Crise ukrainienne et croissance française : une évaluation au doigt mouillé de l’INSEE
La bataille des instituts proches du gouvernement est lancée pour minimiser les conséquences économiques de la crise ukrainienne notamment en matière d’inflation et de croissance. Ainsi c’est au doigt mouillé que l’INSEE, après la Banque de France, s’efforce de convaincre que les conséquences seront assez faibles pour la France et même plus faibles que pour la plupart des autres pays européens. Ainsi initialement le gouvernement avait retenu une prévision de croissance de 4 %. L’INSEE considère que la guerre en Ukraine va abaisser la croissance d’un pour cent.L’enjeu évidemment est de convaincre du contrôle de l’inflation afin de ne pas provoquer un réajustement des revenus, des salaires et autres pensions.
L’Insee maintient ainsi sa prévision d’une croissance de 0,3% du PIB au premier trimestre, malgré le choc de guerre en Ukraine et la hausse des prix. En février, le glissement sur un an des prix à la consommation a atteint 3,6%. «Il aurait été de l’ordre de 5% sans le ‘‘bouclier tarifaire’’ sur les tarifs réglementés de vente du gaz et de l’électricité», précise l’institut statistique. En mars, dans un scénario où le pétrole se stabiliserait autour de 125 dollars le baril, l’inflation dépasserait 4% sur un an, l’explosion des prix de l’énergie expliquant la moitié de la hausse. D’avril à juin, elle pourrait culminer à 4,5%.
L’inflation rogne le pouvoir d’achat des ménages qui baisserait de 1,4% au premier trimestre, mais cela ne provoquera qu’un un recul de 0,5% de la consommation selon l’institut !
Les enquêtes de conjoncture, réalisées entre le 25 février et le 14 mars, dévoilent cependant une baisse de 20 points des soldes d’opinion des patrons sur les perspectives générales et personnelles d’activité dans l’industrie, particulièrement marqué dans le secteur du transport.
La croissance sera, bien sûr, affectée par la guerre en Ukraine. «Si les prix des importations d’énergie se maintiennent au niveau de début mars, un tel renchérissement des matières premières affecterait le PIB français d’environ un point en 2022», a détaillé Olivier Simon, chef de la division synthèse conjoncturelle de l’Insee. Le gouvernement table toujours sur une croissance de 4%. La Banque de France s’est avancée dimanche sur un chiffre de progression du PIB de 2,8% sur l’année, dans un scénario où les prix resteraient durablement élevés.