surtout une petite place dans le panthéon gouvernemental futur.

C’est le fameux en même temps de Macron  dont on a bien du mal à saisir la ligne stratégique. Ultralibéral un jour et plus ou moins progressistes un autre. Les médias ont quand même remarqué le changement de ton lors de son dernier meeting . Une presse unanime.  »En meeting, Macron se repeint en rouge pour séduire la gauche », titre Libération« Le coup de barre à gauche d’Emmanuel Macron », appuie Le Point« Emmanuel Macron s’adresse à sa gauche et tente de rectifier le récit de sa campagne », embraye Le Monde. Le président sortant, candidat à sa réélection, vient d’orienter subitement sa campagne à gauche toute lors de son seul meeting de campagne, samedi 2 avril.

Macron essaye effectivement de faire oublier la gamelle qu’il traîne depuis son élection comme président des riches, ce qu’il est effectivement si l’on s’en tient aux mesures essentielles prises au cours du quinquennat ( et à ceux qui financent ses campagnes). Mais les virages ne sont sans doute pas terminés pour Macron car lors du second tour,  il lui faudra séduire ceux qui seraient tentés de voter Marine à peine. Du coup, le virage sera sans doute sociétal mais à droite. Là encore Macorn va promettre sans doute de réguler davantage l’immigration, la sécurité, l’ordre dans les banlieues, la lutte contre la drogue et les incivilités. Des terrains qu’il a plutôt négligés aussi.

Présidentielle 2022 : Macon, à gauche toute pour le premier tour …. à droite toute pour le second ?

Présidentielle 2022 : Macron, à gauche toute pour le premier tour …. à droite toute pour le second ?

 

Pour son seul meeting à l’Arena na de la Défense, Macron a opéré un net rééquilibrage à gauche en égrenant à peu près toutes les catégories sociales auxquelles il a promis davantage de considération et de rémunération. De quoi satisfaire les sociaux-démocrates qui croient encore au Père Noël ou qui font semblant d’y croire en espérant surtout une petite place dans le panthéon gouvernemental futur.

C’est le fameux en même temps de Macron  dont on a bien du mal à saisir la ligne stratégique. Ultralibéral un jour et plus ou moins progressistes un autre. Les médias ont quand même remarqué le changement de ton lors de son dernier meeting . Une presse unanime.  »En meeting, Macron se repeint en rouge pour séduire la gauche », titre Libération« Le coup de barre à gauche d’Emmanuel Macron », appuie Le Point« Emmanuel Macron s’adresse à sa gauche et tente de rectifier le récit de sa campagne », embraye Le Monde. Le président sortant, candidat à sa réélection, vient d’orienter subitement sa campagne à gauche toute lors de son seul meeting de campagne, samedi 2 avril.

Macron essaye effectivement de faire oublier la gamelle qu’il traîne depuis son élection comme président des riches, ce qu’il est effectivement si l’on s’en tient aux mesures essentielles prises au cours du quinquennat ( et à ceux qui financent ses campagnes). Mais les virages ne sont sans doute pas terminés pour Macron car lors du second tour,  il lui faudra séduire ceux qui seraient tentés de voter Marine à peine. Du coup, le virage sera sans doute sociétal mais à droite. Là encore Macorn va promettre sans doute de réguler davantage l’immigration, la sécurité, l’ordre dans les banlieues, la lutte contre la drogue et les incivilités. Des terrains qu’il a plutôt négligés aussi.

Macron: Comme Mitterrand instrumentaliser l’extrême droite

Macron: Comme Mitterrand instrumentaliser l’extrême droite

« Jupitérien » par sa vision d’une présidence incarnée et verticale, Emmanuel Macron s’assume comme l’héritier de son lointain prédécesseur socialiste et de sa conception du pouvoir, analyse, dans une tribune au « Monde », l’historien de la presse Alexis Lévrier.

 

Sur son programme Macron  laisse assez indifférent une très grosse majorité de Français par contre comme Mitterrand il pourra compter sur le rejet de l’extrême droite pour assurer sa victoire. Le rejet des autres comme principal soutien ! De quoi fragiliser la légitimité. NDLR

 

Tribune.

Lancée quelques jours après l’invasion de l’Ukraine, la campagne du candidat Emmanuel Macron ne ressemble évidemment à celle d’aucun président en exercice sous la Ve République. Mais cette situation internationale inédite n’a fait que conforter le chef de l’Etat dans sa pratique du pouvoir comme dans ses choix de communication. Plus que jamais, au moment de s’élancer vers un second mandat, il apparaît ainsi comme l’héritier assumé de François Mitterrand : la référence est même théâtralisée, puisque le président a choisi d’entrer en campagne, comme son prédécesseur en 1988, en publiant une lettre aux Français dans la presse régionale. Surtout, il s’est, lui aussi, déclaré au dernier moment et a tout mis en œuvre pour enjamber l’élection, en limitant autant que possible ses apparitions.

 

De manière plus générale, cette campagne éclair, en surplomb, apparaît comme l’aboutissement d’un quinquennat durant lequel Emmanuel Macron n’a cessé de s’inspirer du premier président socialiste et de sa conception du pouvoir. La dénomination « Jupiter » elle-même, qu’il a revendiquée en 2016 pour théoriser son attachement à une présidence incarnée et verticale, est du reste un emprunt direct à François Mitterrand et à son principal conseiller en communication, Jacques Pilhan.

En toute logique, ce quinquennat « jupitérien » se termine donc comme il a commencé : par une maîtrise extrême de l’image et une raréfaction de la parole du président. Mais un autre lien, moins assumé celui-là, unit le chef de l’Etat à son lointain devancier : mitterrandien, Emmanuel Macron l’a aussi été pendant cinq ans dans sa volonté d’instrumentaliser la place de l’extrême droite dans les médias. Dès le début de son premier septennat, François Mitterrand avait en effet usé de toute son influence pour que le Front National soit davantage représenté à la radio et à la télévision. Comme en témoignent des échanges de courriers officiels en juin 1982, le président était même intervenu auprès de son ministre de la communication, au nom de « l’obligation de pluralisme », pour que Jean-Marie Le Pen soit désormais invité par les chaînes de télévision.

Avant même son élection en 2017, Emmanuel Macron a, lui aussi, noué des liens paradoxaux avec la droite radicale par médias interposés. Des passerelles avec les médias du groupe Bolloré et avec Eric Zemmour ont ainsi été construites dès le début du quinquennat. Le chef de l’Etat a également cultivé des rapports singuliers avec l’équipe de l’hebdomadaire Valeurs actuelles, dont la ligne éditoriale se situe pourtant à l’opposé de ses propres convictions : après avoir reçu à l’Elysée une partie de la rédaction en avril 2019, il a accordé, quelques mois plus tard, dans des conditions privilégiées, un entretien particulièrement complaisant à Louis de Raguenel [rédacteur en chef du journal].

Macron: En même temps de droite…. et de droite !

Macron: En même temps de droite…. et de droite !

