Réduction du déficit de la France : doutes l’agence de notation Moody’s
Les nouvelles notations par les agences de la situation financière de la France interviendront à partir d’avril. Au gouvernement et dans les institutions on s’agite pour savoir si le pays pourra ou non conserver sa note actuelle. Cela paraît peu vraisemblable au regard des doutes déjà émis par l’agence de notation Moody’s qui considère que la réduction des déficits annoncés en France paraît assez improbable.
« Improbable ». C’est le terme employé par l’agence de notation Moody’s à propos de l’objectif de la France de réduire le déficit public à 2,7% d’ici 2027. Et ce, depuis l’annonce d’un dérapage du déficit à 5,5% du PIB (Produit intérieur brut) en 2023. Aux yeux de l’agence de notation, une telle dégradation du déficit public « rend improbable » la tenue, par le gouvernement, de son objectif de réduction du déficit, « tel qu’il le prévoit dans son plan budgétaire à moyen terme présenté en septembre », précise Moody’s dans un communiqué ce mercredi.
. Le déficit public de 2023 s’est ainsi établi à « 154,0 milliards d’euros, soit 5,5 % du produit intérieur brut (PIB), après 4,8 % en 2022 et 6,6 % en 2021 ». « Ce chiffre marque une dégradation de 15,8 milliards d’euros par rapport aux dernières prévisions », a indiqué sur le réseau X le ministre délégué aux Comptes publics, Thomas Cazenave.
La dette publique française atteint, elle, 110,6% du PIB fin 2023, a précisé l’Institut national de la statistique et des études économiques mardi. C’est moins qu’en 2022, où elle s’affichait à 111,9%, mais presque un point de pourcentage au dessus de la prévision du gouvernement (109,7%).
L’agence de notation estime que les 10 milliards d’économies supplémentaires en 2024 sont insuffisantes pour « remettre le gouvernement sur la trajectoire » budgétaire prévue. Pire, pour parvenir à ces 3% de déficit public d’ici 2027, la Cour des comptes évoque 50 milliards d’économie d’ici la fin du quinquennat de Macron. L’OFCE évoque, de son côté, un effort de 70 à 80 milliards d’euros.
A tout le moins, il faudra donner des gages avant le couperet des agences de notation : Fitch et Moody’s le 26 avril, et surtout S&P le 31 mai. Une dégradation de la note de la France pourrait entraîner une hausse des taux d’intérêt auxquels le gouvernement se refinance sur les marchés et rendre plus difficile la gestion de la dette.
D’autant que Moody’s s’attend également à ce que le niveau de la dette publique remonte « lentement » à partir de 2024, exposant le pays à des coûts liés aux intérêts « jamais vus en plus de 20 ans ». Déjà selon le gouvernement, la France devrait dépenser plus de 74 milliards d’euros en 2027 pour rembourser les intérêts de sa dette, contre 38,6 milliards en 2023.