Energies-Gaz et pétrole : réduire drastiquement la consommation en Europe
Face à l’augmentation des risques pour la sécurité énergétique, les gouvernements européens doivent cesser de subventionner le pétrole et le gaz et demander aux citoyens de consommer moins, estime, dans une tribune au « Monde », l’économiste Simone Tagliapietra.
La décision de la Russie de couper l’approvisionnement en gaz naturel de la Pologne et de la Bulgarie marque une escalade sérieuse dans la tentative russe de se servir de l’énergie comme arme contre l’Europe. D’autres interruptions pourraient bientôt avoir lieu, transformant en réalité ce qui, jusqu’à présent, n’était qu’un scénario catastrophe théorique pour l’Europe.
Face à cette situation qui se détériore rapidement, les gouvernements européens doivent enfin prendre au sérieux la réduction de la demande de pétrole et de gaz et prendre deux mesures : cesser de subventionner le pétrole et le gaz de manière universelle et demander aux gens de consommer moins. Bien que politiquement difficiles, ces deux mesures sont désormais nécessaires de toute urgence, tant du point de vue de la sécurité énergétique que des finances publiques, et ne peuvent plus être reportées.
Car l’Europe doit s’atteler sérieusement à réduire sa consommation de pétrole et de gaz. Depuis le début de la crise énergétique en Europe à l’été 2021, les gouvernements européens ont fortement subventionné la consommation de pétrole et de gaz, par le biais d’une grande variété d’interventions allant des subventions directes aux réductions d’impôts. Initialement conçues pour apporter une solution rapide à ce qui était censé n’être qu’un problème temporaire de prix élevés de l’énergie, ces mesures sont désormais devenues structurelles et beaucoup plus importantes.
Depuis septembre 2021, de grands pays européens comme l’Allemagne, la France, l’Italie et l’Espagne ont dépensé chacun environ 20 à 30 milliards d’euros pour faire baisser artificiellement les factures de gaz et d’électricité, ainsi que les prix de l’essence et du diesel. D’aussi importantes subventions du pétrole et du gaz ne sont pas seulement insoutenables du point de vue des finances publiques. Elles sont également préjudiciables du point de vue de la géopolitique et de la sécurité énergétique, sans parler de l’environnement.
Comme l’Europe importe 40 % de son gaz et 25 % de son pétrole de Russie, il s’agit essentiellement de subventions à M. Poutine.