 

Un papier de la tribune qui évoque le programme Macron débridé pour un quinquennat à droite toute d’autant plus facilement que la gauche est est à peu près inaudible même sur la cote de Mélenchon remonte. 

 

Et vous, vous êtes plutôt t-shirt kaki Zelensky-style… Ou bien costume sombre chemise blanche cravate atomique à la Poutine ? Ou alors Sweat noir à capuche siglé « CPA 10 » (Commando Parachutiste de l’Air N°10, forces spéciales basées à Orléans) façon Macron ? Tout le truc est dans la barbe (de trois jours), signe d’activité intense et de nuits sans sommeil. Le teint blanc cachet d’aspirine de chaque apparition du président russe inquiète. Le regard en coin du président français veut rassurer, dossier sous le bras entre deux portes, comme un clin d’œil à un Général de Gaulle habillé du même CPA 10, dont tous se revendiquent.

Chef de guerre et candidat, Emmanuel Macron a donc présenté ce jeudi entre deux portes son programme pour « cinq ans de plus à l’Elysée ». Le lendemain, il a parlé avec Poutine, comme chaque vendredi, et travaille à la paix mondiale avec Biden et Xi Jinping… Pas vraiment de temps pour débattre avec ses compétiteurs.

Les jeux de l’Elysée sont-ils faits, vraiment ?, interroge Marc Endeweld dans sa chronique Politiscope, ce vendredi. Pas si sûr. Certes, à plus de 30% au premier tour, le président creuse l’écart et seule Marine Le Pen reste au contact. Mais en filigrane de la guerre, ce qui inquiète les Français, au-delà de la fin du monde, cela reste la fin du mois.

Et si le vent avait déjà commencé à tourner ? Alors que le candidat Macron présente un programme à droite toute, un nouveau front s’ouvre, celui des prix de l’essence. Ce qui profite à Marine Le Pen et surtout à Jean-Luc Mélenchon, dont la dynamique est aussi spectaculaire que l’effondrement de leurs autres compétiteurs, de Valérie Pécresse à à Anne Hidalgo en passant par Eric Zemmour et Yannick Jadot.

A la guerre comme à la guerre, Emmanuel Macron n’a plus de limite. Sans ces tensions internationales, le candidat Macron aurait-il osé proposer l’âge de la retraite à 65 ans et un RSA conditionné à 15 ou 20 heures de formation ou de travail ? On ne le saura jamais sans doute. Valérie Pécresse a beau crier au hold-up, c’est bien une OPA, une Blitzkrieg sur la droite républicaine qu’opère Emmanuel Macron sans coup férir, profitant de la faiblesse historique de la gauche « dite de gouvernement », avec une Hidalgo inaudible dont le score devient inférieur à celui du litre du sans-plomb 95…

Où est passé le « en même temps » de 2017 ? Son centre de gravité s’est juste déplacé à droite toute. Le nouvel équilibre du macronisme, clairement assumé, est hérité de l’expérience du « quoi qu’il en coûte » du Covid : quand la croissance va, on dérégule à fond le marché du travail, on incite, on encourage à reprendre un emploi, en « traversant la rue » s’il le faut ; et quand les temps sont durs, l’Etat redevient protecteur, finance le chômage partiel et soutient massivement les entreprises. L’économie selon Macron reste inspirée par le rapport Attali dont il fut le rapporteur : c’est aide-toi, et si ça va mal, l’Etat te sauvera. Symbole de ce changement, « Pôle Emploi » sera rebaptisé « France Travail ». Pendant que la gauche hurle au démantèlement de toutes les conquêtes sociales du XXème siècle, le candidat Macron promet le plein emploi pour tous dans cinq ans, dans un modèle social à la danoise. Moderne ?

A la guerre comme à la guerre, La France se prépare aussi à s’adapter au choc de la crise géopolitique provoquée par l’invasion de l’Ukraine et les sanctions contre la Russie. Celle-ci pourrait conduire à un choc majeur sur l’offre pétrolière mondiale.

Il faut donc se préparer à se passer durablement du gaz et du pétrole russe. L’Agence internationale de l’énergie en propose le mode d’emploi et la solution qui ne plaira pas à tout le monde s’appelle à court terme la sobriété énergétique. Pour le gaz, il s’agit donc de baisser de quelque degré le chauffage et de mettre pulls et bonnets.

Pour le pétrole, le message de l’AIE est simple : restez plus souvent à la maison et limitez vos déplacements en voiture, ou achetez un vélo (notre chronique de la semaine dernière rappelait cette recommandation de Christine Lagarde déjà en 2007). Pas sûr que la proposition ait beaucoup de succès autour des ronds-points.

C’est donc le retour de la bonne vieille « chasse au gaspi », comme le racontait il y a quelques jours Marine Godelier, notre spécialiste énergie, avec une seule différence : la transition énergétique est engagée. Mais elle est très très en retard. Les plus malins ont déjà des panneaux solaires sur leur toit. Une nouvelle fracture énergétique se prépare dans monde d’après, entre le Nord et le Sud de la France.

close

volume_off

 

Y-a-t-il d’autres solutions ? Remplacer le pétrole par du nucléaire prendra du temps et coûtera un « pognon de dingue ». L’Etat vient de faire un chèque de 2,7 milliards d’euros pour recapitaliser EDF. Et il va falloir sans doute aller bien au-delà pour financer les 25 EPR à venir. Marine Godelier a également exploré les options qui s’offrent et raconte ce que le candidat Macron a en tête, qui ressemble furieusement au projet Hercule de nationalisation de la partie nucléaire civil d’EDF.

Peut-on déconnecter, comme le proposait cet hiver Bruno Le Maire et comme le demandent plusieurs candidats à l’Elysée, dont Marine Le Pen, les prix du gaz et ceux de l’électricité au niveau européen ? Bruxelles y travaille et fera des propositions en mai, avec des marges de manœuvre limitées.

Pour le moment, l’urgence est de gagner du temps d’ici l’hiver prochain, afin de protéger en premier lieu les entreprises les plus intensives en énergie, qui s’inquiète de ne pouvoir passer l’année, à l’exemple de la plateforme chimique Les Roches – Roussillon, qui héberge et mutualise les infrastructures et les services pour une quinzaine d’industriels (dont Elkem, Hexcel, Seqens, Suez, etc) dans le Nord-Isère, raconte Marie Lyan, responsable de notre bureau en AURA.

Tenir, en espérant une désescalade en Ukraine ? Mais aussi se préparer au pire, et notamment au choc inflationniste qui vient. L’appel de Jean Castex au pétrolier TotalEnergies à baisser de 10 centimes les prix à la pompe, pour accompagner la baisse de 15 centimes accordée pour quelques mois par l’Etat, risque de n’être qu’un cautère sur une jambe de bois.

Le choc des prix va bientôt s’étendre aux prix de l’alimentation avec une forte hausse du panier de la ménagère. A peine achevées, sur une hausse déjà prévue de 3% en 2022, les négociations sur les prix alimentaires doivent reprendre et cela risque de faire mal, s’inquiète Giulietta Gamberini.

