Archive pour le Tag 'Dominique'

Minute de silence pour Samuel Paty et Dominique Bernard : 78 incidents

Minute de silence pour Samuel Paty et Dominique Bernard : 78 incidents 

78 incidents ont été relevés à travers la France lors de la minute de silence en hommage à Samuel Paty et Dominique Bernard, indique le ministère de l’Éducation nationale ce mardi 15 octobre. . L’an dernier, au lendemain de l’hommage rendu à Samuel Paty, 230 incidents avaient été signalés, mais le nombre de faits recensés s’était finalement élevé à 618. Ce chiffre de 78 incidents devrait donc encore augmenter ces prochains jours. 

«Dans la quasi-totalité des cas, ce moment de recueillement s’est déroulé dans la dignité et le plus profond respect», insiste le ministère, qui précise que «des sanctions disciplinaires sont engagées dans 100 % des cas» de perturbations et contestations. Dans les cas «les plus graves», une saisine du procureur sera effectuée.

 

Islamisme–Un an après: hommage à Dominique Bernard

Islamisme–Un an après: hommage à Dominique Bernard

 Un an jour pour jour après son assassinat par un ex-élève radicalisé islamiste, la ville d’Arras a rendu hommage au professeur Dominique Bernard lors d’une cérémonie en présence de plusieurs ministres et de ses proches.

La cérémonie a eu lieu à 11 heures, soit l’heure à laquelle Dominique Bernard, 57 ans, a été tué de plusieurs coups de couteau par Mohammed Mogouchkov, Russe originaire d’Ingouchie, alors âgé de 20 ans. Le maire centriste de la commune, Frédéric Leturque, a salué une « cérémonie sobre et digne » et assuré qu’un an après le décès de l’enseignant, « nous sommes ensemble, toujours debout ».

Par ailleurs, le gouvernement annonce un projet de loi immigration nouveau pour début 2025

École : une minute de silence pour Samuel Paty et Dominique Bernard

École : une minute de silence pour  Samuel Paty et Dominique Bernard

Une minute de silence sera organisée dans les collèges et les lycées le 14 octobre en mémoire de Samuel Paty et Dominique Bernard, enseignants assassinés lors de deux attaques djihadistes, a déclaré la nouvelle ministre de l’Éducation nationale, Anne Genetet.

«Pour les hommages consacrés à Samuel Paty et Dominique Bernard, je demanderai aux enseignants dans les collèges et lycées de faire observer une minute de silence au moment où ils le souhaiteront dans la journée du 14 octobre», a détaillé la ministre dans un entretien paru dimanche dans le Parisien. «Ils pourront également organiser s’ils le souhaitent un temps d’échange et de réflexion avec leurs élèves», a-t-elle ajouté.

 

Macron ne comprend rien ! (Dominique Méda)

Dominique Méda : Macron  ne comprend rien ! 

« On a l’impression d’une double dissolution : de l’Assemblée nationale et de la société tout entière » : la sociologue et philosophe Dominique Meda ne décolère pas contre Emmanuel Macron, qui « ne comprend rien de la société » et dont elle avait lié la victoire en 2017 à celle, « plus tard », de l’extrême droite. Elle livre son effroi devant un processus de déréliction qui semble inarrêtable, elle argumente sa vive inquiétude face au projet économique, social, sociétal, anti-écologique et anti-européen du Rassemblement national. Mais elle garde espoir. D’une part dans la société pensée par le Nouveau Front populaire, d’autre part dans un renouveau démocratique auquel elle invite toutes les parties prenantes, y compris patronales, à participer.  (dans la Tribune)

Philosophe, sociologue et haute fonctionnaire : de ces trois points de vue, comment interprétez-vous ce moment historique ?

Ayant été formée à la philosophie, je suis effrayée par la place qu’a prise la sophistique dans la politique. Depuis ses origines, la philosophie est un effort pour lutter contre ceux qui, au lieu de chercher la vérité et la justice, trompent les gens auxquels ils s’adressent avec des raisonnements fallacieux, des illusions et de beaux discours pour gagner leurs faveurs. On a l’impression aujourd’hui qu’une partie des politiques disent n’importe quoi, mentent sciemment pour obtenir les votes de celles et ceux qui souffrent et qui n’ont pas le temps d’aller vérifier leurs propos ou de s’enquérir des conséquences des politiques proposées. Comme sociologue, je suis désolée que nos dirigeants politiques ne lisent pas plus les travaux qui depuis des années alertent sur l’énorme malaise de la société française et apportent des explications. Comme haute fonctionnaire, je suis convaincue que les choix appliqués depuis une trentaine d’années dans notre pays ne sont pas les bons et que nous avons octroyé trop d’importance au prisme économique, économiciste, au lieu de nous intéresser aux conditions de vie concrètes de nos concitoyens. Et j’englobe évidemment la gauche dans cette critique.

 

Comment sortir de la crise du travail  (Dominique Méda  )

Comment sortir de la crise du travail  (Dominique Méda  )

Dominique Méda,professeure de sociologie, directrice de l’Institut de Recherche Interdisciplinaire en Sciences Sociales (Université Paris Dauphine-PSL)

Changer les organisations de travail passe par un partage de la gouvernance des entreprises avec les salariés, plaide la sociologue dans Le Monde

Les débats suscités par la réforme des retraites ont eu l’immense mérite de faire prendre conscience de l’ampleur de la crise du travail à une large partie de l’opinion publique et des responsables politiques. Certains députés Renaissance le reconnaissent à voix basse : il aurait fallu commencer par traiter cette question avant d’ouvrir le chantier des retraites. Le gouvernement explique lui aussi mettre désormais le travail en tête de ses priorités. Mais en apportant quels remèdes à la crise ? Tentons donc d’esquisser le programme de transformation que les données d’enquête nous suggèrent.

Depuis 1978, une enquête remarquable est consacrée en France à l’analyse approfondie des conditions de travail. Portée par la direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares), elle s’intéresse aujourd’hui à un échantillon représentatif de 25 000 actifs occupés. Les ministres du travail ont ainsi à leur disposition un formidable outil pour suivre le rapport au travail de nos concitoyens.

La vague 2005 de l’enquête avait permis de mettre en évidence une pause dans l’intensification du travail ; celle de 2013 avait montré l’immense malaise des agents de la fonction publique d’Etat et aurait dû jouer le rôle d’alerte sur les conditions de travail à l’hôpital – plus de 36 % des agents de la fonction publique hospitalière disaient en effet « ne pas ressentir la fierté du travail bien fait ».

Mais les résultats de la vague 2019 de l’enquête étaient encore plus édifiants : 37 % des actifs occupés déclaraient ne pas se sentir capables de tenir dans leur travail jusqu’à la retraite ! Toutes les catégories sociales étaient concernées, puisque 32 % des cadres et 39 % des ouvriers et employés étaient dans ce cas. Les moins de 30 ans et les femmes, en particulier les femmes avec enfants, étaient les plus concernés…..

Et de proposer une forme de cogestion pour définir les conditions de travail.

