Hollande à Dijon : pas d’enthousiasme
A droite, l’ex-Premier ministre UMP Jean-Pierre Raffarin a fustigé ce déplacement, estimant que « ce qui est très important aujourd’hui, c’est de répondre à la question des Français +où va notre économie?+ ». « On n’a pas de croissance, les déficits augmentent, la croissance n’est pas là, (…) et on voit, a-t-il dit, le président qui nous fait une jolie opération de communication ». »François Hollande ne peut dire que le contraire de ce qu’il disait avant d’être président- il niait la crise – là il essaie de trouver le prétexte de la crise pour justifier tous les mécontentements », a renchéri Michèle Alliot-Marie. Le chef de l’Etat a en tout cas pu mesurer l’attente et parfois les frustrations des Français, en visitant un quartier populaire, « les Grésilles », exemple de rénovation urbaine, mais où le taux de chômage culmine à 32%. Pas d’effervescence pour l’accueillir, beaucoup de doléances d’habitants en difficulté et même quelques cris de colère. M. Hollande a ainsi été pris à partie par trois personnes qui lui ont demandé sans aménité où en étaient « ses promesses » avant d’être écartées sans ménagement par le service d’ordre. « On aurait préféré que ce premier déplacement se passe plus calmement (…) les consignes seront plus explicites à l’avenir pour éviter ces excès de zèle », a-t-on concédé dans l’entourage du président. En tous cas, a ajouté un autre, « malgré ses désagréments, on ne change pas de communication ». En fin d’après-midi, plusieurs centaines de personnes opposées au mariage homosexuel ont participé à un rassemblement contenu par les forces de l’ordre pour les empêcher d’approcher de la préfecture. »Je suis dans ce déplacement pour constater ce qui marche, ce qui avance mais pour entendre aussi les impatiences, les interrogations, les inquiétudes », a reconnu M. Hollande auprès de la presse, à l’issue d’une visite d’entreprise, Oncodesign, en pointe dans la recherche de médicaments anticancéreux. Lançant « un appel à la mobilisation », il a souligné que « la politique du gouvernement de Jean-Marc Ayrault a des instruments qui nous permettront à la fin de l’année d’atteindre nos objectifs ». Il a réaffirmé dans la foulée celui « d’inverser la courbe du chômage » à la fin de l’année et d’arriver à 100.000 contrats emplois d’avenir, fin 2013, alors que pour l’heure 10.000 ont été signés. François Rebsamen, chef de file des sénateurs socialistes, a pour sa part mis l’accent sur la nécessité de « donner du sens à l’action de l’exécutif », critiquant une certaine cacophonie au gouvernement, brocardée par l’opposition et de plus en plus mal ressentie dans la majorité. « Les ministres ne doivent pas annoncer des choses contradictoires les uns les autres. Il doit y avoir une cohérence renforcée sous l’autorité du Premier ministre », a insisté le maire de Dijon dont le nom circulait en 2012 pour le ministère de l’Intérieur, finalement attribué à Manuel Valls. »J’appelle l’ensemble de la gauche à faire pack autour du président et, comme lui, aller partout expliquer le sens de cette politique pour redresser notre pays », a pour sa part lancé le premier secrétaire du PS Harlem Désir lundi matin sur BFMTV et RMC. Alors que Jean-Marc Ayrault tentera mardi de rassurer les élus locaux en leur proposant un « pacte de confiance et de responsabilité », le président devrait lui aussi faire de la câlinothérapie auprès des représentants des collectivités locales, fortement mises à contribution pour la réduction des déficits. Mardi, il rencontrera ainsi des élus ruraux de Côte d’Or. M. Hollande a achevé la journée par « un dîner républicain » auquel étaient conviés les parlementaires du département (5 députés, 3 sénateurs) toutes couleurs politiques confondues.