En France, mais surtout en Afrique où l’absence du blé ukrainien fait redouter à l’ONU « un océan de famines »… En Egypte, écrit La Tribune Afriqueles autorités encadrent pour la première fois le prix du pain, dont le nom signifie aussi en arabe égyptien « la vie ». Le conflit en Ukraine menace donc aussi l’agriculture française et fait des céréales l’autre enjeu géopolitique d’une crise qui est sans doute la première guerre de la transition écologique.

La crise n’est qu’en apparence régionale. Ses répercussions sont d’ores et déjà mondiales, par le jeu des sanctions et de l’affirmation d’un nouvel ordre mondial opposant l’Occident et pour aller vite la Chine et la Russie. C’est la revanche des BRIC (Brésil, Russie, Inde, Chine), cet acronyme inventé par la banque d’investissement américaine Goldman Sachs lorsque l’Occident rêvait d’un monde plat, tel que le décrivait Thomas Friedman, l’éditorialiste du très libéral New York Times.

Combien de temps Poutine peut-il tenir ? Comme l’explique Robert Jules, la Russie a accumulé un trésor de guerre en nous vendant son pétrole et son gaz et tant que l’Europe n’y renoncera pas, elle financera de facto la guerre qu’elle dénonce en Ukraine. En attendant la signature d’un nouveau Yalta et le succès de négociations de paix qui traînent en longueur.

Politique-Quel sens pour les concepts de gauche et de droite en France

Politique-Quel sens pour les concepts de gauche et de  droite en France

 

A la veille d’une nouvelle élection présidentielle, les Français ont-ils toujours des valeurs politiques très clivées ? Par Pierre Bréchon, Auteurs historiques The Conversation France; Bruno Cautrès, Sciences Po et Gilles Ivaldi.

Au cœur de cette campagne présidentielle, complexifiée par l’invasion de l’Ukraine et ses conséquences géopolitiques, de très nombreux articles et commentaires évoquent le brouillage des courants idéologiques au sein des forces politiques françaises. Ils n’en utilisent pas moins des vocables traditionnels tels que centre gauche, centre droit, gauche modérée ou radicale, « droite » des socialistes ou encore la « gauche » des Républicains. Que comprendre dans cette confusion à la fois sémantique mais aussi, parfois, idéologique ?

L’emploi généralisé – et pratique – des vocables de gauche et de droite remonte à un siècle ou deux, comme expliqué dans deux articles pour The Conversation, le premier juste avant l’élection présidentielle de 2017 pour rappeler cette histoire depuis la Révolution française, le second pour montrer que le vocabulaire fonctionnait toujours après l’élection, même si le nouveau président se voulait « ni gauche, ni droite » ou parfois « en même temps » de gauche et de droite.

D’après les enquêtes, les Français pouvaient toujours identifier le positionnement des hommes politiques en utilisant les critères de la gauche et de la droite, et qu’on observait toujours dans l’opinion de forts liens entre les valeurs des citoyens et leur positionnement sur une échelle gauche droite. Par ailleurs, les préférences en termes de politiques publiques sont, elles aussi, fortement marquées par la dimension gauche-droite : les citoyens qui veulent plus de dépenses publiques pour la santé et l’éducation ou qui ne souhaitent pas la réduction du nombre de fonctionnaires sont généralement plus à gauche, et ceux qui veulent plus de dépenses publiques et de moyens pour les politiques de sécurité ou plus de liberté pour les entreprises sont davantage à droite, comme l’ont montré plusieurs vagues l’enquête électorale 2017 du CEVIPOF, notamment les vagues 1 et 12.

Or, dans le même temps, depuis plusieurs décennies, un certain nombre d’observateurs critiquent ce vocabulaire qui, à leurs yeux, ne voudrait plus rien dire. Le sentiment d’une disparition du clivage gauche-droite est renforcé par le fait qu’une partie des électeurs est elle aussi dubitative à l’égard de notions dont elle ne perçoit plus véritablement le sens. Ce paradoxe s’explique assez bien : beaucoup de citoyennes et de citoyens ont l’impression que les gouvernants de droite et de gauche font à peu près les mêmes politiques, alors qu’eux même ont des valeurs assez marquées, soit à droite, soit à gauche.

Qu’en est-il en 2022, à la veille d’une nouvelle élection présidentielle complexifiée par la guerre en Ukraine ? Emmmanuel Macron vient juste d’officialiser sa candidature. Sa lettre aux Français dresse les grandes orientations de sa campagne, sans référence directe à la gauche et à la droite mais en utilisant discrètement des thématiques issues des deux camps, par exemple la lutte contre les inégalités ou l’invitation à la participation citoyenne pour la gauche, travailler plus et continuer la baisse des impôts pour la droite.

Les Français ont-ils toujours des valeurs politiques très clivées ? Quel impact peut avoir le fait que certains candidats, pour attirer davantage d’électeurs, peuvent parfois « brouiller les cartes » en retenant dans leur programme des positions nuancées, les unes renvoyant à des valeurs de droite, les autres à des valeurs de gauche ? L’importance du clivage de valeurs parmi les électeurs peut être analysée grâce aux résultats de deux enquêtes très récentes du Cevipof, le Baromètre de la confiance politique et l’Enquête électorale française.

Tout d’abord, l’enquête électorale mesure le positionnement de chacun sur l’échelle d’orientation politique, qu’on peut comparer aux résultats obtenus en décembre 2016. Dans les deux cas, seule une très faible minorité refuse de se positionner sur l’échelle gauche droite : 7% en 2022 contre 4% cinq ans avant. Les référentiels de la gauche et de la droite continuent donc de faire sens pour la très grande majorité des Françaises et des Français.

Le questionnaire du Baromètre de la Confiance politique récent énonce pour sa part des affirmations politiques renvoyant à des valeurs habituellement clivées entre gauche et droite dans trois domaines privilégiés : l’économie, l’immigration et l’islam, les questions de société. Qu’observe-t-on lorsqu’on considère les réponses de chaque groupe d’identité politique dans chacun de ces domaines ?

Pour l’économie tout d’abord  on voit que certaines affirmations, habituellement considérées comme de gauche – évoquant avec des termes nouveaux des opinions qui rappellent les discours de lutte des classes -, sont largement majoritaires dans l’opinion : pour 73% des répondants, l’économie fonctionne au bénéfice des patrons qui « exploitent » les travailleurs ; pour plus de la moitié (57%) des interviewés, il faudrait prendre aux riches pour donner aux pauvres pour établir la justice sociale.

Mais on trouve aussi des majorités conséquentes pour soutenir des idées économiques libérales, traditionnellement considérées comme de droite : les chômeurs sont suspectés de ne pas véritablement beaucoup chercher du travail par 61% des enquêtés ; il faudrait également réduire le nombre de fonctionnaires pour la moitié des répondants ; il faudrait aussi donner davantage de libertés aux entreprises (58%). La nécessité de se protéger dans un monde incertain et très concurrentiel est, elle, plus disputée -43% pensent que la France devrait se protéger davantage -, de même que le jugement sur l’appartenance de la France à l’Union européenne, qui est jugée positive par 43% des interviewés.