Prisons : « Le vrai scandale » (Dominique Simonnot)

Prisons : « Le vrai scandale » (Dominique Simonnot)

 

Après la controverse suscitée par l’organisation du jeu « Kohlantess » à la prison de Fresnes, la contrôleuse générale des lieux de privation de liberté 

Dominique Simonnot s’indigne de l’hypocrisie des responsables politiques.

C’est l’immense événement de la rentrée ! Non, pas la guerre en Ukraine, ni les feux de forêt, l’eau qui manque partout, ou les pauvres qui dorment à la rue, non, le vrai « scandale » de ces derniers jours est ce jeu organisé à la prison de Fresnes, une des plus vétustes de France, surpeuplée à 144 %. Un jeu nommé « KohLantess », en référence au programme télévisé « Koh Lanta ». Trois équipes – surveillants, détenus, jeunes voisins libres de la ville – s’affrontent autour d’un quiz de culture générale, dans une course en portant des bassines d’eau, puis, d’un côté et de l’autre d’un baquet, pompeusement nommé « piscine », ils tirent sur une corde jusqu’à faire tomber l’adversaire à l’eau.

Enfin et c’est là tout l’objet du « débat », deux des 1 918 prisonniers de Fresnes (Val-de-Marne) participent dans la cour réaménagée de l’établissement à une course de kart.

 

Le « team surveillant » a gagné, chaudement félicité par le « team détenus ». Et le directeur de la prison a distribué – c’était le but de la journée – des chèques venus de dons et de sponsors à trois associations caritatives œuvrant pour les enfants.

Voilà le drame qui a déclenché une avalanche de déclarations indignées, furieuses, dénonçant des prisons « Club Med »« colonies de vacances », mettant en regard « les enfants qui ne partent pas à la mer » avec « des criminels » qui s’amusent en braillant, « sur le dos de nos impôts ». Une telle hypocrisie, c’est rare ! D’abord parce que cette journée n’a rien coûté aux contribuables, tous les frais ayant été réglés par la société de production. Ensuite, ces réquisitoires viennent d’élus et de responsables politiques qui, connaissant l’état honteux de nos prisons et leur surpopulation encore jamais atteinte dans notre histoire, osent, pour des raisons politiciennes, faire croire à nos concitoyens que la vie carcérale se résume à cette journée. Le vrai scandale, ce n’est pas le karting, mais l’état lamentable de nos prisons.

 

Auraient-ils oublié le formidable rapport parlementaire « Prisons, une humiliation pour la République », qui, en 2000, avait secoué la France, démontrant la vie affreuse du peuple des cellules. Un grand peuple de 72 000 habitants aujourd’hui entassés dans 60 700 places. Une partie d’entre eux, qui se trouvent dans des maisons d’arrêt (où sont détenus des condamnés à de courtes peines et des prévenus, donc présumés innocents), enfermés en cellule vingt-deux heures sur vingt-quatre, à deux, à trois, parfois même à six ou huit, voient cavaler des punaises de lit qui les piquent, des cafards qui leur galopent sur le corps.

2022 : Macron a surtout besoin d’un projet (Dominique Reynié)

2022 : Macron a surtout besoin d’un projet (Dominique Reynié)

Macron surtout  devra miser sur sa vision de l’avenir plus que sur ses réalisations à la tête du pays, selon le politologue Dominique Reynié, invité d’Europe 1, dimanche.

ANALYSE

De quel(s) levier(s) Emmanuel Macron dispose-t-il en vue de sa probable campagne présidentielle de 2022 ? À sept mois de l’échéance, et sans avoir indiqué qu’il comptait se présenter à sa succession, le chef de l’État doit d’abord gérer une crise sanitaire du coronavirus qui n’en finit pas. Dans ce contexte difficile, le camp du président de la République a connu avec les élections régionales et départementales de juin dernier un scrutin très compliqué, n’engrangeant aucune région ni département. Pour le politologue Dominique Reynié, directeur général de la fondation Fondapol et invité d’Europe 1, dimanche, cela rebat les cartes pour la présidentielle.

« Jusqu’aux élections régionales et départementales, il y avait cette idée qu’Emmanuel Macron allait être réélu sans coup férir parce qu’il allait avoir en face de lui Marine Le Pen et qu’il lui suffirait de jouer sur le thème du barrage à la candidate du Rassemblement national », rembobine Dominique Reynié au micro de Charles Villeneuve. « Ça, c’est terminé et c’est plutôt une bonne nouvelle. »

Désormais, Emmanuel Macron devra choisir une autre stratégie pour rester à l’Élysée l’année prochaine. « Il faudra que le chef de l’Etat puisse présenter aux Français non seulement un bilan de son action qui a été difficile sur cinq ans, tout le monde en a été témoin, notamment en raison de cette pandémie, mais aussi des projets, avec un discours et une vision », insiste le politologue.

Cela pourrait-il passer par une réforme des retraites repoussée à cause du Covid-19 ? « Que la réforme des retraites ait lieu avant l’élection présidentielle, ça ne paraît pas raisonnable de l’imaginer », balaie en tout cas Dominique Reynié, pour qui la campagne à venir « restera dominée par la question sanitaire et obscurcie par le contexte économique ». Désormais indécise aux yeux de Dominique Reynié, l’élection présidentielle sera-t-elle la plus surprenante de l’histoire de la Ve République ?

 

« Climat : une responsabilité collective » (Dominique Lefebvre, Crédit Agricole)

« Climat : une responsabilité collective » (Dominique Lefebvre, Crédit Agricole)

Dominique Lefebvre, président du conseil d’administration de Crédit Agricole SA, structure faitière cotée du groupe mutualiste, tire les premiers enseignements de la crise sanitaire sur sa politique sociale et environnementale et souligne les nouveaux enjeux, notamment sur la biodiversité.

LA TRIBUNE – Pensez-vous que la crise sanitaire va changer votre façon d’exercer le métier de banquier ?

 DOMINIQUE LEFEBVRE - Cette crise dure déjà depuis longtemps et nous avons donc moins de chance de retomber sur les traces que nous avions laissé avant la pandémie. Je ne parle pas uniquement du télétravail, mais bien d’un impact sur l’ensemble de l’organisation et des relations au sein du groupe. Autre point fondamental, l’importance de l’humain dans la relation client, surtout dans des situations imprévues. Cela renforce notre conviction que l’humain ajoute beaucoup à tout ce que le digital peut apporter. Enfin, cette crise a mis en lumière la responsabilité collective de notre société. C’est bien sûr plus difficile à appréhender et cela suscite de nombreux débats. Ce qui est certain, c’est que cette crise a permis une prise de conscience très forte sur les enjeux climatiques et sur la société dans laquelle nous voulons vivre. En cela, il y aura bien un « avant » et un « après » Covid.

Cette crise va-t-elle influer sur votre plan climat, que vous avez présenté en juin 2019 ?

Le changer, non. Mais l’accélérer, certainement. Désormais, ce sont nos clients qui nous le demandent, et plus seulement les ONG en assemblée générale. Nous avons également une forte attente de nos salariés, notamment les plus jeunes qui manifestent de nouvelles exigences pour l’entreprise dans laquelle ils souhaitent travailler. C’est un terrain complètement nouveau. C’est l’affaire de tous ! C’est très stimulant que tout le monde s’interroge sur cette responsabilité collective.

