Musée Mossoul - Djihadistes : couper des têtes et la mémoire
.
Les djihadistes ne connaissent que deux méthodes couper des têtes de ceux qui ne sont accord avec eux et couper la mémoire en massacrant les lieux historiques comme au musée de Mossoul. A la barbarie s’ajoute évidemment la stupidité et l’ignorance de cette bande de ratés révolutionnaires. Car le djihadisme permet à tous les ratés, les marginaux, les fous de trouver des excuse à leur ignorance , à leur bêtise, à leur folie. Bêtise et violence sont les deux « vertus » communes qui unissent ce combattants de l’absurde meurtrier. Irina Bokova, la directrice générale de l’Unesco dans uen interview au JDD évoque le dernier exploit à Mossoul de ces abrutis.
Vous avez expliqué que ces destructions d’œuvres d’art étaient « plus qu’une tragédie culturelle ». C’est-à-dire?
Nous sommes profondément choqués par ce qui s’est passé jeudi à Mossoul, car ce n’est pas la première fois que l’on assiste à une destruction délibérée du patrimoine dans ce conflit. Cela fait partie des moyens d’actions des extrémistes pour chasser les minorités : la destruction, le pillage, le trafic illicite. Au delà de la tragédie culturelle, je crois que cela porte une atteinte aux identités des peuples et des différentes communautés. Ces gens veulent imposer leurs vues sur une société sans mémoire ni histoire. Ils veulent faire table rase.
A-t-on une idée précise des dégâts causés sur place, à Mossoul?
Nous recevons des informations toutes les heures, mais c’est très difficile de connaître exactement l’étendue des dégâts, car parmi les objets, il existe des répliques et des œuvres authentiques. Nous sommes en train de vérifier cela avec le directorat des antiquités auprès du ministère de la Culture à Bagdad. Leurs experts sont actuellement sur place.
Quelle est la stratégie de l’Etat islamique derrière ces actes de vandalisme?
Ils veulent supprimer la mémoire, la diversité culturelle pour imposer une vision totalitaire et unique, qui n’est pas en rapport avec l’histoire de l’humanité et la vision du 21e siècle. Ils veulent aussi empêcher toute réconciliation à l’avenir, en instiguant des fractures au sein de la société irakienne.
Quelle réponse compte apporter l’Unesco à ces agissements?
J’ai envoyé vendredi matin une lettre à la procureure de la Cour pénale internationale (CPI) parce que je considère qu’il s’agit d’un crime contre l’humanité. J’ai aussi appelé le Conseil de sécurité de l’ONU à se réunir en urgence. Ces actes arrivent quelques jours seulement après l’adoption d’une résolution sur le financement du terrorisme. Celle-ci va aider à protéger le patrimoine. Elle condamne les nettoyages culturels et entend lutter contre le trafic illicite qui finance une partie des activités terroristes.
«La résolution fait le lien entre les considérations sécuritaires, politiques et celles touchant à la protection du patrimoine.»
Concrètement, comment cette résolution se met en place?
Elle fait le lien entre les considérations sécuritaires, politiques et celles touchant à la protection du patrimoine. Cela permet d’intégrer cette notion dans les réponses humanitaires à la crise. Nous sommes mieux organisés désormais pour travailler en collaboration avec Interpol, l’organisation mondiale des douanes, les grandes maisons d’enchères et les musées notamment. J’ai aussi lancé ce vendredi l’idée de créer une coalition internationale pour lutter contre le trafic illicite des biens culturels.
En attendant une issue au conflit, comment protéger les sites au sol?
Ce n’est pas facile, et il y a des réponses différentes à apporter. En Syrie par exemple, j’ai lancé l’idée – de plus en plus soutenue – d’avoir des zones culturelles protégées, à commencer par Alep. Cela doit permettre de sauvegarder tout ce qui n’est pas encore détruit. Mais en temps de conflit, il faut veiller à la protection du patrimoine.
Comment les djihadistes recrutent les plus paumés socialement et les plus fragiles psychologiquement.
Comment les djihadistes recrutent les plus paumés socialement et les plus fragiles psychologiquement.
Témoignage sur France Inter.
Sous couvert d’arguments humanitaires, des djihadistes approchent des adolescents, par des réseaux sociaux. C’est le cas de Léa recrutée sur Facebook et qui était prête à partir en Syrie via la Turquie. Dans l’émission, Secrets d’info sur France Inter ce vendredi, son témoignage éclaire la pression calculée des recruteurs. Depuis plusieurs mois, Léa (le prénom a été modifié pour préserver son anonymat) est prise en charge par le centre de prévention contre les dérives sectaires liées à l’islam, une association fondée par l’anthropologue Dounia Bouzar. Elle y raconte son recrutement, au fil des jours, via Facebook, pour partir un jour en Syrie. Au début de l’année 2014, l’adolescente a été recrutée sur Facebook par des djihadistes qui lui proposent de l’envoyer en Syrie. Ses correspondants lui promettent que sur place elle mènera une mission humanitaire, qu’elle pourra sauver des enfants de la guerre, et qu’elle deviendra « une bonne musulmane ». En quelques semaines, Léa est endoctrinée. Elle se coupe de son milieu familial, elle ne regarde plus les informations. Elle s’isole totalement. Un matin, une voiture l’attend devant son collège pour l’emmener en Turquie. Là-bas, elle doit rencontrer un islamiste radical, lui faire un enfant, fonder une famille et le rejoindre après en Syrie. Mais la jeune fille rate de quelques minutes le rendez-vous. Comme les autorités ont été informées de son projet, l’adolescente comprend qu’elle ne pourra plus quitter la France. Sur Facebook, puis directement par téléphone, ses interlocuteurs lui demandent alors d’inciter d’autres jeunes au départ et de commettre des attentats en France « contre les juifs« . Interpellée par la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), Léa est ensuite placée sous contrôle judiciaire. Aidée par les membres de l’association de Dounia Bouzar, l’adolescente comprend peu à peu qu’elle a été piégée, qu’elle s’est fait endoctriner. Séance après séance, elle se confie un peu plus. À Avignon, Fouad El Bathi a vu partir sa sœur, une jeune fille du même âge que Léa. Elle rêvait de devenir médecin et elle a cru, elle aussi, pouvoir faire de l’humanitaire en Syrie. Mais elle a très vite déchanté. Lors d’une conversation téléphonique, elle craque et raconte à son frère la réalité de sa vie sur place. Pour son frère, c’est le seul moment où elle ne se contentait pas de répéter ce qu’on lui soufflait. Depuis, les nouvelles se font rares. « Le profil de ces barbares, c’est de recruter les filles les plus naïves, les plus humaines » : Fouad El Bathi, dont la soeur est partie en Syrie Après ce coup de fil, Fouad El Bathi est parti lui-même en Syrie. Il a pu rencontrer sa sœur durant une demi-heure, mais n’a pas pu la ramener. Aujourd’hui, il est convaincu que sa sœur est retenue prisonnière. Il y aurait actuellement un peu plus de 90 Françaises en Syrie. À ce jour, aucune n’est jamais rentrée.