On peut en conclure qu’un certain nombre de Français, tout en étant très critique sur le fonctionnement d’une économie capitaliste, n’en accepte pas moins certains de ses fondements, manifestant non pas des incohérences mais des positions nuancées. On peut vouloir davantage de redistribution sociale tout en acceptant un système libéral.

Cela dit, pour chaque affirmation, on trouve de très fortes différences d’appréciation selon qu’on s’identifie à la gauche ou à la droite de l’échiquier politique, les opinions publiques montrant une certaine proximité avec les idées des candidats. La nécessité de se protéger avec des mesures de préférence nationale et de protectionnisme économique est au cœur des propositions des candidats d’extrême droite, Marine Le Pen et Éric Zemmour ; le discours de type anticapitaliste fait écho aux positions défendues par la gauche radicale de Jean-Luc Mélenchon ou Fabien Roussel ; le discours assez disqualifiant sur les chômeurs renvoie à certains propos polémiques d’Emmanuel Macron, dont le quinquennat a été marqué par la droitisation et par la mise en œuvre de politiques sociales incitatives de teneur libérale.

Ces tendances en fonction de l’échelle gauche droite ne sont cependant pas toujours linéaires. On voit notamment que la droite radicale a des idées parfois plus sociales que la droite modérée, traduisant l’ancrage populaire de son électorat, en particulier celui de Marine Le Pen, par exemple sur le retour à la retraite à 60 ans.

Les affirmations sur l’immigration et l’islam aboutissent à des conclusions semblables. Près de deux tiers des Français jugent qu’il y a trop d’immigrés en France et ont peur de l’islam qui mettrait en danger les valeurs de la République. Dans le même temps, la moitié de la population juge que les immigrés sont une source d’enrichissement culturel, ce qui montre là encore des nuances dans le discours majoritaire.

Ici, le clivage gauche-droite est particulièrement saillant : pour chaque affirmation, les écarts entre gauche et droite sont très importants, montrant que ces questions polarisent fortement les opinions publiques, probablement plus fortement qu’autrefois.

Enfin, sur les questions concernant les problèmes de société, le sentiment général de ne plus se reconnaître dans les valeurs de la société française est majoritaire dans les cinq groupes de positionnement politique, mais cependant beaucoup plus marqué chez les Français s’identifiant à la droite et à l’extrême droite, adeptes des valeurs traditionnelles. Le recours à la procréation médicalement assistée pour les femmes seules et homosexuelles est, on le voit, largement accepté, mais beaucoup plus à gauche qu’à droite. Les réponses sur le rétablissement de la peine de mort sont très partagées mais fortement dépendantes de l’orientation politique des individus (de 26% dans la gauche radicale à 77% à l’autre extrémité de l’axe politique).

 

Au final, les données montrent que le clivage gauche-droite, s’il s’est affaibli au fil du temps et a perdu de sa signification aux yeux d’un nombre important de citoyens, continue de structurer de manière significative les attitudes et les valeurs des Françaises et des Français, dans le domaine économique comme sur les questions culturelles ou les grands enjeux de société.

Pour autant, les marqueurs de gauche et de droite ont évolué et ne recoupent plus nécessairement aujourd’hui les contours de groupes sociaux homogènes, de classe ou de pratique religieuse. Ces évolutions reflètent les changements qui se sont opérés dans les grandes valeurs des Françaises et des Français depuis le début des années 1980 l’individualisation de ces valeurs.

 ______

Par Pierre Bréchon, Professeur émérite de science politique, Sciences Po Grenoble ; Bruno Cautrès, Chercheur en sciences politiques, Sciences Po et Gilles Ivaldi, Chercheur en science politique, Sciences Po.

La version originale de cet article a été publiée sur The Conversation.

Quel sens pour les concepts de gauche et de droite en France

Quel sens pour les concepts de gauche et de  droite en France

 

A la veille d’une nouvelle élection présidentielle, les Français ont-ils toujours des valeurs politiques très clivées ? Par Pierre Bréchon, Auteurs historiques The Conversation France; Bruno Cautrès, Sciences Po et Gilles Ivaldi.

Au cœur de cette campagne présidentielle, complexifiée par l’invasion de l’Ukraine et ses conséquences géopolitiques, de très nombreux articles et commentaires évoquent le brouillage des courants idéologiques au sein des forces politiques françaises. Ils n’en utilisent pas moins des vocables traditionnels tels que centre gauche, centre droit, gauche modérée ou radicale, « droite » des socialistes ou encore la « gauche » des Républicains. Que comprendre dans cette confusion à la fois sémantique mais aussi, parfois, idéologique ?

L’emploi généralisé – et pratique – des vocables de gauche et de droite remonte à un siècle ou deux, comme expliqué dans deux articles pour The Conversation, le premier juste avant l’élection présidentielle de 2017 pour rappeler cette histoire depuis la Révolution française, le second pour montrer que le vocabulaire fonctionnait toujours après l’élection, même si le nouveau président se voulait « ni gauche, ni droite » ou parfois « en même temps » de gauche et de droite.

D’après les enquêtes, les Français pouvaient toujours identifier le positionnement des hommes politiques en utilisant les critères de la gauche et de la droite, et qu’on observait toujours dans l’opinion de forts liens entre les valeurs des citoyens et leur positionnement sur une échelle gauche droite. Par ailleurs, les préférences en termes de politiques publiques sont, elles aussi, fortement marquées par la dimension gauche-droite : les citoyens qui veulent plus de dépenses publiques pour la santé et l’éducation ou qui ne souhaitent pas la réduction du nombre de fonctionnaires sont généralement plus à gauche, et ceux qui veulent plus de dépenses publiques et de moyens pour les politiques de sécurité ou plus de liberté pour les entreprises sont davantage à droite, comme l’ont montré plusieurs vagues l’enquête électorale 2017 du CEVIPOF, notamment les vagues 1 et 12.

Or, dans le même temps, depuis plusieurs décennies, un certain nombre d’observateurs critiquent ce vocabulaire qui, à leurs yeux, ne voudrait plus rien dire. Le sentiment d’une disparition du clivage gauche-droite est renforcé par le fait qu’une partie des électeurs est elle aussi dubitative à l’égard de notions dont elle ne perçoit plus véritablement le sens. Ce paradoxe s’explique assez bien : beaucoup de citoyennes et de citoyens ont l’impression que les gouvernants de droite et de gauche font à peu près les mêmes politiques, alors qu’eux même ont des valeurs assez marquées, soit à droite, soit à gauche.

Qu’en est-il en 2022, à la veille d’une nouvelle élection présidentielle complexifiée par la guerre en Ukraine ? Emmmanuel Macron vient juste d’officialiser sa candidature. Sa lettre aux Français dresse les grandes orientations de sa campagne, sans référence directe à la gauche et à la droite mais en utilisant discrètement des thématiques issues des deux camps, par exemple la lutte contre les inégalités ou l’invitation à la participation citoyenne pour la gauche, travailler plus et continuer la baisse des impôts pour la droite.

