France: La drogue dans toutes les villes
De l’ordre de 4000 points de vente repérés en France mais dans la réalité on pourrait en compter au moins le double puisque toutes les villes mêmes petites sont désormais concernées par la drogue, même en milieu rural. Les moyens de lutte ne sont évidemment pas à la hauteur de l’enjeu et des opérations dites XXL de Darmanin sont rapidement annulées par la mise en place d’autres réseaux.
« Aucun territoire n’est épargné. Il y a des consommateurs partout donc il y a des points de vente partout », confirme Stéphanie Cherbonnier, la patronne de l’Ofast, l’office anti-stupéfiants créé en 2019. »Il y a de la drogue partout », appuie la colonelle Marie-Laure Pezant, porte-parole de la gendarmerie. « Il faut avoir en tête que le trafic n’est pas que sur un quartier, il a une ramification qui est nationale, internationale. » Sur la zone contrôlée par la gendarmerie, qui inclut les villes de moins de 20.000 habitants.
Devant la commission d’enquête du Sénat sur le narcotrafic, le magistrat François Molins a insisté sur cette expansion du trafic de drogue sur l’ensemble du territoire. « Quand j’étais au conseil supérieur de la magistrature, ma surprise a été de constater que des procureurs, qui étaient proposés pour exercer des fonctions dans des zones rurales et dans les petits tribunaux – je pense à Aurillac, Brive – venaient nous dire que le trafic de stupéfiant était le problème numéro 1 de la zone dans laquelle ils allaient exercer », s’est souvenu ce mercredi l’ex-procureur de la République de Paris et ex-procureur général près de la cour de Cassation.
« Les zones rurales étaient des zones de consommation, des zones de rebond pour les trafiquants et de mise au vert, aujourd’hui, c’est aussi une zone de chalandise », détaille le sénateur PS Jérôme Durain qui préside cette commission qui multiplie les auditions avant la remise de son rapport le 14 mai prochain.
Et qui dit implantation de trafic, dit arrivée d’une criminalité qui jusqu’alors n’était pas observée comme les règlements de compte. A
« Aujourd’hui, nous constatons qu’il y a davantage de conduites après usage de stupéfiants que de conduites sous l’emprise d’alcool », illustre son collègue magistrat, Frédéric Chevallier.
La consommation de la cocaïne dans les petites et moyennes villes en est le parfait exemple. Il y a quelques semaines, le Premier ministre Gabriel Attal parlait de « tsunami blanc » alors que les zones rurales étaient jusqu’alors réservées à la cannabiculture ou pour accueillir des laboratoires de transformation. « La cocaïne tend à se banaliser dans les villes comme dans le milieu rural », estime le procureur de Rennes. « Il y a une typologie de consommateurs que l’on ne connaissait pas il y a des dizaines d’années. »
« Aujourd’hui, les jeunes achètent de la coke comme ils achètent une bouteille de vin », constate pour sa part Vincent, policier à Vannes.
Au-delà de la consommation, les zones rurales, les petites villes et les zones portuaires sont aussi des points de passage de la drogue en provenance de l’Espagne, du Maroc, des Pays-Bas ou de la Belgique. « Nous travaillons sur le contrôle de flux, la marchandise bouge, il y a des contrôles sur les routes, les gares routières, dans les gares ferroviaires », développe le procureur de Rennes, qui a dans son giron le port de Saint-Nazaire par où transite de plus en plus la poudre blanche venue d’Amérique du Sud.