Vous comptez aller plus vite sur votre calendrier de sortie de la filière charbon ?

Il ne faut pas nous faire le procès que nous n’allons pas assez vite sur le charbon. La réalité est que le Crédit Agricole est le reflet de l’économie du pays. Notre responsabilité est certes d’agir, soit par les financements, soit par les investissements, et peut être plus encore par le dialogue avec nos clients, mais la responsabilité incombe à toute la société. Et si nous avons une économie qui continue d’être sur une trajectoire d’une augmentation de quatre degrés de la température moyenne, il sera difficile pour nous de s’y extraire. Nous sommes bien tous dans une dynamique collective.

Cette pandémie a-t-elle remis sur le devant de la scène la question de la biodiversité ?

Le GIEC attribue une responsabilité importante du changement climatique sur la dégradation de la biodiversité. Les deux sujets sont donc étroitement liés. En tant qu’agriculteur, j’ai pu assister à l’effondrement de la biodiversité ces vingt dernières années, avec la baisse du nombre d’oiseaux et d’insectes, et des changements d’espèces. Or, les agriculteurs ont besoin de la biodiversité, qui est notre meilleure alliée pour nos exploitations, notamment pour réguler les ravageurs. La biodiversité reste cependant un sujet mal maîtrisé. Nous avons lancé une étude en partenariat avec le Muséum national d’Histoire naturelle pour mieux qualifier les ressorts de la biodiversité dans les espaces ruraux. Après près d’un siècle d’amélioration des cultures, nous avons toujours énormément de retards à combler sur cette question de la biodiversité.

Quel rôle doit avoir le Crédit Agricole pour accompagner le secteur agricole dans sa transition énergétique ?

Nous pouvons inciter nos clients à mieux prendre en compte la nouvelle demande sociétale qui est désormais adressée à l’agriculture. Le secteur est clairement à un nouveau tournant. Il a réussi à nourrir la population, puis à exporter. Aujourd’hui, la société a de nouvelles exigences : certains veulent des produits bio, beaucoup souhaitent des produits locaux et tous aspirent à des produits de qualité à des prix compétitifs. Ce qui renvoie au débat sur l’alimentation des plus modestes, qui représente toujours le principal défi de l’agriculture française. C’est forcément un long processus et le Crédit Agricole doit accompagner sur la durée les exploitations pour leur permettre de se développer dans un environnement et un marché qui n’existaient pas il y a 20 ans. Nous mettons ainsi en place toute une batterie d’outils, de diagnostics et de financements spécifiques. Mais nous ne souhaitons pas pour autant nous inscrire dans une attitude péremptoire et dans l’exclusion. Nous finançons les projets de méthanisation mais sous la condition qu’ils soient acceptés par les autorités locales et le voisinage.

Pourquoi, selon vous, le secteur bancaire est relativement mal noté par les agences de notation sociale ?

Les banques financent l’économie et l’économie n’est pas encore décarbonée. Peut-être aussi existe-t-il un déficit d’explications vis-à-vis des agences de notation sociale. Dans le cas du Crédit Agricole, qui est un groupe mutualiste, présidé par un agriculteur, nous avons une gouvernance qui intègre les acteurs de la société dans nos structures de décisions. Ce sont ces ressorts internes, presque intimes, qui nous permettent d’être des témoins en prise directe avec ce qui se passe sur le terrain, et ce au plus haut niveau du Crédit Agricole. Mais la spécificité mutualiste n’est pas encore réellement perçue en France, et encore moins en Europe, comme une véritable implication dans la gouvernance.

Le Crédit Agricole s’est doté en 2019 d’une « raison d’être ». Comptez-vous adopter le statut d’entreprise à mission prévue par la loi Pacte ?

Cette question n’a pas été abordée en interne. A titre personnel, je m’interroge sur ce statut qui ne doit pas nous entraîner au-delà de ce que nous souhaitons faire, ni laisser au second plan les autres critères de performances. Si nous arrivons à faire vivre notre raison d’être qui est d’agir chaque jour dans l’intérêt de nos clients et de la société, ce sera déjà une grande réussite.

La filiale bancaire LCL vient d’annoncer un plan de réduction du nombre de ses agences bancaires. Quelle est la stratégie dans ce domaine du Crédit Agricole ?

Tout le monde est persuadé qu’il existe un lien entre le coût d’exploitation et la taille du réseau d’agences. Ce n’est pas complètement faux mais ce n’est pas surtout complètement vrai ! Nous en faisons la démonstration depuis plus de 20 an avec un coefficient d’exploitation parmi les plus bas du marché et un réseau parmi les plus denses en France. Ce qui ne nous empêche pas d’adapter en permanence notre dispositif aux attentes. Mais l’important n’est pas tant le nombre d’agence que le nombre de conseillers que nous mettons en face de nos clients. Quitte à les regrouper dans des agences de taille plus importante car il devient de plus en plus difficile, compte tenu d’une offre de services de plus en plus étendue, de maintenir des petites agences de 2 ou 3 collaborateurs.

Le Crédit Agricole trouve-t-il toujours un intérêt à avoir une structure cotée alors que les banques sont désormais valorisées bien en dessous de leur actif net ?

L’exigence en capitaux des établissements de crédit est effectivement adverse à leur valorisation en Bourse. Cela étant dit, la cotation offre toujours, à nos yeux, plusieurs avantages. Elle nous laisse tout d’abord la possibilité de faire appel au marché, notamment pour des opérations de croissance externe. C’est ainsi que nous avons pu acheter le Crédit Lyonnais. Ensuite, la cotation nous permet de nous « challenger » en permanence au marché et nous oblige, même si l’exercice peut paraître très contraignant, à expliquer et à défendre notre stratégie. Enfin, dans notre modèle, la structure cotée Crédit Agricole SA, n’a pas besoin d’être « alourdie » en capitaux car l’essentiel du capital excédentaire du groupe se situe au niveau des Caisses régionales. Les actionnaires de Crédit Agricole SA n’achètent pas du capital mais bien de la rentabilité.

Dominique Bussereau contre les éoliennes qui tuent le tourisme

Dominique Bussereau contre les éoliennes qui tuent le tourisme

 

 

 

 

À juste titre Dominique Bussereau, Président des départements de France,  pousse un cri d’alerte sur le développement complètement anarchique des les éoliennes qui détruisent les paysages et sont par ailleurs de véritables arnaques énergétiques et économiques.

 

À titre indicatif il faut 500 éoliennes pour remplacer un seul réacteur nucléaire classique. Donc des milliers d’éoliennes pour la suppression d’une centrale. Par ailleurs, une énergie intermittente qui conduit la France par exemple depuis la suppression de Fessenheim a importé de l’électricité d’Allemagne produite par des centrales à charbon !.