Les Français ont-ils toujours des valeurs politiques très clivées ? Quel impact peut avoir le fait que certains candidats, pour attirer davantage d’électeurs, peuvent parfois « brouiller les cartes » en retenant dans leur programme des positions nuancées, les unes renvoyant à des valeurs de droite, les autres à des valeurs de gauche ? L’importance du clivage de valeurs parmi les électeurs peut être analysée grâce aux résultats de deux enquêtes très récentes du Cevipof, le Baromètre de la confiance politique et l’Enquête électorale française.

Tout d’abord, l’enquête électorale mesure le positionnement de chacun sur l’échelle d’orientation politique, qu’on peut comparer aux résultats obtenus en décembre 2016. Dans les deux cas, seule une très faible minorité refuse de se positionner sur l’échelle gauche droite : 7% en 2022 contre 4% cinq ans avant. Les référentiels de la gauche et de la droite continuent donc de faire sens pour la très grande majorité des Françaises et des Français.

Le questionnaire du Baromètre de la Confiance politique récent énonce pour sa part des affirmations politiques renvoyant à des valeurs habituellement clivées entre gauche et droite dans trois domaines privilégiés : l’économie, l’immigration et l’islam, les questions de société. Qu’observe-t-on lorsqu’on considère les réponses de chaque groupe d’identité politique dans chacun de ces domaines ?

Pour l’économie tout d’abord  on voit que certaines affirmations, habituellement considérées comme de gauche – évoquant avec des termes nouveaux des opinions qui rappellent les discours de lutte des classes -, sont largement majoritaires dans l’opinion : pour 73% des répondants, l’économie fonctionne au bénéfice des patrons qui « exploitent » les travailleurs ; pour plus de la moitié (57%) des interviewés, il faudrait prendre aux riches pour donner aux pauvres pour établir la justice sociale.

Mais on trouve aussi des majorités conséquentes pour soutenir des idées économiques libérales, traditionnellement considérées comme de droite : les chômeurs sont suspectés de ne pas véritablement beaucoup chercher du travail par 61% des enquêtés ; il faudrait également réduire le nombre de fonctionnaires pour la moitié des répondants ; il faudrait aussi donner davantage de libertés aux entreprises (58%). La nécessité de se protéger dans un monde incertain et très concurrentiel est, elle, plus disputée -43% pensent que la France devrait se protéger davantage -, de même que le jugement sur l’appartenance de la France à l’Union européenne, qui est jugée positive par 43% des interviewés.

On peut en conclure qu’un certain nombre de Français, tout en étant très critique sur le fonctionnement d’une économie capitaliste, n’en accepte pas moins certains de ses fondements, manifestant non pas des incohérences mais des positions nuancées. On peut vouloir davantage de redistribution sociale tout en acceptant un système libéral.

Cela dit, pour chaque affirmation, on trouve de très fortes différences d’appréciation selon qu’on s’identifie à la gauche ou à la droite de l’échiquier politique, les opinions publiques montrant une certaine proximité avec les idées des candidats. La nécessité de se protéger avec des mesures de préférence nationale et de protectionnisme économique est au cœur des propositions des candidats d’extrême droite, Marine Le Pen et Éric Zemmour ; le discours de type anticapitaliste fait écho aux positions défendues par la gauche radicale de Jean-Luc Mélenchon ou Fabien Roussel ; le discours assez disqualifiant sur les chômeurs renvoie à certains propos polémiques d’Emmanuel Macron, dont le quinquennat a été marqué par la droitisation et par la mise en œuvre de politiques sociales incitatives de teneur libérale.

Ces tendances en fonction de l’échelle gauche droite ne sont cependant pas toujours linéaires. On voit notamment que la droite radicale a des idées parfois plus sociales que la droite modérée, traduisant l’ancrage populaire de son électorat, en particulier celui de Marine Le Pen, par exemple sur le retour à la retraite à 60 ans.

Les affirmations sur l’immigration et l’islam aboutissent à des conclusions semblables. Près de deux tiers des Français jugent qu’il y a trop d’immigrés en France et ont peur de l’islam qui mettrait en danger les valeurs de la République. Dans le même temps, la moitié de la population juge que les immigrés sont une source d’enrichissement culturel, ce qui montre là encore des nuances dans le discours majoritaire.

Ici, le clivage gauche-droite est particulièrement saillant : pour chaque affirmation, les écarts entre gauche et droite sont très importants, montrant que ces questions polarisent fortement les opinions publiques, probablement plus fortement qu’autrefois.

Enfin, sur les questions concernant les problèmes de société, le sentiment général de ne plus se reconnaître dans les valeurs de la société française est majoritaire dans les cinq groupes de positionnement politique, mais cependant beaucoup plus marqué chez les Français s’identifiant à la droite et à l’extrême droite, adeptes des valeurs traditionnelles. Le recours à la procréation médicalement assistée pour les femmes seules et homosexuelles est, on le voit, largement accepté, mais beaucoup plus à gauche qu’à droite. Les réponses sur le rétablissement de la peine de mort sont très partagées mais fortement dépendantes de l’orientation politique des individus (de 26% dans la gauche radicale à 77% à l’autre extrémité de l’axe politique).

 

Au final, les données montrent que le clivage gauche-droite, s’il s’est affaibli au fil du temps et a perdu de sa signification aux yeux d’un nombre important de citoyens, continue de structurer de manière significative les attitudes et les valeurs des Françaises et des Français, dans le domaine économique comme sur les questions culturelles ou les grands enjeux de société.

Pour autant, les marqueurs de gauche et de droite ont évolué et ne recoupent plus nécessairement aujourd’hui les contours de groupes sociaux homogènes, de classe ou de pratique religieuse. Ces évolutions reflètent les changements qui se sont opérés dans les grandes valeurs des Françaises et des Français depuis le début des années 1980 l’individualisation de ces valeurs.

______

Par Pierre Bréchon, Professeur émérite de science politique, Sciences Po Grenoble ; Bruno Cautrès, Chercheur en sciences politiques, Sciences Po et Gilles Ivaldi, Chercheur en science politique, Sciences Po.

La version originale de cet article a été publiée sur The Conversation.

 

Pierre Bréchon, Bruno Cautrès et Gilles Ivaldi 

Société : Les Français de plus en plus à droite ?

Société : Les Français de plus en plus à droite ?

 

Ce qui est évident, c’est que les Français votent de plus en plus pour la droite et l’extrême droite. De là à conclure que les français se situent idéologiquement à droite y a un pas à franchir. En effet ce qui explique d’abord le vote très majoritaire à droite c’est la défaillance complète des partis de gauche complètement éclatés dans un nombre de familles incalculables et qui ont tellement déçu depuis plus de 20 ans avec un discours très radical lors des campagnes électorales et une gestion finalement assez semblable aux partis qui les ont précédés.

