L’allongement des délais de paiement signale des difficultés de trésorerie des entreprises
Les perspectives économiques s’assombrissent notamment en France. Témoin l’allongement des délais de paiement qui signale les difficultés de trésorerie du fait de l’inflation et du ralentissement de la croissance.Des difficultés de trésorerie qui auront des conséquences en cascade dans le système de production notamment dans la sous-traitance alors que les banques resserrent les conditions du crédit.
L’OFCE a révisé à la baisse la semaine dernière ses prévisions de croissance pour 2024 et anticipe un retournement du marché du travail. Les derniers indices PMI de la France et de la zone euro, considérés comme des indicateurs avancés de l’activité économique, sont tous les deux en territoire négatif.
Dans ce contexte morose, les perspectives pour les entreprises s’assombrissent. Le dernier baromètre dévoilé par le cabinet ARC ce mardi 24 octobre indique que les pratiques des délais de paiement se sont détériorées entre 2022 et 2023.
L’un des résultats frappant de ce baromètre est que les délais de paiement sont passés de 12 jours à 15 jours entre 2022 et 2023. Et cette durée ne devrait pas s’améliorer dans les mois à venir. 83% (+3 points par rapport à septembre 2022) des entreprises estiment que ces délais vont devenir « une variable d’ajustement » et vont donc s’allonger dans le futur.
Sur l’ensemble de l’échantillon interrogé, 50% des entreprises déclarent qu’elles ont recours à un allongement de ces délais alors que 13% comptent utiliser leur découvert bancaire. « Les délais de paiement sont donc pleinement considérés comme un moyen de financement à part entière », soulignent les auteurs du baromètre.
L’allongement des délais de paiement va mécaniquement avoir des répercussions sur les trésoreries des entreprises. « Ceci constitue, dans le contexte inflationniste actuel, un véritable risque pour la santé financière d’entreprises manquant déjà structurellement de fonds propres », a indiqué Le baromètre. Cet allongement pourrait avoir des conséquences en cascade sur toutes les chaînes de sous-traitants si le ralentissement de l’économie se confirme en 2024.
D’ici la fin de l’année, le niveau des faillites pourrait dépasser celui d’avant pandémie de 11%. Les hausses les plus marquées pourraient concerner les secteurs les plus soutenus pendant le Covid. A savoir l’ hôtellerie-restauration, l’industrie et le commerce.
Dans ce contexte, les relations entre les entreprises et les banques se sont détériorées. Près de 80% (76%) des entreprises interrogées estiment que les banques se sont désengagées à l’égard des PME et TPE qui n’ont pas encore remboursé leur PGE. Et ce désengagement concerne également les sociétés d’assurance-crédit selon 62% des entreprises. Compte tenu des délais de transmission de la politique monétaire au reste de l’économie (entre 12 et 18 mois), les entreprises risquent encore de souffrir pour un long moment.