Profits et Dividendes CAC 40 : 100 milliards d’euros aux actionnaires en 2023
Selon les données compilées par la « Lettre Vernimmen.net », les entreprises du CAC 40 ont versé 97,1 milliards d’euros aux actionnaires en 2023, dont 67,1 milliards sous la forme de dividendes en numéraire et 30,1 milliards sous la forme de rachats d’actions. C’est 17 milliards d’euros de plus que l’an dernier (80,1 milliards), qui était déjà le niveau le plus haut jamais enregistré depuis 2003, date à laquelle débuta cette étude annuelle.
Au total, le taux de distribution des entreprises du CAC 40 (calculé par rapport aux profits) est de 40 % pour les dividendes, un niveau stable par rapport à l’an dernier. Cette fourchette basse s’explique par la rapide progression des profits. En revanche, en prenant en compte les rachats d’actions, le taux de distribution grimpe à 72% contre 55 % en 2022. Ce bond s’explique cependant par deux évènements non récurrents, la forte hausse du prix du pétrole en 2022 et la cession d’une filiale américaine par BNP Paribas. Cerise sur le gâteau, les entreprises du CAC 40 (2.362 milliards de capitalisation) ont mieux performé leurs concurrents britanniques (1.780 milliards d’euros), et allemands (1.560 milliards d’euros).
De quoi alimenter à nouveau la controverse sur un traitement de faveur des actionnaires au détriment de l’investissement productif, de l’emploi et des salariés.
Une controverse que tentent de déminer chaque année les auteurs de l’étude, le professeur de finance Pascal Quiry et le banquier Yann Le Fur, en rappelant que « l’argent est fait pour circuler et qu’il n’y a rien de pire que l’immobilisme en ce domaine qui fige des situations acquises. Et de souligner qu’en théorie financière, « dividendes et rachat d’actions n’ont jamais enrichi les actionnaires » puisque la valeur de leurs actions baisse mécaniquement lors du versement tandis que le rachat d’actions fait baisser la valeur des capitaux propres. Malgré la hausse des dividendes, le CAC 40 a progressé de 16,5% en 2023 et atteint de nouveaux records historiques, alors que l’indice CAC 40 dividendes réinvestis gagne plus de 20 %.
Grande disparité au sein du CAC 40
Le tableau n’est toutefois pas homogène au sein du CAC 40. En 2023, les trois premiers groupes dans le classement des plus gros distributeurs aux actionnaires -TotalEnergies (18,4 milliards d’euros), BNP Paribas (9,7 milliards) et LVMH (7,5 milliards)- concentrent 37% du volume total au sein du CAC 40. En ajoutant trois autres groupes (Stellantis, AXA et Sanofi), la barre des 50% des capitaux distribués est franchie. En 2022, le trio de tête (TotalEnergies, LVMH, Sanofi) représentait 31 % du total, et le trio de 2021 (L’Oréal, TotalEnergies, Sanofi) près de 34%.
« La quasi-totalité de ces redistributions sont le fait d’entreprises à maturité, ce qui est logique puisqu’elles génèrent par leurs résultats de nouveaux capitaux propres important que leur faible croissance rend inutiles », soulignent les auteurs.
L’étude montre surtout que la moitié du CAC 40 ne réalise que 14 % du total des dividendes et des rachats d’actions. Ce qui renvoie à des situations contrastées selon les secteurs d’activité mais aussi au grand écart au sein du CAC 40 de la taille des entreprises. L’indice regroupe en effet six groupes de plus de 100 milliards d’euros de capitalisations et huit groupes de moins de 12 milliards de capitalisation.
Les rachats d’actions sont toujours à la mode. Ils augmentent de près de 30 %, soulignant en creux la vacuité du débat lancé sur une éventuelle taxation des rachats d’action, un temps évoqué, au printemps dernier par le président de la République, Emmanuel Macron. Au final, le gouvernement s’est contenté de retenir l’idée assez vague d’obliger les entreprises rachetant leurs actions à réouvrir des accords d’intéressement avec les salariés, au nom du partage de la valeur.
Des records de versements de dividendes mais aussi, pointent l’étude, des records en matière d’investissement, soit 94,2 milliards d’euros, en hausse de 20 %, soit un montant équivalent à ce qui a été distribué aux actionnaires.
Ces investissements sont même supérieurs à 2019, l’année avant Covid. Et la hausse des investissements est même de 44 % pour les trois premiers distributeurs de capitaux, pointent les auteurs pour souligner l’idée que distribution aux actionnaires et investissements n’est pas antinomique.