C’est parce que la gauche est complètement discréditée en ce moment que la droite progresse. Pour preuve la majorité des Français n’adhère pas au libéralisme économique. C’est pourtant ce qui d’un point de vue idéologique caractérise une adhésion politique à la droite ( avec le libéralisme politique). La vérité sans doute c’est que les Français sont très partagés sur de nombreux sujets et qu’il est difficile de les identifier à travers une case politique bien précise.

Après une crise sanitaire et un quinquennat mené par un président de la République ayant fait ses gammes à gauche, les Français se positionnent de plus en plus à droite politiquement. C’est le constat que dresse une étude menée par OpinionWay pour le Cevipof, centre de recherches politiques rattaché à Sciences Po, réalisée entre le 23 décembre 2021 et le 10 janvier 2022 et dévoilée  dans le Figaro.

Ce « baromètre de la confiance politique », mené depuis 2009, établit qu’actuellement, 32% des Français se classent politiquement à droite, et 11% à l’extrême droite. De l’autre côté de l’échiquier politique, 17% se disent de gauche et 6% se placent à l’extrême gauche. Enfin, 14% s’estiment au centre, quand 20% ne se prononcent pas.

Des résultats, qui ramenés à ceux de 2017, viennent témoigner du basculement à droite d’une partie des Français. Il y a cinq ans, 26% d’entre eux se disaient de droite. Soit six points de moins qu’actuellement.

De même, la part de Français se situant à l’extrême droite a grimpé de quatre points sur la même période, passant de 7% en 2017 à 11% aujourd’hui. Le phénomène s’est accru ces derniers mois. Alors que la part se plaçant à l’extrême droite était retombée à 7% en février 2021, elle a connu une importante remontée en un an. Les résultats de l’étude sont toutefois contradictoires.

En effet, les résultats de l’enquête menée par OpinionWay pour le Cevipof témoignent d’un paradoxe. Bien qu’ils se positionnent plus à droite qu’il y a cinq ans, les Français sont en parallèle plus que jamais hostile au libéralisme économique.

73% d’entre eux pensent que « l’économie actuelle profite aux patrons aux dépens de ceux qui travaillent », et 57% jugent que « pour établir la justice sociale, il faudrait prendre aux riches pour donner aux pauvres ».

De même, concernant les questions de société, 61% des Français estiment que « la procréation médicalement assistée (PMA) est une bonne chose pour les femmes seules ou homosexuelles ». Tout en étant 63% à juger qu’ »il y a trop d’immigrés en France ».

Difficile donc d’y voir clair, d’autant que 39% des sondés disent souhaiter voir à la tête du pays « un homme fort qui n’a pas à se préoccuper du Parlement ou des élections », soit une dictature, et 27% une junte militaire.

Politique Les Français de plus en plus à droite ?

Politique Les Français de plus en plus à droite ?

 

Ce qui est évident, c’est que les Français votent de plus en plus pour la droite et l’extrême droite. De là à conclure que les français se situent idéologiquement à droite y a un pas à franchir. En effet ce qui explique d’abord le vote très majoritaire à droite c’est la défaillance complète des partis de gauche complètement éclatés dans un nombre de familles incalculables et qui ont tellement déçu depuis plus de 20 ans avec un discours très radical lors des campagnes électorales et une gestion finalement assez semblable aux partis qui les ont précédés.

C’est parce que la gauche est complètement discréditée en ce moment que la droite progresse. Pour preuve la majorité des Français n’adhère pas au libéralisme économique. C’est pourtant ce qui d’un point de vue idéologique caractérise une adhésion politique à la droite ( avec le libéralisme politique). La vérité sans doute c’est que les Français sont très partagés sur de nombreux sujets et qu’il est difficile de les identifier à travers une case politique bien précise.

Après une crise sanitaire et un quinquennat mené par un président de la République ayant fait ses gammes à gauche, les Français se positionnent de plus en plus à droite politiquement. C’est le constat que dresse une étude menée par OpinionWay pour le Cevipof, centre de recherches politiques rattaché à Sciences Po, réalisée entre le 23 décembre 2021 et le 10 janvier 2022 et dévoilée  dans le Figaro.

Ce « baromètre de la confiance politique », mené depuis 2009, établit qu’actuellement, 32% des Français se classent politiquement à droite, et 11% à l’extrême droite. De l’autre côté de l’échiquier politique, 17% se disent de gauche et 6% se placent à l’extrême gauche. Enfin, 14% s’estiment au centre, quand 20% ne se prononcent pas.

Des résultats, qui ramenés à ceux de 2017, viennent témoigner du basculement à droite d’une partie des Français. Il y a cinq ans, 26% d’entre eux se disaient de droite. Soit six points de moins qu’actuellement.

De même, la part de Français se situant à l’extrême droite a grimpé de quatre points sur la même période, passant de 7% en 2017 à 11% aujourd’hui. Le phénomène s’est accru ces derniers mois. Alors que la part se plaçant à l’extrême droite était retombée à 7% en février 2021, elle a connu une importante remontée en un an. Les résultats de l’étude sont toutefois contradictoires.

En effet, les résultats de l’enquête menée par OpinionWay pour le Cevipof témoignent d’un paradoxe. Bien qu’ils se positionnent plus à droite qu’il y a cinq ans, les Français sont en parallèle plus que jamais hostile au libéralisme économique.

73% d’entre eux pensent que « l’économie actuelle profite aux patrons aux dépens de ceux qui travaillent », et 57% jugent que « pour établir la justice sociale, il faudrait prendre aux riches pour donner aux pauvres ».

De même, concernant les questions de société, 61% des Français estiment que « la procréation médicalement assistée (PMA) est une bonne chose pour les femmes seules ou homosexuelles ». Tout en étant 63% à juger qu’ »il y a trop d’immigrés en France ».

Difficile donc d’y voir clair, d’autant que 39% des sondés disent souhaiter voir à la tête du pays « un homme fort qui n’a pas à se préoccuper du Parlement ou des élections », soit une dictature, et 27% une junte militaire.

« La France est à gauche mais vote à droite »

« La France est à gauche mais  vote à droite »

 

La campagne présidentielle se joue principalement à droite ; pourtant, les Français sont plus démocrates et « plus à gauche qu’on ne le dit », explique, dans une tribune au « Monde », le sociologue Roger Sue.

 

Une tribune intéressante mais qui hésite sur l’analyse entre la posture protestataire et la demande de participation ; en clair, entre le gauchisme et la social-démocratie NDLR

 

 

Qui sortira vainqueur de la présidentielle ? Nul ne peut le dire. En revanche, on sait que la décision se fera entre la droite et la droite sur fond de radicalité. Le diagnostic des sondeurs et de la plupart des commentateurs politiques est sans appel : une France de droite, tentée par ses extrêmes, qui doute de la démocratie. 

Il faut y regarder de plus près. Et ne pas confondre la réalité sociologique des Français avec ses représentations tant sondagières, médiatiques que politiques. Les indices visibles du progrès des valeurs de la démocratie ne manquent pas : tolérance LGBT, mariages homosexuels, record des mariages interethniques et de l’assimilation des étrangers, mouvements féministes, sensibilité accrue aux inégalités et injustices, attachement à la devise républicaine, etc.