 

Sans parler des énormes profits réalisés par les propriétaires terriens et financés par tous les utilisateurs d’électricité. Dominique Bussereau pousse donc un cri d’alarme contre l’excès d’éoliennes. Si le président de l’Assemblée des départements de France devait plaider cette cause un jour face au président de la République, il formulerait quatre demandes précises à Emmanuel Macron: «Ne diminuez pas les possibilités de recours, redonnez la capacité à toutes les juridictions administratives de se prononcer sur ces dossiers (des tribunaux administratifs au Conseil d’État), demandez à vos préfets de se fonder sur l’avis des populations avant de délivrer des autorisations sans signer celles-ci si les avis sont négatifs, puis incitez enfin les collectivités à prendre leurs responsabilités car trop souvent certaines se font piéger par des industriels peu scrupuleux.»

 

En clair certains industriels n’hésitent  pas à graisser la patte d’élus locaux qui favorisent aussi certains copains propriétaires terriens.

 

« Pour un progrès durable et partagé» – par Dominique Villemot, Jacky Bontems et Aude de Castet

 « Pour un progrès durable et partagé» – par Dominique Villemot, Jacky Bontems et Aude de Castet

 

Dominique Villemot, Jacky Bontems et Aude de Castet propose dans l’Opinion une stratégie de progrès durable et partagé.

 

 

Dominique Villemot est président de Démocratie vivante, think tank de gauche. Jacky Bontems et Aude de Castet sont vice-présidents.

 

Aude de Castet et Jacky Bontems.

Chronique

 

En 2020, nous avons beaucoup souffert et nous avons dû nous remettre en question, apprendre l’humilité. Nous avons compris que l’humanité ne maîtrisait pas tout, en particulier la nature. Le coronavirus nous a tous désemparés. Nous avons dû nous confiner et ralentir l’activité économique. Or depuis le XVIIIe siècle, du moins en Occident, nous sommes entrés dans la civilisation du travail, avec la foi dans le progrès scientifique et économique. L’être humain est devenu un homo economicus.

Avec le réchauffement climatique et la pollution des océans, nous avons compris que notre civilisation pouvait mettre en danger la planète. Mais, plus ou moins consciemment, nous espérions qu’en adaptant à la marge notre modèle de société nous arriverions à limiter les dégâts causés à notre environnement. Aujourd’hui, nous comprenons qu’il faut changer de paradigme.

Et si nous ne connaissons pas exactement l’origine de cette pandémie, nous pressentons qu’elle peut être la conséquence d’un dérèglement de la nature par l’activité humaine.

Notre foi dans le progrès a été ébranlée et l’espoir s’est envolé.

Terre abîmée. La pauvreté a augmenté de manière significative, touchant en priorité les plus précaires, les jeunes, les femmes seules. C’est terrible pour notre jeunesse, qui a dû renoncer à la convivialité, qui se trouve confrontée au chômage et à la pauvreté. Cette jeunesse percutée de plein fouet par la crise pense que nous lui léguons une Terre abîmée…

Pire, notre démocratie a été mise en cause. En attente du vaccin, la seule arme contre la pandémie a été l’isolement, le confinement, ce qui a impliqué une restriction de nos libertés. La liberté, notre valeur fondamentale républicaine, a été mise à mal, attaquée sur un autre flanc par les attentats terroristes subis cette année encore.

Mais 2 020 a aussi eu des côtés positifs : notre modèle social a montré son efficacité. Grâce notamment à la prise en charge par l’Etat du chômage partiel la plus généreuse de l’OCDE, l’impact social de la crise, même s’il est loin d’être négligeable, a pu être contenu.

Nous n’avons pas hésité à nous porter au chevet de notre économie en ouvrant les vannes de la dépense publique. C’est le « Quoiqu’il en coûte » d’Emmanuel Macron.

Nous avons aussi pris du recul et remis l’échelle des valeurs à l’endroit. Nous avons pris conscience de l’importance des métiers indispensables : infirmières, caissières, éboueurs… Le recours massif au télétravail nous a aussi amenés à repenser notre rapport au travail.

2020 a aussi montré combien l’Europe nous est utile, voire indispensable, avec la politique de soutien des Etats de la zone euro par la BCE et un plan de relance historique mutualisé entre les Etats. Et si la crise sanitaire nous alerte plus encore sur notre dépendance envers la Chine, l’Europe doit également nous aider à nous réarmer sur le plan commercial et industriel pour contrer la menace chinoise.

Seule la croissance permettra de rembourser la dette et de financer nos retraites

Nous souhaitons qu’en 2021 nous renouions avec le progrès car c’est le seul moyen pour retrouver espoir en l’avenir, avec la perspective que demain sera meilleur qu’aujourd’hui, que nos enfants vivront mieux que nous.

Mais nous souhaitons que le progrès futur soit différent de celui des dernières années. Il ne faudra pas reprendre une politique d’austérité comme celle de 2011 à 2016 pour réduire le déficit public, ce qui s’est fait au détriment de nos hôpitaux et, plus généralement, de la croissance.

Seule en effet la croissance permettra de rembourser la dette et de financer nos retraites. Nous souhaitons que cette croissance soit une croissance véritablement verte, que l’environnement soit érigé en priorité comme le plan de relance s’y est engagé. Mais il faut aller plus loin.

Nouvel humanisme. Au nom de la justice sociale, nous souhaitons que la lutte contre la pauvreté devienne l’autre priorité absolue. Nous comptons près de 12 millions de pauvres dans notre pays, dont beaucoup d’enfants ; c’est inacceptable !

Redonnons aussi aux Françaises et Français confiance en notre démocratie en la rendant réellement vivante, en développant la démocratie participative, sur le modèle du Grand débat et de la Convention citoyenne sur le climat. Renforçons notre démocratie sociale en reconnaissant le rôle fondamental des partenaires sociaux dans l’élaboration de notre droit social.

Mais pour autant, il ne s’agit pas de faire preuve d’angélisme. Ainsi nous devons être fermes face aux menaces contre notre pays. Nous devons combattre sans hésitation l’islamisme radical.

En 2021, nous appelons de nos vœux un nouvel humanisme avec, comme socle, la primauté de la solidarité entre les générations. Prenons soin de nous, prenons soin les uns des autres.

Seul un autre progrès peut nous redonner espoir en l’avenir, un progrès durable et un progrès partagé. C’est notre souhait pour 2021.

Dominique Villemot est président de Démocratie vivante, think tank de gauche. Jacky Bontems et Aude de Castet sont vice-présidents.

«La gauche en déficit de progrès et de responsabilité…» (Dominique Reynié)

«La gauche en déficit de progrès et de  responsabilité…» (Dominique Reynié)

 

 

Dominique Reynié ,professeur des universités à Sciences Po, directeur général de la Fondation pour l’innovation politique, analyse les grandes faiblesses de la gauche en matière de progrès et de responsabilité. Une réflexion assez pertinente qui met en évidence que la gauche a délaissée le progrès, les évolutions technologiques tout autant que la responsabilité vis-à-vis des valeurs mais aussi des devoirs de la république.

Tribune

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Valeurs, rôle de l’Etat, poids du secteur public, politiques sociales, libertés, fiscalité… L’Opinion publie la cinquième édition de son sondage exclusif sur les Français et le libéralisme. Des personnalités le commentent.

