Bassines-Deux-Sèvres: Des objectifs climatiques compréhensibles instrumentalisés par les ultras
La problématique de l’eau doit être prise avec la plus grande attention par les pouvoirs publics estime Paul Melun mais cela ne saurait justifier évidemment les violences des gauchiste ultra. par Paul Melun.(Interview dans le Figaro)
Paul Melun est essayiste et président de «Souverains demain !». Il a coordonné la publication d’un ouvrage collectif, Souverains demain: manifeste pour une France indépendante, écologique et innovante (éd. Marie B., 2021).
les «méga bassines» d’eau menacent-elles l’environnement ?
Les militants écologistes qui constituent la « ZAD » ne sont pas des habitants du territoire, pour la majorité d’entre eux. La plupart pratiquent un militantisme nomade et transitent d’un combat à l’autre tout au long de l’année.
Comme souvent, les militants écologistes qui constituent la «ZAD» ne sont pas des habitants du territoire, pour la majorité d’entre eux. Un jour à Notre-Dame-des-Landes contre le projet d’aéroport, un autre à Sivens contre la construction d’un barrage, la plupart de ces activistes pratiquent un militantisme nomade et transitent d’un combat à l’autre tout au long de l’année.
Souvent rejoints par des leaders politiques Verts ou d’extrême gauche à la recherche de popularité, les zadistes huent les plus modérés (Yannick Jadot en a fait les frais en Deux-Sèvres) et encensent les plus radicaux. Leurs combats écologistes sont souvent le paravent de luttes intersectionnelles radicales, dont le but est l’effondrement d’un pays, la France, qu’ils jugent conservateur et réactionnaire.
Si ces militants ne représentent souvent qu’une part infime de la population française, il n’en demeure pas moins que les sujets dont ils s’emparent ne sont pas débattus démocratiquement. La construction de bassines, tout comme le déploiement des éoliennes, ne donne en général lieu à aucune concertation avec les habitants des territoires ruraux, pourtant concernés au premier chef par ces projets. La démocratie locale est régulièrement bafouée par l’État et par les investisseurs privés.
Le projet de bassines de Sainte-Soline interpelle par son envergure : 14 hectares de bassin, 16 hectares d’emprise et 750.000 m3 d’eau. Sur les 300 exploitations agricoles que compte ce territoire, 220 sont engagées dans ce projet collectif, rapporte la Coop de l’eau sur son site.
Si notre pays veut assurer sa souveraineté alimentaire dans les crises, il doit se doter d’une agriculture performante, en mesure de nourrir l’ensemble de la population.
Certains arguments en faveur des bassines sont recevables. Les agriculteurs du département subissent les sécheresses et veulent légitimement pouvoir irriguer leurs sols, et ainsi éviter une baisse abyssale de leurs rendements. Si notre pays veut assurer sa souveraineté alimentaire dans les crises, il doit se doter d’une agriculture performante, en mesure de nourrir l’ensemble de la population. Nos agriculteurs aiment leur terre et alimentent le pays, et certains militants écologistes ont tort de l’oublier.
Néanmoins l’eau est un bien commun fondamental, qui mérite d’être partagé avec équité, dans un souci de préservation environnementale. Seul l’État, garant de l’intérêt général, peut assurer cette mission. C’est donc au gouvernement et aux élus locaux, qu’il appartient de régir le captage et la distribution de l’eau, non aux acteurs privés. La «guerre de l’eau» fait rage partout dans le monde, et va s’accentuer dans les prochaines décennies. Ce constat doit conduire l’État à réagir rapidement pour déployer une transition de notre modèle agricole afin de préparer la nation aux immenses défis que posent les perturbations du cycle de l’eau, induites par le dérèglement climatique.
Dans le respect de la démocratie écologique (référendums locaux, consultation des élus locaux), l’État doit planifier une vaste transition des usages en matière d’eau et d’environnement.
Dans le respect de la démocratie écologique (référendums locaux, consultation des élus locaux), l’État doit planifier une vaste transition des usages en matière d’eau et d’environnement. Le président Macron a annoncé un plan de reforestation qui va dans le bon sens, mais il faut aller plus loin. Il est urgent de multiplier le nombre de prairies et de remettre en place des haies afin de garantir la biodiversité. Le modèle d’agriculture intensive, caractérisé par ses vastes plaines de monoculture doit progressivement évoluer vers un retour aux paysages de bocages, parsemés de cultures différentes et de bois. Les cultures trop gourmandes en eau, dans les zones sujettes aux sécheresses, devront être déplacées vers d’autres territoires où la pluviométrie est plus importante.
Ce chemin ne se fera ni sans le génie de nos agriculteurs, ni sans l’adhésion des populations rurales. Les zadistes n’offrent aucune solution alternative aux projets qu’ils dénoncent. Il faut donc que l’État se dote d’une véritable ambition politique, au service d’une planification de notre agriculture. Par la souveraineté populaire et par le génie agricole français, notre pays a toutes les clés pour une gestion de l’eau équitable, au service de l’intérêt de la nation.