Ces indices traduisent de profonds mouvements de démocratisation souvent mal perçus et compris, autour de l’individualité, de l’égalité et de l’expressivité.

Sentiment croissant d’égalité

L’individualisation n’a pas bonne presse en politique. Qu’on la présente comme opposée à la socialisation et au civisme ou qu’on la réduise à la seule figure de l’homo economicus. En oubliant que la démocratie naît de la reconnaissance de l’individu dégagé du carcan communautaire. La démocratisation est intimement liée au processus d’émancipation de l’individu et à sa capacité d’autodétermination qui le qualifient comme citoyen libre. Loin de s’opposer à la socialisation, l’individualisation la suppose. L’individualisation contemporaine est relationnelle. Elle multiplie les réseaux, les associations formelles et informelles, les regroupements en tout genre. Avec Internet, elle instaure une sorte de communication permanente mêlant l’individuel et le collectif.

Cette individualisation entraîne une autre vertu démocratique : l’entrée dans un nouvel âge de l’égalité. Valeur cardinale de la démocratie s’il en est, surtout à gauche. Non plus l’égalité des individus par la similarité et l’avoir, mais une égalité autrement exigeante par la singularité de l’être particulier. Au-delà de toute condition, appartenance ou identité, chacun se ressent de plus en plus l’égal de l’autre par son « originalité » propre. Ce sentiment croissant d’égalité de chacun recèle un potentiel démocratique révolutionnaire qui exerce une influence directe sur nos sociétés statutaires et inégalitaires.

Valeurs démocratiques partagées

Ces nouveaux habits de l’individualité et de l’égalité appellent également un fort désir de reconnaissance, de manifestation et d’expression, pour ne pas dire de participation. Nous sommes dans une société de la communication qui déborde largement les médias où chacun pense avoir son mot à dire. Pas seulement dans les réseaux sociaux. Mais aussi de plus en plus par voie associative, ou lors de manifestations sur la voie publique et les ronds-points, par le soutien au personnel médical, dans les mouvements citoyens, etc.

Sondage « spécial » JDD: les jeunes pour Macron et l’extrême droite !

 

Sondage très ambigu comme d’habitude de la part du JDD qui titre que les jeunes de 18 à 20 ans se prononceront de manière privilégiée pour Macron, Le Pen et Zemmour mais qui indique en même temps que le taux d’abstention sera majoritaire

à 60 %.
Du coup l’interprétation du sondage de l’IFOP par le JDD doit être prise avec des pincettes.

D’après un sondage Ifop réalisé auprès de 1.000 Français âgés de 18 à 30 ans Environ 60 % comptent s’abstenir . « L’abstention est perçue comme un comportement électoral », analyse Frédéric Dabi, directeur général de l’Ifop. Avant de poursuivre : « C’est une rupture dans la cinquième République. »

 

Cinq ans plus tôt, leur motivation était pourtant intacte : 68% des 18-24 ans comptaient se rendre aux urnes au premier tour de l’élection présidentielle de 2017. Désormais, les primo-votants s’avouent les plus sceptiques : 63% des 18-20 ans envisagent de s’abstenir l’année prochaine. Comme si voter n’était plus si utile… « A quoi bon se déplacer puisque les politiques ne changent pas ma vie? interprète Frédéric Dabi. Cette crise sans fin, avec la reprise épidémique, fait plonger le moral des jeunes. » En un an, leur confiance en l’avenir s’est étiolée. Un sur deux se dit optimiste au regard de sa situation personnelle (62% en octobre 2020). Et un sur deux s’avoue pessimiste (38% en octobre 2020).

 

Le tiercé gagnant Pour le JDD qui ne sait pas qui va voter: Macron (25% des intentions de vote), Marine le Pen (20%). Et Eric Zemmour (12%). Anne Hidalgo (Parti socialiste) ne recueille que 5%, Yannick Jadot (Europe Écologie-Les Verts), 8%.… Avec 10%, Valérie Pécresse (Les Républicains) possède un socle non négligeable, plus important que celui de François Fillon en 2017.

Fut une époque où l’on cherchait à transgresser les penchants électoraux de sa famille. Aujourd’hui, la tendance est à les épouser. « Il y a une perte de singularité du vote jeune, qui s’homogénéise avec celui des autres Français, observe Dabi. Le bloc de droite nationale concentre 32,5% des voix en moyenne, et 34% chez les jeunes. »

 

Les services publics et la droite »( Philippe Juvin)

Les  services publics et la droite: Pour une nouvelle réflexion »( Philippe Juvin)

 

« Par idéologie, la droite et la gauche se sont souvent caricaturées. La droite, en prétendant imiter un système privé idéalisé. La gauche, en définissant le bon service public comme celui qui embauche le plus sans se soucier du service final rendu » Dans l‘Opinion (extrait)

Par Philippe Juvin ,candidat à la primaire de la droite, maire LR de La Garenne-Colombes et chef des urgences de l’hôpital Pompidou (Paris).

 

Pendant la crise sanitaire, j’ai vu la paupérisation du système de santé. Cette paupérisation touche en fait tous nos services publics. Les parents d’élèves se refilent sous le manteau les noms des bons établissements et fuient les mauvais, les maires voient leurs bureaux de poste fermer, on m’appelle tous les jours au secours pour trouver un médecin, et la majorité des infractions pénales sont classées sans suite.

Mais il y a un paradoxe : les services publics se dégradent alors que notre dépense publique est la plus élevée des pays développés, et que plus d’un actif sur cinq est un agent public. C’est comme si, en matière de services publics, les Français n’en avaient plus pour leur argent. Si nous rénovons et réarmons les services publics, cela devra donc être sans creuser le déficit et la dette, et sans prélever davantage d’impôts.

Par idéologie, la droite et la gauche se sont souvent caricaturées sur les services publics. La droite, en prétendant hier supprimer 500 000 fonctionnaires et imiter un système privé idéalisé, et en faisant de la fin du statut de la fonction publique l’alpha et l’oméga de toute réflexion. La gauche, en définissant le bon service public comme celui qui embauche le plus sans se soucier du service final rendu, le mot même de « résultat » étant suspect.

Nous parlerons ici autant de services au public que de services publics. Parvenir à trouver un médecin traitant n’est pas à proprement parler un service public, mais un service au public. Ce qui compte est la qualité du service rendu. La nature juridique du prestataire (public ou privé) et de ses agents (fonctionnaires ou non) est secondaire. Dans ma commune, je parviens à proposer une place de crèche à 70 % des parents qui le demandent grâce à une collaboration public-privé. Certaines crèches municipales sont gérées par des sociétés privées que nous rémunérons et contrôlons. Un berceau y coûte 3 500 euros par an à la commune pendant que le même berceau géré en régie nous coûte 5 000 euros par an. A aucun moment les parents ne voient la différence.