Comme la droite, si la gauche est confrontée au risque de disparaître, c’est parce qu’elle ne comprend plus le monde tel qu’il va. Elle n’a donc plus ni doctrine, ni projet, même si elle demeure capable de produire des programmes. Cette enquête Ifop pour l’Opinion offre des pistes que la gauche devrait méditer. Ainsi, le patriotisme demeure la valeur primordiale, puissamment partagée (92 %) tandis qu’il est devenu si difficile de le revendiquer, et tout particulièrement à cause de la gauche elle-même. Paradoxalement, la gauche a délaissé la fierté patriotique au moment où les Français éprouvaient davantage ce besoin d’appartenance parce qu’ils entraient dans la globalisation.

 

De même, au fil du temps, quand les Français appellent le progrès (90 %), dans une époque où, de nouveau, la connaissance détermine une vaste redistribution de la puissance et de la prospérité, la gauche semble avoir troqué son enthousiasme historique pour la science et l’innovation contre une vision saturée de prudence, de précaution, de protection, donnant à penser qu’elle renonçait au futur, qu’il ne s’agissait plus désormais de bâtir l’avenir mais de le contenir, de le récuser.

D’autant plus que la gauche s’est enfermée dans la figure de l’Etat providence, devenu son totem depuis le milieu des années 1970. Certes, la protection est plébiscitée (91 %), mais le soutien à l’Etat providence frappe par sa faiblesse (36 %) tandis que la crise sanitaire aurait pu en assurer le triomphe. A rebours, les Français se rangent derrière des valeurs qui reposent sur la vitalité de la société plus que sur l’incessant déploiement de la bureaucratie : l’initiative (92 %), la responsabilité (92 %), le mérite (91 %), le travail (89 %), l’effort (89 %), la modernité (89 %), l’entreprise (83 %), l’auto-entrepreneuriat (79 %), les start-up (66 %), et même la concurrence (61 %) ou l’économie de marché (56 %).

Tradition mutualiste. La gauche devrait revisiter son histoire, notamment la période antérieure à 1914, elle y retrouvera plusieurs des valeurs plébiscitées ici, ce dont témoigne la tradition mutualiste. A distance d’une gauche étatisée depuis lors, les Français approuvent l’économie de marché (56 %), mais pas le capitalisme (28 %), l’Europe (66 %) mais pas la globalisation (34 %). Les préférences collectives donnent l’avantage au libéralisme (55 %) sur le socialisme (43 %) et ils ne sont qu’un quart à estimer que la gauche devrait se définir comme socialiste (26 %), moins nombreux encore à répondre social-démocrate (18 %), sociale-libérale (12 %), écologiste (10 %) ou communiste (8 %). Serait-ce les signes d’un penchant pour l’économie sociale de marché chère aux ordo-libéraux ?

Enfin, la gauche ne devrait pas manquer de relever que la sécurité des personnes et des biens est jugée insuffisamment garantie (60 %) et, comme toujours, que les milieux les moins dotés sont les plus sensibles à ce thème : les ouvriers (60 %), les employés (65 %) ou ceux qui ont un niveau d’études inférieur au bac (67 %). Il serait faux de dire que la gauche ne le sait pas, mais elle doit parcourir encore un long chemin pour refaire le terrain perdu et pouvoir, ensuite, renouer avec les forces de l’histoire : le progrès scientifique et technique, l’innovation, l’entreprise, la responsabilité, l’effort, la croissance.

Dominique Reynié est professeur des universités à Sciences Po, directeur général de la Fondation pour l’innovation politique.

Islamisme : La problématique de l’intégrisme (Dominique Avon )

Islamisme : La problématique  de l’intégrisme  (Dominique Avon  )

Historien, spécialiste du fait religieux, Dominique Avon  est directeur d’études à l’Ecole pratique des hautes études, chaire « islam sunnite », et directeur de l’Institut d’études de l’islam et des sociétés du monde musulman (IISMM). Il a enseigné également en Egypte, au Liban et aux Etats-Unis. Il est l’auteur d’une vingtaine d’ouvrages traitant de l’islam et du christianisme contemporains, et plus généralement des religions dans la modernité, dont La liberté de conscience (Presses universitaires de Rennes, 2020). Interview dans l’Opinion)

 

 

Des pays du monde musulman — Turquie, Pakistan, Egypte, Koweït, Jordanie, Maroc… — manifestent leur colère contre Emmanuel Macron, qui a promis que la France ne renoncerait pas aux caricatures. Que vous évoque ce mouvement ?

Des scènes analogues ont déjà eu lieu en 1989, après la publication du livre de Salman Rushdie, ou en 2006 après la parution de caricatures dans le quotidien danois Jyllands-Posten. En 2005, des imams du Danemark avaient montré, devant des représentants de pays musulmans, des caricatures qui en réalité n’avaient jamais été publiées. On constate la même utilisation des populations à des fins de pression politique sur un Etat — aujourd’hui, la France. Or, la France est devenue une puissance modeste. Les ambassadeurs ont du mal à expliquer la laïcité française, à faire comprendre que les enfants dans les écoles ne sont pas contraints de regarder des caricatures. C’est paradoxal : ces pays défendent-ils une pluralité religieuse et convictionnelle ? La Turquie est l’un des Etats qui emprisonne le plus de journalistes au monde. La diversité religieuse s’y est réduite comme peau de chagrin. Seulement quelques dizaines de milliers de chrétiens et quelques milliers de juifs y subsistent.

Faut-il reculer sur les caricatures ?

Les dessins appelés « caricatures de Mahomet » sont tous sur Google, ils circulent en permanence. L’objet lui-même n’est plus le fond du problème. Ce qui est en jeu, c’est l’acte de les montrer, qui renvoie à la liberté d’expression. Cette liberté est la possibilité de se moquer de toutes les croyances, pas d’imposer à tous d’assister aux moqueries. Tout est dans le geste de Samuel Paty qui a invité les élèves qui le souhaitaient à détourner le regard des images, tout en leur enseignant la liberté d’expression et la mise à distance des convictions religieuses. Il a fallu verser du sang pour cette liberté, qui est le fruit de plus de trois siècles d’histoire. Rien n’est acquis dans une démocratie libérale.

« La possibilité de faire prévaloir des valeurs est liée à la puissance. L’universalité des droits de l’homme est remise en cause depuis les années 1960, en lien avec le déclin relatif de l’Europe »

Cette liberté est-elle menacée ?

La possibilité de faire prévaloir des valeurs est liée à la puissance. L’universalité des droits de l’homme est remise en cause depuis les années 1960, en lien avec le déclin relatif de l’Europe. Ce continent pesait un quart de la population mondiale il y a un siècle et 7 % aujourd’hui… ce qui explique la contestation croissante par d’anciens empires (Chine, Russie, Iran, Turquie) des principes et règles qui y ont été forgés. Bien sûr, il y a une force d’inertie, une attraction. Si des citoyens se mobilisent à Hong Kong pour les libertés, c’est parce qu’il y a eu l’influence britannique. Mais qui se bat pour les Hongkongais ? Entre 1997 et 2020, leurs droits n’ont cessé de reculer et à Pékin, le Parti communiste a du temps devant lui…

D’où vient l’islamisme ?

