Le double discours des écolos politisés.
La tribune de Gil Rivière-Wekstein, fondateur et rédacteur de la revue « Agriculture & Environnement » et auteur de nombreux ouvrages
Lors du Conseil des ministres du 21 juin, le gouvernement a prononcé la dissolution du collectif Les Soulèvements de la Terre (SLT) au motif que « sous couvert de défendre la préservation de l’environnement », celui-ci « incite à la commission de sabotages et dégradations matérielles, y compris par la violence ». Du sabotage de la cimenterie Lafarge de Provence en décembre 2022 à la manifestation sous tension du 17 juin 2023 contre la ligne ferroviaire Lyon-Turin, en passant par les affrontements avec les forces de l’ordre à Sainte-Soline (Deux-Sèvres) en mars dernier, la violence est en effet devenue une composante essentielle de la stratégie de la nébuleuse écologiste. Tribune dans l’Opinion
Rongés par l’éco-anxiété, les activistes de sa faction la plus radicale en sont arrivés à la conclusion que les voies institutionnelles et les méthodes classiques de protestation étaient inefficaces pour imposer la société anticapitaliste décroissante à laquelle ils aspirent. Aussi des actions violentes ont-elles été annoncées pour tout cet été, prenant pour cible non seulement le monde agricole, mais aussi de nombreuses entreprises telles que Veolia, Suez, SAUR, Danone, STMicroelectronics, Bunge, ou encore Eurovia, Colas et TELT. « Couper l’eau aux accapareurs, mettre des terrains de golf hors d’état de nuire, démanteler des mégabassines, squatter les piscines des ultra-riches ou les bureaux climatisés des assureurs, casseroler les décideurs », projette le collectif sur Twitter.
Ces actions n’ont suscité aucune condamnation de la part des principaux acteurs de la mouvance écologiste, alors qu’ils ne cessent de répéter qu’ils refusent la violence. C’est le cas de Véronique Marchesseau, la secrétaire générale de la Confédération paysanne, qui a déclaré : « On assume la désobéissance civile, mais pas la violence. » Ou encore de Marine Tondelier, secrétaire nationale d’Europe Ecologie-Les Verts, qui affirme que son parti n’est jamais « dans la violence, l’insulte ou l’intimidation ». Et, en début d’année, la patronne du parti écologiste avait déjà insisté pour que la « désobéissance civile soit placée sous le signe de la non-violence ».
« Cette violence a fait partie de l’ADN des écologistes dès la naissance de leur mouvement en France dans les années 1970 »
Interpellé sur France Inter, l’écrivain Alain Damasio, sympathisant des SLT, a, quant à lui, affirmé que ces saccages ne sont « pas du tout violents », puisqu’« on touche à des biens, pas à des individus ». Autrement dit, il n’y aurait de violence que lorsqu’il y a atteinte à l’intégrité physique d’une personne ! Cette définition restrictive du terme « violence » est une vieille rengaine au sein de la mouvance écologiste qui, par ailleurs, dénonce avec raison bien d’autres formes de violences, qu’elles se produisent sur des biens physiques, comme lors de dégradations matérielles de permanences parlementaires, ou qu’elles soient d’ordre psychologique, comme lorsqu’il s’agit de harcèlement à l’encontre de femmes ou de minorités.
Or, il ne fait aucun doute que l’action de saccage de serres de maraîchage en juin 2023, organisée par les SLT et une quarantaine d’associations écologistes « pour que brûle l’agro-industrie », constitue une forme intolérable de violence envers toutes les personnes dont le travail a été anéanti.
Commandos. En réalité, cette violence a fait partie de l’ADN des écologistes dès la naissance de leur mouvement en France dans les années 1970, avec les attaques à la bombe ou au lance-roquettes menées par des antinucléaires contre des chantiers et bâtiments d’EDF, des entreprises sous-traitantes ainsi que des centres de recherche. On peut aussi se rappeler comment, pendant plusieurs années, les commandos de faucheurs d’OGM, avec le soutien d’EELV, tout en se prétendant « non-violents », ont fait régner la terreur et l’intimidation parmi les agriculteurs séduits par les promesses des biotechnologies végétales.
Aujourd’hui, l’usage de la violence triomphe donc à nouveau, comme l’admet, avec moins d’hypocrisie que d’autres, l’ex-journaliste écolo de Libération Laure Noualhat, qui a déclaré sur France 5 : « La violence est ici totalement légitime. Ce n’est pas du terrorisme qui détruit des vies humaines, mais de la violence contre des machines qui incarnent l’hubris humain. »
Même si les écologistes tentent de brouiller les pistes en manipulant les mots, préférant par exemple parler de « désarmement » plutôt que de « sabotage », de « résistant » au lieu de « casseur », il n’en reste pas moins qu’ils ont choisi de s’affranchir des lois de la République pour parvenir à leurs fins. Cette dérive est d’autant plus dangereuse qu’en démocratie, elle a toujours marqué la première étape vers l’instauration d’un régime totalitaire.