Chaque chargé de service public rendra compte au citoyen de façon simple et claire. On sait par exemple que 15 % des élèves de sixième ne maîtrisent pas le français ? Les écoles publiques et privées rendront publique la proportion de leurs élèves qui maîtrisent la lecture et le calcul en fin de CM2. On sait que les sujets âgés victimes d’une fracture du col du fémur meurent plus souvent si on perd 48 heures avant de les opérer ? Les hôpitaux et cliniques publieront la proportion de leurs patients opérés après 48 heures. Et ainsi de suite avec tous les acteurs chargés d’un service public. L’idée n’est pas de sanctionner : il n’y aura aucune conséquence sur les financements et les postes. Mais la simple publication des données incitera les acteurs à s’améliorer car nul ne veut paraître moins efficace que son voisin.

Le deuxième pilier du réarmement des services publics consistera à leur redonner massivement des moyens humains. Nous ne pouvons pas faire autrement tellement manquent des postes en certains endroits. En cinq ans, nous basculerons le budget de 200 000 emplois administratifs ou de back-office vers des emplois au contact direct avec le terrain. Dans les hôpitaux publics, il y avait en 2014, 98 599 équivalents temps plein (ETP) de médecins et 96 216 ETP d’administratifs. Presque un médecin pour un administratif ! Sans compter les ministères et agences de toute nature.

En revenant au niveau moyen de l’OCDE, nous pourrions déplacer 100 000 emplois vers des postes de soignants. Dans l’Education nationale, 300 000 personnes occupent des tâches administratives et de soutien, contre 800 000 qui enseignent effectivement devant les élèves. Là encore, nous pouvons regagner des marges de manœuvre. Pendant cinq ans, toutes les créations de postes seront dédiées aux services directement au contact du public : soignants, policiers, enseignants, magistrats, militaires d’active. Les fonctionnaires qui le souhaitent pourront aussi augmenter leur temps de travail de 35 à 37 heures hebdomadaires avec augmentation de salaire en conséquence. Nous créerons ainsi l’équivalent de plusieurs dizaines de milliers de postes. Nous déplafonnerons le nombre d’heures supplémentaires volontaires qui seront défiscalisées.

Le troisième pilier de rénovation des services publics reposera sur l’autonomie, et un nouvel acte de décentralisation. A Valenciennes, l’hôpital a joué la carte de l’autonomie des services. Résultat : l’établissement est à l’équilibre financier et son offre de soins est d’une très grande qualité, tout en appliquant la loi et les statuts actuels. Plus les acteurs publics sont autonomes, plus ils sont efficaces. Pour recruter leur personnel, définir une offre nouvelle, créer des partenariats, trouver des sources de financement complémentaires, les agents publics ne devront plus en référer à des tutelles ministérielles. Cette autonomie concernera aussi les élus locaux avec un nouvel acte de décentralisation qui transférera massivement des compétences aux communes et aux régions.

Le quatrième pilier du renouveau des services publics consistera à permettre aux citoyens de s’impliquer dans tous les aspects de la vie publique de proximité. Qui contesterait que les Restos du cœur, créés par de simples individus, rendent un véritable service public ? Comme maire, tous les jours, je constate le bénéfice collectif que l’on tire de permettre aux individualités d’agir seules ou à plusieurs, via une association, un regroupement de citoyens intéressés, une entreprise ou un comité de quartier. Nous favoriserons cela. En Grande-Bretagne, parents d’élèves et enseignants sont libres de fonder des écoles jouissant de l’autonomie pédagogique et de la liberté d’embauche et de rémunération des professeurs à condition de respecter les programmes nationaux. Nous y ajouterons le respect de la laïcité et de l’égalité filles-garçons. Résultat, le niveau général a augmenté, et 84 % de ces écoles sont considérées comme « bonnes ou exceptionnelles ». Ces « free schools » ont remis l’ascenseur social en route puisque 48 % ont été ouvertes à destination de populations défavorisées.

Cinquième pilier : nous lancerons un plan de rénovation de nos équipements. Nos infrastructures se dégradent. Selon le Sénat en 2019, 25 000 ponts étaient en mauvais état structurel et posaient des problèmes de sécurité. La moitié de nos gares sont dégradées. Pendant trois ans, la totalité des crédits d’équipement de l’Etat seront fléchés vers ces travaux de rénovation, incluant la rénovation énergétique.

Sixième pilier : la simplification des administrations, de leurs organisations et de leurs procédures. La bureaucratie est la première ennemie du service public : elle absorbe des moyens au détriment des missions de terrain, elle complexifie le travail des agents et décourage l’initiative. Combien d’administrations travaillent exclusivement à la vérification d’autres administrations ? Bien trop. Nous abolirons le contrôle systématique de légalité de l’Etat sur les collectivités locales et la séparation entre ordonnateur et payeur. Nous abolirons les doublons : tout service public décentralisé verra son administration centrale supprimée. Au niveau individuel, les taches seront redéfinies avec le souci d’utiliser la bonne personne au bon endroit. Est-il normal qu’on affecte des policiers pour établir des procurations ou surveiller des sous-préfectures inutiles, et des médecins Bac +12 pour coder l’activité des hôpitaux ?

Une droite moderne doit défendre les services publics. Pas par idéologie ou démagogie. Mais à la fois parce que leur paupérisation aggrave le sentiment d’abandon de la population, et parce que l’éducation, les soins, la sécurité, les transports sont les conditions de la prospérité. Pour sauver les services publics, la droite doit cesser de les penser de façon poussiéreuse avec ses vieux schémas d’imitation du privé ou de remise en cause des statuts.  On n’attendait pas la droite sur la modernisation services publics ? Il nous suffit de décider que l’époque a changé et que le moment est venu de mettre fin à cette anomalie.

Philippe Juvin est candidat à la primaire de la droite, maire LR de La Garenne-Colombes et chef des urgences de l’hôpital Pompidou (Paris).

Sondage Présidentielle : la primaire de la droite est facteur de division

Sondage Présidentielle : la primaire de la droite est facteur de division

Selon un sondage Odoxa Backbone-Consulting réalisé pour Le Figaro, 53% des Français sont contre le système de primaires envisagées par le parti républicain. Les  Français considèrent que la primaire est surtout une opération de communication est l’occasion d’une perte de temps .

Beaucoup craignent que la primaire soit vecteur de divisions (70% ; 72%). D’autres encore voient dans cette démarche une pure opération de communication (62% ; 55%), voire même «une perte de temps» (53% ; 48%).

Dans ce contexte, la posture de Xavier Bertrand est saluée. À plusieurs reprises, le président ex-LR des Hauts-de-France et candidat à la présidentielle a refusé de prendre part au processus de départage. «La primaire (…) a été source de divisions, et la fois dernière, tous ceux qui sont passés par une primaire ont été éliminés lors du premier tour de l’élection», a-t-il encore déclaré mardi soir sur le plateau de TF1. Sa position est récompensée, puisque l’élu bénéficie du soutien d’un Français sur deux. 54% des sympathisants de la droite et du centre, dont 56% des LR, sont du même avis.

 

12345...11



L'actu écologique |
bessay |
Mr. Sandro's Blog |
Unblog.fr | Annuaire | Signaler un abus | astucesquotidiennes
| MIEUX-ETRE
| louis crusol