De la force d’un courant « intégral ». La radicalité elle-même n’est pas propre à l’islam. Toutes les religions font face au défi des fondements de la modernité : le rapport à un pouvoir qui ne se réclame pas du religieux, le rapport à des sciences non subordonnées au religieux et le rapport à une altérité que l’Etat moderne définit comme égalitaire, alors que les intégraux prétendent avoir plus de droits que les autres au nom d’une loi qu’ils attribuent à Dieu. On retrouve ces tendances à l’œuvre dans le judaïsme, l’hindouisme et le bouddhisme. Ensuite, il y a des déclinaisons, des temporalités particulières. Le magistère catholique a mis l’accent sur la dignité de l’homme et sa liberté lors du concile Vatican II (1962-1965), après avoir abandonné l’horizon de l’Etat catholique. Au même moment, des autorités musulmanes parient sur l’idéal d’un Etat couronné par des « prescriptions chariatiques » intangibles. Depuis soixante ans, le courant majeur de l’islam est de type intégral. Les pétromonarchies du Golfe — Arabie Saoudite, Qatar ou Emirats — ont déversé des milliards de dollars au service de cette conception de l’islam figée à un moment de son histoire : des générations d’imams, de savants et de juristes formés, des dizaines de chaînes satellitaires, des mosquées et des associations financées dans le monde entier, des pages Facebook de cheikhs saoudiens ou koweïtiens aux deux millions de followers, des livres orientés téléchargeables gratuitement sur Internet… Cette mobilisation a produit des effets, en France et ailleurs.

Cet intégrisme s’intensifie-t-il ?

Il s’est renforcé jusqu’à une rupture dans les années 2010. En 2012, le Conseil supérieur des oulémas au Maroc émet une fatwa considérant qu’un apostat doit être puni de mort. Cinq ans plus tard, des membres de ce même Conseil affirment le contraire. Que s’est-il passé entretemps ? Daech. L’irruption de « l’Etat islamique » a révélé aux autorités musulmanes l’état de crise dans lequel elles étaient. Elles se sont rendu compte qu’elles enseignaient des prescriptions théoriques que des coreligionnaires extrémistes étaient prêts à appliquer hic et nunc. Les choses bougent. Il y a dix ans, les penseurs qui proposaient une relecture complète du Coran étaient marginalisés, comme Muhammad Shahrour en Syrie ou Nasr Hamed Abou Zeid en Egypte. Aujourd’hui, des réseaux de musulmans diffusent leurs textes en ligne.

« Tous les présidents, jusqu’à François Hollande, ont accepté ce jeu de l’“islam consulaire”, et tous sont tenus par des enjeux financiers et industriels avec les pétromonarchies qui promeuvent un islam intégral. Ce défi reste posé au gouvernement actuel »

L’islam en France connaît-il cette introspection ?

Il est parfois plus facile de parler librement de l’islam en Tunisie ou au Liban qu’en France. Pourquoi ? D’abord, à cause d’un complexe : le rapport au moment colonial. Les musulmans qui prennent des positions plus libérales que dans le monde arabe, qui acceptent la centralité de l’individu, sont perçus comme « vendus à l’Occident ». Il est plus facile de prôner une orthodoxie qui n’a jamais existé et qui n’est que le fruit d’un rapport de force interne ! Il est difficile, en revanche, d’être une figure musulmane en Europe qui remet en cause des principes qualifiés d’immuables. On peut citer l’imam et linguiste franco-comorien Mohamed Bajrafil, l’islamologue Ghaleb Bencheikh président de la Fondation pour l’islam de France, le professeur Adnan Ibrahim… tous engagés dans la réflexion sur l’islam contemporain. Quand Emmanuel Macron a parlé d’une « crise » du monde musulman aux Mureaux, il a été accusé par le président turc Erdogan, ou par l’Observatoire d’al-Azhar en Egypte, de céder à l’« islamophobie » ou au « racisme ». Les autorités musulmanes reconnaissent elles-mêmes cette crise, puisqu’elles appellent à un « Renouveau du discours islamique », mais elles ne veulent pas que d’autres le disent à leur place ! Deuxièmement, la France est un Etat laïque. Les pouvoirs publics ne peuvent pas intervenir directement dans les affaires religieuses, alors que les musulmans ne parviennent pas à s’organiser. C’est une impasse.

La France s’en est remise aux pays étrangers…

Oui, des Etats étrangers interviennent dans le financement et les orientations de la deuxième religion de France. Tous les présidents, jusqu’à François Hollande, ont accepté ce jeu de l’« islam consulaire », et tous sont tenus par des enjeux financiers et industriels avec les pétromonarchies qui promeuvent un islam intégral. Ce défi reste posé au gouvernement actuel.

« On observe une forte polarisation en France. Au sein de l’islam, il y a ceux qui clament que la forme intégrale est la seule qui soit conforme à la volonté divine. A l’extérieur, il y a ceux qui ne voient de l’islam que sa forme intégrale »

Le « sacré » musulman est-il conciliable avec la République ?

En France, la religion est considérée comme une opinion. L’article 10 de la Déclaration de 1789 parle de toutes « les opinions, même religieuses ». Dès le début du XVIIIe siècle, la liberté de conscience est reconnue comme la possibilité de croire ou de ne pas croire. C’est un droit individuel, fondamentalement lié à la modernité qui place l’individu au centre. Or, quelle autorité musulmane reconnaît, aujourd’hui, qu’être musulman est une opinion ? A cette problématique de l’apostasie s’ajoute celle, tout aussi délicate, du blasphème. Les sources musulmanes du Ve au Ve siècle de l’Hégire témoignent des insultes qui pouvaient circuler au temps du prophète de l’islam, y compris contre lui et son entourage. Au cours de l’histoire, ces sources ont servi à la sacralisation de Muhammad. Et à l’époque contemporaine, des Etats à référence musulmane ont adopté puis durci des mesures légales pour punir l’atteinte à cette sacralité.

Et dans la société française ?

On observe une forte polarisation en France. Au sein de l’islam, il y a ceux qui clament que la forme intégrale est la seule qui soit conforme à la volonté divine. A l’extérieur, il y a ceux qui ne voient de l’islam que sa forme intégrale. Chacun voit l’altérité comme une menace, comme un bloc monolithique, trop croyant ou pas assez croyant. Pris en étau, ceux qui soutiennent des formes plus complexes et plus proches d’une histoire qui, encore une fois, n’a jamais été figée, ont du mal à être écoutés. Ils sont poussés à choisir un « camp ».

Le défi de l’islam est-il comparable à celui du catholicisme à la fin du XIXe siècle ?

Il y a des similitudes. Le catholicisme intégral était dominant dans le clergé : il imprégnait des aspects de la vie quotidienne, des mœurs, de l’enseignement, des sciences humaines ou naturelles… La guerre des deux France a été violente, entre catholiques et non catholiques, et parmi les catholiques. En 1904, l’affaire des fiches révèle que l’administration et le Grand Orient de France a répertorié les officiers catholiques présumés hostiles à la République. En dix ans, plusieurs milliers d’écoles privées sont fermées et 30 000 religieux et religieuses sont chassés du territoire métropolitain — ils sont autorisés à revenir en 1914 pour « défendre la Patrie ». Rien de tel, dans la France d’aujourd’hui, vis-à-vis des citoyens de confession musulmane ! Mais cette histoire de confrontation est aussi une histoire de conciliation. La loi de séparation des cultes et de l’Etat en 1905 a été suivie de négociations : les associations catholiques ont leur statut propre et la séparation n’est pas appliquée en Alsace-Moselle. Le catholicisme est ensuite traversé par de fortes remises en question dans la première moitié du siècle. Certains de ses fidèles se mobilisent dans la résistance contre les Etats totalitaires. Il résulte de cette histoire croisée, à partir des années 1960, un rapport plus apaisé en France, qui n’empêche ni des soubresauts, ni l’existence de minorités intégrales. L’avenir reste ainsi ouvert pour les citoyens d’autres confessions, notamment les musulmans.

Éoliennes: «contre des projets qui détruisent notre patrimoine» (Dominique Bussereau)

Éoliennes: «contre des projets qui détruisent notre patrimoine» (Dominique Bussereau)

Président du conseil départemental de Charente-Maritime et président de l’Assemblée des départements de France, Dominique Bussereau alerte sur des installations excessives tous azimuts.

«L’excès d’éolien nuit à l’éolien», affirme Dominique Bussereau dans le Figaro:

LE FIGARO. – 165 associations qui dénoncent l’invasion éolienne en Nouvelle-Aquitaine ont déposé un recours pour y faire barrage. Qu’en pensez-vous?

Dominique BUSSEREAU. – Je les comprends. Les douze présidents de département de ce territoire, dont je fais partie pour la Charente-Maritime, ont fait savoir au président de région que le Sraddet (schéma régional d’aménagement, de développement durable et d’égalité des territoires, qui fixe divers objectifs notamment dans le domaine de maîtrise et de valorisation de l’énergie, NDLR) prévoit trop d’éoliennes, par ailleurs toutes concentrées au nord de ce secteur. Dans la Vienne, les Deux-Sèvres et une partie de la Charente-Maritime, on trouve une accumulation de mâts installés, de projets en cours et de projets à l’étude. À l’inverse, au sud de Bordeaux, il n’existe pas d’installations. Pourtant dans les Landes, les Pyrénées-Atlantiques ou encore dans le Lot-et-Garonne, il y a aussi du vent. .. »

Parallèlement une action plus groupée des associations anti éoliennes

Des associations ont décidé de s’unir pour attaquer. Cette première démonstration de force est survenue le mois dernier. À la place de quelques bénévoles saisissant habituellement la justice, ce sont cette fois 165 associations qui ont ensemble déposé un recours. Toutes s’en sont prises à un document de portée régionale visant la Nouvelle-Aquitaine et qui renferme d’inquiétants objectifs.

Le Sraddet – car c’est son nom – indique qu’il faudra d’ici à 2030 multiplier par 2,5 la puissance éolienne terrestre dans cette région, laquelle compte déjà 600 mâts. «Et on n’en veut pas davantage», indique Jean-Louis Butré, le président de la Fédération environnement durable (FED), qui annonce la couleur. «Comme chaque région va avoir un Sraddet, on attaquera dès qu’on le pourra ce document en nous rassemblant.» Les associations de la Bourgogne-Franche-Comté.

 

Le nucléaire en otage (Dominique Louis -Assystem)

Le nucléaire en otage (Dominique Louis -Assystem)

Acteur du nucléaire français –5 % de Framatome – Assystem a réalisé un chiffre d’affaires de 500 millions d’euros l’an dernier. La société d’ingénierie réalise 75 % de son activité dans l’atome, dont 40 % à l’étranger. Dominique Louis est son PDG et premier actionnaire. Il dénonce la mise en otage du nucléaire dans une interview à l’opinion.

Le soutien public aux énergies renouvelables (ENR) va coûter 5,8 milliards d’euros cette année contre 4,7 milliards prévus initialement, vient de chiffrer la Commission de régulation de l’énergie (CRE). En cause : la chute de la demande et des prix de l’électricité provoquée par la crise sanitaire. Pour encourager le développement le renouvelable, l’Etat garantit un prix de rachat de l’électricité « verte » et se trouve piégé par la baisse des tarifs sur les marchés de gros, sachant que la production des éoliennes et des panneaux solaires a un accès prioritaire au réseau. L’ensemble des charges du service public de l’énergie liées aux ENR va grimper en 2021 avec l’entrée sur le réseau de nouvelles capacités d’électricité « verte ». Elles devraient atteindre 9,1 milliards d’euros après 8,851 milliards cette année, avertit le régulateur, qui appelle à « faire des choix quant aux installations à soutenir ».

Que vous inspire le chiffrage de la Commission de régulation de l’énergie sur le coût des énergies renouvelables ?

Comme toutes les structures innovantes et prototypiques, les coûts sont supérieurs à ce qui a été anticipé. Le nucléaire reste la source de production électrique décarbonée la plus efficace. Les améliorations technologiques possibles sur les renouvelables ne donneront de réels effets qu’à long terme.

Des personnalités comme Jean-Pierre Chevènement et Bernard Accoyer veulent porter plainte contre l’Etat pour crime d’écocide après la fermeture de la centrale de Fessenheim, qu’en pensez-vous ?

Je suis d’accord avec eux. L’arrêt de Fessenheim est incompréhensible si on croit à l’urgence climatique. Le vrai bilan, qu’on ne fait pas, est que la transition énergétique aujourd’hui réclamée à cor et à cri a été lancée dans les années 70. L’ambition était l’indépendance énergétique de la France, mais le fait est que notre politique nucléaire nous permet aujourd’hui d’avoir 75 % d’électricité décarbonée. C’est le premier sujet à adresser quand on parle du climat, puisque 40 % des rejets de CO2 de la planète sont générés par la production d’électricité, laquelle électricité ne représente pourtant que 12 % de l’énergie mondiale. Le problème est que si on aborde ce sujet, on va critiquer l’Inde, la Chine ou les Etats-Unis qui recourent au charbon, au pétrole et au gaz pour la produire. Dans ce domaine, la France est un modèle mais les politiques ne savent pas défendre le dossier.

« Il y a 40 ans, les Français avaient foi dans la technologie. Aujourd’hui il y a une méfiance absolue vis-à-vis de l’expert, que l’on confond avec l’élite »

Quelle est votre opinion sur l’état de la filière nucléaire française ?

La France risque de sacrifier une filière 100 % française, qui se trouve prise en otage pour des motifs politiques de court terme. Il faut absolument casser l’idée que l’on doit sortir du nucléaire : c’est incompatible avec l’urgence climatique. Et si l’on veut 50 % d’électricité nucléaire en 2050, il faudra construire 30 nouveaux EPR, et pas seulement les six pour lesquels le gouvernement ne se prononcera de toute façon pas avant 2022. Pour une simple question de calendrier, la non-décision risque de se transformer en non-nucléaire ! Grâce à l’atome, nos émissions domestiques de CO2 représentent moins de 1 % des émissions de la planète, mais quand on évoque le climat on ne parle aux Français que d’isolation de logements. C’est utile mais pas à la hauteur des enjeux.

Les antinucléaires mettent en avant le coût de l’EPR, la gestion des déchets…

EDF est le premier et le meilleur opérateur nucléaire au monde. Ses 58 réacteurs nous ont donné l’indépendance énergétique ainsi que la sûreté puisqu’en quarante ans aucun incident n’a justifié de déplacer la population de quelques kilomètres. Concernant l’EPR, le coût d’une tête de série a toujours dérivé par rapport au budget, ce fut le cas avec les premiers réacteurs PWR des années 70. Il faut ramener ce coût au volume d’électricité que produira l’EPR pendant quatre-vingts ou cent ans. Le nucléaire restera toujours l’électricité décarbonée la plus compétitive. Quant aux déchets, le terme d’enfouissement est trompeur. On parle en fait d’une usine robotisée sous terre, à 45 milliards d’euros, dotée d’un procédé, la vitrification, qui est un vrai savoir-faire français et qui est sûr. On a retrouvé du verre dans les pyramides d’Egypte, ce qui prouve que ce matériau tiendra au moins 3 000 ans. D’ici là la radioactivité ne sera plus un problème. Il y a quarante ans, les Français avaient foi dans la technologie. Aujourd’hui il y a une méfiance absolue vis-à-vis de l’expert, que l’on confond avec l’élite.

Bruxelles vient de dévoiler un plan ambitieux pour développer l’hydrogène (12 % à 14 % du mix énergétique au milieu du siècle), qu’en pensez-vous ?

Ce plan va surtout entraîner le développement du gaz. La Commission de Bruxelles défend en fait la solution allemande. L’idée est de produire l’hydrogène avec l’électrolyse de l’eau, puis de le stocker dans des grottes de sel (les Allemands en ont beaucoup) avant de produire l’électricité avec des piles à combustible. Mais en pratique, l’hydrogène est aujourd’hui produit essentiellement à partir du gaz et ça ne changera pas avant longtemps. Les Allemands promettent qu’on maîtrisera l’hydrogène dans trente ans, mais à court terme ils rouvrent des mines de charbon en attendant le gaz russe…

« A l’échelle de la planète, 400 réacteurs nucléaires produisent actuellement 10 % de l’électricité mondiale. Le GIEC estime que pour respecter la limite climatique des 2°, il faudrait multiplier par cinq le nombre de réacteurs »

Le nucléaire est l’avenir ?

Il est incontournable dans la transition énergétique. Il faut 330 éoliennes offshore de 8 mégawatts pour remplacer un EPR. Le parc d’Ouessant, qui fait beaucoup parler de lui, c’est 60 éoliennes seulement… Le grand défi est de réduire le coût et la durée de construction des réacteurs. A l’échelle de la planète, 400 réacteurs nucléaires produisent actuellement 10 % de l’électricité mondiale. Le GIEC estime que pour respecter la limite climatique des 2°, il faudrait monter à 17 %, en multipliant par cinq le nombre de réacteurs, ce que l’industrie nucléaire mondiale est malheureusement incapable de réaliser d’ici trente ans. A défaut, il faudrait que des pays s’inspirent du Royaume-Uni, qui est très rationnel en matière d’électricité : un tiers de nucléaire, un tiers d’éolien et un tiers de gaz que le pays produit.

Quelle est l’ambition d’Assystem ?

Nous voulons participer, même à un faible niveau, à tous les nouveaux projets de centrales nucléaire, les « new built ». Ils sont nombreux. Le russe Rosatom, avec qui nous travaillons, a vendu 34 réacteurs. Des projets sont en cours en Turquie, aux Emirats Arabes Unis, en Egypte, en Ouzbékistan, en Ukraine… Dans notre domaine, à savoir les études autour de la sûreté, de la sélection des sites, du respect de la réglementation nucléaire, nous voulons être l’un des trois grands acteurs mondiaux.

 

Acteur du nucléaire français – il détient 5 % de Framatome – Assystem a réalisé un chiffre d’affaires de 500 millions d’euros l’an dernier. La société d’ingénierie réalise 75 % de son activité dans l’atome, dont 40 % à l’étranger. Dominique Louis est son PDG et premier actionnaire.

Revoir le train de proximité ( Dominique Bussereau)

Revoir le train de proximité  ( Dominique Bussereau) 

Le président de l’Assemblée des départements de France, qui fut à deux reprises secrétaire d’Etat aux transports, invite, dans une tribune au « Monde », l’Etat et la SNCF à réinventer un service public au niveau des régions, en s’inspirant de l’exemple allemand

Tribune.

 

L’exploitation de la ligne Bayonne - Saint-Jean-Pied-de-Port (Pyrénées-Atlantiques) doit-elle répondre aux mêmes principes que celle de Paris-Chartres ? La rame qui dessert Cannes, Nice et Menton, doit-elle traverser toute la région pour être entretenue à Marseille ? Faut-il que l’Etat subventionne l’achat du matériel pour Paris-Clermont sans avoir la compétence technique pour veiller à la parfaite cohérence d’exploitation et de coût de la flotte commandée par l’opérateur ?

Le débat récurrent sur l’avenir des « petites lignes » montre à quel point il est indispensable de revoir notre façon de « penser » le train de proximité. Face aux enjeux de mobilité, de protection de l’environnement et surtout de service pour nos concitoyens, faire « comme avant » ne fonctionne plus. Les politiques malthusiennes ont atteint leurs limites : l’offre de transport ne répond plus aux enjeux des territoires alors même que les contributions publiques des collectivités aux services ferroviaires n’ont jamais été aussi importantes.

Un modèle jacobin

L’ouverture à la concurrence du transport ferroviaire pourrait – devrait – être une chance. Mais cette chance, faut-il encore la saisir.

L’ouverture à la concurrence ne peut se faire contre une SNCF qui serait responsable de tous les maux. Il ne s’agit pas de substituer un nouvel opérateur à l’opérateur historique. Ce doit être l’occasion de revoir en profondeur le modèle du train régional, sans quoi les mêmes causes produiront les mêmes effets.

L’ouverture à la concurrence ne peut se faire contre une SNCF qui serait responsable de tous les maux

Aujourd’hui, l’organisation opérationnelle du transport ferroviaire régional mise en place par la SNCF est, à l’instar de notre modèle jacobin, centralisée, standardisée, massifiée.

Au prétexte d’obtenir les meilleurs produits au meilleur prix, on commande des trains en grande quantité et le même modèle pour toutes les lignes. Au prétexte d’être plus efficace, on regroupe la maintenance dans un seul et même grand centre de maintenance. Et on fait ainsi fi de la géographie, on écarte la démographie, on ignore les particularismes locaux et on néglige les principes économiques et financiers.

Or, si l’on regarde de l’autre côté du Rhin, les vingt ans de concurrence permettent de tirer quelques enseignements appuyés sur des chiffres et des résultats.

Deux fois moins cher en Allemagne

Premier constat : matériel roulant inclus, exploiter un TER en Allemagne est près de deux fois moins cher qu’en France (15,70 euros par train/km en Allemagne, contre de 26 à 29 euros en France).

 

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